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Emprunt (linguistique)

En linguistique comparative, linguistique historique et sociolinguistique, le terme emprunt dĂ©signe l’adoption par un idiome (langue, dialecte) d’élĂ©ments de langue d’un autre idiome[1]. En mĂȘme temps, « emprunt » dĂ©signe l’élĂ©ment adoptĂ©. Ce terme s’est gĂ©nĂ©ralisĂ© en linguistique, bien que, Ă  la diffĂ©rence de son sens extra-linguistique, dans le domaine de la langue il ne dĂ©signe pas quelque chose Ă  rendre[2].

Toute langue a recours à des emprunts et fournit des emprunts à son tour, dans une certaine mesure. Ils concernent à divers degrés tous les domaines de la langue. Les plus fréquents sont les emprunts lexicaux, mais il y a aussi des emprunts grammaticaux (morphologiques et syntaxiques), ainsi que des emprunts phonétiques et prosodiques.

Un aspect important de la question des emprunts concerne leur intĂ©gration, Ă  un moment historique donnĂ©, dans la langue d'accueil, car les emprunts d’une langue prĂ©sentent des degrĂ©s diffĂ©rents de rĂ©alisation de ce processus.

Circonstances de l’emprunt

Les langues ne sont pas isolĂ©es l’une de l’autre mais elles sont en contact par l’intermĂ©diaire de leurs utilisateurs, Ă  cause du voisinage, de la coexistence, des migrations ou des colonisations, phĂ©nomĂšnes qui mĂšnent souvent au bilinguisme. Ainsi, l’emprunt est-il le phĂ©nomĂšne sociolinguistique le plus important dans le contact des langues[3]. Les emprunts effectuĂ©s dans ces circonstances sont appelĂ©s directs ou populaires par certains auteurs[4]. De tels emprunts sont faits tout au long de l’histoire d’une langue et, de ce point de vue, on peut distinguer emprunts relativement anciens et relativement rĂ©cents. En français, par exemple, des emprunts anciens sont ceux apportĂ©s par les Vikings via le normand, tels flotte, vague, etc., des emprunts rĂ©cents Ă©tant d’origine anglo-amĂ©ricaine, comme best-seller ou parking[5].

Les langues ne sont pas Ă©gales en tant que sources d’emprunts. Celles des anciens pays colonisateurs, par exemple, ont joui d’un prestige social, culturel et politique plus grand que celles des peuples colonisĂ©s, par consĂ©quent, ces derniĂšres ont empruntĂ© beaucoup plus aux premiĂšres qu’inversement : le vietnamien, le wolof au français, beaucoup d’autres langues asiatiques (par exemple le cantonais de Hong Kong) ou africaines Ă  l’anglais, le tibĂ©tain au chinois, etc.[6].

Certaines langues sont devenues des sources d’emprunts pour des raisons culturelles, Ă  cause de leur rĂŽle central dans le cadre de grandes civilisations. Parmi les langues actuelles il y a le chinois (pour le japonais, le corĂ©en, le vietnamien et d’autres langues d’Asie de l'Est et du Sud-Est, ou l’arabe, par l’intermĂ©diaire de l’islam, pour la langue ourdou, le persan, le swahili, etc. Pour la mĂȘme raison, des langues qu’on ne parle plus continuent de fournir des emprunts, tels le grec ancien et le latin pour les langues occidentales, le chinois classique pour le chinois moderne et le japonais, le sanscrit pour le hindi. Les emprunts Ă  de telles langues et Ă  d’autres langues de culture sont appelĂ©s indirects ou savants par certains linguistes[4]. Ils sont effectuĂ©s par des connaisseurs de ces langues Ă  la suite du contact avec des textes Ă©crits qu’ils traduisent Ă©ventuellement. En roumain, par exemple, sont sources d’emprunts, Ă  cĂŽtĂ© du latin, le français et l’italien, dans de nombreux cas sans qu’on puisse savoir de laquelle ils proviennent (exemples : algebră, balon, contra)[4].

MĂȘme si une langue est dĂ©pourvue de prestige aux yeux des locuteurs d’une langue considĂ©rĂ©e comme Ă©tant de prestige, avec laquelle elle est en contact, la premiĂšre fournit tout de mĂȘme des emprunts Ă  cette derniĂšre, quoiqu’en moindre mesure comparativement. Ces emprunts peuvent avoir un sens dĂ©prĂ©ciatif. Tel est le cas en français, par exemple, de mots empruntĂ©s Ă  l’arabe du Maghreb, comme barda (Ă  l’origine « bĂąt »), bled (« terrain, pays ») ou smalah (« famille, suite »)[3].

Au XXIe siĂšcle, l’anglais est probablement le fournisseur le plus important d’emprunts[6] mais cette langue aussi emprunte Ă  plusieurs langues. Dans ce siĂšcle, le facteur qui favorise l’emprunt dans le cas des langues en gĂ©nĂ©ral, est le dĂ©veloppement des contacts interhumains de toutes sortes (Ă©conomiques, politiques, culturels, etc.) par les voyages et les tĂ©lĂ©communications[7].

