Rection
En grammaire traditionnelle, la rection est, dans certaines langues, un processus par lequel, dans un rapport syntaxique de subordination, un mot (le rĂ©gissant) impose Ă un autre mot (le rĂ©gi) un certain moyen de rĂ©alisation du rapport. Ce moyen dĂ©pend de la langue en question et du sens du rĂ©gissant, pouvant ĂȘtre de nature seulement analytique (une adposition), seulement synthĂ©tique (une certaine dĂ©sinence casuelle) ou analytique et synthĂ©tique Ă la fois. Le rĂ©gissant est en gĂ©nĂ©ral un mot subordonnant Ă sens lexical (verbe, nom, adjectif ou adverbe), et le rĂ©gi un nom ou un pronom. On considĂšre comme des rĂ©gissants les adpositions aussi, bien quâelles soient des mots-outils, donc non subordonnants par eux-mĂȘmes, parce que, dans les langues Ă dĂ©clinaison, elles peuvent imposer une certaine forme casuelle au mot avec lequel elles constituent un Ă©lĂ©ment Ă fonction syntaxique[1] - [2] - [3] - [4].
On utilise parfois le terme « rĂ©gime » au lieu de « rection »[5]. Ainsi, on parle de « rĂ©gime casuel » des prĂ©positions[6] et des verbes[7], ou de « rĂ©gime prĂ©positionnel » des verbes et des autres subordonnants[8], mais « rĂ©gime » a un autre sens aussi, dĂ©nommant ce quâon appelle « rĂ©gi » plus haut[9].
Dans lâinterprĂ©tation ci-dessus, la rection concerne le moyen de rĂ©alisation du rapport syntaxique, et le rĂ©gi est un complĂ©ment d'objet du verbe ou un complĂ©ment du nom, de lâadjectif ou de lâadverbe, analogue au complĂ©ment dâobjet, ainsi que le mot dont la forme est dĂ©terminĂ©e par lâadposition. Selon une interprĂ©tation plus large, la rection concerne nâimporte quel Ă©lĂ©ment de phrase, soit parce que sa forme est imposĂ©e par un autre Ă©lĂ©ment, soit parce que sa prĂ©sence est obligatoire en association avec un autre Ă©lĂ©ment, soit parce quâil change de façon significative le sens dâun autre Ă©lĂ©ment[10].
Dans lâidĂ©e du caractĂšre obligatoire dâun Ă©lĂ©ment de phrase, la rection concerne Ă©galement le prĂ©dicat en rapport avec le sujet. Cela concorde avec la notion de valence du verbe. De ce point de vue, seuls les verbes avalents peuvent fonctionner sans sujet (ex. pleuvoir), les autres Ă©tant au moins monovalents, câest-Ă -dire ayant obligatoirement un sujet. Les verbes bivalents peuvent rĂ©gir un complĂ©ment dâobjet et les trivalents â deux complĂ©ments dâobjet, au moins lâun de ceux-ci Ă©tant obligatoire pour certains verbes[11].
Rection du verbe
Rection directe
Dans ce type de rection, le complĂ©ment dâobjet est liĂ© au verbe sans adposition. On trouve cette situation pour le complĂ©ment d'objet direct dans des langues sans dĂ©clinaison, rĂ©gi par les verbes transitifs directs, en français et en anglais, par exemple :
- (fr) Pierre lit le journal[12] ;
- (en) The man kicked the ball « Lâhomme a frappĂ© le ballon »[1].
Dans dâautres langues, celles qui ont une dĂ©clinaison relativement dĂ©veloppĂ©e, le complĂ©ment dâobjet direct est dĂ©pourvu dâadposition, mais il doit ĂȘtre Ă un certain cas grammatical, le plus souvent Ă lâaccusatif, exprimĂ©, en fonction de la langue, plus ou moins souvent par une forme spĂ©cifique, donnĂ©e dâordinaire par une dĂ©sinence. Exemples:
- (la) Claudius Claudiam amat « Claudius aime Claudia »[9] ;
- (hu) Szeretem a sĂŒtemĂ©nyeket « Jâaime les gĂąteaux »[13] ;
- (hr) Platit Äu ĆĄtetu « Je vais payer les dommages »[14].
