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VarĂšgues

VarĂšgues ou Varanges (vieux norrois : vĂŠringjar ; grec : Î’ÎŹÏÎ±ÎłÎłÎżÎč, ΒαρÎčΏγοÎč) est le nom donnĂ© dans l'Empire byzantin et par les Slaves orientaux aux Vikings de SuĂšde (ou d’autres pays scandinaves qui empruntaient la route de l’Est ou austrvegr) qui, entre le IXe et le XIe siĂšcle, ont fondĂ© et gouvernĂ© l’État mĂ©diĂ©val de la Rus' de Kiev[1] et qui, par la suite, formĂšrent la garde varangienne (garde varĂšgue) des empereurs byzantins.

VarĂšgues
Image illustrative de l’article Varùgues
Reconstitution d'un duel entre guerriers varĂšgues dans les Beskides en 2013.

PĂ©riode IXe siĂšcle-XVe siĂšcle
Ethnie Germains ; Scandinaves
Langue(s) Norrois ; certains adoptĂšrent le vieux Slave lors de leurs implantations en Russie et le grec pour ceux servant le basileus.
Religion Paganisme nordique
Christianisme (Ă  partir du Xe siĂšcle)
RĂ©gion d'origine Rus' de Kiev et auparavant Scandinavie ; Constantinople pour la garde varĂšgue.
RĂ©gion actuelle Scandinavie, Europe orientale

Selon la Chronique des temps passĂ©s[2], un groupe de VarĂšgues fonda Novgorod en 862 sous la direction de Riourik. Marchands, mercenaires et pirates Ă  l’occasion, ils menĂšrent des expĂ©ditions d’abord chez les Perses et les Arabes en empruntant la route de la Volga et la Caspienne, puis par les « routes menant chez les Grecs », soit le Don, le Dniepr ou le Dniestr, Ă  Constantinople. Ils attaquĂšrent Ă  plusieurs reprises les villes byzantines de la mer Noire et la capitale impĂ©riale elle-mĂȘme, attaques qui, mĂȘme repoussĂ©es, se soldĂšrent par des traitĂ©s de paix leur concĂ©dant divers avantages commerciaux. À la mĂȘme Ă©poque, les VarĂšgues commencĂšrent Ă  servir dans les armĂ©es impĂ©riales oĂč leur valeur, leur loyautĂ© Ă  la personne de l’empereur et leur manque d’intĂ©rĂȘt pour les intrigues de palais leur valurent de former la garde personnelle de l’empereur. Aux VarĂšgues suĂ©dois des premiers temps s’ajoutent bientĂŽt des VarĂšgues danois et norvĂ©giens dont le plus cĂ©lĂšbre est Harald Sigurdarson. La conquĂȘte normande de l'Angleterre causa l’émigration de guerriers anglo-saxons et danois, dont quelques-uns s’enrĂŽlĂšrent Ă  leur tour et formĂšrent au XIIe siĂšcle une partie de la garde impĂ©riale byzantine jusqu’à la chute de Constantinople aux mains des troupes ottomanes en 1453.

Parmi les monarques ayant régné sur le peuple des VarÚgues, les plus connus sont Riourik et Harald III de NorvÚge.

Au sens large, le terme Viking dĂ©signe l’ensemble des Scandinaves de la pĂ©riode caractĂ©risĂ©e par le phĂ©nomĂšne viking.

Le terme de « Vikings » désignerait les Scandinaves, originaires des actuels Danemark et NorvÚge, et du Götaland (SuÚde du sud-ouest : Dalie, BohuslÀn, Halland, Scanie), actifs essentiellement en Mer du Nord et dans l'Océan Atlantique.

Le terme de « VarÚgues » désignerait les Vikings (au sens de Scandinaves) de SuÚde, actifs surtout en Mer Baltique et en Europe de l'Est, dont la Rus' de Kiev, et opérant la route commerciale de la Volga et la route commerciale des VarÚgues aux Grecs.

Ethnogenùse : Rus’ et Varùgues

Carte montrant les principales routes varĂšgues du VIIIe au XIe siĂšcles : la route de la Volga (en rouge), la principale route vers les Grecs (en violet), les autres routes (en orange).

Le terme grec Î’ÎŹÏÎ±ÎłÎłÎżÏ‚ [VĂĄrangos] transcrit le slavon varęgĆ­, dĂ©rivĂ© du vieux norrois vĂŠringi, mot composĂ© Ă  l’origine de vĂĄr (pl. vĂĄrar) signifiant « promesse, serment de fidĂ©litĂ© » et gengi « compagnon », signifiant « un ami jurĂ©, un fĂ©dĂ©rĂ© ». Selon le professeur Adolf Stender-Petersen, le terme Vaeringjar qui donna naissance au terme VarĂšgues devrait ĂȘtre compris comme « des hommes qui pactisent dans une relation de responsabilitĂ© mutuelle » pour engager les biens, armes et navires en leur possession, ainsi que leurs propres vies, afin d’en tirer un profit Ă  partager. Ces marchands guerriers devaient par consĂ©quent ĂȘtre bien armĂ©s et voyager en groupe[3] - [4] - [5] - [6].