Motivation de l’emprunt

La raison principale de l’emprunt est la nĂ©cessitĂ© pour les utilisateurs d’une certaine langue de nommer une rĂ©alitĂ© nouvelle pour eux. Celle-ci vient de la communautĂ© linguistique source avec sa dĂ©nomination[8]. Ainsi, au XVIIIe siĂšcle, les Français ont-ils empruntĂ© aux Anglais le frac, la redingote, le rosbif, etc., et au XIXe siĂšcle, des termes du domaine du chemin de fer, entre autres rail, wagon, etc. Outre des noms concrets, le français a empruntĂ© Ă  l’anglais des noms abstraits, par exemple du langage politique : session, budget, lĂ©gislature, memorandum, vote, etc.[9].

Les exemples prĂ©cĂ©dents dĂ©signent des choses et des notions devenues rĂ©alitĂ©s dans la communautĂ© linguistique rĂ©ceptrice mais dans d’autres cas il lui faut nommer des rĂ©alitĂ©s qui lui restent Ă©trangĂšres ou sont seulement en train de lui devenir propres. Tels sont le mot japonais sushi, le swahili safari[8], le russe samovar, le finnois sauna[10], etc.

Parfois, une certaine rĂ©alitĂ© existe bien dans la communautĂ© et a un nom dans sa langue, mais un emprunt peut ĂȘtre nĂ©cessaire pour prĂ©ciser son sens. En hongrois, par exemple, il y a le mot tanĂĄr « professeur » (dans l’enseignement de tout niveau) mais il a empruntĂ© le mot professzor pour dĂ©signer seulement une personne ayant le titre de professeur dans l’enseignement supĂ©rieur[10].

D’autres fois, un emprunt est adoptĂ© pour des raisons stylistiques, bien qu’il existe dans la langue un mot tout Ă  fait appropriĂ© pour dĂ©signer la rĂ©alitĂ© en cause. Il se forme ainsi des paires de synonymes par lesquelles on peut Ă©viter des rĂ©pĂ©titions, par exemple en hongrois bonyolult = komplikĂĄlt « compliquĂ© », kĂ©rdĂ©s = problĂ©ma « problĂšme »[10].

Il y a aussi des emprunts qui ne remplissent aucune lacune de la langue mais ont une motivation sociolinguistique. Des mots autochtones, mĂȘme appartenant au lexique de base qui, pourtant, est plus stable que le reste du lexique, peuvent ĂȘtre remplacĂ©s par des emprunts Ă  une langue qui jouit d’un grand prestige culturel. C’est le cas, par exemple, dans les langues dravidiennes de l’Inde, influencĂ©es par le sanscrit, porteur de l’hindouisme, religion dominante dans l’aire de ces langues[11].

C’est Ă©galement pour des raisons sociolinguistiques que le registre d’une langue autre que le courant emprunte des mots dont les synonymes existent bien dans le registre courant de la mĂȘme langue. Il peut s’agir de mots familiers dans la langue source, comme l’amĂ©ricanisme O.K. devenu international toujours dans le registre familier, y compris chinois (ƍu-kēi), ou comme l’anglais bye-bye « au revoir » dans la mĂȘme langue (bāi-bāi, dans le registre courant zĂ i-jiĂ n). Le mot empruntĂ© peut aussi ĂȘtre du registre courant dans la langue d’origine et devenir familier dans la langue rĂ©ceptrice, comme l’anglais thank you « merci » en hindi et en ourdou : thainkyĆ« (hindi courant dhyanavad, ourdou courant shukriya)[8]. De mĂȘme, le mot d’emprunt peut ĂȘtre courant dans la langue source et argotique, du moins au dĂ©but, dans la langue rĂ©ceptrice, devenant Ă©ventuellement par la suite populaire ou mĂȘme familier, comme les Ă©quivalents du (fr) fric, en roumain (lovele)[12] et en hongrois (lĂłvĂ©)[13], du romani lovĂš. Au pĂŽle sociolinguistique opposĂ© il y a, par exemple, des mots courants dans une langue utilisĂ©s dans le registre soutenu d’une autre, comme en roumain a flata, du français flatter, au lieu du verbe roumain a măguli de mĂȘme sens[14].

Pour des raisons culturelles, des emprunts anciens peuvent ĂȘtre remplacĂ©s par des emprunts plus rĂ©cents. C’est arrivĂ© par exemple en roumain, quand, Ă  partir du XIXe siĂšcle, la sociĂ©tĂ© a commencĂ© de se moderniser sous l’influence de l’Europe occidentale. Des mots d’orignie slave, grecque moderne et turque ont alors Ă©tĂ© remplacĂ©s par des emprunts au latin, au français ou Ă  l’italien. Par exemple, le mot slave rod « fruit » a cĂ©dĂ© la place au mot d’origine latine fruct au sens concret, le premier restant dans la langue au sens figurĂ© et plus rarement utilisĂ©, Ă  cause de son intĂ©gration au registre soutenu[15].