Des vestiges de ce moyen se conservent en français ou en anglais quand le COD est exprimĂ© par certains pronoms personnels conjoints dont la forme est diffĂ©rente de celle quâils ont en fonction de sujet :
Dans dâautres langues, divers autres types de complĂ©ments, rĂ©gis par un verbe transitif indirect et correspondant au complĂ©ments d'objet indirect des grammaires du français, sont liĂ©s directement au verbe. Câest le cas du COI dâattribution, le verbe lui imposant le datif :
- (ro) Scriu pÄrinÈilor « JâĂ©cris Ă mes parents »[17] ;
- (hu) Adtam GĂĄbornak egy könyvet « Jâai donnĂ© un livre Ă GĂĄbor »[18] ;
- (cnr) Izdala je sobu dvjema studentkinjama « Elle a loué la chambre à deux étudiantes »[19].
Dans ces langues, pour dâautres types de COI que celui dâattribution, le verbe peut exiger dâautres cas, et ils peuvent correspondre Ă un COD en français :
- (sr) Seti se obeÄanja (cas gĂ©nitif) « Il/Elle se souvient de sa promesse », Vladao je ogromnim carstvom (cas instrumental) « Il rĂ©gnait sur un empire Ă©norme »[20] ;
- (hu) Min gondolkodsz? (cas superessif) « à quoi réfléchis-tu ? », Kire vårtok? (cas sublatif) « Qui attendez-vous ? »[21].
Rection indirecte
Il sâagit de rection indirecte du verbe lorsque son complĂ©ment y est liĂ© par une adpositon : prĂ©position dans certaines langues, postposition dans dâautres, par exemple en hongrois. Câest le cas, dans plusieurs langues, du COI exprimĂ© par un nom ou par un pronom, disjoint sâil est personnel. Le choix de lâadposition est imposĂ©e par le sens du verbe. Dans les langues Ă dĂ©clinaison, le mot noyau du complĂ©ment est, de plus, Ă un certain cas grammatical :
- (fr) Pierre obéit à ses parents[12] ;
- (en) He believes in ghosts « Il croit aux fantÎmes »[22] ;
- (ro) Depinde de tine (accusatif) « Ăa dĂ©pend de toi »[3] ;
- (sr) Nisam mislio na vas (accusatif) « Je nâai pas pensĂ© Ă vous »[20] ;
- (hu) A gyanĂșsĂtottat felmentettĂ©k a vĂĄd alĂłl (nominatif) « Le suspect a Ă©tĂ© dĂ©chargĂ© de lâaccusation »[23].
Rection du nom
Concernant la rection du nom, il sâagit tout dâabord de celle des noms dĂ©rivĂ©s de verbes. Ces noms rĂ©gissent en gĂ©nĂ©ral des complĂ©ments du nom de la mĂȘme forme que le COI des verbes correspondants. En fonction de la langue en cause, cette rection peut ĂȘtre directe ou indirecte. Exemples :
- (fr) rection indirecte : Il dĂ©montra la liaison du thĂ©Ăątre aux mĆurs[24] ;
- (ro) rection indirecte, complément au génitif : mers contra vùntului « marche contre le vent »[25] ;
- (cnr) rection indirecte, complĂ©ment Ă lâaccusatif : vjera u uspjeh « croyance au succĂšs »[26] ;
- (hu) rection directe, complément au superessif : hivatkozås valamire « référence à quelque chose »[27].
Dâautres noms exercent leur rection lorsquâils font partie de locutions verbales :
- (fr) rection indirecte : tomber dâaccord sur quelque chose, faire connaissance avec quelquâun[28] ;
- (ro) rection indirecte : Un singur caz face excepÈie de la regulÄ Â« Un seul cas fait exception Ă la rĂšgle »[29] ;
- (hu) rection indirecte : ellentĂ©tben ĂĄll valamivel (complĂ©ment Ă lâinstrumental) « ĂȘtre en contradiction avec quelque chose », elĆnyben van valakivel szemben (complĂ©ment Ă lâinstrumental) « avoir lâavantage sur quelquâun »[30].
