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Substitution nucléophile

En chimie organique, une rĂ©action de substitution nuclĂ©ophile est une rĂ©action de substitution au cours de laquelle un groupe nuclĂ©ophile riche en Ă©lectrons, notĂ© Nu−, attaque une molĂ©cule Ă©lectrophile ayant un site pauvre en Ă©lectrons, et remplace un atome ou un groupe d'atomes, appelĂ© groupe partant (notĂ© GP), ou groupe nuclĂ©ofuge.

Équation gĂ©nĂ©rale de ce type de rĂ©action

Les Ă©lectrons libres (:) du nuclĂ©ophile Nu− attaquent le substrat R-GP en formant une nouvelle liaison, et entraĂźnant ainsi le dĂ©part du groupe partant GP. Parfois, le solvant Ă  lui seul peut provoquer la rupture et laisser le nuclĂ©ophile rĂ©agir. Le nuclĂ©ophile peut ĂȘtre aussi bien Ă©lectroniquement neutre, que chargĂ© nĂ©gativement, tandis que le substrat peut ĂȘtre neutre ou chargĂ© positivement.

Substitution nucléophile d'halogénoalcane

Un exemple de substitution nucléophile est la transformation d'un composé halogéné en alcool (hydrolyse d'un halogénure d'alkyle en milieu basique).

.
  • R-X : halogĂ©noalcane
  • X: halogĂšne (Cl (Chlore), Br (Brome), I (Iode) ) avec le F (Fluor) gĂ©nĂ©ralement la rĂ©action n'a pas lieu.
  • OH−: groupe hydroxyle
  • X− : ion halogĂ©nure (Cl−, Br−, I−)

Exemple de substitution d'halogénoalcane

CaractÚre SN1 ou SN2 d'une réaction

Les rĂ©actions de substitution nuclĂ©ophile doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme un mĂ©lange de SN1 et de SN2 selon la nature du groupe partant et de la molĂ©cule considĂ©rĂ©e. Il est donc tout Ă  fait possible qu'une substitution nuclĂ©ophile conduise Ă  un mĂ©lange d'Ă©nantiomĂšres ou de diastĂ©rĂ©oisomĂšres selon les conditions rĂ©actionnelles. Dans l'exemple ci-dessous[1], la rĂ©action dĂ©crite inverse proprement la configuration absolue du carbone en α du groupe carboxyle. Cependant, d'aprĂšs la section “discussion” du mĂȘme article, si l'on essaye d'activer le groupe hydroxyle en le transformant en sulfonate ou en utilisant une rĂ©action de Mitsunobu, on obtient un mĂ©lange d'Ă©nantiomĂšres, c'est-Ă -dire que l'on augmente le caractĂšre SN1 de la substitution.

Transformation d'un α-hydroxycarboxylate en son épimÚre azido

Tableau synthétique des réactions SN1 et SN2

CaractÚres comparés des réactions SN1 et SN2
Type de RĂ©action SN1 SN2
MĂ©canisme
  • 2 Ă©tapes
  • une premiĂšre Ă©tape monomolĂ©culaire, cinĂ©tiquement limitante (dĂ©part du nuclĂ©ofuge),
  • une seconde Ă©tape bimolĂ©culaire, plus rapide (attaque du nuclĂ©ophile sur l'intermĂ©diaire rĂ©actionnel).
  • 1 Ă©tape bimolĂ©culaire : attaque du nuclĂ©ophile synchrone avec le dĂ©part du nuclĂ©ofuge (groupe partant).
Intermédiaire Cation, en général un carbocation. Pas d'intermédiaire (mécanisme à une étape, on peut juste tenter de décrire un "état de transition")
Stéréochimie Mélange racémique, absence de stéréosélectivité. Inversion de configuration relative ("inversion de Walden"),
réaction énantiospécifique
Vitesse de réaction
Influence
du radical
RIII-GP >> RII-GP > RI-GP
(stabilisation de l'intermédiaire (par effets inductifs donneurs...))
RI-GP > RII-GP >> RIII-GP
(déstabilisation de l'état de transition par encombrement stérique)
Influence
du nucléophile
La vitesse n'est pas influencée par le nucléophile. La vitesse augmente avec l'augmentation de :
  • sa concentration
  • sa nuclĂ©ophilie

et diminue quand il est trop volumineux.

Influence de la polarité du solvant Les solvants protiques (eau, méthanol
) favorisent le processus SN1 en facilitant la formation de carbocation par l'établissement de liaisons hydrogÚne Les solvants polaires aprotiques (acétone, DMSO
) favorisent le processus SN2 en solvatant le cation associé au nucléophile
Influence
du nucléofuge
Plus la liaison est polarisable, plus sa rupture est facile, plus la réaction est rapide. Dans le cas des halogénoalcanes, la vitesse croßt de R-F à R-I :
R-I > R-Br > R-Cl >> R-F

Remarques

  • Ce type de rĂ©action est rĂ©alisĂ© sous contrĂŽle cinĂ©tique : le rĂ©actif est Ă  la fois une base[2] de Lewis (caractĂšre thermodynamique), et un nuclĂ©ophile (caractĂšre cinĂ©tique). C'est ici ce dernier caractĂšre qui l'emporte. Peu importe la force du rĂ©actif en tant que base, c'est sa force en tant que nuclĂ©ophile qui joue dans ce type de rĂ©action (c'est strictement l'inverse pour les Ă©liminations).
  • Les mĂ©canismes de substitutions nuclĂ©ophiles monomolĂ©culaires ou bimolĂ©culaires prĂ©sentĂ©s ici et dans leurs propres articles ne sont que des mĂ©canismes limites : aucune rĂ©action chimique rĂ©elle ne suit parfaitement l'un de ces deux mĂ©canismes. Il s'agit toujours d'un compromis, plus ou moins proche de l'un ou l'autre. On attribue d'ailleurs souvent Ă  une rĂ©action une sorte de "pourcentage" en mĂ©canismes limites

Notes et références

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