Jute (plante)
Corchorus capsularis
Le jute blanc (Corchorus capsularis) est une plante de la famille des Malvaceae, originaire dâAsie, cultivĂ©e dans les rĂ©gions tropicales pour les fibres libĂ©riennes de ses tiges.
Ces fibres sont employĂ©es dans la confection de sacs dâemballage, nattes, vĂȘtements grossiers etc. La partie restante aprĂšs lâextraction des fibres est utilisĂ©e dans lâindustrie papetiĂšre. Le papier est gris chamois.
Les feuilles et les graines sont comestibles et contiennent un fort taux de protéines. Feuilles, racines, graines et fruits verts sont utilisés en médecine[1].
Parmi les nombreuses espÚces du genre Corchorus (sous-famille des Grewioideae, famille des Malvacées, ou des Tiliacées selon la classification classique), deux plantes herbacées sont appelées jute :
- Le jute blanc, Corchorus capsularis L. (traitée ici)
- Le jute rouge ou jute tossa, Corchorus olitorius L. (corÚte potagÚre), un peu moins utilisé[2] - [3].
Au sens légal, « le jute est la fibre textile provenant du liber du Corchorus olitorus et du Corchorus capsularis »[4].
Nomenclature et Ă©tymologie
La prĂ©sente espĂšce a Ă©tĂ© nommĂ©e Corchorus capsularis par LinnĂ© en 1753 dans Species Plantarum 1: 529â530[5].
Le nom de genre Corchorus est un emprunt au grec ÎșÏÏÏÎżÏÎżÏ korkhoros « corette, jute », en latin Pline indique que le corchorus est mangĂ© communĂ©ment par les Ăgyptiens (HN, 21, 183).
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique capsularis est un adjectif latin signifiant « capsulaire ».
Le nom français jute est empruntĂ© (en 1849) Ă lâanglais jute, lui-mĂȘme empruntĂ© au bengali jhĆto, jhuto, du sanskrit jĆ«ta, variante de jatÄ Â« tresse de cheveux »[6].
Noms vernaculaires
Chanvre de Calcutta, CorĂšte capsulaire, CorĂšte textile, Gooni, Jute Ă capsules globuleuses, Jute Ă fruit capsulaire[7].
Synonymes
Selon Powo, les synonymes sont[8]
- Corchorus cordifolius Salisb.
- Corchorus marua Buch.-Jambon
- Rhizanota cannabina Lour. ex Gomes Mach.
Description
Ce sont des herbes ligneuses, dressées de 2 à 4 m de haut, à tige rigide et fibreuse de 2 cm de diamÚtre environ (dont on extrait la fibre, le jute), et ramifiée seulement dans la partie supérieure.
Les feuilles composĂ©es dâun pĂ©tiole dâenviron 2 cm, pubĂ©rulent, et dâun limbe ovale-lancĂ©olĂ© ou Ă©troitement lancĂ©olĂ©, de 5â12 cm de long sur 2â5 cm de large, glabre, Ă base arrondie, et bord grossiĂšrement en dent de scie, et apex acuminĂ©[9].
La fleur est solitaire ou est disposĂ©e Ă plusieurs en cyme axillaire, avec 4-5 sĂ©pales, 5 pĂ©tales obovales, jaunes, de nombreuses Ă©tamines (de 18 Ă 22), portĂ©es par une colonne courte (androgynophore) ; lâovaire est 5-loculĂ©.
Le fruit est une capsule globuleuse (Ă la diffĂ©rence de C. olitorius, le jute rouge, dont la capsule est cylindrique), Ă 5 valves, dâenviron 1 cm de diamĂštre, verruqueux, Ă apex tronquĂ©[9].
La floraison a lieu en Ă©tĂ© et la fructification Ă la fin de lâautomne.
- Corchorus capsularis
- Culture de jute (W Bengale)
- Fleur à 5 pétales jaunes
- Fleurs et capsules
- Capsules
Distribution et habitat
Le jute Corchorus capsularis est originaire de lâInde, du Bangladesh, de la Chine, de lâHimalaya oriental, Laos, Maldives, Myanmar, NĂ©pal, Pakistan, Sri Lanka, TaĂŻwan, ThaĂŻlande[8].
Il a été introduit au Brésil, Cambodge, Cuba, Corée, ßle Maurice, la Réunion, Panama, Philippines, Tanzanie, Ouzbékistan, Vietnam.
Cette espÚce croßt sous climat chaud et humide. Le berceau de sa culture se situe en Inde, et dans le Bangladesh actuel, dans les vallées du Gange et du Brahmapoutre. Ces deux pays rassemblent 80 % des surfaces consacrées à cette culture.
La fibre de jute
Le jute, en tant que fibre végétale, est peu adapté à la production de tissus pour l'habillement, à cause de sa trop forte teneur en lignine, bien que cela soit possible aprÚs traitement. Cette fibre végétale subit aussi depuis quelques décennies une concurrence destructrice des fibres synthétiques.
Son dĂ©bouchĂ© principal est longtemps restĂ© la fabrication de sacs d'emballage et de transport. C'est le cas Ă La RĂ©union, oĂč l'on appelle ces sacs des gonis. Le jute sert aussi Ă la fabrication de cordes. On cherche dĂ©sormais Ă diversifier son utilisation dans le tissu d'ameublement et notamment dans le domaine du gĂ©otextile, c'est-Ă -dire de tissus grossiers permĂ©ables destinĂ©s Ă retenir la terre.