Rection de lâadjectif
Lâadjectif aussi peut rĂ©gir un complĂ©ment analogue au COI du verbe :
- (fr) rection indirecte : un homme bon pour le service[31] ;
- (ro) rection directe, complĂ©ment au datif: acÈiune favorabilÄ cuiva « action favorable Ă quelquâun »[17];
- (de) rection directe, complément au datif : dem Vater Àhnlich « comme le pÚre » (littéralement « semblable au pÚre »)[2] ;
- (hu) :
Rection de lâadverbe
Certains adverbes aussi peuvent régir un complément :
- (fr) rection indirecte : Il agit conformément à ses principes[34] ;
- (ro) rection indirecte : LucreazÄ independent de mine « Il/Elle travaille indĂ©pendamment de moi »[17] ;
- (hu) rection directe : hasonlĂłan valamihez (complĂ©ment au cas allatif) « Ă lâinstar de quelque chose », jobbra valamitĆl (complĂ©ment au cas ablatif) « Ă droite de quelque chose »[35].
Rection de lâadposition
La question de la rection de ces mots ne se pose que pour les langues Ă dĂ©clinaison. Les adpositions exigent que le rĂ©gi soit Ă un certain cas ou, parfois, plusieurs cas sont possibles, y compris si le cas en cause est exprimĂ© par la dĂ©sinence â (zĂ©ro), et tous les types de complĂ©ments exprimĂ©s par un nom ou un pronom sont concernĂ©s.
Ces mots prĂ©sentent de grandes diffĂ©rences sĂ©mantiques. Certains ont un sens abstrait, qui ne permet pas leur reprĂ©sentation sensorielle, par exemple les prĂ©positions contre, de, pour. Dâautres, ayant un degrĂ©s dâabstractisation moindre, permettent une reprĂ©sentation sensorielle limitĂ©e, surtout ceux qui ont un sens spatial, comme les prĂ©positions entre, vers, sous, etc.[36]. Lâemploi de tels mots a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă lâexpression dâautres rapports aussi (de cause, de but, etc.). Ainsi, surtout les prĂ©positions primaires peuvent avoir des sens plus concrets ou plus abstraits en fonction des mots Ă sens notionnel quâils relient entre eux. Les adpositions dites secondaires, provenant par conversion de mots dâune autre nature, et les locutions Ă©quivalentes Ă des adjonctions, ont des sens plus prĂ©cis, concrets ou abstraits[37].
Les cas exigĂ©s par les adpositions primaires et Ă sens abstrait ne sont en gĂ©nĂ©ral pas motivĂ©s, mais il y a des adpositions secondaires et des locutions qui exigent le mĂȘme cas que lorsquâils Ă©taient ou sont des mots Ă sens lexical. Par exemple, la prĂ©position du groupe (ro) Ăźmprejurul pÄdurii « autour de la forĂȘt », comme son Ă©quivalent français, garde le sens du nom correspondant à « tour », quâil contient, et le rapport initial de possession quâil entretient avec le mot correspondant à « forĂȘt », câest pourquoi elle exige le cas gĂ©nitif pour ce dernier. De mĂȘme, dans la locution du groupe (ro) Ăźn faÈa casei « en face de la maison », le nom faÈa nâest pas analysĂ© en tant que tel, mais exige le cas gĂ©nitif pour le noyau du complĂ©ment, parce que celui-ci serait le possesseur de faÈa si ce mot-ci exprimait lâobjet possĂ©dĂ©[38].
Rection de lâadposition dans quelques langues
En roumain, la plupart des prĂ©positions rĂ©gissent un complĂ©ment Ă lâaccusatif, dont la forme ne diffĂšre pas dans cette langue de celle du cas nominatif (ex. lĂąngÄ foc « prĂšs du feu »), sauf de rares exceptions (ex. pentru tine « pour toi »). Il y a quelques prĂ©positions utilisĂ©es avec le gĂ©nitif (contra inundaÈiilor « contre les inondations », Ăźmprejurul turnului « autour de la tour », etc.) et quelques autres avec le datif : datoritÄ / graÈie / mulÈumitÄ ajutorului « grĂące Ă lâaide »[39].
Dans des langues comme BCMS, dont la dĂ©clinaison est plus dĂ©veloppĂ©e quâen roumain, la rection des prĂ©positions est plus complexe. La plupart sont utilisĂ©es avec un seul cas, mais il y en a qui le sont avec deux, certaines mĂȘme avec trois. Le choix du cas est le plus souvent dĂ©terminĂ© par le sens de la prĂ©position, mais il y en a qui sont utilisĂ©es avec deux cas tout en gardant le mĂȘme sens, le cas Ă©tant dictĂ© par le sens du verbe.
