Voïvodine
La province autonome de Voïvodine (en serbe en écriture cyrillique : Аутономна Покрајина Војводина ; en croate : Autonomna pokrajina Vojvodina ; en hongrois : Vajdaság Autonóm Tartomány ; en slovaque : Autonómna pokrajina Vojvodina ; en roumain : Provincia Autonomă Voivodina ; en rusyn : Автономна Покраїна Войводина) est une province septentrionale de la Serbie.
Province autonome de Voïvodine Аутономна Покрајина Војводина (sr-cyrl) | |
Armoiries de Voïvodine. |
Drapeau de Voïvodine. |
Administration | |
---|---|
Pays | Serbie |
Statut politique | Province autonome |
Capitale | Novi Sad 45° 15′ N, 19° 51′ E |
Président du gouvernement | Igor Mirović |
Président de l'Assemblée | István Pásztor |
Démographie | |
Population | 2 031 992 hab. (2002) |
Densité | 95 hab./km2 |
Langue(s) | serbe, hongrois, slovaque, roumain, croate, rusyn |
Géographie | |
Coordonnées | 45° 15′ nord, 19° 51′ est |
Superficie | 21 500 km2 |
Divers | |
Monnaie | Dinar serbe (CSD )
|
Fuseau horaire | UTC +1 |
Sa capitale et ville la plus peuplée est Novi Sad, suivie par Subotica. La province est ethniquement diversifiée (minorité hongroise importante : environ 13 % de l'ensemble en 2011), avec plus de 25 groupes ethniques différents représentant un tiers de la population de la région. La province a de ce fait six langues officielles, reflétant la diversité culturelle et linguistique de la région. La Voïvodine est la seule province autonome de Serbie encore rattachée au pouvoir central (le Kosovo, qui a fait unilatéralement sécession le , est de facto indépendant depuis cette date).
Elle fait partie de l'eurorégion Danube-Criș-Mureș-Tisa.
Géographie
Elle occupe une partie méridionale de la vaste plaine de Pannonie, qui se prolonge en Croatie, en Hongrie et en Roumanie, laquelle est irriguée par le Danube et par son affluent, la Save.
Ses limites administratives sud se trouvent à entre 10 et 30 km à l'ouest, au nord et à l'est du centre-ville de Belgrade, la capitale serbe.
Toponymie
Le nom Vojvodina (војводина, ou les variétés војводовина et војводство) vient de « Voïvode » qui désigne le grade le plus important dans l'armée serbe. Avec l'occupation de la Serbie par les ottomans, le voïvode devint aussi gouverneur, lequel au sein de l'empire d'Autriche-Hongrie est remplacé par un duc. Son nom historique était « Duché serbe ».
Le terme Vojvodina est l'équivalent du mot polonais : województwo qui désigne une province.
Histoire
À travers l'histoire, elle fait partie de l'Empire romain, du Khanat des Avars, de l'empire des Huns, de l'Empire byzantin, de l'empire Bulgare, de l'Empire ottoman, du royaume de Hongrie, de l'empire d'Autriche et de l'Autriche-Hongrie, de l'État des Slovènes, Croates et Serbes, du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, du royaume de Yougoslavie, de la Serbie, de la république socialiste fédérative de Yougoslavie, de la république fédérale de Yougoslavie, de la Serbie-et-Monténégro et de nouveau finalement de la Serbie.
Au cours de la période qui suit la grande guerre turque, au XVIIIe siècle, de nombreux Serbes, fuyant le Kosovo occupé par l'Empire ottoman, émigrent et trouvent refuge en Voïvodine rattachée au royaume de Hongrie, ou ils acquièrent un degré d'autonomie élevé sous la protection des souverains de la monarchie de Habsbourg. Soutenus par l'impériatrice Marie-Thérèse et son fils Joseph II, des colons germaniques (« Souabes ») se sont établis entre eux. Au cours de la révolution hongroise de 1848, une assemblée nationale à Karlovci a proclamé le Voïvodine de Serbie le . Ce territoire comprenait les régions de la Syrmie, du Banat, de la Bačka et du comitat de Baranya. Le voïvodat de Serbie et du Banat de Tamiš acquit le statut d'une terre de la Couronne (Kronland) autonome l'année suivante, mais fut réintégré dans la Hongrie en 1860.
