Vikings
Les Vikings (en vieux norrois : vĂkingr, au pluriel vĂkingar) sont des explorateurs, commerçants, pillards mais aussi pirates scandinaves au cours d’une pĂ©riode s’étendant du VIIIe au XIe siècle[1], communĂ©ment nommĂ©e « âge des Vikings ». Par extension, on emploie le terme en français pour dĂ©signer la civilisation scandinave de l'âge du fer tardif, c'est-Ă -dire Ă partir de la fin du IIe siècle Ă l'âge du fer romain (en)[2]. Ils sont souvent appelĂ©s Normands, Ă©tymologiquement « hommes du Nord », dans la bibliographie ancienne.
Illustration d'Alexis Master, in Abbon de Fleury, Passio Sancti Edmundi, Regis Orientalium Anglorum et Martyris, vers 1130.
Le mot "Viking"
DĂ©finition
« On appelle Viking (VĂkingr, en vieux norrois) un commerçant de longue date, remarquablement Ă©quipĂ© pour cette activitĂ©, que la conjoncture a amenĂ© Ă se transformer en pillard ou en guerrier, lĂ oĂą c’était possible, lorsque c’était praticable, mais qui demeurera toujours quelqu’un d’appliquĂ© Ă afla sĂ©r fjár (« acquĂ©rir des richesses »). »
— Boyer 2008, p. 33
Au sens large, le terme Viking désigne l’ensemble des Scandinaves de la période caractérisée par le phénomène viking.
Le terme de "Vikings" désignerait les Scandinaves, originaires des actuels Danemark et Norvège, et du Götaland (Suède du sud-ouest : Dalie, Bohuslän, Halland, Scanie), actifs essentiellement en Mer du Nord et dans l'Océan Atlantique.
Le terme de Varègues désignerait les Vikings (au sens de Scandinaves) de Suède, actifs surtout en Mer Baltique et en Europe de l'Est, dont la Rus' de Kiev, et opérant la route commerciale de la Volga et la route commerciale des Varègues aux Grecs.
Étymologie
Le mot viking est attesté en français au XIXe siècle et désigne, au sens moderne du terme, un « guerrier, explorateur originaire de Scandinavie »[3]. Son étymologie exacte n'est pas assurée.
Il est mentionnĂ© pour la première fois en vieil islandais sous la forme vĂking (mot fĂ©minin) dans l'expression fara Ă vĂkingu « partir en rapine, en maraude, en piraterie ». De ce mot dĂ©rive la forme masculine vĂkingr (-s, -ar) qui signifie « personne qui pratique la piraterie », donc « pirate »[4].
Le mot vĂking apparaĂ®t tardivement en vieux norrois, ce qui laisse penser qu'il s'agit d'un emprunt Ă une autre langue, très certainement au vieil anglais, oĂą le mot wÄ«cing, qui signifie « pirate », est attestĂ© dès le VIIIe siècle (et en vieux frison, sous la forme wÄ«(t)sing). Effectivement, les utilisations connues les plus anciennes proviennent de textes anglo-saxons du VIIIe siècle, avec la mention de divers composĂ©s comme uuicingsceadan, uuicingseadae ou saewicingas, tous formĂ©s sur -wÄ«cing-. Ils ont pour thème les activitĂ©s maritimes et notamment la piraterie.
Une Ă©tymologie largement rĂ©pandue mais erronĂ©e, en fait un dĂ©rivĂ© du norrois vĂk « anse, crique, bras de mer entre deux Ă®les »[4], ayant aussi la signification originelle d'« endroit oĂą la terre cède » (dĂ©rivĂ© du verbe vikja « cĂ©der »), d'oĂą, par extension, le sens de « baie », c'est-Ă -dire « endroit dĂ©gagĂ© de la cĂ´te qui permet d'accoster »[5] (cf. les toponymes comme Reykjavik en Islande ou les plages de Plainvic et du Vicq en Cotentin, etc.).
