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Pyridine

La pyridine ou azine, de formule brute C5H5N, est un composĂ© hĂ©tĂ©rocyclique simple et fondamental qui se rapproche de la structure du benzĂšne oĂč un des groupes CH est remplacĂ© par un atome d’azote. Elle existe sous la forme d’un liquide limpide, lĂ©gĂšrement jaunĂątre ayant une odeur dĂ©sagrĂ©able et pĂ©nĂ©trante (aigre, putride et Ă©voquant le poisson). Elle est trĂšs utilisĂ©e en chimie de coordination comme ligand et en chimie organique comme rĂ©actif et solvant. Les dĂ©rivĂ©s de la pyridine sont trĂšs nombreux dans la pharmacie et dans l’agrochimie. La pyridine est utilisĂ©e comme prĂ©curseur dans la fabrication d’insecticides, d’herbicides, de mĂ©dicaments, d’arĂŽmes alimentaires, de colorants, d’adhĂ©sifs, de peintures, d’explosifs et de dĂ©sinfectants. Elle est un composĂ© aromatique qui possĂšde une rĂ©activitĂ© diffĂ©rente du benzĂšne.

Pyridine
Image illustrative de l’article Pyridine
Structures de la pyridine
Identification
Nom UICPA Azine
Synonymes

Pyridine, azabenzĂšne

No CAS 110-86-1
No ECHA 100.003.464
No CE 203-809-9
PubChem 1049
FEMA 2966
SMILES
InChI
Apparence liquide hygroscopique, incolore, d'odeur caractéristique[1]
Propriétés chimiques
Formule C5H5N [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 79,099 9 ± 0,004 6 g/mol
C 75,92 %, H 6,37 %, N 17,71 %,
pKa 5,229[3]
Moment dipolaire 2,215 ± 0,010 D[4]
DiamÚtre moléculaire 0,522 nm[5]
Propriétés physiques
T° fusion −41,15 °C[6]
T° ébullition 115,35 °C[6]
Solubilité dans l'eau : miscible[1]
ParamÚtre de solubilité Ύ 21,9 MPa1/2 (25 °C)[7]
Masse volumique 0,98 g cm−3 Ă  20 °C[8]
T° d'auto-inflammation 482 °C[1]
Point d’éclair 20 °C (coupelle fermĂ©e)[1]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 1,7–10,6 %vol[8]
Pression de vapeur saturante 20,5 mbar à 20 °C
35 mbar à 30 °C
95 mbar à 50 °C[8]
Viscosité dynamique 0,95 mPa·s (à 20 °C)
Point critique 56,6 bar à 345,85 °C[6]
Thermochimie
S0liquide, 1 bar 177,9 J K−1 mol−1[6]
ΔfH0gaz 140,2 kJ mol−1[6]
ΔfH0liquide 99,96 kJ mol−1[6]
ΔfusH° 8,278 5 kJ mol−1 Ă  −41,66 °C[6]
ΔvapH° 35,09 kJ mol−1 Ă  115,25 °C[6]
Cp 133 J K−1 mol−1 (liquide, 25 °C)[6]
PCI −2 725 kJ mol−1[6]
Propriétés électroniques
1re Ă©nergie d'ionisation 9,25 eV (gaz)[11]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,507[5]
Précautions
SGH[12]
SGH02 : InflammableSGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotique
Danger
H225, H302, H312 et H332
SIMDUT[13]
B2 : Liquide inflammableD2B : MatiĂšre toxique ayant d'autres effets toxiques
B2, D2B,
NFPA 704
Transport[8]
Classification du CIRC
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[14]
Inhalation nocif
Peau se laver immédiatement et
abondamment avec de l’eau
Yeux idem
Ingestion nocif
Écotoxicologie
DL50 1,5 g kg−1 (souris, oral)
360 mg kg−1 (rat, i.v.)
1,25 g kg−1 (souris, s.c.)
950 mg kg−1 (souris, i.p.)[3]
LogP 0,65[1]
Seuil de l’odorat bas : 0,23 ppm
haut : 1,9 ppm[15]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Historique

La pyridine a Ă©tĂ© dĂ©couverte en 1851 par le chimiste Thomas Anderson grĂące Ă  des Ă©tudes sur la distillation de l’huile d’os et de matiĂšres animales. Le mot pyridine provient du grec « pyr Â» le feu et « idine Â» est le suffixe utilisĂ© pour les bases aromatiques[16]. Un radical de la molĂ©cule est appelĂ© pyridyle. La pyridine ainsi que plusieurs pyridines alkylĂ©es ont ainsi Ă©tĂ© obtenues au dĂ©but par la pyrolyse des os grĂące Ă  une condensation entre l’ammoniac et les aldĂ©hydes ou les cĂ©tones, produits par la dĂ©composition du glycĂ©rol et des dĂ©rivĂ©s azotĂ©s contenus dans les ossements. La pyridine peut aussi ĂȘtre obtenue par distillation du charbon, du goudron de charbon d’os, le goudron de houille et le goudron Ă  distillation lente, dans les huiles pyrogĂ©nĂ©es d’origines diverses, (les huiles des schistes bitumineux ainsi que l’huile de cafĂ© contiennent de la pyridine). La pyridine est ensuite rĂ©cupĂ©rĂ©e par lavage de goudron de houille au moyen d’acide sulfurique diluĂ©, la sĂ©paration Ă©tant ensuite effectuĂ©e Ă  l’aide d’alcalins[17]. La structure de la pyridine a Ă©tĂ© Ă©tablie en 1869-1870 par Wilhelm Körner et James Dewar[18]. La dĂ©couverte de la structure de la pyridine a permis le dĂ©veloppement de plusieurs voies de synthĂšse[16] : en 1877, William Ramsay rĂ©alise la synthĂšse de la pyridine Ă  partir d’acĂ©tylĂšne et d’acide cyanhydrique. Puis en 1882, Arthur Hantzsch rĂ©alise lui aussi une synthĂšse de la pyridine. Cependant, la pyridine est restĂ©e trĂšs peu utilisĂ©e pendant des dĂ©cennies et les petites quantitĂ©s de pyridine utilisĂ©es Ă©taient obtenues par distillation du charbon. La pyridine est devenue importante dans les annĂ©es 1930 avec la dĂ©couverte de la niacine (vitamine B3), qui prĂ©vient les dĂ©mences. Depuis les annĂ©es 1940, la 2-vinylpyridine est utilisĂ© dans la synthĂšse de latex[16]. La demande en pyridine n’a cessĂ© d’augmenter jusqu’à nos jours grĂące Ă  la dĂ©couverte de nombreuses biomolĂ©cules pyrimidiques[16].

