Jomsvikings
Les Jomsvikings ou Vikings de JĂłmsborg Ă©taient une troupe peut-ĂŞtre lĂ©gendaire de mercenaires Vikings aux IXe et Xe siècles, vouĂ©e Ă l’adoration de dĂ©itĂ©s telles que Odin et Thor. Ils Ă©taient vraiment paĂŻens, mais acceptaient tout engagement au combat par un seigneur leur promettant une solde suffisante, fĂ»t-il chrĂ©tien. D’après les sagas nordiques (et particulièrement la JĂłmsvĂkinga saga, la saga du roi Olaf Ier de Norvège, et les histoires du FlateyjarbĂłk), leur forteresse de Jomsborg Ă©tait situĂ©e sur la cĂ´te sud de la mer Baltique, mais le lieu exact est Ă ce jour disputĂ© par les historiens modernes et les archĂ©ologues. Les Nordisk familjebok (livres de familles nordiques – Suède 1876 –1957) affirment qu’elle Ă©tait situĂ©e sur la cĂ´te est de l’île de Wolin, sur la colline Silberberg au nord de la ville de Wolin.
La lĂ©gende des Jomsvikings apparaĂ®t dans diverses sagas islandaises du XIIe et XIIIe siècles. L’existence de Jomsborg est matière Ă dĂ©bats dans les cercles d’historiens, Ă cause de la pĂ©nurie de sources pour l’époque concernĂ©e. Il n’y a pas non plus de sources contemporaines mentionnant les noms Jomsvikings et Jomsborg, mais il existe trois pierres runiques contemporaines et plusieurs lausavĂsur qui tĂ©moignent d’une de leurs batailles.
Le code Jomsviking
La JĂłmsvĂkinga saga (Saga des Jomsvikings) relate que les Jomsvikings furent très sĂ©lectifs dans le choix des guerriers Ă intĂ©grer dans leur ordre. Ils devaient ĂŞtre des hommes de 18 Ă 50 ans (exceptĂ© Vagn Ă…kesson un garçon qui vainquit Sigvaldi Strut-Haraldsson en combat singulier Ă l’âge de 12 ans) ayant prouvĂ© leur valeur au combat. Pour ĂŞtre admis, les intĂ©ressĂ©s devaient accomplir une prouesse physique, prenant le plus souvent la forme d’un duel rituel, ou holmgang, avec un Jomsviking.
Une fois admis, les Jomsvikings devaient suivre fermement un code de conduite très strict afin d’instiller parmi eux une véritable discipline militaire. La violation d’une de ces règles pouvait être punie d’une expulsion immédiate de l’ordre. Chaque Jomsviking devait défendre ses frères d’armes, et le cas échéant, venger leurs morts. Il était interdit de parler en mal de ses compagnons ou de se disputer avec. Les règlements de compte entre membres devaient être arbitrés par les officiers. Les Jomsvikings ne devaient pas connaitre la peur, ni fuir devant un ennemi d’une force égale ou inférieure. Cependant, une retraite ordonnée devant des forces numériquement supérieures était acceptable. Les butins de campagne devaient être également distribués entre tous les membres de la fraternité en parts égales. Aucun Jomsviking ne devait s’absenter plus de trois jours de Jomsborg sans la permission de la fraternité. Aucune femme ou enfant n’étaient acceptés dans les murs de la forteresse, ni tenus captifs. Nous ne savons pas cependant si les Jomsvikings avaient l’interdiction de se marier, ou s’ils avaient des liaisons durables avec des femmes en dehors des murs.
Histoire
Les historiens débattent encore de l’exactitude des récits concernant les Jomsvikings. Certains soutiennent que l’ordre est uniquement légendaire. Le site de leur forteresse n’a jamais été localisé de manière certaine, il est donc difficile de confirmer la véracité de leurs exploits.
Il existe pourtant diffĂ©rents rĂ©cits sur les origines de leur ordre. La Gesta Danorum (livre 10) raconte qu’une colonie appelĂ©e Julinum fut conquise par le roi du Danemark, Harald Ă la dent bleue (banni par son fils Svein Ă la barbe fourchue), qui la donna au prince suĂ©dois Styrbjörn le Fort. Harald ensuite lui procura une puissante force avec laquelle Styrbjörn terrorisa les mers. La KnĂ˝tlinga saga rapporte aussi que Harald est le fondateur des Jomsvikings, mais l’histoire de Styrbjörn ne conte rien Ă ce sujet. La JĂłmsvĂkinga saga dit que l’emplacement fut fondĂ© par Palnatoke, qui l’avait reçu du mythique chef wende, Burislav.
