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EspĂšce en danger

En biologie et Ă©cologie, l'expression « espĂšce en danger » s'applique Ă  toute espĂšce risquant de disparaĂźtre Ă  court ou moyen terme. Selon le congrĂšs mondial de l'UICN de septembre 2016, « les trois quarts des espĂšces en danger d’extinction sont menacĂ©es par l'agriculture, la conversion des terres, la surexploitation des ressources »[1], ce qu'un article du 10 aoĂ»t, dans la revue Nature traduit sous le titre « Les ravages des fusils, des filets et des bulldozers » aussi qualifiĂ©s de grands tueurs parmi les facteurs de rĂ©gression de 8 700 espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales Ă©valuĂ©es et classĂ©es en 2016 comme menacĂ©es ou quasi menacĂ©es de disparition sur la liste rouge de l'UICN[2].

Nombre d'espÚces (de gymnospermes, monocotylédones, légumineuses et ptéridophytes) menacées dans chaque catégorie de l'Index de la Liste rouge de l'UICN ; par habitat. d'aprÚs Brummitt NA, Bachman SP, Griffiths-Lee J, Lutz M, Moat JF, Farjon A, et al. (2015) Green Plants in the Red: A Baseline Global Assessment for the IUCN Sampled Red List Index for Plants. PLoS ONE 10(8): e0135152. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0135152 ; cc-by-sa 4.0 ; https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0135152
Symbole « en danger » de la liste rouge de l'UICN.

DĂ©finition

Une espĂšce est dĂ©clarĂ©e menacĂ©e si elle rĂ©pond Ă  au moins un des critĂšres prĂ©cis (disparition de l'habitat, dĂ©clin important de sa population, Ă©rosion gĂ©nĂ©tique, chasse excessive ou surpĂȘche , etc.) dĂ©finis par l'UICN[3] :

  • RĂ©duction des effectifs d'au moins 70% sur 10 ans ou 3 gĂ©nĂ©rations si les causes de cette diminution sont connues, rĂ©versibles et ont cessĂ©, ou d'au moins 50% si les causes ne sont pas certaines, non rĂ©versibles ou encore prĂ©sentes.
  • Zone d'occupation de moins de 500kmÂČ, avec une population en dĂ©clin, trĂšs fluctuante ou fragmentĂ©e
  • Population de moins de 2500 individus matures et en dĂ©clin continu
  • Population de moins de 250 individus matures
  • ProbabilitĂ© d'extinction de l'espĂšce d'au moins 20% dans les 20 ans ou 5 gĂ©nĂ©rations Ă  venir

Utilité

Ces critÚres, généralement établis ou validés par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), permettent d'affiner le risque d'extinction de l'espÚce (actuel, à court et moyen terme) et de lui attribuer un statut de conservation et parfois de protection (espÚce protégée).

Dans le cas des races locales domestiquées, il s'agit du patrimoine agricole et souvent d'espÚces moins productives, mais rustiques et demandant moins de frais d'entretien. La préservation de certaines de ces espÚces pourrait notamment faire partie des solutions d'adaptation au dérÚglement climatique ou à la diffusion de certaines maladies (maladies animales ou zoonoses transmissibles à l'homme).

Classements internationaux

La liste rouge de l'UICN classe les espĂšces menacĂ©es en trois catĂ©gories, selon l'importance du risque de leur extinction : « vulnĂ©rable », « en danger » et « en danger critique d'extinction ». En 2019, l'UICN compte 9754 espĂšces dans la catĂ©gorie "espĂšce en danger"[4]. Une classification un peu similaire existe pour les races locales domestiquĂ©es d'intĂ©rĂȘt agricole.

La convention de Washington (CITES) établissait une liste des espÚces protégées selon trois catégories organisées en annexes :

EspÚces menacées par pays (exemples ; source : UICN, 2004) :

  • Colombie : 208 ;
  • Mexique : 191 ;
  • Équateur : 163 ;
  • BrĂ©sil : 110 ;
  • Chine : 86.

Elles sont classées par groupes taxonomiques :

Canada

Le Comité sur la situation des espÚces en péril au Canada (COSEPAC) utilise le terme espÚce en péril plutÎt qu'espÚce menacée, l'expression « espÚce menacée » ne s'appliquant alors qu'à une partie des espÚces pouvant disparaßtre.

Selon la classification COSEPAC des espÚces, une espÚce menacée est une espÚce en péril susceptible de devenir une espÚce en danger de disparition dans un avenir plus ou moins proche si les pressions s'exerçant sur elle (facteurs limitants), comme la disparition de l'habitat, ne sont pas supprimées. Ce terme désigne le statut donné à l'espÚce quand le deuxiÚme niveau de risque d'extinction est atteint.

Au Québec

Avec la Loi sur les espÚces menacées ou vulnérables, le gouvernement québécois s'est engagé à garantir la sauvegarde de l'ensemble de la diversité génétique du Québec.[5]

En 2018, 78 espĂšces de la flore[6] et 38 espĂšces de la faune[7] sont lĂ©galement dĂ©signĂ©es menacĂ©es ou vulnĂ©rables au QuĂ©bec.

Pour chaque espĂšce floristique lĂ©galement protĂ©gĂ©e au QuĂ©bec, des plans de conservation seront Ă©laborĂ©s afin d’identifier les actions Ă  mettre en Ɠuvre pour assurer leur survie Ă  long terme. Les plans de conservation pour le Carex faux-lupulina et la Sagittaire Ă  sĂ©pales dressĂ©s sous-espĂšce des estuaires sont maintenant disponibles.

Monde

Bien que la communication sur les espÚces menacées porte surtout sur les animaux, et notamment les mammifÚres et les oiseaux, en nombre absolu, deux fois plus d'espÚces de plantes ont disparu que d'espÚces d'oiseaux, de mammifÚres et d'amphibiens réunies.

Selon une Ă©tude rĂ©cente (juin 2019) publiĂ©e dans Nature Ecology & Evolution, rien que dans les herbiers des musĂ©es on trouve 571 espĂšces de plantes Ă©teintes au cours des 250 derniĂšres annĂ©es, ce qui est beaucoup plus (4 fois plus) que la liste officielle de l’UICN des plantes disparues[8]. NĂ©anmoins 5% des mammifĂšres et oiseaux ont disparu, ce qui est Ă©norme comparĂ© aux plantes (seules 0,2% des plantes connues ont disparu). Ainsi :

  • Le bois de santal du Chili dans le Pacifique sud, exploitĂ© pour son bois odorant, n’a jamais Ă©tĂ© revu depuis 1908.
  • La trinity (Thismia americana), une plante sans feuilles vivant sous terre sauf pour Ă©panouir ses fleurs a Ă©tĂ© dĂ©crite pour la premiĂšre fois en 1912 dans une zone humide sablonneuse de Chicago, dans l'Illinois, elle a ensuite Ă©tĂ© dĂ©truite par le dĂ©veloppement.

Le nombre de plantes disparues est sous-estimĂ©, par manque de suivi de la flore tropicale d’Afrique et d’AmĂ©rique du Sud et beaucoup d'espĂšces risquent bientĂŽt d’aussi disparaĂźtre; Selon l’IPBES, plus d'un million d'espĂšces (dont 14% de la diversitĂ© vĂ©gĂ©tale et animale) sont menacĂ©es d’extinction [9].

Europe

L'UICN estime qu'en Europe, rien que pour les mammifĂšres ;

  • 14 % des mammifĂšres terrestres et 22 % des mammifĂšres marins pourraient disparaĂźtre du territoire de l’UE, dont le vison d'Europe, le lynx pardelle et le Phoque moine de MĂ©diterranĂ©e qui comptent parmi les plus menacĂ©es. La baleine grise n'a pas disparu mais ne semble plus frĂ©quenter le littoral europĂ©en depuis plusieurs siĂšcles.
  • 27 % au moins des populations de mammifĂšres sont en baisse (et on manque de donnĂ©es pour 30 % environ des espĂšces de mammifĂšres).

Les causes principales sont la perte, la dĂ©gradation et la fragmentation des habitats, les changements climatiques, la mortalitĂ© accidentelle (roadkill), la pollution et l’homme (chasse, poison, piĂšges, introduction volontaire ou non d'espĂšces invasives et concurrentielles des espĂšces autochtones). L'UICN note que certains plans de conservation ont efficacement sauvĂ© quelques espĂšces (mais ils ne concernent que 8 % des mammifĂšres europĂ©ens, et pas dans tous les pays). Une Ă©valuation de l'Ă©tat des populations de mammifĂšres est en cours.

La commission a plusieurs fois alertĂ© aussi sur l'importance de restaurer un rĂ©seau Ă©cologique europĂ©en, et de ne pas oublier les invertĂ©brĂ©s et en particulier les invertĂ©brĂ©s xylophages, souvent menacĂ©s par le manque de ressources en bois-morts ou sĂ©nescents dans les forĂȘts europĂ©ennes trop exploitĂ©es. De nombreuses espĂšces d'eau douce autrefois communes sont Ă©galement en trĂšs forte rĂ©gression (ex. : reptiles ou amphibiens) ou menacĂ©es, dont l'anguille europĂ©enne (Anguilla anguilla). Plusieurs Ă©tudes observent Ă©galement un dĂ©clin important chez les lichens et les champignons[10].

France

Il existe des listes rouges (nationales et régionales) d'espÚces menacées[11] - [12].

La France se classe parmi les dix pays hĂ©bergeant le plus d'espĂšces menacĂ©es sur la planĂšte. Elle jouit d'une position unique au monde en termes de richesses naturelles. Via ses dĂ©partements (La RĂ©union, Guyane, Martinique, Guadeloupe, Mayotte) et ses territoires et collectivitĂ©s d'Outre-Mer, elle est prĂ©sente dans cinq des trente-quatre points chauds du globe, ces zones oĂč la diversitĂ© biologique s'avĂšre la plus grande mais la plus en danger et oĂč les espĂšces endĂ©miques sont trĂšs nombreuses.

La loi du 10 juillet 1976 protĂšge dĂ©jĂ  certaines espĂšces menacĂ©es en France. Elle en interdit la capture, la vente et l'achat et mĂȘme la perturbation intentionnelle. En 2005, la loi concernait en mĂ©tropole plus de 700 espĂšces animales sauvages (soit 52 % des vertĂ©brĂ©s, 4 % des mollusques et 0,5 % des insectes, crustacĂ©s et Ă©chinodermes) et 450 espĂšces vĂ©gĂ©tales (plus de 7 % des plantes, sans compter les mousses). Mais l'Outre-Mer concentre 80 % de la biodiversitĂ© or, la loi française ne s'exerce que sur ses dĂ©partements, la PolynĂ©sie française, la Nouvelle-CalĂ©donie et Wallis-et-Futuna possĂ©dant leur propre rĂ©glementation.

Costa Rica

Le Costa Rica a mis en Ɠuvre une politique de protection de la biodiversitĂ© [13] : 25 % de son territoire est classĂ© en parc national, rĂ©serve ou zone protĂ©gĂ©e[14].

Afrique

Okapi

L’okapi (Okapia johnstoni) est un mammifĂšre originaire des forĂȘts Ă©quatoriales d'Afrique centrale appartenant Ă  la mĂȘme famille que la girafe, les Giraffidae. Il est l'unique reprĂ©sentant du genre Okapia. DĂ©couvert en 1901 par Sir Harry Johnston, Ă  qui il doit son nom, l'okapi est l'un des derniers grands mammifĂšres Ă  ĂȘtre observĂ© scientifiquement sur la planĂšte.

Les principales raisons du déclin des populations d'okapis sont le braconnage, la perte des habitats naturels, ainsi que la présence de rebelles et de mineurs illégaux. D'aprÚs l'UICN, l'espÚce est "proche de la catégorie la plus élevée de risque d'extinction".

Gorille des montagnes

Le gorille des montagnes vit dans la forĂȘt tropicale humide qui couvre les monts Virunga, Ă  la frontiĂšre de l'Ougande et du Rwanda. Il est actuellement dans la liste des espĂšces les plus menacĂ©es.

Les braconniers chassent le gorille, pour sa viande, ses mains et son crĂąne qui rapportent Ă©normĂ©ment d’argent. Enfin, la dĂ©forestation, pratiquĂ©e pour faire des terres agricoles dĂ©truit son habitat. Le gorille est Ă©galement victime de maladies telles que la pneumonie, la grippe ou d’autres maladies de l’homme qui lui sont mortelles.

MalgrĂ© ces nombreuses menaces et le classement de l’espĂšce « en danger d’extinction » par l’UICN, les effectifs de Gorilla beringei beringei sont aujourd’hui en nette augmentation. Ils sont en effet passĂ©s d’environ 620 en 1989 Ă  prĂšs de 1004 en 2018. Si la sous-espĂšce n’est pas encore tirĂ©e d’affaire, il s’agit du seul grand primate Ă  avoir vu ses effectifs augmenter au cours des derniĂšres dĂ©cennies.

