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Croate

Le croate (en croate : hrvatski) est l’une des variĂ©tĂ©s standard, utilisĂ©e par les Croates, de la langue serbo-croate[2], dĂ©signĂ©e par certains linguistes « diasystĂšme slave du centre-sud »[3], ĆĄtokavski jezik « langue chtokavienne »[4], standardni novoĆĄtokavski « nĂ©ochtokavien standard »[5] ou BCMS (bosnien-croate-montĂ©nĂ©grin-serbe)[6].

Croate
hrvatski
Pays Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie (Voïvodine)
Nombre de locuteurs Croatie : 4 100 000 (2011)[1]
Total : 7 500 000[1]
Nom des locuteurs croatophones
Typologie SVO + ordre libre, flexionnelle, accusative, accentuelle, Ă  accent de hauteur
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau de la Croatie Croatie
Drapeau de l’Union europĂ©enne Union europĂ©enne
Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Drapeau de VoĂŻvodine VoĂŻvodine (Serbie)
RĂ©gi par Institut za hrvatski jezik i jezikoslovlje
Codes de langue
IETF hr
ISO 639-1 hr
ISO 639-2 hrv
ISO 639-3 hrv
Étendue langue individuelle
Type langue vivante
Linguasphere 53-AAA-gc – Hrvatski-F
53-AAA-gf – Hrvatski-G
Glottolog croa1245
Échantillon
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français)

Članak 1 : Sva ljudska bića rađaju se slobodna i jednaka u dostojanstvu i pravima. Ona su obdarena razumom i svijeơću i trebaju jedno prema drugome postupati u duhu bratstva.
Carte
Image illustrative de l’article Croate
Distribution du croate (en bleu) en Croatie et dans les pays voisins (2006).

Du point de vue de la sociolinguistique, le serbo-croate est une langue standardisée pluricentrique[7] commune aux Serbes, aux Croates, aux Bosniaques et aux Monténégrins, ayant pour base son dialecte chtokavien, ses autres variétés standard étant le serbe, le bosnien et le monténégrin[8].

La standardisation du croate actuel fut commencĂ©e dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, par un groupe de lettrĂ©s ayant Ă  leur tĂȘte Ljudevit Gaj, partiellement en accord avec certains lettrĂ©s serbes, premiĂšrement Vuk Stefanović KaradĆŸić, qui Ɠuvraient Ă  la standardisation de la langue littĂ©raire serbe[9]. Il en a rĂ©sultĂ© un standard peu diffĂ©rent de celui du serbe, notamment par l’alphabet latin rĂ©formĂ© par Ljudevit Gaj et son orthographe pratiquement phonĂ©mique. Cet alphabet correspondait exactement Ă  l’alphabet cyrillique proposĂ© par KaradĆŸić, et il fut adoptĂ© ultĂ©rieurement par le standard serbe Ă  cĂŽtĂ© du cyrillique. AprĂšs la dĂ©sintĂ©gration de la Yougoslavie, le croate est devenu officiel avec l’appellation « langue croate »[10], et de sa norme s’occupe l’Institut de la langue croate et de la linguistique[11].

Répartition géographique et statut

Le nombre total des Croates est estimĂ© Ă  environ six millions. Si au sujet de ceux de Croatie et des autres rĂ©publiques ex-yougoslaves on peut affirmer qu’ils parlent croate, on ne peut pas dire combien de ceux des pays limitrophes ou plus ou moins lointains le connaissent, Ă  moins que les statistiques disponibles ne le prĂ©cisent. Le croate est Ă©galement parlĂ© par des minoritĂ©s croates dans les pays voisins ou proches, oĂč ils vivent depuis l’époque de l’empire d'Autriche et/ou de l’ex-Yougoslavie, ainsi que dans l’émigration :

PaysNombre de personnesStatut des personnesAnnée
Croatie4 096 305de langue maternelle croate2011[12]
3 059de langue maternelle croato-serbe
Bosnie-HerzĂ©govine3 861 912 (15,4 % de la population totale)d’ethnie croate2016[13]
14,6 % de la populationde langue maternelle croate
Chili380 000d’origine croate[14]
Argentine250 000, dont 8 000 nĂ©es en Croatied’origine croate[14]
Allemagne219 541citoyens de la Croatie2011[15]
Autriche131 000locuteurs de croate du Burgenland2003[16]
44 489nĂ©es en Croatie2015[17]
Suisse100 000d’origine croate1996[18]
Australie61 548parlant croate Ă  la maison2011[19]
États-Unis d'AmĂ©rique53 040parlant croate Ă  la maison2013[20]
Canada52 330de langue maternelle croate2011[21]
BrĂ©sil50 000, dont 15 000 nĂ©es en Croatied’origine croate[14]
SlovĂ©nie35 642d’ethnie croate2002[22]
Serbie19 223de langue maternelle croate2011[23]
Hongrie16 053parlant croate en famille, avec les amis2011[24]
Italie17 472citoyens de la Croatie2019[25]
1 000locuteurs de croate de Molise2012[26]
PĂ©rou6 800, dont 800 nĂ©es en Croatied’origine croate[14]
SuĂšde6 221citoyens de la Croatie2016[27]
MontĂ©nĂ©gro6 021d’ethnie croate2011[28]
Roumanie5 167de langue maternelle croate2011[29]
Uruguay5 000d’origine croate[14]
MacĂ©doine du Nord2 686d’ethnie croate2002[30]

Le croate est langue officielle en Croatie, en Bosnie-HerzĂ©govine, au MontĂ©nĂ©gro[31], en Serbie, dans la province de VoĂŻvodine[32], et Ă  l’Union europĂ©enne.

Le croate a le statut de langue minoritaire en Autriche (Burgenland)[33] et en Italie (Molise)[34]. En Roumanie, le croate peut ĂȘtre utilisĂ© dans les rapports avec l’administration publique locale, dans les localitĂ©s oĂč ceux dont c’est la langue maternelle constituent plus de 20 % de la population[35]. C’est le cas des localitĂ©s Carașova et Lupac du județ de Caraș-Severin. La langue y est Ă©galement enseignĂ©e, de l’école maternelle jusqu’au baccalaurĂ©at[36].

Variétés régionales

Répartition des dialectes du croate en Croatie et Bosnie-Herzégovine

Les variĂ©tĂ©s rĂ©gionales du croate[37] sont considĂ©rĂ©es de deux points de vue : morphologique d’abord, phonologique ensuite.

1. En prenant pour distinction la forme du pronom interrogatif signifiant « quoi » (ĆĄto, ča et kaj), on distingue trois dialectes :

  • le chtokavien (ĆĄtokavski), parlĂ© dans la moitiĂ© de la Croatie : en Slavonie (Croatie du Nord-Est), en Zagora (Dalmatie continentale), Ă  Dubrovnik et dans ses environs, en HerzĂ©govine et en Bosnie centrale. C’est la base sur laquelle est fondĂ© le croate standard actuel.
  • le tchakavien (čakavski), parlĂ© en Istrie, dans la rĂ©gion de Lika, sur la plupart des Ăźles de l'Adriatique, sur le littoral au nord de la rĂ©gion de Dubrovnik, Ă  l’intĂ©rieur des terres, principalement dans la vallĂ©e de la Gacka. Le tchakavien Ă©tait la langue du Royaume croate des XIIe – XVIe siĂšcles.
  • le kaĂŻkavien (kajkavski), parlĂ© au Nord-Ouest et au centre-Ouest du pays (dans les rĂ©gions Zagorje, Prigorje, Turopolje, Gorski Kotar, Međimurje, Podravina, Ćœumberak, Banija, Moslavina) et autour de Zagreb. Le kaĂŻkavien Ă©tait le dialecte prĂ©dominant en Croatie du XVIe siĂšcle au XIXe siĂšcle.

2. Une autre division, qui se superpose aux dialectes, est opĂ©rĂ©e Ă  partir de la façon dont a Ă©voluĂ© le son ĕ du vieux-slave, que l'on dĂ©signe du nom de « yat ». Selon ce critĂšre, il y a trois variĂ©tĂ©s nommĂ©es izgovori « prononciations » :

  • ikavienne (ikavski), dans laquelle « yat » a Ă©voluĂ© en i, par exemple dans les mots čovik « homme » et rika « riviĂšre », employĂ©e en Lika, en Dalmatie, en Slavonie, en Bosnie centrale, par des Tchakaviens sur le littoral et sur la plupart des Ăźles, et par des KaĂŻkaviens (vallĂ©es de Kupa, Dobra, Sutla, etc.).
  • Ă©kavienne (ekavski), oĂč « yat » a donnĂ© e : čovek, reka. Cette prononciation, qui n’est pas non plus standard, est surtout celle de KaĂŻkaviens et Tchakaviens du Nord-Est de l'Istrie.
  • (i)jĂ©kavienne ((i)jekavski), dans laquelle « yat » est devenu je (prononcĂ© « yĂ© ») dans certains mots (čovjek) et ije (« iyĂ© ») dans d’autres (rijeka). Cette prononciation est la seule admise par le croate standard.

Histoire

Cette section prĂ©sente briĂšvement l’histoire externe de la langue croate[38].

Les débuts

Les premiers textes rĂ©digĂ©s par des Croates ont Ă©tĂ© Ă©crits au IXe siĂšcle en vieux-slave, avec l’alphabet glagolitique, mais ils ne se sont pas conservĂ©s. Les plus vieux textes glagolitiques croates conservĂ©s datent du XIe siĂšcle, la plupart gravĂ©s dans la pierre, comme la stĂšle de BaĆĄka (Ăźle de Krk). C’est le premier texte en vieux-slave avec des Ă©lĂ©ments de la langue vernaculaire. Il est remarquable par ses dimensions et par l’importance du texte qui, pour la premiĂšre fois, mentionne le peuple croate.

StĂšle de BaĆĄka (un peu avant 1100)

Au XIIe siĂšcle on commence Ă  utiliser l’alphabet cyrillique Ă©galement. L’alphabet latin n’est employĂ© qu’à partir du XIVe siĂšcle, coexistant pendant quelque temps avec les deux premiers. L’utilisation du glagolitique dure jusqu’à la fin du XVe siĂšcle, et pour certaines rĂ©gions cĂŽtiĂšres jusqu’au dĂ©but du XIXe siĂšcle.

Jusqu’à la seconde moitiĂ© du XVe siĂšcle, la littĂ©rature est Ă©crite en slavon d'Ă©glise croate. Sa pĂ©riode de gloire se situe aux XIVe – XVe siĂšcles, Ă©tant illustrĂ©e par des Ɠuvres telles le Missel du duc Novak (1368, rĂ©gion de Lika, au Nord-Ouest de la Croatie), et l’ÉvangĂ©liaire de Reims (1395), rĂ©digĂ© en partie en glagolitique. D’autres livres de cette Ă©poque sont le Missel du duc Hrvoje (1404, de Split, en Dalmatie) et le premier missel imprimĂ© (1483). Aussi les Croates Ă©taient-ils les seuls catholiques d’Europe qui avaient l’autorisation de Rome de ne pas se servir du latin dans la liturgie, ni de l’alphabet latin[39].

Missel du duc Novak (1368)

Aux XIIe – XVe siĂšcles, la langue slave du sud parlĂ©e sur le territoire de l’ancienne Yougoslavie se morcelle en de nombreux parlers, groupĂ©s dans les dialectes qui existent aujourd’hui encore.

  • Le premier dialecte qui se distingue des autres est le tchakavien, dans lequel sont Ă©crits les premiers textes croates laĂŻques, avec des Ă©lĂ©ments de slavon, au XIIIe siĂšcle : Vue sur le pays d’Istrie (1275) et le Codex de Vinodol (1288). Le premier dictionnaire croate, Ɠuvre de Faust Vrančić (1595), est principalement celui du dialecte tchakavien.
Vue sur le pays d’Istrie (1275)
Codex de Vinodol (1288)
  • Le dialecte chtokavien aussi est attestĂ© d’abord avec des Ă©lĂ©ments slavons. Le premier Ă©crit complet dans ce dialecte est le Missel croate du Vatican, transcrit Ă  partir du dialecte tchakavien dans les annĂ©es 1380-1400, Ă  Dubrovnik, en Dalmatie. La littĂ©rature croate dans ce dialecte se dĂ©veloppe d’abord en Dalmatie et en Slavonie.
Missel croate du Vatican (1380-1400)
  • Le dernier Ă  entrer dans la littĂ©rature croate est le dialecte kaĂŻkavien, en 1578, avec l’ouvrage Postil, d’Antun Vramec. Ce dialecte arrive Ă  s’affirmer parce que les rĂ©gions oĂč il est parlĂ© sont les seules Ă  ne pas ĂȘtre tombĂ©es sous la domination de l’Empire ottoman. Il est utilisĂ© jusqu’au dĂ©but du XIXe siĂšcle par de nombreux Ă©crivains, dont les plus connus sont BlaĆŸ Đurđević, Andrija JambreĆĄić et TituĆĄ Brezovački.

Le croate moderne et sa standardisation

Le croate moderne, c’est-Ă -dire peu diffĂ©rent de celui du XXIe siĂšcle, commence Ă  s’imposer aux XIVe – XVe siĂšcles. Sa premiĂšre attestation importante est le Missel croate du Vatican.

La grammaire Bartul Kaơić (1604)

Les premiers éléments de standardisation datent du XVIIe siÚcle, appelé aussi époque du Slavisme baroque, la standardisation étant reflétée par la littérature de cette époque. Ce qui contribue essentiellement à la formation du croate moderne est :

  • l’activitĂ© du linguiste Bartul KaĆĄić. Ce jĂ©suite rĂ©dige la premiĂšre grammaire du croate (Institutionum linguae illyricae libri duo, Rome, 1604), fondĂ©e principalement sur le dialecte chtokavien, mais avec de nombreux Ă©lĂ©ments tchakaviens. Le mĂȘme KaĆĄić traduit la Bible dans la variĂ©tĂ© (i)jĂ©kavienne du dialecte chtokavien. Un travail de KaĆĄić qui a influencĂ© encore plus le dĂ©veloppement du croate littĂ©raire est le Rituel romain (1640, plus de 400 pages), premiĂšre traduction d’un livre de liturgie catholique dans une langue vivante.
  • les travaux d’un autre jĂ©suite, l’Italien Giacomo Micaglia (appelĂ© en croate Jakov Mikalja). Il publie Thesaurus lingvae illyricae (Loreto, 1649 ; AncĂŽne, 1651), un dictionnaire croate-italien-latin, basĂ© essentiellement sur le mĂȘme dialecte chtokavien Ă  prononciation (i)jĂ©kavienne.
  • les Ă©crits du franciscain Matija Divković de Bosnie : rĂ©cits inspirĂ©s de la Bible, sermons et Ă©crits polĂ©miques, dans l’esprit de la Contre-RĂ©forme.
  • la poĂ©sie raffinĂ©e d’Ivan Gundulić de Dubrovnik.

Le mouvement illyrien

La standardisation du croate est Ă©troitement liĂ©e Ă  l’éveil de la conscience nationale des Croates, qui s’inscrit dans la tendance gĂ©nĂ©rale de l’Europe de la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle[40]. DĂšs 1812, Ć ime Starčević publia Ă  Trieste une Nouvelle grammaire illyrienne (en croate, Nova irilička gramatika). Il Ă©tait le prĂ©curseur de ce qu’on appelle le « Renouveau national croate » qui fut menĂ© par le Mouvement illyrien, auquel participait surtout la jeunesse intellectuelle d’origine bourgeoise. Son chef Ă©tait Ljudevit Gaj, linguiste, homme politique, journaliste et Ă©crivain d’origine française. Dans son livre Kratka osnova horvatsko-slavenskog pravopisanja (AbrĂ©gĂ© d’orthographe croato-slavonne) (Buda, 1830), il proposa l'alphabet qui continue d'ĂȘtre utilisĂ© par le croate du XXIe siĂšcle, fondĂ© sur l’alphabet latin, avec des diacritiques empruntĂ©s aux alphabets du tchĂšque et du polonais, ainsi qu’une orthographe phonĂ©mique. Cette graphie se gĂ©nĂ©ralisa par la suite sur tout le territoire habitĂ© par des Croates, Ă  la place des graphies italienne, allemande et hongroise utilisĂ©es dans les rĂ©gions respectives.

C’est Ă  cette Ă©poque que s’imposa le standard unitaire du croate fondĂ© sur le dialecte chtokavien Ă  prononciation (i)jĂ©kavienne, la littĂ©rature dans les autres dialectes tombant en dĂ©suĂ©tude.

L’idĂ©ologie du Mouvement illyrien ne se limitait pas Ă  la Croatie. Son idĂ©al Ă©tait l’union de tous les Slaves du sud, des SlovĂšnes et jusqu’aux Bulgares, qui vivaient tous sous domination Ă©trangĂšre, en une utopique nation illyrienne. Ses aspirations concordaient avec celles de certains lettrĂ©s serbes, ce qui mena sur le plan linguistique Ă  l’idĂ©e de langue serbo-croate. Il y avait en effet une convergence entre la rĂ©forme de Vuk Stefanović KaradĆŸić concernant le serbe, qui fonda le standard de celui-ci sur le mĂȘme dialecte chtokavien, et celle de Ljudevit Gaj. Cela se manifesta, entre autres, dans l’« Accord de Vienne » (1850), signĂ© par sept lettrĂ©s croates et serbes (dont Vuk KaradĆŸić), Ă  l’initiative du linguiste slovĂšne Franc MikloĆĄič. Cet accord Ă©tablit certaines normes communes pour les langues croate et serbe.

À partir de cette Ă©poque, le domaine linguistique interfĂšre avec le domaine politique, et ce y compris au XXIe siĂšcle, la relation entre croate et serbe oscillant d’une Ă©poque Ă  l’autre entre l’idĂ©e d’une langue unique et celle de deux langues Ă  part, en fonction des Ă©vĂšnements historiques que leurs locuteurs traversent.

Dans la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, les mouvements pour l’indĂ©pendance s’intensifient. Pour beaucoup de Croates, cette indĂ©pendance n’est rĂ©alisable que dans l'union avec les autres Slaves du sud, et d'abord avec les Serbes. L’évĂȘque croate de Đakovo, Josip J. Strossmayer, Ă©labore en 1866 un premier programme d’unification des Slaves du sud de l’empire d'Autriche, utilisant le terme « yougoslave », et fonde Ă  Zagreb l’AcadĂ©mie yougoslave des sciences et des arts. Deux Ă©coles principales se dessinent alors dans le domaine linguistique :

  • L’école appelĂ©e « de Zagreb » cherche Ă  dĂ©velopper le croate en se tournant vers d’autres langues slaves (le slovĂšne, le russe, le tchĂšque), tout en acceptant dans le standard des Ă©lĂ©ments des dialectes tchakavien et kaĂŻkavien.
  • L’école nommĂ©e des « vukoviens croates » ou des « jeunes grammairiens » suit les idĂ©es de Vuk KaradĆŸić. Leur influence est notable Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe, rĂ©ussissant Ă  imposer dĂ©finitivement l’orthographe phonĂ©mique et le standard Ă  base chtokavienne.