Le Styrbjarnar þáttr SvĂakappa et l’Eyrbyggja saga s’accordent avec les versions prĂ©cĂ©dentes, faisant de Styrbjörn l’homme qui prit la tĂŞte des Jomsvikings quand ils s’établirent. Le Styrbjarnar þáttr SvĂakappa raconte aussi que parmi les hommes du Nord, il y avait des hommes des terres de l’Est, suggĂ©rant que ce fut une installation faite par un brassage ethnique. En effet un rĂ©cit indique que la garnison Ă©tait constituĂ©e principalement de Wendes commandĂ©s par des Danes. Ainsi, Ă la bataille de SvĂ´ldr, sur onze bateaux, un avait un Ă©quipage de Wends.
S’ajoutent aux débats les questions de la taille du site. Jomsborg, dans plusieurs sources, est supposé avoir amarré de 30 à 300 bateaux dans sa baie, avec des chefs vikings comme Palnatoke, Styrbjörn le Fort, Sven Ier de Danemark, Sigvaldi Strut-Haraldsson, Thorkell le Grand, et Hemeng. L’entrée de la baie était protégée par une tour sur une voûte de pierre, fermée par des portes d’acier.
La Gesta Danorum (livre 10), le Styrbjarnar þáttr SvĂakappa et l’Eyrbyggja saga affirment que vers 980, le prince suĂ©dois exilĂ© Styrbjörn le Fort fut responsable d’une dĂ©faite Ă©crasante des Jomsvikings, alors qu’il tentait de rĂ©cupĂ©rer la couronne de Suède par la force. Il s’agit du combat contre l’oncle de Styrbjörn, Éric VI de Suède, Ă la bataille de FĂ˝risvellir, Ă Uppsala, en 984 ou 985. On explique que la dĂ©faite des Jomsvikings fut causĂ©e par un pacte qu’Éric aurait fait avec Odin. Trois pierres runiques, celle de Högby (Asmund le brave champion tomba Ă Fyrisvellir), DR 295 (Il ne s’enfuit pas Ă Uppsala) et DR 279 (Il ne s’enfuit pas Ă Uppsala, mais combattit aussi longtemps qu’il lui restait des armes), de cette Ă©poque relatent les morts hĂ©roĂŻques Ă Uppsala, de probablement trois Jomsvikings. Cette bataille est aussi commĂ©morĂ©e dans un poème, par le scalde islandais Þórvaldr Hjaltason, qui participa Ă la bataille du cĂ´tĂ© suĂ©dois.
La JĂłmsvĂkinga saga raconte qu’en 986, ils attaquèrent le jarl HĂĄkon Sigurdsson en Norvège et furent battus Ă la bataille de Hjörungavágr. La JĂłmsvĂkinga saga finit par une brève explication des consĂ©quences de la bataille, et, en fait, situe le dĂ©but de la fin des Jomsvikings Ă la date de cette bataille.
Après ces deux défaites décisives, la force de l’ordre décrut, mais la saga d'Olaf Tryggvason raconte que les Jomsvikings eurent un rôle décisif (et perfide) dans la bataille de Svolder en 1000. À Svolder, une force Jomsvikings dirigée par Sigvaldi Strut-Haraldsson trahit le roi Olaf de Norvège et rejoignit les forces de ses ennemis afin de détruire sa flotte. Cet acte de traîtrise a pu avoir été mené dans l’intention de combattre la christianisation de la Scandinavie dont le roi Olaf se voulait le héraut. Pourtant, le roi danois qui s’empara du trône de Norvège une fois la bataille navale terminée, fut Svein à la barbe fourchue qui était officiellement chrétien (au moins pour la forme). Son père Harald et lui-même avaient en effet été baptisés en 965.
Les Jomsvikings sont aussi connus pour avoir effectué des raids en Angleterre de l’est en 1009, et des incursions dans divers territoires scandinaves au début du Xe siècle. Aux alentours de 1013, les Jomsvikings ont mené campagne en Angleterre pour le compte de Svein à la barbe fourchue, et pour le camp adverse, peut-être dans le but de tirer leur propre Danegeld des Anglais, alors que la principale force d’invasion Viking conduisait Æthelred II d'Angleterre en Normandie.
