AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Bosnie (région)

La Bosnie (Bosna/Đ‘ĐŸŃĐœĐ° en bosnien, serbe et croate) est une rĂ©gion qui historiquement et gĂ©ographiquement comprend la partie nord de l'actuel État de Bosnie-HerzĂ©govine. Elle se situe dans les Alpes dinariques, jusqu'Ă  la limite mĂ©ridionale de la plaine de Pannonie, les riviĂšres Save et Drina marquant ses frontiĂšres nord et est.

Bosnie
Pays Drapeau de la Bosnie-Herzégovine Bosnie-Herzégovine
Superficie 41 000 km2
Ville(s) Sarajevo
Banja Luka

La superficie approximative de la Bosnie est d'environ 41 000 kmÂČ, soit environ 80 % du territoire de l'actuel État de Bosnie-HerzĂ©govine. Officiellement, il n'existe pas de frontiĂšre politique ou gĂ©ographique avec la rĂ©gion mĂ©ridionale de l'HerzĂ©govine, bien que le sujet soit rĂ©guliĂšrement dĂ©battu. Les deux rĂ©gions ont formĂ© depuis le Moyen Âge une entitĂ© gĂ©opolitique commune, et le terme « Bosnie » est souvent utilisĂ© Ă  tort pour dĂ©signer l'État complet (Bosnie et HerzĂ©govine), et donc aussi la rĂ©gion de l'HerzĂ©govine.

Histoire

Limite approximative entre la Bosnie (zone claire) et l’HerzĂ©govine (zone foncĂ©e).

Dans l’AntiquitĂ©, la Bosnie a Ă©tĂ© peuplĂ©e de MaenzĂ©es, de Ditiones, de Dalmates, de DĂ©sitiates, d'Oseriates, de Sardeates et de Deuri : des tribus illyres, qui furent romanisĂ©es Ă  partir du Ier siĂšcle. Les Dalmates ont donnĂ© leur nom Ă  la Dalmatie. Le christianisme s’y implante Ă  partir du IIIe siĂšcle. On parle alors dans la rĂ©gion le dalmate, une langue romane. En 454 des Germains, les Ostrogoths, y fondent un royaume (qui englobera aussi l’Italie en 493). En 535, le gĂ©nĂ©ral romain BĂ©lisaire chasse les Ostrogoths et rĂ©tablit le pouvoir romain (devenu chrĂ©tien). Les premiers Slaves s'installent en Bosnie et dans les rĂ©gions avoisinantes au VIe siĂšcle. À partir de 640 s'ensuit une deuxiĂšme migration ; les Crobates et les Sorabes, des peuples slaves, s’installent surtout dans les rĂ©gions avoisinantes. La grande majoritĂ© des Slaves se convertit au christianisme et la langue slavonne va dĂšs lors devenir majoritaire.

Moyen Âge

Pendant l'Ăąge d'or de la dynastie byzantine des MacĂ©doniens, l'empereur byzantin Basile II fait la conquĂȘte de l'actuelle Bosnie-HerzĂ©govine entre 980 et l'an 1000, ce qui signifiait Ă  l'Ă©poque une reprise en mains des Balkans par l'Empire byzantin, oĂč la Bosnie et l'HerzĂ©govine seront parties intĂ©grantes de l'Empire dans les Balkans, avec la Serbie, la Bulgarie, le MontĂ©nĂ©gro, la MacĂ©doine, et aussi l'Albanie. La Bosnie et l'HerzĂ©govine resterons byzantines jusqu'aux environs de 1120 et l'affaiblissement de l'Empire byzantin, face aux Turcs, aux Hongrois, aux croisĂ©s Latins, et Ă  Venise.

En 1137, les seigneurs de Rama (dans le centre du pays) s’associent au royaume de Hongrie (comme l’avaient fait les rois de Croatie en 1090). DĂšs lors le roi de Hongrie porte aussi le titre de « Rex Ramae ». Intervenant dans les querelles dynastiques de la couronne hongroise, l’empereur byzantin Manuel Ier ComnĂšne rĂ©cupĂšre en 1167 la Bosnie et la Dalmatie, mais sa mort marqua la fin de la prĂ©sence byzantine dans les Balkans. Le roi BĂ©la III de Hongrie (1172 – 1196) reçut l’allĂ©geance du ban Koulin de Bosnie et du prince Miroslav de Chulmie (HerzĂ©govine actuelle). Le souverain du royaume hungaro-croate soumit toute la Bosnie en 1237. À cette Ă©poque, alors que l’église chrĂ©tienne s’est divisĂ©e entre catholiques et orthodoxes, la Croatie adopte le catholicisme (Ă©vĂȘchĂ©s de Split au sud, de Kalocsa au nord et de Vrhbosna au centre de 1246 Ă  1469), la Serbie l’orthodoxie (patriarcat d'Ipek ou Peć), tandis que la majeure partie des habitants de l’actuelle Bosnie adoptent une forme paulicienne du christianisme, appelĂ©e bogomilisme. Une partie des catholiques de Bosnie se dĂ©tachĂšrent en 1252 de l’obĂ©dience romaine et constituĂšrent l’Église bosnienne, considĂ©rĂ©e comme « hĂ©rĂ©tique » par la papautĂ©.