XXe siĂšcle

Le rapprochement entre croate et serbe continue aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, cette fois dans le cadre du Royaume des Serbes, des Croates et des SlovĂšnes, devenu plus tard le Royaume de Yougoslavie, sous l’égide de la Serbie, pays vainqueur dans la guerre. L’idĂ©e de la langue serbo-croate est de plus en plus soutenue par les autoritĂ©s de Belgrade. Plus encore, ces derniĂšres cherchent Ă  imposer le serbe Ă  prononciation Ă©kavienne comme langue de tout l’État, ce qui n'est pas du goĂ»t des Croates dĂ©sireux d'indĂ©pendance.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale est fondĂ© l’État indĂ©pendant de Croatie, satellite de l’Allemagne nazie, qui dĂ©clenche une persĂ©cution terrible contre la minoritĂ© serbe. Sur le plan linguistique, une « purification » du croate a pour but d'en Ă©liminer les Ă©lĂ©ments serbes[41].

Dans la seconde Yougoslavie, la promotion de la langue serbo-croate et les tentatives d’estomper les diffĂ©rences entre le croate et le serbe deviennent les composantes d'une politique linguistique officielle, acceptĂ©e Ă©galement par les communistes croates, ce qui ressort clairement de l’« Accord de Novi Sad » (1954). SignĂ© par 25 linguistes et Ă©crivains, 18 serbes et sept croates, on y stipule que la langue commune des Serbes, des Croates, des MontĂ©nĂ©grins et des Bosniaques est le serbo-croate, que l’on peut aussi appeler croato-serbe, ayant deux variantes littĂ©raires, le serbe et le croate. On dĂ©cide par la mĂȘme occasion de crĂ©er un dictionnaire unique. Toutefois, en Croatie, l’appellation de la langue officielle reste « croate » (entre 1943 et 1970), puis « croate ou serbe » (entre 1970 et 1990).

À la suite de la relative libĂ©ralisation du rĂ©gime dans les annĂ©es 1960, les intellectuels croates manifestent leur mĂ©contentement causĂ© par la domination du serbe dans les instances officielles. En 1967, sept linguistes et Ă©crivains rĂ©digent une « DĂ©claration au sujet de la situation et de la dĂ©nomination de la langue littĂ©raire croate », oĂč l’on revendique de mettre sur un pied d’égalitĂ© non pas trois, mais quatre langues de Yougoslavie : le slovĂšne, le croate, le serbe et le macĂ©donien, et de mettre un terme Ă  la domination du serbe sur le plan Ă©tatique et dans les institutions fĂ©dĂ©rales. Dans les annĂ©es 1970 (Ă©poque appelĂ©e le « Printemps croate »), la langue littĂ©raire croate est dĂ©clarĂ©e entitĂ© Ă  part.

À la suite de la proclamation de la souverainetĂ© de la Croatie (1991) et des guerres en Yougoslavie, les tendances puristes vouĂ©es Ă  sĂ©parer le croate du serbe se renforcent, dĂ©nonçant et rejetant les « serbismes » et les « internationalismes »[42]. On rĂ©introduit dans la langue de nombreux mots plus ou moins sortis de l’usage depuis des dĂ©cennies, et on crĂ©e des nĂ©ologismes Ă  base slave.

Phonologie, phonétique et prosodie

Cette section traite de façon succincte des principaux aspects phonologiques, phonétiques et prosodiques du croate[43].

La correspondance graphie–prononciation

Le croate possÚde 32 phonÚmes, son écriture étant en grande partie phonémique. Les lettres et les phonÚmes correspondent entre eux comme suit :

LettreTranscription phonétiquePrononcée à peu prÚs comme dans
A, a/a/arc
B, b/b/bon
C, c/tÍĄs/tsar
Č, č/tÍĄÊƒ/tchĂšque
Ć, ć/t͡ɕ/tien (t mouillĂ©)
D, d/d/donner
Đ, đ/dÍĄÊ‘/diable (d mouillĂ©)
DĆœ, dĆŸ/dÍĄÊ’/l’anglais gin
E, e/e/été
F, f/f/film
G, g/g/gare
H, h/x/entre le h aspiré de « hahaha » et le j espagnol de « Juan »
I, i/i/idée
ije/i͜j/[44]pierre
J, j/j/yeux
K, k/k/kilo
L, l/l/lac (l plus dur qu'en français)
Lj, lj/ʎ/lien (l mouillĂ©)
M, m/m/mal
N, n/n/nage
Nj, nj/ÉČ/indignĂ©
O, o/o/orange
P, p/p/pas
R, r/r/rare (r roulé)
/rÌ„/[44] vocalique–
S, s/s/sac
Ć , ĆĄ/ʃ/chat
T, t/t/tour
U, u/u/ourlet
V, v/ʋ/voix
Z, z/z/zĂšle
Ćœ, ĆŸ/ʒ/jour

Voyelles:

Trapùze vocalique du croate. — Le schwa central /ə/ n’est pas discriminant d’un point de vue phonologique.
antérieure centrale postérieure
Voyelle fermée i /i/ u /u/
Aperture mĂ©diane e /e/ ou /ɛ/ o /o/ ou /ɔ/
Voyelle ouverte a /a/
La fréquence des voyelles et des consonnes[47].

Remarques :

  • R entre deux consonnes ou en dĂ©but de mot peut constituer un sommet de syllabe, comme les voyelles, par exemple dans vrt « jardin » et rzati « hennir ».
  • L’orthographe croate est en principe phonĂ©mique, mais il y a des exceptions :
    • Chaque voyelle peut ĂȘtre brĂšve ou longue mais l’écriture habituelle ne les distingue pas : zlato [zlaːto] « or », ruka [ruːka] « main ».
    • Les assimilations entre consonnes (voir plus bas) ne sont pas rendues par Ă©crit en fin de mot : ĆĄef ga pita [ʃeːv] ga pita « le chef lui demande », zec [zeːdÍĄz] ga gleda « le liĂšvre le regarde ».
    • Devant une consonne palatale ou alvĂ©olo-palatale, ĆĄ et ĆŸ deviennent alvĂ©olo-palatales : groĆŸÄ‘e ['groʑdÍĄÊ‘e] « raisin ». Ce n’est pas non plus rendu par Ă©crit.
  • Les noms propres des langues Ă©trangĂšres utilisant l’alphabet latin s’écrivent comme dans la langue d’origine mais se prononcent avec les sons du croate : Köln [keln], MĂŒnchen [minhen].

Alternance a ~ ∅ (appelĂ©e nepostojano a « a labile »)

Une voyelle [a] euphonique apparaĂźt Ă  certaines formes du nom, mais aussi de l’adjectif, et disparaĂźt Ă  d’autres formes. Par exemple, le radical du mot signifiant « vieillard » est starc-, son nominatif singulier Ă©tant starac mais au cours de la dĂ©clinaison le a tombe : starca « du vieillard » (gĂ©nitif). Dans le cas des radicaux fĂ©minins terminĂ©s en deux consonnes, ce a est prĂ©sent au gĂ©nitif pluriel entre les deux consonnes : radical sestr-, nominatif singulier sestra, gĂ©nitif pluriel sestara.

Alternance l ~ o

Les noms et les adjectifs terminĂ©s en -ao, -eo ou -io [ex. čitao sam « j’ai lu » (sujet masculin), anđeo « ange », cio « entier »] Ă©taient Ă  une Ă©poque de l’histoire de la langue terminĂ©s par un l dur (čital, anđel, cil) qui a Ă©voluĂ© en o, mais seulement en fin de mot. Cet o redevient l s’il n’est plus en position finale, mais suivi d’une dĂ©sinence ou d’un autre suffixe : čitala sam « je lisais » (sujet fĂ©minin), anđela « de l’ange » (gĂ©nitif), cijela « entiĂšre ».

Assimilation des consonnes

Lorsque deux consonnes, l’une sourde et l’autre sonore arrivent en contact par ajout d’une dĂ©sinence ou d’un autre suffixe Ă  un mot, la premiĂšre consonne est assimilĂ©e par la seconde (assimilation rĂ©gressive) : assourdie si cette seconde consonne est sourde, sonorisĂ©e si elle est sonore. Ainsi,

les consonnes sonoresb,g,d,đ,z,ĆŸ,dĆŸdeviennent
les consonnes sourdesp,k,t,ć,s,ơ,č,et vice-versa.

Par exemple, dans le mot vrabac « moineau », /b/ alterne avec sa correspondante sourde /p/. Cette derniÚre apparaßt lorsque le /a/ tombe entre /b/ et /tͥs/, cette derniÚre étant sourde et assimilant /b/ : vrapca « du moineau » (génitif singulier).

Palatalisations

Certaines consonnes terminant la forme du cas nominatif d’un nom ou se trouvant Ă  la fin du radical d’un verbe, peuvent subir un changement appelĂ© palatalisation, sous l’influence d’une voyelle commençant une dĂ©sinence ou un autre suffixe. Les cas les plus frĂ©quents :

  • K, g et h devant e deviennent post-alvĂ©olaires (par exemple au cas vocatif) :
    • k > č – junak « hĂ©ros » > junače! ;
    • g > ĆŸ – drug « compagnon » > druĆŸe! ;
    • h > ĆĄ – duh « Ăąme » > duĆĄe!.
  • Les mĂȘmes consonnes deviennent alvĂ©olaires devant un i (par exemple au nominatif des masculins pluriels) :
    • k > c – vojnik « soldat » > vojnici « soldats » ;
    • g > z – bubreg « rein » > bubrezi ;
    • h > s – trbuh « ventre » > trbusi.
  • DĂšs l’époque du proto-slave il y a eu une palatalisation devant /j/ (prononcĂ© comme « y » dans « yeux »), appelĂ©e aussi mouillure. Elle fait que, dans la langue actuelle, les consonnes ci-dessous deviennent :
    • d et t alvĂ©olo-palatales : d > đ, t > ć, par exemple au degrĂ© comparatif des adjectifs : mlad « jeune » > mlađi « plus jeune », ĆŸut « jaune » > ĆŸući ;
    • l et n palatales : l > lj, n > nj : posoliti « saler » > posoljen « salĂ© », jesen « automne » > jesenji « automnal » ;
    • z et s post-alvĂ©olaires : z > ĆŸ, s > ĆĄ : Pariz « Paris » > PariĆŸanin « Parisien », disati « respirer » > diĆĄem « je respire ».

Accentuation

L’accent qui frappe l’une des voyelles d’un mot a un double caractĂšre en croate. C’est un accent tonique ou d’intensitĂ©, c’est-Ă -dire la voyelle en cause est prononcĂ©e avec plus de force que les autres (comme en français), mais aussi un accent de hauteur, la voyelle frappĂ©e de l’accent tonique Ă©tant prononcĂ©e un ton plus haut ou plus bas que les autres. Il y a quatre sortes d’accent, des combinaisons entre le caractĂšre descendant ou ascendant et la durĂ©e de la voyelle (longue ou brĂšve). L’accent n’est notĂ© que dans les ouvrages de linguistique, les manuels de langue et les dictionnaires. Leurs signes conventionnels sont ceux des exemples ci-dessous :

  • accent long descendant : zlȃto « or » ;
  • accent long ascendant : rĂșka « main » ;
  • accent bref descendant : kȕća « maison » ;
  • accent bref ascendent : ĆŸĂšna « femme ».

En croate, l’accent est mobile, avec quelques limitations, dont voici les principales :

  • Dans les mots comportant plus d’une syllabe, l’accent descendant ne peut frapper que la premiĂšre syllabe.
  • Les mots monosyllabiques ne peuvent avoir qu’un accent descendant.
  • Dans les mots polysyllabiques, l’accent peut frapper n’importe quelle voyelle, sauf la derniĂšre, rĂšgle qui peut ĂȘtre appliquĂ©e aux mots Ă©trangers, mais ce n’est pas obligatoire. Aussi, les mots français peuvent-ils ĂȘtre accentuĂ©s sur leur avant-derniĂšre ou leur derniĂšre syllabe[48].

Les voyelles non accentuĂ©es peuvent Ă©galement ĂȘtre longues ou brĂšves. Les longues sont notĂ©es, sauf dans les Ă©crits ordinaires, par un macron ÂŻ (ĆŸĂšna « femme » / ĆŸĂ©nā « des femmes », le gĂ©nitif pluriel du nom). Une syllabe longue atone ne peut se trouver qu’aprĂšs une syllabe accentuĂ©e.

Comme on peut le voir dans cet exemple, le caractĂšre de l’accent et la durĂ©e des voyelles ont une valeur fonctionnelle. Ici ils marquent deux cas diffĂ©rents dans la dĂ©clinaison. La place de l’accent a Ă©galement une valeur fonctionnelle, par exemple dans la dĂ©clinaison des adjectifs Ă  forme brĂšve (voir plus bas DĂ©clinaison des adjectifs).

Il y a aussi des mots qui ne sont jamais accentuĂ©s et d’autres qui parfois le sont et d’autres fois ne le sont pas. La premiĂšre catĂ©gorie est constituĂ©e par les enclitiques, c’est-Ă -dire les pronoms personnels atones, les formes atones des verbes auxiliaires et la particule li, et la deuxiĂšme par les proclitiques, c’est-Ă -dire les prĂ©positions, les conjonctions et la particule nĂ©gative ne. Les deux catĂ©gories de clitiques forment un seul mot (du point de vue prosodique) avec le mot Ă  sens lexical de leur groupe, portant un seul accent : dans le cas d’un enclitique, l’accent frappe le mot Ă  sens lexical, dans celui d’un proclitique, c’est ce dernier qui est accentuĂ©, Ă  condition que l’accent du mot Ă  sens lexical soit descendant. Exemples :

  • la particule ne : ne‿zĂČvi (ne atone) « n’appelle pas », znȃm – nù‿znām (ne tonique) « je ne sais pas » ;
  • prĂ©positions : bez‿nĂĄde (bez atone) « sans espoir », grȃd – È•â€żgrād (u tonique) « en ville ».

Parmi les conjonctions il y en a qu’on ne peut pas accentuer, a « et », da « que » et i « et », Ă  moins qu’elles ne soient suivies d’une pause : ĆŸivotinje ȋ, ĆĄto je vaĆŸno, ljudi « les animaux et, ce qui est important, les gens ».

Grammaire

Le croate Ă©tant une variĂ©tĂ© du BCMS, son systĂšme grammatical est essentiellement le mĂȘme que celui des autres variĂ©tĂ©s de ce diasystĂšme[49]. Ce systĂšme se distingue de celui du français par plusieurs caractĂ©ristiques. En effet, comme le français, c’est, du point de vue de la typologie morphologique, une langue synthĂ©tique, mais le BCMS l’est Ă  un degrĂ© Ă©levĂ© par rapport au français, c’est-Ă -dire que le nom, l’adjectif et les pronoms se dĂ©clinent, ayant des formes distinctes marquĂ©es par des dĂ©sinences pour remplir telle ou telle fonction syntaxique dans la phrase, et toutes les formes personnelles des verbes se distinguent nettement par des dĂ©sinences.

Morphologie

Cette section traite des principales caractéristiques de la morphologie du croate[50].

Genre des noms

Les noms croates peuvent ĂȘtre de trois genres :

  • masculins, d’habitude reconnaissables d’aprĂšs leur terminaison en consonne au nominatif singulier : grad « ville ». Les noms terminĂ©s en -ao et -eo sont Ă©galement masculins et font partie de la mĂȘme classe de dĂ©clinaison que ceux en consonne. Il y a aussi des noms masculins terminĂ©s en -a : des prĂ©noms masculins (Nikola), des noms de professions (vojvoda « duc »), etc., qui se dĂ©clinent comme les fĂ©minins.
  • fĂ©minins, gĂ©nĂ©ralement terminĂ©s en -a au nominatif singulier : ruka « main ». Il y a Ă©galement des noms fĂ©minins terminĂ©s en consonne : radost « joie », stvar « chose », qui constituent une classe de dĂ©clinaison Ă  part.
  • neutres, terminĂ©s en -o ou en -e au nominatif singulier : kolo « cercle », polje « champ », dĂ©clinĂ©s comme les masculins en consonne.
DĂ©clinaison des noms

En croate, la dĂ©clinaison se caractĂ©rise par sept cas, les noms Ă©tant groupĂ©s en quatre classes de dĂ©clinaison, d’aprĂšs leur dĂ©sinence au nominatif singulier. Voici la dĂ©clinaison rĂ©guliĂšre de quatre noms de deux classes de dĂ©clinaison comportant le plus grand nombre de noms.

CasMasculinNeutreFĂ©minin
animéinanimésingulierplurielsingulierpluriel
singulierplurielsingulierpluriel
Nominatifmȃjstor « maĂźtre »mȃjstoriĂČdmor « repos »ĂČdmorizlȃto « or »zlȃtamrÈ…ĆŸa « filet, rĂ©seau »mrÈ…ĆŸe
GĂ©nitifmȃjstoramȃjstƍrāĂČdmoraĂČdmƍrāzlȃtazlȃtāmrÈ…ĆŸÄ“mrÈ‡ĆŸÄ
DatifmȃjstorumȃjstorimaĂČdmoruĂČdmorimazlȃtuzlȃtimamrÈ…ĆŸimrÈ…ĆŸama
AccusatifmȃjstoramȃjstoreĂČdmorĂČdmorezlȃtozlȃtamrÈ…ĆŸumrÈ…ĆŸe
Vocatifmȃjstore!mȃjstori!ĂČdmore!ĂČdmori!zlȃto!zlȃta!mrÈ…ĆŸo!mrÈ…ĆŸe!
InstrumentalmȃjstorommȃjstorimaĂČdmoromĂČdmorimazlȃtomzlȃtimamrÈ…ĆŸommrÈ…ĆŸama
LocatifmȃjstorumȃjstorimaĂČdmoruĂČdmorima zlȃtuzlȃtimamrÈ…ĆŸimrÈ…ĆŸama

Remarques :

  • L’accusatif singulier des noms masculins animĂ©s est identique Ă  leur gĂ©nitif singulier, alors que l’accusatif singulier des noms masculins inanimĂ©s est pareil Ă  leur nominatif singulier.
  • La dĂ©sinence du gĂ©nitif pluriel est un -ā de quantitĂ© longue. C’est ce qui diffĂ©rencie principalement le gĂ©nitif pluriel du gĂ©nitif singulier des noms masculins et neutres, ainsi que le gĂ©nitif pluriel des fĂ©minins de leur nominatif singulier.
Fonctions des cas
CasFonction(s) principale(s)Exemple
NominatifsujetOvaj učenik je dobar « Cet Ă©lĂšve est bon »
attributOn je učenik « Il est Ă©lĂšve »
GĂ©nitifcomplĂ©ment du nom exprimant le possesseurknjiga učenika « le livre de l'Ă©lĂšve »
DatifcomplĂ©ment d’objet indirect d’attributionDajte učeniku dobru ocjenu « Donnez une bonne note Ă  l’élĂšve »
AccusatifcomplĂ©ment d’objet directVidim učenika « Je vois l’élĂšve »
complĂ©ment circonstanciel de lieu d’un verbe exprimant le dĂ©placement vers un lieuIdem u grad « Je vais en ville »
Vocatifpour appeler, s’adresser Ă  quelqu’unUčeniče! « HĂ© ! L’élĂšve ! »
InstrumentalcomplĂ©ment d’instrument (inanimĂ©)ReĆŸem kruh ovim noĆŸem « Je coupe le pain avec ce couteau »
complĂ©ment d’accompagnement (animĂ©)Idem u grad s učenikom « Je vais en ville avec l’élĂšve »
LocatifcomplĂ©ment de lieu d’un verbe n’exprimant pas le dĂ©placement ou pas le dĂ©placement vers un lieuOn ĆŸivi u gradu « Il habite en ville »
complĂ©ment d’objet indirect dont on parleReci mi neĆĄto o tom učeniku « Dis-moi quelque chose au sujet de cet Ă©lĂšve »
CatĂ©gories d’adjectifs

Traditionnellement, les adjectifs sont classés comme suit :

  • qualificatifs : miran pas « un chien paisible », dobro dijete « un enfant bon » ;
  • relationnels : drvena klupa « un banc en bois » ;
  • d’appartenance : bratov kaput « le manteau du frĂšre », lugareva kuća « la maison du garde-forestier », majčino pismo « la lettre de maman ». Ces adjectifs sont formĂ©s Ă  partir de noms, par ajout du suffixe -ov ou -ev aux masculins, et -in aux fĂ©minins.
Forme brĂšve et forme longue

Les adjectifs peuvent avoir deux formes, brĂšve et longue. La forme brĂšve se caractĂ©rise par une terminaison en consonne au nominatif masculin singulier, et la forme longue – par la terminaison -i au mĂȘme cas :

  • bratov « du frĂšre » – adjectif Ă  forme brĂšve ;
  • hrvatski « croate » – adjectif Ă  forme longue.