SynthĂšse

SynthÚse utilisant des aldéhydes ou des cétones avec l'ammoniac

La synthĂšse Ă  partir d’aldĂ©hydes et/ou de cĂ©tones et d’ammoniac est le mode de production de la pyridine le plus courant. L’intĂ©rĂȘt de ce type de rĂ©action est l’accĂšs Ă  des rĂ©actifs bon marchĂ©. La rĂ©action a lieu gĂ©nĂ©ralement en phase gazeuse Ă  des tempĂ©ratures comprises entre 350 °C et 550 °C en prĂ©sence d’un catalyseur (composĂ© de silice et d’alumine additionnĂ©e d’un mĂ©tal) et avec un temps de passage dans le rĂ©acteur trĂšs court, de l’ordre de quelques secondes. Les rendements peuvent atteindre les 60-70 %[16].

La rĂ©action la plus utilisĂ©e est la condensation entre l’acĂ©taldĂ©hyde et le formaldĂ©hyde en prĂ©sence d’ammoniac[19]. Cette rĂ©action se dĂ©roule en deux Ă©tapes :

  1. Formation de l’acrolĂ©ine
  2. RĂ©action de l’acrolĂ©ine avec l’acĂ©taldĂ©hyde en prĂ©sence d’ammoniac

Le mĂ©lange d’acĂ©taldĂ©hyde, de formaldĂ©hyde et d’ammoniac est d’abord prĂ©chauffĂ© puis passe dans un rĂ©acteur Ă  lit fixe contenant le catalyseur Ă  une tempĂ©rature de 400 Ă  450 °C. Le mĂ©lange rĂ©actionnel est ensuite refroidi afin de sĂ©parer les gaz (hydrogĂšne et ammoniac principalement) des condensats. Une extraction liquide-liquide permet ensuite d’extraire la pyridine et ses dĂ©rivĂ©s avant qu’une sĂ©rie de colonnes de distillation sĂ©pare le solvant d’extraction, la pyridine puis les dĂ©rivĂ©s plus lourds. Le catalyseur est rĂ©guliĂšrement rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© par le passage d’un flux d’air[19].

Le rendement en pyridine est de l’ordre de 38-63 % en fonction du catalyseur utilisĂ©. Le principal coproduit est la 3-mĂ©thylpyridine (rendement entre 9 et 29 %). Si on utilise directement de l’acrolĂ©ine avec de l’ammoniac, on favorise la synthĂšse du 3-mĂ©thylpyridine avec un rendement de 15-49 %. Et si on utilise uniquement de l’acĂ©taldĂ©hyde avec de l’ammoniac, on produit prĂ©fĂ©rentiellement 2-mĂ©thylpyridine et le 4-mĂ©thylpyridine avec un rendement de 35-45 % et de 9-44 % respectivement selon le catalyseur utilisĂ©[19].

DĂ©alkylation des alkylpyridines

Les dĂ©rivĂ©s de la pyridine Ă©tant des coproduits facilement vendables, une grande sĂ©lectivitĂ© n’est pas recherchĂ©e durant la synthĂšse. Toutefois il arrive qu’une part importante des dĂ©rivĂ©s ayant une valeur trop faible sur le marchĂ© soit produite. Dans ce cas, on convertit ces derniers en pyridine par dĂ©alkylation oxydative. Les coproduits mĂ©langĂ©s avec de l’air ou de l’hydrogĂšne en prĂ©sence d’eau sont convertis en pyridine avec des rendements compris entre 50 et 93 % en fonction des dĂ©rivĂ©s et des catalyseurs[19].

SynthÚse utilisant des nitriles et l'acétylÚne

Une autre voie de synthĂšse est la rĂ©action entre un nitrile et l’acĂ©tylĂšne en phase liquide avec un catalyseur au cobalt et permet un rendement d’environ 50 % pour la pyridine[16]. La tempĂ©rature de rĂ©action se situe entre 120 °C et 180 °C Ă  une pression comprise entre 0,8 et 2,5 MPa. Cette voie de synthĂšse est toutefois utilisĂ©e pour la production sĂ©lective de pyridines ortho-substituĂ©es. Ainsi l’acĂ©tonitrile et l’acĂ©tylĂšne rĂ©agissent en prĂ©sence de cobaltocĂšne pour donner la 2-mĂ©thylpyridine avec un rendement de 76 %[19]. L’acrylonitrile rĂ©agit avec l’acĂ©tylĂšne en prĂ©sence de (cyclopentadiĂ©nyl)cobalt-1,5-cyclooctadiĂšne pour donner la 2-vinylpyridine avec un rendement de 93 %[20].

SynthĂšse de laboratoire

La synthĂšse de Hantzsch est une autre mĂ©thode classique pour obtenir des dĂ©rivĂ©s de la pyridine. On fait rĂ©agir deux Ă©quivalents d'un composĂ© 1-3 dicarbonylĂ© (ici l'acĂ©toacĂ©tate d'Ă©thyle) avec un Ă©quivalent d’ammoniac et un Ă©quivalent d’un aldĂ©hyde comme le formaldĂ©hyde pour former une dihydropyridine substituĂ©e (cycle ne comportant que deux doubles liaisons). L’action d’un oxydant doux sur cette dihydropyridine permet d’obtenir une pyridine substituĂ©e. La synthĂšse s’effectue Ă  25 °C et dure plusieurs jours. Les pyridines obtenues sont substituĂ©es de façon symĂ©trique.