Des recherches Ă©tymologiques plus rĂ©centes, fondĂ©es sur des travaux dĂ©jĂ existants, ont mis l'accent sur l'existence de la mesure nautique vika (« distance parcourue en mer par deux Ă©quipes ramant en alternance »), dont le radical vik- se retrouverait dans vĂking, mais aussi dans le vieil anglais wÄ«cing, le vieux frison wÄ«tsing et remonteraient tous Ă un proto-germanique de l'Ouest *wÄ«kingĹŤ (« changement de rameur ») et *wÄ«kingaR dĂ©rivant du premier et signifiant « homme ramant en alternance », ce qui se conçoit Ă l'Ă©poque oĂą les navires circulant dans les mers du Nord Ă©taient des bateaux Ă rames, tels celui de Nydam. Par la suite, des sens spĂ©cifiques se seraient dĂ©veloppĂ©s dans les langues oĂą ils se sont perpĂ©tuĂ©s : expĂ©dition maritime, guerrier-marin, pirate[6].
Autres noms
Les chroniques franques rédigées en latin utilisent plus fréquemment les termes Nor[t]manni « Normands »[7], pirata « pirates »[8], Dani « Danois » ou pagani « païens » pour désigner les Vikings. Jusqu'à une époque récente et encore aujourd'hui, certaines sources utilisent le terme Normand comme synonyme de Viking. Le terme Normand est lui-même un emprunt au francique *nortman[9] ou au vieux norrois nordmaðr[10], qui signifient tous les deux « homme du Nord. »
En irlandais, les textes parlent plus simplement d’« étrangers » (gall). Le toponyme Donegal ferait référence aux Vikings danois, c'est-à -dire les « étrangers noirs » et celui de Fingal aux Vikings norvégiens, c'est-à -dire les « étrangers blancs ». Mais cette distinction entre Vikings noirs et Vikings blancs empruntée à Lucien Musset serait la conséquence d'une mauvaise traduction, d'autant que cette distinction n'a pas de raison d'être, la proportion du type aux cheveux clairs étant à peu près semblable au Danemark et en Norvège. Donegal n'a donc probablement pas cette signification, mais celle de « forts des étrangers » dún an gall, « noir » se disant dub. De la même manière, Finegal ne vient pas de finn gall ou fionn gall (« étrangers (aux cheveux) blonds »), mais plutôt de fine gall (« tribu des étrangers »).
En Orient, ils sont appelés Rus ou Varègues. Chez les Arabes, les Madjus : bab el Madju désignant « la porte des païens » (détroit de Gibraltar)[11].
Selon Pierre Bauduin (2004), la connotation du terme viking serait plutôt positive dans les inscriptions runiques et négatives dans les poèmes scaldiques[12].
Contexte géographique
De magnifiques paysages liés à des légendes fortes ont longtemps fixé les vikings sur leur territoire et en ont gêné l'émigration, par fierté. Le climat rude (froid, vents) empêchait toute agriculture et tout élevage de masse. Le pillage était donc leur seule possibilité d'obtenir des richesses (vols de nourriture et de bijoux, captures d'esclaves…). L'appauvrissement généré dans leurs pays frontaliers (pertes matérielles, morts, fuites…) les ont poussés plus loin en Europe du Sud et de l'Ouest (Gaule…)[13].
Contexte historique
Génétique
La période précédant l'ère des Vikings a été accompagnée d'un flux de gènes étrangers en Scandinavie du sud et de l'est, se propageant depuis le Danemark et l'est de la Suède au reste de la Scandinavie. La transition de l'Âge du bronze à l'Âge de fer s'accompagne dans la région d'une réduction de l'ascendance agricole néolithique[14], avec une augmentation correspondante à la fois de l'ascendance steppique et de l'ascendance chasseur-cueilleur. Comme dans le cas de l'ADN mitochondrial, le profil de distribution global des haplogroupes chromosomiques Y dans les échantillons de l'âge viking est similaire à celui des populations modernes d'Europe du Nord. Les lignées mâles les plus fréquemment rencontrées étaient les haplogroupes I1 à plus de 50 % aussi présents en majorité chez les Scandinaves modernes[15], l'haplogroupe I est l'haplogroupe majoritaire chez les Vikings.
La période de l'« âge des Vikings » est caractérisée par un afflux majeur d'ascendance danoise en Angleterre, suédois dans la Baltique et un afflux norvégien en Irlande, en Islande et au Groenland. Elle voit également une ascendance substantielle d'autres régions d'Europe entrer en Scandinavie[16]. Les analyses d'ADN confirment qu'une expédition viking comprenait des membres de la famille proche[16].
Place des femmes
Les femmes vikings ne se cantonnaient pas uniquement à des tâches domestiques mais certaines participaient à des raids en tant que guerrières[17].
Nom | Vie | Années d’activité | Pays d’origine | Commentaire |
---|---|---|---|---|
Rusla (ou Rusila) | Xe siècle | Norvège | Surnommée la « célibataire rouge », fille de Rige, un roi viking de Telemark. Elle monte une flotte pour venger son frère Tesendus, dépossédé du trône par les Danois. | |
Stikla | Xe siècle | Norvège | Sœur de Rusla, elle entre en piraterie pour échapper au mariage. Elle est mentionnée dans la Geste des Danois. | |
Princesse Sela | Vers 420 | Norvège | Sœur de Koller, roi de Norvège, elle est une guerrière reconnue et une pirate expérimentée. | |
Alvid | Norvège | Cheffe d’un groupe de pirates mixte, elle est mentionnée dans la Geste des Danois. | ||
Webiorg, Hetha et Wisna | VIIIe siècle | Norvège | Toutes trois répertoriées dans la Gesta Danorum en tant que capitaines de navire. Webiorg meurt au combat, Hetha devient reine de Zélande et Wisna perd une main dans un duel. | |
Aude la Très-Sage | vers 843 | Islande | Fondatrice d'un établissement scandinave en Islande. | |
Alvilda alias Ælfhild, Alwilda, Alvilda, Alfhild | Après 850 | Suède | Existence contestée. Souvent datée à tort du Ve siècle. | |
Guerrière viking de Birka | inconnue | Suède | ||
Lagertha | vers 870 | Norvège | Lagertha inspire le personnage d'Hermintrude du Hamlet de Shakespeare. |
Expansion territoriale
Exploration de l'Amérique
Plusieurs textes islandais, dont la saga des Groenlandais et celle d'Erik le Rouge, racontent la découverte par des Vikings de terres situées au-delà du Groenland. Vers 986, un navigateur groenlandais Bjarni Herjolfsson, dérouté par une tempête, aperçoit des terres et des forêts inconnues. Une vingtaine d'années plus tard, Leif, fils d'Erik le Rouge, entreprend une expédition pour vérifier le récit de Bjarni. Après plusieurs jours de navigation, il découvre de nouveaux territoires : un pays de montagnes et de glaciers qu'il nomme Helluland (« pays des pierres plates »), puis une côte dominée par un arrière-pays forestier, qu'il appelle Markland (« pays des arbres »), enfin, une terre agréable où les explorateurs pêchent des saumons et cueillent des grappes de raisin, le Vinland (« pays de la vigne »)[18]. À partir du XIXe siècle, des érudits avancent l'hypothèse que ces navigateurs ont en fait suivi les rivages de l'Amérique. Les Vikings auraient donc mis le pied sur le Nouveau Continent environ cinq cents ans avant Christophe Colomb.
Les sagas étant généralement considérées comme des sources littéraires peu fiables (comme nombre de contradictions entre la saga des Groenlandais et celle d'Erik le Rouge le montrent), des chercheurs tentent de trouver la preuve matérielle qui confirmera l'hypothèse. En 1898, une pierre runique est découverte à Kensington, aux États-Unis mais à ce jour, son authenticité n'est pas encore assurée. En 1930, un équipement guerrier typique d'un Viking est retrouvé à Beardmore en Ontario mais la découverte tourne au canular. L'hypothèse des Vikings comme premiers découvreurs de l'Amérique reprend de la valeur dans les années 1960 quand un couple d'archéologues norvégiens, Helge et Anne Stine Ingstad, révèlent les vestiges d'habitations vikings sur l'île de Terre-Neuve. Le site de l'Anse aux Meadows se compose de huit édifices distribués en trois complexes. Sont notamment dégagés un atelier de menuiserie, une forge, un four et un fourneau. La datation des objets artisanaux recueillis correspond à la date de l'expédition de Leif. L'Anse aux Meadows devient célèbre dans le monde entier et s'affirme comme la preuve qui manquait aux scientifiques[19].
Navigation
Les Vikings ont parcouru toutes les mers européennes et au-delà . Ils ont remonté les fleuves et les rivières d'Europe occidentale et de Russie. Cette expansion n'aurait pas été possible sans la qualité des navires qu'ils construisaient. On pense aujourd'hui qu'ils acquirent nombre de leurs techniques de navigation auprès des Frisons.
Navires vikings
Même si elle reste imparfaite, la connaissance des bateaux scandinaves a progressé grâce aux découvertes archéologiques d'embarcations. Le bateau d'Oseberg mis au jour en 1904 est l'un des plus beaux spécimens conservés auquel on peut lui comparer celui de Gokstad[alpha 1] et ceux de Skuldelev[alpha 2]. L'iconographie, au premier rang la tapisserie de Bayeux, apportent d'autres informations.
Il n'existe pas un bateau-type scandinave. Son architecture variait selon la destination (commerce de cabotage, au long cours, guerre ou apparat) et évolua dans le temps. Toutefois, se dégagent quelques points communs. La proue et la poupe sont relevées ; leur coque est construite à clins. Depuis le VIIIe siècle, ils sont propulsés par le vent grâce à une voile rectangulaire en laine. Ce navire remonte très bien au vent[20]. Ce qui n'empêche pas les bateaux d'être aussi équipés d'avirons. Les navires de guerre, comme celui de Gokstad, sont appelés langskip ou snekka[21]. Le terme drakkar est un barbarisme créé au XIXe siècle, inspiré du terme suédois moderne drake « dragon », alors que les Vikings employaient celui de dreki en norrois. Un second k a été ajouté au terme suédois pour en accentuer l’aspect exotique.
Les archéologues reconnaissent l'excellente architecture des bateaux scandinaves. Ils s'étonnent notamment de la souplesse de la coque. Les membrures sont fixées au bordé — et non à la quille — par des liens d'osier, des lacets de cuir ou, pour les modèles tardifs, par des chevilles[22]. Il en résulte que le navire peut affronter la haute mer en se tordant face aux vagues. Outre la souplesse, les bateaux vikings sont reconnus pour leur légèreté. La coque fait quelques centimètres d'épaisseur. Ainsi, le tirant d'eau étant faible, le bateau donne l'impression de glisser sur les flots. La vitesse pouvait dépasser les 10 nœuds (approximativement 18 km/h).
Le musée des bateaux vikings de Roskilde au Danemark présente quatre bateaux importants et l’utilisation de chacun[23] :
Connaissance maritime
Les Vikings ont été capables de naviguer en haute mer sans cartes ni instruments de navigation, se basant surtout sur la navigation « au naturel » et quelques techniques rudimentaires de navigation à estime[24]. Ils ont été les premiers Européens à débarquer au Groenland et peut-être aussi l'Amérique du Nord (Vinland). À l'est, des Suédois ont emprunté le réseau des lacs et fleuves russes pour atteindre l'Asie centrale et ses routes caravanières venues d'Extrême-Orient.