Presque tous les adjectifs qualificatifs ont les deux formes, la forme longue Ă©tant obtenue en ajoutant -i Ă  la forme brĂšve : smeđ > smeđi « marron, brun ». Dans leur cas, la forme brĂšve est aussi appelĂ©e indĂ©finie, et la forme longue – dĂ©finie. Celle-ci correspond en français Ă  l’adjectif utilisĂ© en tant que nom. Exemple : Kupio sam jedan ĆĄeĆĄir smeđ i jedan siv. Smeđi sam ubrzo izgubio, sivi nosim i danas « J’ai achetĂ© un chapeau marron et un autre gris. Le marron, je l’ai vite perdu, le gris, je le porte encore aujourd’hui ».

Les adjectifs qui n’ont qu’une seule forme sont utilisĂ©s aussi bien comme dĂ©finis que comme indĂ©finis. Les adjectifs d’appartenance n’ont qu’une forme brĂšve, alors que ceux terminĂ©s en -ski, -nji et -ji, ainsi que les adjectifs au comparatif et au superlatif relatif (voir ci-dessous) – une forme longue.

Degrés de comparaison des adjectifs

Le comparatif de supériorité est formé avec des suffixes :

  • -ji, -ja, -je, qui provoque la mouillure de la consonne finale de l’adjectif :
    • pour les adjectifs monosyllabiques Ă  voyelle longue : bȓz « rapide » > bÈ‘ĆŸÄ« « plus rapide » ;
    • pour les adjectifs dissyllabiques terminĂ©s au masculin singulier en -ak, -ek ou -ok : krĂ tak « court » > krȁćī ;
  • -iji, -ija, - ije :
    • pour les adjectifs monosyllabiques Ă  voyelle brĂšve : stȁr « vieux » > stĂ rijÄ« ;
    • pour les autres adjectifs dissyllabiques et les polysyllabiques : srȅtan « heureux » > srĂštnijÄ«, oĆĄtrĂČĆ«man « intelligent » > oĆĄtroĂčmnijÄ«.

La comparaison se construit avec la prĂ©position od rĂ©gissant le gĂ©nitif : (Kamen je tvrđi od zemlje) ou avec la conjonction nego + le nominatif : Kamen je tvrđi nego zemlja « La pierre est plus dure que la terre ».

Il y a aussi des adjectifs dont le comparatif est irrĂ©gulier dans la mesure oĂč il a un autre radical que l’adjectif correspondant au grade positif : dobar – bolji « meilleur », zao – gori « pire », velik – veći « plus grand », malen – manji « plus petit », dug – dulji (qui a aussi le comparatif rĂ©gulier duĆŸi) « plus long ».

Le superlatif relatif de supĂ©rioritĂ© s’obtient du comparatif avec le prĂ©fixe naj- : bliĆŸi « plus proche » > najbliĆŸi « le plus proche ». Trois constructions sont possibles avec l’adjectif au superlatif, comportant :

  • la prĂ©position od rĂ©gissant le gĂ©nitif : Avion je najbrĆŸi od prijevoznih sredstava « L’avion est le plus rapide des moyens de transport » ;
  • la prĂ©position među rĂ©gissant l’instrumental : Avion je najbrĆŸi među prijevoznim sredstvima ;
  • la prĂ©position između rĂ©gissant le gĂ©nitif : Između dragoga kamenja najtvrđi je dijamant « Parmi les pierres prĂ©cieuses, la plus dure est le diamant ».
DĂ©clinaison des adjectifs

Voici en guise d’exemple la dĂ©clinaison de l’un des types d’adjectifs rĂ©guliers :

Forme brĂšve
CasMasculinNeutreFĂ©minin
singulierplurielsingulierplurielsingulierpluriel
N.vȅlik « grand »vȅlikivȅlikovȅlikavȅlikavȅlike
G.vȅlikavȅlikīhvȅlikavȅlikīhvȅlikēvȅlikīh
D.vȅlikuvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikuvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍjvȅlikÄ«m(a)/-ima
A.vȅlika (animĂ©), vȅlik (inanimĂ©)vȅlikevȅlikovȅlikāvȅlikuvȅlike
V.vȅlikvȅlikivȅlikovȅlikāvȅlikavȅlike
I.vȅlikÄ«mvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikÄ«mvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍmvȅlikÄ«m(a)/-ima
L.vȅlikuvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikuvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍjvȅlikÄ«m(a)/-ima
Forme longue
CasMasculinNeutreFĂ©minin
singulierplurielsingulierplurielsingulierpluriel
N.vȅlikÄ« « le grand »vȅlikÄ«vȅlikƍvȅlikāvȅlikāvȅlikē
G.vȅlikƍg(a)vȅlikÄ«hvȅlikƍg(a)vȅlikÄ«hvȅlikēvȅlikÄ«h
D.vȅlikƍm(u/e)vȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍm(u/e)vȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍjvȅlikÄ«m(a)/-ima
A.vȅlikƍg(a) (animĂ©), vȅlikÄ« (inanimĂ©)vȅlikēvȅlikƍvȅlikāvȅlikĆ«vȅlikē
V.vȅlikÄ«vȅlikÄ«vȅlikƍvȅlikāvȅlikāvȅlikē
I.vȅlikÄ«mvȅlikÄ«m(a)/imavȅlikÄ«mvȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍmvȅlikÄ«m(a)/-ima
L.vȅlikƍm(e/u)vȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍm(e/u)vȅlikÄ«m(a)/-imavȅlikƍjvȅlikÄ«m(a)/-ima

Remarques :

  • Au nominatif pluriel, les deux formes diffĂšrent par la quantitĂ© de la voyelle finale.
  • Il existe des variantes de dĂ©sinences :
    • Ă  la forme longue, au gĂ©nitif singulier masculin et neutre – deux variantes : -ƍg et -ƍga. La variante plus courte est utilisĂ©e pour un adjectif qui suit un autre adjectif au mĂȘme cas (exemple : gramatika hrvatskoga standardnog jezika « grammaire de la langue croate standard ») ;
    • Ă  la forme longue, au datif/locatif singulier masculin et neutre – trois variantes : -ƍm, -ƍmu et -ƍme, la deuxiĂšme Ă©tant plus frĂ©quente au datif, la troisiĂšme – au locatif (mĂȘme utilisation de la variante plus courte qu’au gĂ©nitif : u hrvatskome standardnom jeziku « dans la langue croate standard ») ;
    • Ă  la forme brĂšve et Ă  la forme longue, au datif/instrumental/locatif pluriel, les trois genres – trois variantes : -Ä«m, -Ä«ma et -ima, les deux derniĂšres n’étant diffĂ©rentes que par la quantitĂ© de i.
Les pronoms personnels
CasSingulierPluriel
N.jȃ « je/moi »tȋ « tu/toi »ȏn « il/lui », ĂČno – neutreĂČna « elle »–mȋ « nous »vȋ « vous »ĂČni « ils/eux », ĂČna – neutre, ĂČne « elles »–
G.mȅne, metȅbe, tenjȅga, ganjȇ, jesȅbe, senȃs, nasvȃs, vasnjȋh, ihsȅbe
D.mȅni, mitȅbi, tinjȅmu, munjȏj, jojsȅbi, sinȁma, namvȁma, vamnjȋma, imsȅbi"
A.mȅne, metȅbe, tenjȅga, ga, njnjȗ, ju, je, njusȅbe, senȃs, nasvȃs, vasnjȋh, ihsȅbe
V.–ti!–––mȋ!vȋ!––
I.mnȏm, mnĂłmetȍbƍmnjȋm, njĂ­menjȏm, njĂłmesȍbƍmnȁmavȁmanjȉmasȍbom
L.mȅnitȅbinjȅm(u)njȏjsȅbinȁmavȁmanjȉmasȅbi

Au nominatif, au vocatif, Ă  l’instrumental et au locatif, les pronoms personnels ont seulement des formes toniques (disjointes), alors qu’au gĂ©nitif, au datif et Ă  l’accusatif, ils ont aussi bien des formes toniques que des formes atones (conjointes).

Le pronom de politesse est Vi, Ă©crit d’habitude avec majuscule.

Formes toniques

Elles sont utilisées :

  • pour mettre la personne en Ă©vidence : Ja njega dobro poznajem « Moi, je le connais bien, lui » ;
  • pour mettre deux personnes en opposition : Pozvao je nas, a ne njih « Il nous a invitĂ©s, nous, pas eux » ;
  • aprĂšs les prĂ©positions et les conjonctions : OtiĆĄla je kući bez mene « Elle est rentrĂ©e sans moi ». Lorsque l’accent passe sur la prĂ©position, le pronom ne change pas de forme : bĂšz mene.

À l’instrumental, 1re personne du singulier, il y a deux formes accentuĂ©es : la plus brĂšve est utilisĂ©e aprĂšs les prĂ©positions, la plus longue sans prĂ©position : Ć to se ne bi oĆŸenio mnome « Pourquoi ne se marierait-il pas avec moi ».

Formes atones

À l’accusatif, 3e personne du singulier, au masculin il y a deux formes atones, et au fĂ©minin – trois.

Les formes atones sont en gĂ©nĂ©ral utilisĂ©es en tant que complĂ©ments sans prĂ©position, devant ou aprĂšs les formes verbales qui portent le sens lexical du verbe, prononcĂ©s avec le verbe en un seul mot prosodique : Jȃ sam te čȅkao « Je t’ai attendu(e) ». Les formes me, te, se, nj, nju peuvent aussi ĂȘtre utilisĂ©es aprĂšs des prĂ©positions qui, dans ce cas, sont accentuĂ©es : prȅdā me « devant moi », zȃ nj « pour lui ».

Quant Ă  la distribution des formes ju et je « la » (accusatif), je s’emploie en gĂ©nĂ©ral, et ju dans le voisinage de la syllabe je, c’est-Ă -dire devant le verbe auxiliaire je (On ju je dočekao « Il l’a attendue »), et aprĂšs les mots terminĂ©s en je : Ne voli limunadu, ali pije ju kad je vruće « Il/Elle n’aime pas la limonade, mais il/elle en boit quand il fait trĂšs chaud ».

Le pronom réfléchi

Contrairement au français, en croate il y a un seul pronom rĂ©flĂ©chi, celui qui commence par s dans le tableau des pronoms personnels. Il se rĂ©fĂšre toujours au sujet, quels que soient son genre, son nombre et sa personne : NaĆĄkodio si sebi « Tu t’es fait du mal Ă  toi-mĂȘme ». Il a des formes atones au gĂ©nitif/accusatif et au datif. Celle d’accusatif est utilisĂ©e Ă  les verbes pronominaux : Ja sam se počeĆĄljao « Moi, je me suis peignĂ©(e) », Ti si se počeĆĄljala « Toi, tu t’es peignĂ©e », Sestra se počeĆĄljala « Ma sƓur s’est peignĂ©e », Dječaci su se počeĆĄljali « Les garçons se sont peignĂ©s ».

Pronoms et adjectifs interrogatifs-relatifs

Les mots tko « qui » et ƥto « que, quoi » sont seulement pronoms :

  • interrogatifs : Tko stoji pred vratima? « Qui se tient devant la porte ? », Ć to je pred vratima? « Qu’est-ce qu’il y a devant la porte ? »
  • relatifs : Pitaj koga hoćeĆĄ! « Demande Ă  qui tu veux ! », Reci ĆĄto ĆŸeliĆĄ! « Dis ce que tu souhaites ! »

DĂ©clinaison :

NominatiftkÈĆĄtȍ
GĂ©nitifkĂČga, kȍgčùga, čȅg
DatifkĂČmu, kĂČme, kȍmčùmu
AccusatifkĂČga, kȍgĆĄtȍ
Instrumentalkȋm, kĂ­mečȋm, číme
Locatifkȍm, kĂČmečȅm, čemu

Les mots suivants sont pronoms ou adjectifs :

  • čiji, -a, -e, -i, -e, -a : Čiji je to pokrivač? « À qui est cette couverture ? », DoĆĄli smo u grad čiji su stanovnici poznati po marljivosti « Nous sommes venus dans une/la ville dont les habitants sont connus pour leur assiduitĂ© au travail » ;
  • koji, -a, -e, -i, -e, -a : Kojim ćeĆĄ vlakom putovati? « Par quel train vas-tu voyager ? », Koji je stigao? « Lequel est arrivĂ© ? », OsuĆĄile su se ruĆŸe koje je sestra presadila « Les roses que ma sƓur a plantĂ©es ont sĂ©chĂ© » ;
  • kakav, kakva, kakvo, kakvi, kakve, kakva : Kakve si ljude tamo vidio? « Quels gens as-tu vus lĂ -bas ? », Kakav je taj most? « Comment est ce pont? / De quel genre est ce pont ? » ;
  • kolik, kolika, koliko, koliki, kolike, kolika : Kolika je vaĆĄa kuća? « Votre maison est grande comment ? »

En gĂ©nĂ©ral, ces mots se dĂ©clinent comme les adjectifs : čiji et koji comme les dĂ©finis, kakav et kolik comme les indĂ©finis. En guise d’exemple, la dĂ©clinaison de koji :

CasSingulierPluriel
MasculinNeutreFĂ©mininMasculinNeutreFĂ©minin
N.kĂČjÄ«kĂČjēkĂČjākĂČjÄ«kĂČjākĂČjē
G.kĂČjēga, kĂČjēg, kȏgakĂČjēkĂČjÄ«h
D.kĂČjēmu, kĂČjēm, kȏmu, kȏme, kȏmkĂČjƍjkĂČjima, kĂČjÄ«m
A.kĂČjÄ« (inanimĂ©), kĂČjēga, kĂČjēg (animĂ©)kĂČjēkĂČjĆ«kĂČjēkĂČjākĂČjē
I.kĂČjÄ«mkĂČjƍmkĂČjima, kĂČjÄ«m
L.kĂČjēmu, kĂČjēm, kȏme, kȏmkĂČjƍjkĂČjima, kĂČjÄ«m

Les formes rĂ©duites de datif/locatif de ce pronom (kȏmu, kȏme, kȏm) ne diffĂšrent que par la nature de leur accent de celles du pronom tko aux mĂȘmes cas : kĂČmu, kĂČme, kȍm.

Les pronoms-adjectifs possessifs

Ces mots s’utilisent aussi bien comme pronoms possessifs, que comme adjectifs possessifs, sans changer de forme.

  • moj « mien », moja « mienne », moje (neutre singulier), moji « miens », moje « miennes », moja (neutre pluriel)
  • tvoj « tien », tvoja « tienne », tvoje (neutre singulier), tvoji « tiens », tvoje « tiennes », tvoja (neutre pluriel)
  • njegov « sien, Ă  lui », njegova « sienne, Ă  lui », njegovo (neutre singulier), njegovi « siens, Ă  lui », njegove « siennes, Ă  lui », njegova (neutre pluriel)
  • nje(zi)n « sien, Ă  elle », nje(zi)na « sienne, Ă  elle », nje(zi)no (neutre singulier), nje(zi)ni « siens, Ă  elle », nje(zi)ne « siennes, Ă  elle », nje(zi)na (neutre pluriel)
  • naĆĄ « nĂŽtre » masc., naĆĄa « nĂŽtre » fĂ©m., naĆĄe (neutre singulier), naĆĄi « nĂŽtres » masc., naĆĄe « nĂŽtres » fĂ©m., naĆĄa (neutre pluriel)
  • vaĆĄ « vĂŽtre » masc., vaĆĄa « vĂŽtre » fĂ©m., vaĆĄe (neutre singulier), vaĆĄi « vĂŽtres » masc., vaĆĄe « vĂŽtres » fĂ©m., vaĆĄa (neutre pluriel)
  • njihov « leur » masc., njihova « leur », fĂ©m. njihovo – neutre singulier, njihovi « leurs » masc., njihove « leurs » fĂ©m., njihova (neutre pluriel)
  • svoj, svoja, svoje (neutre singulier), svoji, svoje, svoja (neutre pluriel) – dĂ©terminent (en tant qu’adjectifs) ou reprĂ©sentent (en tant que pronoms) l’objet (les objets) possĂ©dĂ©(s) par le sujet, de quelque personne qu’il soit. Mi se brinemo za svoj posao, a vi se pobrinite za svoj « Nous, on s’occupe de notre travail et vous, occupez-vous du vĂŽtre » Les autres possessifs dĂ©terminent/reprĂ©sentent en rĂšgle gĂ©nĂ©rale l’objet (les objets) possĂ©dĂ©(s) par un autre possesseur que le sujet : Poznajem tvoju sestru « Je connais ta sƓur ».
Les pronoms-adjectifs démonstratifs

Comme pour les possessifs, on emploie les mĂȘmes formes en tant que pronoms dĂ©monstratifs et en tant qu’adjectifs dĂ©monstratifs. Ils expriment trois degrĂ©s d’éloignement, Ă  peu prĂšs comme « ici », « lĂ  » et « lĂ -bas » en français :

  • Ovaj « celui-ci », ova « celle-ci », ovo (neutre singulier), ovi « ceux-ci », ove « celles-ci », ova (neutre pluriel) – se rĂ©fĂšrent Ă  ce qui est prĂšs du locuteur.
  • Taj, ta, to, ti, te, ta expriment l’éloignement moyen, par exemple se rĂ©fĂ©rant Ă  ce qui se trouve prĂšs de l’interlocuteur.
  • Onaj « celui-lĂ  », ona « celle-lĂ  », ono (neutre singulier), oni « ceux-lĂ  », one « celles-lĂ  », ona (neutre pluriel) – se rĂ©fĂšrent Ă  ce qui est Ă©loignĂ© du locuteur, par exemple prĂšs d’un tiers (non pas l’interlocuteur).
Indéfinis

La plupart des pronoms et adjectifs indéfinis sont formés à partir de pronoms ou adjectifs interrogatifs, en leur ajoutant certains éléments composants :

  • neĆĄto « quelque chose », netko « quelqu’un », nekakav « de quelque sorte » ;
  • iĆĄta « (au moins) quelque chose », itko « (au moins) quelqu’un », ikakav « quelconque » ;
  • niĆĄta « rien », nitko « personne », nikakav « d’aucune sorte » ;
  • svaĆĄta « de tout », svatko « chacun », svakakav « de n’importe quelle sorte, de toutes sortes » ;
  • gdjekoji « un (quelconque) » ;
  • pokoji, poneki « quelqu’un (parmi plusieurs) », poneĆĄto « un peu (de plusieurs choses) » ;
  • kojeĆĄta « n’importe quoi, des choses futiles », kojekakav « de quelque sorte que ce soit, quelconque » ;
  • kojigod « n’importe lequel », ĆĄtogod « n’importe quoi ».

