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Son Sen

Son Sen (12 juin 1930 – 10 juin 1997) Ă©tait un homme politique cambodgien, dignitaire khmer rouge.

Son Sen
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
ou
Anlong Veng (en)
Nom dans la langue maternelle
សុន សេន
Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Partis politiques
Grade militaire
Conflit

Membre du comitĂ© central du Parti communiste du KampuchĂ©a de 1974 Ă  1992, il fut ministre de la dĂ©fense du KampuchĂ©a dĂ©mocratique. Également responsable de la police secrĂšte, il Ă©tait chargĂ© de gĂ©rer les diffĂ©rents centres d'interrogatoires du rĂ©gime.

Replié dans la jungle à partir de 1979, il sera exécuté par les derniers fidÚles de Pol Pot en 1997 avec sa femme Yun Yat, ancienne ministre khmÚre rouge de l'information, et tous les membres de sa famille.

Biographie

Il est né en 1930 dans la province sud vietnamienne de Trà Vinh[1] et y grandit au sein de la minorité khmÚre Krom[2].

En 1946, il vient Ă  Phnom Penh poursuivre ses Ă©tudes Ă  l’École Normale d’Instituteurs. Il se rapproche du parti dĂ©mocrate qui forme bientĂŽt le gouvernement et lui obtient une bourse pour Ă©tudier en France. Il fait d’abord un stage Ă  l’École Normale de Melun puis monte Ă  Paris oĂč il fait une classe prĂ©paratoire en lettres Ă  la Sorbonne. Il rejoint un groupe d’étudiants marxistes cambodgiens qui allaient devenir une vingtaine d’annĂ©es plus tard, certains des plus hauts dignitaires khmers rouges (Saloth Sar alias Pol Pot, Kim Trang futur Ieng Sary, Khieu Thirith, 
). Mais il doit retourner au Cambodge en 1953, sa bourse lui ayant Ă©tĂ© supprimĂ©e Ă  cause de ses « activitĂ©s subversives »[3].

À son retour, il rĂ©intĂšgre l’École Nationale d’Instituteurs, devenu entretemps l’Institut National de PĂ©dagogie, en tant que directeur des Ă©tudes. Ce poste lui permettra de rallier Ă  ses idĂ©es, bon nombre de futurs enseignants qu’il doit former[4]. En 1956, il est nommĂ© vice-directeur de l’école, mais ses opinions antimonarchistes lui valent rapidement des sanctions disciplinaires[5]. En 1960, il entre au Parti rĂ©volutionnaire du peuple du KampuchĂ©a (PRPK), dirigĂ© par Tou Samouth et qui deviendra Parti communiste du KampuchĂ©a en 1966[6]. Mais les engagements de Son Sen allaient bientĂŽt lui valoir de nouveaux ennuis. En 1962, accusĂ© de rĂ©pandre des idĂ©es en contradiction avec la ligne gouvernementale, il sera mutĂ© Ă  Takeo comme principal d’un collĂšge[7].

En 1963, il doit prendre le maquis, cachĂ© dans le coffre d'une voiture de l'ambassade de Chine pour Ă©chapper Ă  la police secrĂšte de Norodom Sihanouk[7]. Il va rapidement rejoindre la province de Rotanah Kiri pour mener Ă  bien l’agitation anti-gouvernementale auprĂšs des minoritĂ©s ethniques[8].

À la fin des annĂ©es 1960, avec le dĂ©veloppement de la guĂ©rilla, Sen s’était forgĂ© une rĂ©putation de meneur d’hommes et avait gravi les Ă©chelons au sein du parti. En 1968, il avait menĂ© plusieurs rĂ©voltes dans le sud-ouest du pays et certaines sources lui attribuent la direction du comitĂ© politique des provinces de Kampot, Kampong Spoe et Takeo[9].

AprĂšs sa dĂ©position en 1970 et la mise en place de la rĂ©publique khmĂšre, Norodom Sihanouk forme depuis PĂ©kin avec ses anciens ennemis communistes le Gouvernement royal d'union nationale du KampuchĂ©a (GRUNK) en exil. MĂȘme si Son Sen n’en fait pas partie, il garde quand mĂȘme une position importante au sein des troupes khmĂšres rouges. Avec Ieng Sary, il dirige la zone nord-est, une des places fortes de la guĂ©rilla. En 1972, il prend la direction de l'ensemble des forces armĂ©es khmĂšres rouges qui doivent lutter contre le gouvernement de Lon Nol[10].

En 1975, lorsque les khmers rouges s’emparent du pouvoir Ă  Phnom Penh, il pilote l'Ă©vacuation totale de la capitale. Il devient vice premier ministre, puis, en 1976, ministre de la dĂ©fense. Il gĂšre aussi le Santebal, la police secrĂšte, et, Ă  ce titre il supervise les opĂ©rations du centre de Tuol Sleng - plus connu sous le nom de code S21 - et participe activement Ă  la mise en place des mĂ©thodes d’interrogatoire et de torture[11].

