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Norodom Ier

Le roi Norodom Ier (nĂ© Ang Voddey en fĂ©vrier 1834) a rĂ©gnĂ© sur le Cambodge de 1860 jusqu’à sa mort, le .

Norodom Ier
Illustration.
Titre
Roi du Cambodge
–
(43 ans, 6 mois et 5 jours)
Couronnement
Prédécesseur Ang Duong
Successeur Sisowath
Biographie
Nom de naissance Ang Voddey
Date de naissance
Lieu de naissance Angkor Borei
Date de décÚs
Lieu de décÚs Bangkok
PĂšre Ang Duong
MĂšre Pen
Conjoint Voir chapitre Postérité
Enfants Voir chapitre Postérité

Norodom Ier
Monarques du Cambodge

Il est connu pour ĂȘtre le premier monarque du protectorat français du Cambodge.

Étymologie

Son nom dérive du sanskrit Narottama : « le meilleur (uttama) des hommes (nara) », une épithÚte de Vishnu.

Biographie

PiÚce de 2 francs cambodgiens en argent, millésimée « 1860 », émise à partir de 1875.

Ang Voddey, fils aßné du roi Ang Duong, passe sa jeunesse à étudier à Bangkok, afin de renforcer les liens entre le royaume khmer et le Siam qui exerce alors sa suzeraineté sur le Cambodge[1].

En 1856, sentant sa derniÚre heure approcher, Ang Duong demanda à la cour de Bangkok de lui renvoyer son fils aßné, qui lui succédera plus tard sous le nom de Norodom Ier[2].

En fait, le choix d’Ang Voddey Ă©tait tout sauf Ă©vident. Selon les chroniques du Siam, le roi Rama IV, au courant de son impopularitĂ© espĂ©rait qu’il devrait rapidement faire appel Ă  lui pour consolider son trĂŽne et rĂ©frĂ©ner ainsi chez lui toute vellĂ©itĂ© d’indĂ©pendance[3].

Au dĂ©but, la prĂ©diction du monarque siamois sembla se rĂ©aliser. Plusieurs dignitaires se rangeaient derriĂšre Si Votha, un autre des fils d’Ang Duong. Norodom est obligĂ© d’aller chercher Ă  Bangkok une armĂ©e siamoise qui ira le rĂ©installer sur le trĂŽne Ă  Oudong. Toutefois, afin de desserrer l’étreinte de ses voisins de l’Ouest, le roi se rapproche des Français qui sont en train d’investir la Cochinchine et espĂšrent pouvoir utiliser le MĂ©kong pour trouver un dĂ©bouchĂ© vers la Chine[4].

Un traitĂ© de protectorat est signĂ© le , qui garantit notamment une aide française en cas d’agression extĂ©rieure en Ă©change du droit pour les ressortissants français de s’installer et de la libertĂ© de pratiquer la religion chrĂ©tienne. Toutefois, Norodom s’apercevra vite que certaines autres clauses Ă©taient beaucoup plus contraignantes. Au dĂ©but de 1864, il envisage de se rendre Ă  Bangkok, mais en est vite dissuadĂ© par Ernest Doudart de LagrĂ©e, le reprĂ©sentant français, qui lui signifie que s’il persistait dans son dĂ©sir, son dĂ©part pourrait ĂȘtre dĂ©finitif. Il ne s’agit lĂ  que des prĂ©misses d’une prise de contrĂŽle qui ira en s’accentuant sans que le monarque ne puisse inverser le cours des choses. En fait, Norodom est pris dans une nasse et ne peut se passer des Français. Dans les annĂ©es 1860, il fait face Ă  des rĂ©voltes pour lesquelles il doit demander l’intervention des troupes du nouveau protecteur pour sauver son trĂŽne. Il devra Ă  nouveau dĂ©chanter quand, en 1867, les Français, dont le MĂ©kong restait la principale source d’intĂ©rĂȘt dans la rĂ©gion, cĂ©daient leurs droits nouvellement acquis sur les provinces de Battambang et Siem Reap au Siam qui n’en demandait pas tant. Les relations se tendent encore d’un cran Ă  partir de 1868, quand l’expĂ©dition de Doudart de LagrĂ©e et Francis Garnier conclut Ă  l’impossibilitĂ© de naviguer sur le MĂ©kong jusqu’à la Chine et que la France dĂ©cide de recentrer sa politique coloniale vers la « mise en valeur » de ses possessions et exige du roi des rĂ©formes visant Ă  « amĂ©liorer l'efficacitĂ© » de la fiscalitĂ© et de l’administration. Norodom montre sa dĂ©sapprobation et, en se posant en gardien des traditions voit un moyen de redorer son blason auprĂšs de ses sujets. La situation se dĂ©bloquera au dĂ©triment du monarque en 1875, quand une nouvelle rĂ©volte du prince Si Votha nĂ©cessitera l’intervention des troupes coloniales en Ă©change d’un train de rĂ©formes par lesquelles le roi devra cĂ©der le gouvernement effectif de son pays Ă  un conseil des ministres que les protecteurs espĂšrent pouvoir mieux contrĂŽler et oĂč le rĂŽle de Norodom est rĂ©duit Ă  la portion congrue. Toutefois, la mise en application des accords se fera attendre Ă  cause notamment des nombreuses manƓuvres dilatoires du roi et amena les Français Ă  faire preuve d’une plus grande fermetĂ©. Le , des canonniĂšres prennent place devant le palais royal de Phnom Penh alors que le gouverneur de la Cochinchine Charles Thomson impose Ă  Norodom la signature d'une convention qui renforce le protectorat en donnant la gestion des affaires intĂ©rieures aux Français[5].