Exemples en phrase : Netko te pozdravio « Quelqu’un t’a saluĂ©(e) », NiĆĄta nećeĆĄ doznati « Tu ne sauras rien », Bit ću sretan ako se nađe ikakav bolji izlaz iz ovoga poloĆŸaja « Je serai heureux si on trouve une quelconque meilleure sortie de cette situation », Amo dolaze svakakvi ljudi « Ici il vient des gens de toutes sortes », MoĆŸda će se naći gdjekoji oĆĄtar noĆŸ « On trouvera peut-ĂȘtre un (quelconque) couteau aiguisĂ© », Znam od svega poneĆĄto « Je sais un peu de tout », Uvijek brbljaju kojeĆĄta « Ils/Elles bavardent toujours de n’importe quoi », Donesi ĆĄtogod da pojedemo « Apporte n’importe quoi Ă  manger ».

Il existe aussi des locutions indĂ©finies formĂ©es de pronoms/adjectifs interrogatifs avec certaines particules Ă©crites sĂ©parĂ©ment, toutes ayant le sens « n’importe » :

  • antĂ©posĂ©es : ma, makar, bud, budi ;
  • postposĂ©es : god, mu drago, ti volja, te volja, hoćeĆĄ, hoće ;
  • antĂ©posĂ©e ou postposĂ©e : bilo.

Exemples en phrase : Nikad me neće prevariti makar kolik laĆŸac bio « Il ne me trompera jamais, quelque grand menteur qu’il soit », Samo da naiđemo na budi kakvu vodu « Pourvu que nous trouvions n’importe quelle eau », DoĆĄao tko mu drago, moja su mu vrata otvorena « Qui que vienne, ma porte lui est ouverte », Daj mu to za bilo ĆĄto ou Daj mu to za ĆĄto bilo « Donne-lui ça contre n’importe quoi ».

Numéraux cardinaux

Les numĂ©raux jedan « un », jedna « une », jedno (neutre), dva « deux », dvije « deux » (fĂ©minin), tri « trois » et četiri « quatre » se dĂ©clinent, y compris quand ils dĂ©signent le dernier chiffre d’un nombre.

Les mots correspondant aux nombres de 11 Ă  19 Ă©taient Ă  l’origine des syntagmes, par exemple jedьnъ na desęte (littĂ©ralement « un sur dix ») > jedanaest « onze ».

Les mots correspondant aux dizaines supérieures à 10 sont des mots composés, par exemple dva « deux » + deset « dix » > dvadeset « vingt ». Pour certains, le premier composant a subi des modifications phonétiques, par exemple ƥest « six » + deset > ƥezdeset « soixante ».

Les mots correspondant aux centaines ont une variante mot composĂ© avec sto « cent » et une autre en deux mots, avec le nom fĂ©minin stotina dĂ©rivĂ© de sto : dvjesto ou dvije stotine 200, tristo ou tri stotine 300, četiristo ou četiri stotine 400.

1 000 est dĂ©nommĂ© par deux synonymes : le mot slave tisuća et l’emprunt au grec hiljada. Les deux sont des noms fĂ©minins se dĂ©clinant en tant que tels, de mĂȘme que milijarda « milliard », alors que milijun « million » est un nom masculin.

Constructions nombre cardinal + (Ă©pithĂšte +) nom

Les adjectifs numĂ©raux correspondant Ă  1, 2, 3 et 4 se dĂ©clinent et se construisent avec le nom qu’ils dĂ©terminent (qui peut aussi avoir une Ă©pithĂšte), comme suit :

  • Jedan « un », jedna « une », jedno (neutre) et les nombres qui finissent par ce chiffre se construisent avec le nom au mĂȘme cas que le nombre : Ostao je bez jedne ruke « Il est restĂ© sans une main », Dvadeset i jedna godina je proĆĄla « Vingt et un ans ont passĂ© ».
  • Dva « deux », dvije (fĂ©minin), tri « trois » et četiri « quatre », ainsi que les nombres se terminant par ces chiffres :
    • lorsqu’ils sont au nominatif, Ă  l’accusatif ou au vocatif, sont suivis du nom :
      • au gĂ©nitif singulier si le nom est masculin ou neutre : dva dječaka « deux garçons », tri sela « trois villages » ;
      • au nominatif pluriel si le nom est fĂ©minin : dvije ruke « deux mains », tri godine « trois ans ».
    • Aux autres cas de ces adjectifs numĂ©raux, le nom est au pluriel, au mĂȘme cas que le numĂ©ral : Vjetar puĆĄe sa svih četiriju strana « Le vent souffle de tous les quatre cĂŽtĂ©s ».

Les numĂ©raux de forme substantivale ne s’accordent pas avec le nom qui leur est associĂ©. Celui-ci est toujours au gĂ©nitif pluriel : Donio mi je stotinu poklona « Il m’a apportĂ© cent cadeaux », Sin mu je nestao s tisućama drugih mladića « Son fils a disparu avec mille autres jeunes ».

Pet « cinq », ĆĄest « six », sedam « sept », osam « huit » et devet « neuf », y compris en tant que derniers chiffres d’un nombre, et les mots dĂ©nommant les dizaines, sont invariables et le nom les suivant se met au gĂ©nitif pluriel : Već deset dana puĆĄe jak vjetar « Un vent fort souffle dĂ©jĂ  depuis dix jours », Imala je petnaest bijelih kokoĆĄiju « Elle avait quinze poules blanches ».

Numéraux ordinaux

Ces numĂ©raux ont les dĂ©sinences des adjectifs Ă  forme longue, ajoutĂ©es aux cardinaux. Dans peti « cinquiĂšme », ĆĄesti « sixiĂšme », de deveti « neuviĂšme » Ă  dvadeseti « vingtiĂšme » et dans les autres numĂ©raux ordinaux correspondant aux dizaines (trideseti « trentiĂšme », etc.), le mot de base ne subit pas de changements. Dans le cas de sedmi « septiĂšme » (< sedam), osmi « huitiĂšme » (< osam), stoti « centiĂšme » (< sto), tisući « milliĂšme » (< tisuća) = hiljaditi (< hiljada), milijunti « millioniĂšme » (< milijun) et milijardni « milliardiĂšme » (< milijarda), il se produit de petits changements (chute de a, t de liaison, etc.) Dans treći « troisiĂšme » (< tri) et četvrti « quatriĂšme » (<četiri) il y a des changements plus importants, et les correspondants ordinaux de jedan et dva sont des mots Ă  radical diffĂ©rent de celui des cardinaux : prvi « premier » et drugi « deuxiĂšme » respectivement. En tant que derniers chiffres d’un nombre on utilise les mĂȘmes formes que pour les chiffres seuls : dvadeset prvi « vingt et uniĂšme », trideset drugi « trente-deuxiĂšme ».

Nombres collectifs

Ce sont dvoje « deux », troje « trois », četvero ou četvoro « quatre », petero ou petoro « cinq », etc. À partir des autres noms de chiffres, les nombres collectifs se forment comme petero/petoro, avec le suffixe -ero ou -oro. Ces mots sont employĂ©s, par exemple, pour dĂ©signer deux ou plusieurs personnes de sexes ou d’ñges diffĂ©rents : stol za dvoje « une table pour deux » (un homme et une femme), Kako ih je sedmero sjedjelo oko vatre, [...] « Comme il y en avait sept assis autour du feu, [...] ».

Substantifs numéraux

Ces substantifs se forment Ă  partir des nombres collectifs, avec le suffixe -ica (dvojica, trojica, četvorica). Ils ont Ă©galement un caractĂšre collectif mais ne s’emploient que pour les ĂȘtres de sexe masculin, mis au gĂ©nitif pluriel : trĂČjica dječákā « trois garçons ».

Les noms des chiffres

Chaque chiffre a un nom du genre fĂ©minin : jedinica, dvica, trica, četvrtica, petica, etc. Exemple : praviti osmice « faire des huit » (avec les patins, sur glace)[51].

Aspects des verbes

Comme dans les autres langues slaves, les verbes croates se caractĂ©risent entre autres par la catĂ©gorie de l’aspect, qui exprime principalement le degrĂ© de rĂ©alisation de l’action d’un verbe.

  • Un verbe imperfectif exprime le fait que l’action Ă©tait, est ou sera en train de se dĂ©rouler, ou effectuĂ©e de façon rĂ©pĂ©tĂ©e. Majka je prala / pere / će prati rublje « Maman faisait / fait / fera la lessive ».
  • Un verbe perfectif exprime le fait que l’action a eu ou aura lieu Ă  un seul moment, ou bien qu’elle a commencĂ© et s’est terminĂ©e / commencera et se terminera Ă  des moments donnĂ©s : Majka je oprala / će oprati rublje « Maman a fait / fera (et finira de faire) la lessive ».

Le prĂ©sent proprement dit n’est exprimĂ© que par les verbes imperfectifs, dans des propositions indĂ©pendantes ou principales. Le prĂ©sent des verbes perfectifs est utilisĂ© seulement dans des propositions subordonnĂ©es, exprimant une action future : Kad odspavam, bit će bolje « Quand j’aurai dormi, ça ira mieux ».

Contrairement au français, mais semblablement aux autres langues slaves, le croate a des aspects perfectif et imperfectif morphologiquement marquĂ©s (ce ne sont donc pas des aspects sĂ©mantiques mais des aspects grammaticaux). Alors qu’en français ce type d’aspect est dĂ©terminĂ© par le sens seul du verbe, en croate il est indiquĂ© par des affixes[52].

La plupart des verbes forment des couples perfectif–imperfectif ayant le mĂȘme sens lexical, par exemple pisati–napisati « Ă©crire ». Il y a quelques procĂ©dĂ©s pour former des verbes d’un aspect Ă  partir de verbes de l’autre aspect :

  • L’un de ces procĂ©dĂ©s est l’ajout d’un prĂ©fixe provenant d’une prĂ©position au verbe imperfectif. De tels prĂ©fixes sont o- et na-, dans les exemples ci-dessus, qui changent seulement l’aspect du verbe. D’autres prĂ©fixes en changent plus ou moins le sens aussi : pisati « Ă©crire » > prepisati « copier ». Du verbe ainsi dĂ©rivĂ©, on forme son correspondant imperfectif de mĂȘme sens Ă  l’aide d’un suffixe placĂ© devant le suffixe d’infinitif -ti : prepisivati.
  • Il y a aussi des verbes qui sont perfectifs avec un certain suffixe et imperfectifs avec un autre. Par exemple, le suffixe -i- est spĂ©cifique pour le perfectif et -a- pour l’imperfectif : lupiti – lupati « frapper ».
Conjugaison

Les verbes croates sont rĂ©partis en six classes de conjugaison rĂ©guliĂšres, d’aprĂšs le son final du radical du verbe Ă  l’infinitif, et une septiĂšme classe comprenant des verbes irrĂ©guliers. Trois de ces classes comprennent Ă©galement des sous-classes : la premiĂšre – sept sous-classes, la troisiĂšme – deux, la cinquiĂšme – quatre.

Exemple de verbe régulier de la 1re conjugaison, 2e sous-classe, aux modes et aux temps les plus utilisés :

ModeTempsForme
Infinitiftresti « secouer »
Indicatifprésenttresem « je secoue »
treseĆĄ
trese
tresemo
tresete
tresu
passĂ©tresao / tresla / treslo sam « j’ai secouĂ© »
tresao / tresla / treslo si
tresao / tresla / treslo je
tresli / tresle / tresla smo
tresli / tresle / tresla ste
tresli / tresle / tresla su
futur Itrest ću « je secouerai »
trest ćeơ
trest će
trest ćemo
trest ćete
trest će
Conditionnel prĂ©senttresao, tresla, treslo bih « je secouerais / j’aurais secouĂ© »
tresao / tresla / treslo bi
tresao / tresla / treslo bi
tresli / tresle / tresla bismo
tresli / tresle / tresla biste
tresli / tresle / tresla bi
Impératiftresi! « secoue ! »
(neka) trese! « qu’il/elle secoue ! »
tresimo!
tresite!
(neka) tresu!
GĂ©rondifprĂ©senttresući « en secouant »
passétresavƥi
Participe actiftresao, tresla, treslo, tresli, tresle, tresla
Participe passiftresen, tresena, treseno, treseni, tresene, tresena « secoué, -e, -s, -es »

Remarques :

  1. Les verbes irréguliers sont nombreux, ainsi que les modifications phonétiques provoquées par les désinences et les autres suffixes.
  2. L’auxiliaire du passĂ© composĂ© est la forme de l’indicatif prĂ©sent du verbe biti « ĂȘtre » qui a des formes atones aussi, celles du tableau ci-dessus. Pour une plus forte mise en Ă©vidence de la personne et dans les questions, on utilise ses formes toniques : Mi jesmo sve zavrĆĄili « Nous avons tout fini », Jeste li čuli? « Avez-vous entendu ? ».
  3. Aux temps composĂ©s (passĂ© composĂ© et conditionnel), le participe actif s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
  4. La personne du verbe est incluse dans la forme de celui-ci, Ă©tant exprimĂ©e par la dĂ©sinence, c’est pourquoi le sujet peut ne pas ĂȘtre exprimĂ© par un nom ou un pronom.
  5. Le futur se forme gĂ©nĂ©ralement de l’infinitif du verbe sans -i + la forme brĂšve du verbe htjeti « vouloir » au prĂ©sent (Pjevat ćeĆĄ « Tu chanteras »), mais en prĂ©sence du pronom personnel sujet, l’auxiliaire se place avant le verbe, qui prend dans cette situation la forme complĂšte de l’infinitif : Ti ćeĆĄ pjevati « Toi, tu chanteras ».
  6. Le subjonctif prĂ©sent français a pour correspondant l’indicatif prĂ©sent croate en phrase impĂ©rative Ă  la 3e personne (Neka mi piĆĄe! « Qu’il/elle m’écrive ! ») et en proposition subordonnĂ©e : Ne bi to smio biti razlog da se počnemo svađati « Cela ne devrait pas ĂȘtre une raison pour que nous commencions Ă  nous disputer ».

Formes moins utilisées :

  • Le futur II se forme du prĂ©sent du verbe biti + le participe actif : budem tresao. Il est utilisĂ© en proposition subordonnĂ©e, celui des verbes imperfectifs exprimant une action simultanĂ©e avec celle d’un verbe au futur I, et celui des verbes perfectifs – une action antĂ©rieure Ă  celle d’un verbe au futur I.
  • L’aoriste (tresoh « je secouai ») est utilisĂ© principalement dans la narration littĂ©raire, pour exprimer des actions passĂ©s accomplies, ayant Ă  peu prĂšs les mĂȘmes valeurs que le passĂ© simple en français. Dans la langue parlĂ©e, on utilise avec la mĂȘme valeur le passĂ© composĂ© des verbes perfectifs.
  • L’imparfait (tresijah « je secouais ») est employĂ© seulement dans la langue littĂ©raire. À sa place on utilise le passĂ© composĂ© des verbes imperfectifs.
  • Le plus-que-parfait se forme de deux façons : de l’imparfait du verbe biti + le participe actif (bijah/bjeh pisao) ou du passĂ© composĂ© de biti + le participe actif (bio sam pisao) « j’avais Ă©crit ». Il exprime une action passĂ©e ayant eu lieu avant une autre action passĂ©e. En proposition subordonnĂ©e, il est d’habitude remplacĂ© par le passĂ© composĂ©.
  • Le conditionnel passĂ© se forme du conditionnel prĂ©sent du verbe biti et du participe actif du verbe Ă  sens lexical : bio bi tresao « il/elle aurait secouĂ© ». Lorsqu’il exprime une possibilitĂ© dans le passĂ©, il est d’habitude remplacĂ© par le conditionnel prĂ©sent, le temps Ă©tant alors dĂ©duit du contexte.

L’adverbe

Comme en français, il y a des adverbes primaires, tels sad(a) « maintenant » et tamo « lĂ -bas », mais la plupart des adverbes proviennent d’autres classes grammaticales, surtout d’adjectifs :

  • La forme de nominatif singulier neutre de certains adjectifs Ă  forme brĂšve est utilisĂ©e en tant qu’adverbe aussi, par exemple : brzo « rapide, rapidement » ;
  • La forme de nominatif singulier masculin de certains adjectifs Ă  forme longue terminĂ©s en -skÄ« devient adverbe par le raccourcissement de i : bratskÄ« « fraternel » > bratski « fraternellement ».

On forme Ă©galement des adverbes Ă  partir de :

  • noms : ljeto « Ă©tĂ© » > ljetos « l’étĂ© dernier », ljeti « l’étĂ©, en Ă©tĂ© » ;
  • pronoms : nas « nous » (gĂ©nitif/accusatif) > naĆĄki « Ă  notre maniĂšre » ;
  • adjectifs numĂ©raux :
    • cardinaux : jedan « un » > jednom « une fois » ;
    • ordinaux : drugi « deuxiĂšme » > drugo « deuxiĂšmement » ;
  • verbes : leĆŸati « ĂȘtre couchĂ© » > leĆŸećke « en position couchĂ©e ».

