Gavrilo Princip
Gavrilo Princip[1] ou Prinkip (en serbe cyrillique : Гаврило Принцип [gaĘ‹'ri:lÉ” 'print͡sip], Prinntsip), parfois francisĂ© en Gabriel Princip voire Gabriel Principe[2], nĂ© le (13 juillet 1894 a.s.[3] - [4]) Ă Obljaj (vilayet de Bosnie sous administration austro-hongroise, actuelle Bosnie-HerzĂ©govine[5]) et mort le Ă Theresienstadt (BohĂŞme, Autriche-Hongrie, aujourd’hui TerezĂn en TchĂ©quie), est un Ă©tudiant serbe en Bosnie, qui Ă©tait nationaliste yougoslave de Jeune Bosnie[6] - [7].
Naissance |
(13 juillet 1894 a.s.) Obljaj (Bosnie, vilayet ottoman sous administration austro-hongroise) (auj. en Bosnie-Herzégovine) |
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Décès | |
SĂ©pulture |
Vidovdan Heroes chapel (en) |
Nom dans la langue maternelle |
Гаврило Принцип |
Nom de naissance |
Gavrilo Princip |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation | |
Activité |
RĂ©volutionnaire / Activiste politique |
Famille |
Parents de Gavrilo Princip (d) |
Parentèle |
Slobodan Princip (en) (neveu paternel) |
Membre de |
Jeune Bosnie et la Main noire |
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Conflit | |
Condamné pour |
Il est connu pour avoir assassiné l’archiduc François-Ferdinand ainsi que son épouse Sophie Chotek, le dimanche , casus belli de la Première Guerre mondiale : l'Autriche-Hongrie réagit à l'attentat en formulant un ultimatum à l'encontre du Royaume de Serbie, en accord avec son allié allemand. Les exigences austro-hongroises étant jugées inacceptables par les Serbes, ceux-ci rejettent l'ultimatum, ce qui conduit l'Autriche-Hongrie à déclarer la guerre à la Serbie. Ce conflit local provoque l'activation d'une série d'alliances entre les grandes puissances européennes qui les entraînent sur la voie de la guerre.
Biographie
Éducation, enfance
Gavrilo naît à Obljaj, un hameau près de Bosansko Grahovo[8], le
Le patronyme de Princip est très rare ; jusqu'à une période récente, on ne le trouvait qu'à Obljaj. « La légende familiale affirme qu'au XVIIIe siècle un voyageur italien qui s'était aventuré dans ces parages avait été impressionné par la prestance du garde-frontière local : « Il a l'air d'un prince ! » (principe en italien), se serait-il exclamé. La famille a aussitôt adopté ce surnom flatteur, en lui donnant une consonance serbe »[9].
Contexte international
L'Empire austro-hongrois qui dirige, depuis le traité de Berlin de 1878, l'administration de la Bosnie-Herzégovine, possession turque, a annexé le pays en 1908, contre les stipulations du traité de Berlin, provoquant la colère des Serbes. Cette décision mécontente l'Empire russe, qui se considère comme le protecteur des Slaves d'Europe, mais cette crise n'a pas de suites, la Russie n'ayant pas les moyens d'une intervention armée après sa défaite face au Japon et ses alliés, la République française et le Royaume-Uni, ne la soutenant pas.
Contexte politique
Dès 1911, il adhère à un club de jeunesse d'union des peuples, une organisation anationale et anticléricale[6]. Puis il rejoint la société Jeune Bosnie (Mlada Bosna). Il fait donc partie des conjurés qui préparent un attentat contre l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois, lors de sa visite officielle à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, le
Le
Il est peu probable que le jeune nationaliste ait été téléguidé uniquement par La Main noire, organisation secrète ayant des ramifications dans l'armée serbe.
En effet, l'archiduc avait épousé, à l'encontre des règles successorales au trône de la Maison de Habsbourg-Lorraine, la femme de son choix, une dame tchèque (et non un membre de famille souveraine), et ne cachait pas ses sympathies slavophiles. L'empereur François-Joseph ayant 84 ans, François-Ferdinand pouvait monter sur le trône d'un jour à l'autre. À son avènement, il aurait donné aux populations slaves de son Empire – majoritairement plus nombreuses que les Allemands et les Hongrois – les mêmes droits que ceux des populations allemandes et magyares et certainement une grande autonomie allant peut être jusqu'au trialisme.