Au dĂ©but de 1979, aprĂšs une faible pĂ©riode de disgrĂące liĂ©e Ă  la dĂ©route de l’armĂ©e placĂ©e sous sa responsabilitĂ© devant l’avance vietnamienne, il conserve son commandement qu’il exerce depuis les maquis de la frontiĂšre thaĂŻlandaise. Il est mĂȘme confirmĂ© en 1982, quand il est nommĂ© reprĂ©sentant khmer rouge du comitĂ© de dĂ©fense du Gouvernement de Coalition du KampuchĂ©a DĂ©mocratique (en) (GCKD) qui comprend Ă©galement des partisans de Norodom Sihanouk et ceux de Son Sann, thĂ©oriquement unis pour renverser le rĂ©gime de la RĂ©publique populaire du KampuchĂ©a installĂ© Ă  Phnom Penh par les autoritĂ©s vietnamiennes. Toutefois, au niveau militaire, cette alliance paraissait totalement dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, les partisans de Pol Pot constituant la majeure partie des effectifs[12].

À la suite des accords de paix de Paris en octobre 1991, Son Sen et Khieu SamphĂąn reviennent Ă  Phnom Penh pour nĂ©gocier avec l’APRONUC et le nouveau gouvernement cambodgien, mais ce retour provoque une Ă©meute et les deux dirigeants doivent regagner promptement la ThaĂŻlande[13].

En mai 1992, il est Ă©cartĂ© du commandement par Ta Mok, Ă  la suite d'un diffĂ©rend au sein de l’appareil khmer rouge, sur la nĂ©cessitĂ© de poursuivre ou non les nĂ©gociations[14].

Il est assassinĂ© sur ordre de Pol Pot le 10 juin 1997 Ă  Kbal Ansoang[15] - [16]. L’ancien dirigeant khmer rouge pensait que Son Sen nĂ©gociait sa reddition aux autoritĂ©s de Phnom Penh et avait de ce fait ordonnĂ© sa mise Ă  mort ainsi que celle de toute sa famille. Les 13 membres du clan, y compris femmes et enfants furent exĂ©cutĂ©s avant que leurs corps ne soient Ă©crasĂ©s par des camions[17].

Notes et références

  1. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 29
  2. Gilbert Bereziat, Cambodge 1945-2005 : soixante années d'hypocrisie des grands, Paris, L'Harmattan, coll. « Questions contemporaines », , 276 p. (ISBN 978-2-296-07947-2, présentation en ligne)
  3. Henri Locard, Pourquoi les Khmers rouges, Paris, Éditions VendĂ©miaire, coll. « RĂ©volutions », , 352 p. (ISBN 9782363580528, prĂ©sentation en ligne), « L'Angkar », p. 100
  4. Henri Locard, Pourquoi les Khmers rouges, Paris, Éditions VendĂ©miaire, coll. « RĂ©volutions », , 352 p. (ISBN 9782363580528, prĂ©sentation en ligne), « L'Angkar », p. 101
  5. Didier Epelbaum, Des hommes vraiment ordinaires : Les bourreaux gĂ©nocidaires, Paris, Éditions Stock, coll. « Essais - Documents », , 304 p. (ISBN 978-2-234-07721-8, prĂ©sentation en ligne), chap. II (« Les systĂšmes - les chefs »), p. 72
  6. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 184
  7. (en) David Porter Chandler, Voices from S-21 : Terror and History in Pol Pot's Secret Prison, University of California Press, , 251 p. (ISBN 978-0-520-22005-8), p. 19
  8. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 9780300102628, présentation en ligne), p. 212
  9. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 269
  10. (en) Ben Kiernan, How Pol Pot came to power : colonialism, nationalism, and communism in Cambodia, 1930-1975, Yale University Press, , 430 p. (ISBN 978-0-300-10262-8, présentation en ligne), p. 308
  11. (en) David Porter Chandler, Voices from S-21 : Terror and History in Pol Pot's Secret Prison, University of California Press, , 251 p. (ISBN 978-0-520-22005-8), p. 19-20
  12. Henri Locard, Pourquoi les Khmers rouges, Paris, Éditions VendĂ©miaire, coll. « RĂ©volutions », , 352 p. (ISBN 9782363580528, prĂ©sentation en ligne), « L'Angkar », p. 101-102
  13. Solomon Kane (trad. de l'anglais par François Gerles, préf. David Chandler), Dictionnaire des Khmers rouges, IRASEC, , 460 p. (ISBN 9782916063270), « SON (Sen) », p. 356
  14. David Porter Chandler (trad. Franck Straschitz), Pol Pot : FrÚre numéro un [« Brother Number One : A Political Biography Of Pol Pot »], Plon, , 343 p. (ISBN 978-2-259-02592-8), p. 175
  15. Henri Locard, Pourquoi les Khmers rouges, Paris, Éditions VendĂ©miaire, coll. « RĂ©volutions », , 352 p. (ISBN 9782363580528, prĂ©sentation en ligne), « L'Angkar », p. 102
  16. « Cambodge. Arrestation annoncée de Pol Pot » », EncyclopÊdia Universalis (en ligne) (consulté le )
  17. Sylvaine Pasquier, « La derniĂšre cavale de Pol Pot. TraquĂ© par ses propres troupes, le tyran khmer rouge s'est lancĂ© dans une fuite sanglante », L'Express,‎
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