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Préposition

En grammaire, la prĂ©position (du mot latin praepositio < prae- « avant, devant » + positio « position ») est un mot-outil invariable qui a le rĂŽle, dans un rapport syntaxique de subordination, de relier un constituant de la phrase Ă  un autre constituant, le second Ă©tant le complĂ©ment ou l’attribut du premier. Le terme que la prĂ©position introduit est appelĂ© son rĂ©gime[1] - [2] (ou parfois son complĂ©ment). La prĂ©position et son rĂ©gime (le plus souvent un syntagme nominal ou un pronom) forment un syntagme (ou groupe) prĂ©positionnel.

La préposition fait partie de la classe plus large des adpositions, dans laquelle elle se distingue par sa place (elle est antéposée à son régime, par opposition aux postpositions qui, elles, sont placées aprÚs leur régime)[1] - [3] - [4] - [5].

Morphosyntaxe des prépositions

Prépositions primaires

On distingue tout d’abord des prĂ©positions primaires, qui sont en mĂȘme temps simples. En français, de telles prĂ©positions sont Ă , de, en, entre, par, pour, sous, sur[6].

En dehors des prĂ©positions primaires et simples, il existe d’autres prĂ©positions, formĂ©es Ă  partir de plusieurs Ă©lĂ©ments et souvent plus rĂ©centes dans l’histoire de la langue[7].

Prépositions créées par composition

Il existe en outre des prĂ©positions composĂ©es, formĂ©es d’élĂ©ments soudĂ©s en un seul mot, par exemple (fr) depuis[6]. A noter que l’histoire de la langue a parfois rendu opaque ce type de formations qui sont devenues inanalysables en synchronie. Tel est le cas de la prĂ©position avec qui provient du latin apud hoc « prĂšs de ceci ». Dans d’autres langues :

  • (hr) ispod « de sous »; između « entre », nakraj « au bout de », usred « au milieu de », etc.[8] ;
  • (ro) deasupra « au-dessus de », despre « au sujet de », « dinspre » « depuis » (sens spatial), prin « par, Ă  travers », printre « parmi », etc.[7].

Prépositions créées par conversion

Beaucoup de prĂ©positions proviennent d’autres classes de mots, par conversion. Certains auteurs les appellent « prĂ©positions secondaires »[9]. Exemples :

  • (fr)[6] :
  • (en)[10] :
    • de verbes au participe prĂ©sent : concerning « concernant », following « suite Ă  », regarding « concernant » ;
    • de verbes au participe passĂ© : given « Ă©tant donnĂ© » ;
  • (hr)[8] :
    • de noms au cas accusatif : kraj « Ă  cĂŽtĂ© de », put « vers » ;
    • de noms au cas instrumental : pomoću « Ă  l’aide de », povodom « Ă  l’occasion de », putem « par le biais de » ;

Dans de nombreuses langues, un certain nombre de prépositions ont des formes identiques à des adverbes :

  • (fr) aprĂšs, avant, avec, contre, depuis, derriĂšre, devant, etc.[1] ;
  • (en) down « en bas (de) » up « en haut (de) », outside « dehors, hors de »[11] ;
  • (hr) blizu « prĂšs (de) », poslije « aprĂšs », prije « avant », van « dehors, hors de »[8].

Les locutions prépositionnelles

On considĂšre comme des locutions prĂ©positionnelles ou prĂ©positives les groupes de mots qui remplissent le rĂŽle des prĂ©positions. Ce sont le plus souvent des groupes qui incluent au moins une prĂ©position proprement-dite et au moins un mot d’une autre classe qui, dans cette situation, n’est pas analysable.

En français il y a des locutions utilisĂ©es seulement avec des noms et des pronoms, comme Ă  cause de, Ă  compter de, Ă  l’exception de, au-delĂ  de, au-dessus de, grĂące Ă , vis-Ă -vis de, etc. D’autres sont employĂ©es avec des verbes Ă  l’infinitif et correspondent Ă  des locutions conjonctives : afin de (cf. afin que), Ă  seule fin de, avant de, de façon Ă , de peur de, etc.[12].