Cela contrariait, non seulement les ministères hongrois de Budapest, mais aussi et surtout certains milieux politiques et militaires de Belgrade qui voulaient réunir sous l'égide de la seule Serbie les Slaves du Sud (« Yougo-Slaves ») de l'Europe au détriment de l'Empire austro-hongrois comme l'avait fait soixante ans plus tôt le royaume de Sardaigne pour les populations italiennes.
Le « suicide de l'Europe »
Cet événement, dans le contexte de relations internationales tendues de cette période, conduit le gouvernement austro-hongrois à déclencher le
Le destin d'un héros ou d'un terroriste
N'ayant pas encore vingt ans au moment de l'attentat, Gavrilo Princip ne peut être condamné à mort en Autriche-Hongrie.
IncarcĂ©rĂ© et placĂ© Ă l'isolement dans la forteresse de Theresienstadt (aujourd'hui TerezĂn en RĂ©publique tchèque), il souffre de mauvaises conditions de dĂ©tention — pendant une pĂ©riode de blocus Ă©conomique oĂą, dĂ©jĂ , beaucoup de gens souffrent de la faim — Gavrilo Princip est en effet incarcĂ©rĂ© dans une cellule sans toit, Ă la merci de la neige et de la pluie, il est Ă©galement victime de la vindicte de ses gardiens. Sa santĂ© se dĂ©grade. Ayant dĂ©jĂ contractĂ© la tuberculose avant l'attentat, la maladie s'Ă©tend aux os au fil du temps. AmputĂ© du bras droit, il meurt en
Après la guerre, le
Considéré comme un héros de la Yougoslavie royale d'Alexandre Ier ainsi que celle de Tito, il est célébré par une plaque commémorative de son acte à Sarajevo, sur les lieux de l'attentat, qui le décrit comme « un combattant de la liberté ». Cette plaque, détruite par les nazis en
Princip, membre de la Jeune Bosnie, une organisation fondée sur la coopération entre les populations slaves du sud (ou yougoslaves), avait affirmé : « Je suis un nationaliste yougoslave, aspirant à l'unification de tous les Slaves du Sud (Yougoslaves), et je ne me soucie pas de ce que sera la forme de notre État, je sais seulement qu'il devra être libéré (indépendant) de l'Autriche ».
En 1941, son frère cadet Nikola Princip, médecin à Capljina en Herzégovine, est arrêté et assassiné par les oustachis, alliés des nazis, sans autre tort que d'être serbe et de sa famille.
Autour de l'attentat
- En face des lieux de l'attentat, un musée consacré uniquement au « héros » Gavrilo Princip et à la Mlada Bosna est édifié pendant la période yougoslave. Aujourd'hui, il retrace plus généralement la période de domination austro-hongroise en Bosnie-Herzégovine (le musée s'appelle d'ailleurs « musée Sarajevo 1878-1918 »).
- La voiture de François-Ferdinand, son uniforme taché de sang et l'arme du tueur sont aujourd'hui visibles au musée militaire de Vienne, en Autriche.
- La balle qui a tué François-Ferdinand est exposée dans la partie muséale du château de Konopiště, en République tchèque où demeuraient l'archiduc et sa famille.
- Gavrilo Princip était considéré comme un héros par le régime yougoslave, pendant la première Yougoslavie (royaliste) et pendant la période de la Yougoslavie de Tito. En effet, les communistes avaient « récupéré » l'acte de Princip à leur compte. Aujourd'hui, il est plutôt glorifié par les peuples serbe, monténégrin et macédonien, mais aussi par les Bosniaques, comme le témoigne la chanson Gavrilo Princip, de Safet Isovic, un des chanteurs traditionnels les plus populaires parmi les Bosniaques.
- De nombreuses rues en ex-Yougoslavie portent le nom de Gavrilo Princip. Le pont sur lequel les événements se sont passés avait été renommé, après la Seconde Guerre mondiale, Principov Most (le pont de Princip). Il a depuis retrouvé son nom d'origine, le « Pont latin ».
- Le pistolet qui a été utilisé pour tuer François-Ferdinand est un Browning 1910 de la Fabrique nationale de Herstal, une manufacture d'armes à feu belge.
- Le groupe de rock britannique originaire de Glasgow Franz Ferdinand affichait en fond de scène le portrait de Gavrilo Princip lors de sa tournée 2009.