SynthĂšse de Hantzsch

Un moyen d’obtenir une pyridine dissymĂ©trique est de faire rĂ©agir une 3-aminoĂ©none avec un composĂ© 1,3-dicarbonylĂ©. La 3-aminoĂ©none attaque une des fonctions carbonyle du composĂ© 1,3-dicarbonylĂ© pour ensuite donner une imine qui cyclise la molĂ©cule en rĂ©agissant avec l’autre carbonyle. Au cours de la rĂ©action, deux molĂ©cules d’eau sont Ă©liminĂ©es[16]. Une pyridine peut ĂȘtre aussi synthĂ©tisĂ©e Ă  partir d’un composĂ© 1,5-dicarbonylĂ© avec de l’ammoniac pour former une dihydropyridine facilement oxydable en pyridine[16].

Propriétés physico-chimiques

La pyridine est un liquide dans les conditions normales de pression et de tempĂ©rature. La pyridine est miscible avec l’eau et avec la plupart des solvants organiques habituels. La pyridine est une molĂ©cule de polaritĂ© moyenne, moins polaire que l’eau et les alcools mais plus polaire que l’acĂ©tate d'Ă©thyle, le dichloromĂ©thane, l’éther de pĂ©trole et les alcanes. En RMN du proton, la pyridine se prĂ©sente sous trois pics[21] : 8,5 ppm pour les hydrogĂšnes en α de l’azote, 7,6 ppm pour les hydrogĂšnes en Îł et 7,2 ppm en ÎČ. En RMN du carbone, la pyridine est encore sous trois pics : Ă  150 ppm pour les carbones 1 et 5, 139 ppm pour le carbone 3 et 123 ppm pour les carbones 2 et 4[21]. En spectroscopie infrarouge, la pyridine prĂ©sente une bande d’absorption autour de 3 000 cm−1 pour les C-H des carbones sp2[22]. Le seuil de dĂ©tection olfactif est de 0,02 ppm (dans l’air)[23]. L’indice de rĂ©fraction est de 1,510[24]. La constante diĂ©lectrique Ă  25 °C est de 12,4[25].

Aromaticité

Description orbitalaire de la pyridine
Répartition de la densité électronique sur la pyridine

La pyridine est un composĂ© aromatique qui vĂ©rifie la rĂšgle de HĂŒckel. Les Ă©lectrons dĂ©localisĂ©s sont ceux des trois doubles liaisons soit six Ă©lectrons. Chaque carbone apporte un de ses Ă©lectrons pi dans la dĂ©localisation et l’azote Ă©galement hybridĂ© sp2 apporte le sixiĂšme Ă©lectron. La pyridine possĂšde une Ă©nergie de rĂ©sonance de 117 kJ/mol, infĂ©rieure Ă  celle du benzĂšne mais supĂ©rieure Ă  celles du thiophĂšne, du pyrrole et du furane[26].

Toutes les liaisons carbone-carbone sont de mĂȘme longueur (139 pm), intermĂ©diaire entre la longueur d'une liaison C-C simple (154 pm) et d'une liaison double C=C (134 pm). Les deux liaisons carbone-azote ont la mĂȘme longueur (137 pm), plus courte qu'une liaison simple C-N (147 pm) et plus longue qu'une liaison double C=N (128 pm). La pyridine n’est pas un composĂ© absolument plat Ă  cause de la gĂ©omĂ©trie des liaisons de l’azote. L’atome d’azote possĂšde un doublet Ă©lectronique libre Ă©quatorial, non dĂ©localisĂ© dans le systĂšme π aromatique. La paire libre de l’azote est dans une orbitale sp2 dans le plan de la molĂ©cule. Seul un Ă©lectron dans l’orbital p complĂšte l’arrangement Ă©lectronique de maniĂšre Ă  rendre le cycle aromatique.

L’azote ne fait donc pas jouer son caractĂšre mĂ©somĂšre donneur, et seul son caractĂšre inductif attracteur influence le reste du systĂšme π. L'atome d’azote exerce donc dans le cycle un effet inductif attracteur et mĂ©somĂšre attracteur. L’azote n’apporte pas de densitĂ© Ă©lectronique supplĂ©mentaire. Un effet mĂ©somĂšre attracteur oriente la dĂ©localisation des charges Ă©lectroniques et affecte une charge Ă©lectronique sur l’azote dans les quatre formes limites de la pyridine.

L'atome d'azote de la pyridine peut ĂȘtre protonĂ© par rĂ©action avec des acides et forme un cation aromatique appelĂ© ion pyridinium. Le nombre d’électrons dĂ©localisĂ©s dans l'ion pyridinium est le mĂȘme que pour la pyridine, soit six Ă©lectrons. La charge positive de ce cation est alors stabilisĂ©e sur tout le cycle par effet mĂ©somĂšre. L’ion pyridium est isoĂ©lectronique au benzĂšne Ă  la diffĂ©rence que l’azote porte une charge. La charge positive diminue les densitĂ©s Ă©lectroniques des carbones du cycle notamment pour les carbones qui sont proches de l’azote. Les rĂ©actions avec les nuclĂ©ophiles sont plus faciles avec le pyridinium qu’avec la pyridine, mais les rĂ©actions avec les Ă©lectrophiles sont au contraire rendues plus difficiles. La dĂ©localisation de la charge positive dans le cycle pyrimidique rend le cation plus stable et moins rĂ©actif qu'un cation non stabilisĂ©.

Réactivité du noyau pyridinique

Les différents types de réactivités

Réactivité générale de la pyridine avec les nucléophiles Nu et les électrophiles E+

La pyridine est l’hĂ©tĂ©rocycle qui a la rĂ©activitĂ© la plus proche de celle du benzĂšne. Cependant, la prĂ©sence d’un atome d’azote dans le cycle dĂ©forme la distribution des Ă©lectrons dans le cycle et la prĂ©sence d’un doublet libre sur l’azote fournit un site pour la protonation et pour l’alkylation qui n’a aucune analogie vis-Ă -vis du benzĂšne.

D’aprĂšs la structure de la pyridine, trois types de rĂ©activitĂ©s sont attendues[26] :

Le doublet libre de l’azote Ă©tant dans une orbitale sp2, il n’est pas dĂ©localisĂ© et confĂšre Ă  la pyridine des propriĂ©tĂ©s basiques. Cela a pour effet de donner Ă  la pyridine et Ă  ses dĂ©rivĂ©s des propriĂ©tĂ©s chimiques assez diffĂ©rentes des dĂ©rivĂ©s du benzĂšne. L’azote comporte une charge Ă©lectronique partielle Ă©levĂ©e aux dĂ©pens des carbones du cycle, qui ont une densitĂ© Ă©lectronique plus faible. En consĂ©quence, la pyridine va rĂ©agir plus difficilement que le benzĂšne avec les Ă©lectrophiles mais plus aisĂ©ment avec les nuclĂ©ophiles. Le caractĂšre Ă©lectroattracteur exercĂ© par l’azote appauvrit considĂ©rablement le noyau aromatique.

Les formes mĂ©somĂšres montrent que les positions 2,4 et 6 de la pyridine sont particuliĂšrement appauvries en densitĂ© Ă©lectronique, puisque l'on peut y faire apparaĂźtre des charges positives avec les formes de rĂ©sonance. De plus, l'atome d'azote attirant les Ă©lectrons du cycle, celui-ci est trĂšs dĂ©sactivĂ©. La pyridine possĂšde du fait de cette attraction un moment dipolaire de 2,2 debye dont le pĂŽle nĂ©gatif est orientĂ© vers l’azote[26].

En consĂ©quence, les substitutions Ă©lectrophiles aromatiques telles que la nitration ou l’halogĂ©nation se feront plutĂŽt en position 3, mais souvent dans des conditions dures en l’absence de groupements donneurs sur le cycle (amines, Ă©thers
). De mĂȘme, les alkylations et acylations de Friedel-Crafts sont inconnues sur la pyridine mĂȘme. En contrepartie, les composĂ©s nuclĂ©ophiles rĂ©agissent bien sur le cycle dans les positions appauvries 2, 4 ou 6, en addition ou en substitution.

La pyridine est une imine stable à cause de son aromaticité. En général, les imines sont des intermédiaires de réaction instables[27].

Régiosélectivité des substitutions sur la pyridine

L’azote est un atome trĂšs Ă©lectronĂ©gatif qui a une forte tendance Ă  attirer les Ă©lectrons. Un azote portant une charge nĂ©gative est donc plus stable qu’un azote avec une charge positive. La position oĂč va s’effectuer une substitution dĂ©pend de la stabilitĂ© de l’intermĂ©diaire de la rĂ©action. L’écriture des formes mĂ©somĂšres des intermĂ©diaires d’une substitution montre qu’une substitution Ă©lectrophile aromatique s’effectue prĂ©fĂ©rentiellement en position 3 parce que la prĂ©sence d’une charge positive sur l’azote est trĂšs dĂ©favorable tandis qu’une substitution nuclĂ©ophile aura plutĂŽt lieu en position 2, 4 et 6 parce que la prĂ©sence d’une charge nĂ©gative sur l’azote est trĂšs favorable.

Intermédiaires de substitution électrophile en position 2
Intermédiaires de substitution électrophile en position 3
Intermédiaires de substitution électrophile en position 4
Intermédiaires de substitution nucléophile en position 2
Intermédiaires de substitution nucléophile en position 3
Intermédiaires de substitution nucléophile en position 4

L'écriture des formes mésomÚres permet de situer les charges partielles positives de la pyridine en position 2, 4 et 6.

Formes mésomÚres de la pyridine

Substitution Ă©lectrophile aromatique

Les substitution Ă©lectrophile aromatique sont difficiles Ă  effectuer car la pyridine est moins rĂ©active que le benzĂšne et l’ion pyridinium est encore moins rĂ©actif que la pyridine pour les substitutions Ă©lectrophiles. Lorsqu’une rĂ©action de substitution Ă©lectrophile a lieu, elle se dĂ©roule en position 3 et 5 de la pyridine, qui sont les positions les plus riches en Ă©lectrons. Le produit cinĂ©tique est la pyridine complexĂ©e sur le doublet par l’électrophile[26]. La rĂ©action de substitution est difficile car elle doit avoir lieu sur le sel de pyridinium ou bien sur la petite quantitĂ© de pyridine non protonĂ©e qui est prĂ©sente et non complexĂ©e avec l’électrophile. La prĂ©sence de substituants donneurs d’électrons va augmenter la facilitĂ© de la rĂ©action. Cependant, le passage par un N-oxyde de pyridine est prĂ©fĂ©rable pour faire des rĂ©actions de substitutions Ă©lectrophiles et permet d’obtenir de meilleurs rendements[26].

Les rĂ©actions classiques de substitutions Ă©lectrophiles aromatiques telles que l’alkylation de Friedel-Crafts ou l’acylation de Friedel-Crafts n’ont tout simplement pas lieu. En effet, les acides de Lewis catalysant celles-ci coordonnent l’azote pour le rendre encore plus Ă©lectroattracteur et les rĂ©actions de Friedel-Crafts ont lieu sur l’azote et non sur les carbones de la pyridine[26]. Il est aussi possible d’alkyler ou d’acyler l’azote avec un halogĂ©nure d’acide ou d’alkyle sans acide de Lewis et sans autre nuclĂ©ophile dans le milieu rĂ©actionnel. La rĂ©action de Mannich n’a pas lieu avec les pyridines sauf si elles sont substituĂ©es par des groupements Ă©lectrodonneurs[26].

La nitration de la pyridine est difficile et nĂ©cessite des conditions fortes. À 370 °C, la pyridine rĂ©agit avec l’acide nitrique en prĂ©sence d’acide sulfurique concentrĂ© pour conduire Ă  la 2-nitropyridine (94 %) et Ă  la 3-nitropyridine (6 %). La prĂ©sence de groupes mĂ©thyle sur la pyridine favorise la nitration mais ces groupes sont partiellement oxydĂ©s en acide carboxylique. Ces groupes peuvent ĂȘtre Ă©liminĂ©s par dĂ©carboxylation. Ainsi la luthidine et la collidine permettent d’obtenir la 3-nitropyridine aprĂšs une nitration et une dĂ©carboxylation. De mĂȘme, la prĂ©sence d’un groupe hydroxyde ou amine sur la pyridine favorise la nitration. La 4-aminopyridine est nitrĂ©e sur la fonction amine puis se transforme en 4-amino-3-hydroxypyridine par rĂ©arrangement. La 2-hydroxypyridine est nitrĂ©e en position 4. Cependant un autre moyen d’obtenir la 4-nitropyridine est d’utiliser une pyridine N-oxyde avec un rendement de 85 % en prĂ©sence d’acide sulfurique et d’acide nitrique[26].

À 320 °C, la sulfonation avec de l’olĂ©um conduit Ă  l’acide 3-sulfonique en petite quantitĂ©. À 360 °C le produit formĂ© est l'acide 4-sulfonique. La rĂ©action peut avoir lieu Ă  plus basse tempĂ©rature avec un catalyseur autour de 220 °C en prĂ©sence de sulfate mercurique. La pyridine rĂ©agit avec les halogĂšnes pour donner des composĂ©s cristallisĂ©s ou solubles dans le tĂ©trachloromĂ©thane.

Exemple de substitution Ă©lectrophile sur la pyridine.

Substitution aromatique nucléophile

GĂ©nĂ©ralement, les rĂ©actifs nuclĂ©ophiles effectuent une substitution : d’abord en position 2 et 6 puis en position 4 (bien que certains rĂ©actifs fassent l’inverse). L’attaque d’un nuclĂ©ophile sur la pyridine est suivi de la perte d’un hydrure. La rĂ©action n’est donc pas favorisĂ©e thermodynamiquement car l’hydrure est un trĂšs mauvais groupe partant et le dĂ©part de l’hydrure nĂ©cessite des conditions expĂ©rimentales vigoureuses. Par contre, si la rĂ©action a lieu sur une pyridine halogĂ©nĂ©e, la rĂ©action est plus facile car l’ion halogĂ©nure est un bon groupe partant. Les 2-halopyridines sont de trĂšs bon substrats pour les rĂ©actions de substitution nuclĂ©ophile. Les 4-halopyridines sont des substrats un peu moins bons. Les 3-halopyridines sont trĂšs peu rĂ©actives[26].

La rĂ©action de Chichibabin, du nom du chimiste soviĂ©tique Aleksei Chichibabin, est une rĂ©action de substitution nuclĂ©ophile oĂč un hydrure est remplacĂ© par un groupe amidure. L’action de l’amidure de sodium, de baryum ou de potassium sur la pyridine conduit Ă  la 2-aminopyridine. La rĂ©action peut avoir lieu Ă  sec mais en gĂ©nĂ©ral, elle s’effectue dans les solvants aromatiques en Ă©bullition. Les groupes hydroxyle, sulfate ou amide en position 2 ou 6 sur la pyridine peuvent aussi ĂȘtre substituĂ©s au cours de cette rĂ©action[26]. Dans cette rĂ©action, les 3-alkylpyridines sont substituĂ©es en position 2 par un groupe amine tandis que les 2 et 4-alkylpyridine ont du mal Ă  rĂ©agir car l’amidure a tendance Ă  arracher un proton de la chaine alkyle pour former un carbanion qui rĂ©agit moins bien avec les nuclĂ©ophiles[26].

La pyridine en présence de soude subit une attaque nucléophile de l'ion hydroxyde pour former la 2-hydroxy-1,2-dihydropyridine qui est oxydée en 2-pyridone avec un faible rendement[26]. L'ion hydroxyde effectue une sustitution nucléophile identique à l'ion amidure mais dans des conditions plus vigoureuses.

La rĂ©action des pyridines avec des alkyllithium ou des aryllithium conduit Ă  des sels de lithium qui peuvent ĂȘtre parfois isolĂ©s mais qui en gĂ©nĂ©ral perdent de l’hydrure de lithium pour ĂȘtre oxydĂ©s par le dioxygĂšne et donner des pyridines substituĂ©es. La mĂȘme rĂ©action avec les organomagnĂ©siens est possible mais plus difficile[26].

Oxydation et réduction

Le solvant le plus utilisĂ© pour faire les oxydations en chimie organique est la pyridine. La pyridine est difficilement oxydable et rĂ©siste bien aux conditions expĂ©rimentales des rĂ©actions d’oxydation en milieu basique. Toutefois, elle est oxydĂ©e par le permanganate de potassium en prĂ©sence de potasse (Ă  100 °C) en libĂ©rant du gaz carbonique comme le benzĂšne. La pyridine est aussi oxydĂ©e par l’ozone. L’ozonolyse affecte les trois doubles liaisons. Si la pyridine est substituĂ©e par des groupements alkyles, ces groupements sont aussi oxydĂ©s.