Les Vikings n'utilisaient pas de boussoles ni de compas magnétiques, d'ailleurs peu utiles dans les régions arctiques. Ils ont pu utiliser une « pierre de soleil » pour localiser la position du soleil par temps couvert, à en croire un passage d'une saga sur le roi Olav Haraldsson II[alpha 3]. Cette « pierre de soleil » pourrait être en fait un spath d'Islande, cristal de calcite transparent relativement courant en Scandinavie et qui a la propriété de dépolariser la lumière du soleil, la filtrant différemment selon le pointage[25]. Cependant il apparaît difficile de prendre pour argent comptant ledit passage pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il ne faut pas oublier que la saga de Olav Haraldsson II est écrite de manière posthume et que le roi norvégien a été canonisé à sa mort. Ensuite, aucun autre texte n'évoque une navigation à partir de cette pierre. Enfin, des expériences réalisées récemment sur de possibles « pierres de soleil » se sont avérées non concluantes : son efficacité est relative et dépend de la visibilité de cette lumière.
Il existe aussi une théorie qui interprète un objet découvert en 1948 comme un « compas solaire »[26] - [27] Là aussi, des historiens se montrent sceptiques[24].
Les techniques de navigation des Vikings étaient notamment basées sur l'observation de leur environnement naturel. La position du soleil leur indiquait les points cardinaux tandis que l'utilité des étoiles aurait été moindre en raison de la courte durée des nuits d'été, qui était la saison pendant laquelle naviguaient ces peuples[24] C'est surtout l'observation de la mer, des repères terrestres et des animaux marins qui ont dû leur permettre de trouver leur chemin en pleine mer. Le nombre plus grand de macareux annonçait la proximité des îles Féroé. La brusque variation de température de l'eau, conséquence de l'entrée dans un courant polaire ; le changement de couleur de l'océan passant du bleu au vert ; la multiplication des icebergs, indiquaient que le Groenland était proche[28]. Les navigateurs vikings connaissaient peut-être les courants qui emmenaient facilement les bateaux d'un secteur à l'autre ou le trajet migratoire des baleines. Le Hausbók, un manuscrit islandais qui raconte notamment la navigation de Norvège au Groenland, fournit de nombreux détails de ce genre[29]. Cependant, l'évolution des courants marins ne nous permet pas de l'affirmer avec précision.
Connaissance du globe terrestre
Les Vikings semblent avoir connu la forme de notre globe terrestre, bien que l'expression orbis terrarum en latin ou heimskringla en vieux norrois puisse signifier une Terre plate en forme de disque. Il subsiste un document datant du XIIe siècle qui l’atteste : l'Elucidarium[30] - [31] - [32]. Ce savoir leur a permis de s’aventurer très loin en mer sans craindre de « tomber dans l'abîme » comme pourrait faire penser l'idée de monde plat. Le navigateur grec Pythéas a effectué vers 340- un voyage dans les mers d'Europe du Nord et il aurait décrit la Scandinavie notamment l'île de Thulé située sur le cercle arctique qui pourrait être l'Islande ou la Norvège. Toutefois Pythéas est considéré par le grand géographe gréco-romain Strabon comme un fabulateur qui décrit des pays qu'il n'a jamais visités. Les savants grecs à cette époque avaient découvert et mesuré la forme sphérique du globe terrestre, leurs échanges avec les Scandinaves ont peut-être permis aux Vikings, plus tard de l'apprendre, à moins qu’ils ne l'aient imaginé par eux-mêmes.
Équipement
Casque
Le casque en métal était porté seulement par les guerriers les plus riches tels que les chefs, les « jarls », les rois etc. Il peut être à lunettes et/ou comporte un front nasal pour le nez. Le casque à cornes n'a jamais été porté au combat par les Vikings, cette imagerie étant apparue au XIXe siècle. Les guerriers du commun avaient au mieux un simple bonnet en cuir, voire rien du tout[33].