À cĂŽtĂ© de mots simples (les exemples ci-dessus), il y a aussi des adverbes formĂ©s par composition :

  • prĂ©position + nom au cas rĂ©gi par la prĂ©position : bez « sans » + trag « trace » > bestraga « sans trace » ;
  • prĂ©position + adjectif : na « sur » + sljep « aveugle » > nasljepo « sans regarder, aveuglĂ©ment » ;
  • prĂ©position + adjectif numĂ©ral : iz « de » + prvi « premier » > isprva « d’abord, au dĂ©but » ;
  • prĂ©position + pronom : sa « avec » + sve « tout » > sasvim « totalement » ;
  • prĂ©position + adverbe : na « sur » + gore « en haut » > nagore « vers le haut » ;
  • adverbe + adverbe : amo-tamo « ici et lĂ  ».

Les adverbes de maniĂšre, de quantitĂ© et certains adverbes de temps et de lieu ont des degrĂ©s de comparaison. Le comparatif de supĂ©rioritĂ© a la forme des adjectifs correspondants au nominatif neutre singulier et le superlatif relatif de supĂ©rioritĂ© se forme avec le mĂȘme prĂ©fixe. Exemple : brzo « rapidement » > brĆŸe « plus rapidement » > najbĆŸe « le plus rapidement ». Quelques adverbes ont des formes supplĂ©tives de comparatif de supĂ©rioritĂ© : mnogo « beaucoup » – viĆĄe « plus », malo « peu » – manje « moins », loĆĄe = zlo « mal » – gore « plus mal, pis ».

Adverbes interrogatifs

Les questions portant sur les divers complĂ©ments circonstanciels commencent par les adverbes suivants : kad(a)? « quand ? », gdje? « oĂč ? », kamo? « vers oĂč ? », kud(a)? « par oĂč ? », odakle? « d’oĂč ? », kako? « comment ? », koliko? « combien ? », zaĆĄto? « pourquoi ? » (cause), « pour quoi ? » (but).

Adverbes indéfinis

À partir des adverbes interrogatifs, on forme des adverbes indĂ©finis avec les mĂȘmes Ă©lĂ©ments qui servent Ă  former des pronoms indĂ©finis :

  • nekad(a) « autrefois, Ă  une Ă©poque quelconque », negdje « quelque part », nekamo « vers quelque part », nekuda « par n’importe oĂč », nekako « de quelque façon » ;
  • ikad(a), igdje, ikamo, ikuda, ikako – les sens prĂ©cĂ©dents, impliquant le sens « du moins » ;
  • nikad(a) « jamais », nigdje « nulle part », nikamo « vers nulle part », nikako « en aucune façon », nizaĆĄto « pour rien » ;
  • svakad « toujours », svugdje « partout », svukuda « dans toutes les directions », svakako « de toute façon » ;
  • ponekad « parfois », ponegdje « par ci-par lĂ  » ;
  • kojekud(a) « dans n’importe quelle direction », kojekako « d’une façon ou d’une autre » ;
  • kadgod « Ă  une Ă©poque quelconque, parfois », gdjegod « quelque part, n’importe oĂč ».

On forme aussi des locutions adverbiales indĂ©finies avec des particules ayant le sens « n’importe », celles qui forment des locutions pronominales indĂ©finies : ma kad(a) = bilo kad(a) « n’importe quand », ma kako = bilo kako « n’importe comment », ma gdje = bilo gdje « n’importe oĂč », ma kuda = bilo kuda « par n’importe oĂč ».

Prépositions

Formant des compléments avec des noms ou des pronoms, la plupart des prépositions régissent un seul cas :

  • le gĂ©nitif : bez « sans » ; blizu « Ă  proximitĂ© de » ; do « jusqu’à » ; duĆŸ « le long de » ; ispod « au-dessous de » ; ispred « devant » ; iz « de » ; iza « au-delĂ  de, derriĂšre » ; između « entre » ; iznad « au-dessus de » ; kod « prĂšs de, auprĂšs de » ; pored « Ă  cĂŽtĂ© de » ; preko « par-dessus, par » ; poslije « aprĂšs » ; prije « avant » ; protiv « contre » ; radi « dans le but de » ; umjesto « Ă  la place de » ; usred « au milieu de » ; zbog « Ă  cause de » ;
  • le datif : k(a) « vers » ;
  • l’accusatif : kroz « Ă  travers, par-dessus » ; niz(a) « vers le bas de » ; uz(a) « prĂšs de, Ă  cĂŽtĂ© de, avec, aux cĂŽtĂ©s de, etc. » ;
  • le locatif : po « par, d’aprĂšs » ; prema « vers » ; pri « prĂšs le/la/les » ;

D’autres prĂ©positions rĂ©gissent deux cas, voire trois, en fonction de leur sens ou de la nature du verbe rĂ©gent :

PrĂ©positionCasConditions d’emploiExemple
međuaccusatifavec des verbes exprimant le dĂ©placement vers un lieuUmjeĆĄao se među ljude « Il s’est mĂȘlĂ© aux gens »
instrumentalavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuĆ etao je među drvećem « Il se promenait parmi les arbres »
naaccusatifavec des verbes exprimant le déplacement vers un lieuGolub je sletio na krov « Le pigeon a volé sur le toit »
locatifavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuGolub je na krovu « Le pigeon est sur le toit »
nad(a)accusatifavec des verbes exprimant le déplacement vers un lieuNad njega su se spustile zelene grane « Des branches vertes sont descendues au-dessus de lui »
instrumentalavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuNad selom su se crnjeli kiĆĄni oblaci « Des nuages de pluie noircissaient au-dessus du village »
oaccusatifavec des verbes exprimant le dĂ©placement vers un lieuNe udaraj glavom o zid « Ne te frappe pas la tĂȘte contre le mur »
locatifavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuTorba visi o klinu « La musette pend Ă  un / au clou »
pod(a)accusatifavec des verbes exprimant le dĂ©placement vers un lieuSjeo je pod lipu « Il s’est assis sous un/le tilleul »
instrumentalavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuOdmarao se pod lipom « Il se reposait sous un/le tilleul »
pred(a)accusatifavec des verbes exprimant le dĂ©placement vers un lieuDječak je stavio pred sebe malu stolicu « Le garçon a mis une petite table devant lui »
instrumentalavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieu[...] ĆĄto se događa pred njegovim očima « [...] ce qui se passe devant ses yeux »
s(a)génitifexpression de la surface de provenanceCrijep je pao s krova « La tuile est tombée du toit »
instrumentalexpression du complĂ©ment d’accompagnement animĂ©Susreo sam se s njim « Je l’ai rencontrĂ© » (littĂ©ralement « Je me suis rencontrĂ© avec lui »)
ugénitifexpression de la possessionU Milice duge trepavice « Milica a de longs cils »
accusatifavec des verbes exprimant le dĂ©placement vers un lieuIdemo u ĆĄumu « Nous allons au bois / dans la forĂȘt »
locatifavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuU ĆĄumi se čuje cvrkut ptica « Dans le bois / la forĂȘt on entend le gazouillis des oiseaux »
zagĂ©nitifexpression d’une pĂ©riode de tempsZa moje mladosti ĆŸivot je bio mirniji « Dans ma jeunesse, la vie Ă©tait plus paisible »
accusatifavec des verbes exprimant le dĂ©placement vers un lieuMjesec se sakrio za oblake « La lune s’est cachĂ©e derriĂšre les nuages »
instrumentalavec des verbes n’exprimant pas le dĂ©placement vers un lieuZa kućom je bio lijep voćnjak « DerriĂšre la maison il y avait un beau verger »

Remarque : Dans le cas de certaines prĂ©positions, il y a alternance -a ~ ∅. La voyelle a est ajoutĂ©e Ă  la prĂ©position pour rendre la prononciation plus facile lorsque le mot suivant commence par la mĂȘme consonne que la derniĂšre consonne de la prĂ©position, par une consonne du mĂȘme type ou par un groupe de consonnes : s njim « avec lui », mais sa ĆĄalom « avec/par une plaisanterie », sa mnom « avec moi ».

Particules et modalisateurs

La particule et le modalisateur[53] sont considĂ©rĂ©s comme une partie du discours Ă  part dans les grammaires du croate. Ils sont dĂ©finis comme des mots invariables indiquant l’attitude du locuteur Ă  l’égard du contenu de l’énoncĂ©. Beaucoup de ces mots ont pour Ă©quivalents français des adverbes ou des locutions adverbiales.

Particules interrogatives

  • La particule li est atone et apparaĂźt surtout aprĂšs un verbe, y compris auxiliaire : VidiĆĄ li? « Est-ce que tu vois ? », Jesi li pjevao? « Est-ce que tu as chantĂ© ? », Neće li doći? « Est-ce qu’il/elle ne viendra pas ? » Elle est aussi utilisĂ©e aprĂšs un pronom interrogatif ou un adverbe d’interrogation, pour le renforcer : Gdje li se samo skrila? « OĂč est-ce qu’elle a bien pu se cacher ? », Ć to li nam vrijeme nosi? « Qu’est-ce que le temps nous apporte ? » Cette particule peut aussi renforcer une injonction ou une exclamation : Trči li, trči! « Cours donc, cours ! » Lijepa li si! « Qu’est-ce que tu es belle ! »
  • La particule zar se trouve toujours en tĂȘte de phrase, renforçant l’interrogation et en mĂȘme temps exprimant le doute ou l’étonnement : Zar ne vidiĆĄ? « Mais tu ne vois pas ? », Zar ste zaista otiĆĄli? « Est-ce que vous ĂȘtes vraiment parti(e)s ? » Zar + ne ajoutĂ©s Ă  une phrase dĂ©clarative transforment celle-ci en interrogative : Vidio si ga, zar ne? « Tu l’a vu, n’est-ce pas ? »

Particules intensifiantes :

Pokloni mu bar neku sitnicu « Fais-lui cadeau d’une bricole au moins » ;
Tko god dođe, bit će svečano primljen « Qui que vienne, il/elle sera reçu(e) solennellement » ;
I on je doƥao « Lui aussi est venu » ;
Iako su radili cijeli dan, ipak nisu stigli zavrĆĄiti posao « Bien qu’ils aient travaillĂ© toute la journĂ©e, ils n’ont quand mĂȘme pas rĂ©ussi Ă  finir le travail » ;
Ma kako odlučila, ja sam uz tebe « Quoi que tu dĂ©cides, je suis Ă  tes cĂŽtĂ©s » ;
Makar jednom budi sretan « Sois heureux au moins une fois » ;
Nisu vjerovali ni njemu! « MĂȘme lui, ils ne l’ont pas cru ! » ;
Pa naravno! « Mais naturellement ! » ;
Samo da znaƥ ƥto se dogodilo! « Si tu savais ce qui est arrivé ! » ;
Samo ti pričaj! « Cause toujours ! » ;
On je također sudjelovao « Lui aussi a collaborĂ© ».

Particules de degré

Ces particules expriment le degrĂ© d’une qualification : gotovo « presque » ; jedva « Ă  peine » ; joĆĄ « encore » ; malo « un peu » ; mnogo « (de) beaucoup » ; naročito « notamment, surtout » ; osobito « particuliĂšrement » ; posve « tout Ă  fait, absolument » ; potpuno « complĂštement, entiĂšrement » ; previĆĄe « trop » ; prilično « considĂ©rablement » ; sasvim « tout Ă  fait » ; skoro « presque » ; veoma « trĂšs » ; vrlo « trĂšs ». Exemples en phrase : Ona je mnogo veća « Elle est beaucoup plus grande », Bio je vrlo malen « Il Ă©tait trĂšs petit ».

Particules incitatives

  • La particule da + verbe Ă  la deuxiĂšme personne de l’indicatif prĂ©sent exprime une injonction : Da samo znaĆĄ ĆĄto je napravio! « Il faut que tu saches ce qu’il a fait ! » Avec la 2e personne du passĂ© composĂ©, elle exprime un ordre : Da si smjesta doĆĄao! « Viens tout de suite ! »
  • La particule neka exprime une incitation (Neka dođu! « Qu’ils/elles viennent ! »), une permission (Neka radi ĆĄto hoće! « Qu’il/elle fasse ce qu’il/elle veut ! ») ou un appel Ă  permettre se rĂ©fĂ©rant Ă  une tierce personne : Neka se djeca vesele! « Qu’ils s’amusent, les enfants ! »
  • La particule hajde est synonyme de la forme de la 2e personne de l’impĂ©ratif de doći « venir » (Hajde, vlak nas neće čekati! « Allez, viens, le train ne va pas nous attendre! »), mais sert aussi Ă  encourager : Hajde, izdrĆŸi joĆĄ malo! « Allez, rĂ©siste encore un peu! »[54]

Particules affirmatives et négatives :

Da, doći ćemo « Oui, nous viendrons » ;
Jest, javio mi je vijest « Oui, il m’a annoncĂ© la nouvelle » ;
Ne, nije doĆĄao « Non, il n’est pas venu » ;
Ne pitaj me to! « Ne me le demande pas! »

Particules présentatives

  • Les particules evo, eto, eno « voici, voilĂ  » expriment trois degrĂ©s d’éloignement, comme les pronoms-adjectifs dĂ©monstratifs : Evo čovjeka! « Voici l’homme! » (prĂšs du locuteur), Eto ti Marije, pa s njom moĆŸeĆĄ izaći! « VoilĂ  Marie ! Tu peux sortir avec elle » (prĂšs du destinataire de l’énoncĂ©), Eno naĆĄega profesora! « VoilĂ  notre professeur ! » (non pas prĂšs du locuteur ni du destinataire). UtilisĂ©e avec les pronoms personnels, evo se rĂ©fĂšre Ă  la 1re personne, eto Ă  la 2e, eno Ă  la 3e : Evo mene! « Me voilĂ  ! » Eto tebe! « Te voilĂ  ! » Eno njega! « Le voilĂ  ! ». Ces particules peuvent aussi se rĂ©fĂ©rer Ă  toute une phrase : Eto, sve sam vam rekao! « VoilĂ , je vous ai tout dit ! » Evo, to je sve ĆĄto znam! « VoilĂ , c’est tout ce que je sais ! »
  • La particule gle : Gle psa! « Tiens, le chien ! », Gle ono! « Regarde(-moi) ça ! »

Modalisateurs[55] :

Pas je doista vrlo sličan vuku « Le chien est vraiment trĂšs semblable au loup » ;
To je sigurno najbolje rjeĆĄenje « C’est sĂ»rement la meilleure solution » ;
On to, naravno, nije ni mogao znati « Naturellement, il ne pouvait mĂȘme pas le savoir » ;
Njihove su riječi, dakako, mnogo pomogle da se stvar razjasni « Bien sĂ»r, ses paroles ont beaucoup aidĂ© Ă  ce que la chose soit Ă©claircie » ;
To se, vjerojatno, nikad neće saznati « Cela, on ne le saura probablement jamais » ;
Danas će, moĆŸda, padati kiĆĄa « Peut-ĂȘtre qu’aujourd’hui il va pleuvoir » ;
Istina, on o svemu tome nije imao ni pojma « La vĂ©ritĂ©, c’est qu’il n’avait mĂȘme pas idĂ©e de tout cela ».

Syntaxe

Cette section traite des principales caractĂ©ristiques de la syntaxe du croate[56] par rapport Ă  celle du français, concernant les types de phrases simples, les fonctions syntaxiques dans la phrase simple, l’ordre des mots dans celle-ci et quelques propositions subordonnĂ©es.

La phrase négative

C’est la particule nĂ©gative ne placĂ©e devant le verbe qui nie celui-ci : Ja na pitanja ne odgovaram « Moi, je ne rĂ©ponds pas aux questions ». Ne se combine avec certains verbes, inchangĂ©e avec imati et htjeti, qui perdent leur premiĂšre syllabe : imam « j’ai » → nemam « je n’ai pas », hoću « je veux » → neću « je ne veux pas ». CombinĂ©e avec les formes de l’indicatif prĂ©sent du verbe biti, ne prend la forme ni- : (je)si « tu es » → nisi « tu n’es pas ».

L’impĂ©ratif nĂ©gatif se forme de deux façons :

  • ne + la forme affirmative de l’impĂ©ratif : Ne ljutite se! « Ne vous fĂąchez pas ! » ;
  • le verbe auxiliaire nemoj + l’infinitif : Nemojte se ljutiti!

Nemoj peut remplacer tout verbe Ă  l’impĂ©ratif nĂ©gatif, qui, dans ce cas, est dĂ©duisible du contexte : Nemojmo, braćo! « Ne le faisons pas, mes frĂšres ! »

Le correspondant du français « ni » est la particule ni corrĂ©lĂ©e avec un autre / d’autres mots nĂ©gatif(s) ou avec elle-mĂȘme : Nigdje se dosada takvo ĆĄta nije vidjelo ni čulo! « Nulle part jusqu’à prĂ©sent on n’a vu ni entendu quelque chose de pareil ! », Zatvorenik ne moĆŸe birati ni goste ni prijatelje « Le prisonnier ne peut choisir ni ses hĂŽtes ni ses amis ». « Ni » est exprimĂ© par i devant ne : Ali njih nitko i ne gleda « Eux, personne ne les regarde mĂȘme pas ! ». La particule ni sert de premier Ă©lĂ©ment composant dans la formation de pronoms et d’adverbes indĂ©finis : Nitko niĆĄta nije krio « Personne ne cachait rien », I nigdje nema nikoga « Et il n’y a personne nulle part ». Les prĂ©positions sĂ©parent la particule ni du pronom ou de l’adverbe : Ne moĆŸeĆĄ me zamijeniti ni sa čim « Tu ne peux m’échanger contre rien ».

La phrase interrogative

L’interrogation totale peut ĂȘtre exprimĂ©e par la seule intonation interrogative, mais aussi Ă  l’aide de particules interrogatives. Exemples :

Ima li tu blizu kakva prazna cisterna? « Y a-t-il une citerne vide par ici ? » ;
Da li vi to shvaćate? « Comprenez-vous cela ? »[57] ;
Je li se ujutro umivaƥ? « Tu te laves le matin ? » ;
Da niste vi danas neĆĄto slavili? « N’avez-vous pas fĂȘtĂ© quelque chose aujourd’hui, par hasard ? » ;
Zar misliĆĄ da je desetak godina vrijeme u kojem se moĆŸe sve zaboraviti? « Penses-tu vraiment qu’une dizaine d’annĂ©es suffisent pour qu’on puisse tout oublier ? ».

Dans de telles phrases on peut utiliser certains pronoms indĂ©finis formĂ©s avec i-, qui implique le sens « au moins, du moins » : Je li iĆĄta pojeo?, Ă©quivalent de Je li makar neĆĄto pojeo? « A-t-il mangĂ© au moins quelque chose ? », Je li te itko čuo?, Ă©quivalent de Je li te makar netko čuo? « Au moins quelqu’un t’a-t-il entendu ? »

L’interrogation partielle est construite avec des pronoms et adverbes interrogatifs correspondant aux termes sur lesquels portent les questions (voir plus haut les sections Pronoms et adjectifs interrogatifs et Adverbes interrogatifs).

La phrase exclamative

Ce type de phrase Ă©galement peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© non seulement par l’intonation, mais aussi Ă  l’aide de la particule li utilisĂ©e principalement pour l’interrogation (Lijepa li si! « Comme tu es belle ! ») ou d’une particule spĂ©cifique, ta : Ta nismo viĆĄe djeca! « On n’est quand mĂȘme plus des enfants ! »

La phrase impérative

En gĂ©nĂ©ral, ce type de phrase exprime l’ordre ou l’interdiction, avec le verbe Ă  l’impĂ©ratif : Pogledaj mi ruke! « Regarde mes mains ! », Nemojte se ljutiti na njih! « Ne vous fĂąchez pas contre eux ! »

Il y a aussi des constructions avec le verbe à d’autres formes :

  • da + indicatif prĂ©sent, se rĂ©fĂ©rant Ă  la 3e personne : Odmah da dođu svi ovamo! « Que tous viennent tout de suite ici ! » ;
  • da + indicatif passĂ© composĂ©, se rĂ©fĂ©rant Ă  la 2e personne (ordre ou interdiction plus catĂ©gorique) : Da si se smjesta vratio kući! « Rentre tout de suite Ă  la maison ! », Da se nisi ni maknuo, jesi li čuo! « Ne bouge mĂȘme pas, tu entends? ! »

Un autre type de phrase impĂ©rative exprime un vƓu ou un souhait :

  • avec le verbe au participe actif[58] : Vrag ga odnio! « Que le diable l’emporte’ ! », Zdravi i veseli bili! « Soyez en bonne santĂ© et joyeux ! » ;
  • avec da + l’indicatif prĂ©sent : Da si mi zdrav! « Bonne santĂ© ! » (littĂ©ralement « Que tu me sois en bonne santĂ© ! » ;
  • avec la particule nek(a) + l’indicatif prĂ©sent : Neka mi piĆĄe! « Qu’il/elle m’écrive ! » ;
  • avec kad(a) + le conditionnel prĂ©sent : Samo kad ne bih ovdje morao sjediti [...] « Pourvu que je ne doive pas rester assis lĂ  [...] ».
Fonctions syntaxiques

Le sujet grammatical est au nominatif s’il est exprimĂ© par un nom ou un pronom. Vu qu’en croate les personnes se distinguent trĂšs bien grĂące aux dĂ©sinences verbales, il n’est pas nĂ©cessaire que le sujet soit toujours exprimĂ© par un mot Ă  part. On l’exprime par un pronom personnel si seulement on veut le mettre en Ă©vidence. Exemples : Odlazim « Je m’en vais » (sujet exprimĂ© par la dĂ©sinence), Slično sam mislio i ja « Je pensais la mĂȘme chose » (sujet exprimĂ© par un pronom personnel aussi).

Avec les verbes biti et imati au sens « exister »[59] employĂ©s impersonnellement ou avec la particule prĂ©sentative evo utilisĂ©e en tant que verbe, il y a un sujet logique, qui peut ĂȘtre Ă  d’autres cas que le nominatif :

  • au gĂ©nitif : Bit će bune « Il y aura une rĂ©volte », U uglovima ima dima « Dans les coins il y a de la fumĂ©e », Evo romana mog kreveta « Voici le roman de mon lit » ;
  • au datif : Zima mi je « J’ai froid » (littĂ©ralement « Froid m’est »).

Dans le cas d’un verbe copule + attribut, si celui-ci appartient Ă  une classe grammaticale nominale, il peut ĂȘtre non seulement au nominatif (ex. Ja jesam vjeĆĄtac « Je suis vraiment un sorcier »), mais aussi Ă  un autre cas. Avec la copule biti, il peut ĂȘtre :

  • un groupe nominal au gĂ©nitif sans prĂ©position : Starac je [...] bio dobre volje « Le vieillard [...] Ă©tait bienveillant » ;
  • un nom avec prĂ©position : Ja sam bez volje « Je n’ai pas de volontĂ© » (littĂ©ralement « Je suis sans volontĂ© ») (au gĂ©nitif), JoĆĄ ste vi u snazi « Vous ĂȘtes encore en pleine force » (locatif).

Avec d’autres copules, par exemple postati « devenir », l’attribut peut ĂȘtre au cas instrumental sans prĂ©position : Zidovi su postajali sve tamnijima « Les murs devenaient de plus en plus sombres ».

Le sujet et le verbe s’accordent entre eux en nombre, en personne et, aux formes verbales oĂč on utilise le participe actif, en genre Ă©galement : Gazdarica je ustala « La maĂźtresse de maison s’est levĂ©e ». Par contre, il n’y a pas d’accord avec la copule biti ni avec l’attribut dans la construction prĂ©sentative avec un pronom dĂ©monstratif sujet, qui reste invariable, au neutre nominatif singulier : Ovo je moj drug « C’est mon camarade », No, to bi bila lijepa parada! « Alors lĂ , ce serait une belle parade ! ».

Le complĂ©ment d’objet direct est en gĂ©nĂ©ral Ă  l’accusatif (Htio sam razveseliti tetku « J’ai voulu rendre ma tante plus gaie »), mais il est au gĂ©nitif appelĂ© « partitif » quand il correspond Ă  un complĂ©ment français avec article partitif ou avec « de » remplaçant celui-ci : Čovjek ima snage onoliko koliko mora imati snage da bi izdrĆŸao do svojega kraja. « L’homme a de la force, autant de force qu’il doit avoir pour rĂ©sister jusqu’à sa fin ».

Le complĂ©ment d’objet indirect peut ĂȘtre Ă  divers cas, sauf le nominatif et le vocatif, en fonction du verbe rĂ©gent :

  • au gĂ©nitif sans prĂ©position (d’habitude exigĂ© par des verbes pronominaux) : Sjećate li se Tanje? « Vous souvenez-vous de Tanja ?;
  • au gĂ©nitif avec prĂ©position : Sve zavisi od rezultata « Tout dĂ©pend du rĂ©sultat » ;
  • au datif (sans prĂ©position) : Brat bratu, otac sinu, sin ocu neće viĆĄe vjerovati « Le frĂšre ne croira plus son frĂšre, le pĂšre son fils, le fils son pĂšre » ;
  • Ă  l’accusatif (avec prĂ©position) : Bacio se čovjek u troĆĄak « L’homme s’est jetĂ© dans la dĂ©pense » ;
  • Ă  l’instrumental sans prĂ©position : Čitava kuća je najednom zamirisala kruhom « Toute la maison commença soudain Ă  sentir le pain » ;
  • Ă  l’instrumental avec prĂ©position : S poteĆĄkoćama se nije lako boriti « Il n’est pas facile de lutter contre les difficultĂ©s » ;
  • au locatif (avec prĂ©position) : Sve govore o srcu [...] « Toutes parlent du cƓur [...] ».

Quant au complĂ©ment circonstanciel de lieu exprimĂ© par un nom ou un pronom, il est Ă  mentionner l’utilisation des cas accusatif et locatif. Le premier est employĂ© avec des verbes qui expriment le dĂ©placement vers un lieu, le second avec des verbes qui n’expriment pas le dĂ©placement en gĂ©nĂ©ral ou expriment un dĂ©placement qui ne s’effectue pas vers un lieu (voir plus haut PrĂ©positions).

Les adjectifs qui peuvent avoir un complĂ©ment ont Ă©galement leur rĂ©gime. Par exemple krcat « chargĂ©, tout plein » demande l’instrumental sans prĂ©position (krcat koĆĄarama « chargĂ© de panniers »), ĆŸeljan « dĂ©sireux » – le gĂ©nitif sans prĂ©position (Dečko bio ĆŸeljan svijeta « L’enfant dĂ©sirait voir du/le monde »), umoran « fatiguĂ© » – le gĂ©nitif avec la prĂ©position od, etc. Le gĂ©nitif avec od peut aussi ĂȘtre utilisĂ© aprĂšs les adjectifs au degrĂ© comparatif : Kamen je tvrđi od zemlje « La pierre est plus dure que la terre ».

Le complĂ©ment du nom peut ĂȘtre au gĂ©nitif sans prĂ©position (ugao ulice « le coin de la rue », čaĆĄa vina « un verre de vin », čovjek dobre naravi « un homme de bon caractĂšre »), au gĂ©nitif avec prĂ©position (kutija od ĆĄibica « boĂźte d’allumettes ») ou Ă  un autre cas avec prĂ©position : ĆŸena s madeĆŸom « la femme au grain de beautĂ© » (instrumental).

L’ordre des mots

L’ordre des mots dĂ©pend du rĂŽle sĂ©mantique, de thĂšme ou de rhĂšme, attribuĂ© Ă  l’une ou l’autre des parties de la phrase et/ou de l’intention du locuteur d’en mettre en relief une partie ou une autre[60].

Ordre des mots sans mise en relief

Bien qu’en croate l’ordre des mots soit assez libre, il reste une langue SVO, c’est-à-dire l’ordre des mots y est sujet + verbe + objet si les conditions suivantes sont remplies :

  1. Le sujet et le complément sont connus des interlocuteurs, la question des rÎles de thÚme et de rhÚme ne se posant pas.
  2. La phrase est déclarative affirmative.
  3. Le sujet est exprimé par un mot à part.
  4. Le verbe est constituĂ© d’un seul mot.
  5. Dans la phrase il y a un seul complĂ©ment d’objet.
  6. La phrase est neutre, c’est-à-dire qu’aucune de ses parties n’est mise en relief.
  7. Du point de vue prosodique, les trois termes sont accentués.

Exemple : Narod glasa za republiku « Le peuple vote pour la république ».

L’ordre est le mĂȘme si, les conditions 2 Ă  7 restant remplies, par exemple la phrase ci-dessus rĂ©pond Ă  la question « Que fait le peuple ? », c’est-Ă -dire dans la rĂ©ponse, le sujet est thĂšme et le verbe + le complĂ©ment rhĂšme. En gĂ©nĂ©ral, le thĂšme prĂ©cĂšde le rhĂšme.

Dans d’autres situations, l’ordre peut ĂȘtre diffĂ©rent.

Si le sujet est rhĂšme, il se place aprĂšs le verbe : Za republiku glasa narod « C’est le peuple qui vote pour la rĂ©publique ».

Si on attribue le rĂŽle de thĂšme au complĂ©ment, il est placĂ© en tĂȘte de phrase : Slavko vidi Olgu. Olgu vidimo i mi « Slavko voit Olga. Olga, nous la voyons nous aussi.

Si le verbe est de la catĂ©gorie des verbes dits « existentiels », l’ordre est verbe + sujet : Pojavilo se sunce « Le soleil est apparu ».

Si la fonction de verbe est remplie par une particule, elle aussi prend la premiÚre place : Evo romana mog kreveta (sujet logique au génitif) « Voici le roman de mon lit ».

Si le verbe exprime l’existence ou la disponibilitĂ© du sujet, et que le complĂ©ment est circonstanciel de lieu ou de temps, celui-ci se place avant le verbe, et le sujet aprĂšs le verbe : Na stolu leĆŸi knjiga « Sur la table il y a (littĂ©ralement ”est couchĂ©â€) un livre », U friĆŸideru ima ĆĄunke (sujet logique au gĂ©nitif) « Dans le rĂ©frigĂ©rateur il y a du jambon ».

Si dans la phrase il y a deux complĂ©ments, les deux se placent aprĂšs le verbe : PeruĆĄina pruĆŸi materi ruku « PeruĆĄina tend la main Ă  sa mĂšre ».

Si dans la phrase il y a un ou deux complément(s) circonstanciel(s) exprimés par un/des adverbe(s), il(s) se place(nt) :

  • avant le verbe quand celui-ci est Ă  une forme simple : DragonoĆĄka malo jede « DragonoĆĄka mange peu » ;
  • entre le verbe auxiliaire et la partie du verbe qui porte son sens lexical, quand il est Ă  une forme composĂ©e : Mjesec će noćas kasno izaći « La lune va se lever tard cette nuit ».

D’autres termes de la phrase sont en gĂ©nĂ©ral le plus prĂšs de leur mot rĂ©gent.

L’épithĂšte est placĂ©e avant le mot qu’il dĂ©termine : Liơće pada u otvoren bunar « Les feuilles tombent dans le puits ouvert ».

Si un mot a plusieurs Ă©pithĂštes, toutes sont placĂ©es avant le mot dĂ©terminĂ©, celles ayant un sens plus large prĂ©cĂ©dant celles qui ont un sens plus restreint : Spomenuo bih joĆĄ neka terminoloĆĄka rjeĆĄenja, dijelom preuzeta iz prethodne hrvatske gramatičarske tradicije « Je voudrais encore rappeler quelques solutions terminologiques, en partie reprises Ă  la tradition grammaticale croate antĂ©rieure ».

Lorsqu’un adjectif pronominal et un adjectif proprement-dit dĂ©terminent un mĂȘme mot, le premier prĂ©cĂšde le second : Pokupit će tvoje bijelo platno « Il/Elle achĂštera ta toile blanche ».

Les adverbes en fonction de complĂ©ment d’un adjectif sont placĂ©s avant ce dernier : Ljudi su ga upotrebljavali u sasvim druge svrhe « Les gens l’utilisaient dans de tout autres buts ».

Le complĂ©ment du nom exprimĂ© par un autre nom ou par un adverbe est placĂ© aprĂšs le mot dĂ©terminĂ© : TiĆĄina nad AljmaĆĄem ogromna je « Le silence au-dessus de l’AljmaĆĄ est immense », Vratio sam se na poziv odavde « Je suis revenu Ă  un appel d’ici ».

Ordre des mots avec mise en relief

Tout terme de la phrase peut ĂȘtre mis en relief par son accentuation plus forte et son placement Ă  une position autre que celle qu’il occupe lorsqu’il n’est pas mis en relief :

  • Avec un complĂ©ment dans la phrase, le sujet se met en relief en le plaçant aprĂšs le verbe et en mettant le complĂ©ment avant le verbe : Ć unku donosi Slavko « Le jambon, c’est Slavko qui l’apporte ».
  • Sans complĂ©ment, le verbe est mis en relief par son placement avant le sujet : Uređuju ĆŸeljezničari « Ils rangent, les cheminots » .
  • Avec un complĂ©ment, le verbe est mis en relief par son placement aprĂšs le complĂ©ment : Slavko Olgu prezire « Slavko mĂ©prise Olga » (en français, seule accentuation plus forte du verbe).
  • L’attribut se met en relief par son placement avant la copule : Dug je ĆŸivot! « Elle est longue, la vie ! » .
  • Pour mettre en relief le complĂ©ment d’objet direct, on le place avant le verbe : Republikance vodi Stipa « C’est les rĂ©publicains que Stipa dirige », Ova knjiga zlata vrijedi « C’est de l’or que vaut ce livre » .
  • Le complĂ©ment circonstanciel est mis en relief par son placement en tĂȘte de phrase : Sa svakim neĆĄto dijeliĆĄ « C’est avec chacun qu’on Ă©change quelque chose » .
  • L’épithĂšte est mise en relief par son placement aprĂšs le mot dĂ©terminĂ© : Ivina kuća ima pročelje visoko « C’est une façade haute qu’elle a, la maison d’Ivo ».
Place des clitiques

Les enclitiques se placent juste aprĂšs le premier mot accentuĂ© de la phrase : Mi te niĆĄta ne pitamo « Nous ne te demandons rien », Vratio sam se u sobu « Je suis revenu dans la chambre », Jeste li dobro putovali? « Avez-vous bien voyagĂ© ? ». Ils peuvent aussi ĂȘtre placĂ©s aprĂšs des conjonctions reliant des propositions ou aprĂšs d’autres mots qui introduisent des subordonnĂ©es, mĂȘme atones, sauf i et a (les deux ayant le sens « et ») : Neki su kolege već dobili upalu ... pa su ih operirali « Certains collĂšgues ont dĂ©jĂ  fait des inflammations et on les a opĂ©rĂ©s », Kako ste saznali da ću biti u Zagrebu? « Comment avez-vous appris que je serais Ă  Zagreb ? », Nikada nisam znao gdje sam « Je n’ai jamais su oĂč j’étais ».

Lorsqu’il y a plusieurs enclitiques diffĂ©rents qui se suivent, leur ordre est le suivant :

  • particule li + verbe auxiliaire + pronom personnel : Pitam se da li ćete mu vi moći pomoći « Je me demande si vous pourrez l’aider, vous » ;
  • pronom personnel + verbe auxiliaire je : Vidio ga je samo jednom « Il ne l’a vu qu’une seule fois » ;
  • autre forme enclitique de verbe auxiliaire + pronom personnel : Znao sam da ćete je potraĆŸiti « Je savais que vous la chercheriez ».

Quand il y a deux pronoms personnels atones qui se suivent, y compris le pronom réfléchi :

  • pronom au datif + pronom Ă  l’accusatif : Dajte mi ga! « Donnez-le-moi ! », On joj se nasmjeĆĄao « Il lui a souri » ;
  • pronom au datif + pronom au gĂ©nitif : Ćœao mi ga je « Je suis dĂ©solĂ© pour lui » ;
  • pronom au gĂ©nitif + pronom Ă  l’accusatif : Djeca su ga se nagledala « Les enfants en ont eu assez de le regarder ».

Les proclitiques se placent comme suit :

  • les prĂ©positions avant le mot avec lequel elles forment un complĂ©ment : Pismo je drĆŸao u ruci « La lettre, il la tenait Ă  la main » ;
  • les conjonctions avant le mot qu’ils relient au prĂ©cĂ©dent ou en tĂȘte de la proposition qu’elles relient Ă  une autre : Plač i glad na sve strane « Pleurs et famine partout », Moram priznati da će i to biti lijepo « Je dois reconnaĂźtre que cela aussi sera beau », Ako ga sretneĆĄ, pozdravi ga i od mene « Si tu le rencontres, salue-le de ma part aussi » ;
  • la particule ne avant le mot niĂ© : Ne marim ja za to « Je ne m’en fais pas pour ça ». Si le verbe est Ă  une forme composĂ©e, le verbe auxiliaire suit ne, contractĂ© avec celle-ci dans le cas de certaines formes (voir plus haut La phrase nĂ©gative), mais sĂ©parĂ© au conditionnel : Kad bi se ljepota sastojala samo u veličini, onda se vodopadi ne bi mogli mjeriti sa Nijagarom « Si la beautĂ© consistait seulement dans la grandeur, alors les cascades ne pourraient pas se mesurer au Niagara ».

Propositions subordonnées

Ci-aprÚs, quelques constructions croates de proposition subordonnée différentes de celles du français.

La phrase à proposition finale peut se construire de plusieurs façons :

  • La plus simple est avec la conjonction da et le verbe Ă  l’indicatif prĂ©sent avec la valeur du subjonctif prĂ©sent français : Izađe da se proĆĄeta gradom[61] « Il sort pour se promener en ville ».
  • Devant la conjonction da, il peut y avoir l’adverbe zato ou le pronom dĂ©monstratif to avec la prĂ©position radi : Oči su zato da gledaju « Les yeux sont pour regarder », Dječak poĆŸuri radi toga da prije mraka stigne kući « L’enfant se dĂ©pĂȘche pour arriver chez lui avant la tombĂ©e de la nuit ».
  • Avec la conjonction da, le verbe peut ĂȘtre au conditionnel aussi : MoĆŸda sve ovo radim samo zato da bih pokazao svoju superiornost svijetu « Tout cela, je le fais peut-ĂȘtre pour montrer ma supĂ©rioritĂ© au monde ».
  • Avec la conjonction kako, le verbe peut ĂȘtre seulement au conditionnel : Kako se dječak ne bi uguĆĄio, oni na poklopcu ostave otvor velik kao ĆĄaka « Pour que le garçon ne s’étouffe pas, ils laissĂšrent sur le couvercle une ouverture grande comme la paume ».
  • On construit Ă©galement cette subordonnĂ©e avec li, le verbe Ă©tant au conditionnel forme nĂ©gative mais sans sens nĂ©gatif : Ispuhujem dim cigarete u okno ne bih li ga barem malo zatamnio « Je souffle la fumĂ©e de ma cigarette vers la fenĂȘtre pour l’assombrir au moins un peu ».

La proposition consĂ©cutive peut avoir le verbe Ă  l’indicatif prĂ©sent (Ć kola je tako dosadna da svi jedva čekamo svjeĆŸi zrak, slobodu « L’école est tellement ennuyeuse, que nous attendons tous avec impatience l’air frais, la libertĂ© ») ou au conditionnel prĂ©sent : Nisam ratnik da bih vjerovao u pobjedu « Je ne suis pas un guerrier pour croire Ă  la victoire ».

La proposition conditionnelle peut se construire comme suit :

  • avec la conjonction ako et le verbe Ă  l’indicatif prĂ©sent : Ako piĆĄeĆĄ, misli i na čitatelja « Si tu Ă©cris, pense au lecteur aussi » ;
  • avec la mĂȘme conjonction et l’indicatif futur (contrairement au français) : Ako ćete trčati, onda ćete steći kondiciju « Si vous courez, vous serez en forme » ;
  • avec la mĂȘme conjonction et le conditionnel (contrairement au français) : Ako bi itko u Grčkoj mogao reći da je star i sit ĆŸivota, onda bih ja to mogao reći « Si quelqu’un en GrĂšce pouvait dire qu’il est vieux et qu’il en a assez de la vie, alors c’est moi qui pourrais le dire » ;
  • avec la conjonction kad(a)[62] et le conditionnel : Kada bi zemlja bila ravna, vidio bih Afriku [...] « Si la Terre Ă©tait plate, je verrais l’Afrique » ;
  • avec da et l’indicatif : Da ga čujem, mislim da bih umrla « Si je l’entendais, je pense que je mourrais » ;
  • avec li et l’indicatif : PiĆĄeĆĄ li, onda misli i na čitatelja « Si tu Ă©cris, pense au lecteur aussi ».

Transformation infinitive

Dans le registre de langue soutenu, il est habituel d’exprimer le procĂšs subordonnĂ©e avec le verbe Ă  l’infinitif toutes les fois que cela est possible, gĂ©nĂ©ralement lorsque son sujet est le mĂȘme que celui de son verbe rĂ©gent[63], et que celui-ci exprime[64] :

  • un Ă©tat d’ñme : Pa kako se nije bojao doći ovako po danu ovamo « Comment se fait-il qu’il n’ait pas eu peur de venir ici en plein jour » ;
  • la volontĂ© : On hoće spavati « Il veut dormir » ;
  • l’obligation du sujet du verbe rĂ©gent : Danas moramo otići po onu cijev [...] « Aujourd’hui nous devons aller chercher ce tuyau-lĂ  [...] » ;
  • la capacitĂ© : Nije mogao izdrĆŸati « Il n’a pas pu rĂ©sister » ;
  • le commencement/l’arrĂȘt d’une action : ZaĆĄto sam – onako mlad – prestao pisati? « Pourquoi ai-je – si jeune – cessĂ© d’écrire ? » ;
  • le succĂšs/l’échec : Uspio sam ga uvjeriti « J’ai rĂ©ussi Ă  le convaincre » ;
  • la compĂ©tence : Znale su mi mnoge noći oteti počinak « Beaucoup de nuits ont su ravir mon repos » ;
  • l’essai : PokuĆĄao sam pokrenuti udove « J’ai essayĂ© de bouger mes membres ».

C’est par l’infinitif Ă©galement qu’on exprime le procĂšs subordonnĂ©e Ă  sujet indĂ©fini, lorsque le verbe rĂ©gent est impersonnel et qu’il exprime l’obligation. C’est ainsi qu’on exprime une obligation gĂ©nĂ©rale[65] : Prije svanuća treba sakriti puĆĄku « Il faut cacher le fusil avant l’aube », Valja spasavati obraz grada « Il convient de sauver la face/l’honneur de la ville ».

Lexique

Mots hérités du proto-slave

En croate il y a des mots slaves anciens dans les domaines les plus variĂ©s : svjet « monde », drvo « arbre, bois », jelen « cerf », čovjek « homme, ĂȘtre humain », glava « tĂȘte », mali « petit », mjesto « place », brijati « raser », lov « chasse », pepeo « cendre », orati « labourer », krava « vache », tkati « tisser », stol « table », prag « seuil », trgovati « faire du commerce », put « chemin », boj « combat », otac « pĂšre », misao « pensĂ©e », plesati « danser », crkva « Ă©glise », etc[66].

Mots des dialectes

Le croate standard Ă©tant basĂ© sur le dialecte chtokavien, la plupart des mots proviennent de celui-ci mais il inclut des mots des autres dialectes aussi, tels kukac « insecte », du kaĂŻkavien, ou spuĆŸva « Ă©ponge » du tchakavien[67].

DĂ©rivation

Comme en français, la dĂ©rivation, c’est-Ă -dire l’ajout d’un suffixe ou/et d’un prĂ©fixe, parfois l’enlĂšvement d’un suffixe, est en croate un moyen important de formation de mots. On obtient ainsi des membres nouveaux appartenant Ă  la mĂȘme famille lexicale que le mot de base.

Suffixation

Le moyen le plus frĂ©quent de dĂ©rivation est l’ajout ou le remplacement d’un suffixe, qui fournit[68] :

  • des noms :
    • Ă  partir de verbes :
      • des noms d’action : izdavati « Ă©diter » > izdavanje « Ă©dition », početi « commencer » > početak « commencement », ĆĄetati se « se promener » > ĆĄetnja « promenade », događati se « se passer, arriver » > događaj « Ă©vĂ©nement », ĆŸeniti se « se marier » (action d’un homme) > ĆŸenidba « mariage » ;
      • des noms d’agent : sluĆĄati « Ă©couter » > sluĆĄatelj « auditeur », predavati « donner des confĂ©rences » > predavač « confĂ©rencier », vladati « rĂ©gner » > vladar « monarque » ;
    • Ă  partir d’adjectifs : naivan « naĂŻf » > naivnost « naĂŻvetĂ© », pun « plein » > punoća « plĂ©nitude », tuđ « Ă©tranger » > tuđica « mot Ă©tranger », pijan « ivre » > pijanstvo « ivresse, alcoolisme » ;
    • Ă  partir d’autres noms :
      • des noms abstraits : susjed « voisin » > susjedstvo « voisinage » ;
      • des noms d’agent : zlato « or » > zlatar « orfĂšvre », folklor > folkloraĆĄ « membre d’ensemble folklorique » ;
      • des noms d’habitants : Kanada > Kanađanin « Canadien », Indija > Indijac « Indien » ;
      • des noms fĂ©minins : ĆĄef « chef » > ĆĄefica « femme chef », bog « dieu » > boginja « dĂ©esse », kandidat > kandidatkinja ;
      • des diminutifs : brod « bateau » > brodić « petit bateau », soba « piĂšce, chambre » > sobica « petite piĂšce/chambre » ;
      • des augmentatifs : brod > brodina « grand bateau » ;
  • des adjectifs :
    • Ă  partir de noms : mir « paix » > miran « paisible », druĆĄtvo « sociĂ©tĂ© » > druĆĄtven « sociable », beton > betonski « en bĂ©ton », Amerika > američki « amĂ©ricain », miĆĄ « souris » > miĆĄji « de souris », lipa « tilleul » > lipov « de tilleul » ;
    • Ă  partir de verbes : plakati « pleurer » > plačljiv « pleurnichard », objasniti « expliquer » > objaĆĄnjiv « explicable », pisati « Ă©crire » > pisaći (stol) « (table de) bureau » ;
    • Ă  partir d’adverbes : tamo > tamoĆĄnji « de lĂ -bas » ;
  • des verbes :
    • Ă  partir de noms : karta « carte (Ă  jouer) » > kartati se « jouer aux cartes », boja « couleur » > bojiti « colorer », mač « Ă©pĂ©e » > mačevati se « combattre Ă  l’épĂ©e », torpedo « torpille » > torpedirati « torpiller » ;
    • Ă  partir d’adjectifs : gladan « affamĂ© » > gladnjeti « souffrir de la faim », kiseo « aigre » > kiseliti « aigrir » ;
    • Ă  partir d’autres verbes : gurati « pousser » > gurkati « pousser un peu », pjevati « chanter » > pjevuckati « chantonner ».

Voici un exemple de famille lexicale formĂ©e par suffixation. À partir du nom drvo « arbre, bois », on obtient de cette façon six mots, dont trois formĂ©s Ă  partir de mots dĂ©jĂ  suffixĂ©s[69] :

drvce « petit arbre »
drven « en bois » > drvenjara « maison en bois »
drvar « bûcher » et/ou « vendeur de bois » :
> drvarica « femme qui coupe ou ramasse du bois »
> drvarnica « resserre à bois »
Dérivation régressive

Le croate se caractĂ©rise entre autres par la formation de noms Ă  partir de verbes, par dĂ©rivation rĂ©gressive, c’est-Ă -dire par la suppression de leur suffixe d’infinitif. Exemple : napadati « attaquer » > napad « attaque »[70].

Préfixation

La prĂ©fixation[71] est moins productive que la suffixation mais c’est toutefois un procĂ©dĂ© important de formation de mots.

Dans le cas du verbe, la prĂ©fixation peut ĂȘtre un procĂ©dĂ© :

  • uniquement grammatical, lorsque le prĂ©fixe change seulement l’aspect du verbe sans changer son sens lexical ;
  • en partie grammatical et en partie lexical, quand le prĂ©fixe change l’aspect et en mĂȘme temps le sens lexical du verbe (voir plus haut Aspects des verbes) ;
  • uniquement lexical.

Dans le cas des mots d’autres classes grammaticales, la prĂ©fixation est uniquement lexicale, y compris dans le sens qu’elle ne fait pas passer le mot dans une autre classe grammaticale.

La plupart des prĂ©fixes sont des prĂ©positions Ă  l’origine et ils ont des variantes phonĂ©tiques dĂ©terminĂ©es par le son initial du mot prĂ©fixĂ©. Par ajout de prĂ©fixe, on peut obtenir :

  • des noms : učenik « Ă©lĂšve » > suučenik « camarade de classe », predsjednik « prĂ©sident » > potpredsjednik « vice-prĂ©sident » (prĂ©fixe pod- « sous- », avec dĂ©voisement de [d] par [p]);
  • des adjectifs :
    • diminutifs : gluh « sourd » > nagluh « un peu sourd », lud « fou » > sulud « un peu fou » ;
    • augmentatifs : krasan « beau » > prekrasan « trĂšs beau » ;
    • nĂ©gatifs : sretan « heureux » > nesretan « malheuereux » ;
    • autres : posljednji « dernier » > pretposljednji « avant-dernier » (prĂ©fixe pred-, avec dĂ©sonorisation de [d] par [p]);
  • des pronoms : tko « qui » > netko « quelqu’un », nitko « personne » ;
  • des verbes : baciti « jeter » > izbaciti « jeter dehors », lijepiti « coller » > odlijepiti « dĂ©coller », pljuvati « cracher » > popljuvati « cracher sur », dati « donner » > predati « remettre (quelque chose Ă  quelqu’un) », kazati « dire » > pretkazati « prĂ©dire », letjeti « voler (dans les airs) » > uletjeti « voler vers l’intĂ©rieur » ;
  • des adverbes : lako « facilement, lĂ©gĂšrement » > olako « de façon irrĂ©flĂ©chie », daleko « loin » > predaleko « trĂšs loin », jučer « hier » > prekjučer « avant-hier ».
Dérivation parasynthétique

Par dérivation parasynthétique, on forme des mots par préfixation et suffixation simultanées. Exemples[72] :

  • un nom Ă  partir d’un nom : do- « jusqu’à » + koljeno « genou » + -ica > dokoljenica « bas arrivant jusqu’au genou » ;
  • un adjectif Ă  partir d’un nom : bez- « sans » + voda « eau » + -an > bezvodan « manquant d’eau » ;
  • un verbe Ă  partir d’un nom : o- + bol « douleur » + -jeti > oboljeti « tomber malade » ;
  • un verbe Ă  partir d’un adjectif : o- + bez- + hrabar « courageux » + -iti > obeshrabriti (mot Ă  deux prĂ©fixes) « dĂ©courager » ;
  • un adverbe Ă  partir d’un nom : po- + trbuh « ventre » + -ke > potrbuĆĄke « Ă  plat ventre ».

Composition

En croate, le procĂ©dĂ© de composition est beaucoup plus productif qu’en français[73]. On peut l’appliquer :

  • en soudant directement deux mots : duhan « tutun » + kesa « sachet » > duhĂ nkesa « blague Ă  tabac » ;
  • en ajoutant le deuxiĂšme mot Ă  l’aide d’une voyelle de liaison, gĂ©nĂ©ralement o : riba « poisson » + o + lov « chasse » > rȉbolƍv « pĂȘche ».

Les Ă©lĂ©ments du mot composĂ© peuvent ĂȘtre :

  • deux noms : duhankesa, ribolov ;
  • un nom et un adjectif : krvoĆŸedan (< krv « sang » + ĆŸedan « assoiffĂ© ») « assoiffĂ© de sang »[66] ;
  • un nom et un verbe : dangubiti (< dan « jour » + gubiti « perdre ») « perdre le temps, paresser » ;
  • un nombre et un nom : dvostolica (< dva « deux » + stolica « chaise ») « chaise pour deux », prvoborac (< prvi « premier » + borac « combattant ») « combattant des premiĂšres heures » ;
  • deux nombres : dvadeset « vingt » (littĂ©ralement « deux dix »);
  • un verbe et un nom : palikuća (< paliti « allumer » + kuća « maison ») « incendiaire »[66] ;
  • un adverbe et un adjectif : takozvani « dit » (littĂ©ralement « ainsi nommĂ© »);
  • un adverbe et un verbe : zloupotrjebiti (< zlo « mal » + upotrjebiti « utiliser ») « abuser de »[66] ;
  • une prĂ©position et un nom : nizbrdo (< niz « vers le bas » + brdo « colline ») « en dĂ©valant » ;
  • une prĂ©position et un adverbe : udesno (< u « en, dans » + desno « Ă  droite ») « vers la droite » ;
  • une prĂ©position et un pronom : zatim (< za « aprĂšs » + instrumental de to « cela ») « ensuite ».

À cĂŽtĂ© de ces mots composĂ©s, ayant un seul accent, il y en a aussi d’autres, moins soudĂ©s, leurs composants gardant leur accent. Ils s’écrivent avec un trait d’union : spȍmēn-plȍča « plaque commĂ©morative », drĂčĆĄtveno-polĂŹtičkÄ« « socio-politique ».

Composition + dérivation

Par ce procédé on forme des mots composés et suffixés simultanément[74]. Le suffixe mis à part, ils peuvent avoir pour base :

  • un groupe nominal Ă  Ă©pithĂšte : srednji vijek « Moyen Âge » > srednjovjekovni « mĂ©diĂ©val » ;
  • un toponyme du type groupe nominal Ă  Ă©pithĂšte > le nom d’habitant de la localitĂ© en cause : Stari Grad > Starograđanin ;
  • un nom + un verbe : očigledan (< oči « yeux » + gledati « regarder » + -an) « Ă©vident » ;
  • un adjectif + un nom : oĆĄtrouman (< oĆĄtar « aiguisĂ© » + um « intelligence » + -an) « intelligent » ;
  • un pronom + un nom : ovozemaljski (< ova « cette » + zemlja « terre » + -ski) « de ce monde »[66] ;
  • un nombre + un nom : jednosmjeran [< jedan « un » + smjer « sens (de dĂ©placement) » + -an] « Ă  sens unique » ;
  • un adverbe + un nom : malokrvan (< malo « peu » + krv « sang » + -an) « anĂ©mique »[66] ;
  • un adverbe + un verbe : lakomislen (< lako « facilement, lĂ©gĂšrement » + misliti « penser » + -en) « lĂ©ger, irrĂ©flĂ©chi »[66].

De la catĂ©gorie des mots formĂ©s de cette façon font partie Ă©galement des mots composĂ©s + suffixe zĂ©ro, c’est-Ă -dire dont le second Ă©lĂ©ment est un radical. Exemples :

  • nom + radical verbal : voda « eau » + voditi « conduire » > vodovod « rĂ©seau de distribution de l’eau » ;
  • adjectif + radical nominal : lijevi « gauche » + ruka « main » > ljevoruk « gaucher » ;
  • adverbe + radical verbal : pravo « droit, correctement » + pisati « Ă©crire » > pravopis « orthographe ».

Calques

En croate, les calques sont surtout des traductions littĂ©rales de mots composĂ©s Ă©trangers, suivant les rĂšgles de la composition spĂ©cifiques au croate[75]. Ainsi, le mot pravopis mentionnĂ© plus haut est-il en fait un calque de l’allemand Rechtschreibung et du français orthographe. Autres exemples : vodopad (< voda « eau » + le radical du verbe padati « tomber », cf. allemand Wasserfall) « cascade, chute d’eau » ; kolodvor (< kolo « roue » + dvor « cour », cf. allemand Bahnhoff) « gare » ; kamenotisak (< kamen « pierre » + tisak « imprimerie », cf. allemand Steindruck) « lithographie » ; neboder (< nebo « ciel » + derati « Ă©gratigner », cf. anglais skyscraper) « gratte-ciel ». Un exemple de calque qui n’est pas un mot composĂ© mais suffixĂ©, est tvrtka (< tvrd « dur, ferme » + le suffixe -ka, cf. italien firma) « compagnie, sociĂ©tĂ© commerciale ».