La pyridine traitĂ©e par les acides peroxycarboxyliques (le plus souvent l’acide mĂ©ta-chloroperbenzoĂŻque) ou l’eau oxygĂ©nĂ©e dans l’acide acĂ©tique Ă  100 °C peut ĂȘtre oxydĂ©e en N-oxyde de pyridine. L’action du trichlorure de phosphore ou de la triphĂ©nylphosphine sur les N-oxydes de pyridine permet de retourner aux pyridines correspondantes. L’utilisation d’une hydrogĂ©nation catalytique douce peut ĂȘtre utilisĂ©e pour passer des pyridines N-oxyde aux pyridines simples. Les pyridines N-oxyde sont utilisĂ©es dans de nombreuses rĂ©actions Ă  cause de leur meilleures rĂ©activitĂ© vis-Ă -vis des substitutions nuclĂ©ophiles par rapport aux pyridines.

La pyridine est facilement rĂ©duite par le tĂ©trahydruroaluminate de lithium LiAlH4 pour former la dihydropyridine puis la tĂ©trahydropyridine et enfin la pipĂ©ridine. La pyridine est donc plus facilement rĂ©duite que le benzĂšne. L’hydrogĂ©nation catalytique de la pyridine Ă  25 °C, en milieu faiblement acide avec du platine ou faiblement basique avec un amalgame de nickel fournit Ă©galement la pipĂ©ridine[26]. Le borohydrure de sodium n’a pas d’effet sur la pyridine. Cependant, ce rĂ©actif rĂ©duit les sels de pyridium et les pyridines avec un groupement Ă©lectroattracteur[26]. La rĂ©duction de Birch (sodium en solution dans l’ammoniac) permet de rĂ©duire la pyridine. Le radical anion intermĂ©diaire peut se dimĂ©riser mais la prĂ©sence d’une source de proton comme l’éthanol permet d’obtenir une 1,4 dihydropyridine.

Hydrogénation de la pyridine par l'hydrogÚne, catalysée par le nickel de Raney

Propriétés basiques et réaction sur l'azote

Le doublet de l’azote n’étant pas dĂ©localisĂ©, il confĂšre Ă  la pyridine des propriĂ©tĂ©s basiques. La pyridine est une base faible (l'ion pyridinium a un pKa de 5,23). Cette faible basicitĂ© est en contradiction avec le fait que le doublet semble bien disponible pour capter un proton. L’explication vient de l’hybridation de l’azote. Un composĂ© hybridĂ© sp3 a un effet inductif attracteur plus faible que l’azote hybridĂ© sp2. Le doublet est donc plus liĂ© Ă  l’azote ce qui ne facilite pas sa protonation et diminue sa basicitĂ©. La basicitĂ© de l’azote permet les mĂȘmes rĂ©actions que pour les amines tertiaires.

Les sels de pyridinium sont beaucoup plus rĂ©actifs envers les rĂ©actifs nuclĂ©ophiles notamment en position ortho ou para. Ces additions sont parfois suivies d’une ouverture de cycle. Les sels d’alkylpyridine en prĂ©sence d’hydroxyde d’argent donnent les hydroxydes correspondants et par chauffage en position ÎČ ils peuvent perdre une molĂ©cule d’eau[26]. La rĂ©duction de sel de pyridinium N-acylĂ© par le borohydrure de sodium conduit au 1,2 et 1,4 dihydropyridine[26].

Les acides minĂ©raux et organiques forts forment des sels stables avec la pyridine en protonant l’azote (chlorhydrate et sulfate de pyridium). Ces sels sont trĂšs solubles dans l’eau et trĂšs hygroscopiques. La prĂ©sence de groupe Ă  effet inductif donneur facilite la formation de sel en stabilisant la charge positive par effet inductif donneur. Les acides de Lewis sont inhibĂ©s par la pyridine car ils sont attaquĂ©s par le doublet de l’azote[26].

Les halogĂ©nures d’alkyle ou d’aryle activĂ©s forment avec la pyridine des sels de N-alkylpyridinium ou N-arylpyridinium. Cette rĂ©action est utilisĂ©e pour faire des rĂ©actions de deshydrohalogĂ©nation qui conduisent aux alcĂšnes. L’acrylonitrile et les acrylates rĂ©agissent lors d’une rĂ©action de Mickael pour donner des sels de pyridium[26].

Les chlorures d'acyle rĂ©agissent facilement Ă  0 °C avec la pyridine pour donner des chlorures de 1-acylpyriridinium. Les chlorures d’acide arylsulfonique rĂ©agissent de la mĂȘme maniĂšre. Les anhydrides d’acide forment aussi des complexes[26].

Les substituants présents sur la pyridine influencent les propriétés basiques du noyau[28]. Un groupement avec un effet mésomÚre donneur en position 4 augmente la basicité en stabilisant le cation et en délocalisant la charge positive. La basicité diminue lorsque des groupements avec un effet mésomÚre attracteur sont sur le cycle.

Complexes de la pyridine avec des acides de Lewis. Le sulfonate de pyridinium est un solide cristallin utilisĂ© pour prĂ©parer des sulfates d’ester et des sulfonates d’indole tandis que le complexe de la pyridine avec le bore et le tĂ©trafluorate de nitropyridinium sont des agents de rĂ©duction.
Substituants pKa de la pyridine
Pas de substituant 5,23
2-NH2 6,86
3-NH2 5,98
4-NH2 9,17
2-OMe 3,28
4-OMe 6,62
4-NO2 1,61
2-CN (-)0,26
4-CN 1,90

Réaction des chaines latérales

Les pyridines qui portent des groupes mĂ©thyle, amine, ou hydroxyle en position 2 ou 4 conduisent en prĂ©sence de bases fortes Ă  des anions qui sont stabilisĂ©s par mĂ©somĂ©rie[29]. Les hydrogĂšnes de ces groupes peuvent ĂȘtre plus facilement arrachĂ©s et les valeurs de pKa sont donc moins Ă©levĂ©es pour ces composĂ©s. Lorsque le substituant est en position 3, la stabilisation par mĂ©somĂ©rie est moins Ă©vidente et par consĂ©quent la valeur du pKa est plus Ă©levĂ©e.

