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Rection

En grammaire traditionnelle, la rection est, dans certaines langues, un processus par lequel, dans un rapport syntaxique de subordination, un mot (le rĂ©gissant) impose Ă  un autre mot (le rĂ©gi) un certain moyen de rĂ©alisation du rapport. Ce moyen dĂ©pend de la langue en question et du sens du rĂ©gissant, pouvant ĂȘtre de nature seulement analytique (une adposition), seulement synthĂ©tique (une certaine dĂ©sinence casuelle) ou analytique et synthĂ©tique Ă  la fois. Le rĂ©gissant est en gĂ©nĂ©ral un mot subordonnant Ă  sens lexical (verbe, nom, adjectif ou adverbe), et le rĂ©gi un nom ou un pronom. On considĂšre comme des rĂ©gissants les adpositions aussi, bien qu’elles soient des mots-outils, donc non subordonnants par eux-mĂȘmes, parce que, dans les langues Ă  dĂ©clinaison, elles peuvent imposer une certaine forme casuelle au mot avec lequel elles constituent un Ă©lĂ©ment Ă  fonction syntaxique[1] - [2] - [3] - [4].

On utilise parfois le terme « rĂ©gime » au lieu de « rection »[5]. Ainsi, on parle de « rĂ©gime casuel » des prĂ©positions[6] et des verbes[7], ou de « rĂ©gime prĂ©positionnel » des verbes et des autres subordonnants[8], mais « rĂ©gime » a un autre sens aussi, dĂ©nommant ce qu’on appelle « rĂ©gi » plus haut[9].

Dans l’interprĂ©tation ci-dessus, la rection concerne le moyen de rĂ©alisation du rapport syntaxique, et le rĂ©gi est un complĂ©ment d'objet du verbe ou un complĂ©ment du nom, de l’adjectif ou de l’adverbe, analogue au complĂ©ment d’objet, ainsi que le mot dont la forme est dĂ©terminĂ©e par l’adposition. Selon une interprĂ©tation plus large, la rection concerne n’importe quel Ă©lĂ©ment de phrase, soit parce que sa forme est imposĂ©e par un autre Ă©lĂ©ment, soit parce que sa prĂ©sence est obligatoire en association avec un autre Ă©lĂ©ment, soit parce qu’il change de façon significative le sens d’un autre Ă©lĂ©ment[10].

Dans l’idĂ©e du caractĂšre obligatoire d’un Ă©lĂ©ment de phrase, la rection concerne Ă©galement le prĂ©dicat en rapport avec le sujet. Cela concorde avec la notion de valence du verbe. De ce point de vue, seuls les verbes avalents peuvent fonctionner sans sujet (ex. pleuvoir), les autres Ă©tant au moins monovalents, c’est-Ă -dire ayant obligatoirement un sujet. Les verbes bivalents peuvent rĂ©gir un complĂ©ment d’objet et les trivalents – deux complĂ©ments d’objet, au moins l’un de ceux-ci Ă©tant obligatoire pour certains verbes[11].

Rection du verbe

Rection directe

Dans ce type de rection, le complĂ©ment d’objet est liĂ© au verbe sans adposition. On trouve cette situation pour le complĂ©ment d'objet direct dans des langues sans dĂ©clinaison, rĂ©gi par les verbes transitifs directs, en français et en anglais, par exemple :

  • (fr) Pierre lit le journal[12] ;
  • (en) The man kicked the ball « L’homme a frappĂ© le ballon »[1].

Dans d’autres langues, celles qui ont une dĂ©clinaison relativement dĂ©veloppĂ©e, le complĂ©ment d’objet direct est dĂ©pourvu d’adposition, mais il doit ĂȘtre Ă  un certain cas grammatical, le plus souvent Ă  l’accusatif, exprimĂ©, en fonction de la langue, plus ou moins souvent par une forme spĂ©cifique, donnĂ©e d’ordinaire par une dĂ©sinence. Exemples:

  • (la) Claudius Claudiam amat « Claudius aime Claudia »[9] ;
  • (hu) Szeretem a sĂŒtemĂ©nyeket « J’aime les gĂąteaux »[13] ;
  • (hr) Platit ću ĆĄtetu « Je vais payer les dommages »[14].

Des vestiges de ce moyen se conservent en français ou en anglais quand le COD est exprimĂ© par certains pronoms personnels conjoints dont la forme est diffĂ©rente de celle qu’ils ont en fonction de sujet :

  • (fr) Est-ce que tu me reconnais ?[15] ;
  • (en) Describe him to me « DĂ©cris/DĂ©crivez-le-moi »[16].