- Le
27 juin 2014 , à l'occasion des 100 ans de l'attentat de Sarajevo, une statue à son effigie est inaugurée à Istočno Sarajevo. - Le parc Gavrilo Princip à Belgrade est nommé d'après lui, une statue à son effigie y est par ailleurs inaugurée le
28 juin 2015 .
Retrouvaille des descendants, 100 ans après
Le
Bibliographie
- Drago Ljubibratić, Gavrilo Princip, Nolit, Belgrade 1969.
- Vladimir Dedijer, La Route de Sarajevo, Gallimard, Paris 1969.
- Michèle Savary, La vie et mort de Gavrilo Princip, L'Âge d'Homme 2004.
- Dušan T. Bataković (dir.), Histoire du peuple serbe, Lausanne, L'Âge d'Homme 2005.
- Michaël Le Galli (scén.), Héloret (dessin), J'ai tué François-Ferdinand, archiduc d'Autriche, coll. « J'ai tué », Vents d'Ouest, 2015. Bande dessinée.
- Henrik Rehr, Gavrilo Princip, l'homme qui changea le siècle, Futuropolis, 2014. Bande dessinée. * Mathias Enard, « Procès de Gavrilo Princip,
octobre 1914 », d'abord paru dans la revue Inculte no 17 (2009), repris dans le volume collectif Inculte, En Procès. Une histoire du XXe siècle (Inculte/Dernière Marge),avril 2016 , p. 13-18. - Girard, Christophe (dessin) et Chapuzet, Jean-Charles (scén.). Le Matin de Sarajevo, coll. 1000 Feuilles, Glénat, 2022. Bande dessinée.
Filmographie
- « Our Shadows Will », de Vladimir Perišić, épisode du film collectif Les Ponts de Sarajevo, 2014, est fondé sur les minutes du procès de Gavrilo Princip et de ses camarades.
- The King's Man : Première Mission (2021), de Matthew Vaughn, fiction dans laquelle est rejoué l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand ; Joel Basman prête ses traits au personnage.
Notes et références
- On trouve le patronyme « Princip » et les graphies « Prinzip » et « Printsip » : en effet, le z est prononcé ts en allemand tout comme le c des langues slaves écrites ou transcrites en alphabet latin. Son prénom Gavrilo est parfois francisé en « Gabriel ».
- Max Brod, Une vie combative : Autobiographie, Paris, Gallimard,
1964 , 419 p., p. 98 - Jean-Christophe Buisson, Assassinés, Paris, Perrin, 357 p., p. 167 (en ligne) et p. 195, n° 4 (lire en ligne)
- Michèle Savary, Sarajevo 1914 : Vie et mort de Gavrilo Princip, Lausanne, L'Âge d'Homme,
2004 , p. 105 (lire en ligne), 106 lire en ligne) et 180 (lire en ligne) - En 1894, la Bosnie était un territoire de l'Empire ottoman occupé militairement par l'Autriche-Hongrie qui l'annexera en 1908.
- Catherine Lutard, Géopolitique de la Serbie-Monténégro, Paris, éditions Complexe, coll. « Géopolitique des États du monde »,
1998 , 143 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-87027-647-8), p. 36 (BNF 36997797). - http://www.monde-diplomatique.fr/2014/06/DERENS/50477 Monde diplomatique Juillet 2015 page 10 et 11
- tout près de la frontière croate, dans l'Ouest de la Bosnie
- Joëlle Stolz, « Sarajevo 1914-2014 : histoires de Princip », Le Monde,‎
28 juin 2014 (lire en ligne). - « Found: the gun that shook the world », sur www.telegraph.co.uk (consulté le
5 mars 2022 ) - SĂ©pulture de Gavrilo Princip sur tombes-sepultures.com
- (sr) « Istorija – rukovali se potomci Ferdinanda i Principa », B92.net,‎
11 novembre 2018 (lire en ligne, consulté le11 novembre 2018 )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Gavrilo Princip, héros ou terroriste ? Article et diaporama en ligne sur le site académique de l'Académie de Limoges.
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Biographisches Lexikon zur Geschichte SĂĽdosteuropas
- Britannica
- Deutsche Biographie
- Dizionario di Storia
- Enciclopedia De Agostini
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Nationalencyklopedin
- Österreichisches Biographisches Lexikon 1815–1950
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Treccani
- VisuotinÄ— lietuviĹł enciklopedija
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb