Pyridine
La pyridine ou azine, de formule brute C5H5N, est un composĂ© hĂ©tĂ©rocyclique simple et fondamental qui se rapproche de la structure du benzĂšne oĂč un des groupes CH est remplacĂ© par un atome dâazote. Elle existe sous la forme dâun liquide limpide, lĂ©gĂšrement jaunĂątre ayant une odeur dĂ©sagrĂ©able et pĂ©nĂ©trante (aigre, putride et Ă©voquant le poisson). Elle est trĂšs utilisĂ©e en chimie de coordination comme ligand et en chimie organique comme rĂ©actif et solvant. Les dĂ©rivĂ©s de la pyridine sont trĂšs nombreux dans la pharmacie et dans lâagrochimie. La pyridine est utilisĂ©e comme prĂ©curseur dans la fabrication dâinsecticides, dâherbicides, de mĂ©dicaments, dâarĂŽmes alimentaires, de colorants, dâadhĂ©sifs, de peintures, dâexplosifs et de dĂ©sinfectants. Elle est un composĂ© aromatique qui possĂšde une rĂ©activitĂ© diffĂ©rente du benzĂšne.
Pyridine | |
Structures de la pyridine | |
Identification | |
---|---|
Nom UICPA | Azine |
Synonymes |
Pyridine, azabenzĂšne |
No CAS | |
No ECHA | 100.003.464 |
No CE | 203-809-9 |
PubChem | 1049 |
FEMA | 2966 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | liquide hygroscopique, incolore, d'odeur caractéristique[1] |
Propriétés chimiques | |
Formule | C5H5N [IsomĂšres] |
Masse molaire[2] | 79,099 9 ± 0,004 6 g/mol C 75,92 %, H 6,37 %, N 17,71 %, |
pKa | 5,229[3] |
Moment dipolaire | 2,215 ± 0,010 D[4] |
DiamÚtre moléculaire | 0,522 nm[5] |
Propriétés physiques | |
T° fusion | â41,15 °C[6] |
T° ébullition | 115,35 °C[6] |
Solubilité | dans l'eau : miscible[1] |
ParamÚtre de solubilité Ύ | 21,9 MPa1/2 (25 °C)[7] |
Masse volumique | 0,98 g cmâ3 Ă 20 °C[8]
|
T° d'auto-inflammation | 482 °C[1] |
Point dâĂ©clair | 20 °C (coupelle fermĂ©e)[1] |
Limites dâexplosivitĂ© dans lâair | 1,7â10,6 %vol[8] |
Pression de vapeur saturante | 20,5 mbar à 20 °C 35 mbar à 30 °C 95 mbar à 50 °C[8] |
Viscosité dynamique | 0,95 mPa·s (à 20 °C) |
Point critique | 56,6 bar à 345,85 °C[6] |
Thermochimie | |
S0liquide, 1 bar | 177,9 J Kâ1 molâ1[6] |
ÎfH0gaz | 140,2 kJ molâ1[6] |
ÎfH0liquide | 99,96 kJ molâ1[6] |
ÎfusH° | 8,278 5 kJ molâ1 Ă â41,66 °C[6] |
ÎvapH° | 35,09 kJ molâ1 Ă 115,25 °C[6] |
Cp | 133 J Kâ1 molâ1 (liquide, 25 °C)[6]
|
PCI | â2 725 kJ molâ1[6] |
Propriétés électroniques | |
1re Ă©nergie d'ionisation | 9,25 eV (gaz)[11] |
Propriétés optiques | |
Indice de réfraction | 1,507[5] |
Précautions | |
SGH[12] | |
Danger |
|
SIMDUT[13] | |
B2, D2B, |
|
NFPA 704 | |
Transport[8] | |
Classification du CIRC | |
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[14] | |
Inhalation | nocif |
Peau | se laver immĂ©diatement et abondamment avec de lâeau |
Yeux | idem |
Ingestion | nocif |
Ăcotoxicologie | |
DL50 | 1,5 g kgâ1 (souris, oral) 360 mg kgâ1 (rat, i.v.) 1,25 g kgâ1 (souris, s.c.) 950 mg kgâ1 (souris, i.p.)[3] |
LogP | 0,65[1] |
Seuil de lâodorat | bas : 0,23 ppm haut : 1,9 ppm[15] |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Historique
La pyridine a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1851 par le chimiste Thomas Anderson grĂące Ă des Ă©tudes sur la distillation de lâhuile dâos et de matiĂšres animales. Le mot pyridine provient du grec « pyr » le feu et « idine » est le suffixe utilisĂ© pour les bases aromatiques[16]. Un radical de la molĂ©cule est appelĂ© pyridyle. La pyridine ainsi que plusieurs pyridines alkylĂ©es ont ainsi Ă©tĂ© obtenues au dĂ©but par la pyrolyse des os grĂące Ă une condensation entre lâammoniac et les aldĂ©hydes ou les cĂ©tones, produits par la dĂ©composition du glycĂ©rol et des dĂ©rivĂ©s azotĂ©s contenus dans les ossements. La pyridine peut aussi ĂȘtre obtenue par distillation du charbon, du goudron de charbon dâos, le goudron de houille et le goudron Ă distillation lente, dans les huiles pyrogĂ©nĂ©es dâorigines diverses, (les huiles des schistes bitumineux ainsi que lâhuile de cafĂ© contiennent de la pyridine). La pyridine est ensuite rĂ©cupĂ©rĂ©e par lavage de goudron de houille au moyen dâacide sulfurique diluĂ©, la sĂ©paration Ă©tant ensuite effectuĂ©e Ă lâaide dâalcalins[17]. La structure de la pyridine a Ă©tĂ© Ă©tablie en 1869-1870 par Wilhelm Körner et James Dewar[18]. La dĂ©couverte de la structure de la pyridine a permis le dĂ©veloppement de plusieurs voies de synthĂšse[16] : en 1877, William Ramsay rĂ©alise la synthĂšse de la pyridine Ă partir dâacĂ©tylĂšne et dâacide cyanhydrique. Puis en 1882, Arthur Hantzsch rĂ©alise lui aussi une synthĂšse de la pyridine. Cependant, la pyridine est restĂ©e trĂšs peu utilisĂ©e pendant des dĂ©cennies et les petites quantitĂ©s de pyridine utilisĂ©es Ă©taient obtenues par distillation du charbon. La pyridine est devenue importante dans les annĂ©es 1930 avec la dĂ©couverte de la niacine (vitamine B3), qui prĂ©vient les dĂ©mences. Depuis les annĂ©es 1940, la 2-vinylpyridine est utilisĂ© dans la synthĂšse de latex[16]. La demande en pyridine nâa cessĂ© dâaugmenter jusquâĂ nos jours grĂące Ă la dĂ©couverte de nombreuses biomolĂ©cules pyrimidiques[16].
SynthĂšse
SynthÚse utilisant des aldéhydes ou des cétones avec l'ammoniac
La synthĂšse Ă partir dâaldĂ©hydes et/ou de cĂ©tones et dâammoniac est le mode de production de la pyridine le plus courant. LâintĂ©rĂȘt de ce type de rĂ©action est lâaccĂšs Ă des rĂ©actifs bon marchĂ©. La rĂ©action a lieu gĂ©nĂ©ralement en phase gazeuse Ă des tempĂ©ratures comprises entre 350 °C et 550 °C en prĂ©sence dâun catalyseur (composĂ© de silice et dâalumine additionnĂ©e dâun mĂ©tal) et avec un temps de passage dans le rĂ©acteur trĂšs court, de lâordre de quelques secondes. Les rendements peuvent atteindre les 60-70 %[16].
La rĂ©action la plus utilisĂ©e est la condensation entre lâacĂ©taldĂ©hyde et le formaldĂ©hyde en prĂ©sence dâammoniac[19]. Cette rĂ©action se dĂ©roule en deux Ă©tapes :
- Formation de lâacrolĂ©ine
- RĂ©action de lâacrolĂ©ine avec lâacĂ©taldĂ©hyde en prĂ©sence dâammoniac
Le mĂ©lange dâacĂ©taldĂ©hyde, de formaldĂ©hyde et dâammoniac est dâabord prĂ©chauffĂ© puis passe dans un rĂ©acteur Ă lit fixe contenant le catalyseur Ă une tempĂ©rature de 400 Ă 450 °C. Le mĂ©lange rĂ©actionnel est ensuite refroidi afin de sĂ©parer les gaz (hydrogĂšne et ammoniac principalement) des condensats. Une extraction liquide-liquide permet ensuite dâextraire la pyridine et ses dĂ©rivĂ©s avant quâune sĂ©rie de colonnes de distillation sĂ©pare le solvant dâextraction, la pyridine puis les dĂ©rivĂ©s plus lourds. Le catalyseur est rĂ©guliĂšrement rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© par le passage dâun flux dâair[19].
Le rendement en pyridine est de lâordre de 38-63 % en fonction du catalyseur utilisĂ©. Le principal coproduit est la 3-mĂ©thylpyridine (rendement entre 9 et 29 %). Si on utilise directement de lâacrolĂ©ine avec de lâammoniac, on favorise la synthĂšse du 3-mĂ©thylpyridine avec un rendement de 15-49 %. Et si on utilise uniquement de lâacĂ©taldĂ©hyde avec de lâammoniac, on produit prĂ©fĂ©rentiellement 2-mĂ©thylpyridine et le 4-mĂ©thylpyridine avec un rendement de 35-45 % et de 9-44 % respectivement selon le catalyseur utilisĂ©[19].
DĂ©alkylation des alkylpyridines
Les dĂ©rivĂ©s de la pyridine Ă©tant des coproduits facilement vendables, une grande sĂ©lectivitĂ© nâest pas recherchĂ©e durant la synthĂšse. Toutefois il arrive quâune part importante des dĂ©rivĂ©s ayant une valeur trop faible sur le marchĂ© soit produite. Dans ce cas, on convertit ces derniers en pyridine par dĂ©alkylation oxydative. Les coproduits mĂ©langĂ©s avec de lâair ou de lâhydrogĂšne en prĂ©sence dâeau sont convertis en pyridine avec des rendements compris entre 50 et 93 % en fonction des dĂ©rivĂ©s et des catalyseurs[19].
SynthÚse utilisant des nitriles et l'acétylÚne
Une autre voie de synthĂšse est la rĂ©action entre un nitrile et lâacĂ©tylĂšne en phase liquide avec un catalyseur au cobalt et permet un rendement dâenviron 50 % pour la pyridine[16]. La tempĂ©rature de rĂ©action se situe entre 120 °C et 180 °C Ă une pression comprise entre 0,8 et 2,5 MPa. Cette voie de synthĂšse est toutefois utilisĂ©e pour la production sĂ©lective de pyridines ortho-substituĂ©es. Ainsi lâacĂ©tonitrile et lâacĂ©tylĂšne rĂ©agissent en prĂ©sence de cobaltocĂšne pour donner la 2-mĂ©thylpyridine avec un rendement de 76 %[19]. Lâacrylonitrile rĂ©agit avec lâacĂ©tylĂšne en prĂ©sence de (cyclopentadiĂ©nyl)cobalt-1,5-cyclooctadiĂšne pour donner la 2-vinylpyridine avec un rendement de 93 %[20].
SynthĂšse de laboratoire
La synthĂšse de Hantzsch est une autre mĂ©thode classique pour obtenir des dĂ©rivĂ©s de la pyridine. On fait rĂ©agir deux Ă©quivalents d'un composĂ© 1-3 dicarbonylĂ© (ici l'acĂ©toacĂ©tate d'Ă©thyle) avec un Ă©quivalent dâammoniac et un Ă©quivalent dâun aldĂ©hyde comme le formaldĂ©hyde pour former une dihydropyridine substituĂ©e (cycle ne comportant que deux doubles liaisons). Lâaction dâun oxydant doux sur cette dihydropyridine permet dâobtenir une pyridine substituĂ©e. La synthĂšse sâeffectue Ă 25 °C et dure plusieurs jours. Les pyridines obtenues sont substituĂ©es de façon symĂ©trique.
Un moyen dâobtenir une pyridine dissymĂ©trique est de faire rĂ©agir une 3-aminoĂ©none avec un composĂ© 1,3-dicarbonylĂ©. La 3-aminoĂ©none attaque une des fonctions carbonyle du composĂ© 1,3-dicarbonylĂ© pour ensuite donner une imine qui cyclise la molĂ©cule en rĂ©agissant avec lâautre carbonyle. Au cours de la rĂ©action, deux molĂ©cules dâeau sont Ă©liminĂ©es[16]. Une pyridine peut ĂȘtre aussi synthĂ©tisĂ©e Ă partir dâun composĂ© 1,5-dicarbonylĂ© avec de lâammoniac pour former une dihydropyridine facilement oxydable en pyridine[16].
Propriétés physico-chimiques
La pyridine est un liquide dans les conditions normales de pression et de tempĂ©rature. La pyridine est miscible avec lâeau et avec la plupart des solvants organiques habituels. La pyridine est une molĂ©cule de polaritĂ© moyenne, moins polaire que lâeau et les alcools mais plus polaire que lâacĂ©tate d'Ă©thyle, le dichloromĂ©thane, lâĂ©ther de pĂ©trole et les alcanes. En RMN du proton, la pyridine se prĂ©sente sous trois pics[21] : 8,5 ppm pour les hydrogĂšnes en α de lâazote, 7,6 ppm pour les hydrogĂšnes en Îł et 7,2 ppm en ÎČ. En RMN du carbone, la pyridine est encore sous trois pics : Ă 150 ppm pour les carbones 1 et 5, 139 ppm pour le carbone 3 et 123 ppm pour les carbones 2 et 4[21]. En spectroscopie infrarouge, la pyridine prĂ©sente une bande dâabsorption autour de 3 000 cmâ1 pour les C-H des carbones sp2[22]. Le seuil de dĂ©tection olfactif est de 0,02 ppm (dans lâair)[23]. Lâindice de rĂ©fraction est de 1,510[24]. La constante diĂ©lectrique Ă 25 °C est de 12,4[25].
Aromaticité
La pyridine est un composĂ© aromatique qui vĂ©rifie la rĂšgle de HĂŒckel. Les Ă©lectrons dĂ©localisĂ©s sont ceux des trois doubles liaisons soit six Ă©lectrons. Chaque carbone apporte un de ses Ă©lectrons pi dans la dĂ©localisation et lâazote Ă©galement hybridĂ© sp2 apporte le sixiĂšme Ă©lectron. La pyridine possĂšde une Ă©nergie de rĂ©sonance de 117 kJ/mol, infĂ©rieure Ă celle du benzĂšne mais supĂ©rieure Ă celles du thiophĂšne, du pyrrole et du furane[26].
Toutes les liaisons carbone-carbone sont de mĂȘme longueur (139 pm), intermĂ©diaire entre la longueur d'une liaison C-C simple (154 pm) et d'une liaison double C=C (134 pm). Les deux liaisons carbone-azote ont la mĂȘme longueur (137 pm), plus courte qu'une liaison simple C-N (147 pm) et plus longue qu'une liaison double C=N (128 pm). La pyridine nâest pas un composĂ© absolument plat Ă cause de la gĂ©omĂ©trie des liaisons de lâazote. Lâatome dâazote possĂšde un doublet Ă©lectronique libre Ă©quatorial, non dĂ©localisĂ© dans le systĂšme Ï aromatique. La paire libre de lâazote est dans une orbitale sp2 dans le plan de la molĂ©cule. Seul un Ă©lectron dans lâorbital p complĂšte lâarrangement Ă©lectronique de maniĂšre Ă rendre le cycle aromatique.
Lâazote ne fait donc pas jouer son caractĂšre mĂ©somĂšre donneur, et seul son caractĂšre inductif attracteur influence le reste du systĂšme Ï. L'atome dâazote exerce donc dans le cycle un effet inductif attracteur et mĂ©somĂšre attracteur. Lâazote nâapporte pas de densitĂ© Ă©lectronique supplĂ©mentaire. Un effet mĂ©somĂšre attracteur oriente la dĂ©localisation des charges Ă©lectroniques et affecte une charge Ă©lectronique sur lâazote dans les quatre formes limites de la pyridine.
L'atome d'azote de la pyridine peut ĂȘtre protonĂ© par rĂ©action avec des acides et forme un cation aromatique appelĂ© ion pyridinium. Le nombre dâĂ©lectrons dĂ©localisĂ©s dans l'ion pyridinium est le mĂȘme que pour la pyridine, soit six Ă©lectrons. La charge positive de ce cation est alors stabilisĂ©e sur tout le cycle par effet mĂ©somĂšre. Lâion pyridium est isoĂ©lectronique au benzĂšne Ă la diffĂ©rence que lâazote porte une charge. La charge positive diminue les densitĂ©s Ă©lectroniques des carbones du cycle notamment pour les carbones qui sont proches de lâazote. Les rĂ©actions avec les nuclĂ©ophiles sont plus faciles avec le pyridinium quâavec la pyridine, mais les rĂ©actions avec les Ă©lectrophiles sont au contraire rendues plus difficiles. La dĂ©localisation de la charge positive dans le cycle pyrimidique rend le cation plus stable et moins rĂ©actif qu'un cation non stabilisĂ©.
Réactivité du noyau pyridinique
Les différents types de réactivités
La pyridine est lâhĂ©tĂ©rocycle qui a la rĂ©activitĂ© la plus proche de celle du benzĂšne. Cependant, la prĂ©sence dâun atome dâazote dans le cycle dĂ©forme la distribution des Ă©lectrons dans le cycle et la prĂ©sence dâun doublet libre sur lâazote fournit un site pour la protonation et pour lâalkylation qui nâa aucune analogie vis-Ă -vis du benzĂšne.
DâaprĂšs la structure de la pyridine, trois types de rĂ©activitĂ©s sont attendues[26] :
- la rĂ©activitĂ© dâune amine tertiaire : protonation, alkylation, acylation, formation de N-oxyde et coordination avec les acides de Lewis ;
- la réactivité du benzÚne : réaction de substitution électrophile aromatique, résistance vis-à -vis des additions et des ouvertures du cycle ;
- la rĂ©activitĂ© dâune imine conjuguĂ©e ou dâun carbonyle : attaque nuclĂ©ophile en α ou Îł.
Le doublet libre de lâazote Ă©tant dans une orbitale sp2, il nâest pas dĂ©localisĂ© et confĂšre Ă la pyridine des propriĂ©tĂ©s basiques. Cela a pour effet de donner Ă la pyridine et Ă ses dĂ©rivĂ©s des propriĂ©tĂ©s chimiques assez diffĂ©rentes des dĂ©rivĂ©s du benzĂšne. Lâazote comporte une charge Ă©lectronique partielle Ă©levĂ©e aux dĂ©pens des carbones du cycle, qui ont une densitĂ© Ă©lectronique plus faible. En consĂ©quence, la pyridine va rĂ©agir plus difficilement que le benzĂšne avec les Ă©lectrophiles mais plus aisĂ©ment avec les nuclĂ©ophiles. Le caractĂšre Ă©lectroattracteur exercĂ© par lâazote appauvrit considĂ©rablement le noyau aromatique.
Les formes mĂ©somĂšres montrent que les positions 2,4 et 6 de la pyridine sont particuliĂšrement appauvries en densitĂ© Ă©lectronique, puisque l'on peut y faire apparaĂźtre des charges positives avec les formes de rĂ©sonance. De plus, l'atome d'azote attirant les Ă©lectrons du cycle, celui-ci est trĂšs dĂ©sactivĂ©. La pyridine possĂšde du fait de cette attraction un moment dipolaire de 2,2 debye dont le pĂŽle nĂ©gatif est orientĂ© vers lâazote[26].
En consĂ©quence, les substitutions Ă©lectrophiles aromatiques telles que la nitration ou lâhalogĂ©nation se feront plutĂŽt en position 3, mais souvent dans des conditions dures en lâabsence de groupements donneurs sur le cycle (amines, Ă©thersâŠ). De mĂȘme, les alkylations et acylations de Friedel-Crafts sont inconnues sur la pyridine mĂȘme. En contrepartie, les composĂ©s nuclĂ©ophiles rĂ©agissent bien sur le cycle dans les positions appauvries 2, 4 ou 6, en addition ou en substitution.
La pyridine est une imine stable à cause de son aromaticité. En général, les imines sont des intermédiaires de réaction instables[27].
Régiosélectivité des substitutions sur la pyridine
Lâazote est un atome trĂšs Ă©lectronĂ©gatif qui a une forte tendance Ă attirer les Ă©lectrons. Un azote portant une charge nĂ©gative est donc plus stable quâun azote avec une charge positive. La position oĂč va sâeffectuer une substitution dĂ©pend de la stabilitĂ© de lâintermĂ©diaire de la rĂ©action. LâĂ©criture des formes mĂ©somĂšres des intermĂ©diaires dâune substitution montre quâune substitution Ă©lectrophile aromatique sâeffectue prĂ©fĂ©rentiellement en position 3 parce que la prĂ©sence dâune charge positive sur lâazote est trĂšs dĂ©favorable tandis quâune substitution nuclĂ©ophile aura plutĂŽt lieu en position 2, 4 et 6 parce que la prĂ©sence dâune charge nĂ©gative sur lâazote est trĂšs favorable.
Intermédiaires de substitution électrophile en position 2 Intermédiaires de substitution électrophile en position 3 Intermédiaires de substitution électrophile en position 4 |
Intermédiaires de substitution nucléophile en position 2 Intermédiaires de substitution nucléophile en position 3 Intermédiaires de substitution nucléophile en position 4 |
L'écriture des formes mésomÚres permet de situer les charges partielles positives de la pyridine en position 2, 4 et 6.
Substitution Ă©lectrophile aromatique
Les substitution Ă©lectrophile aromatique sont difficiles Ă effectuer car la pyridine est moins rĂ©active que le benzĂšne et lâion pyridinium est encore moins rĂ©actif que la pyridine pour les substitutions Ă©lectrophiles. Lorsquâune rĂ©action de substitution Ă©lectrophile a lieu, elle se dĂ©roule en position 3 et 5 de la pyridine, qui sont les positions les plus riches en Ă©lectrons. Le produit cinĂ©tique est la pyridine complexĂ©e sur le doublet par lâĂ©lectrophile[26]. La rĂ©action de substitution est difficile car elle doit avoir lieu sur le sel de pyridinium ou bien sur la petite quantitĂ© de pyridine non protonĂ©e qui est prĂ©sente et non complexĂ©e avec lâĂ©lectrophile. La prĂ©sence de substituants donneurs dâĂ©lectrons va augmenter la facilitĂ© de la rĂ©action. Cependant, le passage par un N-oxyde de pyridine est prĂ©fĂ©rable pour faire des rĂ©actions de substitutions Ă©lectrophiles et permet dâobtenir de meilleurs rendements[26].
Les rĂ©actions classiques de substitutions Ă©lectrophiles aromatiques telles que lâalkylation de Friedel-Crafts ou lâacylation de Friedel-Crafts nâont tout simplement pas lieu. En effet, les acides de Lewis catalysant celles-ci coordonnent lâazote pour le rendre encore plus Ă©lectroattracteur et les rĂ©actions de Friedel-Crafts ont lieu sur lâazote et non sur les carbones de la pyridine[26]. Il est aussi possible dâalkyler ou dâacyler lâazote avec un halogĂ©nure dâacide ou dâalkyle sans acide de Lewis et sans autre nuclĂ©ophile dans le milieu rĂ©actionnel. La rĂ©action de Mannich nâa pas lieu avec les pyridines sauf si elles sont substituĂ©es par des groupements Ă©lectrodonneurs[26].
La nitration de la pyridine est difficile et nĂ©cessite des conditions fortes. Ă 370 °C, la pyridine rĂ©agit avec lâacide nitrique en prĂ©sence dâacide sulfurique concentrĂ© pour conduire Ă la 2-nitropyridine (94 %) et Ă la 3-nitropyridine (6 %). La prĂ©sence de groupes mĂ©thyle sur la pyridine favorise la nitration mais ces groupes sont partiellement oxydĂ©s en acide carboxylique. Ces groupes peuvent ĂȘtre Ă©liminĂ©s par dĂ©carboxylation. Ainsi la luthidine et la collidine permettent dâobtenir la 3-nitropyridine aprĂšs une nitration et une dĂ©carboxylation. De mĂȘme, la prĂ©sence dâun groupe hydroxyde ou amine sur la pyridine favorise la nitration. La 4-aminopyridine est nitrĂ©e sur la fonction amine puis se transforme en 4-amino-3-hydroxypyridine par rĂ©arrangement. La 2-hydroxypyridine est nitrĂ©e en position 4. Cependant un autre moyen dâobtenir la 4-nitropyridine est dâutiliser une pyridine N-oxyde avec un rendement de 85 % en prĂ©sence dâacide sulfurique et dâacide nitrique[26].
Ă 320 °C, la sulfonation avec de lâolĂ©um conduit Ă lâacide 3-sulfonique en petite quantitĂ©. Ă 360 °C le produit formĂ© est l'acide 4-sulfonique. La rĂ©action peut avoir lieu Ă plus basse tempĂ©rature avec un catalyseur autour de 220 °C en prĂ©sence de sulfate mercurique. La pyridine rĂ©agit avec les halogĂšnes pour donner des composĂ©s cristallisĂ©s ou solubles dans le tĂ©trachloromĂ©thane.
Substitution aromatique nucléophile
GĂ©nĂ©ralement, les rĂ©actifs nuclĂ©ophiles effectuent une substitution : dâabord en position 2 et 6 puis en position 4 (bien que certains rĂ©actifs fassent lâinverse). Lâattaque dâun nuclĂ©ophile sur la pyridine est suivi de la perte dâun hydrure. La rĂ©action nâest donc pas favorisĂ©e thermodynamiquement car lâhydrure est un trĂšs mauvais groupe partant et le dĂ©part de lâhydrure nĂ©cessite des conditions expĂ©rimentales vigoureuses. Par contre, si la rĂ©action a lieu sur une pyridine halogĂ©nĂ©e, la rĂ©action est plus facile car lâion halogĂ©nure est un bon groupe partant. Les 2-halopyridines sont de trĂšs bon substrats pour les rĂ©actions de substitution nuclĂ©ophile. Les 4-halopyridines sont des substrats un peu moins bons. Les 3-halopyridines sont trĂšs peu rĂ©actives[26].
La rĂ©action de Chichibabin, du nom du chimiste soviĂ©tique Aleksei Chichibabin, est une rĂ©action de substitution nuclĂ©ophile oĂč un hydrure est remplacĂ© par un groupe amidure. Lâaction de lâamidure de sodium, de baryum ou de potassium sur la pyridine conduit Ă la 2-aminopyridine. La rĂ©action peut avoir lieu Ă sec mais en gĂ©nĂ©ral, elle sâeffectue dans les solvants aromatiques en Ă©bullition. Les groupes hydroxyle, sulfate ou amide en position 2 ou 6 sur la pyridine peuvent aussi ĂȘtre substituĂ©s au cours de cette rĂ©action[26]. Dans cette rĂ©action, les 3-alkylpyridines sont substituĂ©es en position 2 par un groupe amine tandis que les 2 et 4-alkylpyridine ont du mal Ă rĂ©agir car lâamidure a tendance Ă arracher un proton de la chaine alkyle pour former un carbanion qui rĂ©agit moins bien avec les nuclĂ©ophiles[26].
La pyridine en présence de soude subit une attaque nucléophile de l'ion hydroxyde pour former la 2-hydroxy-1,2-dihydropyridine qui est oxydée en 2-pyridone avec un faible rendement[26]. L'ion hydroxyde effectue une sustitution nucléophile identique à l'ion amidure mais dans des conditions plus vigoureuses.
La rĂ©action des pyridines avec des alkyllithium ou des aryllithium conduit Ă des sels de lithium qui peuvent ĂȘtre parfois isolĂ©s mais qui en gĂ©nĂ©ral perdent de lâhydrure de lithium pour ĂȘtre oxydĂ©s par le dioxygĂšne et donner des pyridines substituĂ©es. La mĂȘme rĂ©action avec les organomagnĂ©siens est possible mais plus difficile[26].
Oxydation et réduction
Le solvant le plus utilisĂ© pour faire les oxydations en chimie organique est la pyridine. La pyridine est difficilement oxydable et rĂ©siste bien aux conditions expĂ©rimentales des rĂ©actions dâoxydation en milieu basique. Toutefois, elle est oxydĂ©e par le permanganate de potassium en prĂ©sence de potasse (Ă 100 °C) en libĂ©rant du gaz carbonique comme le benzĂšne. La pyridine est aussi oxydĂ©e par lâozone. Lâozonolyse affecte les trois doubles liaisons. Si la pyridine est substituĂ©e par des groupements alkyles, ces groupements sont aussi oxydĂ©s.
La pyridine traitĂ©e par les acides peroxycarboxyliques (le plus souvent lâacide mĂ©ta-chloroperbenzoĂŻque) ou lâeau oxygĂ©nĂ©e dans lâacide acĂ©tique Ă 100 °C peut ĂȘtre oxydĂ©e en N-oxyde de pyridine. Lâaction du trichlorure de phosphore ou de la triphĂ©nylphosphine sur les N-oxydes de pyridine permet de retourner aux pyridines correspondantes. Lâutilisation dâune hydrogĂ©nation catalytique douce peut ĂȘtre utilisĂ©e pour passer des pyridines N-oxyde aux pyridines simples. Les pyridines N-oxyde sont utilisĂ©es dans de nombreuses rĂ©actions Ă cause de leur meilleures rĂ©activitĂ© vis-Ă -vis des substitutions nuclĂ©ophiles par rapport aux pyridines.
La pyridine est facilement rĂ©duite par le tĂ©trahydruroaluminate de lithium LiAlH4 pour former la dihydropyridine puis la tĂ©trahydropyridine et enfin la pipĂ©ridine. La pyridine est donc plus facilement rĂ©duite que le benzĂšne. LâhydrogĂ©nation catalytique de la pyridine Ă 25 °C, en milieu faiblement acide avec du platine ou faiblement basique avec un amalgame de nickel fournit Ă©galement la pipĂ©ridine[26]. Le borohydrure de sodium nâa pas dâeffet sur la pyridine. Cependant, ce rĂ©actif rĂ©duit les sels de pyridium et les pyridines avec un groupement Ă©lectroattracteur[26]. La rĂ©duction de Birch (sodium en solution dans lâammoniac) permet de rĂ©duire la pyridine. Le radical anion intermĂ©diaire peut se dimĂ©riser mais la prĂ©sence dâune source de proton comme lâĂ©thanol permet dâobtenir une 1,4 dihydropyridine.
Propriétés basiques et réaction sur l'azote
Le doublet de lâazote nâĂ©tant pas dĂ©localisĂ©, il confĂšre Ă la pyridine des propriĂ©tĂ©s basiques. La pyridine est une base faible (l'ion pyridinium a un pKa de 5,23). Cette faible basicitĂ© est en contradiction avec le fait que le doublet semble bien disponible pour capter un proton. Lâexplication vient de lâhybridation de lâazote. Un composĂ© hybridĂ© sp3 a un effet inductif attracteur plus faible que lâazote hybridĂ© sp2. Le doublet est donc plus liĂ© Ă lâazote ce qui ne facilite pas sa protonation et diminue sa basicitĂ©. La basicitĂ© de lâazote permet les mĂȘmes rĂ©actions que pour les amines tertiaires.
Les sels de pyridinium sont beaucoup plus rĂ©actifs envers les rĂ©actifs nuclĂ©ophiles notamment en position ortho ou para. Ces additions sont parfois suivies dâune ouverture de cycle. Les sels dâalkylpyridine en prĂ©sence dâhydroxyde dâargent donnent les hydroxydes correspondants et par chauffage en position ÎČ ils peuvent perdre une molĂ©cule dâeau[26]. La rĂ©duction de sel de pyridinium N-acylĂ© par le borohydrure de sodium conduit au 1,2 et 1,4 dihydropyridine[26].
Les acides minĂ©raux et organiques forts forment des sels stables avec la pyridine en protonant lâazote (chlorhydrate et sulfate de pyridium). Ces sels sont trĂšs solubles dans lâeau et trĂšs hygroscopiques. La prĂ©sence de groupe Ă effet inductif donneur facilite la formation de sel en stabilisant la charge positive par effet inductif donneur. Les acides de Lewis sont inhibĂ©s par la pyridine car ils sont attaquĂ©s par le doublet de lâazote[26].
Les halogĂ©nures dâalkyle ou dâaryle activĂ©s forment avec la pyridine des sels de N-alkylpyridinium ou N-arylpyridinium. Cette rĂ©action est utilisĂ©e pour faire des rĂ©actions de deshydrohalogĂ©nation qui conduisent aux alcĂšnes. Lâacrylonitrile et les acrylates rĂ©agissent lors dâune rĂ©action de Mickael pour donner des sels de pyridium[26].
Les chlorures d'acyle rĂ©agissent facilement Ă 0 °C avec la pyridine pour donner des chlorures de 1-acylpyriridinium. Les chlorures dâacide arylsulfonique rĂ©agissent de la mĂȘme maniĂšre. Les anhydrides dâacide forment aussi des complexes[26].
Les substituants présents sur la pyridine influencent les propriétés basiques du noyau[28]. Un groupement avec un effet mésomÚre donneur en position 4 augmente la basicité en stabilisant le cation et en délocalisant la charge positive. La basicité diminue lorsque des groupements avec un effet mésomÚre attracteur sont sur le cycle.
|
Réaction des chaines latérales
Les pyridines qui portent des groupes mĂ©thyle, amine, ou hydroxyle en position 2 ou 4 conduisent en prĂ©sence de bases fortes Ă des anions qui sont stabilisĂ©s par mĂ©somĂ©rie[29]. Les hydrogĂšnes de ces groupes peuvent ĂȘtre plus facilement arrachĂ©s et les valeurs de pKa sont donc moins Ă©levĂ©es pour ces composĂ©s. Lorsque le substituant est en position 3, la stabilisation par mĂ©somĂ©rie est moins Ă©vidente et par consĂ©quent la valeur du pKa est plus Ă©levĂ©e.
|
Utilisation
La pyridine est souvent utilisĂ©e comme rĂ©actif ou bien comme catalyseur en synthĂšse organique dans des rĂ©actions de condensation, dĂ©shalogĂ©nation, halogĂ©nation ou dâacylation[30] et aussi comme un prĂ©curseur pour la synthĂšse de produits intermĂ©diaires utilisĂ©s dans la fabrication dâinsecticides, dâherbicides, de mĂ©dicaments, dâarĂŽmes alimentaires, de colorants, dâadhĂ©sifs, de peintures, dâexplosifs et de dĂ©sinfectants. La pyridine est alors utilisĂ©e comme prĂ©curseur Ă des rĂ©actions de substitution nuclĂ©ophile et plus rarement des substitutions Ă©lectrophiles ou bien des rĂ©actions dâalkylation sur lâazote. La pyridine est aussi utilisĂ©e pour dĂ©naturer lâalcool, les antigels et les fongicides, et aussi comme adjuvant pour les teintures textiles.
La pyridine est couramment utilisĂ©e comme solvant basique polaire et permet de neutraliser la formation dâacide lors de certaines rĂ©actions. La pyridine est souvent utilisĂ©e comme solvant polaire aprotique basique ou simplement ajoutĂ©e au milieu rĂ©actionnel pour neutraliser les acides qui rĂ©sultent de ces rĂ©actions. Cependant la haute tempĂ©rature dâĂ©bullition rend parfois la pyridine difficile Ă Ă©liminer et dâautres solvants organiques avec une faible tempĂ©rature dâĂ©bullition sont utilisĂ©s.
La pyridine d5 deutĂ©rĂ©e oĂč les hydrogĂšnes de la pyridine ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des atomes de deutĂ©rium peut ĂȘtre utilisĂ©e comme solvant en spectroscopie RMN.
La pyridine et ses dĂ©rivĂ©s peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour activer certaines rĂ©actions dâacylation ou dâestĂ©rification.
- La 4-dimĂ©thylaminopyridine (DMAP) est utilisĂ© pour activer les anhydrides lors de rĂ©actions dâacylation. LâintermĂ©diaire est un sel 1-acylpyridium qui rĂ©agit avec une amine primaire ou secondaire pour former une amide[26].
- La 4-(1-pyrrolidinyl)-pyridine (PPY) permet dâactiver une rĂ©action dâestĂ©rification entre un acide carboxylique et certains alcools en prĂ©sence de DCC (dicyclohexylcarbodiimide). Le PPY rĂ©agit avec lâintermĂ©diaire formĂ© par la rĂ©action entre lâacide et le DCC, qui se comporte de la mĂȘme maniĂšre quâun anhydride d'acide[26].
La pyridine est trĂšs utilisĂ©e comme ligand en chimie de coordination (dans ce cadre, elle est abrĂ©gĂ©e « py ») car elle a une grande habiletĂ© Ă former des complexes avec de nombreux cations de mĂ©taux de transition. La pyridine est un ligand plutĂŽt mou dans la thĂ©orie HSAB. Dans les complexes, une liaison azote-mĂ©tal est formĂ©e. Ces complexes peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour des analyses sĂ©lectives.