ÉlĂ©phants d'Afrique

L’élĂ©phant d’Afrique est le plus grand animal terrestre. Ses oreilles sont plus grandes que celles de l’élĂ©phant d’Asie. De plus, tous les Ă©lĂ©phants d’Afrique, mĂąles et femelles, possĂšdent des dĂ©fenses, ce qui n’est pas le cas chez leurs cousins asiatiques.

On distingue deux sous-espĂšces : l’élĂ©phant de savane et l’élĂ©phant de forĂȘt. L’élĂ©phant de savane est sensiblement plus grand que l’élĂ©phant de forĂȘt et ses dĂ©fenses sont plus recourbĂ©es. De plus, l’élĂ©phant de forĂȘt a des oreilles plus arrondies.

Les Ă©lĂ©phants peuplent encore de nombreuses rĂ©gions d’Afrique, mais cet animal aux dimensions impressionnantes continue de souffrir des graves menaces que sont le braconnage, la perte de son habitat et les conflits avec les hommes.

L’élĂ©phant d’Afrique est le plus touchĂ© par le braconnage pour l’ivoire. L’ivoire des dĂ©fenses a toujours prĂ©sentĂ© une valeur marchande Ă©levĂ©e. Souvent exportĂ© en Asie, il sert Ă  fabriquer des bijoux, des baguettes et des statuettes. Dans les annĂ©es 1980, prĂšs de 100 000 Ă©lĂ©phants Ă©taient abattus chaque annĂ©e pour leurs dĂ©fenses. AprĂšs l’interdiction du commerce de l’ivoire en 1989, la situation s’est sensiblement amĂ©liorĂ©e mais malgrĂ© cela, l’animal continue d’ĂȘtre chassĂ©. Ces derniĂšres annĂ©es, la chasse aux Ă©lĂ©phants et le commerce de l’ivoire ont mĂȘme connu une forte hausse. Chaque annĂ©e, 30 000 Ă©lĂ©phants sont tuĂ©s pour leur prĂ©cieux ivoire, principalement en Afrique.

Au Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), les organisations interviennent sur chaque maillon de la chaĂźne du trafic, en luttant contre le braconnage et les trafiquants, mais aussi en Ɠuvrant Ă  la rĂ©duction de la demande en produits dĂ©rivĂ©s d’animaux sauvages.

Notes et références

  1. UICN (2016) Lettre de veille et d'information "CollectivitĂ©s & BiodiversitĂ©" no 29, numĂ©ro spĂ©cial dĂ©diĂ© au CongrĂšs mondial de l’UICN de septembre 2016.
  2. « Chasse, pĂȘche et agriculture : trois flĂ©aux pour la biodiversitĂ© », Le Monde, 10 aoĂ»t 2016.
  3. UICN, CATÉGORIES ET CRITÈRES DE LA LISTE ROUGE DE L’UICN, Version 3.1 DeuxiĂšme Ă©dition, , 33 p. (lire en ligne), p.18
  4. « The IUCN Red List of Threatened Species », sur IUCN Red List of Threatened Species (consulté le )
  5. EspÚces menacées ou vulnérables au Québec - Gouvernement du Québec.
  6. « EspÚces menacées ou vulnérables au Québec », sur www.mddelcc.gouv.qc.ca (consulté le ).
  7. « MFFP - Liste des espÚces désignées comme menacées », sur www3.mffp.gouv.qc.ca (consulté le ).
  8. The IUCN Red List of Threatened Species Version 3.1 (IUCN, accessed June 2016).
  9. Pelletier, T. A., Carstens, B. C., Tank, D. C., Sullivan, J., & EspĂ­ndola, A. (2018). Predicting plant conservation priorities on a global scale |Proceedings of the National Academy of Sciences, 115(51), 13027-13032.
  10. « Les espÚces disparues des champignons. Les espÚces rares et menacées de champignons, de plantes et d'animaux Russie Livre rouge », sur fr.nextews.com (consulté le )
  11. La Liste rouge des espÚces menacées en France - Comité français de l'UICN.
  12. Liste rouge 1996 des espĂšces existantes en France - Ancienne version.
  13. Laure Dubesset-Chatelain, « Costa Rica : le pays oĂč la vie est plus verte », sur Geo.fr, (consultĂ© le )
  14. « Environnement: Costa Rica, la "démocratie verte" en danger », sur Sciences et Avenir (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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