SĂ©same
Le sĂ©same (Sesamum indicum) est une plante annuelle de la famille des PĂ©daliacĂ©es, largement cultivĂ©e pour ses graines. Elle aurait Ă©tĂ© domestiquĂ©e dans le sous-continent indien et il est mĂȘme probable que ce soit la premiĂšre plante olĂ©agineuse Ă avoir Ă©tĂ© cultivĂ©e. Le sĂ©same est principalement cultivĂ© dans les rĂ©gions tropicales, subtropicales et tempĂ©rĂ©es chaudes dâAfrique (Soudan) et dâAsie (Inde, Myanmar). Il connaĂźt un fort dĂ©veloppement dans les pays subsahariens du fait de sa culture facile et des faibles coĂ»ts de production[1].
La production des variétés de couleur blanche et blanc-crÚme a un fort taux de croissance du fait de leur emploi traditionnel en Asie et de la croissance de la population dans ces pays, ainsi que de l'utilisation de plus en plus importante en Europe, en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde en pùtisserie (biscuits au sésame) et en boulangerie (pains pour hamburgers, bagels au sésame).
Les graines de sésame riches en lipides sont utilisées crues, broyées ou grillées en cuisine et pùtisserie-boulangerie ou bien servent à produire une huile végétale consommable sans raffinage.
Sesamum indicum
Ătymologie
En français, le terme sésame est emprunté au latin sesamum, désignant la plante Sesamum indicum (nommée ainsi par Carl von Linné[2] en 1753 dans Species plantarum).
Le nom de genre sesamum est un terme latin venant du grec ÏÎźÏÎ±ÎŒÎżÎœ / sážsamon, dĂ©signant la plante et la graine[3]. Pline l'Ancien affirme que cette plante vient des Indes. Le mot grec probablement empruntĂ© Ă une langue dâAsie, appartient Ă un ensemble de formes orientales plus ou moins apparentĂ©es entre elles[3].
LâĂ©pithĂšte spĂ©cifique indicum est le nominatif singulier neutre de l'adjectif latin indicus, « indien, d'Inde », indiquant le lieu dâorigine selon LinnĂ©.
Description
Le sésame est une plante annuelle pouvant mesurer jusqu'à 2 m de hauteur[4]. La tige est ramifiée ou non, à 4 angles, finement pubescente à glabrescente[5].
Ses feuilles opposĂ©es ou alternes sont portĂ©es par un pĂ©tiole de 3â11 cm. Les feuilles infĂ©rieures ont un limbe de 4 Ă 20 cm de long sur 2â10 cm de large, avec une marge entiĂšre, lancĂ©olĂ© Ă ovale. Les feuilles supĂ©rieures sont linĂ©aires-lancĂ©olĂ©es de 0,5 Ă 2,5 cm de large, Ă base cunĂ©iforme.
Les fleurs sont de couleur jaune (mais certains cultivars sont blanc, bleu ou violet), avec un calice glanduleux à 5 sépales, et avec une corolle tubulaire de 1,5 à 3,3 cm de long.
Le fruit est une capsule Ă©troitement oblongue de 1,5â3 cm x 6â7 mm, avec un bec large et court. Elle est dĂ©hiscente ou indĂ©hiscente. Les graines petites, lisses ou rĂ©ticulĂ©es, mesurent quelques millimĂštres, et leur couleur peut varier du blanc crĂšme au brun jusqu'au noir[5] - [4].
Le sésame est normalement une plante autogame, mais la fécondation peut se réaliser par des agents extérieurs tels que les insectes.
Sesamum indicum L. est une espĂšce diploĂŻde avec 2n=2x=26 chromosomes.
- Champ de sésame
- Fleur de sésame
- Capsule de sésame
- Capsules ouvertes montrant ses graines
Distribution
La plante cultivĂ©e dans le monde entier est dâorigine incertaine. Elle aurait Ă©tĂ© domestiquĂ©e dans le sous-continent indien, mais on ne sait pas exactement oĂč et quand[6].
Cette espĂšce est aujourdâhui principalement cultivĂ©e sous les tropiques et dans les zones tempĂ©rĂ©es chaudes, en Afrique (Soudan) et en Asie (Inde, Chine)[7].
Histoire de la domestication
Le sésame cultivé est probablement issu de plantes sauvages d'Asie du Sud, en particulier de la cÎte de Malabar, du nord-ouest de l'Inde et du Punjab pakistanais[8]. C'est probablement la premiÚre plante ayant servi, durant la Préhistoire, à produire de l'huile[9]. Le genre Sesamum contient environ 23 espÚces de sésame sauvages dans le monde dont seulement huit viennent du sous-continent indien (Dilshit et al[10], 2019). La plupart des espÚces sauvages sont africaines, mais deux groupes de formes sauvages d'Inde ont été distingués : S. indicum var malabaricum du Nord-Ouest de l'Inde[11] et S. mulayanum Nair sur les cÎtes ouest et sud de la péninsule indienne qui pourraient faire partie du stock sauvage dont est issu le sésame cultivé[6].
Les plus anciens restes archĂ©ologiques proviennent du bassin de l'Indus, Ă Harappa (2250-1750 av. J.-C.) et dans la rĂ©gion de Markan (Pakistan, 2500-2000 av. J.-C.). Au Proche-Orient, les restes sont peu nombreux et plus tardifs : dans le royaume d'Urartu en ArmĂ©nie (900-600 av. J.-C.), Ă Bastan en Iran Ă la mĂȘme Ă©poque puis en Jordanie vers -800. L'histoire du sĂ©same en Ăgypte reste controversĂ©e. Son nom en Ă©gyptien ancien hiĂ©roglyphique n'est pas encore sĂ»r, mais des graines ont Ă©tĂ© trouvĂ©es dans la tombe de ToutĂąnkhamon (1343 av. J.-C.)[8] - [6].
Les textes vĂ©diques Ă partir de l'Atharva-VĂ©da, compilĂ©s entre 1 200 av. J.-C. et 1 000 av. J.-C.[12], mentionnent souvent le sĂ©same (sanskrit: à€€à€żà€Č tila). Les graines de sĂ©same et l'huile de sĂ©same Ă©taient utilisĂ©es dans les rituels â les graines Ă©tant plus particuliĂšrement mentionnĂ©es en l'honneur des ancĂȘtres dĂ©funts[13]. Toutes les huiles vĂ©gĂ©tales traditionnelles sont prĂ©parĂ©es Ă base d'huile de sĂ©same et c'est le mĂȘme terme sanscrit taila (à€€à„à€Č «huile vĂ©gĂ©tale») qui dĂ©signe l'huile de sĂ©same dans toute la littĂ©rature ayurvĂ©dique comme le Charaka Samhita.
à l'époque classique, les Grecs mentionnent fréquemment le sésame dans des textes comme une plante venant d'Orient. D'aprÚs Hérodote (-480, -425), le sésamon était produit dans l'Empire perse et les Babyloniens « n'usent pas d'huile (d'olive), mais extraient du sésame une matiÚre grasse (aleiphar) ». Le botaniste philosophe Théophraste (-314 ; -288), décrit la plante en plusieurs endroits de Recherches sur les plantes[14]. L'encyclopédiste romain Pline du Ier siÚcle, indique que le sésame vient des Indes et donne divers emplois médicinaux du sésame, en interne contre les vomissements et en externe contre les inflammations des oreilles et les brûlures (Histoire naturelle[15], XXII, 132). L'Art culinaire d'Apicius donne une recette comportant du sésame grillé.
Dans le bassin méditerranéen, le sésame a été principalement utilisé pour ses graines ou pour ses usages médicinaux. Mais dÚs que l'on quitte la zone de l'olivier, il apparait comme la source principale d'huile alimentaire.
Le sésame serait donc une plante originaire du sous-continent indien qui aurait diffusé vers l'ouest en Mésopotamie (probablement vers 2 500 av. J.-C.) et en Afrique et vers l'est en Chine. L'huile de sésame était l'huile par excellence des Indiens[8].
Symbole
En Inde, en raison du nombre et de la petitesse de ses graines, le sĂ©same a symbolisĂ© la fĂ©conditĂ© et la succession des gĂ©nĂ©rations. ConsidĂ©rĂ© comme un symbole dâimmortalitĂ©, il entre dans les rituels funĂ©raires. Lors des rites funĂ©raires accompagnant une crĂ©mation (antyeshti), le fils aĂźnĂ© ou un prĂȘtre fait le tour du bĂ»cher et dĂ©pose des graines de sĂ©same ou de riz dans la bouche de la personne dĂ©cĂ©dĂ©e. Une seule graine de sĂ©same suffit Ă effacer tous les pĂ©chĂ©s.
Il a Ă©tĂ© popularisĂ© par la formule magique « SĂ©same, ouvre-toi » du conte persan Ali Baba et les Quarante Voleurs, utilisĂ©e pour ouvrir la caverne aux trĂ©sors. Allusion probable aux capsules dĂ©hiscentes qui sâouvrent brusquement pour libĂ©rer ses graines[8].
Production
Culture
Le sésame est une culture peu exigeante.
Les sols limoneux acides ou de pH neutre sont ceux qui conviennent le mieux à la culture du sésame. Les sols alcalins et sableux lui sont impropres.
Le sĂ©same pousse bien dans les zones Ă longues saisons chaudes, de l'Ă©quateur Ă 40° Nord ou Sud dans les deux hĂ©misphĂšres, dans des conditions similaires Ă celles de la culture du coton[16]. En Afrique de lâOuest, sa culture dans les zones sĂšches du Sahel a connu un engouement auprĂšs des agriculteurs, comme au Burkina Faso oĂč sa production a cru de 448 % entre 2005 et 2013[1].
- Sésame en fleur au Cachemire en août 2007
- Champ de sésame au Bengale-Occidental en avril 2002
- Séchage du sésame à Adana, Turquie, en novembre 2016
- Récolte du sésame à Hainan en juillet 2013
Le sĂ©same a Ă©tĂ© largement adoptĂ© comme culture prĂ©coce, car il avait la capacitĂ© de pousser dans des zones oĂč d'autres cultures ne le pouvaient pas, en particulier dans des conditions plus chaudes et sĂšches. Câest une plante qui tolĂšre trĂšs bien la sĂ©cheresse, en partie grĂące Ă son grand systĂšme racinaire. Cependant, il a besoin dâune quantitĂ© adĂ©quate dâhumiditĂ© pour sa germination et sa croissance pendant les premiers jours. MĂȘme si la plante peut survivre Ă la sĂ©cheresse ou au contraire Ă lâexcĂšs dâeau, les rendements sont significativement plus bas dans ces deux conditions. Le niveau dâhumiditĂ© avant la plantation et avant la floraison a une incidence notable sur les rendements.
La plupart des variĂ©tĂ©s commerciales de sĂ©same sont intolĂ©rantes Ă lâexcĂšs dâeau. Des pluies tard dans la saison prolongent aussi la croissance et augmentent ainsi les pertes au moment de la rĂ©colte. Le vent peut aussi Ă©parpiller la rĂ©colte.
Le début de la floraison dépend de la photopériode et de la variété de sésame. La photopériode influence aussi le contenu en huile contenu dans la graine de sésame ; une augmentation de la photopériode augmente le contenu en huile. Le contenu en huile de la graine est inversement proportionnel au contenu en protéine.
Les variĂ©tĂ©s de sĂ©same sâadaptent aux diffĂ©rents types de sol. Les variĂ©tĂ©s Ă haut rendement se dĂ©veloppent le mieux dans les sols fertiles et bien drainĂ©s, de texture mĂ©dium et de pH neutre. Cependant, elles ont une faible tolĂ©rance aux sols contenant beaucoup de sel et pouvant ĂȘtre inondĂ©s. Les variĂ©tĂ©s commerciales ont besoin de 90 Ă 120 jours de croissance, pendant lesquels il ne doit pas y avoir de gel. Des conditions chaudes au-dessus de 23 °C favorisent la croissance et les rendements. MĂȘme si le sĂ©same peut pousser dans des sols pauvres, les meilleurs rendements sont obtenus dans des champs correctement fertilisĂ©s[17] - [18].
En Afrique tropicale, la culture était souvent mise en place aprÚs les plantes principales (culture dérobée) et reléguée sur les sols les plus pauvres[4]. Ces conditions expliquent les faibles rendements.