Exemples de prépositions utilisées avec un seul cas[40] :
- avec le gĂ©nitif : Sve Äe biti gotovo do jeseni « Tout sera prĂȘt jusquâĂ lâautomne » ;
- avec le datif : Tako se on ponaƥa prema svim gostima « Il se comporte ainsi envers tous les invités » ;
- avec lâaccusatif : ViÄeli smo kroz prozor ĆĄto se dogaÄa « Nous avons vu par la fenĂȘtre ce qui se passait » ;
- avec lâinstrumental : Stalno se svaÄa s komĆĄijama « Il/Elle se dispute tout le temps avec ses voisins » ;
- avec le locatif : Postupite po zakonu! « Procédez conformément à la loi ! ».
Un exemple de préposition qui exige deux cas selon ses sens est s[41] :
- avec le génitif : Crijep je pao s krova « La tuile est tombée du toit » ;
- avec lâinstrumental : Susreo sam se s njim « Je lâai rencontrĂ© » (litt. « Je me suis rencontrĂ© avec lui »).
Les cas utilisĂ©s avec certaines prĂ©positions Ă sens spatial diffĂšrent selon le sens du verbe. Si le verbe exprime le dĂ©placement vers un lieu, câest lâaccusatif qui est exigĂ© : Golub je sletio na krov « Le pigeon a volĂ© sur le toit ». Si, au contraire, le verbe nâexprime pas un tel dĂ©placement (pouvant exprimer un dĂ©placement sans but prĂ©cisĂ©), le cas est autre, avec la prĂ©position de lâexemple prĂ©cĂ©dent â le locatif : Golub je na krovu « Le pigeon est sur le toit »[41].
Il y a quelques prĂ©positions qui sont employĂ©es avec deux cas diffĂ©rents selon le critĂšre ci-dessus et avec un troisiĂšme lorsquâelles ont un autre sens. Telle est la prĂ©position u[41] :
- avec lâaccusatif, si le verbe exprime le dĂ©placement vers un lieu : Idemo u ĆĄumu « Nous allons dans la forĂȘt » ;
- avec le locatif, si le verbe nâexprime pas un tel dĂ©placement : U ĆĄumi se Äuje cvrkut ptica « Dans la forĂȘt on entend le gazouillis des oiseaux » ;
- avec le génitif, si la préposition exprime la possession : U Milice duge trepavice « Milica a de longs cils » (litt. « Chez Milica longs cils »).
En hongrois, la plupart des postpositions exigent le cas nominatif (ex. A széket az asztal elé teszi « Il met la chaise devant la table »), mais il y en a qui régissent divers autres cas. Exemples[42] :
- accusatif : KĂ©tsĂ©geim vannak a jövĆt illetĆen « Jâai des doutes quant Ă lâavenir » ;
- superessif : A regĂ©nyein kĂvĂŒl drĂĄmĂĄkat is Ărt « Outre ses romans, il a Ă©crit des drames » ;
- sublatif : Az intĂ©zkedĂ©s csalĂĄdunkra nĂ©zve kedvezĆ Â« Cette mesure est avantageuse pour notre famille » ;
- allatif : A körĂŒlmĂ©nyekhez kĂ©pest egĂ©szen jĂłl Ă©lĂŒnk « Compte tenu des circonstances, nous vivons assez bien » ;
- datif : BartĂłknak köszönhetĆen mindenki hallott a magyar zenĂ©rĆl « GrĂące Ă BartĂłk, tout le monde a entendu parler de la musique hongroise » ;
- instrumental : A botrĂĄnnyal összefĂŒggĂ©sben emlegettĂ©k a nevĂ©t « Son nom a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă propos du scandale ».
NĂ©cessitĂ© de lâĂ©lĂ©ment rĂ©gi
Le rĂ©gi peut ĂȘtre nĂ©cessaire Ă divers degrĂ©s ou non nĂ©cessaire. Certes, les adpositions ne sont pas utilisĂ©es sans rĂ©gi, mais dans le cas des autres types de rĂ©gissants, câest leur sens lexical qui dĂ©termine le degrĂ© de nĂ©cessitĂ© du rĂ©gi, ce trait du rĂ©gissant pouvant diffĂ©rer dâune langue Ă lâautre.
Le régi est obligatoire si sans lui il ne peut pas y avoir de syntagme ou de phrase correcte :
- complĂ©ment dâobjet direct :
- complĂ©ment dâobjet indirect : (hu) JĂĄrtas a biolĂłgiĂĄban « Il/Elle sây connaĂźt en biologie »[45].