Des grammairiens anglophones appellent ce genre de groupes complex prepositions, « prĂ©positions complexes »[3]. Exemples : because of « Ă  cause de », due to « grĂące Ă  », except for « Ă  l’exception de », instead of « au lieu de », in front of « devant, en face de », with reference to « concernant », in accordance with « conformĂ©ment Ă  »[10].

L’inventaire des locutions est ouvert. Il en apparaĂźt continuellement des nouvelles, y compris par emprunt et par calque. En roumain, par exemple, la locution vizavi de est empruntĂ©e au français, Ăźn măsura « dans la mesure de » est un calque, Ăźn materie de « en matiĂšre de » est un calque contenant un nom empruntĂ©[13].

Amalgame morphologique

Un amalgame consiste Ă  associer deux morphĂšmes indĂ©pendants pour crĂ©er une seule unitĂ©[14]. Ce phĂ©nomĂšne peut toucher les prĂ©positions. Ceci est par exemple frĂ©quent dans la plupart des langues romanes, oĂč certaines prĂ©positions peuvent s’amalgamer aux articles dĂ©finis. Ainsi, en français, de et Ă  prĂ©sentent la particularitĂ© de se contracter avec les articles dĂ©finis le et les : la maison du berger, la maison des bergers, parler au mĂ©decin, parler aux mĂ©decins[6]. Ce phĂ©nomĂšne est prĂ©sent en espagnol (de + el → del, a + el → al)[15] et surtout en italien, oĂč les combinaisons sont nombreuses (de + il → del, in + il → nel, su + il → sul)[16]. L’allemand combine aussi articles et prĂ©positions (in + dem → im, in + das → ins, etc.[17]).

Sens des prépositions

Certaines prĂ©positions ont un degrĂ© d’abstraction trĂšs Ă©levĂ©, ils ont donc un sens abstrait, ce qui ne permet pas leur reprĂ©sentation sensorielle. Telles sont en (fr) Ă  ou de, souvent appelĂ©es « vides », « abstraites » ou encore « incolores » et qui ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es en français par Pierre Cadiot[18] et Ebbe Spang-Hanssen[19] entre autres. D’autres, ayant un degrĂ© d’abstraction moindre, permettent une reprĂ©sentation sensorielle limitĂ©e. De telles prĂ©positions sont surtout celles Ă  sens spatial et celles Ă  sens temporel, comme avant ou aprĂšs, appelĂ©es « prĂ©positions pleines » ou « colorĂ©es »[5] - [18].

À l’origine, les prĂ©positions exprimaient des rapports spatiaux et temporels, puis on a commencĂ© Ă  les utiliser pour marquer divers rapports abstraits : de cause, de but, etc.[20]. Ainsi, les prĂ©positions (primaires pour l’essentiel) peuvent avoir plusieurs sens, dont certains plus concrets, d’autres plus abstraits, en fonction de leur contexte d’apparition et de leur distribution. En roumain, par exemple, la prĂ©position pe, dont le sens concret est local, signifiant « sur », est devenue dans certains cas la marque du complĂ©ment d’objet direct, ayant donc acquis un sens abstrait : ex. Pune paharul pe masă « Mets le verre sur la table » vs L-am văzut pe Gheorghe « J’ai vu Gheorghe »[21].

Les prĂ©positions secondaires et les locutions ont des sens plus prĂ©cis, concrets ou abstraits, confĂ©rĂ©s par les mots Ă  contenu notionnel qu’elles contiennent[20].

Syntaxe et distribution du syntagme prépositionnel

Les prĂ©positions peuvent introduire des complĂ©ments divers. Ces complĂ©ments peuvent ĂȘtre subordonnĂ©es Ă  des mots de natures variĂ©es (noms, verbes, adjectifs). Les syntagmes prĂ©positionnels peuvent ĂȘtre ainsi :

  • complĂ©ments du verbe : (fr) Pierre obĂ©it Ă  ses parents[22] ;
  • complĂ©ments du nom : (cnr) vjera u uspjeh « croyance au succĂšs »[23] ;
  • complĂ©ments de l’adjectif : (fr) Les ultrasons ne sont pas perceptibles par nos sens[24] ;
  • complĂ©ment de l’adverbe : (en) There’s a cinema not far from here « Il y a un cinĂ©ma non loin d’ici »[25] ;
  • interjection : (ro) vai de capul lui « pauvre de lui »[9].

Il y existe aussi des attributs du sujet ou du complĂ©ment d’objet groupes prĂ©positionnels :

  • (fr) Il est en colĂšre[26] ;
  • (ro) Inelul e de aur « La bague est en or »[27] ;
  • (en) Are you for the plan? « Êtes-vous pour le plan ? »[28] ;
  • (sr) Narukvica je od srebra « Le bracelet est en argent »[29].

Le mot Ă  sens lexical (le rĂ©gime) »[1] - [2], avec lequel la prĂ©position forme un groupe prĂ©positionnel complĂ©ment peut ĂȘtre :

  • un nom : (fr) Nous partirons aprĂšs NoĂ«l[30] ;
  • un pronom : (en) I can reserve a seat for you « Je peux rĂ©server une place pour toi/vous »[31] ;
  • un numĂ©ral : (hr) stol za dvoje « une table pour deux »[32] ;
  • un adjectif : (fr) Elle est tout, hormis compĂ©tente[33] ;
  • un adverbe : (fr) Il est parti pour toujours[34] ;
  • un infinitif : (ro) dorința de a se Ăźntoarce « le dĂ©sir de revenir »[9] ;
  • un participe : (ro) mașină de scris « machine Ă  Ă©crire »[35].

En roumain, le rĂ©gime de certaines prĂ©positions peut ĂȘtre un adjectif possessif : Ăźnaintea mea « avant moi »[36].

La prĂ©position peut parfois ĂȘtre suivie de toute une proposition : Il est sorti par oĂč il Ă©tait entrĂ©[37].

Rection casuelle des prépositions

Dans les langues sans dĂ©clinaison, le mot qui suit la prĂ©position ne change pas de forme par rapport Ă  celle qu’il a lorsqu’il est employĂ© sans prĂ©position. C’est toujours le cas en français. En anglais, comme un vestige de l’époque oĂč il avait une dĂ©clinaison, les prĂ©positions sont suivies de la forme appelĂ©e « oblique » ou « objet » des pronoms personnels. Tous ont une telle forme, diffĂ©rente de celle appelĂ©e « sujet », sauf ceux de la 2e personne : me « moi », him « lui », her « elle », us « nous », them « eux/elles » : Describe him to me « DĂ©cris/DĂ©crivez-le-moi »[38].

Dans les langues Ă  dĂ©clinaison, en revanche, les prĂ©positions imposent au moins un cas grammatical aux noms (et Ă  ceux susceptibles de s’accorder avec ce dernier, comme les adjectifs ou les dĂ©terminants), ainsi qu’aux pronoms. On dit que la prĂ©position rĂ©git un certain cas ou exerce une rection casuelle.

Restrictions imposĂ©es Ă  l’emploi de dĂ©terminants

Les prĂ©positions peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes par des restrictions qu’elles imposent ou n’imposent pas Ă  l’emploi des dĂ©terminants en gĂ©nĂ©ral et des articles en particulier avec les noms et les autres mots Ă  valeur nominale, ainsi qu’avec certains types de pronoms[39]. Pour les langues sans articles, comme BCMS, la question concerne seulement les autres dĂ©terminants.

En français on dit, par exemple, avec des nuances de sens diffĂ©rentes, dans l’enfer et en enfer. Dans a toujours un rĂ©gime Ă  dĂ©terminant, alors que en est le plus souvent construit sans dĂ©terminant[40].

En roumain, les rĂ©gimes au gĂ©nitif et ceux au datif ont toujours un dĂ©terminant qui porte lui-mĂȘme le morphĂšme de ces cas : deasupra cĂąmpiei « au-dessus de la plaine » (le morphĂšme du gĂ©nitif portĂ© par l’article dĂ©fini), deasupra unei cĂąmpii « au-dessus d’une plaine », datorită Ăźmprejurărilor « grĂące aux circonstances », datorită unor Ăźmprejurări « grĂące Ă  des/certaines circonstances ». Par contre, la plupart des prĂ©positions rĂ©gissant l’accusatif n’apparaissent pas avec l’article dĂ©fini si leur rĂ©gime n’a pas d’épithĂšte ou de complĂ©ment : Mă duc la scoală « Je vais Ă  l’école », Intru Ăźn casă « J’entre dans la maison ». Cependant, comme dans le cas de leurs correspondants français, le nom en cause est dĂ©terminĂ© de façon dĂ©finie, bien qu’il n’ait pas d’article[39].

Prépositions et typologie des langues

Le poids des adpositions dans l’expression des rapports syntaxiques contribue au placement des langues sur l’échelle synthĂ©tisme – analytisme[4]. De ce point de vue, les langues Ă  dĂ©clinaison relativement dĂ©veloppĂ©e, dans lesquelles le poids des adpositions est relativement rĂ©duit, sont plus synthĂ©tiques que celles Ă  dĂ©clinaison plus rĂ©duite, voire inexistante, oĂč le poids des adpositions est relativement important. Ainsi, les langues romanes sont plus analytiques que le latin[41]. Les langues peuvent aussi ĂȘtre caractĂ©risĂ©es en fonction de leur recours exclusif Ă  un certain type d’adposition, par exemple soit prĂ©positions, soit postpositions, ou selon le poids d’un type d’adposition par rapport Ă  un autre dans les langues oĂč il y en a deux[4].

Prépositions dans certaines langues

En anglais

L'une des spécificités de la syntaxe des prépositions anglaises est le phénomÚne de preposition stranding[42] qui consiste à séparer la préposition de son régime. La plupart du temps, la préposition est placée seule en fin de phrase ou de proposition. Ceci se produit :

  • dans les phrases passives : He can be relied on « On peut lui faire confiance » ;
  • dans les interrogatives directes ou indirectes : What are you listening to? « Qu’est-ce que tu Ă©coutes ? » ;
  • dans les propositions relatives : The book I've told you about is a bestseller « Le livre dont je t’ai parlĂ© est un bestseller ».

En allemand

En allemand, les prépositions peuvent régir :

  • l’accusatif (ohne « sans », gegen « contre », durch « Ă  travers », fĂŒr « pour »)[43] ;
  • le datif (aus « hors de », zu « vers », nach « aprĂšs », mit « avec », von « de »)[44] ;
  • ou plus rarement le gĂ©nitif (wegen « Ă  cause de », anstatt « au lieu de », wĂ€hrend « pendant », trotz « malgrĂ© »)[45]. Le gĂ©nitif est parfois remplacĂ© par le datif dans la langue contemporaine.

Certaines prĂ©positions spatiales sont en outre dites « mixtes » : elles peuvent rĂ©gir tantĂŽt l’accusatif (pour exprimer le directif, c’est-Ă -dire pour indiquer qu’il y a un mouvement), tantĂŽt le datif (pour exprimer le locatif, une position). C’est par exemple le cas de an « Ă  »[46] :

  • Er lĂ€uft an die TĂŒr (accusatif) « Il court Ă  la porte » (directif, on indique un mouvement) ;
  • Er steht an der TĂŒr (datif) « Il se tient Ă  la porte » (locatif, pas de mouvement, on indique une position).

L’allemand (ainsi que certaines langues germaniques) connaĂźt en outre des proformes prĂ©positionnelles assez nombreuses en da(r)- (darauf, darĂŒber, davon, dabei). Elles sont utilisĂ©es pour reprendre des syntagmes prĂ©positionnels contenant un nom d’inanimĂ© dĂ©jĂ  mentionnĂ©s dans le cotexte[47] :

Ich warte auf den Zug « J’attends le train » → Ich warte darauf « Je l’attends » (darauf remplace auf den Zug).

Quand un verbe se construit avec une préposition et a pour complément une proposition nominalisée (infinitive ou en dass par exemple), la proforme en da(r)- est utilisée pour annoncer cette proposition :

Der Kunde legt großen Wert darauf, dass wir die Anleitung in Deutsch, Englisch und Französisch liefern « Le client tient beaucoup Ă  ce que nous livrions le guide en allemand, en anglais et en français »[48] (Ici, l’expression verbale transitive indirecte Wert legen, « accorder de l’importance » se construit avec la prĂ©position auf.)

En roumain

Dans des grammaires du roumain, on prĂ©cise que les prĂ©positions primaires et simples sont pour la plupart hĂ©ritĂ©es du latin (cu « avec », de « de », după « aprĂšs », fără « sans », Ăźn « en, dans », Ăźntre « entre », la « Ă  », lĂąngă « prĂšs de », pe « sur », pentru « pour », pĂąnă « jusqu’à », spre « vers », sub « sous », etc.), quelques-unes Ă©tant des emprunts, comme contra « contre »[7].

Dans cette langue, certaines prépositions créées par conversion ne changent pas de forme par rapport à leur base, provenant[7] :

  • de noms : grație « grĂące Ă  » ;
  • de verbes au participe : potrivit « selon », mulțumită « grĂące Ă  », datorită « grĂące Ă  » ;
  • de verbes au gerunziu : exceptĂąnd « exceptĂ© », privind « concernant » ;
  • d’adverbes : contrar « contrairement Ă  », conform « conformĂ©ment Ă  », drept « comme, en tant que ».

Il existe aussi des adverbes devenus prĂ©positions par adjonction d’un article dĂ©fini, qui est enclitique en roumain : dedesubtul (< l’adverbe dedesubt « au-dessous ») « au-dessous de », Ăźmprejurul « autour de », Ăźnăuntrul « Ă  l’intĂ©rieur de », Ăźmpotriva (< l’adverbe Ăźmpotrivă « contre ») « contre », Ăźnaintea « avant, devant », Ăźnapoia « derriĂšre »[7].

Le roumain Ă©tant une langue Ă  dĂ©clinaisons, les cas rĂ©gis par les prĂ©positions primaires et Ă  sens abstrait ne sont en gĂ©nĂ©ral pas motivĂ©s, mais il y a des prĂ©positions secondaires et des locutions qui exigent le mĂȘme cas que lorsqu’ils Ă©taient ou sont des mots Ă  sens lexical, comme celles qui rĂ©gissent le gĂ©nitif en roumain. Par exemple, la prĂ©position du groupe (ro) Ăźmprejurul pădurii « autour de la forĂȘt », comme son Ă©quivalent français, garde le sens du nom correspondant Ă  « tour », qu’il contient, et le rapport initial de possession qu’il entretient avec le mot correspondant Ă  « forĂȘt », c’est pourquoi elle exige le cas gĂ©nitif pour ce dernier. De mĂȘme, dans la locution du groupe (ro) Ăźn fața casei « en face de la maison », le nom fața n’est pas analysĂ© en tant que tel, mais exige le cas gĂ©nitif pour le noyau du complĂ©ment, parce que celui-ci serait le possesseur de fața si ce mot-ci exprimait l’objet possĂ©dĂ©[9].

En roumain, la plupart des prĂ©positions rĂ©gissent le cas accusatif, dont la forme ne diffĂšre pas dans cette langue de celle du cas nominatif (ex. lĂąngă foc « prĂšs du feu »), sauf de rares exceptions (ex. pentru tine « pour toi »). Il y a plusieurs prĂ©positions et locutions utilisĂ©es avec le gĂ©nitif (contra inundațiilor « contre les inondations », Ăźmprejurul turnului « autour de la tour », etc.) et quelques autres avec le datif : datorită / grație / mulțumită ajutorului « grĂące Ă  l’aide »[36].

En BCMS

Dans des grammaires BCMS[49] Ă©galement, on prend en compte des prĂ©positions primaires et simples : bez « sans », do « jusqu’à », iz « de », među « entre », nad « au-dessus de », od « de, depuis, Ă  partir de », pod « sous », protiv « contre », u « en, dans », etc.[8].

La dĂ©clinaison Ă©tant relativement dĂ©veloppĂ©e, la rection casuelle des prĂ©positions est complexe. La plupart sont utilisĂ©es avec un seul cas, mais il y en a qui le sont avec deux, certaines mĂȘme avec trois. Le choix du cas est le plus souvent dĂ©terminĂ© par le sens de la prĂ©position, mais il y en a qui sont utilisĂ©es avec deux cas tout en gardant le mĂȘme sens, le cas Ă©tant dictĂ© par le sens du verbe.

