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Arachide

Arachis hypogaea

L’arachide (Arachis hypogaea), dont le fruit s'appelle cacahuĂšte ou cacahouĂšte[alpha 1] ( du nahuatl tlālcacahuatl qui signifie cacao de terre), arachide[1], pois de terre, pistache de terre et pinotte (de l'anglais peanut) au Canada[2] est une plante de la famille des lĂ©gumineuses (Fabaceae) originaire du nord-ouest de l'Argentine et du sud-est de la Bolivie et cultivĂ©e dans les rĂ©gions tropicales, subtropicales et tempĂ©rĂ©es pour ses graines olĂ©agineuses. Elle prĂ©sente la particularitĂ© d’enterrer ses fruits aprĂšs la fĂ©condation.

Étymologie et terminologie

À partir de 1682, le pĂšre Charles Plumier (1646-1704) au cours de ses voyages d’exploration aux Antilles dĂ©crivit et nomma le premier les plantes de cette rĂ©gion. Dans Nova plantarum americanarum genera (1703), il dĂ©crit l’arachide sous le nom de Arachidna quadrofolia[3] qu'on appelait « pois de terre » ou « pistache de terre » aux Antilles[4].

Puis en 1753, Carl Linné lui donne le nom de Arachis hypogaea[5].

Le nom de genre Arachis est un mot forgĂ© par LinnĂ© en 1753 Ă  partir du grec ancien áŒ„ÏÎ±Ï‡ÎżÏ‚ / ĂĄrakhos, « pois, gesse ».

L’épithĂšte spĂ©cifique hypogaea dĂ©rive de l'adjectif grec áœ‘Ï€ÏŒÎłÎ”ÎčÎżÏ‚ / hypĂłgeios composĂ© de ᜑπό / hupĂł, « sous »), γῆ / guĂȘ, « terre » et du suffixe -ÎčÎżÏ‚ / -ios, et signifie donc « souterrain ».

Le terme français de cacahuĂšte est empruntĂ© en 1801 Ă  l’espagnol cacahuete « arachide », antĂ©rieurement cacaguate (1653) par emprunt graphique exact, tlacacahuatl (1575). Lui-mĂȘme est empruntĂ© au mot aztĂšque tlacacahuatl, de tlalli « terre » et cacahuatl « cacao », donc tlacacahuatl vaut « cacao de terre »[6]. Ainsi cacao et cacahuĂšte ont le mĂȘme Ă©tymon.

Description

Deux ovaires d'arachide aprÚs la chute des fleurs. L'ovaire fécondé est plus épais et plus clair que la tige, et terminé par un bout pointu de couleur violette, qui permet de creuser la terre lors de sa croissance.

L'arachide est une plante annuelle Ă  fleurs jaunes de 20 Ă  90 cm de hauteur.

Les feuilles sont composées à deux ou trois paires de folioles membraneuses, ovales. Elles sont munies à leur base de stipules engainantes.

Les fleurs sont presque sessiles et apparaissent Ă  l’aisselle des feuilles, isolĂ©ment ou en petits groupes. La corolle papilionacĂ©e est jaune orangĂ©. Les Ă©tamines au nombre de neuf sont soudĂ©es en tube par leur filet. L’ovaire est insĂ©rĂ© sur un support particulier, le gynophore.

AprĂšs fĂ©condation, l’ovaire est portĂ© en terre par le dĂ©veloppement du gynophore qui s’allonge en se courbant vers la terre par gĂ©ocarpie[7].

Le fruit mĂ»rit Ă  une profondeur de 3 Ă  5 cm. C’est une plante qui requiert pour cette raison un sol lĂ©ger et bien drainĂ©. Le fruit est une gousse (anciennement appelĂ© un "lĂ©gume") de 3 Ă  4 cm de long, appelĂ©e coque sur le plan commercial. La gousse multisĂ©minĂ©e Ă  dĂ©hiscence longitudinale, typique des FabacĂ©es, subit une modification morphologique[8] : elle devient paucisĂ©minĂ©e et indĂ©hiscente, rĂ©ticulĂ©e extĂ©rieurement et Ă©tranglĂ©e entre les graines (le plus souvent seulement deux).

Les graines ovoïdes sont enveloppées dans un tégument sec rouge.