Norodom Ier en 1903.

Dans les annĂ©es qui suivent, Norodom exĂ©cute, plutĂŽt Ă  contrecƓur, les fonctions reprĂ©sentatives qui lui restent attribuĂ©es. Les choses s’enveniment Ă  partir de 1896, quand le rĂ©sident gĂ©nĂ©ral Louis Albert Huyn de VernĂ©ville, lassĂ© par la mauvaise volontĂ© du monarque, dĂ©cidait de procĂ©der au remplacement du roi. Il laissa entendre que la santĂ© de Norodom dĂ©faillait, qu’il « parait avoir la plus grande peine Ă  rassembler ses idĂ©es » et insinuait qu’attendre le dĂ©cĂšs pour rĂ©gler la succession risquait d’aboutir Ă  une grave crise. Il proposait donc de mettre sans tarder sur le trĂŽne Sisowath un autre des fils d’Ang Duong. En attendant, il profitait d’un certificat mĂ©dical rĂ©digĂ© par un mĂ©decin conciliant pour retirer ses derniĂšres prĂ©rogatives au monarque. En mars, toutefois, Paul Doumer, rĂ©cemment nommĂ© gouverneur gĂ©nĂ©ral se rend sur place afin de se rendre compte par lui-mĂȘme de la situation. Il rencontre un Norodom en parfaite santĂ© ; la supercherie est dĂ©couverte et, si de VernĂ©ville est mutĂ©, le roi ne retrouve pas le pouvoir qui Ă©tait le sien avant cette affaire. En 1900, aprĂšs avoir affirmĂ© son intention de se rendre Ă  l’Exposition Universelle, il doit y renoncer et envoie un de ses fils, le prince Yukanthor, qui lors de son sĂ©jour remet un mĂ©morandum aux autoritĂ©s françaises oĂč il dĂ©nonce le mauvais traitement infligĂ© Ă  son pĂšre par l’administration coloniale, la corruption des ministres nommĂ©s par les rĂ©sidents gĂ©nĂ©raux, la destitution des fonctionnaires restĂ©s fidĂšles au roi. L’affaire sera Ă©touffĂ©e, arguant que les rĂ©criminations du prince Ă©taient surtout motivĂ©es par la perte de quelques privilĂšges tels que l’esclavage royal ou l’organisation des jeux de hasard ; le protectorat saura toutefois se rappeler l’action d’éclat du prince quand viendra l’heure de remplacer son pĂšre sur le trĂŽne alors que Yukanthor y gagnera une image d’icĂŽne dans les futurs mouvements indĂ©pendantistes. Quant au roi, sa santĂ© dĂ©cline et, le , on lui dĂ©tecte une tumeur Ă  la mĂąchoire, dont il dĂ©cĂ©dera le [6].

Ses restes sont incinérés dans la nécropole royale d'Oudong, au début de 1906[7].

Postérité

Du roi Norodom Ier et de ses 45 Ă©pouses sont issus 27 fils et 34 filles Ă  l'origine de la famille royale « Norodom » dont le Prince Norodom Sutharot (1871-1945), 22e fils, Ă©poux de sa demi-sƓur la princesse Baghavathi Panganguni (1874-1944) (29e fille) ; de cette union est issu Norodom Suramarit, roi du Cambodge[8].

Références

  1. (fr) « Norodom Ier (1835-1904) - roi du Cambodge (1860-1904) », EncyclopÊdia Universalis (consulté le ).
  2. (en) George CƓdùs, The making of South East Asia, University of California Press, , 268 p..
  3. (en) ThipākĆÌœnwongmahākƍsāthibĆÌœdÄ«, Op Thammasānnēti, Khun Ying ThammasānnÄ«ti, HĆÌœsamut hÇŁng Chāt et Yunesko Higashi Ajia Bunka KenkyĆ« Sentā (trad. Chadin Kanjanavanit Flood), The dynastic chronicles: Bangkok era, the Fourth Reign, B.E. 2394-2411 (A.D. 1851-1868), vol. 5, Centre for East Asian Cultural Studies, , p. 254-255.
  4. (fr) François Ponchaud, Une BrÚve Histoire du Cambodge, Siloë, , 142 p. (ISBN 978-2-84231-417-0, présentation en ligne), « Le protectorat français (1863-1953) », p. 45.
  5. (fr) Alain Forest, Le Cambodge et la colonisation française : Histoire d'une colonisation sans heurts (1897 - 1920), vol. 1, Éditions L'Harmattan, coll. « Centre de documentation et de recherches sur l'Asie du Sud-Est et le monde insulindien », , 546 p. (ISBN 9782858021390), chap. I (« Les annĂ©es d'impuissance coloniale »), p. 6-12.
  6. (fr) Alain Forest, Le Cambodge et la colonisation française : Histoire d'une colonisation sans heurts (1897 - 1920), vol. 1, Éditions L'Harmattan, coll. « Centre de documentation et de recherches sur l'Asie du Sud-Est et le monde insulindien », , 546 p. (ISBN 9782858021390), chap. IV (« DĂ©tournement de pouvoir »), p. 59-70.
  7. (fr) « Le bĂ»cher du roi Norodom », Le Petit Parisien illustrĂ©, no 885,‎ (ISSN 0999-2707, lire en ligne).
  8. (en) « Cambodia - The Varman dynasty - Genealogy », sur The royal ark - Royal and ruling houses of Africa, Asia, Oceania and the Americas (consulté le ).
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