Exemples de prépositions utilisées avec un seul cas[50] :

  • avec le gĂ©nitif : Sve će biti gotovo do jeseni « Tout sera prĂȘt jusqu’à l’automne » ;
  • avec le datif : Tako se on ponaĆĄa prema svim gostima « Il se comporte ainsi envers tous les invitĂ©s » ;
  • avec l’accusatif : Viđeli smo kroz prozor ĆĄto se događa « Nous avons vu par la fenĂȘtre ce qui se passait » ;
  • avec l’instrumental : Stalno se svađa s komĆĄijama « Il/Elle se dispute tout le temps avec ses voisins » ;
  • avec le locatif : Postupite po zakonu! « ProcĂ©dez conformĂ©ment Ă  la loi ! ».

Un exemple de préposition qui exige deux cas selon ses sens est s[51] :

  • avec le gĂ©nitif : Crijep je pao s krova « La tuile est tombĂ©e du toit » ;
  • avec l’instrumental : Susreo sam se s njim « Je l’ai rencontrĂ© » (litt. « Je me suis rencontrĂ© avec lui »).

Les cas utilisĂ©s avec certaines prĂ©positions Ă  sens spatial diffĂšrent selon le sens du verbe. Si le verbe exprime le dĂ©placement vers un lieu, c’est l’accusatif qui est exigĂ© : Golub je sletio na krov « Le pigeon a volĂ© sur le toit ». Si, au contraire, le verbe n’exprime pas un tel dĂ©placement (pouvant exprimer un dĂ©placement sans but prĂ©cisĂ©), le cas est autre, avec la prĂ©position de l’exemple prĂ©cĂ©dent – le locatif : Golub je na krovu « Le pigeon est sur le toit »[51].

Il y a quelques prĂ©positions qui sont employĂ©es avec deux cas diffĂ©rents selon le critĂšre ci-dessus et avec un troisiĂšme lorsqu’elles ont un autre sens. Telle est la prĂ©position u[51] :

  • avec l’accusatif, si le verbe exprime le dĂ©placement vers un lieu : Idemo u ĆĄumu « Nous allons dans la forĂȘt » ;
  • avec le locatif, si le verbe n’exprime pas un tel dĂ©placement : U ĆĄumi se čuje cvrkut ptica « Dans la forĂȘt on entend le gazouillis des oiseaux » ;
  • avec le gĂ©nitif, si la prĂ©position exprime la possession : U Milice duge trepavice « Milica a de longs cils » (litt. « Chez Milica longs cils »).

Références

  1. Dubois 2002, p. 377.
  2. Grevisse et Gosse 2007, p. 1320 et suivants.
  3. Crystal 2008, p. 383.
  4. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 379.
  5. Constantinescu-Dobridor 1998, article prepoziție.
  6. Grevisse et Goosse 2007, p. 1319-1320.
  7. Avram 1997, p. 265.
  8. Barić 1997, p. 278 (grammaire croate).
  9. Bărbuță 2000, p. 198.
  10. (en) « Complex Prepositions », sur Internet Grammar of English, The Survey of English Usage (consulté le ).
  11. Eastwood 1994, p. 287.
  12. Grevisse et Goosse 2007, p. 1322.
  13. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 380.
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  15. Da Silva et Pineira-Tresmontant 1998, p. 55.
  16. Peyronel et Higgins 2006, p. 57.
  17. Swick 2019, p. 139.
  18. Cadiot 1997.
  19. Spang-Hanssen 1963.
  20. Bărbuță 2000, p. 200.
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  22. Dubois 2002, p. 399.
  23. Čirgić 2010, p. 283 (grammaire montĂ©nĂ©grine).
  24. Grevisse et Goosse 2007, p. 450.
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  26. Grevisse et Gosse 2007, p. 272.
  27. Avram 1997, p. 333.
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  29. Klajn 2005, p. 228 (grammaire serbe).
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  38. Eastwood 1994, p. 234.
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  46. Swick 2019, p. 137.
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  48. Whittle 2011, p. 364.
  49. Bosnien, croate, monténégrin et serbe.
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Bibliographie

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