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Acroléine

L'acroléine est une substance chimique de formule brute C3H4O aussi connue sous divers noms comme propÚnal, prop-2-Únal, prop-2-Ún-1-al, acraldéhyde, acrylaldéhyde, aldéhyde acrylique, acquinite, aqualin, aqualine, biocide, crolean, éthylÚne aldéhyde, magnacide, magnacide H ou slimicide.

Acroléine
Image illustrative de l’article AcrolĂ©ine
Image illustrative de l’article AcrolĂ©ine
Identification
Nom UICPA prop-2-Ă©nal
Synonymes

2-propénal
aldéhyde acrylique
acrylaldéhyde

No CAS 107-02-8
No ECHA 100.003.141
No CE 203-453-4
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore Ă  jaune, d'odeur Ăącre[1].
Propriétés chimiques
Formule C3H4O [IsomĂšres]
H2C=CH-CHO
Masse molaire[2] 56,063 3 ± 0,003 g/mol
C 64,27 %, H 7,19 %, O 28,54 %,
Moment dipolaire 2,552 ± 0,003 D (cis)

3,117 ± 0,004 D (trans)[3]

Propriétés physiques
T° fusion −88 °C[1]
T° ébullition 53 °C[1]
Solubilité dans l'eau à 20 °C : 200 g·l-1[1]
ParamÚtre de solubilité Ύ 20,1 MPa1/2 (25 °C)[4]
Masse volumique 0,8 g·cm-3[1],
1,94 (vapeur)
T° d'auto-inflammation 234 °C[1]
Point d’éclair −26 °C (coupelle fermĂ©e)[1]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 2,8–31 %vol[1]
Pression de vapeur saturante à 20 °C : 29 kPa[1]
Viscosité dynamique 0,33cP (25 °C)
Point critique 51,6 bar, 232,85 °C [5]
Thermochimie
Cp
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 10,103 ± 0,006 eV (gaz)[7]
Précautions
SGH[8]
SGH02 : InflammableSGH05 : CorrosifSGH06 : ToxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H225, H301, H311, H314, H330 et H400
SIMDUT[9]
B2 : Liquide inflammableD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats gravesE : MatiÚre corrosive
B2, D1A, E,
NFPA 704
Transport
-
Classification du CIRC
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[10]
Écotoxicologie
LogP 0,9[1]
Seuil de l’odorat bas : 0,02 ppm
haut : 1,8 ppm[11]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Elle se prĂ©sente sous la forme d'un liquide incolore Ă  lĂ©gĂšrement jaunĂątre avec une odeur Ăącre et dĂ©sagrĂ©able. C'est un aldĂ©hyde (H2C=CH-CHO) extrĂȘmement toxique par inhalation et ingestion, elle est le constituant de la papite. Les limites d'exposition atmosphĂ©rique de l'acrolĂ©ine vont de 20 ng/m3[12] Ă  0,4 Â”g/m3[13]. L'acrolĂ©ine est un irritant majeur prĂ©sent dans la fumĂ©e de cigarette ; sa concentration peut varier de 0,006 Ă  0,120 ppm en atmosphĂšre enfumĂ©e.

Elle a pour origine l'incendie de matiĂšres plastiques, les fruits pourrissants, la dĂ©composition de graisses. Elle se forme lorsque les acides gras prĂ©sents dans les viandes se dĂ©gradent sous l’action de la chaleur (barbecues). Les acides gras Ă  longues chaĂźnes brisent les liens qui les liaient au glycĂ©rol, puis la molĂ©cule de glycĂ©rol perd deux molĂ©cules d’eau pour former l’acrolĂ©ine. Elle contribue aussi au parfum des caramels prĂ©parĂ©s par chauffage en dĂ©composition partielle du saccharose.

Propriétés physico-chimiques

L'acroléine possÚde les propriétés dues au groupement aldéhyde et à la présence de la double liaison C=C (addition d'hydracides). Elle fait partie de la famille des aldéhydes alpha-beta insaturés.

C'est un composĂ© instable qui se polymĂ©rise facilement Ă  la lumiĂšre pour former du disacryl (solide plastique). Elle prend naissance Ă  chaud dans les graisses et les huiles (d'oĂč son nom : Ăącre-olĂ©ine).

L'industrie pharmaceutique et chimique des matiÚres plastiques, utilisant l'alcool allylique (CH2=CH-CH2-OH) pourrait avoir un effet hépatotoxique à la suite de la formation d'acroléine par l'ADH, cela produirait la libération du fer de la ferritine qui induirait un processus de lipoperoxydation (Lauwerijs).

Production et synthĂšse

Le premier procĂ©dĂ© de production d'acrolĂ©ine a Ă©tĂ© mis au point et commercialisĂ© par Degussa en 1942. Dans ce procĂ©dĂ©, l'acrolĂ©ine Ă©tait produite par la condensation en phase gazeuse d'acĂ©taldĂ©hyde et de formaldĂ©hyde, rĂ©action catalysĂ©e par le silicate de sodium Ă  des tempĂ©ratures entre 300 et 320 °C[14]. En 1948, Shell a dĂ©veloppĂ© le premier procĂ©dĂ© industriel d’oxydation sĂ©lective de propĂšne en acrolĂ©ine en utilisant un catalyseur Ă  base d’oxyde de cuivre supportĂ©[15]. En 1957, la sociĂ©tĂ© Standard Oil of Ohio (Sohio) a dĂ©couvert que des catalyseurs Ă  base de molybdates de bismuth avaient une excellente sĂ©lectivitĂ© pour cette rĂ©action[16].