Dans d’autres langues, divers autres types de complĂ©ments, rĂ©gis par un verbe transitif indirect et correspondant au complĂ©ments d'objet indirect des grammaires du français, sont liĂ©s directement au verbe. C’est le cas du COI d’attribution, le verbe lui imposant le datif :

  • (ro) Scriu părinților « J’écris Ă  mes parents »[17] ;
  • (hu) Adtam GĂĄbornak egy könyvet « J’ai donnĂ© un livre Ă  GĂĄbor »[18] ;
  • (cnr) Izdala je sobu dvjema studentkinjama « Elle a louĂ© la chambre Ă  deux Ă©tudiantes »[19].

Dans ces langues, pour d’autres types de COI que celui d’attribution, le verbe peut exiger d’autres cas, et ils peuvent correspondre à un COD en français :

  • (sr) Seti se obećanja (cas gĂ©nitif) « Il/Elle se souvient de sa promesse », Vladao je ogromnim carstvom (cas instrumental) « Il rĂ©gnait sur un empire Ă©norme »[20] ;
  • (hu) Min gondolkodsz? (cas superessif) « À quoi rĂ©flĂ©chis-tu ? », Kire vĂĄrtok? (cas sublatif) « Qui attendez-vous ? »[21].

Rection indirecte

Il s’agit de rection indirecte du verbe lorsque son complĂ©ment y est liĂ© par une adpositon : prĂ©position dans certaines langues, postposition dans d’autres, par exemple en hongrois. C’est le cas, dans plusieurs langues, du COI exprimĂ© par un nom ou par un pronom, disjoint s’il est personnel. Le choix de l’adposition est imposĂ©e par le sens du verbe. Dans les langues Ă  dĂ©clinaison, le mot noyau du complĂ©ment est, de plus, Ă  un certain cas grammatical :

  • (fr) Pierre obĂ©it Ă  ses parents[12] ;
  • (en) He believes in ghosts « Il croit aux fantĂŽmes »[22] ;
  • (ro) Depinde de tine (accusatif) « Ça dĂ©pend de toi »[3] ;
  • (sr) Nisam mislio na vas (accusatif) « Je n’ai pas pensĂ© Ă  vous »[20] ;
  • (hu) A gyanĂșsĂ­tottat felmentettĂ©k a vĂĄd alĂłl (nominatif) « Le suspect a Ă©tĂ© dĂ©chargĂ© de l’accusation »[23].

Rection du nom

Concernant la rection du nom, il s’agit tout d’abord de celle des noms dĂ©rivĂ©s de verbes. Ces noms rĂ©gissent en gĂ©nĂ©ral des complĂ©ments du nom de la mĂȘme forme que le COI des verbes correspondants. En fonction de la langue en cause, cette rection peut ĂȘtre directe ou indirecte. Exemples :

  • (fr) rection indirecte : Il dĂ©montra la liaison du thĂ©Ăątre aux mƓurs[24] ;
  • (ro) rection indirecte, complĂ©ment au gĂ©nitif : mers contra vĂąntului « marche contre le vent »[25] ;
  • (cnr) rection indirecte, complĂ©ment Ă  l’accusatif : vjera u uspjeh « croyance au succĂšs »[26] ;
  • (hu) rection directe, complĂ©ment au superessif : hivatkozĂĄs valamire « rĂ©fĂ©rence Ă  quelque chose »[27].

D’autres noms exercent leur rection lorsqu’ils font partie de locutions verbales :

  • (fr) rection indirecte : tomber d’accord sur quelque chose, faire connaissance avec quelqu’un[28] ;
  • (ro) rection indirecte : Un singur caz face excepție de la regulă « Un seul cas fait exception Ă  la rĂšgle »[29] ;
  • (hu) rection indirecte : ellentĂ©tben ĂĄll valamivel (complĂ©ment Ă  l’instrumental) « ĂȘtre en contradiction avec quelque chose », elƑnyben van valakivel szemben (complĂ©ment Ă  l’instrumental) « avoir l’avantage sur quelqu’un »[30].

Rection de l’adjectif

L’adjectif aussi peut rĂ©gir un complĂ©ment analogue au COI du verbe :

  • (fr) rection indirecte : un homme bon pour le service[31] ;
  • (ro) rection directe, complĂ©ment au datif: acțiune favorabilă cuiva « action favorable Ă  quelqu’un »[17];
  • (de) rection directe, complĂ©ment au datif : dem Vater Ă€hnlich « comme le pĂšre » (littĂ©ralement « semblable au pĂšre »)[2] ;
  • (hu) :
    • rection directe : allergiĂĄs valamire (complĂ©ment au superessif) « allergique Ă  quelque chose », biztos valamiben (complĂ©ment au cas inessif) « sĂ»r(e) de quelque chose »[32] ;
    • rection indirecte : ellensĂ©ges valakivel szemben « hostile Ă  quelqu’un » (complĂ©ment Ă  l’instrumental)[33].

Rection de l’adverbe

Certains adverbes aussi peuvent régir un complément :

  • (fr) rection indirecte : Il agit conformĂ©ment Ă  ses principes[34] ;
  • (ro) rection indirecte : Lucrează independent de mine « Il/Elle travaille indĂ©pendamment de moi »[17] ;
  • (hu) rection directe : hasonlĂłan valamihez (complĂ©ment au cas allatif) « Ă  l’instar de quelque chose », jobbra valamitƑl (complĂ©ment au cas ablatif) « Ă  droite de quelque chose »[35].

Rection de l’adposition

La question de la rection de ces mots ne se pose que pour les langues Ă  dĂ©clinaison. Les adpositions exigent que le rĂ©gi soit Ă  un certain cas ou, parfois, plusieurs cas sont possibles, y compris si le cas en cause est exprimĂ© par la dĂ©sinence ∅ (zĂ©ro), et tous les types de complĂ©ments exprimĂ©s par un nom ou un pronom sont concernĂ©s.

Ces mots prĂ©sentent de grandes diffĂ©rences sĂ©mantiques. Certains ont un sens abstrait, qui ne permet pas leur reprĂ©sentation sensorielle, par exemple les prĂ©positions contre, de, pour. D’autres, ayant un degrĂ©s d’abstractisation moindre, permettent une reprĂ©sentation sensorielle limitĂ©e, surtout ceux qui ont un sens spatial, comme les prĂ©positions entre, vers, sous, etc.[36]. L’emploi de tels mots a Ă©tĂ© Ă©tendu Ă  l’expression d’autres rapports aussi (de cause, de but, etc.). Ainsi, surtout les prĂ©positions primaires peuvent avoir des sens plus concrets ou plus abstraits en fonction des mots Ă  sens notionnel qu’ils relient entre eux. Les adpositions dites secondaires, provenant par conversion de mots d’une autre nature, et les locutions Ă©quivalentes Ă  des adjonctions, ont des sens plus prĂ©cis, concrets ou abstraits[37].

Les cas exigĂ©s par les adpositions primaires et Ă  sens abstrait ne sont en gĂ©nĂ©ral pas motivĂ©s, mais il y a des adpositions secondaires et des locutions qui exigent le mĂȘme cas que lorsqu’ils Ă©taient ou sont des mots Ă  sens lexical. Par exemple, la prĂ©position du groupe (ro) Ăźmprejurul pădurii « autour de la forĂȘt », comme son Ă©quivalent français, garde le sens du nom correspondant Ă  « tour », qu’il contient, et le rapport initial de possession qu’il entretient avec le mot correspondant Ă  « forĂȘt », c’est pourquoi elle exige le cas gĂ©nitif pour ce dernier. De mĂȘme, dans la locution du groupe (ro) Ăźn fața casei « en face de la maison », le nom fața n’est pas analysĂ© en tant que tel, mais exige le cas gĂ©nitif pour le noyau du complĂ©ment, parce que celui-ci serait le possesseur de fața si ce mot-ci exprimait l’objet possĂ©dĂ©[38].

Rection de l’adposition dans quelques langues

En roumain, la plupart des prĂ©positions rĂ©gissent un complĂ©ment Ă  l’accusatif, dont la forme ne diffĂšre pas dans cette langue de celle du cas nominatif (ex. lĂąngă foc « prĂšs du feu »), sauf de rares exceptions (ex. pentru tine « pour toi »). Il y a quelques prĂ©positions utilisĂ©es avec le gĂ©nitif (contra inundațiilor « contre les inondations », Ăźmprejurul turnului « autour de la tour », etc.) et quelques autres avec le datif : datorită / grație / mulțumită ajutorului « grĂące Ă  l’aide »[39].

