Album-concept
Un album-concept, ou album concept (de l'anglais concept album), est un terme discologique qui traduit la volontĂ© de la part d'un artiste ou d'un groupe de crĂ©er une Ćuvre oĂč toutes les pistes sont globalement liĂ©es Ă un thĂšme, une idĂ©e ou une histoire contrairement aux albums plus typiques constituĂ©s de pistes sans lien apparent entre elles[1]. Ainsi, peut ĂȘtre dit « concept » tout album faisant preuve d'une certaine cohĂ©rence interne et assumant une certaine unitĂ©, que ce soit sur le plan des thĂšmes abordĂ©s ou au niveau de l'esthĂ©tique choisie.
Historique
On attribue gĂ©nĂ©ralement la genĂšse du « concept album » aux chanteurs de jazz Frank Sinatra (In the Wee Small Hours) et Nat King Cole (After Midnight), ainsi qu'aux instrumentistes Miles Davis (Porgy and Bess et aussi l'album jazz-fusion Bitches Brew, considĂ©rĂ© comme un « roman »[2]) et John Coltrane (A Love Supreme). Selon le site web The History Rat « But it was not folk or popular music that turned the concept album into an art form, it was Jazz »[3]. L'album-concept prend ensuite son envol grĂące Ă Bob Dylan avec son album Blonde on Blonde en 1966, aux Beach Boys pour Pet Sounds la mĂȘme annĂ©e, ainsi qu'aux Beatles avec leur Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en 1967 et aux Who avec l'opĂ©ra-rock Tommy en 1969 â l'universitaire Christophe Pirenne considĂšre toutefois que Days of Future Passed des Moody Blues est « le premier concept album indiscutable de l'histoire du rock » en raison d'un thĂšme « beaucoup plus Ă©vident et par consĂ©quent beaucoup moins discutĂ© que celui de Sgt. Pepper »[4]. On retrouvera ce concept chez d'autres comme Aqualung du groupe britannique Jethro Tull en 1971 (Ian Anderson, le leader du groupe, a cependant toujours dĂ©menti qu'Aqualung fĂ»t un album concept, et il est vrai seule la deuxiĂšme face traite vraiment du mĂȘme thĂšme de la religion), The Lamb Lies Down on Broadway (Genesis, 1974), Les Cinq Saisons (1975) et surtout L'Heptade du groupe quĂ©bĂ©cois Harmonium, ou encore le Misplaced Childhood du groupe Marillion en 1985. Pour la France, on peut citer aussi Emile Jacotey, d'Ange (1975), ou encore L'Homme Ă tĂȘte de chou (1976), ainsi que l'Histoire de Melody Nelson (1971) de Serge Gainsbourg.
Ă ses dĂ©buts â fin des annĂ©es 1960, dĂ©but des annĂ©es 1970 â, l'album-concept est quelque peu atypique dans l'univers des musiques nouvelles, en particulier dans l'univers pop/rock, fortement liĂ© Ă l'Ă©poque comme encore aujourd'hui au principe de chanson. Un album n'Ă©tant envisagĂ© que comme une compilation de diverses chansons, souvent composĂ©es et/ou enregistrĂ©es Ă des moments diffĂ©rents.
Les albums-concept qui tranchent le plus avec ce modĂšle sont ceux dont toutes les chansons ou morceaux se suivent et racontent une mĂȘme histoire, comme dans le The Lamb Lies Down on Broadway du groupe Genesis en 1974. L'album-concept se rapproche donc de ce qu'on pourrait qualifier dâopĂ©ra-rock, Ă la diffĂ©rence notable que l'histoire n'est racontĂ©e, Ă©voquĂ©e ou interprĂ©tĂ©e dans la plupart des cas que par un seul chanteur. Certains concepts (rares) poussent cette approche trĂšs loin, en ne faisant d'un album qu'un seul et unique morceau comme Amarok de Mike Oldfield, ou L'OpĂ©ra du pauvre de LĂ©o FerrĂ©, pas toujours divisĂ© en pistes. Au contraire, certains albums sont des compromis plus Ă©quilibrĂ©s entre division du disque en morceaux/chansons et vision globale de l'album ; ils insisteront moins sur la cohĂ©rence et la linĂ©aritĂ© de l'histoire racontĂ©e, ils se permettront d'inclure des titres extĂ©rieurs Ă cette histoire â on parle alors parfois de semi-concept, comme pour le Duke de Genesis ainsi que les albums du groupe Rush entre 1975 et 1978 ou ils consacrĂšrent une face de 33 tours Ă un thĂšme unique via une plage approchant les 20 minutes â, ou encore seront construits autour d'un thĂšme central, unificateur, sans pour autant que les morceaux se suivent. Cette derniĂšre forme de concept allĂ©gĂ©, qui se distingue par un relatif abandon de l'idĂ©e de trame narrative au profit d'une unicitĂ© thĂ©matique, est sans doute la plus vivace aujourd'hui. Certains groupes y vont jusqu'Ă y consacrer leur discographie entiĂšre Ă des albums-concept comme The Alan Parsons Project, ainsi que l'un des pionniers de la musique Ă©lectronique Kraftwerk avec Radioactivity (thĂšme sur la radioactivitĂ© en gĂ©nĂ©ral), The Man Machine (basĂ© lui sur la robotisation, ce qui fera la marque du groupe par la suite).