Certains des complexes de la pyridine sont utilisés pour oxyder les alcools primaires ou secondaires.
- Le rĂ©actif de Collins ou de Sarret sont constituĂ©s par un Ă©quivalent dâacide chromique et deux Ă©quivalents de pyridine. Ils sont prĂ©parĂ©s par chauffage et diffĂšrent entre eux par leur forme cristalline.
- Le rĂ©actif de Conforth est constituĂ© dâun Ă©quivalent de trioxyde de chrome et de deux Ă©quivalents de pyridine mĂ©langĂ©e avec de lâeau
- Le dichromate de pyridinium PDC est constituĂ© dâun Ă©quivalent de dichromate de deux Ă©quivalents de pyridine et dâacide chlorhydrique
- Le chlorochromate de pyridinium PCC est constituĂ© dâun Ă©quivalent de trioxyde de chrome, d'un Ă©quivalent dâacide chlorhydrique et de pyridine.
La pyridine, avec de lâacide barbiturique est couramment utilisĂ©e pour la dĂ©tection colorimĂ©trique des cyanures en solution aqueuse. Elle rĂ©agit avec le chlorure de cyanure (formĂ© par la rĂ©action entre lâion cyanure et la chloramine-T) pour former une espĂšce conjuguĂ©e avec deux molĂ©cules dâacide barbiturique, ensemble qui possĂšde une teinte rouge. LâintensitĂ© de la coloration est directement proportionnelle Ă la concentration en cyanure.
Sécurité
Précautions pour la santé
La pyridine est nocive par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion[23]. Elle est absorbĂ©e par le tractus gastro-intestinal, la peau et les poumons[23]. Les problĂšmes gastro-intestinaux qui peuvent survenir en mĂȘme temps sont : des nausĂ©es, des vomissements, des anorexies voire des diarrhĂ©es[23]. Par inhalation, les vapeurs de pyridine sont irritantes pour les muqueuses oculaires, nasales et respiratoires. Les symptĂŽmes habituels dâune exposition Ă la pyridine sont : maux de tĂȘtes, toux, respiration de type asthmatique, laryngite, nausĂ©es et vomissement. La pyridine par contact cutanĂ© ou par projection provoque une irritation de la peau et des muqueuses, voire des brulures. La pyridine a Ă©tĂ© Ă lâorigine de quelques cas de sensibilisation cutanĂ©e Ă type dâeczĂ©ma. Au niveau oculaire, la pyridine induit des lĂ©sions sĂ©vĂšres avec opacification cornĂ©enne et cicatrisation de la conjonctive[23]. Les deux principaux organes touchĂ©s par la pyridine sont le tractus gastro-intestinal et le systĂšme nerveux central. Quelle que soit la quantitĂ© absorbĂ©e, les problĂšmes majoritaires sont neurologiques : cĂ©phalĂ©e, vertiges, asthĂ©nie, nervositĂ©, confusion. La pyridine est mĂ©tabolisĂ©e de la mĂȘme façon pour toutes les espĂšces Ă©tudiĂ©es et est Ă©liminĂ©e sous forme inchangĂ©e ou mĂ©tabolisĂ©e par lâurine. La pyridine nâest pas mutagĂšne.
D'aprÚs la fiche de sécurité de l'INRS
Exposé des risques et mesures de sécurité | |
---|---|
R: 11 | Facilement inflammable. |
R: 20/21/22 | Nocif par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion. |
S: 26 | En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l'eau et consulter un spécialiste. |
S: 28 | AprÚs contact avec la peau, se laver immédiatement et abondamment avec de l'eau. |
203-809-9 | Ătiquetage CE. |
Précaution pour le stockage
La pyridine dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression est un composĂ© stable. Cependant, la pyridine est facilement inflammable et se dĂ©compose Ă tempĂ©rature Ă©levĂ©e avec des dĂ©gagements de vapeurs de cyanure, hautement toxiques[23]. Les vapeurs de pyridine peuvent former dans certaines proportions un mĂ©lange explosif avec lâair. Le dioxyde de carbone, les poudres chimiques, les mousses spĂ©ciales peuvent ĂȘtre efficaces en cas dâincendie. La pyridine peut attaquer le caoutchouc ou certains plastiques[23]. Pour cela la pyridine doit ĂȘtre stockĂ©e dans des rĂ©cipients en acier ou en fer pour les grandes quantitĂ©s[23]. Les rĂ©cipients en verre ne sont utilisĂ©s que pour les petites quantitĂ©s. La pyridine peut rĂ©agir vivement avec les acides forts[23] (acide nitrique, acide sulfurique fumantâŠ) ou les oxydants forts[23] (trioxyde de chrome, permanganate de potassiumâŠ) et doit ĂȘtre stockĂ©e dans des locaux bien ventilĂ©s Ă lâabri de toute source dâignition, des rayonnements solaires et des sources de chaleurs. Les stockages de pyridine doivent se trouver Ă©loignĂ©s des produits oxydants et des acides forts[23].
Effets sur l'environnement
La pyridine est entiĂšrement soluble dans lâeau, et forme des mĂ©langes toxiques mĂȘme lorsquâelle est fortement diluĂ©e. La pyridine est stable dans lâeau et il ne se produit pas dâhydrolyse donc ce composĂ© reste prĂ©sent dans les milieux aquatiques pendant une longue pĂ©riode sans se dĂ©grader. La pyridine est une base et fait monter le pH des milieux aquatiques, provoquant des changements importants. Des immissions continues de pyridine dans le milieu aquatique peuvent provoquer une mĂ©tabolisation accrue de la microflore. Des concentrations de 0,5 mg/l sont suffisantes pour inhiber les processus de nitrification et dâammonification. Les processus dâoxydation engendrĂ©s par la pyridine diminuent sensiblement Ă partir dâune concentration de 5 mg/l[17]. La pyridine est trĂšs mobile dans le sol.
Le rĂŽle de la pyridine comme polluant atmosphĂ©rique est mis au jour en 2019. Cette molĂ©cule, produite en abondance par lâactivitĂ© humaine, facilite la formation des aĂ©rosols atmosphĂ©riques et influence ainsi la formation des nuages et donc le climat[31] - [32].