DĂšs le Xe siĂšcle, les sources Ă©trangĂšres (papales, germaniques) dĂ©signĂšrent la principautĂ© de Kiev sous le terme de Rossia, alors que les sources slaves utilisaient le mot Rous’, transcrit en grec mĂ©diĂ©val Rhos et en arabe RĂ»s[7] - [6]. Ce nom vient du vieux norrois[N 1] rĂłthr « ramer », roor « rameurs » et róðslĂĄgen « pays du gouvernail »[8] - [1]. En finnois actuel, la SuĂšde est nommĂ©e Ruotsi tandis que la Russie est dĂ©signĂ©e comme VenĂ€jĂ€ qui rappelle le mot « Wendes » (Venedi ou Veneti en latin), nom donnĂ© par les Germains aux Slaves orientaux.

Toutefois, le terme Rous’ peut porter Ă  confusion, Ă©tant utilisĂ© selon les auteurs dans trois sens diffĂ©rents, pour dĂ©signer :

  • les Vikings suĂ©dois ou VarĂšgues passant la Volga, le Dniepr ou le Dniestr et prenant progressivement le contrĂŽle des routes fluviales entre la Baltique et la mer Noire ;
  • Ă  la fois aux VarĂšgues et Ă  leurs sujets ou alliĂ©s slaves orientaux ;
  • en cartographie moderne, l’ensemble des territoires concernĂ©s, qui forment aujourd’hui les pays baltes, la Russie europĂ©enne, la BiĂ©lorussie, l’Ukraine et la Moldavie, ainsi que les marges orientales de la Pologne[9], qui, dans les atlas historiques soviĂ©tiques et russes, forment la large Ă©tendue donnĂ©e Ă  la notion de Rous’, apparaissant comme une assise historique ancienne Ă  l’extension territoriale rĂ©cente de l’Empire russe, de l’URSS et de la CEI, « lĂ©gitimĂ©e » de la sorte aux yeux des lecteurs[9].

Quoi qu’il en soit, les VarĂšgues constituent la branche suĂ©doise des Vikings scandinaves, qui se dirigĂšrent vers l’Est (Russie, Khaganat khazar), alors que les Danois et les Norrois se dirigĂšrent vers l’ouest (Angleterre, Écosse, Irlande et Islande) et vers le sud (France)[10].

Les VarÚgues et la Russie kiévienne

Les hĂŽtes d'au-delĂ  des mers de Nicolas Roerich, 1899 (les VarĂšgues en Russie).

Vers le milieu du VIIIe siĂšcle, les VarĂšgues Ă©taient devenus familiers du golfe de Finlande et du fleuve Neva Ă  l’embouchure duquel sera Ă©difiĂ©e Saint-PĂ©tersbourg 950 ans plus tard. Ils remontĂšrent le fleuve, le long duquel vivaient des populations finnoises et slaves, jusqu’au lac Ladoga[11]. Leurs expĂ©ditions commerciales incluant souvent piraterie et prise d’esclaves, les VarĂšgues eurent besoin d’édifier des comptoirs fortifiĂ©s (en russe goroda) autour desquels les habitants slaves, baltes et finnois se regroupĂšrent et en vinrent Ă  former des amorces de petits États (volosti). C’est Ă  cette Ă©poque que les protochronistes situent le « khaganat de la Rus' », entitĂ© politique que l’on suppose avoir existĂ© au cours d’une pĂ©riode se situant entre la fin du VIIIe siĂšcle et le dĂ©but ou le milieu du IXe siĂšcle[N 2]. La seule certitude scientifiquement Ă©tablie[N 3] est que l’un des tout premiers centres commerciaux fut StaraĂŻa Ladoga (en russe, ĐĄŃ‚Đ°ÌŃ€Đ°Ń Đ›Đ°ÌĐŽĐŸĐłĐ°, en finnois, Vanha Laatokka, en vieux norrois Aldeigjuborg et en français Vieux Ladoga) dont la fondation remonte Ă  753[12].

Au cours du VIIIe siĂšcle, les Vikings utilisĂšrent pour leurs expĂ©ditions commerciales la route commerciale de la Volga qui reliait le nord de la Russie (en vieux norrois GarĂ°ariki) avec le Moyen-Orient (Sekland) via la mer Caspienne. Remontant la riviĂšre Volkhov jusqu’à Novgorod, les Vikings rejoignaient la riviĂšre Lovat par le lac Ilmen. AprĂšs un portage, ils atteignaient la source de la Volga. Ils continuaient ainsi leur route jusqu’au khaganat des Khazars dont la capitale, Atil, Ă©tait un port florissant sur la mer Caspienne. Puis, par la mer, ils se rendaient jusqu’à BaghdĂąd par la route des caravanes. Ils apportaient avec eux des fourrures, du miel et des esclaves. On a trouvĂ© des piĂšces de monnaie arabes tout le long de la Volga et Ă  Petergof, prĂšs de Saint-PĂ©tersbourg, un ensemble de vingt piĂšces comprenant des monnaies sassanides, arabes, khazares, grecques et vieux norrois[13]. Cette route perdit son importance vers le XIe siĂšcle, probablement en raison du dĂ©clin de la production d’argent dans le califat abbasside[14].

Cette route fut progressivement remplacée par la route commerciale des VarÚgues aux Grecs, passant de la mer Baltique, à la Neva, puis au lac Ladoga, à la riviÚre Volkhov, puis, par le Dniepr jusqu'à la mer Noire et à Constantinople[N 4].

C’est pendant cette derniĂšre pĂ©riode (860) que fut fondĂ©e Novgorod et que les VarĂšgues firent leur apparition dans l’histoire Ă©crite grĂące Ă  la Chronique des temps passĂ©s. Selon cette chronique, les populations finnoises et slaves qui peuplaient cette rĂ©gion se rebellĂšrent contre les VarĂšgues et refusĂšrent de leur payer tribut. Elles chassĂšrent les VarĂšgues de leur rĂ©gion et les obligĂšrent Ă  retourner en Scandinavie. BientĂŽt toutefois, l’anarchie rĂ©gna dans la rĂ©gion.

« Durant les annĂ©es 63, 68, 69 et 70 (de 860 Ă  862), les VarĂšgues traversĂšrent encore la mer ; cette fois-ci, les peuples qu’ils avaient soumis refusĂšrent de leur payer tribut et voulurent se gouverner eux-mĂȘmes; mais il n’y avait entre eux ombre de justice : une famille s’élevait contre une autre et cette mĂ©sentente occasionnait de frĂ©quentes rixes. Ils se dĂ©chirĂšrent entre eux, si bien qu’ils se dirent enfin : « Cherchons un prince qui nous gouverne et nous parle selon la justice. » Pour le trouver les Slaves traversĂšrent la mer et se rendirent chez les VarĂšgues, qu’on nommait VarĂšgues-Russes, comme d’autres se nomment VarĂšgues-SuĂ©dois, « Urmaniens » (Normands), Ingliens et d’autres Goths.

La Chronique de Nestor selon le Manuscrit de Königsberg, vol. I, chap. II « Riourik », p. 19-20. »

L'invitation aux VarĂšgues. Riourik et ses frĂšres arrivent Ă  Staraya Ladoga.

Conduits par Riourik et ses frĂšres SinĂ©ous et Trouvor, les VarĂšgues (appelĂ©s frĂ©quemment « Rous’ » dans la chronique) vinrent s’établir lĂ  oĂč se trouvait un poste commercial, HolmgĂ„rd, et y fondĂšrent Novgorod.

« Le second, SinĂ©ous, s’établit chez nous, aux environs du lac Blanc. Le troisiĂšme, Trouvor, Ă  Isbork. Cette partie de la Rous’ reçut plus tard des VarĂšgues le nom de Novgorod; mais les habitants de cette contrĂ©e, avant l’arrivĂ©e de Riourik, n’étaient connus que sous le nom de Slaves.

La Chronique de Nestor selon le Manuscrit de Königsberg, vol. I, chap. II « Riourik », p. 19-20. »

À deux reprises, la Chronique de Nestor mentionne les Rous’ comme faisant partie des Varùgues, alors qu’en d’autres endroits elle fait la distinction :

« [Ils] se rendirent chez les VarĂšgues, qu’on nommait VarĂšgues-Rous’, comme d’autres se nomment SuĂ©dois, Normands (probablement des Vikings danois), Urmaniens, Ingliens (probablement des Vikings norvĂ©giens) et d’autres Goths.

La Chronique de Nestor selon le Manuscrit de Königsberg, vol. I, chap. II « Riourik », p. 19-20. »

Les VarĂšgues et Byzance

Le commerce des esclaves dans l'Europe de l'Est au Haut Moyen Âge, toile de Sergueï Ivanov (1864-1910)

Les premiers contacts entre ces VarĂšgues-Rous’ et l’empire byzantin remonteraient aux annĂ©es 836-839 alors qu’une ambassade, rapportĂ©e dans les Annales de Saint-Bertin, se rendit Ă  Constantinople probablement pour nĂ©gocier un traitĂ©. Craignant de rentrer chez eux par le mĂȘme fleuve qu’à l’aller en raison de l’hostilitĂ© des riverains, ils vinrent, accompagnĂ©s de reprĂ©sentants de l’empereur byzantin ThĂ©ophile (813-842), Ă  la cour de Louis le Pieux Ă  Ingelheim, le demander libre-passage par les terres d’empire. Rendu mĂ©fiant par les mĂ©faits de Scandinaves Ă  ses frontiĂšres, Louis fit faire des vĂ©rifications qui dĂ©montrĂšrent que ceux-ci Ă©taient gentis Sueonum (SuĂ©dois). Vers la mĂȘme Ă©poque eut lieu une expĂ©dition des Rous’ en Propontide alors qu’ils Ă©taient en route vers la Paphlagonie. On ne peut savoir si cette ambassade eut lieu aprĂšs le raid, Ă  la suite d'une dĂ©route de la flotte russe et aurait constituĂ© une tentative de nĂ©gociation d'un traitĂ© de paix, ou si au contraire le raid fut le rĂ©sultat d'un Ă©chec de nĂ©gociations commerciales antĂ©rieures[15].

Pendant que Riourik rĂ©gnait Ă  Novgorod, deux chefs de bande, Askold et Dir, allĂšrent s’établir Ă  Kiev (863-866)[2]. Ces deux personnages dont les noms seraient la corruption des noms scandinaves Höskuldr et DĂœri, avaient Ă©cumĂ© diffĂ©rents districts du Bosphore mais avaient Ă©tĂ© repoussĂ©s en 860 par les citoyens de Constantinople sous la conduite du patriarche Photius alors que l’empereur Michel III Ă©tait absent de la ville, combattant les Arabes en Anatolie. L’invasion se poursuivit jusqu’au mois d’aout, alors que les « Rous’ » pour des raisons mystĂ©rieuses se retirĂšrent. Michel III, revenant en hĂąte d’Orient put dĂ©faire la flotte russe dont la plus grande partie venait d’ĂȘtre dĂ©truite par une tempĂȘte. Ce qui restait de la flotte put rentrer au pays aprĂšs quoi des Ă©missaires furent envoyĂ©s Ă  l’empereur pour demander la paix. Un nouveau traitĂ© fut signĂ© au terme duquel les Rous’ s’engageaient Ă  envoyer des troupes pour servir dans les armĂ©es impĂ©riales[16].

DĂšs le dĂ©but du Xe siĂšcle des Rous’ avaient commencĂ© Ă  servir dans les armĂ©es byzantines, car une note dans le De Ceremoniis de Constantin VII se rĂ©fĂšre aux quelque 700 Rhosi (terme grec pour Rous’) qui reçurent un paiement global de 7 200 nomismata lors de la prĂ©paration d’une expĂ©dition navale en CrĂšte[17].

Le successeur de Riourik, Oleg, s’empara de Kiev dont il fit sa capitale, permettant aux VarĂšgues de lever tribut sur les Novogordiens[18], puis attirĂ© par les richesses de Constantinople et du monde arabe, il continua Ă  travers le pays des Khazars vers Byzance. Il devait en rĂ©sulter une sĂ©rie de guerres avec l’empire (907, 941, 968-971, 1024, 1043) se terminant par des traitĂ©s commerciaux fort avantageux pour les VarĂšgues.

Le traitĂ© de paix de 911 fixait les conditions permettant aux Rous’ de vivre Ă  Constantinople et d’ĂȘtre incorporĂ©s dans l’armĂ©e impĂ©riale[19]. Les noms des Rous’ figurant au bas du traitĂ© sont tous d’origine scandinave : Karl, Inegeld (Ingjaldr), Pharloph (Farleifr), Veremond (Vermóðr), Rulaw (Hralleifr), Gudi (GyĂ°i), Ruald (HrĂłaldr), Kar (KÎŹri), Phrelaw (FrĂ©leifr) et Rual (HrĂłarr).

Une nouvelle expĂ©dition contre Byzance fut lancĂ©e en 941 sous le rĂšgne d’Igor (Ingvar), successeur d’Oleg. La raison en Ă©tait probablement que le coempereur de Constantin VII, Romain Ier, avait cessĂ© de payer le tribut annuel stipulĂ© dans le traitĂ© prĂ©cĂ©dent. Cette expĂ©dition ne fut guĂšre fructueuse, la flotte impĂ©riale ayant pu mettre la flotte rous’ en dĂ©route grĂące au feu grĂ©geois. Le traitĂ© qui s’ensuivit en 945 reprenait les termes du prĂ©cĂ©dent, mais Ă©tait un peu moins favorable aux Rous’[20] - [21].

Par la suite, 629 Rous’ prirent part Ă  l’expĂ©dition infructueuse lancĂ©e par Constantin contre la CrĂšte et, lors de la visite de la princesse Olga Ă  Constantinople, l’empereur Constantin se plaint de ce que les Rous’ n’aient pas respectĂ© leurs engagements quant au nombre d’hommes qu’ils auraient dĂ» mettre Ă  la disposition de Byzance[22].

Au cours de la mĂȘme pĂ©riode, les descendants de Riourik Ă©tendirent leur emprise sur la Rous’ kiĂ©vienne et unifiĂšrent les tribus locales, grĂące entre autres Ă  une imposante immigration varĂšgue dans les annĂ©es 970 et 980. Vladimir utilisa ces nouveaux venus pour assurer son trĂŽne contre son propre frĂšre Iaropolk, lequel avait Ă©pousĂ© une Grecque. Ces mercenaires s’avĂ©rĂšrent cependant rapidement des partenaires turbulents, rĂ©clamant pour eux la ville de Kiev qu’ils venaient de conquĂ©rir. Vladimir les fit patienter un mois mais rien ne venant, les VarĂšgues rĂ©clamĂšrent bientĂŽt la permission de partir pour la GrĂšce.

« Cette ville est Ă  nous ; nous l’avons conquise : nous voulons deux grivnas comme rançon de chaque individu » --- « Attendez encore un mois, rĂ©pondit Vladimir, jusqu’à ce que les martres soient revenues. » Mais les martres ne vinrent pas cette annĂ©e-lĂ . « Tu nous as trompĂ©s, dirent les VarĂšgues. Mais nous savons le chemin de la GrĂšce. » -- « Eh bien ! Partez, rĂ©pondit Vladimir. Cependant, il garda les meilleurs et les plus intrĂ©pides d’entre eux et les distribua dans divers quartiers de la ville; quant aux autres, ils prirent le chemin de Tzarigrad (nom slave de Constantinople).

Chronique de Nestor, chap. VII, « Iaropolk ». »

À leur dĂ©part, Vladimir prĂ©vint l’empereur dans un message :

« MĂ©fiez-vous; les VarĂšgues sont en route vers votre citĂ©. Ne les y gardez pas ou ils seront pour vous une source de problĂšmes comme ils l’ont Ă©tĂ© ici. Dispersez-les plutĂŽt en diffĂ©rents endroits et ne laissez pas un seul d’entre eux revenir ici. »

Chronique des temps passés, citée par Obolensky [23]

Tout comme la culture des Vikings danois et norvĂ©giens se fondit dans celle des autochtones en Normandie et dans les Ăźles britanniques, la culture varĂšgue se fondit rapidement dans celle des slaves en Russie. À la fin du XIe siĂšcle, les classes dirigeantes des deux principales villes-États, Novgorod et Kiev, Ă©taient dĂ©jĂ  acculturĂ©es Ă  la population slave[24]. Si, dans le traitĂ© conclu en 911 entre Oleg le Sage de la Rous’ et LĂ©on VI le Sage de l’Empire byzantin, tous les signataires Rous’ portent des noms scandinaves, dans le traitĂ© de 944 entre Igor de Kiev et Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte, nombre d’entre eux portent dĂ©jĂ  des noms slaves. Igor, qui est la forme slavisĂ©e d’Ingvarr, est le dernier prince varĂšgue Ă  porter un nom nordique. Il prĂ©nomme son fils Sviatoslav. Avec la christianisation en 988 sous Vladimir, la ville de Kiev est le centre d’influence le plus important pour le dĂ©veloppement de la Rous’, qui, sous Iaroslav le Sage (1019-1054), devient le plus puissant des États dits « grecs » aprĂšs l’Empire byzantin : les descendants des VarĂšgues sont, Ă  ce moment, totalement acculturĂ©s aux Slaves[25].

Si la plupart des historiens s’entendent pour dire, comme le dĂ©crit la Chronique des temps passĂ©s, que les VarĂšgues sont Ă  l’origine de l’entitĂ© politique qui devint la Rous’ kiĂ©vienne dans les annĂ©es 880, les contradictions dans les sources au sujet de l’« appel aux VarĂšgues » ont donnĂ© naissance Ă  deux thĂ©ories sur les origines ethniques de ces mĂȘmes VarĂšgues. Les « normanistes », en grande partie chercheurs allemands du XVIIIe siĂšcle et certains historiens russes du XIXe siĂšcle, maintiennent que ces Vikings Ă©taient d’origine scandinave (ou « normande », d’oĂč le nom de l’école). Les « anti-normanistes », en particulier les historiens russes de l’époque soviĂ©tique, affirment plutĂŽt qu’ils Ă©taient d’origine slave. Cette controverse continue Ă  diviser les spĂ©cialistes aussi bien dans les pays concernĂ©s que sur le plan international. Les recherches des derniĂšres annĂ©es tendent cependant Ă  rĂ©concilier les deux thĂšses. Il existait dĂšs avant l’arrivĂ©e des VarĂšgues une vie politique dans les communautĂ©s slaves centrĂ©e sur les villes princiĂšres de Kiev, Staraia Ladoga et Novgorod. L’arrivĂ©e des VarĂšgues n’a pas eu d’influence profonde sur celle-ci, mais a surtout permis de dĂ©velopper la vie Ă©conomique entre autres grĂące aux connaissances maritimes et Ă  la valeur militaire des VarĂšgues qui assurĂšrent la continuitĂ© du commerce sur le Dniepr et le dĂ©veloppement de liens entre l’État kiĂ©vien et Byzance[26] - [27] - [28].

La garde varĂšgue

La garde varÚgue. Enluminure du XIe siÚcle tirée de la Chronique de Jean SkylitzÚs.

La garde varĂšgue (en grec : Î€ÎŹÎłÎŒÎ± τωΜ Î’Î±ÏÎŹÎłÎłÏ‰Îœ) formait un corps de l’armĂ©e byzantine, surtout connu comme garde du corps de l’empereur du IXe au XIIIe siĂšcle, mais servant quelquefois en dĂ©tachements spĂ©ciaux au sein des armĂ©es impĂ©riales[N 5]. C’est ainsi que dans la premiĂšre moitiĂ© du Xe siĂšcle, on les retrouve en Syrie, en ArmĂ©nie, en Bulgarie, en Apulie et en Sicile[23]. À l’origine, la garde Ă©tait composĂ©e de VarĂšgues venant de la Rous’ kiĂ©vienne.

Cette garde fut crĂ©Ă©e sous l’empereur Basile II. À la suite de la christianisation de la Russie kiĂ©vienne, Vladimir Ier (rĂšgne 980-1015) avait envoyĂ© 6 000 mercenaires Ă  Basile selon les clauses du traitĂ© de 971. ArrivĂ© Ă  Constantinople au printemps 988, ce dĂ©tachement permit Ă  Basile II de battre son rival Bardas Phokas lors des batailles de Chrysopolis (988) et d’Abydos (989)[30].

AttachĂ©s Ă  la personne de l’empereur, les VarĂšgues ne jouĂšrent aucun rĂŽle dans les multiples rĂ©volutions de palais et restĂšrent pratiquement toujours fidĂšles au monarque lĂ©gitime. Trop Ă©loignĂ©s par leur tempĂ©rament et leurs habitudes des subtilitĂ©s politiques, les VarĂšgues ne s’intĂ©ressaient guĂšre Ă  la politique interne de l’empire, alors que leur aspect physique, leurs armes dont la hache[N 6] et l’épĂ©e Ă  deux tranchants impressionnaient les opposants Ă©ventuels[31].

VarĂšgues et Byzantins semblent ainsi, en dĂ©pit de leur diffĂ©rence de caractĂšre, en ĂȘtre venus Ă  s’apprĂ©cier mutuellement. Les empereurs n’avaient qu’à se fĂ©liciter de la loyautĂ© de leur garde, alors que les VarĂšgues semblaient vĂ©ritablement fiers de servir l’empereur de Mikligard ou « La grande citĂ© » comme ils l’appelaient. TĂ©moins ces mots, peut-ĂȘtre apocryphes, qu’un chef varĂšgue adresse Ă  l’empereur dans la Saga de Saint Olaf : « MĂȘme s’il y avait du feu devant moi, moi et mes hommes nous y jetterions volontiers si j’avais l’impression, ĂŽ roi, que je pouvais ainsi gagner votre bon plaisir »[32] - [33]. Et Haraldr SigurĂ°arson, demi-frĂšre du roi Olaf II et futur roi Harald III (Hardrada) de NorvĂšge sera fier de servir dans cette garde[34].

Comme le montre l’exemple de Haraldr SigurĂ°arson (voir ci-aprĂšs), Danois et NorvĂ©giens se joignirent bientĂŽt aux SuĂ©dois, de telle sorte que la garde varĂšgue devint rapidement une garde scandinave. En fait, les gens de ces trois pays s’enrĂŽlĂšrent en tel nombre qu’une loi du VĂ€stergötland (SuĂšde) fut adoptĂ©e, spĂ©cifiant que ses citoyens ne pourraient hĂ©riter « alors qu’il rĂ©sidaient chez les Grecs »[35]. Par ailleurs, une chrysobulle d’Alexis Ier datant de 1088 mentionne qu'outre les soldats de l’empire, l’empereur a Ă  son service « des Athanates, des Russes, des VarĂšgues, des Anglais, des Kylfings, des Francs, des Allemands, des Bulgares, des Arabes, des Alains et des IbĂšres », preuve que des unitĂ©s slaves distinctes des scandinaves avaient Ă©tĂ© constituĂ©es dans l’armĂ©e[36].

Les croisades furent aussi l’occasion d’accroĂźtre le nombre de VarĂšgues danois et norvĂ©giens au service de l’empereur. Divers Scandinaves qui avaient pris la croix dĂ©cidĂšrent de s’installer dans l’empire ou permirent Ă  leurs troupes d’entrer au service de l’empereur. La Gesta Danorum nous apprend ainsi que lors du voyage du roi Éric Ier du Danemark, ce dernier aurait permis Ă  nombre de ses hommes de rejoindre les rangs de leurs compatriotes dĂ©jĂ  au service de l’empereur[37]. De mĂȘme lors de la visite du roi SigurĂ°ur de NorvĂšge vers 1108 : le roi Ă©tait venu par mer, mais retourna par voie de terre via la Rous’, laissant derriĂšre lui bon nombre de ses hommes qui s’enrĂŽlĂšrent dans la garde varĂšgue. Selon Benedikz, le contingent scandinave se serait accru de 4 000 - 5 000 hommes Ă  la suite de la visite des deux rois[38].

À partir de 1066 et de la conquĂȘte de l’Angleterre, la garde varĂšgue accueillit un nombre considĂ©rable d’Anglo-saxons dont les terres avaient Ă©tĂ© saisies par les Normands et qui se refusaient Ă  reconnaitre la souverainetĂ© de Guillaume Ier[N 7]. Selon la Chronicon universale anonymi Laudunensis, un groupe de notables anglais s’embarquĂšrent sur 235 bateaux en 1075 Ă  destination de Constantinople. Quelque 4350 rĂ©fugiĂ©s s’y engagĂšrent au service de l’empereur alors que le reste du groupe continuait jusqu’à une ville appelĂ©e Domapia qu’ils conquirent et renommĂšrent Nova Anglia[41].

De nombreux chercheurs croient que l’une des premiĂšres opĂ©rations auxquelles les anglo-saxons de la garde varĂšgue prirent part fut la campagne des Balkans menĂ©e contre les troupes italo-normandes de Robert Guiscard. Anne ComnĂšne mentionne leur participation dans l’Alexiade et note ailleurs que ces troupes venaient de « Thule »[42] - [43]. Le cas Ă©chĂ©ant, un sentiment de revanche pourrait expliquer l’action des VarĂšgues contre les Normands[44].

De la fin du XIe siĂšcle au XIIIe siĂšcle, les Anglo-Saxons et les Danois formĂšrent probablement la majeure partie de la garde varĂšgue. Le Livre des Offices de Georges Kodinos (le Pseudo-Kodinos) mentionne au sujet de NoĂ«l que « les VarĂšgues viennent prĂ©senter leurs vƓux Ă  l’empereur dans leur langue, c’est-Ă -dire l’anglais, frappant de leur hache de guerre avec grand bruit »[39].

Lorsqu’Alexis mourut, le 16 aout 1118, ce furent les VarĂšgues qui, aprĂšs avoir dans un premier temps refusĂ© l’accĂšs de Sainte-Sophie Ă  son successeur Jean II pourchassĂ© par l’impĂ©ratrice IrĂšne et sa fille Anne, lui permirent d’entrer Ă  la vue de la bague de son pĂšre, d’ĂȘtre couronnĂ© par le patriarche et de prendre le contrĂŽle de l’armĂ©e et de la marine, mettant fin Ă  la rĂ©volte de palais, un des rares exemples oĂč ils intervinrent dans la politique intĂ©rieure de l’empire[45]. Jean II devait par la suite utiliser sa troupe varĂšgue « de 450 hommes » lors de la bataille de Beroia (1122) qui nous est rapportĂ©e Ă  la fois par des sources grecques et scandinaves[46].

Les VarĂšgues demeurent mentionnĂ©s dans les sources Ă  diverses occasions pendant les rĂšgnes de Manuel Ier (1119-1180)[N 8]. Elles demeurent silencieuses toutefois sur l’activitĂ© des VarĂšgues sous la dynastie des Anges. On sait cependant que lors de son avĂšnement, Alexis III (rĂšgne 1195-1203) Ă©crivit aux trois rois de Scandinavie (Sverre de NorvĂšge, Knud Karlsson de SuĂšde et Knud VI de Danemark) pour leur demander de renforcer la garde varĂšgue et de sauver son trĂŽne. S’ils ne sont plus utilisĂ©s dans les expĂ©ditions, les VarĂšgues demeurent prĂ©cieux Ă  Constantinople mĂȘme oĂč des insurrections se dĂ©clarent rĂ©guliĂšrement dans ces annĂ©es de dĂ©composition de l’empire[47].

Lors de la chute de Constantinople aux mains des croisĂ©s, les VarĂšgues dĂ©fendirent la ville lors de l’attaque du , puis donnĂšrent leur soutien Ă  Alexis V Murzuphlus qui leur fit croire qu’en cas d’échec ils seraient remplacĂ©s par des Latins. Lorsque ce dernier s’enfuit et que les Latins entrĂšrent dans Constantinople, il ne resta plus aux derniers VarĂšgues qu’à se rendre au conquĂ©rant, terminant ainsi sans gloire l’histoire de ces troupes d’élite[48].

Les sources font quelquefois allusion Ă  des VarĂšgues, soit dans l’armĂ©e de l’Empire de NicĂ©e, soit dans l’Empire byzantin reconstituĂ© des PalĂ©ologues, mais ces passages sont trop peu nombreux et non suffisamment dĂ©taillĂ©s pour permettre de tracer un tableau d’ensemble de la situation.

Harald Sigurðarson, « la foudre du Nord »

Harald Hardrada meurt Ă  la bataille du pont de Stamford.

Harald, qui devait devenir le roi Harald III (Hardrada – l’impitoyable) de NorvĂšge, est probablement le plus connu des hĂ©ros de la garde varĂšgue. Il Ă©tait le fils d’un gouverneur du royaume et le demi-frĂšre du roi Olaf qui fut chassĂ© par ses sujets qu’il voulait Ă  tout prix convertir au christianisme. À l’ñge de quinze ans, il combattit aux cĂŽtĂ©s de son frĂšre qui tentait de reconquĂ©rir son trĂŽne, mais ce dernier fut tuĂ© en 1030 Ă  la bataille de Stiklestad et Harald dut s’exiler.

Avec une escorte de 500 hommes, il partit alors pour la Rous’ oĂč il s’enrĂŽla dans l’armĂ©e du prince Iaroslav Ă  Kiev avant de se rendre Ă  Constantinople rejoindre la garde varĂšgue de l’impĂ©ratrice ZoĂ©. Il combattit neuf ans pour l’empire aussi bien en Occident (Italie, Sicile et Afrique du Nord) qu’en Orient (Asie et Syrie) et il mĂ©rita le rang de spatharocandidatos[N 9] - [33]. Il se gagna une rĂ©putation de grande bravoure et une fortune considĂ©rable. Les choses se gĂątĂšrent toutefois lorsque Michel V prit le pouvoir. Harald fut accusĂ©, probablement par l’impĂ©ratrice ZoĂ©, de s’ĂȘtre appropriĂ© des fonds du trĂ©sor impĂ©rial et fut jetĂ© en prison par Constantin IX, le dernier mari de ZoĂ©. RelĂąchĂ©, il demanda son congĂ©, qui fut refusĂ© par l’empereur. Vers 1044, il partit en secret et retourna Ă  Kiev oĂč il Ă©pousa Élisabeth, la fille du roi Iaroslav.

L’annĂ©e suivante il envahit le Danemark oĂč le roi Magnus, souverain du Danemark et de la NorvĂšge, dut accepter de partager le pouvoir avec lui et tous deux rĂ©gnĂšrent conjointement sur la NorvĂšge. À la mort de Magnus l’annĂ©e suivante, Harald devint seul souverain. Pour peu de temps cependant, car son neveu, Sven Estrithson lui disputa le Danemark. S’ensuivit une longue guerre durant laquelle il pilla le Danemark, sans succĂšs toutefois car il dut finir par reconnaitre Sven II comme roi du Danemark en 1064.

La mort d’Édouard le Confesseur en 1066, laissait trois prĂ©tendants au trĂŽne d’Angleterre : Harald Hardrada, Guillaume duc de Normandie et Harold Godwinson, comte de Wessex. Les Anglais ayant choisi Godwinson, Harald et Guillaume firent des plans pour envahir l’Angleterre, AprĂšs avoir fait nommer son fils Magnus roi de NorvĂšge et s’ĂȘtre alliĂ© avec Tostig, frĂšre cadet d’Harold, Harald fit voile vers l'Angleterre avec environ 300 navires et 9 000 hommes : ce fut la derniĂšre grande expĂ©dition viking. AprĂšs des succĂšs initiaux Ă  Fulford et York, Harald fut surpris par Harold Godwinson au pont de Stamford le . Harald fut tuĂ© pendant la bataille et le carnage fut tel que 24 des 300 navires suffirent Ă  ramener les survivants. Harold Godwinson pour sa part devait mourir Ă  Hastings dix-neuf jours plus tard.[N 10]

Notes et références

Notes

  1. Le vieux norrois est une langue scandinave mĂ©diĂ©vale qui, dans sa variante occidentale, Ă©tait parlĂ©e en NorvĂšge et dans ses anciennes colonies d’outremer : Islande, Ăźles FĂ©roĂ©, Ăźles Shetland, Ăźles Orcades, Ăźle de Man, certaines parties de l’Écosse, de la Normandie, du Groenland, ainsi que dans les quelques comptoirs vikings d’Irlande.
  2. La théorie du « khaganat de la Rus' s'appuie sur un passage des Annales de Saint-Bertin mentionnant une nation appelée Rhos avec un roi nommé Chacanos, ce qui fut rapproché du titre de khagan signifiant Khan des khans, c'est-à-dire empereur dans les langues mongoles, toungouse et turques.
  3. La dendrochronologie est une mĂ©thode scientifique permettant d'obtenir des datations de piĂšces de bois Ă  l’annĂ©e prĂšs, en comptant et en analysant la morphologie des anneaux de croissance (ou cernes) des arbres constituant les poutres des fortins varĂšgues.
  4. La vaste majoritĂ© (40 000) des piĂšces de monnaie arabes datant de la pĂ©riode des Vikings trouvĂ©e en Scandinavie vient du Gotland. À SkĂ„ne, Öland et Uppland on en a trouvĂ© 12 000 alors que l’on en a dĂ©couvert que 1 000 au Danemark et 500 en NorvĂšge. Outre les piĂšces d’origine arabe, on a Ă©galement identifiĂ© 400 piĂšces byzantines Ă  Gotland. Voir Arkeologi i Norden 2. Författarna och Bokförlaget Natur & kultur. Stockholm 1999. Voir aussi Gardell, Carl Johan. Gotlands historia i fickformat, 1987 (ISBN 91-7810-885-3).
  5. Par exemple en 1045 lorsque Constantin envoya une force de 3000 VarĂšgues Ă  l’aide du roi Liparit dans sa rĂ©volte contre Bagrat IV de CarthĂ©lie ou en 1066 lorsque Constantin envoya une armĂ©e composĂ©e en grande partie de VarĂšgues Ă  Bari oĂč il capturĂšrent Brindisi, Tarente et Castellaneta[29].
  6. D’oĂč le surnom de leur rĂ©giment : Keltai Pelekophoroi.
  7. Voir à ce sujet Pappas (2004)[39]. La chrysobulle de Nicéphore III en date de janvier 1080 se réfÚre ainsi aux Inglinoi aux cÎtés des Rhos et des Varangoi[40].
  8. Assaut contre ThĂšbes durant l’invasion de Roger II de Sicile en 1147, tentative d’assassinat contre l’empereur par son cousin Andronic, expĂ©dition contre les Turcs en 1176, Alexis II (1169-1183) et Andronic Ier.
  9. Rang relativement peu Ă©levĂ© dans l’armĂ©e byzantine soulignant qu’il ne cherchait pas Ă  se prĂ©valoir de sa dignitĂ© royale.
  10. Ce chapitre est un résumé des livres de Haywood[49] et de Blöndal[50].

Références

  1. Boyer 2008.
  2. Chronique de Nestor, chap. II, « Riourik ».
  3. "Varangian", Online Etymology Dictionary.
  4. H.S. Falk & A. Torp, Norwegisch-DĂ€nisches Etymologisches Wörterbuch, (1911), p. 1403–4.
  5. J. de Vries, Altnordisches Etymologisches Wörterbuch, (1962), p. 671–2.
  6. Blöndal & Benedikz (2007), p. 1.
  7. Kondratieva 1996, p. 8.
  8. Oliver 2012, p. 171.
  9. Obolensky 1971, p. 180-181.
  10. Oliver 2012, p. 157.
  11. Oliver 2012, p. 259.
  12. Oliver 2012, p. 159.
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  16. Blöndal & Benedikz (1978), p. 33.
  17. Blöndal & Benedikz (1978), p. 27.
  18. Chronique de Nestor, chap. III, « Oleg », p. 30.
  19. Chronique de Nestor, chap. III, « Oleg », année 912.
  20. Blöndal & Benedikz (1978), p. 36-37.
  21. Chronique de Nestor, chap. IV, « Igor », année 945.
  22. Blöndal & Benedikz (1978), p. 37.
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  25. Haywood 1995, p. 108.
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  27. Tolochko 2008.
  28. Berelowitch 2003.
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Bibliographie

Sources primaires

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  • Shepard, Jonathan. “The English and Byzantium: a Study of their Role in the Byzantine Army in the Later Eleventh Century”, Traditio 29 (1973).
  • (en) Oleksiy Tolochko, « The Primary Chronicle’s Ethnography revisited: Slavs and Varangians in the Middle Dnieper Region of the Rus’ State », Cursor Mundi, vol. 5 « Franks, Northmen, and Slavs: Identities and State Formation in Early Medieval Europe »,‎ (lire en ligne).

Voir aussi

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