Produits pKa
ToluÚne estimé à 42
2-MĂ©thylpyridine 29,5
3-MĂ©thylpyridine 33,5
4-MĂ©thylpyridine 26

Utilisation

La pyridine est souvent utilisĂ©e comme rĂ©actif ou bien comme catalyseur en synthĂšse organique dans des rĂ©actions de condensation, dĂ©shalogĂ©nation, halogĂ©nation ou d’acylation[30] et aussi comme un prĂ©curseur pour la synthĂšse de produits intermĂ©diaires utilisĂ©s dans la fabrication d’insecticides, d’herbicides, de mĂ©dicaments, d’arĂŽmes alimentaires, de colorants, d’adhĂ©sifs, de peintures, d’explosifs et de dĂ©sinfectants. La pyridine est alors utilisĂ©e comme prĂ©curseur Ă  des rĂ©actions de substitution nuclĂ©ophile et plus rarement des substitutions Ă©lectrophiles ou bien des rĂ©actions d’alkylation sur l’azote. La pyridine est aussi utilisĂ©e pour dĂ©naturer l’alcool, les antigels et les fongicides, et aussi comme adjuvant pour les teintures textiles.

La pyridine est couramment utilisĂ©e comme solvant basique polaire et permet de neutraliser la formation d’acide lors de certaines rĂ©actions. La pyridine est souvent utilisĂ©e comme solvant polaire aprotique basique ou simplement ajoutĂ©e au milieu rĂ©actionnel pour neutraliser les acides qui rĂ©sultent de ces rĂ©actions. Cependant la haute tempĂ©rature d’ébullition rend parfois la pyridine difficile Ă  Ă©liminer et d’autres solvants organiques avec une faible tempĂ©rature d’ébullition sont utilisĂ©s.

La pyridine d5 deutĂ©rĂ©e oĂč les hydrogĂšnes de la pyridine ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des atomes de deutĂ©rium peut ĂȘtre utilisĂ©e comme solvant en spectroscopie RMN.

La pyridine et ses dĂ©rivĂ©s peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour activer certaines rĂ©actions d’acylation ou d’estĂ©rification.

La pyridine est trĂšs utilisĂ©e comme ligand en chimie de coordination (dans ce cadre, elle est abrĂ©gĂ©e « py ») car elle a une grande habiletĂ© Ă  former des complexes avec de nombreux cations de mĂ©taux de transition. La pyridine est un ligand plutĂŽt mou dans la thĂ©orie HSAB. Dans les complexes, une liaison azote-mĂ©tal est formĂ©e. Ces complexes peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour des analyses sĂ©lectives.

Certains des complexes de la pyridine sont utilisés pour oxyder les alcools primaires ou secondaires.

La pyridine, avec de l’acide barbiturique est couramment utilisĂ©e pour la dĂ©tection colorimĂ©trique des cyanures en solution aqueuse. Elle rĂ©agit avec le chlorure de cyanure (formĂ© par la rĂ©action entre l’ion cyanure et la chloramine-T) pour former une espĂšce conjuguĂ©e avec deux molĂ©cules d’acide barbiturique, ensemble qui possĂšde une teinte rouge. L’intensitĂ© de la coloration est directement proportionnelle Ă  la concentration en cyanure.

Sécurité

Précautions pour la santé

Xn-Nocif

La pyridine est nocive par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion[23]. Elle est absorbĂ©e par le tractus gastro-intestinal, la peau et les poumons[23]. Les problĂšmes gastro-intestinaux qui peuvent survenir en mĂȘme temps sont : des nausĂ©es, des vomissements, des anorexies voire des diarrhĂ©es[23]. Par inhalation, les vapeurs de pyridine sont irritantes pour les muqueuses oculaires, nasales et respiratoires. Les symptĂŽmes habituels d’une exposition Ă  la pyridine sont : maux de tĂȘtes, toux, respiration de type asthmatique, laryngite, nausĂ©es et vomissement. La pyridine par contact cutanĂ© ou par projection provoque une irritation de la peau et des muqueuses, voire des brulures. La pyridine a Ă©tĂ© Ă  l’origine de quelques cas de sensibilisation cutanĂ©e Ă  type d’eczĂ©ma. Au niveau oculaire, la pyridine induit des lĂ©sions sĂ©vĂšres avec opacification cornĂ©enne et cicatrisation de la conjonctive[23]. Les deux principaux organes touchĂ©s par la pyridine sont le tractus gastro-intestinal et le systĂšme nerveux central. Quelle que soit la quantitĂ© absorbĂ©e, les problĂšmes majoritaires sont neurologiques : cĂ©phalĂ©e, vertiges, asthĂ©nie, nervositĂ©, confusion. La pyridine est mĂ©tabolisĂ©e de la mĂȘme façon pour toutes les espĂšces Ă©tudiĂ©es et est Ă©liminĂ©e sous forme inchangĂ©e ou mĂ©tabolisĂ©e par l’urine. La pyridine n’est pas mutagĂšne.

D'aprÚs la fiche de sécurité de l'INRS

Exposé des risques et mesures de sécurité
R: 11 Facilement inflammable.
R: 20/21/22 Nocif par inhalation, par contact avec la peau et par ingestion.
S: 26 En cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l'eau et consulter un spécialiste.
S: 28 AprÚs contact avec la peau, se laver immédiatement et abondamment avec de l'eau.
203-809-9 Étiquetage CE.

Précaution pour le stockage

F-Facilement inflammable

La pyridine dans les conditions normales de tempĂ©rature et de pression est un composĂ© stable. Cependant, la pyridine est facilement inflammable et se dĂ©compose Ă  tempĂ©rature Ă©levĂ©e avec des dĂ©gagements de vapeurs de cyanure, hautement toxiques[23]. Les vapeurs de pyridine peuvent former dans certaines proportions un mĂ©lange explosif avec l’air. Le dioxyde de carbone, les poudres chimiques, les mousses spĂ©ciales peuvent ĂȘtre efficaces en cas d’incendie. La pyridine peut attaquer le caoutchouc ou certains plastiques[23]. Pour cela la pyridine doit ĂȘtre stockĂ©e dans des rĂ©cipients en acier ou en fer pour les grandes quantitĂ©s[23]. Les rĂ©cipients en verre ne sont utilisĂ©s que pour les petites quantitĂ©s. La pyridine peut rĂ©agir vivement avec les acides forts[23] (acide nitrique, acide sulfurique fumant
) ou les oxydants forts[23] (trioxyde de chrome, permanganate de potassium
) et doit ĂȘtre stockĂ©e dans des locaux bien ventilĂ©s Ă  l’abri de toute source d’ignition, des rayonnements solaires et des sources de chaleurs. Les stockages de pyridine doivent se trouver Ă©loignĂ©s des produits oxydants et des acides forts[23].

Effets sur l'environnement

La pyridine est entiĂšrement soluble dans l’eau, et forme des mĂ©langes toxiques mĂȘme lorsqu’elle est fortement diluĂ©e. La pyridine est stable dans l’eau et il ne se produit pas d’hydrolyse donc ce composĂ© reste prĂ©sent dans les milieux aquatiques pendant une longue pĂ©riode sans se dĂ©grader. La pyridine est une base et fait monter le pH des milieux aquatiques, provoquant des changements importants. Des immissions continues de pyridine dans le milieu aquatique peuvent provoquer une mĂ©tabolisation accrue de la microflore. Des concentrations de 0,5 mg/l sont suffisantes pour inhiber les processus de nitrification et d’ammonification. Les processus d’oxydation engendrĂ©s par la pyridine diminuent sensiblement Ă  partir d’une concentration de 5 mg/l[17]. La pyridine est trĂšs mobile dans le sol.

Le rĂŽle de la pyridine comme polluant atmosphĂ©rique est mis au jour en 2019. Cette molĂ©cule, produite en abondance par l’activitĂ© humaine, facilite la formation des aĂ©rosols atmosphĂ©riques et influence ainsi la formation des nuages et donc le climat[31] - [32].

Notes et références

  1. PYRIDINE, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) « Pyridine », sur ChemIDplus, consulté le 17 septembre 2009
  4. (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 142006679X et 978-1420066791), p. 9-50
  5. (en) Y. Marcus, The properties of solvents, Chichester, Angleterre, John Wiley & Sons, coll. « Wiley Series in Solution Chemistry » (no 4), , 254 p. (ISBN 978-0-471-98369-9, présentation en ligne), p. 92
  6. (en) « Pyridine », sur NIST/WebBook, consulté le 17 septembre 2009
  7. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294
  8. EntrĂ©e « Pyridine Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais), accĂšs le 17 septembre 2009 (JavaScript nĂ©cessaire)
  9. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
  10. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams : Organic Compounds C8 to C28, vol. 2, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., , 396 p. (ISBN 0-88415-858-6)
  11. (en) David R. Lide, Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205
  12. Numéro index 613-002-00-7 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  13. « Pyridine » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  14. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
  15. « Pyridine », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le )
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  21. (en) Agency of Industrial Science and Technology, « Research Information Database RIO-DB Home Page », sur riodb01.ibase.aist.go.jp, Tsukuba Advanced Computing Center (consulté le ).
  22. Le spectre est visible sur la page
  23. Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ©, « Pyridine », Fiche toxicologique de l’INRS, sur inrs.fr, INRS, (consultĂ© le ), p. 1-6.
  24. Scientific research 2003/2004, Fluka
  25. P. Vogel (préf. J.-M. Lehn), Chimie organique : Méthodes et modÚles, De Boeck Université, , 1456 p. (ISBN 978-2-8041-2620-9, présentation en ligne)
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  29. (en) Giancarlo Seconi, Colin Eaborn et Alfred Fischer, « Rate constants and solvent isotope effects in the cleavage of picolyl- and (quinolylmethyl)-trimethylsilanes by sodium methoxide in methanol », J. Organomet. Chem., vol. 177, no 1,‎ , p. 129-136 (ISSN 0022-328X, DOI 10.1016/S0022-328X(00)92337-4)
  30. (en) A. R. Sherman, Encyclopedia of Reagents for Organic Synthesis, John Wiley & Sons, (ISBN 978-0-470-84289-8, DOI 10.1002/047084289X.rp280, lire en ligne), « Pyridine »
  31. « Comment une molécule peut changer le climat » [PDF] (consulté le ).
  32. (en) Linda FeketeovĂĄ, Paul Bertier, Thibaud Salbaing, Toshiyuki Azuma, Florent Calvo et al., « Impact of a hydrophobic ion on the early stage of atmospheric aerosol formation », PNAS,‎ (DOI 10.1073/pnas.1911136116).

Voir aussi

Bibliographie

  • R. Milcent et F. Chau, Chimie organique hĂ©tĂ©rocyclique : Structures fondamentales, chimie et biochimie des principaux composĂ©s naturels, EDP Sciences, , 846 p. (ISBN 978-2-86883-583-3, prĂ©sentation en ligne)
  • J. Clayden, N. Greeves et al. (trad. A. Pousse), Chimie organique, De Boeck UniversitĂ©, , 1534 p. (ISBN 978-2-7445-0149-4, prĂ©sentation en ligne)
  • (en) Erwin Klingsberg et R. A. Abramovitch, Pyridine and its derivatives, Part 1

Articles connexes

Composés structurellement ou chimiquement apparentés :

Liens externes

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