Si lâon Ă©tend la notion de rĂ©gi aux Ă©lĂ©ments dont la prĂ©sence est obligatoire en association avec un autre Ă©lĂ©ment, il faut mentionner quâun complĂ©ment circonstanciel aussi peut ĂȘtre un subordonnĂ© obligatoire. Tel est, par exemple, un CC pour le verbe habiter : (hu) Pista egyedĂŒl/KatĂĄval lakik « Pista habite seul/avec Kata »[46]. Il y a des cas oĂč lâĂ©pithĂšte aussi est obligatoire : (cnr) TraĆŸi se igraÄ s dugim rukama « On cherche un joueur ayant des bras longs »[47].
Il sâagit de rĂ©gi reprĂ©sentable si dans certaines circonstances il peut ĂȘtre omis, mais il est toujours sous-entendu grĂące Ă la partie du contexte situĂ©e avant lui :
- COD :
- COI : (hu) Hozzåfog (valamihez) « Il/Elle se met à faire quelque chose »[49].
On parle de rĂ©gi facultatif si ce nâest mĂȘme pas nĂ©cessaire quâil soit sous-entendu pour que le syntagme ou la phrase soit correcte :
RĂ©gissants Ă plus dâun rĂ©gi
Le verbe peut avoir plus dâun rĂ©gi en fonction de sa valence, qui ne concerne pas les complĂ©ments circonstanciels, considĂ©rĂ©s comme non essentiels[54], se limitant donc aux complĂ©ments dâobjet. Les mots coordonnĂ©s entre eux et rĂ©gis par un verbe, appelĂ©s « objets multiples », ne comptent pas pour plusieurs rĂ©gis[55], non plus quâun complĂ©ment et le pronom personnel qui lâanticipe ou le reprend[56].
Ainsi, du moins dans les langues mentionnĂ©es jusquâici, il y a des verbes qui peuvent avoir un COD et un COI, appelĂ©s dans ce cas objet premier et objet second :
- (fr) donner quelque chose (COD) Ă quelquâun (COI)[55] ;
- (en) Mary gave John (COI) an apple (COD) « Mary a donné une pomme à John »[57] ;
- (ro) Profesorul dÄ copilului (COI) o carte (COD) « Le professeur donne un livre Ă lâenfant »[11] ;
- (hr) Ja sam joj (COI) oduzeo neƥto (COD) « Je lui ai pris quelque chose »[58] ;
- (hu) Kinek (COI) akarsz ajåndékot (COD) venni? « à qui veux-tu acheter un cadeau ? »[21]
Le verbe peut avoir deux objets indirects :
- (fr) un secret dont jâai hĂ©ritĂ© de mon grand-pĂšre[55] ;
- (ro) Èi-am vorbit despre ea « Je tâai parlĂ© dâelle »[53].
Certains grammairiens parlent de verbes Ă deux objets directs, possibilitĂ© contestĂ©e par dâautres auteurs[59] :
- (ro) Te anunÈ ceva « Je tâannonce quelque chose »[56] ;
- (hr) Vas nitko nije niƥta pitao « Vous, personne ne vous a rien demandé »[60].
Cette opinion est argumentĂ©e par le fait que les pronoms COD ci-dessus, qui correspondent Ă des COI en français, sont exprimĂ©s par des mots Ă lâaccusatif clairement identifiable par leur forme.
Eifring et Theil 2005 mentionne quâil y des langues avec des verbes qui peuvent avoir plus de deux objets, comme le peul, oĂč lâexistence de trois objets est possible : Duudu hokkanii Buuba Muhammadu ceede « Duudu a donnĂ© Ă Muhammadu de lâargent pour Buuba ». Dans cette phrase, le mot exprimant le bĂ©nĂ©ficiaire de lâaction, Buuba, est lui aussi un objet, auquel se rĂ©fĂšre le suffixe -an- contenu dans le verbe hokkanii[57].
Notes et références
- Crystal 2008, p. 214.
- Bussmann 1998, p. 479
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 401.
- Constantinescu-Dobridor 1998, article recÈiune.
- Constantinescu-Dobridor 1998, article regim.
- Par exemple dans Vavula 2012 (p. 48).