Un accord international, en date du , a mis en place un « Groupe d'étude international du jute », dont les principales missions sont d'assurer la promotion de cette fibre et la transparence du marché.
La fibre de jute est utilisĂ©e par les tireurs d'Ă©lite et les snipers pour crĂ©er un bon camouflage. AprĂšs avoir Ă©tĂ© teintĂ© en kaki vert ou marron, le jute est nouĂ© sur un filet de la forme d'un vĂȘtement. Ce type de vĂȘtement de camouflage est appelĂ© une ghillie suit.
Autres fibres libériennes assimilées au jute
Hibiscus cannabinus, Hibiscus sabdariffa, Abutilon avicenae, Urena lobata, Urena sinuata[4].
Toile de jute
Il existe plusieurs types de toiles de jute que l'on classe suivant leur grammage (par m2).
- Toile de jute forte : 400 g
- Toile de jute claire: 300 g
- Toile de jute trĂšs claire : 280 g
Elles sont utilisées entre autres pour le garnissage à l'ancienne de siÚges.
Ă la fin du XIXe siĂšcle et au XXe siĂšcle, la toile de jute Ă©tait dâusage courant pour fabriquer des sacs de transport du blĂ©, des pommes de terres, du cafĂ©, cacao, riz etc.
Statistiques Ă©conomiques
Production
La production mondiale de jute et fibres apparentées est un peu moins de 3 millions de tonnes, dont l'Inde fournit 67 % et le Bangladesh 30 % (FAOSTAT[10]). La plus grande partie de la fibre est transformée localement.
Production de jute en tonnes. Données de FAOSTAT[10] (FAO) pour les années 2003 et 2020 | |||||
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2003 | 2020 | ||||
Inde | 1 845 000 | 1 807 264 | |||
Bangladesh | 794 000 | 804 520 | |||
Chine | 56 000 | 36510 | |||
Ouzbékistan | 20 000 | 19 122 | |||
Total | 2 799 557 | 2 688 912 |
Exportations
Le principal exportateur de fibre brute est le Bangladesh, qui exporte environ 300 000 tonnes de jute par an. C'est aussi le premier exportateur de fibre transformée (fils de jute, sacs, tissus), avec 400 000 t, suivi par l'Inde, 95 852 t.
Importations
Les principaux pays importateurs de fibre brute sont l'Inde (73 000 t), le Pakistan (74 000 t) et la Chine (60 000 t), tandis que la fibre transformée est expédiée principalement vers le Moyen-Orient et l'Europe, avec respectivement 20 000 et 250 000 t.
Photos
- Fibre de jute en train de sécher, aprÚs rouissage, le long d'une route
- Cordage de jute
- Fibre de jute
- La fibre de jute est extraite de la tige des plantes de jute rouies
- Nattes de jute utilisées pour prévenir l'érosion due aux inondations, tandis que la végétation naturelle s'établit[n 1]
- Tiges de jute en train d'ĂȘtre dĂ©shydratĂ©es sous le soleil. Plus tard, elles seront utilisĂ©es comme combustible.
- Toile de jute
- Photo de la coupe de la partie inférieure de la longue fibre de jute[n 2]
Notes
- Pour cette utilisation, une fibre naturelle et biodégradable est essentielle.
- La partie inférieure est constituée de fibres dures, que l'on appelle des boutures de jute au Bangladesh et en Inde (communément appelés mégots de jute ailleurs). Les boutures de jute sont de qualité inférieure, mais ont une valeur commerciale pour le papier, le fil cardé, et d'autres industries de transformation des fibres. Les fibres de jute sont conservées dans les paniers dans un entrepÎt au Bangladesh.
Références
- Claude Laroque, université Panthéon-Sorbonne, en collaboration avec des instituts partenaires en Chine, Corée et au Japon., « Corchorus capsularis L. », sur Khartasia (consulté le )
- Fibre du futur : jute, FAO
- Jute, FAO
- LĂ©gifrance, Annexe I (abrogĂ© au 30 juillet 1998), ArrĂȘtĂ© du 2 mai 1988 portant dĂ©nomination et description des fibres textiles et taux conventionnels Ă utiliser pour le calcul des pourcentages en fibres textiles
- Référence Biodiversity Heritage Library : 358548#page
- Alain Rey (direction), Marianne Tomi, Tristan Hordé, Chantal Tanet, Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Tomes I et II, Le Robert,
- Corchorus capsularis, base Khartasia du Centre de Recherche sur la Conservation des Collections (CRCC) du CNRS, et du MNHN
- (en) Référence Plants of the World online (POWO) : Corchorus capsularis L.
- (en) Référence Flora of China : Corchorus capsularis Linnaeus
- « Crops and livestock products », sur FAOSTAT (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Fiche descriptive de Corchorus capsularis sur la base Khartasia (papiers asiatiques) du Centre de Recherche sur la Conservation des Collections (CRCC) du CNRS, et du MNHN
- Informations de marché (description, culture, qualité, secteurs d'utilisation, marché, filiÚre, sociétés, techniques, prix, politiques économiques) sur le site de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement