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Seuil de pauvreté

Le seuil de pauvretĂ© est un indicateur liĂ© Ă  la pauvretĂ©. Le seuil de pauvretĂ© peut ĂȘtre dĂ©fini de maniĂšre absolue (en fonction d'un panier de consommation minimale, avec ou sans rĂ©fĂ©rence monĂ©taire) ou relative (en pourcentage du revenu mĂ©dian ou moyen). Ce seuil prend des valeurs radicalement diffĂ©rentes selon l'option de calcul retenue pour le pays. Il correspond Ă  un % de la population appelĂ© taux de pauvretĂ©.

Le seuil de pauvreté relative correspond à un taux (stable selon les pays) d'environ 15% de la population (% résultant de la méthode de calcul) ; ce qui ne veut pas dire que 15% de la population est pauvre. En revanche, le taux correspondant à l'indicateur absolu est une bonne évaluation de la pauvreté.

Les facteurs individuels sont pris en compte pour adapter la notion Ă  la diversitĂ© des situations, par exemple les charges familiales, l’ñge, ou encore le nombre de personnes vivant dans le mĂ©nage.

Mesures

La notion de pauvreté monétaire étant difficile à cerner avec précision, plusieurs conventions sont utilisées pour déterminer le seuil de pauvreté. On distingue en général un seuil de pauvreté absolue, utilisé pour les pays en développement et plusieurs pays développés, et un seuil de pauvreté relative, utilisé dans quelques pays développés.

Le seuil de pauvretĂ© est utile en tant qu’outil Ă©conomique pour mesurer l'effet des rĂ©formes socio-Ă©conomiques de lutte contre la pauvretĂ© (minima sociaux, allocation universelle,
). Il est aussi utilisĂ© pour comparer l'Ă©volution de certains pays par rapport Ă  d'autres.

Dans les deux cas, il ne faut pas confondre les revenus des ménages et les revenus des individus (en simplifiant : le ménage Bill Gates est trÚs riche, monsieur aussi, pas madame).

Seuil de pauvreté absolue

Pour dĂ©terminer le seuil de pauvretĂ©, on cherche gĂ©nĂ©ralement Ă  Ă©tablir combien coĂ»tent au total toutes les ressources essentielles qu’en moyenne un adulte consomme en un an. Cette approche se fonde sur l’évaluation qui est faite de la dĂ©pense minimale pour assurer un niveau de vie tolĂ©rable. Cette mĂ©thode est Ă  l'origine du calcul du seuil de pauvretĂ© aux États-Unis, oĂč le seuil de pauvretĂ© a Ă©tĂ© depuis relevĂ© en raison de l’inflation. Il est aussi utilisĂ© au Canada. Dans certains pays en dĂ©veloppement, la plus importante partie des ressources est affectĂ©e au loyer nĂ©cessaire pour vivre dans un appartement. Les Ă©conomistes attirent ainsi l’attention sur le marchĂ© immobilier et sur les prix de logement Ă  cause de leur forte influence sur le seuil de pauvretĂ©. Une autre approche est de considĂ©rer le nombre de privations pour raisons financiĂšres auxquelles sont exposĂ©s un mĂ©nage ou une personne. En France par exemple le seuil de pauvretĂ© absolue est atteint quand une personne est exposĂ©e Ă  au moins 5 facteurs de privation sur les 13 dĂ©finis[1].

Il existe plusieurs méthodes d'évaluation absolue de la pauvreté. Toutes ces méthodes se fondent sur des conventions normatives admises à un moment donné dans le pays ou dans une communauté donnée. Une de ces méthodes est fournie par la Banque mondiale, avec comme critÚre un seuil normatif de 1 dollar (de 1995) par personne et par jour ; un seuil de deux dollars est également couramment employé. Le nombre de personnes sous ce seuil dans un pays est délicat à estimer : d'une part, les pays concernés n'ont pas les moyens de tenir des statistiques nationales détaillées, d'autre part, à ce niveau de revenu, il faut tenir compte d'activités non marchandes, comme l'autoconsommation ou l'accÚs possible à des services publics. Cette méthode s'applique essentiellement dans le cadre des comparaisons internationales entre pays.

Afin de pouvoir faire des comparaisons internationales, les seuils doivent ĂȘtre exprimĂ©s en paritĂ© de pouvoir d'achat, ce qui permet de s'affranchir des diffĂ©rences de pouvoir d'achat des diffĂ©rentes devises. Toutefois, cette mĂ©thode est sujette Ă  caution, puisque la consommation des mĂ©nages pauvres peut ĂȘtre diffĂ©rente de celle du mĂ©nage reprĂ©sentatif, servant Ă  l'Ă©tablissement des taux de paritĂ© de pouvoir d'achat.

Une autre approche de la pauvretĂ© absolue est fondĂ©e sur la mĂ©thode du coĂ»t des besoins essentiels. Cette mĂ©thode consiste Ă  estimer le niveau de revenu nĂ©cessaire Ă  un individu pour satisfaire un besoin calorique normatif donnĂ© (2 450, 2 400, 2 200, 2 100 kcal ou tout autre niveau). Cette approche suppose la dĂ©termination de deux composantes du seuil de pauvretĂ© : une composante monĂ©taire et une composante non monĂ©taire. Le seuil de pauvretĂ© est la somme des deux seuils prĂ©cĂ©demment estimĂ©s.

Dans certains pays industrialisĂ©s comme les États-Unis ou le Canada, c'est aussi un seuil absolu qui est utilisĂ©[2] ; il correspond Ă  un panier de biens et services essentiels, et il est mis Ă  jour en fonction de l'Ă©volution du coĂ»t de la vie. Dans ce cas, les raisonnements socio-Ă©conomiques se font sur le taux (% de la population).

Seuil de pauvreté relative

Cette mĂ©thode de calcul tient compte du niveau de vie d'un pays. Le plus souvent on utilise une fraction du revenu mĂ©dian. Cela peut ĂȘtre 40 %, 50 %, 60 % ou 70 % selon les cas. Par exemple la France utilisait jusqu'en 2008 un seuil Ă  50 % avant de prĂ©senter Ă©galement un seuil Ă  60 %[3]. L'Union europĂ©enne utilise un seuil Ă  60 % (Eurostat) correspondant Ă  un taux d'environ 15 % de la population (en 2014 : 14,1 % en France). Dans ce cas, les raisonnements socio-Ă©conomiques se font sur la valeur du seuil (en € par exemple).

Ainsi, si le revenu de l'ensemble de la population augmentait de maniĂšre homogĂšne (non diffĂ©renciĂ©e dans les diffĂ©rentes couches de la population) d'un mĂȘme facteur, le revenu correspondant au seuil de pauvretĂ© augmenterait lui aussi dans la mĂȘpe proportion et le taux de pauvretĂ© resterait identique[4].

En pratique, les revenus d'une population n’évoluent jamais de façon uniforme. Une augmentation plus rapide du revenu mĂ©dian augmente mĂ©caniquement le taux de pauvretĂ© relative, sans que cette augmentation statistique du taux de pauvretĂ© relative ne se traduise par une augmentation effective de la pauvretĂ©[5]. RĂ©ciproquement, une baisse plus rapide du revenu mĂ©dian (par exemple par une perte de pouvoir d'achat des classes moyennes ou supĂ©rieures) induit une diminution du taux de pauvretĂ© relative, mĂȘme si dans le mĂȘme temps les revenus placĂ©s sous le seuil de pauvretĂ© ne bougent pas, ou baissent Ă©galement mais de façon plus modĂ©rĂ©e[6].

Cette mesure apporte donc un Ă©clairage trĂšs subjectif de la pauvretĂ© qui est critiquĂ© pour diverses raisons par de nombreux Ă©conomistes[7], dont Amartya Sen qui a reçu le prix Nobel d’économie pour ses travaux sur l'Ă©conomie du bien-ĂȘtre. Le seuil de pauvretĂ© relative apparaĂźt davantage comme une mesure des inĂ©galitĂ©s de revenus. Selon Eurostat, il ne s'agit pas d'un indicateur de richesse ou de pauvretĂ©, mais un « point de comparaison des bas revenus par rapport aux revenus des autres habitants d’un pays donnĂ© », et parle plutĂŽt de « seuil de risque de pauvretĂ© »[8].

Risque de confusion

Il est frĂ©quent de rencontrer dans des publications une confusion entre le seuil de pauvretĂ© relative et le seuil de pauvretĂ© absolue. Ce qui peut conduire Ă  des affirmations difficilement interprĂ©tables comme « en France il y a 14 % de pauvres ». Comme l'expliquent les Ă©conomistes, une rĂ©daction correcte pourrait ĂȘtre, par exemple : « En France, en 2015, 13 % des individus disposaient de moins de 1 015 â‚Ź mensuels (somme correspondant au seuil de pauvretĂ© relatif) ». En fait, l'apparente « objectivitĂ© absolue » du recours Ă  une mĂ©thode statistique (p. ex. 60 % de la mĂ©diane) conduit souvent des personnes non averties Ă  des conclusions inexactes, conclusions surĂ©valuant le nombre de pauvres ou raisonnant de façon erronĂ©e sur les fluctuations du pourcentage liĂ©es Ă  la prĂ©cision de la mĂ©thode (ou au changement de mĂ©thode de calcul par l'INSEE).

Dans le monde

La Banque mondiale, qui étudie surtout les pays en développement, retient des seuils de pauvreté absolus identiques (1,90 dollar/jour à partir de 2015 lorsque la Banque Mondiale a décidé de relever ce seuil de 1,25 à 1,90$, 2 dollars/jour, etc.), et tient compte dans ses mesures des parités de pouvoir d'achat[9].

Dans l'Union européenne

Pour l'Union européenne, Eurostat utilise un seuil relatif de 60 % du revenu médian national, aprÚs transferts sociaux[8].

En 2017, c'est la RĂ©publique tchĂšque qui affiche le taux de pauvretĂ© le plus faible (9,6 %) de l'Union EuropĂ©enne suivie de la Finlande, le Danemark et la Hongrie avec des taux infĂ©rieurs Ă  13 %. À l’opposĂ©, ce sont la Roumanie et la Lettonie qui ont les taux de pauvretĂ© les plus Ă©levĂ©s, d’au moins 23 %[10].

Seuil de pauvreté relative en France

En 2018, pour une personne seule, le seuil de pauvretĂ© relative mensuel Ă©tait de 1 063 euros (seuil Ă  60 %)[11]. Pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans, le seuil en 2018 Ă©tait de 2 231 euros (seuil 60 %)[11].

Entre 1970 et 2010, le seuil de pauvreté relative à 50 % a doublé en euros constants[6].

En 1996, 4,7 millions de personnes (8,3 % de la population) vivaient en dessous du seuil de pauvreté relative de 50 %, et 8,3 millions de personnes (14,6 % de la population) sous le seuil de pauvreté relative de 60 %[10].

En 2012, 13,9 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvretĂ© relative, situĂ© alors Ă  987 euros par mois. Ce taux accuse une lĂ©gĂšre baisse car il Ă©tait de 14,3 % en 2011 ce qui ne traduit pas pour autant une hausse du niveau de vie des plus pauvres[12].

En 2014, 8,77 millions de personnes (14,1 % de la population) vivaient en dessous du seuil de pauvretĂ© relative correspondant Ă  1 008 euros par mois pour une personne seule[13].

En 2017, 8,9 millions de personnes (14,1 % de la population) vivaient avec un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté de 60 %[10].

Notes et références

  1. « Taux de pauvretĂ© en conditions de vie − Indicateurs de richesse nationale | Insee », sur www.insee.fr (consultĂ© le )
  2. définition, site de l'Insee
  3. « Les seuils de pauvreté en France », (consulté le ).
  4. La pauvreté de la mesure de la pauvreté « Copie archivée » (version du 29 septembre 2007 sur Internet Archive) Le Figaro, 6 juin 2006.
  5. Géraldine Woessner, « La pauvreté est-elle plus importante en France qu'en Allemagne ? », sur Europe1, (consulté le )
  6. Les seuils de pauvreté en France, Observatoire des inégalités, 6 septembre 2012
  7. Jacques Rodriguez, Le pauvre et le sociologue: la construction de la tradition sociologique
  8. , site Eurostat
  9. (en) An introduction to PovcalNet de la Banque mondiale.
  10. « Niveaux de vie – PauvretĂ© », sur Insee.fr, (consultĂ© le ).
  11. « À quels niveaux se situent les seuils de pauvretĂ© en France ? », sur Observatoire des inĂ©galitĂ©s, (consultĂ© le ).
  12. « En France, les pauvres encore plus pauvres », sur lemonde.fr, (consulté le )
  13. Pierre Breteau, « Comprendre les chiffres sur les seuils de pauvretĂ© en France », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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