- Par exemple dans Munteanu 2001 (p. 198).
- Par exemple dans Huot 1981 (p. 165).
- Dubois 2002, p. 405.
- KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 178.
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 530.
- Dubois 2002, p. 399.
- Szende et Kassai 2007, p. 389.
- BariÄ 1997, p. 433 (grammaire croate).
- Delatour 2004, p. 78.
- Eastwood 1994, p. 235.
- Avram 1997, p. 374.
- Szende et Kassai 2007, p. 116.
- ÄirgiÄ 2010, p. 273 (grammaire montĂ©nĂ©grine).
- Klajn 2005, p. 230 (grammaire serbe).
- ErdĆs 2001, page D. Az egyszerƱ mondat (D. La phrase simple).
- Bussmann 1998, p. 935.
- Kålmånné Bors et A. Jåszó 2007, p. 409.
- Grevisse et Goosse 2007, p. 432.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 250.
- ÄirgiÄ 2010, p. 283.
- Szende et Kassai 2007, p. 34.
- Grevisse et Goosse 2007, p. 360-361.
- Moldovan et al. 2001, p. 352.
- Szende et Kassai 2007, p. 490-491.
- Grevisse et Goosse 2007, p. 450.
- Szende et Kassai 2007, p. 491-492.
- Szende et Kassai 2007, p. 524.
- Grevisse et Goosse 2007, p. 455.
- Szende et Kassai 2007, p. 526.
- Constantinescu-Dobridor 1998, article prepoziÈie.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 200.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 198.
- BÄrbuÈÄ 2000, p. 199.
- ÄirgiÄ 2010, p. 188-215.
- BariÄ 1997, p. 279.
- Szende et Kassai 2007, p. 157-167.
- Karakai 2013, p. 20.
- Avram 1997, p. 404.
- Kålmånné Bors et A. Jåszó 2007, p. 353.
- KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 56.
- ÄirgiÄ 2010, p. 281.
- Avram 1997, p. 367.
- Cs. Nagy 2007, p. 336.
- Karakai 2013, p. 21.
- Avram 1997, p. 366.
- Karakai 2013, p. 22.
- Avram 1997, p. .
- Bidu-VrÄnceanu 1997, p. 116.
- Grevisse et Goosse 2007, p. 323.
- Avram 1997, p. 372.
- Eifring et Theil 2005, chap. 2, p. 38.
- BariÄ 1997, p. 442.
- Cf. Avram 1997, p. 373., qui ne donne pas de noms dâauteurs.
- BariÄ 1997, p. 434.
Sources bibliographiques
- (ro) Avram, Mioara, Gramatica pentru toÈi [« Grammaire pour tous »], 2de Ă©dition, Bucarest, Humanitas, 1997, (ISBN 973-28-0769-5)
- (hr) BariÄ, Eugenija et al., Hrvatska gramatika [« Grammaire croate »], 2de Ă©dition revue, Zagreb, Ć kolska knjiga, 1997 (ISBN 953-0-40010-1)
- (ro) BÄrbuÈÄ, Ion et alii, Gramatica uzualÄ a limbii romĂąne [« Grammaire usuelle du roumain »], ChiÈinÄu, Litera, 2000 (ISBN 9975-74-295-5) (consultĂ© le )
- (ro) Bidu-VrÄnceanu, Angela et al., DicÈionar general de ÈtiinÈe. ÈtiinÈe ale limbii [« Dictionnaire gĂ©nĂ©ral des sciences. Sciences de la langue »], Bucarest, Editura ÈtiinÈificÄ, 1997 (ISBN 973-440229-3) (consultĂ© le )
- (en) Bussmann, Hadumod (dir.), Dictionary of Language and Linguistics [« Dictionnaire de la langue et de la linguistique »], Londres â New York, Routledge, 1998 (ISBN 0-203-98005-0) (consultĂ© le )
- (cnr) ÄirgiÄ, Adnan ; PranjkoviÄ, Ivo ; SiliÄ, Josip, Gramatika crnogorskoga jezika [« Grammaire du montĂ©nĂ©grin »], Podgorica, MinistĂšre de lâEnseignement et des Sciences du MontĂ©nĂ©gro, 2010 (ISBN 978-9940-9052-6-2) (consultĂ© le )
- (ro) Constantinescu-Dobridor, Gheorghe, DicÈionar de termeni lingvistici [« Dictionnaire de termes linguistiques »], Bucarest, Teora, 1998 ; en ligne : Dexonline (DTL) (consultĂ© le )