Certains linguistes considÚrent le recours à des mots étrangers comme un phénomÚne de mode, une manifestation de snobisme, ayant pour raison le souhait de faire partie des riches et puissants[16].

Types d’emprunts

Il y a des emprunts dans tous les domaines de la langue mais en quantités inégales. On peut dans ce sens établir un ordre décroissant[17].

Emprunt lexical

Les éléments de langue le plus souvent empruntés sont les mots, dont ceux à sens lexical (noms, verbes, adjectifs, adverbes, etc.) occupent la premiÚre place. Parmi ceux-ci, les noms sont de loin les plus souvent empruntés. Le japonais, par exemple, a beaucoup de noms, mais trÚs peu de verbes chinois.

En moindre mesure que des mots Ă  sens lexical, on emprunte des mots-outils : pronoms, adjectifs pronominaux, prĂ©positions, postpositions, conjonctions, etc. Le turc, par exemple, a empruntĂ© Ă  l’arabe ou au persan des conjonctions correspondant Ă  et, ou, mais.

Pour ce qui est des mots du lexique de base, certaines langues en acceptent plus difficilement, d’autres plus facilement. Parmi ces derniĂšres il y a des langues autochtones d’Australie, d’Amazonie ou de Nouvelle-GuinĂ©e, mais l’anglais aussi a empruntĂ© au vieux norrois des mots du lexique de base, tels they « eux, elles », their « leur(s) », skin « peau », sister « sƓur », give « donner », die « mourir ». De mĂȘme, des langues comme le japonais, le corĂ©en ou le thaĂŻ ont empruntĂ© des noms de nombres au chinois, auquel ils ne sont pourtant pas apparentĂ©s.

Emprunts d’affixes de dĂ©rivation

Les langues indo-europĂ©ennes occidentales ont empruntĂ© beaucoup d’affixes au latin et au grec, qui servent Ă  dĂ©river des mots Ă  partir d’autres mots. En français, par exemple, on trouve des prĂ©fixes latins comme extra-, inter-, pro-, trans-, etc. et grecs tels anti-, tri-, etc., ainsi que des suffixes latins (-al, -ation, etc.) et grecs : -ite, -ose, etc.[18].

Vers la fin du XIXe siĂšcle, lorsque la pensĂ©e occidentale a commencĂ© de se rĂ©pandre en Asie de l’Est, dans des langues de ces rĂ©gions aussi on a ressenti le besoin d’utiliser des affixes. Pour -isme et -iser, par exemple, on a adoptĂ© des mots chinois en tant que suffixes : (ja) shakai-shugi « socialisme », ou-ka « europĂ©aniser »; (vi) Ăąu-hoĂĄ « europĂ©aniser ». Un exemple intĂ©ressant est le mot vietnamien in-chĂȘ-able « non dĂ©nigrable », oĂč le verbe, chĂȘ est vietnamien et les affixes – français.

Emprunt prosodique et phonétique

Les traits prosodiques sont plus facilement empruntĂ©s que les phonĂ©tiques. Le systĂšme des tons, par exemple, s’est dĂ©veloppĂ© Ă  peu prĂšs de la mĂȘme façon dans une grande partie des langues d’Asie du Sud-Est, sous l’influence du chinois, probablement.

Certaines langues empruntent des mots avec leur phonĂ©tisme. Ainsi, la langue tagalog des Philippines n’a comme voyelles propres que /i/, /u/ et /a/, mais a pris Ă  l’espagnol, langue des anciens colonisateurs, les voyelles /e/ et /o/, avec des mots comme (es) regiĂłn > rehiyon. Le roumain n’a pas les phonĂšmes /Ăž/ et /y/, mais selon le dictionnaire orthoĂ©pique (DOOM 2), le mot bleu dĂ©signant une certaine nuance de « bleu » doit se prononcer avec [Ăž], et le mot fĂŒhrer < allemand FĂŒhrer avec [y][19].

Un autre exemple d’influence prosodique et phonĂ©tique est la ressemblance entre hongrois et slovaque quant Ă  l’accentuation et au systĂšme phonĂ©mique[20].

Calque

Le calque est une espùce d’emprunt à part.

Il y a calque lexical, dont l’un des types est le calque sĂ©mantique, par lequel on emprunte un sens qui s’ajoute au(x) sens d’un mot de la langue rĂ©ceptrice. Par exemple, le verbe français rĂ©aliser, dont le sens est « rendre rĂ©el, effectif », a pris aussi celui de « comprendre » par calque de l’anglais to realize[21].

Un autre type de calque lexical est celui de structure morphĂ©matique, consistant Ă  emprunter la structure d’un mot Ă©tranger dĂ©rivĂ© [ex. (ro) ĂźntĂąietate < (fr) primautĂ©] ou composĂ© : quartier-maĂźtre < (de) Quartiermeister[21].

