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Procès (linguistique)

En linguistique, le terme procès tient de la sémantique du verbe. Son interprétation est controversée.

Conceptions sur la notion de procès

Dubois 2002 mentionne que selon l'interprétation adoptée par certains linguistes, le procès comprend tout ce que peut exprimer le contenu d'un verbe[1] : action, état, existence, évolution, développement, déroulement, etc.[2]. Dans cette conception, le procès est le trait sémantique le plus important du verbe, lié au temps, à l'aspect et au mode d'action, c'est-à-dire à l'existence des états dans le temps, au déroulement des actions et des événements dans le temps, et à leur degré de réalisation[3]. Certains auteurs élargissent la notion de procès au noms dérivés de verbes avec des suffixes de procès[4], par exemple (en) -ing (the singing « le chant »)[5].

Dans une autre conception, la notion de procès est réduite à deux catégories : procès statifs et procès dynamiques. Un procès statif est une séquence d'états uniformes, et un procès dynamique une séquence d'états hétérogènes. Des verbes comme courir, mourir ou rouler sont dynamiques, tandis que avoir, aimer, savoir sont statifs. Les différences entre procès statif et procès dynamique jouent un rôle important dans la grammaire de nombreuses langues. En anglais, par exemple, il y a entre eux des différences comme[6] :

  • Les verbes dynamiques peuvent avoir une forme continue (ex. John is running « John est en train de courir ») mais les statifs ne peuvent pas avoir une telle forme (*John is knowing the answer « *John est en train de connaître la réponse »[7]).
  • Des verbes comme forcer peuvent subordonner des verbes dynamiques (I forced John to run « J'ai forcé John à courir »), mais non des verbes statifs : *I forced John to know the answer « *J'ai forcé John à connaître la réponse ».
  • On peut mettre les verbes dynamiques à l'impératif (Run! « Cours ! »), ce qu'on ne peut pas faire avec les statifs : *Know the answer!

Dans une conception encore plus restrictive, le procès est un trait sémantique basé sur le mode d'action duratif, celui des verbes exprimant des actions qui se déroulent dans une période de temps. Cette classe de verbes est circonscrite par la possibilité de les associer seulement à des adverbes et des groupes prépositionnels exprimant la durée (ex. construire une maison pendant un mois, apprendre un poème de 5 h à 7 h), mais non à des adverbes et des groupes prépositionnels qui expriment une action momentanée : *construire une maison à 7 h précises. Ainsi, les verbes de procès s'opposeraient aux verbes momentanés[4].

Une autre conception encore considère comme des verbes de procès seulement les dynamiques, divisés en verbes de procès proprement-dits et verbes d'action-procès. Les premiers se caractérisent par l'absence d'un agent, par exemple, naître ou sécher (intransitifs), et les derniers par le fait qu'ils expriment des actions effectués par un agent, comme danser, courir, réparer[8].

Selon le philosophe du langage Zeno Vendler (en), les verbes de procès s'opposent à ceux d'état[9]. Dubois 2002 précise que les verbes de procès expriment une action réalisée par leur sujet, qu'ils soient transitifs ou intransitifs : courir, lire, manger, etc. Ceux-ci s'opposent aux verbes d'état, comme les intransitifs être, ressembler, paraître, etc., ou aux transitifs qui expriment le résultat d'un procès, comme savoir[10].

Dans une conception encore plus restrictive, des verbes de procès, appelés aussi d'événement, sont uniquement ceux sans agent, qui s'opposent aux verbes d'état et aux verbes d'action[11]. Par conséquent, des verbes de procès seraient des intransitifs comme fleurir, croître, s'élever, etc.[12].

Notes et références

  1. Dubois 2002, p. 380, sans nommer des linguistes.
  2. Constantinescu-Dobridor 1998, article proces.
  3. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 384-385.
  4. Bidu-Vrănceanu 1997, p. 384-385, sans nommer des auteurs.
  5. Eifring et Theil 2005, chap. 2, p. 18.
  6. Eifring et Theil 2005, chap. 2, p. 21.
  7. L'astérisque (*) indique ici des faits de langue incorrects du point de vue de la grammaire.
  8. W. L. Chafe 1970, cité par Bidu-Vrănceanu 1997, p. 384.
  9. Crystal 2008, p. 388.
  10. Dubois 2002, p. 380.
  11. S. C. Dik 1987, J. F. Le Ny 1989, S. Baudet 1990, cités par Bidu-Vrănceanu 1997, p. 385.
  12. Bussmann 1998, p. 947.

Annexes

Bibliographie

  • (ro) Bidu-Vrănceanu, Angela et al., Dicționar general de științe. Științe ale limbii [« Dictionnaire général des sciences. Sciences de la langue »], Bucarest, Editura științifică, (ISBN 973-44-0229-3, lire en ligne)
  • (en) Bussmann, Hadumod (dir.), Dictionary of Language and Linguistics [« Dictionnaire de la langue et de la linguistique »], Londres – New York, Routledge, (ISBN 0-203-98005-0, lire en ligne)
  • (ro) Constantinescu-Dobridor, Gheorghe, Dicționar de termeni lingvistici [« Dictionnaire de termes linguistiques »] (DTL), Bucarest, Teora, (sur Dexonline.ro)
  • (en) Crystal, David, A Dictionary of Linguistics and Phonetics [« Dictionnaire de linguistique et de phonétique »], Oxford, Blackwell Publishing, , 4e éd., 529 p. (ISBN 978-1-4051-5296-9, lire en ligne)
  • Dubois, Jean et al., Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse-Bordas/VUEF, (lire en ligne)
  • (en) Eifring, Halvor et Theil, Rolf, Linguistics for Students of Asian and African Languages [« Linguistique pour les étudiants en langues asiatiques et africaines »], Oslo, Université d’Oslo, (lire en ligne)

Voir aussi

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