- (en) Crystal, David, A Dictionary of Linguistics and Phonetics [« Dictionnaire de linguistique et de phonétique »], 4e édition, Blackwell Publishing, 2008 (ISBN 978-1-4051-5296-9) (consulté le )
- (hu) Cs. Nagy, Lajos, « Mondattan » [« Syntaxe »], A. Jåszó, Anna (dir.), A magyar nyelv könyve [« Le livre de la langue hongroise »], 8e édition, Budapest, Trezor, 2007 (ISBN 978-963-8144-19-5), p. 321-344 (consulté le )
- Delatour, Yvonne et al., Nouvelle grammaire du français, Paris, Hachette, 2004 (ISBN 2-01-155271-0) (consulté le )
- Dubois, Jean et al., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse-Bordas/VUEF, 2002 (consulté le )
- (en) Eastwood, John, Oxford Guide to English Grammar [« Guide Oxford de la grammaire anglaise »], Oxford, Oxford University Press, 1994 (ISBN 0-19-431351-4) (consulté le )
- (en) Eifring, Halvor et Theil, Rolf, Linguistics for Students of Asian and African Languages [« Linguistique pour les Ă©tudiants en langues asiatiques et africaines »], UniversitĂ© dâOslo, 2005 (consultĂ© le )
- (hu) ErdĆs, JĂłzsef (dir.), KĂŒszöbszint. Magyar mint idegen nyelv [« Niveau-seuil. Hongrois langue Ă©trangĂšre »]. UniversitĂ© technique de Budapest, Institut de linguistique, Groupe pour le hongrois, 2001 (consultĂ© le )
- Grevisse, Maurice et Goosse, André, Le Bon Usage. Grammaire française, Bruxelles, De Boeck Université, 2007, 14e édition, (ISBN 978-2-8011-1404-9) (consulté le )
- Huot, HélÚne, Constructions infinitives du français GenÚve / Paris, Librairie Droz, 1981 (ISBN 978-2-600-04310-6) (consulté le )
- (hu) Kålmån, Låszló et Trón, Viktor, Bevezetés a nyelvtudomånyba [« Introduction à la linguistique »], 2de édition, augmentée, Budapest, Tinta, 2007 (ISBN 978-963-7094-65-1) (consulté le )
- (hu) Kålmånné Bors, Irén et A. Jåszó, Anna, « Az egyszerƱ mondat » [« La phrase simple »], A. Jåszó, Anna (dir.), A magyar nyelv könyve [« Le livre de la langue hongroise »], 8e édition, Budapest, Trezor, 2007 (ISBN 978-963-8144-19-5), p. 345-436 (consulté le )
- (hu) Karakai, Imre, Francia nyelvtan magyaroknak [« Français pour les Hongrois »], 6e édition, mis à jour le (consulté le )
- (sr) Klajn, Ivan, Gramatika srpskog jezika [« Grammaire de la langue serbe »], Belgrade, Zavod za udĆŸbenike i nastavna sredstva, 2005 (ISBN 86-17-13188-8) (consultĂ© le )
- (ro) Moldovan, Victoria ; Pop, Liana et Uricaru, Lucia, Nivel prag pentru ĂźnvÄÈarea limbii romĂąne ca limbÄ strÄinÄ [« Niveau-seuil pour lâapprentissage du roumain langue Ă©trangĂšre »], Strasbourg, Conseil de lâEurope (Conseil de la Collaboration Culturelle). 2001 (consultĂ© le )
- (ro) Munteanu, Eugen, « Miron Costin et Laurentius Toppeltinus : entre l'imitation de la syntaxe latine et le maniérisme rhétorique », Revue de linguistique romane, vol. 65, 2001 (consulté le )
- Szende, Thomas et Kassai, Georges, Grammaire fondamentale du hongrois, Paris, Langues et mondes â lâAsiathĂšque, 2007 (ISBN 978-2-91-525555-3) (consultĂ© le )
- Vavula, Tatsiana, Approche idĂ©ographique et relationnelle des prĂ©positions russes /v/ (dans, enâŠ) et /na/ (sur, Ă âŠ), thĂšse de doctorat, UniversitĂ© Paris-Sorbonne, 2012 (consultĂ© le )