À l'issue de la Première Guerre mondiale, le , l'assemblée nationale de la Voïvodine déclare l'unification avec la Serbie[1]. AU cours de la dissolution de l'Autriche-Hongrie par les dispositions du traité de Trianon, la région historique du Banat fut divisée en trois : le royaume de Roumanie a reçu la plus grande partie autour de la ville de Timișoara, ainsi que la partie occidentale, le Banat serbe, fut attribuée au royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
De l'Invasion de la Yougoslavie à 1945, la Backa est annexée par la royaume de Hongrie (1920-1946), la Backa est rattachée à l'État indépendant de Croatie, et le Banat Serbe fut occupée par l'Allemagne nazie.
En 1945, le régime communiste de Josip Broz Tito octroie à la Voïvodine le statut de « province socialiste autonome » au sein de la république socialiste de Serbie. En 1989, le régime de Slobodan Milošević revient sur cette autonomie afin d'en limiter les forces centrifuges, à l'œuvre tant au Kosovo qu'en Voïvodine, qui selon lui menacent l'unité de l'État serbe[2]. L'année suivante, la Voïvodine retrouve un statut d'autonomie avec une assemblée et un gouvernement local mais sous le contrôle étroit de Belgrade.
En décembre 2009, la Serbie accorde de nouveau une autonomie importante à la Voïvodine qui est effective le [3].
Démographie
(Étude réalisée en 2002)
Groupes ethniques/nationaux de la population :
- Serbes : 1 321 807 (65,05 %) (70 % en 2010[4])
- Hongrois : 290 207 (14,28 %)
- Slovaques : 56 637 (2,79 %)
- Croates : 56 546 (2,78 %)
- Yougoslaves : 49 881 (2,45 %)
- Monténégrins : 35 513 (1,75 %)
- Roumains : 30 419 (1,50 %)
- Roms : 29 057 (1,43 %)
- Bunjevci : 19 766 (0,97 %)
- Ruthènes : 15 626 (0,77 %)
- Macédoniens : 11 785 (0,58 %)
- Ukrainiens : 4 635 (0,23 %)
- Russes : 1 963
- Turcs : 595
- Affiliations régionales : 10 154 (0,50 %)
- Non-déclarés : 55 016 (2,71 %)
Langues maternelles de la population :
- Serbe : 1 557 020 (76,63 %)
- Hongrois : 284 205 (13,99 %)
- Slovaque : 55 065 (2,71 %)
- Roumain : 29 512 (1,45 %)
- Romani : 21 939 (1,08 %)
- Croate : 21 053 (1,04 %)
- Macédonien : 4 152 (0,20 %)
- Albanais : 2 369 (0,12 %)
- Bulgare : 920 (0,05 %)
Religions de la population :
- Orthodoxes : 1 401 475 (68,97 %)
- Catholiques (Église catholique romaine et Églises uniates) : 388 313 (19,11 %)
- Protestants : 72 159 (3,55 %)
- Athées et agnostiques : 12 583 (0,62 %)
- Musulmans : 8 073 (0,40 %)
- Sans religion : 418 (0,02 %)
- Juifs : 329 (0,02 %)
- Religions orientales (Bouddhisme, Hindouisme, etc.) : 166 (0,01 %)
- Autres : 4 456 (0,22 %)
- Inconnus et non-déclarés : 144 020 (7,09 %)
Population par sexe :
Population par catégories d'âge :
- 0-14 ans : 15,85 % (165 332 hommes, 156 873 femmes)
- 15-64 ans : 68,62 % (693 646 hommes, 700 416 femmes)
- 65 ans et plus : 15,53 % (125 964 hommes, 189 761 femmes)
(Source : « Bureau statistique de la République de Serbie en anglais »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?))
Notes et références
- Vladimir Corovic : Istorija srpskog naroda
- « Voïvodine : Concurrence des citoyennetés » Regard sur l'Est 15 décembre 2011
- « L'assemblée nationale de la République de Serbie approuve le statut de la Voïvodine » Le Courrier des Balkans 2 décembre 2009
- « Voïvodine : les minorités, une espèce en voie d’extinction » Le Courrier des Balkans 30 mars 2010