Bouclier
Le bouclier emblématique de l'âge viking dit bouclier rond (rundskjold), avait au moins dans un premier temps une forme circulaire, de type germanique et faisait entre 70 et 90 cm de diamètre et entre 4 et 30 mm d'épaisseur (les boucliers les plus épais servant probablement plutôt en apparat ou en décoration).
Principalement composé de bois (souvent du résineux) et recouvert de tissu ou de cuir et peint, le bouclier se tenait par une manipule. La main du porteur est protégée par un umbo en acier qui pouvait faire de 2 à 4 mm d'épaisseur, et environ 15 cm de diamètre. Le bord pouvait être laissé à nu ou être protégé par du cuir voire par de fines plaques de métal dans de rares cas. La masse de ce bouclier était de 3 à 6 kg ce qui faisait de lui une arme très maniable quand il était adapté à son porteur. Le bouclier viking était dans son utilisation presque autant défensif qu'offensif et pouvait être autant utilisé en combat de groupe et en combat singulier. En combat de groupe, la ligne de boucliers pouvait être placée devant et servait à protéger les lanciers à deux mains (se battant avec une lance et sans bouclier) pour leur permettre d'affaiblir le mur ennemi en étant en sécurité, mais aussi à charger la troupe adverse en utilisant le bouclier de façon offensive et défensive[34].
Sa forme peut autrement varier : oblong (skjöldr), rectangulaire, effilé vers le bas, plat ou courbe[35].
Épée
Les Vikings utilisaient parfois des épées (vieux-norrois, sverð) à un seul tranchant (sax et handisax), comme en témoigne le chroniqueur arabe Ibn Miskaveish[36]. Cependant, la plupart des épées vikings sont à double tranchant[37]. Leurs formes sont dérivées de neuf modèles principaux, sans doute d'origine celte, qui servent encore aujourd'hui à les catégoriser parmi les archéologues[38] et les artisans spécialisés dans la reconstitution historique[39]. Parmi les modèles d'épées vikings les plus répandus, on trouve les armes issues de l'atelier Ulfberht, reconnaissables au nom de l'artisan qui a été gravé sur elles et dont la qualité de facture est réputée. De manière générale, les épées vikings sont souvent richement ornées (or, argent, lame damasquinée) et mesurent environ 6 cm de largeur pour 70 à 80 cm de longueur, avec un poids pouvant aller jusqu'aux alentours de 2 kg[40]. La fabrication des épées est confiée à des artisans spécialisés (vieux-norrois, smiðir), dont le savoir-faire est associé à la divinité Völund dans la mythologie nordique. On accorde souvent une valeur symbolique forte aux épées, comme en témoigne le fait qu'elles reçoivent régulièrement des surnoms[40].
Les lances
Les vikings utilisaient principalement les lances dans les guerres. Le premier rang était hérissé de lances afin de transpercer les charges ennemies. En revanche ils l'utilisaient très peu en combat singulier.
Hache
Arme principale des vikings, ces-derniers l'utilisaient dans toute sorte de combats : au corps à corps, pendant les guerres et ils s'amusaient même à les lancer. Tandis que les vikings Norvégien utilisaient des petites haches, les Danois préféraient la force à l'agilité en usant de leurs célèbres haches Danoise : grandes haches à 2 mains et parfois à double tranchant.
Sources historiques
Les sources écrites contemporaines proviennent principalement d’observateurs étrangers (arabes, byzantins, occidentaux). En Occident, il s’agit, la plupart de temps, du témoignage des victimes des raids vikings, notamment de clercs. Leurs écrits sont donc très partiaux.
À l’exception des inscriptions runiques, les sources écrites médiévales scandinaves ne sont généralement pas plus anciennes que le XIIe siècle et donc postérieures à la période viking. Ces textes, notamment les sagas qui mêlent faits historiques et faits inventés, sont donc traités avec beaucoup de circonspection par les historiens. Les recueils juridiques dont on a connaissance sont également nettement plus récents que la période considérée.