À la fin de la dynastie hongroise des Arpadiens, les princes croates de Bribir (dynastie des Ć ubić) se rendent quasiment indĂ©pendants en Bosnie vers 1300. Mais Charles Robert de Hongrie rĂ©ussit Ă  s’emparer en 1322 du chef de la maison des Bribir et affirme ainsi son autoritĂ© sur le nord et l’ouest de la Bosnie actuelle. Le ban catholique de Bosnie, Étienne Cotroman, en profite pour annexer Ă  la Bosnie les « Pays du Ponant » (ouest du pays). À partir de cette Ă©poque, le banat hongrois de Bosnie comprenait la majoritĂ© du territoire de l’actuel État de Bosnie-HerzĂ©govine.

Par son mariage avec Élisabeth Kotromanić, fille du ban de Bosnie, Louis Ier de Hongrie acquit la Chulmie (l’HerzĂ©govine occidentale actuelle). En 1366, il contraignit son vassal Tvrtko, ban de Bosnie qui s’était rebellĂ©, Ă  reconnaĂźtre Ă  nouveau son autoritĂ©. Mais aprĂšs la mort du dernier roi de Hongrie de la dynastie des Angevins de Naples, le banat de Bosnie s’émancipa dĂ©finitivement de la tutelle hungaro-croate et devint un royaume indĂ©pendant englobant la majeure partie de la Dalmatie. Tvrtko Ier (1338 – 1391), de la famille catholique des Kotromanić, se fit couronner roi de Bosnie et de Dalmatie en 1377. Comme sa mĂšre Ă©tait de la dynastie orthodoxe des Nemanjić, il en profita pour se faire couronner en mĂȘme temps roi de Serbie, dont il contrĂŽlait aussi la partie occidentale (tandis que l’est de la Serbie tombait aux mains des Turcs).

Entre deux empires

En 1463, les Ottomans s’emparĂšrent de la Bosnie pratiquement sans livrer bataille. Toutefois Matthias Ier de Hongrie rĂ©ussit Ă  arracher au sultan Mahomet II la forteresse de Jajce, et organisa en Bosnie septentrionale deux banats contre les incursions turques. Mais ils succombĂšrent sous les attaques turques en 1482. La Bosnie fut donc entiĂšrement intĂ©grĂ©e pour quatre siĂšcles dans l'Empire ottoman (1463 – 1878). Jusqu’au milieu du XIXe siĂšcle, le sandjak de Bosnie comprenait aussi l’HerzĂ©govine et un territoire couvrant le nord de l’actuel MontĂ©nĂ©gro et le sud-ouest de l’actuelle Serbie (sandĆŸak). Dans ces territoires, une partie de la population passa Ă  l’islam pour ne plus avoir Ă  payer le haraç (double-impĂŽt sur les non-musulmans) et Ă  subir l’enlĂšvement des fils aĂźnĂ©s pour servir dans les janissaires. Comme entre-temps le bogomilisme et l’église bosnienne avaient disparu (au XIVe siĂšcle), les historiens musulmans actuels de Bosnie qui affirment que « ce sont principalement les Bogomiles et les hĂ©rĂ©tiques bosniens qui sont devenus musulmans » relĂšvent du protochronisme, un courant historique trĂšs divers mais trĂšs prĂ©sent dans les Balkans. Quoi qu’il en soit, la rĂ©gion prit le nom de « Bosnie et HerzĂ©govine » en 1853 Ă  la suite de remodelages politiques.

Le Parti du Droit du croate Ante Starcević s’est crĂ©Ă© en 1861 en Autriche-Hongrie. Son programme prĂŽne l’unification et l’indĂ©pendance Ă  l’égard de Vienne ou de Budapest de tous les « territoires croates », Bosnie (alors encore ottomane) comprise. L’évĂȘque croate de Đakovo, Josip Juraj Strossmayer, Ă©labore le premier programme d’unification des Slaves du Sud (1866) sous l’appellation, alors inĂ©dite, de « yougo-slave » (sud-slave). Le premier congrĂšs « yougoslave » se tient Ă  Ljubljana en 1870.