Il y a aussi calque phrasĂ©ologique, lorsqu’on emprunte une unitĂ© phrasĂ©ologique en la traduisant littĂ©ralement, ex. (ro) să revenim la oile noastre < (fr) revenons Ă  nos moutons[22].

Le calque grammatical peut ĂȘtre morphologique ou syntaxique. On en trouve des exemples causĂ©s par les influences rĂ©ciproques entre langues de ce qu’on appelle union linguistique balkanique. Un phĂ©nomĂšne morphologique entre autres, qui les caractĂ©rise, est l’article dĂ©fini placĂ© en fin de mot, comme un suffixe, en albanais, en bulgare, en macĂ©donien et en roumain, tandis qu’un trait syntaxique qui leur est propre est la prĂ©fĂ©rence pour le subjonctif au lieu de l’infinitif pour exprimer un procĂšs subordonnĂ© dont le sujet est le mĂȘme que celui du verbe rĂ©gissant, en albanais, en bulgare, en macĂ©donien, en roumain, en grec et en serbe[23].

Il y a aussi des calques concernant l’ordre des mots, comme, en français, Nord-CorĂ©en < (en) North Korean, Sud-Africain < (en) South African[21].

Intégration des emprunts

La langue rĂ©ceptrice cherche Ă  intĂ©grer les emprunts en les adaptant Ă  ses propres rĂšgles phonĂ©tiques, prosodiques, grammaticales, graphiques et orthographiques, mais tous les emprunts existant dans une langue Ă  un certain moment historique ne sont pas intĂ©grĂ©s dans la mĂȘme mesure. En gĂ©nĂ©ral, les emprunts sont d’autant mieux intĂ©grĂ©s, qu’ils sont plus anciens.

Le premier stade de l’emprunt est celui d’élĂ©ment Ă©tranger dans la langue. L’une des voies par lesquelles il apparaĂźt est le mĂ©lange d’élĂ©ments de deux langues diffĂ©rentes dans la mĂȘme chaĂźne parlĂ©e, parfois la mĂȘme phrase, phĂ©nomĂšne qui peut exister chez les bilingues[8].

Le mot Ă©tranger est connu comme tel par les locuteurs et n’est pas du tout intĂ©grĂ© dans la langue, ou il ne l’est que partiellement. Les mots dĂ©signant des rĂ©alitĂ©s Ă©trangĂšres peuvent ĂȘtre complĂštement intĂ©grĂ©s linguistiquement mais, par la force des choses, ils sont tout de mĂȘme connus comme Ă©trangers. Un emprunt qui dĂ©signe une rĂ©alitĂ© existant dans la communautĂ© linguistique peut ne plus ĂȘtre considĂ©rĂ© comme Ă©tranger quand il est complĂštement intĂ©grĂ© linguistiquement et que le locuteur ordinaire ne sait pas que c’est un emprunt.

Adaptation sémantique

D’ordinaire, le mot empruntĂ© est adoptĂ© avec un seul sens qu’il a dans la langue source. S’il a un sens gĂ©nĂ©ral, la langue rĂ©ceptrice l’adopte avec un sens spĂ©cifique. Par exemple, en anglais, le nom building dĂ©signe tout bĂątiment mais en français il a Ă©tĂ© pris pour dĂ©signer un bĂątiment Ă  nombreux Ă©tages[24].

Adaptation phonétique et prosodique

Un mot bien intĂ©grĂ© phonĂ©tiquement et prosodiquement adopte tous les traits en cause propres Ă  la langue rĂ©ceptrice, c’est-Ă -dire que les phones que celle-ci n’a pas sont remplacĂ©s par des phones qu’elle a, et d’autres changements phonĂ©tiques aussi lui sont appliquĂ©s, qui l’adaptent Ă  la prononciation de la langue. De mĂȘme, l’accent est dĂ©placĂ© si sa place d’origine ne correspond pas aux rĂšgles d’accentuation de la langue rĂ©ceptrice.

Changements de phones

Des exemples de tels changements sont :

  • français : choucroute [ʃuˈkʁut] < (de) Sauerkraut [ˈzaÊŠÌŻÉkʁaÊŠÌŻt][25], bifteck [bifˈtɛk] < (en) beefsteak [ˈbiːfsteÉȘk][24]. Dans les mots d’origine anglaise, la consonne nasale vĂ©laire voisĂ©e [Ƌ] (ex. camping [kɑ̃piƋ]), qui n’est pas propre au français, se conserve tout de mĂȘme[26].
  • en roumain : birou [biˈrow] < (fr) « bureau », ștecăr [ˈʃtekər] « fiche mĂąle » < (de) Stecker [ˈʃtɛkəʁ]. Dans les mots Ă©trangers partiellement intĂ©grĂ©s, certains phones Ă©trangers se conservent (voir plus haut les exemples bleu et fĂŒhrer).
  • en BCMS (bosnien, croate, montĂ©nĂ©grin et serbe) : meni [ˈmeni] < (fr) « menu »[27]. Ces langues n’acceptent aucun phone Ă©tranger.
  • en hongrois : naiv [ˈnɒiːv] < (fr) « naĂŻve »[28]. Cette langue non plus ne tolĂšre pas les phones Ă©trangers.
  • en japonais : terebijon < (en) television[29]. Des mots connus comme Ă©trangers, tels bejitarian « vĂ©gĂ©tarien » < (en) vegetarian et baiorin « violon » < (en) violin, certains locuteurs les prononcent vejitarian et viorin, avec la consonne [v], Ă©trangĂšre au japonais[6].
  • en polonais : dĆŒem [dÍĄÊÉ›m] < (en) jam [ˈdÍĄÊ’ĂŠm]