RĂ©colte
Le sĂ©same est prĂȘt Ă ĂȘtre rĂ©coltĂ© 90 Ă 150 jours aprĂšs avoir Ă©tĂ© semĂ©[16].
Les capsules des variétés plus anciennes se brisent généralement, s'ouvrent à maturité et libÚrent des graines. Un cultivar mutant non destructeur avec des pertes de graines réduites a été développé. Quatre à six semaines sont nécessaires pour que les graines mûrissent.
En culture traditionnelle Ă la main, la rĂ©colte dĂ©bute au moment oĂč les capsules les plus basses commencent Ă sâouvrir. Les tiges coupĂ©es Ă la faucille sont rassemblĂ©es en gerbes et mises Ă sĂ©cher en les dressant les unes contre les autres. Elles sont ensuite battues la tĂȘte en bas au-dessus dâune bĂąche.
Comme la graine de sĂ©same est petite et plate, il est difficile de la faire sĂ©cher aprĂšs la rĂ©colte car ces petites graines sâenvolent facilement et s'entassent de maniĂšre trĂšs compacte. Ainsi, les graines doivent ĂȘtre rĂ©coltĂ©es les plus sĂšches possibles et stockĂ©es Ă 6 % dâhumiditĂ© ou moins. Si la graine est trop humide, elle peut rapidement chauffer et rancir.
- Tige de sésame
- Gerbes de sĂ©same, dressĂ©es pour ĂȘtre sĂ©chĂ©es
- Gerbes de sĂ©same, dressĂ©es pour ĂȘtre sĂ©chĂ©es
- Battage du sĂ©same au-dessus dâune bĂąche
Dans certains pays, aprĂšs le battage, les graines passent dans une machine Ă©lectronique de tri par couleur qui rejette toute graine qui nâaurait pas une couleur parfaite. Ceci est fait car les graines de sĂ©same avec une belle apparence sont considĂ©rĂ©es comme Ă©tant de meilleure qualitĂ© par les consommateurs, et donc vendues Ă un meilleur prix. Les graines immatures, de mauvaise taille ou couleur sont retirĂ©es et utilisĂ©es pour la production dâhuile[19].
Production en tonnes de graines de sésame. Chiffres 2004-2005 | |||||
Pays | Tonnage 2004 |
% 2004 |
Tonnage 2005 |
% 2005 | |
---|---|---|---|---|---|
Chine | 704 458 | 22 % | 725 470 | 22 % | |
Inde | 680 000 | 21 % | 680 000 | 21 % | |
Birmanie | 550 000 | 17 % | 550 000 | 17 % | |
Soudan | 300 000 | 9 % | 300 000 | 9 % | |
Ouganda | 110 000 | 3 % | 110 000 | 3 % | |
Nigeria | 75 000 | 2 % | 75 000 | 2 % | |
Bangladesh | 49 000 | 2 % | 50 000 | 2 % | |
RĂ©publique centrafricaine | 42 800 | 1 % | 42 800 | 1 % | |
ThaĂŻlande | 41 000 | 1 % | 42 000 | 1 % | |
Tanzanie | 41 000 | 1 % | 41 000 | 1 % | |
Ăgypte | 37 382 | 1 % | 37 000 | 1 % | |
Guatemala | 35 049 | 1 % | 35 049 | 1 % | |
Mexique | 33 100 | 1 % | 35 000 | 1 % | |
Tchad | 35 000 | 1 % | 35 000 | 1 % | |
Paraguay | 34 000 | 1 % | 33 300 | 1 % | |
Autres pays | 478 390 | 15 % | 434 760 | 13 % | |
Total | 3 246 179 | 100 % | 3 226 379 | 100 % |
Ces derniĂšres dĂ©cennies ont vu une accĂ©lĂ©ration de la croissance de la production mondiale. Entre 1992 et 2001, la production mondiale a cru de 21 %, la dĂ©cennie suivante 2001-2010 la croissance fut de 41 % et la dĂ©cennie 2010-2019, elle monta Ă 51 %. Cette croissance plus rapide sâest faite essentiellement en Afrique. En 2019, le Soudan est passĂ© en 1re place[n 1], la Tanzanie en 4e place et la Chine a rĂ©trogradĂ© Ă la 6e place. Entre 2005 et 2019, la production mondiale a presque doublĂ©, toujours rĂ©partie essentiellement entre l'Asie et l'Afrique. Cette croissance a Ă©tĂ© tirĂ©e par la forte demande de graines de sĂ©same utilisĂ©es directement dans la nourriture (succĂšs mondial des biscuits, barres, pains pour hamburgers et bagels au sĂ©same) alors que la consommation de lâhuile de sĂ©same est restĂ©e dans sa zone asiatique traditionnelle.
Production en tonnes de graines de sésame. Chiffres 2019 | |||
Pays | Tonnage 2011 |
Tonnage 2019 |
% 2019 |
---|---|---|---|
Soudan | 363 000 | 1 210 000 | 18 % |
Birmanie | 832 100 | 744 498 | 11 % |
Inde | 810 000 | 689 310 | 10 % |
Tanzanie | 357 162 | 680 000 | 10 % |
Nigeria | 229 167 | 480 000 | 7% |
Chine | 605 770 | 469 104 | 7 % |
Tchad | 72 609 | 170 000 | 3 % |
Ouganda | 141 926 | 144 000 | 2 % |
4 712 556 | 6 549 725 | 100 % |
Composition en protéines et optimisation du rendement des grains de sésame
Les rendements en culture qui se rĂ©fĂšrent dans le cas du sĂ©same directement Ă ses grains, varient Ă©normĂ©ment selon le niveau dâintrants utilises et la variĂ©tĂ© de sĂ©same cultivĂ©e. En Afrique on tourne autour de 280 kg/ha. Plus 700kg/ha en Chine ou en Inde. La moyenne mondiale est de 380 kg/ha[20]. Par rapport Ă la composition du grain de sĂ©same, ils renferment 4,50-11,00% dâhumiditĂ©, 48,20-56,30 % de lipides, 19,10-26,94 % de protĂ©ines (23% en moyenne), 2,00-5,59 % de cendres, 2,50-3,90 % de fibres et 10,10-17,90 % de glucides. Afin de pouvoir Ă©tudier la nature et la composition de ces protĂ©ines, nous devons les extraire des grains de sĂ©same, ce procĂ©dĂ© sâeffectue en plusieurs Ă©tapes.
PremiĂšrement, une Ă©tape de concentration est nĂ©cessaire afin de faciliter lâĂ©tude. Celle-ci sâeffectue spontanĂ©ment lors de la production dâhuile de sĂ©same. En effet, un des coproduits de cette huile est le tourteau de sĂ©same (sĂ©same cake). Celui-ci est enrichi en protĂ©ines ; entre 41.15 et 49.58% (Onsaard et al. 2010). Les protĂ©ines sont extraites Ă partir de ce coproduit afin de pouvoir les caractĂ©riser.
Plusieurs techniques dâextraction existent, lâextraction alcaline ou saline, la prĂ©cipitation isoĂ©lectrique et lâextraction sĂ©quentielle dâOsborne pour en citer quelques-unes. Selon lâĂ©tude de Rivas et al effectuĂ©e sur un isolat de protĂ©ines (95%) extrait de farine de sĂ©same, les protĂ©ines du grain peuvent ĂȘtre divisĂ©s en 4 classes de protĂ©ines ; les globulines soluble dans le sel, les albumines solubles dans lâeau, les prolamines solubles dans le mĂ©lange eau, alcool et finalement les glutenines solubles dans de lâacide diluĂ©e. A elles seules, elles reprĂ©sentent plus de 85% des protĂ©ines du sĂ©same. Les globulines sont les protĂ©ines les plus importantes du grain avec plus de 67,3% suivi par les albumines Ă 8,6%, les glutenines Ă 6,9% et les prolamines Ă 1,4%. Les deux protĂ©ines les plus abondantes sont des protĂ©ines de stockage ; qui mettent en rĂ©serve des acides aminĂ©s pour synthĂ©tiser dâautres protĂ©ines, la 11S globuline et la 2S albumine[21].
Par rapport aux acides aminĂ©s, le sĂ©same est dĂ©ficient en lysine par rapport Ă dâautres plantes comme le blĂ©, le soja ou lâorge. DâoĂč lorsquâutilisĂ© en alimentation animale, il est supplantĂ© de soja afin de couvrir tous les besoins de la plante formant ainsi un aliment complet. De plus relativement et jâinsiste bien relativement Ă dâautres protĂ©ines vĂ©gĂ©tales comme celles du soja, le sĂ©same est une bonne source de soufre, due Ă la mĂ©thionine prĂ©sente en quantitĂ© adĂ©quate. La taurine, composĂ© synthĂ©tisĂ© Ă partir de la mĂ©thionine, participe au bon fonctionnement cĂ©rĂ©bral, cardiovasculaire, musculaire et surtout hĂ©patique. Ajoutons Ă ceci que 40% des acides aminĂ©s des protĂ©ines des grains de sĂ©same sont essentiels donc indispensables Ă lâalimentation humaine. On note des quantitĂ©s importantes de leucine, dâisoleucine, de phĂ©nylalanine, de mĂ©thionine, de thrĂ©onine et de valine. Ainsi, les quantitĂ©s dâacides aminĂ©s essentielles du grain de sĂ©same sont toutes supĂ©rieures Ă celles du pois ou du soja, exceptĂ© pour la lysine et lâhistidine[22]. De nombreuses Ă©tudes sont arrivĂ©es Ă la mĂȘme conclusion : Les graines de sĂ©same sont une source importante dâacides aminĂ©s essentiels et soufrĂ©s.
Acide aminé | Isolat de protéines de sésame (g/100g) |
---|---|
Glycine | 2.06 |
Alanine | 2.83 |
Serine | 6.62 |
Proline | 4.08 |
Valine | 5.44 |
Threonine | 4.85 |
Isoleucine | 4.85 |
Leucine | 7.57 |
Acide aspartique | 9.88 |
Lysine | 5.06 |
Acide glutamique | 16.54 |
Methionine | 1.87 |
Phenilalanine | 6.34 |
Histidine | 2.25 |
Arginine | 7.45 |
Tyrosine | 6.61 |
Cysteine | 0.15 |
Triptophane | 1.25 |
L'Optimisation du rendement en protéine est caracterisée par 3 axes principaux:
1) Fertilisation : Le sĂ©same est une plante non exigeante, ceci qui veut dire que techniquement elle peut se dĂ©velopper en se contentant des nutriments prĂ©sents naturellement dans le sol, raison pour laquelle sa culture est prisĂ©e en Afrique subsaharienne. Cependant lâajout dâintrants externes permettrait dâaugmenter le rendement de la plante, de la graine et donc des protĂ©ines de celle-ci. Trois types de fertilisations successives sont conseillĂ©s. Le premier est appelĂ© fumure de fond (compost ou fumier), ajoutĂ© avant semis et enfouis dans le sol par labourage. On estime les quantitĂ©s nĂ©cessaires Ă environ 3 tonnes/ha. Le deuxiĂšme est lâajout dâun sac de 50kg de NPK (solution de phosphore, azote, potassium) par hectare au pied des plantes aprĂšs le 1er sarclage 14 jours aprĂšs le semis. Le troisiĂšme est lâajout de 25kg dâurĂ©e par hectare 14 jours aprĂšs lâapplication de la solution de NPK[24].
2) Techniques culturales : Rotation de culture : Il faut savoir que planter la mĂȘme culture sur une parcelle pendant plusieurs annĂ©es va appauvrir le sol, rendre les plantes plus fragiles et diminuer les rendements en protĂ©ines de la graine, dâoĂč alterner dâautres cultures avec celle du sĂ©same chaque annĂ©e pallierai ce problĂšme. Le choix se porte sur deux autres plantes. Le sorgho dont les racines structurent le sol, qui devient plus permĂ©ables et mieux drainĂ©e ainsi que lâarachide qui apporte de bonnes quantitĂ©s dâazote dans le sol. Cultures associĂ©es : Deux cultures simultanĂ©es sur la mĂȘme surface et en mĂȘme temps dâune cĂ©rĂ©ale en lâoccurrence dans notre cas le sĂ©same ainsi quâune lĂ©gumineuse. Cette derniĂšre Ă©tablit des relations symbiotiques avec les microorganismes du sol lui permettant ainsi de fixer lâazote du milieu et de le rendre disponible Ă la plante de sĂ©same. Cette pratique rĂ©pondra amplement Ă ses besoins nutritifs et augmentera les rendements de ses graines en protĂ©ines. De plus elle limitera lâĂ©ventuelle utilisation dâengrais chimiques[25].
3) VariĂ©tĂ©s : Pour caractĂ©riser lâeffet de la variĂ©tĂ© choisie sur le rendement en protĂ©ines de la graine, nous utiliserons les 8 variĂ©tĂ©s de sĂ©same cultivĂ©es au SĂ©nĂ©gal, naturellement plus riches que la moyenne en protĂ©ines. Celles-ci peuvent ĂȘtre reconnaissables phĂ©notypiquement grĂące Ă leur diffĂ©rentes couleurs. En effet, elles partent du blanc, brun clair, brun au noir. Il a Ă©tĂ© dĂ©duit en Ă©tudiant la coloration des grains ainsi que la teneur en protĂ©ines et en matiĂšres grasses que les graines blanches sont plus riches en protĂ©ines et plus pauvres en lipides que les graines noires. Ainsi une autre dĂ©duction est faite ; plus la graine est protĂ©inĂ©e moins elle est abondante en matiĂšre grasse. DâoĂč, afin dâaugmenter les rendements en protĂ©ines de nos graines sur le terrain sĂ©nĂ©galais, privilĂ©gier celles qui sont claires, comme les variĂ©tĂ©s LC162 ou HB168. A noter quâil est important de vĂ©rifier au prĂ©alable que les cultivars sont adaptĂ©s aux conditions environnementales du terrain de culture[26].
Utilisations
AprĂšs avoir dĂ©cortiquĂ©, cuit ou torrĂ©fiĂ© la graine de sĂ©same, on en extrait lâhuile par pression mĂ©canique et le rĂ©sidu solide, comestible, appelĂ© tourteau de sĂ©same, est utilisĂ© en alimentation animale ou humaine (en Inde et IndonĂ©sie). Une extraction supplĂ©mentaire avec un solvant donne une farine de sĂ©same Ă faible teneur en huile, de qualitĂ© alimentaire. Cette farine (gĂ©nĂ©ralement faite Ă partir de graines non dĂ©cortiquĂ©es) est donnĂ©e au bĂ©tail ruminant et Ă la volaille[16].
En Asie orientale (Chine, Japon, CorĂ©e), oĂč l'huile de sĂ©same est le produit principal, les graines entiĂšres sont torrĂ©fiĂ©es, moulues et cuites avant l'extraction par expulseur. Dans le nord de la Chine, les graines sont trempĂ©es, torrĂ©fiĂ©es, dĂ©cortiquĂ©es et broyĂ©es pour faire de la pĂąte de sĂ©same (zhÄ«ma jiĂ ng, èéș»é ±, tahini), et l'huile (appelĂ©e huile de sĂ©same de petit moulin) est sĂ©parĂ©e par centrifugation ou gravitation[16].
Cuisine
Une fois torréfiée, la petite graine est utilisée en cuisine pour sa douce saveur spécifique.
Les graines de sĂ©same permettent la production de l'huile de sĂ©same qui est surtout utilisĂ©e dans les salades ou plats froids, comme au centre de la Chine ou en CorĂ©e, mais Ă©galement dans les soupes, fondues ou certains plats chauds. Elles sont Ă©galement utilisĂ©es dans des pĂątisseries en Chine et au Vietnam, dans des sortes de nougats mous mĂ©langeant sucre, cacahuĂštes et graines de sĂ©same et de lâInde au bassin mĂ©diterranĂ©en, pour fabriquer le halva, une confiserie Ă base de purĂ©e de sĂ©same (tahini).
Les graines de sésame sont aussi utilisées aprÚs avoir été décortiquées dans la préparation de pains, bagels, crackers, gressins et croquants au sésame.