Parfois le calque n’est que sĂ©mantique, c’est-Ă -dire on donne Ă  un mot dĂ©jĂ  existant dans la langue un sens calquĂ© sur un sens du correspondant Ă©tranger du mot. C’est le cas de miĆĄ « souris » en informatique, sur l’anglais mouse.

Emprunts

Comme toute langue, le croate aussi a enrichi son lexique par des emprunts Ă  plusieurs langues[76].

Le lexique du croate fut influencĂ© en premier lieu par les langues voisines, dont des langues romanes, auxquelles il a empruntĂ© plus de mots que d’autres langues slaves du sud. Il conserve des mots du dalmate (aujourd’hui disparu), par exemple tunj « thon » et spuĆŸva « Ă©ponge ». L’italien a eu dĂšs le Moyen Âge une influence plus importante sur le littoral et les Ăźles de la mer Adriatique, donnant au croate standard des mots tels barka « barque », balkon « balcon », boća « boule au jeu de quilles », influence qui a continuĂ© aux Ă©poques ultĂ©rieures par des mots comme banka « banque », valuta « devise » (terme financier), novela « nouvelle » (genre littĂ©raire), kantautor « chanteur auteur-compositeur-interprĂšte », etc. Plus de mots italiens encore sont prĂ©sents dans les variĂ©tĂ©s rĂ©gionales du littoral et des Ăźles.

L’allemand a influencĂ© d’abord le croate parlĂ© sur le continent. Parmi les mots de cette origine on peut citer cigla « brique, tuile », krumpir « pomme de terre », logor « camp », ĆĄminka « maquillage ».

Dans la partie continentale de la Croatie ont pĂ©nĂ©trĂ© des mots hongrois Ă©galement, dont dans la langue standard barĆĄun « velours », bunda « manteau de fourrure », gumb « bouton (de vĂȘtement) », karika « anneau, maillon », kočija « voiture (Ă  cheval) ».

Le voisinage avec l’Empire ottoman a causĂ© l’entrĂ©e dans le croate de mots turcs aussi : boja « couleur », budala « idiot », bunar « puits », čarapa « bas » (vĂȘtement), čelik « acier », dĆŸep « poche », jastuk « oreiller », kutija « boĂźte », majmun « singe », pamuk « coton », rakija « eau-de-vie », ĆĄećer « sucre ».

Vers la fin du XIXe siĂšcle on a eu recours Ă  des emprunts Ă  d’autres langues slaves. Du russe on a pris, par exemple, bodar « vigoureux », dozvoliti « permettre », sujevjerje « superstition », točan « exact », vjerojatan « probable ». Au mĂȘme siĂšcle on a empruntĂ© des mots au tchĂšque aussi, surtout dans la terminologie technique et scientifique, dont la langue actuelle a gardĂ© entre autres duĆĄik « azote », vodik « hydrogĂšne », vlak « train ».

Les mots d’origine grecque sont principalement internationaux et ne sont pas venus directement de cette langue, mais il y en a aussi de ceux-ci, comme livada « prĂ© ». Exemples de mots internationaux grecs Ă  l’origine : amfora, bakterija, dinastija, filozofija, program, telefon, televizija.

Le cas des mots d’origine latine est semblable aux prĂ©cĂ©dents. Les plus anciens viennent du latin d'Ă©glise et sont d’origine grecque : anđeo « ange », bazilika, euharistija, evanđelje « Ă©vangile », katolik. Les plus rĂ©cents sont internationaux : doktor, estimacija, formula, horor, humus, kontemplacija, memorija, etc.

Le français aussi a donné beaucoup de mots au croate, par exemple bife « buffet », bistro, grupa « groupe », meni « menu ».

En croate contemporain, la plupart des emprunts viennent de l’anglais : film, gol « but » (terme sportif), hardver « matĂ©riel » (en informatique), marketing, monitor (en informatique), menadĆŸer « manager », tenk « tank », sendvič « sandwich », ĆĄou « spectacle », vikend « week-end ».

Parmi les emprunts on peut distinguer des catĂ©gories selon leur degrĂ© d’assimilation. Aussi y a-t-il :

  • des mots qui ne sont plus sentis comme Ă©trangers, Ă©tant complĂštement intĂ©grĂ©s au point de vue morphologique : anđeo « ange », boja « couleur », ĆĄminka « maquillage », vlak « train » ;
  • des mots bien intĂ©grĂ©s morphologiquement mais toutefois connus comme Ă©trangers, surtout les mots internationaux d’origine latine, grecque ou anglaise : program, memorija, gol ;
  • des mots incomplĂštement intĂ©grĂ©s morphologiquement :
    • terminĂ©s en une combinaison de deux consonnes atypique en croate : bicikl, projekt ;
    • terminĂ©s en une voyelle atypique (meni « menu », ĆĄou « spectacle ») ou auxquels on ajoute les dĂ©sinences casuelles de façon atypique : bife « buffet », bistro.

L’attitude Ă  l’égard des procĂ©dĂ©s d’enrichissement du lexique

Au cours de la formation du croate standard il y a eu des pĂ©riodes oĂč les emprunts entraient plus facilement dans la langue et d’autres oĂč ils Ă©taient acceptĂ©s plus difficilement, mais en gĂ©nĂ©ral, dans la standardisation de la langue, c’est le purisme anti-emprunts qui domine. Cette tendance est visible dĂšs le XVIIe siĂšcle et se maintient au XXIe[77]. Cela se manifeste par le fait que beaucoup de mots sont formĂ©s de façon consciente ou calquĂ©s par des intellectuels pour Ă©viter les emprunts, et ils entrent dans le lexique standard. De tels mots sont les calques vodovod « rĂ©seau de distribution de l’eau » et pravopis « orthographe », mentionnĂ©s plus haut, dans les sections Composition et Calques. D’autres exemples de crĂ©ations conscientes sont glazba « musique », tvornica « usine », učionica « salle de classe », časnik « officier », povijest « histoire » (la science humaine), knjiĆŸnica « bibliothĂšque », proračun « budget »[78]

Dans les pĂ©riodes de rapprochement entre les standards du croate et du serbe, avant et aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, puis aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, sous l'influence du serbe dont le standard Ă©tait plus permĂ©able aux emprunts, ceux-ci ont Ă©tĂ© plus nombreux en croate aussi. À l’époque de l’État indĂ©pendant de Croatie, celui-ci a mis en Ɠuvre une politique radicale de « purification » de la langue et de tels mots ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des mots croates, mais dans la Yougoslavie communiste on est revenu en croate aux mots empruntĂ©s. Exemples de tels mots[79] :

funkcionar ~ duĆŸnosnik « fonctionnaire » ;
inventar ~ imovnik « inventaire » ;
propaganda ~ promidĆŸba « propagande » ;
registar ~ upisnik « registre » ;
revers ~ primka « reçu, quittance » ;
telegraf ~ brzojav « télégraphe » ;
telegram ~ brzojavka « télégramme ».

AprĂšs la proclamation de la RĂ©publique de Croatie en 1991, le purisme linguistique s’est rĂ©affirmĂ©. La tendance est tout d’abord Ă  remplacer les mots employĂ©s en serbe en gĂ©nĂ©ral et ceux qui rappellent l’ancienne Yougoslavie en particulier, dont beaucoup d’emprunts communs en serbe et en croate, par des mots croates plus anciens, conservĂ©s dans le fonds passif et rĂ©activĂ©s. Par exemple, parmi ceux citĂ©s plus haut, on utilise de nouveau duĆŸnosnik et promidĆŸba. D’autres exemples[80] :

armija ~ vojska « armée » ;
oficir ~ časnik « officier » ;
kasarna ~ vojarna « caserne » ;
ambasador ~ veleposlanik « ambassadeur » ;
fronta ~ bojiƥte, bojiƥnica « front » (terme militaire) ;
sekretar(ica) ~ tajnik(tajnica) « secrétaire ».

Toutefois, de tels emprunts ne disparaissent pas complĂštement mais la synonymie avec leurs correspondants faiblit, leurs domaines d’utilisation se diffĂ©renciant. Par exemple armija est encore utilisĂ© pour les armĂ©es Ă©trangĂšres et vojska plutĂŽt pour l’armĂ©e croate, ambasador tend Ă  ĂȘtre employĂ© pour des ambassadeurs Ă©trangers ou au sens figurĂ©, et veleposlanik pour les ambassadeurs de la Croatie. Sekretarica apparaĂźt assez frĂ©quemment dans le syntagme telefonska sekretarica « rĂ©pondeur tĂ©lĂ©phonique », tajnica tendant Ă  ĂȘtre utilisĂ© pour la personne.

En gĂ©nĂ©ral, le standard du croate tend Ă  Ă©viter les emprunts[81], mais le locuteur lambda ne se conforme pas automatiquement au standard. Par exemple, les emprunts Ă  l’anglais sont courants dans le registre familier mais le sont beaucoup moins dans le registre soutenu[82]. À leur place on recommande systĂ©matiquement des mots croates formĂ©s. Exemples :

boks ~ ƥakanje (< ƥaka « poing ») ;
kompjutor, kompjuter ~ računalo (< računati « calculer ») ;
link ~ poveznica (< povezati « relier ensemble ») ;
hardver ~ sklopovlje (< sklop « ensemble d’élĂ©ments interconnectĂ©s ») ;
tenk ~ oklopnik (< oklop « armure »)[75].

Un autre phĂ©nomĂšne Ă  mentionner est l’utilisation en parallĂšle de paires emprunt – mot croate dans des textes de linguistique, par exemple. Aussi, dans Barić 1997, presque tous les termes linguistiques sont prĂ©sents de cette façon. Exemples : akcent – naglasak, aspekt – vid, augmentativ – uvećanica, indikativ – izjavni način, ortografija – pravopis, prefiks – predmetak, prezent – sadaĆĄnje vrijeme.

L’attitude Ă  l’égard des « serbismes »

Dans les pĂ©riodes d’éloignement par rapport au serbe, comme celle d’aprĂšs 1991, les tendances puristes se manifestent Ă  l’égard de mots standard en serbe, soit autochtones, soit empruntĂ©s, utilisĂ©s par des locuteurs croates aussi mais que le standard croate n’accepte pas[83]. De tels mots sont bioskop – croate kino « cinĂ©ma », gas – cr. plin « gaz », izviniti se – cr. ispričati se « demander des excuses », lenjir – cr. ravnalo « rĂšgle » (Ă  tracer des lignes), nauka – cr. znanost « science », učestvovati – cr. sudjelovati « collaborer », vaspitati – cr. odgojiti « Ă©duquer », savremen – cr. suvremen « contemporain »[84]. Il n’y a pas d’accord total entre linguistes croates au sujet de ce qu’il faut considĂ©rer comme des serbismes. Par exemple, un mot comme gvoĆŸÄ‘e « fer » est un serbisme pour Anić 2006 et Ćirilov 1992, mais non pas pour Brodnjak 1992, ou ručak « dĂ©jeuner » est un serbisme pour Ćirilov, mais non pas pour Brodnjak[85].

Notes et références

  1. Ethnologue [hrv].
  2. Par exemple Kordić 2004, Greenberg 2004, MĂžrk 2008 (p. 295), Gröschel 2009 (p. 350), Ć ipka 2019 (p. 206).
  3. Par exemple Brozović 1998, [Lončarić Lončarić 2010], Mþnnesland 1997 (p. 1103), Matasović 2001, (p. 123), Nuorluoto 2002.
  4. Voir le site Ć tokavski jezik
  5. Appellation mentionnĂ©e par Kordić 2009 pour la rejeter.
  6. Appellation adoptée par Thomas 2018, par exemple.
  7. Selon, par exemple, Kloss 1967 (p. 31), Kordić 2004 (p. 36), Mþrk 2008 (p. 295), Bunčić 2008 (p. 89), Zanelli 2018 (p. 20-21).
  8. Voir au sujet de la discussion autour du statut de ces variĂ©tĂ©s et de leur dĂ©nomination, l’article Serbo-croate.
  9. Voir (sh) l’Accord de Vienne (1850) (consultĂ© le 6 novembre 2019).
  10. Constitution de la Croatie, article 12 (consulté le 6 novembre 2019).
  11. Site de l’institut.
  12. (hr) CROSTAT, Stanovniƥtvo prema materinskom jeziku (La population selon la langue maternelle) (consulté le 6 novembre 2019).
  13. (en) CIA, The World Factbook, page Bosnie-Herzégovine (consulté le 6 novembre 2019).
  14. (es) Diaspora croata (estimation) (consulté le 6 novembre 2019).
  15. (de) Statistisches Bundesamt Deutschland, AuslÀndische Bevölkerung nach Zensus und AuslÀnderzentralregister (AZR) (La population étrangÚre selon le recensement et le Registre central des étrangers), p. 3 (consulté le 6 novembre 2019).
  16. (en) Ethnologue, page Austria (consulté le 6 novembre 2019).
  17. (de) Statistik Austria, page Bevölkerung nach Staatsangehörigkeit und Geburtsland, tableau Bevölkerung zu Jahresbeginn 2002-2017 nach detailliertem Geburtsland (La population au début des années entre 2002 et 2017, selon le pays de naissance) (consulté le 6 novembre 2019).
  18. (hr) Hrvatski Informativni Centar, Hrvati izvan domovine (Croates en dehors de leur patrie) (consulté le 6 novembre 2019).
  19. (en) Australian Bureau of Statistics, Language Spoken at Home (Langues parlées à la maison) (consulté le 6 novembre 2019).
  20. (en) U. S. Census Bureau, page Detailed Languages Spoken at Home and Ability to Speak English for the Population 5 Years and Over: 2009-2013, tableau Detailed Languages Spoken at Home and Ability to Speak English for the Population 5 Years and Over for United States: 2009-2013 (Langues parlĂ©es Ă  la maison et abilitĂ© Ă  parler anglais dans la population ĂągĂ©e de 5 ans et plus aux États-Unis) (consultĂ© le 6 novembre 2019).
  21. Statistique Canada, Langue maternelle détaillée (consulté le 6 novembre 2019).
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  37. Section d’aprùs Corbett et Browne 2009, p. 333-334 et Browne et Alt 2004, p. 9-10.
  38. Cf. Barić 1997, p. 10-37, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă  part. Voir aussi l’article Histoire de la Croatie.
  39. Le Goff 1999.
  40. Cf. nationalisme, mais aussi GrÚce ottomane et philhellénisme pour un parallÚle.
  41. Cox 2007.
  42. Leclerc 2015.
  43. Section d’aprùs Barić 1997, p. 39-93.
  44. Transcription de Barić 1997, p. 54.
  45. Kordić 1997, p. 128.
  46. Kordić 1997, p. 128.
  47. Kordić 1997, p. 128.
  48. Cf. par exemple l’article bistro dans HJP.
  49. Baylin 2010, p. 7.
  50. Section d’aprĂšs Barić 1997, p. 95-280, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă  part.
  51. HJP, article osmica.
  52. Pour comparer avec le français, voir l’article aspect. La diffĂ©rence notable entre les deux langues est non dans le traitement des aspects, mais dans la nature de leurs indices : indices contextuels pour le français, indices morphologiques (affixes) pour le croate. Pour comparer avec les langues slaves, voir Les aspects.
  53. Section d’aprĂšs Silić 2005, p. 253-258, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă  part.
  54. Opačić 2007.
  55. Cf. Barić 1997, p. 282.
  56. Section d’aprĂšs Barić 1997, p. 391-579. Pour la plupart, les exemples citĂ©s proviennent d’Ɠuvres littĂ©raires.
  57. Étant donnĂ© qu’en serbe cette construction est frĂ©quente (Browne et Alt 2004, p. 64), certains auteurs croates la considĂšrent comme un serbisme et, par consĂ©quent, la rejettent, par exemple Hitrec 2011. On constate la mĂȘme attitude dans des conseils langagiers, par exemple Rujnić-Sokele 2013 (p. 9).
  58. Avec cette valeur, appelĂ© « mode optatif » par Barić 1997, p. 418.
  59. En tant que verbe personnel il signifie « avoir ».
  60. Section d’aprùs Barić 1997, p. 583-599, et Browne et Alt 2004, p. 60-63.
  61. Construction frĂ©quente en serbe (Browne et Alt 2004, p. 74), alors que le croate prĂ©fĂšre celle avec l’infinitif Ă  la place de da + verbe Ă  l’indicatif si l’action subordonnĂ©e et son verbe rĂ©gent ont le mĂȘme sujet. C’est pourquoi Hitrec 2011 la considĂšre comme un serbisme, en mentionnant toutefois qu’elle Ă©tait jadis utilisĂ©e par des Ă©crivains croate sous l’influence du serbe. La construction avec da est rejetĂ©e par Rujnić-Sokele 2013 Ă©galement (p. 9).
  62. Son sens principal est « quand ».
  63. Construction analogue à celle du français dans tous les registres.
  64. Barić 1997, p. 575. D’autres, tels Hitrec 2011 et Rujnić-Sokele 2013 (p. 9) considĂšrent cette construction comme la seule correcte dans les mĂȘmes cas, rejetant la construction avec da + verbe Ă  l’indicatif, frĂ©quente en serbe.
  65. Autre construction analogue à celle du français.
  66. HJP.
  67. Tadić 2011, p. 56.
  68. Cf. Browne et Alt 2004, p. 56-59.
  69. Barić 1997, p. 287.
  70. Browne et Alt 2004, p. 56.
  71. Section d’aprùs Barić 1997, p. 332-333, 368-369, 379-384, 388.
  72. Barić 1997, p. 334, 369, 386, 389.
  73. Section d’aprĂšs Barić 1997, p. 298-299, 335-355, 370, 389, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă  part.
  74. Section d’aprĂšs Barić 1997, p. 355, 371, sauf les informations des sources indiquĂ©es sĂ©parĂ©ment.
  75. Exemples de HJP.
  76. Section d’aprĂšs Tadić 2011, p. 56, 58, et HJP. Les exemples retenus ici sont ceux entrĂ©s dans le croate standard
  77. Cf. Milković, p. 37-48, citant plusieurs auteurs qui le confirment.
  78. Maretić 1924, p. XIV, citĂ© par Milković 2010, p. 43.
  79. SamardĆŸija 1998, p. 135.
  80. Grčević 2002, p. 2-4.
  81. Franičić 2005 affirme que le premier principe de la standardisation dans les terminologies est : « Les mots autochtones ont la prioritĂ© par rapport aux mots Ă©trangers (ex. [...] knjiĆŸnica par rapport Ă  biblioteka) » (p. 221), citĂ© par Milković, 2010, p. 55.
  82. Tadić 2011, p. 61.
  83. Kordić 2009, p. 315-327.
  84. Cf. HJP, oĂč ces mots sont indiquĂ©s comme croates rĂ©gionaux ou familiers, et en mĂȘme temps serbes.
  85. Cf. MidĆŸić 2008.

Voir aussi

Sur la langue commune

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Sources indirectes
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Bibliographie supplémentaire

Dictionnaires

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Articles connexes

Liens externes

Pour apprendre le croate
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