En 1043, Selon le Heimskringla, Magnus Ier de Norvège décida de mettre fin à la menace que représentait les Jomsvikings. Il pilla Jomsborg, détruisit la forteresse et massacra les derniers combattants.
Les sagas retiennent beaucoup de défaites sur ces mercenaires. Effectivement on ne faisait pas appel aux Jomsviking quand la bataille était gagnée d’avance. Cet ordre très ordonné était appelé quand les combats s’annonçaient difficiles.
Preuves archéologiques
Les pierres runiques sont reconnues comme documents historiques sur le sujet de la période Viking en Scandinavie. Les trois pierres suivantes mentionnent probablement des Jomsvikings qui tombèrent avec Styrbjörn le Fort, au sud d’Uppsala. À noter : la première pierre mentionne un chef de guerre appelé Toki Gormsson qui pourrait avoir été le fils du roi Danois Gorm le Vieux, une interprétation qui se lie avec le fait que Styrbjörn était allié avec un autre fils de Gorm, Harald à la dent bleue.
La pierre runique DR 295 à Hällestad, Hollande dit : « Eskil dressa cette pierre pour Toki Gormsson, son chef de guerre bien-aimé. Il ne s'enfuit pas à Uppsala. Les champions érigèrent cette pierre pour leur frère sur la colline. Ils étaient des proches de Toki. » A : askil : sati : stin : þansi : ift[iR] : tuka : kurms : sun : saR : hulan : trutin : saR : flu : aigi : at : ub::salum B satu : trikaR : iftiR : sin : bruþr stin : o : biarki : stuþan : runum : þiR : C (k)(u)(r)(m)(s) (:) (t)(u)(k)(a) : kiku : (n)(i)(s)(t)[iR] A Æskel satti sten þænsi æftiR Toka Gorms sun, seR hullan drottin. SaR flo ægi at Upsalum B sattu drængiaR æftiR sin broþur sten a biargi støþan runum. ÞeR C Gorms Toka gingu næstiR.
La pierre runique DR 279 à Sjörup, en Scanie, dit : « Il ne s’enfuit pas à Uppsala, mais combattit aussi longtemps qu’il lui restait des armes. » [+ sa]ksi : sati : st[in] : þasi : huftiR : o[s]biurn : (s)in : fil(a)go ' (t)u-a[s : sun :] saR : flu : aki : a[t :] ub:sal(u)m : an : ua : maþ : an : uabn : a(f)þi ' Saxi satti sten þæssi æftiR Æsbiorn, sin felaga, To[f]a/To[k]a sun. SaR flo ægi at Upsalum, æn wa mæþ han wapn hafþi.
Sur la pierre runique de Högby, il est écrit : « Le bon homme libre Gulli avait cinq fils. Le brave champion Asmund tomba sur les Fyris. »
La pierre runique de Karlevi a été érigée par des guerriers danois en mémoire du chef de guerre de l'île d'Öland près du canal où sont passés les Jomsvikings en allant à Uppsala. La pierre est contemporaine à la bataille mentionnée pour les pierres précédentes et il est donc possible que cette pierre ait été érigée par les Jomsvikings en souvenir de leur chef.
Sources historiques
Cette liste n’est pas exhaustive :
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jomvikings » (voir la liste des auteurs).
- Hollander, Lee M., Trans. The Saga of the Jomsvikings. University of Texas Press, 1989.
Sturlason, Snorre, et Erling Monsen (Editor). Heimskringla: Or the Lives of the Norse Kings. Dover Publications, 1990.
- Ian Heath - Osprey Miltary – Elite series 3 – The Vikings 1985.
Références dans le monde actuel
- Jomsvikings est une confrérie internationale Viking créée à la fin de l'été 1993, dont le but est de recréer et de conserver de l'art de vivre millénaire des Vikings, ainsi que leurs méthodes de combat à travers une armée d'élite.Ils s'entraînent et utilisent des armes authentiques. Ils participent régulièrement à des tournages de films, ou à des spectacles. Ce sont eux qui se sont présentés devant les fans du groupe de heavy metal Manowar durant le premier rassemblement international du groupe en .
- Le groupe de death metal mélodique Amon Amarth a développé un album-concept autour de cette caste pour un de ses albums ("Jomsvikings", paru le ).
- Dans le manga Vinland Saga, cette troupe est présente auprès du Roi du Danemark pour l'invasion de l'Angleterre.