Relevons Ă©galement le cas intĂ©ressant, cĂ©lĂšbre et peu commun de The Wall (Pink Floyd, 1979), album qui a fait l'objet d'une adaptation cinĂ©matographique. Le film en question comporte trĂšs peu de dialogues et de rĂ©pliques conventionnels, le film se structurant en majeure partie autour des paroles issues des diffĂ©rentes pistes de l'album. De par le caractĂšre notable de ce groupe et de son influence, ajoutons que, six ans avant, en 1973, ce mĂȘme groupe mit au jour l'album The Dark Side of the Moon, pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un album concept[5], traitant de thĂ©matiques certes diverses mais en lien, telles que la pathologie mentale, la vie et la mort, le rapport Ă l'autre et Ă soi, la guerre ou encore l'argent[6]. Cette cohĂ©rence est d'ailleurs revendiquĂ©e par l'un des membres du groupe, Roger Waters affirmant que « Dark Side of the Moon Ă©tait l'expression d'une empathie politique, philosophique, humanitaire qui devait se manifester[7] ».
On notera enfin que de nombreux artistes ou groupes composent des albums totalement ou partiellement basĂ©s sur un concept unificateur â narratif ou thĂ©matique â sans pour autant utiliser le terme d'album-concept, en particulier dĂšs que l'on sort de la zone d'influence du rock progressif, principal promoteur historique de cette forme artistique.
Historique par style
Musique folk
Ă titre de premier exemple, Woody Guthries propose dans son premier album Dust Bowl Ballads (1940) de suivre le parcours de personnages qui sont forcĂ©s Ă voler et Ă commettre des meurtres. Il s'agit d'un album avant-gardiste, puisque « While somewhat conceptual by todayâs standards, it was unique for itâs time. All the songs were about one topic although the record does not have a main character or storyline that was in every song. »[3] Seul avec sa voix et sa guitare, lâalbum concept de Guthries a su gagner lâadmiration de Pete Seeger, Bob Dylan ainsi que de Bruce Springsteen, qui ont tous applaudi publiquement cet album[8] - [3]. Guthrie sâinspire du roman The Grapes of Wrath de John Steinbeck paru en 1939 afin de construire son schĂ©ma narratif pour Dust Bowl Ballads. Cet album, Ă©tant le premier Ă faire usage de lâidĂ©e dâalbum-concept est donc un franc succĂšs : la rĂ©ception de lâalbum fĂ»t telle que les albums de musique folk subsĂ©quents furent pratiquement tous influencĂ©s par celui-ci[9].
Toujours dans le courant de la musique folk amĂ©ricaine, Merle Travis enregistre en 1947 lâalbum Folk Songs of the Hills oĂč on lâentend chanter en solo avec sa guitare acoustique, lui qui Ă©tait prĂ©cĂ©demment connu pour sâaccompagner principalement de sa guitare Ă©lectrique. Lâalbum ne connaĂźt cependant pas de rĂ©el succĂšs commercial[10]. Travis devenant plus tard dans sa carriĂšre une figure de proue dans le domaine de la musique country, on peut entendre dans lâalbum Folk Songs of the Hills une approche guitaristique qui sera imitĂ©e par les gĂ©nĂ©rations suivantes de musiciens folk[11].
En 1959, la star du country Johnny Cash enregistre le premier album qui puisse ĂȘtre associĂ© Ă lâidĂ©e album-concept : il sâagit de Songs of Our Soil qui met en avant-plan son patrimoine culturel, ainsi que la mortalitĂ© des hommes. Un autre album-concept de Johnny Cash, Blood, Sweat and Tears (1963) baigne dans le thĂšme des inĂ©galitĂ©s sociales chez les travailleurs[12]. Les albums de Johnny Cash America (1972) et Ragged Old Flag (1974) abordent Ă©galement le mĂȘme thĂšme que Songs of Our Soil.
Ă la fin des annĂ©es 1960, Shirley & Dolly Collins emploient des instruments anciens pour enregistrer lâalbum-concept Anthems in Eden (1969). Shirley Ă©tant une Ă©tudiante dâhistoire, câest en explorant les instruments anciens quâil parviennent Ă trouver les sonoritĂ©s quâil recherchaient pour enregistrer Anthems in Eden. Un thĂšme important explorĂ© dans ce dernier est le risque de rĂ©pĂ©ter des erreurs du passĂ© ; la connaissance de lâhistoire aidant Ă attĂ©nuer cet effet et, Ă leur avis, Ă ne pas rĂ©pĂ©ter les erreurs passĂ©es. Album Ă deux faces, on retrouve sur Anthems in Eden une piste de 28 minutes sur la premiĂšre oĂč on peut y entendre une suite en guise dâintroduction au concept de lâalbum[13].
Plus rĂ©cemment, des artistes sây prennent autrement pour crĂ©er des albums-concept. PlutĂŽt que de dĂ©velopper un seul album autour dâun mĂȘme thĂšme, ils ont une vision plus large. Ainsi Sufjan Stevens, qui dĂ©cide dâentreprendre une sĂ©rie dont chaque album portera le nom dâun Ătat des Ătats-Unis, dressant Ă chaque fois un portrait rĂ©vĂ©lant la situation sociale et les problĂšmes propre Ă chaque territoire. Michigan (2003), le premier album de cette sĂ©rie, vient puiser dans certains faits historiques Ă la suite d'une recherche de lâartiste. Pour ce qui en est dâIllinois (2005), Stevens relie ses expĂ©riences personnelles aux faits historiques, Ă©tant lui-mĂȘme natif de la rĂ©gion[13].
Un des exemples historiques les plus rĂ©cents dâalbum-concept provient du groupe de musique folk torontois[14] Jordaan Mason and the Horse Museum. Les musiciens sâinspirent de la publication posthume de 15 000 pages de lâĂ©crivain Henry Darger afin de crĂ©er leur album concept Divorce Lawyers I Shaved My Head (2009). Les paroles Ă©crites par Jordaan Mason suivent le parcours dâun couple dont les partenaires sont sans sexe dĂ©fini vivant les Ă©tapes du couple traditionnel : des rĂ©flexions «socio-politiques qui explorent lâhomosexualitĂ© navigant la ânarration du couple hĂ©tĂ©rosexuel traditionnelâ»[13].
Musique rock
Les premiers exemples dâalbum-concept dans le style rock sont arrivĂ©s vers le dĂ©but des annĂ©es 1960, lĂ oĂč la culture Ă©tait en pleine Ă©bullition. Le groupe The Ventures enregistre alors Colorful Ventures (1961)[15], le groupe The Kinks enregistre Are The Village Green Preservation Society (1968), puis Arthur (Or the decline and Fall of the British Empire) (1969). En demeurant toujours dans les couleurs punk-rock, HĂŒsker DĂŒ prĂ©sente beaucoup plus tard son album double Zen Arcade (1984) oĂč est racontĂ©e une quĂȘte identitaire[13].
Tel que discutĂ© dans l'introduction, par contre, l'album des Beach Boys Pet Sounds (1966) est souvent reconnu et acclamĂ© comme Ă©tant le premier vĂ©ritable album-concept du genre rock Ă voir le jour. Il est Ă noter que Pet Sounds indique une Ă©tape importante dans l'Ă©volution artistique de ce groupe[16]. De plus, on peut voir les Ă©lĂ©ments Ă©tant Ă la base mĂȘme de la dĂ©finition d'album concept, pour citer Philip Lambert: « A thorough examination of the texts and music of the songs of Pet Sounds reveals a unified art work projecting a coherent textual narrative. Songs are associated and interrelated via recurrent motives and harmonic patterns, expressing extremely personal themes of romance and heartbreak. »
Dans le rock du XXIe siĂšcle maintenant, la quantitĂ© dâalbums-concept enregistrĂ©s est dĂ©cuplĂ©e. Par exemple, le disque Red Headed Stranger (2003) de Carla Bozulich se classe parmi les musiques alternative, punk et rock. Cet album qui est en fait la reprise de celui du mĂȘme titre de Willie Nelson (1975), qui est lui-mĂȘme un album concept[17] (pour citer Stimeling: « Moreover, close examination of Nelsonâs compositional approach to three albums â Yesterdayâs Wine (1971), Phases and Stages (1974) and Red Headed Stranger (1975) â reveals that Nelson consciously blended the singles-based approach to songwriting that predominated in 1960s and 1970s Nashville and the extended narrative and musical forms of contemporaneous rock music to create musical products that suited the needs of country radio and rock fans alike » ). Apportant des modifications aux textes originaux, Bozulich demeure tout de mĂȘme prĂšs des thĂšmes abordĂ©s par Nelson, lui donnant ainsi lâallure dâun «album concept sur le thĂšme dâun album concept»[13].
