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Baleine grise

Eschrichtius robustus

La Baleine grise (Eschrichtius robustus) est une espèce de cétacé, seule espèce du genre Eschrichtius et de la famille Eschrichtiidae. Elle a disparu de tout l'Océan Atlantique à la suite de la chasse baleinière mais une population existe encore dans le Pacifique[1].

Description

les Ă©vents forment un V.

La peau est souvent argentée, parsemée de taches blanchâtres et d'éraflures. Elle est souvent recouverte de balanes, bernacles et poux de baleines, notamment au niveau de la tête et de la queue[4].

La tête de la baleine grise est relativement petite comparée à celles des autres espèces. Elle ne fait qu'un sixième à un cinquième de la longueur totale de son corps. La largeur de sa tête est située entre celle des baleines franches (Right whales en anglais) et des rorquals. Ses évents sont en V sur la partie reculée de sa tête. Très visibles sur le dessus de la tête, les deux narines qui forment l'évent se ferment hermétiquement lors des plongées[5].

Comme tous les mysticètes, la baleine grise est dépourvue de dents. Les fanons sont faits de kératine. Rangés en 160 paires de petits balais[6] (130 à 180), longs d'une soixantaine de centimètres, ils lui servent à filtrer les coquillages et les crustacés qu'elle trouve en aspirant la vase au fond de la mer. Les fanons auraient évolué à partir des plis transversaux qui rident la voûte du palais de la plupart des mammifères.

Sa nageoire caudale est son principal organe de natation : actionnée par une puissante musculature abdominale, elle la propulse à la manière d'une godille dont le va-et-vient ne serait pas latéral, mais horizontal. Ses nageoires latérales, assez réduites, ne servent qu'aux manœuvres d'équilibrage et d'orientation.


Reproduction

À l'époque des amours, plusieurs prétendants peuvent courtiser la même femelle en se roulant et se frottant sur elle. Après ces fiévreux ballets, l'accouplement proprement dit se pratique souvent à trois partenaires : les deux mâles qui s'efforcent de posséder la même femelle l'aident, en fait, alternativement, à maintenir son équilibre dans l'eau.

À sa naissance, un bébé baleine mesure de quatre mètre cinquante à cinq mètres et pèse cinq cents kilogrammes. En quelques mois, le baleineau double son poids.

Taxonomie

Le premier qui fit part d'une observation d'une baleine grise fut Paul Dudley (1675–1751) en 1725. Dans le document retrouvé, il la nommait « scrag whale ». L'endroit où il l'avait observée se situait au large de la Nouvelle Angleterre (de la côte Est des États-Unis). En 1777, Erxlenben désigne cette baleine par le binôme « Balaena gibbosa », mais c'est le suédois Vilhelm Lilljeborg qui donne à l'espèce sa première description scientifique valide, sous le nom de Balaenoptera robusta en 1861. John Edward Gray déplace le taxon dans un genre à part entière, Eschrichtius, en 1864.

RĂ©partition et habitat

RĂ©partition contemporaine de la baleine grise.
  • Habitat : eaux cĂ´tières et eaux ocĂ©aniques profondes.
  • Aire de rĂ©partition : rĂ©gion cĂ´tière du Pacifique nord.

Autrefois, cette espèce était commune dans l'Atlantique, mais elle en a été éradiquée par la pêche.

Population

La population est actuellement limitée au Pacifique. Les baleines se déplacent annuellement entre l'océan Arctique où elles se nourrissent de crustacés benthiques, situé entre la mer de Barents et la mer d'Okhotsk — entre l'Alaska et la Sibérie orientale — et des lieux de reproduction, situés autour du golfe de Californie,de la mer de Chine orientale et de la mer du Japon.

Vertèbres

Une population aujourd'hui Ă©teinte existait dans l'Atlantique. Elle a persistĂ© jusqu'au XIXe siècle sur les cĂ´tes amĂ©ricaines et, peut-ĂŞtre, jusqu'au XVIIe dans les eaux europĂ©ennes. Sa première description sur la cĂ´te Est des États-Unis est due Ă  Paul Dudley, ancien gouverneur de la Nouvelle-Angleterre (1725) : « The Scrag Whale is near a-kin to the Fin-back, buts inftead of a Fin upon his Back, the Ridge of the Afterpart of his Back is scragged with half a Dozen Knobs or Nuckles ; he is nearest the right Whale in Figure and for Quantity of Oil ; his Bone is white but won't split ». Comme on le voit, cette « baleine rugueuse » n'est pas très clairement dĂ©crite. Elle fut ensuite ignorĂ©e par les grands zoologistes (Carl von LinnĂ© (1707-1778), Georges Cuvier (1769-1832), etc.) dont certains ne virent dans cette description qu'une baleine franche malade. Son existence scientifique a d'ailleurs d'abord Ă©tĂ© attestĂ©e Ă  partir de restes de l'âge du fer trouvĂ©s sur une plage de l'Ă®le de Gräso, dans la mer Baltique[7]. Depuis, beaucoup de restes ont Ă©tĂ© trouvĂ©s, principalement aux Pays-Bas — lors des travaux de poldĂ©risation entre 1879 et 1935, le plus rĂ©cent Ă©tant datĂ© du Ve siècle —, sur une plage en Grande-Bretagne en 1861 (Babbicombe Bay : ces restes, conservĂ©s au Natural History Museum de Londres, Ă©taient vraisemblablement ceux des tout derniers individus ayant roulĂ© depuis les fonds marins pendant deux siècles : ils ont Ă©tĂ© datĂ©s comme Ă©tant anciens de 340 ans[8]), ainsi que dans une carrière de Cornwall. Enfin, une sĂ©rie de restes ont Ă©tĂ© dĂ©couverts en 1997 dans la citĂ© antique de Lattara (Languedoc oriental, France) près de Montpellier[9]. Cette citĂ© Ă©tait le principal port de la zone et il est possible que les lagunes des cĂ´tes mĂ©diterranĂ©ennes (au moins occidentales en Espagne et France mais peut-ĂŞtre aussi au Maghreb et en Italie) aient hĂ©bergĂ© des baleines grises lors de leurs sĂ©jours hivernaux comme lieu de reproduction.

Une étude génétique est en cours sur ces restes afin de caractériser cette population. Un projet de réintroduction dirigé par le Dr Owen Nevin de l'University of Central Lancashire à partir de la population est-pacifique est à l'étude depuis juillet 2005 (BBC News).

Par ailleurs, un spĂ©cimen a Ă©tĂ© observĂ© en mai 2010 dans les eaux d'IsraĂ«l . L'individu selon toute vraisemblance a dĂ» profiter de l'ouverture rĂ©currente ces dernières annĂ©es du passage du Nord-Ouest. Il a dĂ» parcourir pour cela près de 20 000 km et la probabilitĂ© qu'il retrouve son chemin est assez mince en raison de la topographie en cul-de-sac latitudinal de la MĂ©diterranĂ©e. Le mĂŞme phĂ©nomène s'est rĂ©pĂ©tĂ© au printemps 2021[10], un jeune animal Ă©tant observĂ© en MĂ©diterranĂ©e occidentale lors d'un passage très remarquĂ© par les rĂ©seaux sociaux italiens et français[11].

Entre 2019 et 2020, plus de 300 baleines grises ont été retrouvées mortes sur la côté Pacifique. Si certains décès sont liés à des collisions, les scientifiques cherchent les causes associées à cette vague de mortalité (maladies, changements climatiques, migrations)[12].

Annexes

Bibliographie

  • (en) Anderson EM, Lovvorn JM (2008) Gray whales may increase feeding opportunities for avian benthivores. Marine Ecology Progress Series 360:291–296
  • (en) Fraser F.C (1970) An early 17th century record of the California gray whale in Icelandic waters. Invest. Cetacea, 2, 13-20.

Références externes

Liens externes

Notes et références

  1. Bryant P.J (1995) Dating remains of gray whales from the eastern North Atlantic. Journal of Mammalogy, 76(3), 857-861. (résumé)
  2. Alain Diringer (préf. Marc Taquet), Mammifères marins et reptiles marins de l'océan Indien et du Pacifique, Éditions Orphie, , 272 p. (ISBN 979-10-298-0254-6), Baleine grise pages 23-24
  3. (en) William Henry Burt, Richard Philip Grossenheider, A Field Guide to the Mammals, Houghton Mifflin, , p. 242.
  4. Jean-Pierre Sylvestre, Cétacés du monde. Systématique, éthologie, biologie, écologie, statut, Quae, , p. 38.
  5. Jean-Pierre Sylvestre, Cétacés du monde. Systématique, éthologie, biologie, écologie, statut, Quae, , p. 37.
  6. (en) Robert Busch, Gray Whales : Wandering Giants, Heritage House Publishing Co, , p. 44.
  7. (en) W. Lilljeborg, « On two subfossil whales discovered in Sweden », Nova Acta regiæ Societeit Scient. Upsaliensis, ser. III, vol. IV, no 3,‎ , p. 1-48 (lire en ligne)
  8. (en) P. J. Bryant, « Dating Remains of Gray Whales from the Eastern North Atlantic », Journal of Mammalogy, vol. 76, no 3,‎ , p. 857-861 (lire en ligne)
  9. (en) M. Macé, « Did the Gray Whale calve in the Mediterranean ? », Lattara, vol. 16,‎ , p. 153-164 (lire en ligne)
  10. « Une baleine grise égarée observée pour la première fois en Méditerranée française », Le Point,‎ (lire en ligne).
  11. « Du Maroc à Naples, Antibes et Bormes-les-Mimosas l'incroyable périple d'une jeune baleine grise perdue en Méditerranée », France TV Info,‎ (lire en ligne).
  12. « Du Mexique à l’Alaska, une mystérieuse hécatombe chez les baleines grises », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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