Notes et références
- PYRIDINE, Fiches internationales de sécurité chimique
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) « Pyridine », sur ChemIDplus, consulté le 17 septembre 2009
- (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 142006679X et 978-1420066791), p. 9-50
- (en) Y. Marcus, The properties of solvents, Chichester, Angleterre, John Wiley & Sons, coll. « Wiley Series in Solution Chemistry » (no 4), , 254 p. (ISBN 978-0-471-98369-9, présentation en ligne), p. 92
- (en) « Pyridine », sur NIST/WebBook, consulté le 17 septembre 2009
- (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294
- Entrée « Pyridine » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accÚs le 17 septembre 2009 (JavaScript nécessaire)
- (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
- (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams : Organic Compounds C8 to C28, vol. 2, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., , 396 p. (ISBN 0-88415-858-6)
- (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205
- Numéro index rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008) dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du
- « Pyridine » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
- IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
- « Pyridine », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le )
- (en) Gavin D. Henry, « De novo synthesis of substituted pyridines », Tetrahedron, vol. 60 : 6043â6061, no 29,â (ISSN 0040-4020, DOI 10.1016/j.tet.2004.04.043)
- MinistÚre fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), « Plomb et ses composes organiques », Volume III : Catalogue des normes antipollution, sur gtz.de, Friedr. Vieweg & Sohn Verlagsgesellschaft mbH, Brunswick, (consulté le ).
- (en) Alan J. Rocke, « Koerner, Dewar, and the Structure of Pyridine », B. Hist. Chem., no 2,â , p. 4-6 (ISSN 1053-4385, lire en ligne)
- (en) S. Shimizu, N. Watanabe et al., Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry, vol. 30, New York, Wiley-VCH, (DOI 10.1002/14356007.a22_399, lire en ligne), « Pyridine and Pyridine Derivatives », p. 557-589
- Brevet DE 2 840 460 H. Bönnemann et M. Samson, Ï-indenyl-(cycloocta-1,5-diene) cobalt, Ï-trimethylsilylcyclopentadienyl-(cycloocta-1,5-diene) cobalt, Ï-cyclopentadienyl-α,α'-bipyridyl cobalt and process for their preparation, and their use, 1980
- (en) Agency of Industrial Science and Technology, « Research Information Database RIO-DB Home Page », sur riodb01.ibase.aist.go.jp, Tsukuba Advanced Computing Center (consulté le ).
- Le spectre est visible sur la page
- Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ©, « Pyridine », Fiche toxicologique de lâINRS, sur inrs.fr, INRS, (consultĂ© le ), p. 1-6.
- Scientific research 2003/2004, Fluka
- P. Vogel (préf. J.-M. Lehn), Chimie organique : Méthodes et modÚles, De Boeck Université, , 1456 p. (ISBN 978-2-8041-2620-9, présentation en ligne)
- R. Milcent et F. Chau, Chimie organique hétérocyclique : Structures fondamentales, chimie et biochimie des principaux composés naturels, EDP Sciences, , 846 p. (ISBN 978-2-86883-583-3, présentation en ligne)
- J. Clayden, N. Greeves et al. (trad. A. Pousse), Chimie organique, De Boeck Université, , 1534 p. (ISBN 978-2-7445-0149-4, présentation en ligne)
- (en) K. Schofield, Hetero-aromatic nitrogen compounds : Pyrroles and pyridines, Plenum Press, , 434 p. (présentation en ligne), p. 146
- (en) Giancarlo Seconi, Colin Eaborn et Alfred Fischer, « Rate constants and solvent isotope effects in the cleavage of picolyl- and (quinolylmethyl)-trimethylsilanes by sodium methoxide in methanol », J. Organomet. Chem., vol. 177, no 1,â , p. 129-136 (ISSN 0022-328X, DOI 10.1016/S0022-328X(00)92337-4)
- (en) A. R. Sherman, Encyclopedia of Reagents for Organic Synthesis, John Wiley & Sons, (ISBN 978-0-470-84289-8, DOI 10.1002/047084289X.rp280, lire en ligne), « Pyridine »
- « Comment une molécule peut changer le climat » [PDF] (consulté le ).
- (en) Linda FeketeovĂĄ, Paul Bertier, Thibaud Salbaing, Toshiyuki Azuma, Florent Calvo et al., « Impact of a hydrophobic ion on the early stage of atmospheric aerosol formation », PNAS,â (DOI 10.1073/pnas.1911136116).
Voir aussi
Bibliographie
- R. Milcent et F. Chau, Chimie organique hétérocyclique : Structures fondamentales, chimie et biochimie des principaux composés naturels, EDP Sciences, , 846 p. (ISBN 978-2-86883-583-3, présentation en ligne)
- J. Clayden, N. Greeves et al. (trad. A. Pousse), Chimie organique, De Boeck Université, , 1534 p. (ISBN 978-2-7445-0149-4, présentation en ligne)
- (en) Erwin Klingsberg et R. A. Abramovitch, Pyridine and its derivatives, Part 1
Articles connexes
Composés structurellement ou chimiquement apparentés :
- Pipéridine, analogue saturé de la pyridine
- Pyrrole, un hétérocyclique aromatique à 4 carbones et un azote
- Bipyridine, un composé polypyridine simple consistant en deux molécules de pyridine liées par une simple liaison
- Diazines : molĂ©cules aromatiques avec deux atomes dâazote dans le cycle
- Triazines : molĂ©cules aromatiques avec trois atomes dâazote dans le cycle
- 1,2,3-Triazine
- 1,2,4-Triazine
- 1,3,5-Triazine
- noyaux de pyridine et un de benzÚne fusionnés :
- Aniline, benzÚne avec un groupe NH2 attaché
- Pyridines substituées
- Picoline, pyridine avec un groupe méthyle
- Lutidine, pyridine avec deux groupes méthyle
- Collidine, pyridine avec trois groupes méthyle
- Acide picolique, pyridine avec groupe COOH en position 2
- Acide nicotinique, pyridine avec groupe COOH en position 3
- Acide isonicotinique, pyridine avec groupe COOH en position 4
- Noyaux aromatiques simples
Liens externes
- (en) « Molecular Orbitals of Pyridine » [« Orbitales moléculaires de la pyridine »] (consulté le )
- Fiches Internationales de Sécurité Chimique Pyridine ICSC : 0323 sur NIOSH
- (en) Synthesis of pyridines (overview of recent methods)