Élections constituantes cambodgiennes de 1993
Les élections constituantes cambodgiennes de 1993 sont l'aboutissement de la mission de paix gérée depuis 1991 par l'autorité provisoire des Nations unies au Cambodge.
Élections constituantes cambodgiennes de 1993 | |||||
Les 120 sièges de l'Assemblée nationale. | |||||
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FUNCINPEC – Norodom Ranariddh | |||||
Voix | 1 703 212 | ||||
45,47 % | |||||
Sièges obtenus | 58 | ||||
Parti populaire cambodgien – Hun Sen | |||||
Voix | 1 454 647 | ||||
38,23 % | |||||
Sièges obtenus | 51 | ||||
Parti libéral démocratique bouddhiste – Son Sann | |||||
Voix | 139 966 | ||||
3,81 % | |||||
Sièges obtenus | 10 | ||||
Mouvement pour la libération nationale du Kampuchéa – Prum Neakaareach | |||||
Voix | 50 474 | ||||
1,37 % | |||||
Sièges obtenus | 1 | ||||
Répartition des sièges à l'Assemblée nationale | |||||
Premier ministre | |||||
Élu | |||||
Norodom Ranariddh FUNCINPEC | |||||
Les Ă©lections suivantes ont eu lieu en 1998.
RĂ©sultats
Conformément aux accords de Paris du , l'Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge avait dans ses missions « l'organisation et la tenue d'élections libres et régulières ».
La loi électorale est rédigée par un comité restreint d’experts des Nations unies, pas forcément au fait des réalités cambodgiennes. Ainsi le mode de scrutin choisi, à savoir proportionnel plurinominal par district, s’il a l’avantage de permettre une représentation des principales formations, comporte l’inconvénient de ne pas dégager de majorité forte, spécialement dans des pays comme le Cambodge qui n’ont pas de réelle tradition démocratique[1].
Au total, ce seront 20 formations qui se présenteront devant les urnes. Les plus importantes sont le Parti populaire cambodgien (PPC) de Hun Sen, Premier Ministre de l'État du Cambodge, le Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif (FUNCINPEC) dirigé par le Prince Norodom Ranariddh (fils du Chef de l'État, le Prince Norodom Sihanouk) et le Parti démocrate libéral bouddhiste (PDLB) conduit par un ancien Premier Ministre du Cambodge, M. Son Sann. Le Parti du Kampuchéa démocratique (PKD), vitrine pseudo-légale khmère rouge a choisi de son côté de boycotter ses élections[2].
Le scrutin s'est finalement déroulé du 23 au mais uniquement dans les zones qui n'étaient pas contrôlées par le PKD[3]. Malgré les menaces proférées par les dirigeants khmers rouges qui avaient juré de tout mettre en œuvre pour perturber le déroulement, près de 90 % des inscrits choisirent parmi les 3 200 candidats présentés par les partis en lice[note 1] - [1].
Si le FUNCINPEC obtient le plus de voix et de siège, les résultats restent serrés. Le PPC obtient la majorité des voix dont 11 provinces et le FUNCINPEC dans 10. En nombre de sièges, chacun des deux partis obtient la première place dans 9 provinces et sont à égalité dans 3 autres. Toutefois, si le FUNCINPEC domine 5 des 6 provinces les plus peuplées, il obtient des résultats honorables dans l’ensemble du pays, profitant de la référence à Norodom Sihanouk et au royaume du Cambodge, considéré comme un âge d’or par la plupart des Cambodgiens. Le PPC de son côté, subit une usure du pouvoir après 14 ans à la tête du pays. Les partis qui se réclamaient proches du modèle américain (le parti démocrate libéral – 1,56 % - et le PLDB – 3,81 %) essuyèrent un échec cuisant, le second nommé ayant en outre du mal à se démarquer du FUNCINPEC avec qui il partagea les destinées de la « résistance anticommuniste » au régime de la république populaire du Kampuchéa pendant plus de 10 ans[5].
Certains élus du PPC, déçus par ce résultat, tentèrent de créer une république dissidente composée des provinces de la frontière est du pays où ils étaient majoritaires. Cette tentative n'ayant pas abouti, les titulaires qui y ont participé durent céder leur siège aux suivants de la liste du même parti[6].
Néanmoins, aucune formation politique n’ayant obtenu la majorité absolue, Norodom Sihanouk, intervient pour créer une coalition gouvernementale. Après plusieurs tentatives, il parvient à un accord, en juin, qui débouche sur la création d’un gouvernement d’union nationale, dont le pouvoir est partagé entre les partisans du prince Norodom Ranariddh, vainqueurs des élections et ceux de Hun Sen qui contrôlaient toujours l’appareil d’état[7].
L'Assemblée constituante a tenu sa séance inaugurale le . Elle consacre le retour au pouvoir de Norodom Sihanouk comme roi du Cambodge, couronné le 24 septembre. Après la ratification de la nouvelle Constitution, le monarque nomme premier Premier ministre le prince Norodom Ranariddh et Hun Sen devient le second Premier ministre, respectant ainsi le compromis consenti en juin[8].
À noter que c'est la première fois, depuis l’indépendance cambodgienne, que le parti alors au pouvoir (en l'occurrence ici le Parti populaire cambodgien) ne sort pas vainqueur d’une élection.
Parti | Voix | % | Sièges |
---|---|---|---|
FUNCINPEC | 1 703 212 | 45,47 | 58 |
Parti populaire cambodgien (PPC) | 1 454 647 | 38,23 | 51 |
Parti libéral démocratique bouddhiste (PLDB) | 139 966 | 3,81 | 10 |
Parti démocrate libéral | 57 538 | 1,56 | - |
Mouvement pour la libération nationale du Kampuchéa (MOLINAKA) | 50 474 | 1,37 | 1 |
Parti des Khmers neutres | 45 681 | 1,20 | - |
Parti républicain de coalition | 39 047 | 1,04 | - |
Parti du Cambodge libre, indépendant et démocratique | 35 301 | 0,93 | - |
Parti républicain libéral | 29 977 | 0,78 | - |
Parti libéral de réconciliation | 28 368 | 0,74 | - |
Parti républicain de coalition | 26 071 | 0,69 | - |
Parti Cambodge Renaissance | 25 945 | 0,69 | - |
Parti républicain de coalition | 24 710 | 0,64 | - |
Parti du Cambodge neutre et démocratique | 22 995 | 0,61 | - |
Parti paysan libéral démocratique khmer | 19 775 | 0,52 | - |
Parti républicain de développement | 19 233 | 0,51 | - |
Rassemblement pour la solidarité nationale | 13 681 | 0,36 | - |
Parti d'action pour la démocratie et le développement | 12 852 | 0,35 | - |
Parti pour la république démocratique khmère | 10 629 | 0,29 | - |
Parti nationaliste | 7 310 | 0,20 | - |
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Élections au Cambodge » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Le 28 août, dernier jour des élections, des cadres khmers rouges du Phnom Malay (en) (province de Banteay Mean Chey) sont même descendus à Poipet pour aller voter[4].
Références
- Jean-Marie Crouzatier, Transitions politiques en Asie du Sud-Est : les institutions politiques et juridictionnelles du Cambodge, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, , 182 p. (ISBN 9782361701048, présentation en ligne), partie 1, chap. 5 (« Un destin idéalisé - Une transition aléatoire »), p. 64
- (en) « United Nations Transitional Authority in Cambodia (UNTAC) – Background (summary) », Past opérations, sur United Nations Peacekeeping (consulté le ) : « Document non officiel »
- « Lettre datée du 2 juin 1993, adressée au président du conseil de sécurité par le secrétaire général », S25879, sur Documents officiels des Nations unies, (consulté le )
- Ros Chantrabot et Alain Forest (dir.), Cambodge contemporain, Les Indes savantes, , 525 p. (ISBN 9782846541930), partie III, chap. 5 (« Situations - l'accord de paix de Paris sur le Cambodge »), p. 313
- Raoul-Marc Jennar, 30 ans depuis Pol Pot : Le Cambodge de 1979 à 2009, Paris, L'Harmattan, coll. « Points sur l'Asie », , 330 p. (ISBN 978-2-296-12345-8, lire en ligne), p. 138-139
- « Élections parlementaires en Assemblée constituante, 1993 », Base de données Parline : Cambodge - Archive, sur Interparlementaire http://www.ipu.org/french/home.htm, (consulté le )
- Raoul-Marc Jennar, « L'ONU au Cambodge. Les leçons de I'APRONUC », Études internationales, Institut québécois des hautes études internationales, vol. 26, no 2,‎ , p. 291-314 (ISSN 0014-2123, lire en ligne)
- Paul Isoart, « L'Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge », Annuaire français de droit international, no 39,‎ , p. 157-177 (DOI 10.3406/afdi.1993.3126, lire en ligne)
- CHHORN Sopheap - Les élections législatives au Cambodge depuis 1993 - Université Lumière Lyon 2 - Faculté de Droit et Science politique, 12 janvier 2004