D’autres changements phonĂ©tiques

Pour adapter des mots empruntĂ©s, dans certaines langues on change parfois Ă©galement des phones qui pourtant y existent. En hongrois, par exemple, on appliquait aux emprunts anciens les rĂšgles de l’harmonie vocalique. Ainsi, le mot slave čelad est devenu csalĂĄd « famille »[23]. Toutefois, on n’a pas appliquĂ© ces rĂšgles aux emprunts plus rĂ©cents.

Il y a des langues qui n’ont pas certaines combinaisons de phones, du moins dans certaines positions, c’est pourquoi elles adaptent de telles combinaisons en y introduisant des phones propres. Pour les langues BCMS, par exemple, certains groupes de consonnes en fin de mots sont Ă©trangers, alors elles y introduisent Ă  la forme de nominatif singulier un [a] qui disparaĂźt Ă  d’autres cas, ex. franak < (fr) « franc » – franka « du franc ». NĂ©anmoins, certains emprunts Ă©chappent Ă  cette rĂšgle (ex. mart « mars »), et d’autres ont deux variantes : ex. talent ou talenat[30].

Une autre adaptation consiste Ă  changer la quantitĂ© des phones. Des phones longs dans une langue peuvent devenir brefs dans une autre et inversement. Exemples : (ro) hotar [hoˈtar] « frontiĂšre » < (hu) hatĂĄr [ˈhɒtaːr][31], (hu) ĂĄfonya [ˈaːfoÉČɒ] « mirtille » < (ro) afină [aˈfinə][32], (fr) [piˈdÍĄza] < (it) pizza [ˈpitÍĄsːa][33], (hu) affĂ©r [ˈɒfːeːr] < (fr) « affaire » [aˈfΔːʁ][34].

Adaptation de l’accentuation

Dans le cas des langues Ă  accent tonique, celui-ci peut changer de place dans le cas des emprunts.

Il y a des langues oĂč la place de l’accent est fixe, par consĂ©quent les emprunts sont accentuĂ©s sur la syllabe en cause. C’est le cas du français, oĂč l’accent est toujours sur la derniĂšre syllabe prononcĂ©e du mot isolĂ©, ex. choucroute [ʃuˈkʁut] < (de) Sauerkraut [ˈzaÊŠÌŻÉkʁaÊŠÌŻt[25], bifteck [bifˈtɛk] < (en) beefsteak [ˈbiːfsteÉȘk].

En hongrois aussi, la place de l’accent est fixe, mais sur la premiĂšre syllabe: naiv [ˈnɒiːv] < (fr) « naĂŻve ».

En BCMS, la place de l’accent n’est pas fixe mais il y a une restriction qui l’exclut sur la derniĂšre syllabe. Le standard du serbe est strict Ă  cet Ă©gard (ex. dirigent [diˈriÉĄent] « chef d’orchestre » < (de) Dirigent [diʀiˈɡɛnt][35]), mais le croate accepte l’accentuation d’origine Ă  cĂŽtĂ© de la rĂ©guliĂšre[36].

En roumain, la place de l’accent est encore plus libre mais il peut tout de mĂȘme changer dans le processus de l’emprunt : hotar [hoˈtar] « frontiĂšre » < (hu) hatĂĄr [ˈhɑtaːr], interviu [interˈviw] < (en) interview [ˈÉȘntəvjuː]. Il y a aussi des emprunts Ă  variantes : manager [ˈmanadÍĄÊ’er] < (en) manager, avec la place de l’accent conservĂ©e, ou [maˈnadÍĄÊ’er][37].

Adaptation grammaticale

Les langues flexionnelles et les langues agglutinantes adaptent d’ordinaire les mots empruntĂ©s Ă  leur systĂšme de flexion, respectivement d’affixation. Elles attribuent un genre aux noms si elles ont ce trait grammatical, elles incluent les noms et les adjectifs dans une classe de dĂ©clinaison si elles ont ce type de flexion, toutes leur appliquent le systĂšme de marquage du pluriel (Ă  l’exception Ă©ventuelle de certains mots) et toutes incluent les verbes dans une classe de conjugaison. Les mots empruntĂ©s sont aussi employĂ©s comme bases pour la formation de mots nouveaux.

Voici quelques phĂ©nomĂšnes d’adaptation.

En français, le pluriel des noms et des adjectifs est le plus souvent marquĂ© par -s, bien que non prononcĂ© d’ordinaire. Les emprunts intĂ©grĂ©s l’adoptent (des gĂ©raniums, des casinos), mais certains mots Ă©trangers gardent leur forme de pluriel originaire, ex. des spaghetti, Ă©ventuellement Ă©crite avec -s (spaghettis), la prononciation Ă©tant la mĂȘme[38]. Les verbes empruntĂ©s reçoivent en gĂ©nĂ©ral le suffixe d’infinitif -er, Ă©tant ainsi inclus dans ce qu’on appelle le premier groupe[39].

En anglais aussi, le pluriel des noms empruntés se forme comme dans cette langue, avec -s prononcé, mais il existe des mots étrangers dans le cas desquels il y a hésitation. Par exemple cactus est utilisé avec les formes de pluriel cacti ou cactuses[6].

En roumain, les noms Ă©trangers, tout comme les emprunts relativement anciens, sont adaptĂ©s en recevant l’article dĂ©fini postposĂ© (managerul « le manager ») et en Ă©tant dĂ©clinĂ©s conformĂ©ment Ă  leur terminaison : cowboyul « le cow-boy » – cowboyului « du cow-boy », mass-media (compris comme un singulier) « mĂ©dias de masse » – mass-mediei « des mĂ©dias de masse » (gĂ©nitif/datif). Les verbes sont d’ordinaire inclus dans la 1re conjugaison, recevant le suffixe d’infinitif -a, ex. a flata < (fr) « flatter »[40].

En hongrois il y a des suffixes prĂ©fĂ©rĂ©s pour constituer la forme de base des verbes (celle de l’indicatif prĂ©sent, 3e personne du singulier) formĂ©s Ă  partir de noms Ă©trangers, ou pour adapter des verbes Ă©trangers, prĂ©cĂ©dĂ©s Ă©ventuellement d’une voyelle de liaison : szortĂ­roz « il/elle trie », prejudikĂĄl « il/elle prĂ©judicie »[23].

En BCMS il y a trois suffixes pour intĂ©grer les verbes empruntĂ©s (organizovati « organiser », formirati « former », operisati « opĂ©rer »), mais la plupart de ces verbes ne diffĂ©rencient pas les aspects (perfectif et imperfectif), ayant une seule forme pour les deux[41]. Tous les noms sont intĂ©grĂ©s dans les classes de dĂ©clinaison, mĂȘme si au nominatif singulier ils ont des terminaisons Ă©trangĂšres. Les dĂ©sinences des autres cas sont ajoutĂ©es a ces terminaisons, avec un phone de liaison pour certaines : tabu « tabou » – tabua « du tabou », ĆŸiri « jury » – ĆŸirija « du jury »[42]. Par contre, dans une autre langue slave, le russe, de nombreux noms Ă©trangers terminĂ©s en voyelle reçoivent bien un genre, qui se manifeste dans leur accord avec les Ă©pithĂštes, mais restent invariables en nombre et en cas, mĂȘme s’ils ont une terminaison qui existe au nominatif singulier de noms autochtones : жюрО (jiouri) « jury », ĐșĐŸŃ„Đ” (kofĂ©) « cafĂ© », Ń€Đ°ĐŽĐžĐŸ « radio »[43].

Adaptation graphique

L’adaptation graphique des emprunts dĂ©pend de plusieurs facteurs. Si le systĂšme graphique de la langue rĂ©ceptrice est totalement diffĂ©rent de celui de la langue source (ex. anglais – japonais), les emprunts sont Ă©crits avec la graphie de la langue rĂ©ceptrice. Si le systĂšme graphique des deux langues est le mĂȘme, par exemple le mĂȘme alphabet, les emprunts bien intĂ©grĂ©s respectent la graphie et l’orthographe de la langue rĂ©ceptrice, et les mots encore Ă©trangers sont Ă©crits comme dans la langue source ou comme dans la langue rĂ©ceptrice, ou bien il y a hĂ©sitation dans leur graphie.

En français on peut citer le cas du nom bifteck qui, Ă  son entrĂ©e dans la langue, s’est Ă©crit comme en anglais, beefsteak, par la suite il a connu les variantes beefstake, beefsteck et beefteak, pour finalement avoir une orthographe partiellement Ă©trangĂšre au français, par le groupe ck[24].

En roumain, les emprunts Ă  l’anglais relativement anciens sont complĂštement adaptĂ©s Ă  l’orthographe roumaine (blugi « blue-jean », gem « confiture », meci « match »), mais les relativement nouveaux gardent leur graphie d’origine : cowboy, fairplay, week-end[40].

Le serbe et le montĂ©nĂ©grin, qui utilisent aussi bien l’alphabet cyrillique que l’alphabet latin, tous les emprunts et mots Ă©trangers s’écrivent conformĂ©ment Ă  l’orthographe autochtone avec les deux alphabets, indiffĂ©remment de leur degrĂ© d’intĂ©gration, y compris les noms propres : dĆŸem « confiture », kauboj « cow-boy », Ć ekspir « Shakespeare »[44]. En bosnien et en croate, qui utilisent seulement l’alphabet latin, la rĂšgle est la mĂȘme, sauf pour les noms propres, qui s’écrivent comme dans la langue d’origine, si elle utilise Ă©galement l’alphabet latin.

En hongrois aussi, le principe est d’employer l’orthographe de cette langue (dzsem « confiture », meccs « match », vĂ­kend „week-end”), mais il y a des exceptions (ex. cowboy), mĂȘme concernant des emprunts relativement anciens (ex. guillotine)[45]. Certains gardent partiellement des Ă©lĂ©ments de la graphie d’origine mais ne respectent pas les rĂšgles de correspondance entre graphie et prononciation. Par exemple milliĂł « million » se prononce avec [l] bref, bien qu’en hongrois les consonnes gĂ©minĂ©s soient prononcĂ©es longues[46].

En japonais, non seulement les mots Ă©trangers, mais aussi les emprunts, mĂȘme anciens, se distinguent par leur Ă©criture avec l’un des trois syllabaires japonais, le katakana. Ainsi, mĂȘme le mot pan « pain », empruntĂ© au portugais il y a plusieurs siĂšcles et intĂ©grĂ© Ă  d’autres points de vue, s’écrit en katakana[6].

L’attitude envers les emprunts

Il faut distinguer l’attitude des locuteurs ordinaires, d’une part, et celle des spĂ©cialistes de la langue, Ă©ventuellement, des officialitĂ©s, d’autre part. Ceux de la premiĂšre catĂ©gorie adoptent spontanĂ©ment des mots Ă©trangers, plus ou moins facilement, en fonction de divers facteurs. Chez ceux de la seconde catĂ©gorie il y a une large gamme d’attitudes, allant du libĂ©ralisme au purisme, en fonction de la langue donnĂ©e, de son stade considĂ©rĂ© Ă  un certain moment historique et mĂȘme de certains facteurs politiques.

Dans l’histoire du français, le problĂšme des emprunts ne s’est pas posĂ© jusqu’au XVIe siĂšcle, quand les lettrĂ©s ont commencĂ© Ă  s’en occuper au dĂ©but de la standardisation de la langue. En gĂ©nĂ©ral, ils exprimaient la nĂ©cessitĂ© des emprunts, surtout au latin et au grec. Certains Ă©taient aussi favorables aux emprunts Ă  d’autres idiomes parlĂ©s en France, par exemple Joachim du Bellay, d’autres s’y opposant, par exemple François de Malherbe. Au mĂȘme siĂšcle, il est entrĂ© dans la langue de nombreux mots italiens, et certains lettrĂ©s militaient pour qu’on les Ă©vite, par exemple Henri Estienne, mais sans succĂšs pour le moment[47]. Au XVIIe siĂšcle, dans le contexte de l’épanouissement du classicisme, la tendance imposĂ©e par l’AcadĂ©mie française Ă©tait puritaine, les normes imposĂ©es par elle Ă  la langue littĂ©raire cherchant Ă  Ă©liminer, entre autres, les italianismes[48]. Depuis le milieu du XXe siĂšcle, Ă  mesure que l’influence amĂ©ricaine dans le monde s’accroĂźt, la politique linguistique des pays francophones cherche Ă  limiter l’entrĂ©e d’anglicismes en français. Des organismes officiels s’occupent du standard de la langue, y compris en recommandant l’emploi de termes autochtones existants ou de termes nouvellement formĂ©s en français Ă  la place de termes Ă©trangers. On a mĂȘme adoptĂ© des mesures lĂ©gislatives en faveur du français[49].

Dans l’histoire du hongrois aussi, la question des emprunts s’est posĂ©e lors des premiĂšres actions de standardisation de la langue, au dĂ©but du XIXe siĂšcle, dans le cadre du mouvement appelĂ© de « renouveau de la langue ». Sa tendance Ă©tait de crĂ©er des mots Ă  partir d’élĂ©ments autochtones, par composition, dĂ©rivation et calque, pour nommer des rĂ©alitĂ©s nouvelles Ă  l’époque, tout en Ă©vitant les emprunts. À l’époque et par la suite aussi le libĂ©ralisme et le purisme se sont confrontĂ©s, des pĂ©riodes plutĂŽt libĂ©rales et d’autres plutĂŽt puristes se succĂ©dant. Par exemple, vers la fin du XIXe siĂšcle et jusqu’aux annĂ©es 1930 on a empruntĂ© beaucoup de mots anglais des domaines sportifs (futball, korner, meccs, etc.), remplacĂ©s par la suite dans le standard par des mots hongrois[50], mais certains sont restĂ©s vivants dans le registre familier. En comparaison avec certaines langues, le hongrois est plus rĂ©ticent envers les emprunts. Ils ne constituent que 7 % du lexique de cette langue[51], alors qu’en roumain ce taux est de plus de 60 %[52]. Une explication possible peut en ĂȘtre qu’en hongrois on peut former d’une façon relativement facile, par composition et par dĂ©rivation, des mots nouveaux dits « transparents », c’est-Ă -dire motivĂ©s, Ă  partir d’élĂ©ments connus par la plupart des locuteurs. Par exemple, pour dire « journalisme » on n’a pas besoin de l’emprunt zsurnalisztika, du moment qu’on a pu former le mot ĂșjsĂĄgĂ­rĂĄs, littĂ©ralement « Ă©criture de nouvelles/nouveautĂ©s », un mot composĂ© transparent, et mĂȘme plus court que l’emprunt non transparent[13].