Histoire

Le genre Arachis est endémique d'Amérique du Sud. L'arachide cultivée (Arachis hypogaea) est issue d'une hybridation entre deux espÚces sauvages, probablement A. duranensis et A. ipaensis. L'hybride initial aurait été stérile, mais un doublement chromosomique spontané aurait restauré sa fertilité, formant ce qu'on appelle un amphidiploïde ou allotétraploïde. L'hybridation se serait produite une seule fois et aurait donné naissance à A. monticola, une forme sauvage d'arachide qui se rencontre spontanément en Argentine ou en Bolivie[9] - [10].

Les plus anciens vestiges archĂ©ologiques connus de gousses d'arachide datent d'environ 7 600 ans, peut-ĂȘtre une espĂšce sauvage en culture ou A. hypogaea au dĂ©but de la domestication[11]. L'arachide Ă©tait donc dĂ©jĂ  cultivĂ©e en AmĂ©rique du Sud Ă  l'arrivĂ©e des conquistadors. Il en est fait Ă©tat pour la premiĂšre fois dans une chronique espagnole de 1569, Ă  propos du PĂ©rou oĂč, par la suite, on a trouvĂ© en grand nombre des pousses et des graines d'arachides dans les tombes prĂ©colombiennes[12].

Jean de Léry, pasteur, grand voyageur et écrivain français décrit cette plante sous le nom de «manobi » comme une culture de la région de Rio :

« Les sauvages ont semblablement une sorte de fruicts, qu’ils nomment Manobi, lesquelles croissans dans terre comme truffes, et par petits filemens s’entretenans l’un l’autre, n’ont pas le noyau plus gros que celuy de noisettes franches, et de mesme goust. »

— Jean de LĂ©ry, Histoire d’un voyage faict en la terre du BrĂ©sil[13], 1564

Au XVIIe siÚcle, le pÚre Charles Plumier, religieux français de l'ordre des Minimes, botaniste et voyageur-naturaliste, la signale aux Antilles. Les négriers portugais l'importÚrent, semble-t-il, en Afrique vers le milieu du XVIe siÚcle. BientÎt les indigÚnes de la Sénégambie la cultivent autour des cases, et dÚs 1560, Alvarez de Almada, parle d'abondantes récoltes de mantiga consommée fraßche par les Mandingues[14].

Culture

Pour bien se dĂ©velopper, les cacahuĂštes ont besoin de temps chaud tout au long de la saison de croissance. Elles peuvent ĂȘtre cultivĂ©es avec seulement 350 mm d'eau mais pour de meilleurs rendements, il faut au moins 500 mm.

Le cycle de culture dure de 90 Ă  150 jours selon les variĂ©tĂ©s. La floraison intervient environ un mois aprĂšs le semis.

Les cacahuĂštes ne poussent que dans des sols bien drainĂ©s et pas trop argileux pour Ă©viter les pertes au moment de la rĂ©colte (arrachage). Le pH idĂ©al est de 5,8. Les cacahuĂštes sont des lĂ©gumineuses et peuvent satisfaire la totalitĂ© ou presque de leurs besoins en azote grĂące Ă  une relation de symbiose qu'elles entretiennent avec un type de bactĂ©rie (Rhizobium). Il faut inoculer ce rhizobium sur un sol qui en est dĂ©pourvu, Ă  raison de kg/ha pour obtenir une bonne nodulation (l'inoculant doit ĂȘtre Ă©pandu directement sur la semence dans la raie de semis).

Pour protéger le sol contre l'érosion par le vent et par l'eau, on y installe normalement une culture couvre-sol d'hiver (CIPAN) qui sera ensuite enfouie vers la fin avril, afin de lui laisser le temps de bien se décomposer avant les semailles de l'arachide.

Une rotation des cultures sur 3 ans permet d'augmenter les rendements jusqu'Ă  50% en comparaison avec une culture sans rotation[15].

Les petits exploitants africains plantent souvent les cacahuĂštes avec une ou deux autres cultures, telles que le sorgho, le millet ou les pois sauvages. Les cultures se font en buttes (surĂ©levĂ©es) sĂ©parĂ©es d'un mĂštre environ ; ce qui permet d'amĂ©liorer le drainage et facilite l'arrachage. Dans les rĂ©gions de savane au nord de l'Afrique occidentale, elles sont gĂ©nĂ©ralement plantĂ©es en juin et rĂ©coltĂ©es en septembre ou octobre. Dans les rĂ©gions de savane du sud, oĂč les prĂ©cipitations sont plus Ă©levĂ©es, il est souvent possible d'obtenir deux rĂ©coltes (la premiĂšre se faisant d'avril ou mai jusqu'au mois d'aoĂ»t, et la deuxiĂšme d'aoĂ»t ou septembre jusqu'au mois de novembre).