Dans des langues comme BCMS, dont la dĂ©clinaison est plus dĂ©veloppĂ©e qu’en roumain, la rection des prĂ©positions est plus complexe. La plupart sont utilisĂ©es avec un seul cas, mais il y en a qui le sont avec deux, certaines mĂȘme avec trois. Le choix du cas est le plus souvent dĂ©terminĂ© par le sens de la prĂ©position, mais il y en a qui sont utilisĂ©es avec deux cas tout en gardant le mĂȘme sens, le cas Ă©tant dictĂ© par le sens du verbe.

Exemples de prépositions utilisées avec un seul cas[40] :

  • avec le gĂ©nitif : Sve će biti gotovo do jeseni « Tout sera prĂȘt jusqu’à l’automne » ;
  • avec le datif : Tako se on ponaĆĄa prema svim gostima « Il se comporte ainsi envers tous les invitĂ©s » ;
  • avec l’accusatif : Viđeli smo kroz prozor ĆĄto se događa « Nous avons vu par la fenĂȘtre ce qui se passait » ;
  • avec l’instrumental : Stalno se svađa s komĆĄijama « Il/Elle se dispute tout le temps avec ses voisins » ;
  • avec le locatif : Postupite po zakonu! « ProcĂ©dez conformĂ©ment Ă  la loi ! ».

Un exemple de préposition qui exige deux cas selon ses sens est s[41] :

  • avec le gĂ©nitif : Crijep je pao s krova « La tuile est tombĂ©e du toit » ;
  • avec l’instrumental : Susreo sam se s njim « Je l’ai rencontrĂ© » (litt. « Je me suis rencontrĂ© avec lui »).

Les cas utilisĂ©s avec certaines prĂ©positions Ă  sens spatial diffĂšrent selon le sens du verbe. Si le verbe exprime le dĂ©placement vers un lieu, c’est l’accusatif qui est exigĂ© : Golub je sletio na krov « Le pigeon a volĂ© sur le toit ». Si, au contraire, le verbe n’exprime pas un tel dĂ©placement (pouvant exprimer un dĂ©placement sans but prĂ©cisĂ©), le cas est autre, avec la prĂ©position de l’exemple prĂ©cĂ©dent – le locatif : Golub je na krovu « Le pigeon est sur le toit »[41].

Il y a quelques prĂ©positions qui sont employĂ©es avec deux cas diffĂ©rents selon le critĂšre ci-dessus et avec un troisiĂšme lorsqu’elles ont un autre sens. Telle est la prĂ©position u[41] :

  • avec l’accusatif, si le verbe exprime le dĂ©placement vers un lieu : Idemo u ĆĄumu « Nous allons dans la forĂȘt » ;
  • avec le locatif, si le verbe n’exprime pas un tel dĂ©placement : U ĆĄumi se čuje cvrkut ptica « Dans la forĂȘt on entend le gazouillis des oiseaux » ;
  • avec le gĂ©nitif, si la prĂ©position exprime la possession : U Milice duge trepavice « Milica a de longs cils » (litt. « Chez Milica longs cils »).

En hongrois, la plupart des postpositions exigent le cas nominatif (ex. A széket az asztal elé teszi « Il met la chaise devant la table »), mais il y en a qui régissent divers autres cas. Exemples[42] :

  • accusatif : KĂ©tsĂ©geim vannak a jövƑt illetƑen « J’ai des doutes quant Ă  l’avenir » ;
  • superessif : A regĂ©nyein kĂ­vĂŒl drĂĄmĂĄkat is Ă­rt « Outre ses romans, il a Ă©crit des drames » ;
  • sublatif : Az intĂ©zkedĂ©s csalĂĄdunkra nĂ©zve kedvezƑ « Cette mesure est avantageuse pour notre famille » ;
  • allatif : A körĂŒlmĂ©nyekhez kĂ©pest egĂ©szen jĂłl Ă©lĂŒnk « Compte tenu des circonstances, nous vivons assez bien » ;
  • datif : BartĂłknak köszönhetƑen mindenki hallott a magyar zenĂ©rƑl « GrĂące Ă  BartĂłk, tout le monde a entendu parler de la musique hongroise » ;
  • instrumental : A botrĂĄnnyal összefĂŒggĂ©sben emlegettĂ©k a nevĂ©t « Son nom a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă  propos du scandale ».

NĂ©cessitĂ© de l’élĂ©ment rĂ©gi

Le rĂ©gi peut ĂȘtre nĂ©cessaire Ă  divers degrĂ©s ou non nĂ©cessaire. Certes, les adpositions ne sont pas utilisĂ©es sans rĂ©gi, mais dans le cas des autres types de rĂ©gissants, c’est leur sens lexical qui dĂ©termine le degrĂ© de nĂ©cessitĂ© du rĂ©gi, ce trait du rĂ©gissant pouvant diffĂ©rer d’une langue Ă  l’autre.

Le régi est obligatoire si sans lui il ne peut pas y avoir de syntagme ou de phrase correcte :

  • complĂ©ment d’objet direct :
    • (fr) Maman prĂ©pare un gĂąteau[43] ;
    • (ro) Atunci el spuse o prostie « Alors il dit une bĂȘtise »[44] ;
  • complĂ©ment d’objet indirect : (hu) JĂĄrtas a biolĂłgiĂĄban « Il/Elle s’y connaĂźt en biologie »[45].

Si l’on Ă©tend la notion de rĂ©gi aux Ă©lĂ©ments dont la prĂ©sence est obligatoire en association avec un autre Ă©lĂ©ment, il faut mentionner qu’un complĂ©ment circonstanciel aussi peut ĂȘtre un subordonnĂ© obligatoire. Tel est, par exemple, un CC pour le verbe habiter : (hu) Pista egyedĂŒl/KatĂĄval lakik « Pista habite seul/avec Kata »[46]. Il y a des cas oĂč l’épithĂšte aussi est obligatoire : (cnr) TraĆŸi se igrač s dugim rukama « On cherche un joueur ayant des bras longs »[47].

Il s’agit de rĂ©gi reprĂ©sentable si dans certaines circonstances il peut ĂȘtre omis, mais il est toujours sous-entendu grĂące Ă  la partie du contexte situĂ©e avant lui :

  • COD :
    • (fr) On connaĂźt (ça)[43] ;
    • (ro) Am terminat (de scris) « J’ai fini (d’écrire) »[48] ;
  • COI : (hu) HozzĂĄfog (valamihez) « Il/Elle se met Ă  faire quelque chose »[49].

On parle de rĂ©gi facultatif si ce n’est mĂȘme pas nĂ©cessaire qu’il soit sous-entendu pour que le syntagme ou la phrase soit correcte :

  • COD :
    • (fr) Pierre mange (une pomme)[50] ;
    • (ro) Citesc (un articol) « Je lis (un article) »[51] ;
    • (hu) A kislĂĄny (leckĂ©t) Ă­r « La fillette Ă©crit (un devoir) »[45] ;
  • COI :
    • (fr) J’ai dĂ©jeunĂ© (d’une tranche de jambon)[52] ;
    • (ro) Scriu (părinților) « J’écris (Ă  mes parents) »[53].

RĂ©gissants Ă  plus d’un rĂ©gi

Le verbe peut avoir plus d’un rĂ©gi en fonction de sa valence, qui ne concerne pas les complĂ©ments circonstanciels, considĂ©rĂ©s comme non essentiels[54], se limitant donc aux complĂ©ments d’objet. Les mots coordonnĂ©s entre eux et rĂ©gis par un verbe, appelĂ©s « objets multiples », ne comptent pas pour plusieurs rĂ©gis[55], non plus qu’un complĂ©ment et le pronom personnel qui l’anticipe ou le reprend[56].

Ainsi, du moins dans les langues mentionnĂ©es jusqu’ici, il y a des verbes qui peuvent avoir un COD et un COI, appelĂ©s dans ce cas objet premier et objet second :

  • (fr) donner quelque chose (COD) Ă  quelqu’un (COI)[55] ;
  • (en) Mary gave John (COI) an apple (COD) « Mary a donnĂ© une pomme Ă  John »[57] ;
  • (ro) Profesorul dă copilului (COI) o carte (COD) « Le professeur donne un livre Ă  l’enfant »[11] ;
  • (hr) Ja sam joj (COI) oduzeo neĆĄto (COD) « Je lui ai pris quelque chose »[58] ;
  • (hu) Kinek (COI) akarsz ajĂĄndĂ©kot (COD) venni? « À qui veux-tu acheter un cadeau ? »[21]

Le verbe peut avoir deux objets indirects :

  • (fr) un secret dont j’ai hĂ©ritĂ© de mon grand-pĂšre[55] ;
  • (ro) Ți-am vorbit despre ea « Je t’ai parlĂ© d’elle »[53].