Parmi les langues BCMS, le standard du croate est moins tolĂ©rant par rapport aux emprunts que celui des autres, ce qui a un rapport avec les aspirations de la Croatie Ă  l’indĂ©pendance. Au cours de la formation de la variĂ©tĂ© standard du croate il y a eu des pĂ©riodes plus ou moins libĂ©rales mais dans ce processus, c’est en gĂ©nĂ©ral le purisme anti-emprunts qui a dominĂ©. Cette tendance est dĂ©jĂ  visible au XVIIe siĂšcle et se maintient au XXIe[53]. Elle se manifeste par la formation de mots ou le calque effectuĂ©s consciemment par des intellectuels. Dans les pĂ©riodes de rapprochement entre standards croate et serbe, avant et aprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, puis aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, sous l’influence du serbe, dont le standard est plus permĂ©able aux emprunts, ceux-ci ont Ă©tĂ© plus nombreux en croate aussi. La pĂ©riode de purisme le plus accentuĂ© a Ă©tĂ© celle de ce qu’on appelait l’État indĂ©pendant de Croatie (1941-1945), quand les emprunts existant en serbe Ă©galement ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement remplacĂ©s par des crĂ©ations croates, mais dans la Yougoslavie communiste on a repris les mots empruntĂ©s. AprĂšs la proclamation de la RĂ©publique de Croatie en 1991, le purisme linguistique s’est rĂ©affirmĂ©.

Notes et références

  1. Crystal 2008, p. 58.
  2. Eifring et Theil 2005, chap. 6, p. 1.
  3. Dubois 2005, p. 177.
  4. Par exemple Constantinescu-Dobridor 1998, article ßmprumut « emprunt ».
  5. Walter 2008.
  6. Eifring et Theil 2005, chap. 6, p. 2.
  7. Bussmann 1998, p. 139.
  8. Eifring et Theil 2005, chap. 6, p. 3.
  9. Steuckardt 2007, p. 5.
  10. Bokor 2007, p. 182.
  11. Sjoberg 1956.
  12. Dexonline, article lovele.
  13. Bokor 2007, p. 183.
  14. Ciorănescu 2007, article flata.
  15. Dexonline, articles rod et fruct.
  16. Par exemple Claude HagĂšge, cf. Leclerc 2017, chap. 10.
  17. Section d’aprĂšs Eifring et Theil 2005, chap. 6, p. 4-6, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă  part.
  18. Grevisse 1964, p. 77-92.
  19. DOOM 2, articles bleu et fĂŒhrer.
  20. KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 108.
  21. Dubois 2002, p. 74.
  22. Constantinescu-Dobridor 1998, article calc.
  23. KĂĄlmĂĄn et TrĂłn 2007, p. 107.
  24. Grevisse et Goosse 2007, p. 157.
  25. Dubois 2005, p. 178.
  26. TLFi, article camping.
  27. HJP, article meni.
  28. WikiSzĂłtĂĄr.hu, article naiv.
  29. Eifring et Theil 2005, p. 4.
  30. Barić 1997, p. 607.
  31. Dexonline, article hotar.
  32. WikiSzĂłtĂĄr.hu, article ĂĄfonya.
  33. TLFi, article pizza.
  34. WikiSzótår.hu, article affér.
  35. Klajn 2005, p. 25.
  36. HJP, article dirigent.
  37. Les articles correspondants de DOOM 2.
  38. Grevisse et Goosse 2007, p. 696.
  39. Grevisse et Goosse 2007, p. 178.
  40. Les articles correspondants de Dexonline.
  41. Klajn 2005, p. 107.
  42. Klajn 2005, p. 53.
  43. Andrews 2001, p. 32.
  44. Perović et al., p. 30.
  45. Les articles correspondants de WikiSzĂłtĂĄr
  46. ÉrtSz, article millió.
  47. Leclerc 2017, chap. 5.
  48. Leclerc 2017, chap. 6.
  49. Leclerc 2017, chap. 10.
  50. Gerstner 2006, p. 317.
  51. Gerstner 2006, p. 331.
  52. 61,9% d’aprĂšs Sala 1988 ; 64,67% d’aprĂšs Macrea 1961, p. 32, citĂ© par Pană Dindelegan 2013, p. 3.
  53. Cf. Milković 2010, p. 37-48, qui cite plusieurs auteurs l’affirmant.

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