La récolte doit se faire dÚs la maturité (lorsque la pellicule qui recouvre la graine se détache facilement).

Andains d'arachides sĂ©chant, gousses vers le haut aprĂšs arrachage et avant le passage de la rĂ©colteuse. États-Unis, 2012.

Un bon sĂ©chage permet d’éviter le dĂ©veloppement de moisissures qui peuvent produire des aflatoxines, dangereuses pour le bĂ©tail qui consommerait les tourteaux contaminĂ©s.

La rĂ©colte de l'arachide, ou « soulevage » est suivie du sĂ©chage et de l'Ă©goussage (battage), l'ordre de ces deux opĂ©rations pouvant ĂȘtre inversĂ©. La teneur en eau des gousses passe ainsi de 30%-40% Ă  6%-8%, la durĂ©e du processus variant de quelques jours (soulevage-battage motorisĂ©s et sĂ©chage artificiel) Ă  plusieurs mois (sĂ©chage naturel et Ă©goussage manuel Ă  mesure des besoins)[16].

Variétés

Les variétés cultivées sont trÚs nombreuses et regroupées en deux grands types :

Gousses déterrées pour examen.
  • Virginia, Ă  port rampant et Ă  cycle vĂ©gĂ©tatif long (120 Ă  140 jours) ; les graines ne germent pas prĂ©maturĂ©ment ; cette variĂ©tĂ© est plus rĂ©sistante Ă  la tavelure des feuilles ;
  • Spanish et Valencia, Ă  port Ă©rigĂ© et Ă  cycle vĂ©gĂ©tatif court (90 Ă  110 jours) ; le rendement est plus Ă©levĂ©, mais la germination rapide aprĂšs maturitĂ© peut poser problĂšme

Maladies

À signaler, une maladie virale, la « rosette de l'Arachide », transmise par un puceron. Cette maladie provoque le rabougrissement des pieds et fait baisser sensiblement le rendement surtout si elle apparaĂźt tĂŽt (moins de 40 jours aprĂšs le semis).

Deux autres maladies fongiques, la cercosporiose (tavelure des feuilles) et la rouille (spores sur la face infĂ©rieure des feuilles), sont prĂ©sentes sur l'arachide surtout en climat humide, oĂč elles provoquent une chute des feuilles entraĂźnant une baisse des rendements en gousses.

Rendement

Le rendement moyen de l'arachide est trĂšs variable. En culture artisanale non irriguĂ©e en pays en voie de dĂ©veloppement, on n'obtient parfois Ă  peine 500 kg de graines sĂšches dĂ©cortiquĂ©es par hectare (mais il y a souvent une rĂ©colte secondaire puisque dans ces zones, on utilise Ă©galement le feuillage comme fourrage qui a un rendement en poids double des gousses) alors que les cultures en pays dĂ©veloppĂ©s peuvent atteindre plus de 2,7 tonnes d'arachides sĂšches dĂ©cortiquĂ©es par hectare (et jusqu'Ă  6 tonnes/hectare lors de concours sur parcelles irriguĂ©es)[17]. La perte de poids au dĂ©corticage des gousses sĂ©chĂ©es est d’environ 20 Ă  30 % selon les variĂ©tĂ©s et autant pour le sĂ©chage. Un agriculteur qui rĂ©colte 3 tonnes de gousses fraĂźches n'en a plus que 2 tonnes aprĂšs sĂ©chage et environ 1,3 tonne aprĂšs dĂ©cortiquage.

Un hectare nĂ©cessite environ 100 Ă  150 kg de semences semĂ©es en 40 × 15 cm (40 cm entre les lignes et 15 entre les plants) ou 60 × 15 cm selon les variĂ©tĂ©s. On sĂšme 2 Ă  3 graines par poquets Ă  1 ou 1,5 cm de profondeur. On obtient alors 110 000 Ă  170 000 pieds/hectare.

Utilisations

Les graines ovoïdes sont enveloppées dans un tégument sec rose à rouge.
La colle pistache, friandise créole ou nougat d'arachide
  • Alimentation humaine :
    • huile d'arachide, utilisĂ©e comme huile de table ou comme matiĂšre premiĂšre pour la fabrication de margarine, rĂ©siste bien aux hautes tempĂ©ratures (friture)
    • beurre de cacahuĂšte (appelĂ© beurre d'arachide au Canada ou beurre de pinottes au QuĂ©bec).
    • farine d’arachide, aliment de complĂ©ment employĂ© en biscuiterie (dĂ©shuilĂ©, riche en acides aminĂ©s essentiels)
    • arachides en coque (aliment de base dans certains pays d’Afrique)
    • arachides dĂ©cortiquĂ©es, arachides grillĂ©es pour apĂ©ritif (mĂ©langĂ©es Ă  d'autres ingrĂ©dients tels que : sel, amidon modifiĂ© de pomme de terre, exhausteur de goĂ»t E621, gĂ©lifiant E414, dextrose, farine de blĂ©, levure en poudre, protĂ©ines vĂ©gĂ©tales hydrolysĂ©es (soja, maĂŻs), Ă©pices (paprika, macis), poudre d'oignon, arĂŽme, graines de cĂ©leri[18]), arachides pour confiserie
    • sauce SatĂ©, condiment en Asie du Sud-Est et aux Pays-Bas
    • l'arachide est Ă©galement consommĂ©e en sauce en Afrique de l'Ouest. La sauce Ă  la pĂąte d'arachides (obtenue en Ă©crasant des arachides rĂŽties) appelĂ©e mafĂ© est une sauce utilisĂ©e pour des plats de lĂ©gumes, viande ou poisson. Elle accompagne Ă©galement le riz ou le couscous de petit mil, de sorgho ou de maĂŻs. Les arachides crues Ă©crasĂ©es sont par contre cuites en sauce avec des feuilles et de la viande. Cette sauce accompagne exclusivement le couscous local.
  • Alimentation animale :
    • tourteau d'arachide, rĂ©sidu de pression aprĂšs extraction de l’huile
    • fanes utilisĂ©es comme fourrage (Ă©quivalent aux fanes de pois)[19]. En foin, le sĂ©chage dure plusieurs semaines[20].
  • Industrie :
  • Engrais vert : La culture de l’arachide, comme celle des autres lĂ©gumineuses, enrichit le sol en azote.
  • Plante mĂ©dicinale : l’huile d'arachide est inscrite Ă  la pharmacopĂ©e française comme solvant mĂ©dicamenteux.
  • Composition des graines (sans peau) :
  • La molĂ©cule de pyridine est responsable de l’odeur des cacahuĂštes.

L'arachide, par sa consommation sous forme de cacahuĂšte, est une des plantes qui prĂ©sentent le plus grand risque de contamination alimentaire, aigĂŒe, ou plus souvent latente, par une mycotoxine, l'aflatoxine, synthĂ©tisĂ©e par le champignon microscopique Aspergillus flavus, et extrĂȘmement cancĂ©rogĂšne.

Valeur nutritive

Macronutriments

CacahuĂšte ou Arachide
Valeur nutritionnelle moyenne
pour 100 g
Apport énergétique
Joules 2580 kJ
(Calories) (623 kcal)
Principaux composants
Glucides 14,8 g
– Amidon 5 g
– Sucres 5,9 g
Fibres alimentaires 8,6 g
Protéines 22,8 g
Lipides 49,1 g
– SaturĂ©s 8,4 g
– OmĂ©ga-3 0,04 g
– OmĂ©ga-6 12,9 g
– OmĂ©ga-9 24,7 g
Eau 2,2 g
Cendres totales 2,46 g
Minéraux et oligo-éléments
Calcium 57 mg
Chlore 23,6 mg
Cuivre 0,46 mg
Fer 1,6 mg
Iode < 0,02 mg
Magnésium 190 mg
ManganĂšse 1,4 mg
Phosphore 400 mg
Potassium 700 mg
Sélénium 0,030 mg
Sodium 8,6 mg
Zinc 3 mg
Vitamines
Provitamine A <0,005 mg
Vitamine B1 0,43 mg
Vitamine B2 0,24 mg
Vitamine B3 (ou PP) 10,6 mg
Vitamine B5 1,76 mg
Vitamine B6 0,4 mg
Vitamine B9 89,3 mg
Vitamine C < 0,5 mg
Vitamine D 0,0103 mg
Vitamine E 2,46 mg
Acides aminés
Acides gras
Acide myristique 40 mg
Acide palmitique 4 540 mg
Acide stéarique 1 340 mg
Acide oléique 24 700 mg
Acide linoléique 12 900 mg
Acide alpha-linolénique 40 mg

Source : base Ciqual (Anses)[21]

Selon la table Ciqual[21] de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), la cacahuĂšte est riche en lipides (49,1 g/100g) (et jusqu’à 52 g/100g), ce qui en fait un fruit Ă©nergĂ©tique apportant 623 kcal/100g. Elle est riche en acide gras mono-insaturĂ© (25,5 g/100g), constituĂ© presque exclusivement d’acide olĂ©ique (C18:1, omĂ©ga-9), avec un taux semblable Ă  celui de la pistache mais loin derriĂšre celui de la noisette (45,7 g/100g) ou surtout de la noix de macadamia (57,2 g/100g). De mĂȘme son contenu en acide linolĂ©ique (C18:2, ω-6) de 12,9 g/100g, la rapproche de la pistache.

La cacahuĂšte se distingue par un taux de protĂ©ines record : 22,8 g/100g (et mĂȘme jusqu’à 26,2 g/100g selon Ciqual). C’est autant que l’escalope de veau panĂ©e et Ă  peine moins que le steak hachĂ© cuit (23,8 %)[22]. Suivant Andersen et al.[23], il y aurait mĂȘme entre 22 et 30 g/100g de protĂ©ines pour les variĂ©tĂ©s brĂ©siliennes.

Les protĂ©ines de la cacahuĂšte se composent des fractions d’arachines, conarachines I et conarachine II[24], appartenant au groupe des globulines. Les arachines et les conarachines ont des profils d’acides aminĂ©s assez semblables, avec toutefois la spĂ©cificitĂ© des conarachines qui contiennent bien plus de mĂ©thionine et de lysine, deux acides aminĂ©s essentiels. Les acides aminĂ©s limitants des protĂ©ines de cacahuĂšte sont la mĂ©thionine, la lysine et la thrĂ©onine[25]. Comme toutes les lĂ©gumineuses, la cacahuĂšte doit ĂȘtre associĂ©e Ă  d’autres sources de protĂ©ines, en particulier des cĂ©rĂ©ales, pauvres en lysine mais Ă©quilibrĂ©es pour les autres acides aminĂ©s.

Selon Protein Digestibility Corrected Amino Acid Score (PDCAAS), les protĂ©ines d'arachide (comme les protĂ©ines de soja) sont nutritionnellement Ă©quivalentes Ă  la viande et aux Ɠufs pour la croissance et la santĂ© humaines (FAO[26] 2002). Les cacahuĂštes contiennent 14,8 g/100g de glucides. C’est un taux intermĂ©diaire entre la noix du BrĂ©sil (5,28 g/100g) et la noix de cajou (26,7 g/100g), le fruit Ă  coque le plus doux. Ces glucides sont composĂ©s d’oligosaccharides, d’amidon (5 %), des hĂ©micelluloses A et B, de sucre (5,9 %), c’est-Ă -dire des monosaccharides ou diholosides.

Comme c’est gĂ©nĂ©ralement le cas pour les plantes cultivĂ©es, on observe des variations de composition importantes selon les cultivars. Dans une Ă©tude comparative de six gĂ©notypes (cultivars) Ă  forte teneur en acide olĂ©ique (FTO) avec dix gĂ©notypes Ă  teneur normale en acide olĂ©ique, Andersen et al.[23] ont trouvĂ© un taux de 79 Ă  82 % d’acide olĂ©ique pour les gĂ©notypes FTO, comparĂ© Ă  55 Ă  60 % pour les gĂ©notypes normaux (et 50 % pour la table Ciqual). Les ratios acide olĂ©ique sur acide linolĂ©ique sont de 23:1 Ă  32:1 pour les HTO et de 2:1 Ă  3:1 pour les normaux. Certains gĂ©notypes qui ont une forte teneur en lipides, connaissent une diminution de leur contenu en lipides lorsque les cacahuĂštes sont grillĂ©es[27] (elles passent de 50 Ă  45 %). Par contre le grillage n’influence pas le taux de protĂ©ines.

Micronutriments

Les cacahuĂštes sont une bonne source de magnĂ©sium (50,6 % de l’AJR) et de phosphore (57,1 % de l’AJR) et de manganĂšse (70 % de l’AJR).

Elles sont aussi une excellente source de vitamine B (en particulier de niacine, la vitamine B3) et de vitamine E.

Composés phytochimiques

Les cacahuĂštes contiennent des composĂ©s phĂ©noliques, comme l’acide p-coumarique (2,53 mg/100g et du resveratrol (0,07 mg/100g)[28] ainsi que des flavonoĂŻdes (189,8 mg/100g)[29].

Les cacahuĂštes grillĂ©es contiennent de 61 Ă  114 mg/100g de phytostĂ©rol, selon les variĂ©tĂ©s. Le composant principal est le bĂȘta-sitostĂ©rol Ă  raison de 78 Ă  83 %[30].

La gousse, un sous-produit abondant de la production de cacahuÚtes, contient aussi de nombreux composés bioactifs consommables, des polyphénols, des flavonoïdes, de la lutéoline, des carotÚnes et des isosaponarétines[31].

Dans le cadre d’une Ă©tude comparative du contenu phĂ©nolique de dix fruits Ă  coque du commerce, Yang et al.[29] ont procĂ©dĂ© Ă  une extraction par solvant des composĂ©s phytochimiques libres et liĂ©s. Ils ont Ă©tabli par la mĂ©thode colorimĂ©trique de Folin-Ciocalteu que la noix commune possĂ©dait le contenu phĂ©nolique (1 580 mg/100g) largement le plus grand avec la noix de pĂ©can (1 464 mg/100 g), suivis par la cacahouĂšte, la pistache (572 mg/100 g), la noix de cajou (316 mg/100 g), la noisette (315 mg/100 g) et l’amande (213 mg/100 g)

noix com. > noix de pécan > cacahouÚte > pistache > 
> noisette > amande>noix du Brésil

Une méthode colorimétrique a déterminé le contenu en flavonoïde total[29] :

NoixPécanCacahuÚtePistacheNoisetteAmandeActivités antioxydantes
de 10 fruits Ă  coque[29]
Contenu phénolique total (mg/100 g)
1 5801 464646572315213
Contenu flavonoĂŻde total (mg/100 g)
74570519014311493
Activité antioxydante totale (”mol vit. C)
4584278176725

Les mesures d’activitĂ© antioxydante de Yang et al.[29] ont Ă©tabli une suprĂ©matie Ă©crasante de la noix commune et de la noix de pĂ©can, suivie de loin par la pistache (5,3 fois moins) et la noix de cajou, l'amande et la noisette (sans diffĂ©rence significative entre les deux derniers). Cette Ă©tude suggĂšre que plus le contenu phĂ©nolique total est grand, plus est importante l’activitĂ© antioxydante.

Allergie

Avertissement « Attention - cacahuÚte et poussiÚre de cacahuÚte omniprésentes ».

Certaines personnes souffrent d'allergie, parfois trÚs aiguë, à certaines protéines de l'arachide[32]. La prévalence est de l'ordre de 1 %[33], et tend à augmenter[34]. Cette allergie est responsable de plus de la moitié des décÚs dus à une allergie alimentaire[35].

Le traitement repose sur l'éviction totale des arachides et de tous les produits dérivés, imposant un régime rigoureux et souvent complexe, ainsi que la disponibilité d'un traitement anti-allergique sur place en cas d'exposition accidentelle. L'efficacité de la désensibilisation est imparfaite et inconstante mais peut permettre, dans certains cas, une tolérance à de petites doses de cacahuÚtes[36].

L'allergie aux arachides est souvent croisée avec l'allergie au lupin.

Pour éviter les risques d'allergie, la compagnie aérienne EasyJet supprime en 2019 la vente de cacahuÚtes à bord de ses avions[37].

Production

La production mondiale d’arachides non dĂ©cortiquĂ©es s’est Ă©levĂ©e Ă  47 millions de tonnes en 2017[38]. Celle des deux plus grands producteurs, la Chine et l’Inde, en reprĂ©sente 56 %.

Une petite production commerciale en est mĂȘme faite dans le sud du Canada, en Ontario et aussi en France Ă  Soustons dans les Landes (32 hectares d'une variĂ©tĂ© pure qui se rapproche de la Valencia des États-Unis, et qui a plus de 300 ans, mais qui ne se cultivait plus).

Principaux pays producteurs
2003Superficie cultivéeRendementProduction
millions d’hectaresquintaux par hectaremillions de tonnes
Monde26,4613,4835,66
Chine5,1326,2413,45
Inde8,009,387,50
Nigeria2,809,642,70
États-Unis0,5335,401,88
Indonésie0,6820,161,38
Soudan1,906,321,20
Sénégal0,9010,000,90
Birmanie0,5812,700,73
Ghana0,3512,8570,45
Tchad0,489,3750,45
ViĂȘt Nam0,2416,650,40
Production en tonnes d'arachides non décortiquées
Données de FAOSTAT (FAO)
2003200420162017
Chine13 493 46238 %14 075 00039 %16 422 83217 150 121
Inde7 700 00022 %7 500 00021 %7 462 0009 179 000
Nigeria2 700 0008 %2 700 0007 %3 581 0002 420 000
États-Unis1 879 7505 %1 905 7005 %2 531 7603 281 110
IndonĂ©sie1 377 0004 %1 450 0004 %570 000480 000
Soudan1 200 0003 %1 200 0003 %1 826 0001 641 011
Birmanie710 0002 %715 0002 %1 572 4071 582 693
SĂ©nĂ©gal375 0001 %465 0001 %719 000915 000
Tchad450 0001 %450 0001 %871 249870 094
Ghana439 0001 %439 2001 %417 199420 000
ViĂȘt Nam404 3001 %421 0001 %427 190459 849
Argentine314 2851 %414 2851 %1 001 1131 031 082
République dém.
du Congo
359 6401 %363 8501 %295 000300 000
Autres pays3 918 32512 %3 951 06412 %
Total35 320 762100 %36 050 099100 %44 909 42947 097 498

Commerce

Vendeuse d'arachides Ă  Ouagadougou.
Vendeuses d'arachides Ă  Abidjan, CĂŽte d'Ivoire.

Les Ă©changes d’arachide portent sur une faible part de la rĂ©colte, 4 millions de tonnes (annĂ©e 2001), environ 11 % de la production, essentiellement sous forme d’arachides en coques (2,4 millions de tonnes). Les Ă©changes de produits dĂ©rivĂ©s sont assez limitĂ©s : beurre d’arachide : 49 000 t, huile d’arachide : 270 000 t.

Les principaux exportateurs sont la Chine (1,6 Mt), l’Argentine (0,5 Mt) et les États-Unis (0,4 Mt), les principaux importateurs les Pays-Bas (0,6 Mt), l’IndonĂ©sie (0,3 Mt), le Royaume-Uni et le Japon.

La consommation d’huile d’arachide en France et dans l’Union europĂ©enne a rĂ©gressĂ© devant la forte croissance de la production locale d’huile de tournesol et de colza.

Dans la culture

  • Caricature Adieu, reprĂ©sentant Jimmy Carter dans un cercueil en forme de cacahouĂšte gĂ©ante[39].
  • Dingo, personnage de bande dessinĂ©e de l'univers de Disney, a le pouvoir de se transformer en super-hĂ©ros (il devient alors Super Dingo) lorsqu'il avale une super cacahuĂšte cueillie dans son jardin. « Cueillie », car ces super cacahuĂštes ont l'Ă©tonnante particularitĂ© de ne pas ĂȘtre enfouies dans le sol mais de rester Ă  l'air libre sur les branches du plant[40].
  • Arachide est le titre d'un roman de l'Ă©crivain libanais Mohamed Taan[41].

Notes et références

Notes

Références

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  2. « Pinotte - Wiktionnaire », sur wiktionary.org (consulté le ).
  3. Plumier, Charles, et Tournefort, Joseph Pitton de, Nova plantarum americanarum genera, Parisiis,apud Joannem Boudot, (lire en ligne)
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Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) Fernand Batude, L’arachide au SĂ©nĂ©gal, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1941, 184 p. (ThĂšse de Droit)
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