Certains grammairiens parlent de verbes Ă  deux objets directs, possibilitĂ© contestĂ©e par d’autres auteurs[59] :

  • (ro) Te anunț ceva « Je t’annonce quelque chose »[56] ;
  • (hr) Vas nitko nije niĆĄta pitao « Vous, personne ne vous a rien demandĂ© »[60].

Cette opinion est argumentĂ©e par le fait que les pronoms COD ci-dessus, qui correspondent Ă  des COI en français, sont exprimĂ©s par des mots Ă  l’accusatif clairement identifiable par leur forme.

Eifring et Theil 2005 mentionne qu’il y des langues avec des verbes qui peuvent avoir plus de deux objets, comme le peul, oĂč l’existence de trois objets est possible : Duudu hokkanii Buuba Muhammadu ceede « Duudu a donnĂ© Ă  Muhammadu de l’argent pour Buuba ». Dans cette phrase, le mot exprimant le bĂ©nĂ©ficiaire de l’action, Buuba, est lui aussi un objet, auquel se rĂ©fĂšre le suffixe -an- contenu dans le verbe hokkanii[57].

Notes et références

  1. Crystal 2008, p. 214.
  2. Bussmann 1998, p. 479
  3. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 401.
  4. Constantinescu-Dobridor 1998, article recțiune.
  5. Constantinescu-Dobridor 1998, article regim.
  6. Par exemple dans Vavula 2012 (p. 48).
  7. Par exemple dans Munteanu 2001 (p. 198).
  8. Par exemple dans Huot 1981 (p. 165).
  9. Dubois 2002, p. 405.
  10. KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 178.
  11. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 530.
  12. Dubois 2002, p. 399.
  13. Szende et Kassai 2007, p. 389.
  14. Barić 1997, p. 433 (grammaire croate).
  15. Delatour 2004, p. 78.
  16. Eastwood 1994, p. 235.
  17. Avram 1997, p. 374.
  18. Szende et Kassai 2007, p. 116.
  19. Čirgić 2010, p. 273 (grammaire montĂ©nĂ©grine).
  20. Klajn 2005, p. 230 (grammaire serbe).
  21. ErdƑs 2001, page D. Az egyszerƱ mondat (D. La phrase simple).
  22. Bussmann 1998, p. 935.
  23. Kålmånné Bors et A. Jåszó 2007, p. 409.
  24. Grevisse et Goosse 2007, p. 432.
  25. Bărbuță 2000, p. 250.
  26. Čirgić 2010, p. 283.
  27. Szende et Kassai 2007, p. 34.
  28. Grevisse et Goosse 2007, p. 360-361.
  29. Moldovan et al. 2001, p. 352.
  30. Szende et Kassai 2007, p. 490-491.
  31. Grevisse et Goosse 2007, p. 450.
  32. Szende et Kassai 2007, p. 491-492.
  33. Szende et Kassai 2007, p. 524.
  34. Grevisse et Goosse 2007, p. 455.
  35. Szende et Kassai 2007, p. 526.
  36. Constantinescu-Dobridor 1998, article prepoziție.
  37. Bărbuță 2000, p. 200.
  38. Bărbuță 2000, p. 198.
  39. Bărbuță 2000, p. 199.
  40. Čirgić 2010, p. 188-215.
  41. Barić 1997, p. 279.
  42. Szende et Kassai 2007, p. 157-167.
  43. Karakai 2013, p. 20.
  44. Avram 1997, p. 404.
  45. Kålmånné Bors et A. Jåszó 2007, p. 353.
  46. KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 56.
  47. Čirgić 2010, p. 281.
  48. Avram 1997, p. 367.
  49. Cs. Nagy 2007, p. 336.
  50. Karakai 2013, p. 21.
  51. Avram 1997, p. 366.
  52. Karakai 2013, p. 22.
  53. Avram 1997, p. .
  54. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 116.
  55. Grevisse et Goosse 2007, p. 323.
  56. Avram 1997, p. 372.
  57. Eifring et Theil 2005, chap. 2, p. 38.
  58. Barić 1997, p. 442.
  59. Cf. Avram 1997, p. 373., qui ne donne pas de noms d’auteurs.
  60. Barić 1997, p. 434.

Sources bibliographiques

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  • (hr) Barić, Eugenija et al., Hrvatska gramatika [« Grammaire croate »], 2de Ă©dition revue, Zagreb, Ć kolska knjiga, 1997 (ISBN 953-0-40010-1)
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