CH2CHCH3 + O2 → CH2CHCHO + H2O

Aujourd’hui, l’acrolĂ©ine est exclusivement produite par cette voie d’oxydation sĂ©lective de propĂšne en utilisant des catalyseurs composĂ©s d’au moins 4 mĂ©taux de transition (molybdĂšne, vanadium, niobium
) prĂ©sents dans au moins deux oxydes complexes. Les procĂ©dĂ©s industriels permettent aujourd'hui d’atteindre des rendements en acrolĂ©ine jusqu’à 91 %. Le procĂ©dĂ© opĂšre typiquement Ă  des tempĂ©ratures entre 300 et 400 °C et Ă  pression atmosphĂ©rique. La charge contient 5 % Ă  10 % de propĂšne, mĂ©langĂ© avec de l’air et un diluant (de la vapeur d’eau), ce dernier permettant de rester en dessous de la limite d’explosion.

L'acrolĂ©ine peut Ă©galement ĂȘtre prĂ©parĂ©e en passant des vapeurs de glycĂ©rol sur un agent dĂ©shydratant comme du KHSO4 chauffĂ© de 300 Ă  340 °C. On l'obtient Ă©galement par cultures de Bacillus amaracrylus sur du glycĂ©rol.

Utilisations

L'acrolĂ©ine, le plus simple des aldĂ©hydes insaturĂ©s, est un composĂ© trĂšs rĂ©actif et constitue un intermĂ©diaire polyvalent pour l’industrie chimique.

L'acroléine est utilisée pour la fabrication de matiÚres plastiques (acide acrylique, acrylates...), de parfums, et dans de nombreuses synthÚses organiques.

Elle est également utilisée comme intermédiaire réactionnel pour la préparation de la DL-méthionine, un acide aminé qui n'est pas synthétisé par les mammifÚres. La méthionine est donc souvent ajoutée comme supplément alimentaire dans la nourriture pour animaux.

Toxicité

Ce composĂ© fait partie de la Liste EPA des substances extrĂȘmement dangereuses. C'est un irritant de la peau et des muqueuses (oculaires et nasales).

Il est hautement lacrymogÚne. Pour cette raison, il a été utilisé comme gaz de combat durant la PremiÚre Guerre mondiale.

Il cause une diminution de la capacité respiratoire et de la fonction pulmonaire, avec hyperréactivité bronchique.

Dans le nez et le systĂšme respiratoire, si l'exposition perdure, l'irritation peut Ă©voluer en inflammation, avec hĂ©morragie, mĂ©taplasie, hyperplasie, ƓdĂšme.

En mĂ©decine, l’acrolĂ©ine est responsable d’effet indĂ©sirable Ă  type de cystite hĂ©morragique par toxicitĂ© de la muqueuse vĂ©sicale pour les chimiothĂ©rapies de la classe des moutardes azotĂ©es de la famille des alkylants comme la cyclophosphamide.

En 2013, l'Anses a proposé comme valeurs guides pour la qualité de l'air intérieur (VGAI)[17] :

  • pour une exposition de courte durĂ©e (1 heure) : 6,9 Â”g/m3 d'air
  • pour une exposition longue durĂ©e (plus d'un an) : 0,8 Â”g/m3 d'air

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. ACROLEINE, Fiches internationales de sécurité chimique
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 142006679X et 978-1420066791), p. 9-50
  4. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 0387690026, lire en ligne), p. 294
  5. « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le )
  6. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., (ISBN 0-88415-857-8)
  7. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205
  8. Numéro index 605-008-00-3 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  9. « Acroléine » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 23 avril 2009
  10. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
  11. « Acrolein », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le )
  12. (en) « Acrolein; CASRN 107-02-8 », sur https://www.epa.gov/iris, (consulté le )
  13. http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/alt_formats/hecs-sesc/pdf/pubs/contaminants/psl2-lsp2/acrolein/acrolein-fra.pdf
  14. H. Schulz, H. Wagner, Synthese und Umwandlungsprodukte des Acroleins, Angewandte Chemie, (1950), Volume 62, Issue 5, 105-118 DOI 10.1002/ange.19500620502
  15. G.W. Hearne, M.L. Adams, Production of unsaturated carbonylic compounds, Shell Development Co., US 2,451,485 (1948)
  16. J.L. Callahan, R.W. Foreman, F. Veatch, Process for the oxidation of olefins, Standard Oil of Ohio, Brevet US 2,941,007 (1957)
  17. Anses Valeur guide de qualitĂ© d’air intĂ©rieur: l’Anses propose deux valeurs pour l’acrolĂ©ine ; communiquĂ© du 2013/06/25 consultĂ© 2013-07-04 et Avis de l'Anses correspondant (PDF, 174 pages)
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