L’archéologie est donc la principale source d’information sur cette période. Si elle apporte de grands résultats en Scandinavie et dans les îles Britanniques, et surtout au Groenland où les vestiges n'ont pratiquement pas été remaniés par des activités humaines depuis la fin du Moyen Âge, les résultats sont décevants en France. Les fouilles ont d'abord concerné les lieux les plus monumentaux, principalement les grandes villes et les tombeaux de grands personnages. Depuis les années 1970, l'attention des archéologues se porte sur l'habitat rural et des lieux de pouvoir[41].
Notes et références
Notes
- Dégagé en 1880 dans un tumulus en Norvège, et conservé au musée des navires vikings d'Oslo à Bygdøy en Norvège, il est daté de la fin du IXe siècle. Mesurant 23,5 m de long pour 5,2 m de large, il était propulsé par 32 rameurs en haute mer.
- Trouvés à l'entrée du fjord de Roskilde, au Danemark.
- Passage mentionnant la pierre de soleil : « Le temps était couvert et neigeux, comme Sigurður l'avait prédit. Alors le roi convoqua Sigurður et Dagur. Il demanda à ces hommes de regarder autour d'eux, personne ne trouva le moindre recoin de ciel bleu. Puis il somma Sigurður de désigner le soleil, lequel donna une réponse ferme. Alors le roi envoya chercher la pierre de soleil et, la tenant au-dessus de lui, vit la lumière jaillir et ainsi pu vérifier directement que la prédiction de Sigurður était bonne. ».
Références
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- Richer, Histoire de son temps, Ă©d. Jean Guadet Paris 1845.
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- Voir sur universalis.fr.
- L'agriculture et l'élevage ont été apportés en Europe par des populations venues d'Anatolie, qui se sont établies en Grèce et dans les Balkans à partir d'environ , avant de s'étendre progressivement vers l'Ouest et le Nord de l'Europe : Europe néolithique. Ces populations ont connu des mélanges divers avec les populations de chasseurs-cueilleurs vivant auparavant en Europe et rencontrées durant leur expansion
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Annexes
Textes médiévaux
- Abbon de Saint-Germain-des-Prés, Histoire du siège de Paris par les Normands.
- Alfred le Grand, Orosius.
- Annales de Saint-Bertin, IXe siècle.
- Chronique de Nestor, début du XIIe siècle.
- Dudon de Saint-Quentin, De moribus et actis primorum Normanniæ ducum.
- Ibn Fadlân, Voyage chez les Bulgares de la Volga, Xe siècle vers 921.
- Snorri Sturluson (trad. du bokmål par François-Xavier Dillmann), Histoire des rois de Norvège [« Heimskringla »], Paris, Éditions Gallimard, coll. « L'aube des peuples », , 706 p. (ISBN 2-07-073211-8).
Ouvrages modernes
- Dragons et drakkars : le mythe viking de la Scandinavie à la Normandie, XVIIIe – XXe siècle, Caen, musée de Normandie, 1996.
- Laurent Di Filippo, Vikings!, Les moutons Ă©lectriques, , 272 p. (ISBN 978-2-36183-824-9)
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Articles connexes
- Varègues
- Royaume viking d'York
- Normands
- Chronologie des invasions vikings
- Invasion viking en Angleterre
- Raids vikings en Poitou et dans la vallée de la Charente
- Siège de Paris
- Vikings en Galice
- Jomsvikings
- Bannière au corbeau
- Rollon
- Forteresse circulaire viking
- Route commerciale de la Volga
- Route commerciale des Varègues aux Grecs
- Commerce des esclaves en Suède
- Musée des navires vikings d'Oslo
- Musée des navires vikings de Roskilde
Liens externes
- Ressource relative à la bande dessinée :
- (en) Comic Vine
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Texte sur l’art viking, accompagné de nombreuses illustrations (Cleveland Institute of Art).
- (en) Chronique anglo-saxonne.