Propriétés médicinales
Les usages ethnobotaniques et mĂ©dicinaux de la graine olĂ©agineuse et riche en nutriments sont encore incomplĂštement explorĂ©s[9], mais, avec des Ă©tudes rĂ©centes, ils ont montrĂ© un intĂ©rĂȘt thĂ©rapeutique du sĂ©same contre diffĂ©rents problĂšmes mĂ©taboliques, inflammatoires et infectieux[27]. Des Ă©tudes basĂ©es sur des tests in vitro et in vivo ont montrĂ© que des extraits et des composĂ©s isolĂ©s de diverses parties de la plante ont des « propriĂ©tĂ©s antioxydantes, antimicrobiennes, anti-inflammatoires, antidiabĂ©tiques, anticancĂ©reuses, antihyperlipidĂ©miques, hĂ©patoprotectrices, anthelminthiques, antileishmaniennes, gastroprotectrices, larvicides, et des effets vasorelaxants, entre autres »[27].
Cette plante (feuilles, écorce, graines et huile de graine) a eu et a encore divers usages alimentaire et médicinaux en Asie, et notamment en Inde. Ses graines et feuilles (fraßches) sont notamment utilisées en cataplasme. Les deux types (blanc et noir) de graines de sésame sont utilisés par les médecins traditionnels, prescrites pour diverses maladies[28].
La graine contient notamment deux composés biochimiques uniques : la sésamine et la sésamoline, tous deux connues comme étant hypocholestérolémiant chez l'Homme et prévenant l'hypertension artérielle[9]. Chez l'animal de laboratoire, ces deux molécules augmentent aussi le taux d'oxydation des acides gras mitochondriaux hépatiques et peroxysomaux.
La graine contient aussi de la céphaline, un phospholipide hémostatique[9].
Elle s'est enfin montrée antibactérienne dont contre le staphylocoque et le streptocoque, et présente une activité antifongique contre les champignons cutanés courants (dont celui du pied d'athlÚte)[9].
Raffinée, l'huile de sésame est riche en composants antioxydants (lignanes notamment), qui améliorent la durée de conservation des aliments ainsi que leur saveur et leur goût. Elle a aussi un taux élevé de linoléate (sous forme de triglycérides) inhibant sélectivement la croissance des mélanomes malins. L'huile est émolliente, adoucissante et légÚrement laxative. Elle maintient le taux de cholestérol HDL (à lipoprotéines de haute densité), tout en diminuant le taux de « mauvais cholestérol » LDL (à lipoprotéines de basse densité)[9].
Contamination Ă l'oxyde d'Ă©thylĂšne en 2020 et 2021
En , en Europe, des concentrations d'oxyde d'Ă©thylĂšne jusqu'Ă 186 mg/kg soit 3 500 fois plus Ă©levĂ©e que la limite maximale de rĂ©sidus de 0,05 mg/kg sont dĂ©tectĂ©es aprĂšs mise sur le marchĂ© dans de 34 lots[29] pour un total de 268 453 kg de graines de sĂ©same, y compris labellisĂ©es agriculture biologique, importĂ©s d'Inde[30]. Ce pesticide est interdit en Europe, il est connu pour ĂȘtre cancĂ©rigĂšne et mutagĂšne.
Le produit est soumis au rÚglement (CE) no 396/2005[29]. Un rappel de produit a été effectué, la moitié des produits avaient une certification biologique[31].
La contamination a duré une année depuis et concerné 3 000 des 60 000 tonnes de sésame importées[32].
En fĂ©vrier 2021, la contamination est toujours problĂ©matique avec des nouveaux lots contaminĂ©s dĂ©tectĂ©s le 3 fĂ©vrier 2021: ces lots en provenance dâInde Ă©taient bloquĂ©s Ă la frontiĂšre. Ils contenaient 3,6 mg/kg dâoxyde dâĂ©thylĂšne soit 72 fois la limite maximale autorisĂ©e[33].
Les lots en provenance de Chine et du Vietnam peuvent Ă©galement ĂȘtre concernĂ©s[34].
Notes
- sa production de sésame est passée de 329 000 t en 2005 à 1 210 000 t en 2019, soit une croissance de 267 %
Références
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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Bibliographie
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