Autre exemple notoire provient du groupe The Microphones, lançant un album-concept dans le style indie-rock avec son opĂ©ra intitulĂ© Mount Eerie (2003), traitant de lâimmensitĂ© et du pouvoir de la nature quant aux humains. Pour ornementer ses pistes, le groupe se sert de bruits de la nature tel le chant des baleines, la pluie ou encore le vent[13]. Pour ce qui en est de lâalbum The Getty Address (2005) de Dirty Projectors, lâauteur Dave Longstreth Ă©labore un personnage du nom de Don Henley que lâon peut suivre tout au long de son pĂšlerinage spirituel aux travers des pistes de lâalbum. On peut Ă©galement apercevoir au passage bon nombre de symboles faisant allusion Ă des causes environnementales.
On peut ensuite entendre le groupe Antony and the Johnsons avec leur album I am a Bird Now (2005). Le thĂšme de lâambivalence sexuelle unifie lâalbum, le chanteur du groupe Ă©tant androgyne et voulant partager des problĂ©matiques qui sây rattachent[18]. La transformation de lâhomme qui devient une femme, Ă©tant lâune des facettes explorĂ©es, est reprĂ©sentĂ©e par lâoisillon qui devient oiseau[13].
Dâautre part, The Decemberists avec The Hazards of Love (2009) se glisse dans le genre opĂ©ra-rock. Les quelque 17 pistes de cet album-concept tissent lâhistoire dâune jeune femme nommĂ©e Margaret vivant dans un monde oĂč la magie noire et le fantĂŽmes en font partie[13].
En contrepartie, câest lors de leur troisiĂšme album que les membres du groupe Arcade Fire dĂ©cident dâorganiser des pistes Ă la maniĂšre dâun album-concept. Win Butler, lâauteur de ce quâon comprend ĂȘtre un cycle de chansons sur le rĂȘve de la rĂ©bellion, se mĂ©rite un Grammy pour lâalbum dont il est question, The Suburbs (2010)[13].
Citons aussi l'exemple de Will Z. qui a consacré sa discographie entiÚre à des albums-concept, que ce soit en solo, avec ses groupes Cosmic Trip Machine et Black Moon Tape ou avec les artistes qu'il a produits (Can am des puig, Alice Artaud...). Parmi ceux-ci, Vampyros Roussos (une fausse Musique de film s'inspirant de la série B), 12 Visions (adaptation du roman Là -bas de Joris-Karl Huysmans) et The Salvation Of Morgane (compilant des morceaux écrits durant 20 ans, assemblés pour raconter une histoire).
Comme dernier exemple notoire, rappelons-nous lâintĂ©rĂȘt dâOwen Pallett pour le jeu Dungeons & Dragons qui peut ĂȘtre perçu sur son album Heartland (2010), puisquâil lâutilise comme thĂšme. Les pistes racontent lâhistoire fantaisiste de Cockatrice, Blue Imelda, No-Face ainsi que de Lewis, un pauvre fermier. Le narrateur, un personnage omniscient du conte, agit comme une sorte de dieu qui tenterait de guider Lewis Ă mener une rĂ©volte[13].
Musique pop
Du cĂŽtĂ© de la musique pop, le groupe Of Montreal prĂ©sente avec lâalbum-concept The Gay Parade (1999) lâhomosexualitĂ© et la joie afin de jouer sur le double sens du terme. Sâinspirant des albums concept The Village Green Preservation Society et Sgt. Pepperâs Lonely Hearts Club Band, Of Montreal offre un croisement entre le pop-indie, le pop psychĂ©dĂ©lique et le nĂ©o-psychĂ©dĂ©lique. Le tout peint le portrait dâune ville oĂč les habitants sont des caricatures « kooky »[13] - [19].
Ăgalement, lâalbum Yoshimi Battles the Pink Robots (2002) du groupe The Flaming Lips se veut un hommage Ă une personne dĂ©cĂ©dĂ©e qui Ă©tait liĂ©e Ă un des membres du groupe. Dans la trame de lâalbum la personne dĂ©cĂ©dĂ©e reprend vie dans la peau de Yoshimi, le personnage principal de lâalbum-concept. Elle se bat contre des robots roses, une mĂ©taphore pour la maladie. Ce nâest cependant pas dans lâespoir de survivre qu'Yoshimi se bat, mais plutĂŽt pour sa «transfiguration : elle se bat pour la joie dâĂȘtre vivante malgrĂ© la mort imminente»[13].
Dâautre part, lâalbum-concept Tallahassee (2002) est un projet entrepris par le groupe The Mountain Goats ayant pour but dâillustrer un mariage en dĂ©clin grĂące Ă ses symboles intĂ©grĂ©s Ă ses paroles Ă la maniĂšre dâun roman sous forme dâalbum[13].
Du cĂŽtĂ© de la SuĂšde, on retrouve la chanteuse Jenny Wilson avec Hardships! (2009). Le tout peut ĂȘtre difficile dâĂ©coute Ă cause de ses thĂšmes poignants entourant la maternitĂ© et la prĂ©sence parentale au foyer. Câest par un cycle de chansons non rigide que Wilson prĂ©sente diffĂ©rentes facettes de la relation mĂšre et enfant[20].
Plusieurs autres exemples notoires d'albums-concepts incluent The Who avec Quadrophenia (1973). Frank Zappa avec Joeâs Garage Acts I, II and III (1979). Genesis avec Duke (1980). Styx avec Paradise Theater (1981), The Coolies avec Doug (1988), Queensryche avec Operation Mindcrime (1988), The Goats avec Tricks of the Shade (1992). Mike Watt avec Contemplating the Engine Room (1997)[21] - [22].
Rock Progressif
Le Rock Progressif, notamment dans sa premiĂšre pĂ©riode (appelĂ©e Ă©galement parfois rock symphonique ou Pomp-Rock) , caractĂ©risĂ© par de longues plages instrumentales et des titres dĂ©passant souvent les 15 Ă 20 minutes, s'est admirablement prĂȘtĂ© au style du concept-album. Au cours des annĂ©es 70's les albums Thick as a Brick de Jethro Tull (1972) Tales from the Topographic Oceans de Yes (1973), The Lamb Lies down on Broadway de Genesis (1974), The Snow Goose de Camel (1975), 2112 de Rush (1976) ou encore The Wall de Pink Floyd (1979), ont posĂ© les bases stylistiques du genre mĂȘme si historiquement, c'est plutĂŽt le concept-album Days of Future Passed des Moody Blues paru en 1967 qui est plutĂŽt considĂ©rĂ© comme le disque fondateur de la mouvance Rock Progressif[23]. Au cours des dĂ©cennies suivantes, le Rock Progressif a laissĂ© sa place au style dit "Rock nĂ©o-progressif" caractĂ©risĂ© par une musique plus rythmique et dynamique et un formatage des morceaux plus court. Des groupes emblĂ©matiques de ce style ont nĂ©anmoins rĂ©guliĂšrement perpĂ©tuĂ© la tradition du concept-album, tel Marillion avec Misplaced Childhood (1985) puis Brave (1994), Pendragon avec The World (1991), IQ avec Subterranea (1997) ou Porcupine Tree et son Fear of a Blank Planet sorti en 2006[24]. Le groupe Marillion reprendra en fait rĂ©guliĂšrement le principe du concept-album, soit avec des disques s'articulant autour d'un thĂšme unique (Marbles (2004) ou FEAR (2016)), soit en structurant ses albums autour de Concept-Songs elle-mĂȘmes baties autour de plages musicales liĂ©es. Ainsi sur le disque An Hour Before It's Dark (2022), 4 titres allant de 9 Ă 15 minutes se dĂ©coupent en fait en 15 parties distinctes d'une durĂ©e variable, mais liĂ©es conceptuellement.
Musique rap
L'album Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters est un album concept: Il présente ses 18 titres dans un ordre chronologique s'étalant entre 14h58 et 6h16 le lendemain, racontant ainsi une histoire se rapprochant d'un buddy movie. Tous les titres sont quantifiés par une heure.
Styles mixtes
Ă la suite de la lecture du roman dâAnne Frank «Diary of a Young Girl», Jeff Mangum met en chansons certains des cauchemars qui le hantent et donne ainsi vie Ă lâalbum In the Aeroplane Over the Sea (1998) avec son groupe Neutral Milk Hotel, le tout se faisant dans lâinconscience de transmettre ses frustrations tout au long de lâalbum[13].
Si le groupe The Magnetic Fields avec son album 69 Love Songs (1999) ne se classe pas dans un style de musique, câest que son concept est justement de prĂ©senter 69 chansons dâamour dans des styles diffĂ©rents lâidĂ©e Ă©tant au dĂ©part dâen produire une centaine Ă titre de curriculum vitae[13]. Ăgalement, Neon Neon porte plusieurs Ă©tiquettes de styles musicaux avec l'album-concept Stainless Style (2008). Ressemblant Ă lâopĂ©ra-rock mais Ă©tant plus prĂšs du « synth-opĂ©ra », le groupe sâinspire du son post-disco afin de prĂ©senter des fragments de la vie de John DeLorean, un homme qui sâest enrichie grĂące Ă lâindustrie de lâautomobile sport[13].
L'album Tales of Us du groupe britannique Goldfrapp est Ă©galement un album concept. Il regroupe en effet dix chansons (onze dans la version augmentĂ©e) qui portent toutes le nom d'un personnage fictif (par exemple : Jo, Annabel, Thea, Simone, LaurelâŠ) et dont les histoires sont inspirĂ©es de romans (comme Annabel, Alvar, Thea, Stranger ou Laurel) ou de lettres (comme Clay). Ces histoires sont variĂ©es, traitant de transidentitĂ© comme dans Annabel et Stranger, d'amour, comme dans Thea, Simone et Clay, de la relation entre une mĂšre et son fils dans Alvar, etc.
Notes et références
- (en) Roy Shuker, Popular Music : The Key Concepts, Routledge, , 400 p. (ISBN 0-415-28425-2), p. 5
- (en) Jeremy A. Smith, « âSell It Blackâ: Race and Marketing in Miles Davisâs Early Fusion Jazz », Jazz Perspectives, no Vol. 4, No.1,â , p. 7-33 (ISSN 1749-4060)
- (en) « The Concept Album, A Brief History », sur The History Rat
- Christophe Pirenne, Le rock progressif anglais (1967-1977), Paris, Librairie Honoré Champion, coll. « Musique - Musicologie », , 354 p. (ISBN 9782745312006), p. 108
- (en) « The Dark Side of the Moon - Pink Floyd », sur floydianslip.com (consulté le ).
- http://ferguson911.files.wordpress.com/2012/04/philo_pinkfloyd.pdf
- The Dark Side of the Moon: The Making of the Pink Floyd Masterpiece (Cambridge, Massachusetts: Da Capo, 200) p.89
- (en) « Dust Bowl Ballads »
- (en) « Dust Bowl Ballads », sur AllMusic.com
- (en) « Folk Songs of the Hill »
- (en) The First Generation of Country Music Stars (lire en ligne)
- (en) Johnny Cash and the Paradox of American Identity (lire en ligne)
- (en) « Top 20 Concept Albums »
- (en) « Jordaan Mason and The Horse Museum. Divorce Lawyers I Shaved My Head »
- (en) « The Fabulous Ventures »
- (en) Philip Lambert, « Brian Wilson's Pet Sounds », Twentieth Century Music,â , p. 109-133
- (en) Travis D. Stimeling, « âPhases and stages, circles and cyclesâ: Willie Nelson and the concept album. », Popular Music, no Vol. 30 No. 3,â , p. 389 (lire en ligne)
- (en) « Anthoy and the Johnsons »
- (en) « The Gay Parade », sur RateYourMusic.com
- (en) « Jenny Wilson - Hardships! », sur AllMusic.com
- (en) « The 18 Best Concept Albums of the 21st Century (So Far) », sur PasterMagazine.com
- (en) « Top-10 Concept Albums of All Time », sur SongFacts.com
- « Review: The Moody Blues - Days of Future Passed | Sputnikmusic », sur www.sputnikmusic.com (consulté le )
- (en-US) « Top 30 Progressive Rock Concept Albums by Prog Sphere », sur Prog Sphere, (consulté le )
Bibliographie
- Iddir Zebboudj, « Le concept album : une vaste « escrockerie » ? », Volume !, 4, 2005, 15 février 2008, consulté le 22 janvier 2022.