À la suite du congrĂšs de Berlin de 1878, l'Autriche-Hongrie occupe la Bosnie-HerzĂ©govine, et en 1908 elle en annexe la plus grande partie (seul le territoire du sud-est, autour de Novipazar, est rendu Ă  l’Empire ottoman ; il sera partagĂ© entre le MontĂ©nĂ©gro et la Serbie en 1912). Au sein de l’Empire des Habsbourg (qui dĂ©veloppe voies ferrĂ©es et industries) la Bosnie-HerzĂ©govine constitue une troisiĂšme entitĂ©, Ă  cĂŽtĂ© de l’Autriche et de la Hongrie. Les orthodoxes, qui aspiraient Ă  un rattachement Ă  la Serbie, souffrent de cette situation et c’est l’un d’entre eux, Gavrilo Princip, qui commet en 1914 l’attentat de Sarajevo contre le prince hĂ©ritier François-Ferdinand d'Autriche. Cet attentant sera le prĂ©texte attendu par tous les bellicistes pour dĂ©clencher la PremiĂšre Guerre mondiale.

La Yougoslavie

À l’issue de celle-ci, la doctrine du prĂ©sident amĂ©ricain Woodrow Wilson : le droit des peuples Ă  disposer d'eux-mĂȘmes, aboutit Ă  la dislocation de l'Autriche-Hongrie et Ă  la crĂ©ation du Royaume des Serbes, Croates et SlovĂšnes, renommĂ© plus tard Royaume de Yougoslavie. Les Serbes, cette fois, y trouvent leur compte, mais les Bosniaques (Slaves musulmans qui ne sont pas reconnus comme un peuple constitutif du royaume) et une partie des Croates s’y estiment, Ă  leur tour, marginalisĂ©s. Sur le plan politique, les musulmans sont surtout reprĂ©sentĂ©s par l'Organisation musulmane yougoslave et les Croates par le Parti paysan croate ; des nationalistes croates fascisants forment le mouvement des Oustachis, dirigĂ© par Ante Pavelić. L'assassinat Ă  Marseille du roi Alexandre Karageorgević par l’oustachi Vlado Chernozemski, montre la fragilitĂ© de la Yougoslavie.

AprĂšs l’invasion de la Yougoslavie par les nazis en 1941, la Bosnie-HerzĂ©govine est rattachĂ©e Ă  l’État indĂ©pendant de Croatie d’Ante Pavelić, satellite de l’Allemagne. Deux mouvements de rĂ©sistance se forment en Yougoslavie, les Tchetniks majoritairement serbes, dirigĂ©s par le monarchiste serbe DraĆŸa Mihailović, et les Partisans, mouvement multi-ethnique communiste dirigĂ© par le croate Josip Broz Tito. La Bosnie connaĂźt des combats extrĂȘmement violents et de nombreux massacres de populations durant la guerre de rĂ©sistance en Yougoslavie. Les Serbes de Bosnie sont massacrĂ©s par les Oustachis, les Bosniaques musulmans et les Croates le sont par les Tchetniks et ceux-ci, ainsi que les Oustachis, par les Partisans communistes. Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les alliĂ©s prĂ©fĂšrent Tito Ă  Mihajlović : en consĂ©quence, Tito est seul vainqueur et crĂ©e la Yougoslavie, en tant que rĂ©gime communiste et fĂ©dĂ©ration de six RĂ©publiques, dont la RĂ©publique socialiste de Bosnie-HerzĂ©govine. Les Bosniaques ne sont cependant pas reconnus dans l’immĂ©diat comme une nationalitĂ©. Au bout de quelques annĂ©es, en 1973 les « Musulmans » y sont reconnus comme « nationalitĂ© », au mĂȘme titre que les Croates et les Serbes.

En 1992 la Bosnie-Herzégovine, comme avant elle la Slovénie et la Croatie, proclame son indépendance par rapport à la fédération de Yougoslavie. Mais la majorité des Serbes, désormais appelés « Bosno-Serbes » n'acceptent pas cette indépendance, et une guerre civile se déclenche entre Bosniaques musulmans, Croates et Serbes. Par les Accords de Dayton, en 1996, la guerre cesse et deux Républiques fédérées deviennent les états constitutifs de la Bosnie-Herzégovine indépendante : la Fédération Croato-Musulmane, et la République serbe de Bosnie (ou « Republika Srpska »).

Article connexe

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.