Alexiade
LâAlexiade (en grec : ÎλΔΟÎčÎŹÏ) est une biographie historique et apologĂ©tique Ă©crite vers 1120 par la princesse Anne ComnĂšne et consacrĂ©e aux faits et gestes de son pĂšre, lâempereur Alexis Ier ComnĂšne.
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Titre original |
(grc) áŒÎ»Î”ΟÎčÎŹÏ |
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AprĂšs avoir expliquĂ© les motifs qui lâont poussĂ©e Ă Ă©crire cette biographie, lâauteure sâattache dans les livres I Ă III Ă justifier la prise du pouvoir impĂ©rial par la maison des ComnĂšnes. Les livres IV Ă IX sont consacrĂ©s aux guerres contre les Normands, les Scythes (PetchenĂšgues) et les Turcs. Les livres X et XI rapportent lâhistoire de la premiĂšre croisade et lâinvasion de BohĂ©mond, fils de Robert Guiscard. Les livres XII Ă XV dĂ©crivent diverses campagnes militaires, la lutte contre les manichĂ©ens et les bogomiles ainsi que la fondation de lâOrphelinat de Constantinople.
Certains historiens ont mis en doute le fait quâune femme retirĂ©e dans un palais ait pu dĂ©crire avec tant de prĂ©cision des campagnes militaires et attribuent plutĂŽt la paternitĂ© de lâĆuvre Ă son mari, NicĂ©phore Bryenne, gĂ©nĂ©ral dâAlexis. Dâune part, cette affirmation ne tient pas compte du fait que lâAlexiade traite dâune pĂ©riode beaucoup plus Ă©tendue que celle traitĂ©e par NicĂ©phore Bryenne, dâautre part quâAnne ComnĂšne avait de nombreuses sources Ă sa disposition que ce soient les souvenirs de campagnes auxquelles elle avait accompagnĂ© son pĂšre, des rencontres avec nombre de gĂ©nĂ©raux et de son accĂšs privilĂ©giĂ© aux archives de lâĂtat. Sauf quelques erreurs attribuables soit Ă des prĂ©jugĂ©s de son Ă©poque, soit Ă des exagĂ©rations littĂ©raires ou Ă un manque de vĂ©rification des faits, lâAlexiade est un texte historique fiable que lâon peut comparer Ă ceux dâauteurs occidentaux de la mĂȘme Ă©poque.
Anne ComnĂšne appartient Ă cette pĂ©riode de la littĂ©rature byzantine dite de la prĂ©-Renaissance au cours de laquelle les auteurs tentent dâimiter la langue grecque attique, font usage dâun style fleuri rempli de mots obscurs, de citations dâauteurs anciens et de proverbes ; en mĂȘme temps on y constate un effort de l'auteure pour ĂȘtre plus personnelle, comme le montrent les trĂšs nombreuses digressions que lâon retrouve du dĂ©but Ă la fin de lâĆuvre.
Toile de fond
Fille du basileus Alexis Ier, Anne ComnĂšne Ă©tait mariĂ©e au cĂ©sar[N 1] NicĂ©phore Bryenne, gĂ©nĂ©ral et homme de confiance de lâempereur Alexis. Ă la demande de lâimpĂ©ratrice IrĂšne Doukas, celui-ci avait commencĂ© Ă Ă©crire lâhistoire dâAlexis Ier (ce quâAlexis avait interdit de son vivant), dans le but dâillustrer la montĂ©e de la maison ComnĂšne[1]. Lâouvrage demeura cependant inachevĂ©, une maladie contractĂ©e lors dâune campagne militaire lâempĂȘchant de mener sa tĂąche Ă bien[2] - [N 2].
AprĂšs la mort de son pĂšre, Anne ComnĂšne, qui aurait sans doute voulu briguer la couronne sinon pour elle-mĂȘme du moins pour son mari, ourdit un complot contre lâhĂ©ritier lĂ©gitime du trĂŽne, Jean II, qui se contenta de relĂ©guer sa sĆur au couvent de la Vierge-Pleine-de-GrĂące (KecharitomenĂš) fondĂ© par IrĂšne Doukas qui sây retira Ă©galement[N 3]. Si Anne habitait des appartements jouxtant le couvent, ni elle ni sa mĂšre ne prononcĂšrent de vĆux ou nây vĂ©curent en tant que religieuses. Il est probable quâelle y habitait avec son Ă©poux, NicĂ©phore Bryenne dont elle prit soin avant sa mort en 1138 ; Anne y recevait qui elle voulait incluant de nombreux proches de lâempereur dĂ©cĂ©dĂ©[3]. Câest dans ce couvent quâAnne entreprit la rĂ©daction de lâAlexiade plus de vingt ans aprĂšs la mort de son pĂšre. Au livre XIV, elle affirme avoir rĂ©uni la majeure partie de ses informations « sous le troisiĂšme titulaire du sceptre impĂ©rial en commençant par mon pĂšre[4]», ce qui situe le dĂ©but de la rĂ©daction aprĂšs lâaccession de Manuel Ier ComnĂšne en 1143 ; elle y travaillait encore en 1148, Ă lâĂąge de soixante-cinq ans[5].
LâĆuvre
Se composant de quinze livres et dâun prologue, lâAlexiade rapporte les Ă©vĂšnements de 1069 Ă 1118, dĂ©crivant dâabord la montĂ©e en puissance de la maison des ComnĂšnes avant lâĂ©lĂ©vation dâAlexis au trĂŽne, puis raconte en dĂ©tail le rĂšgne de celui-ci jusquâĂ sa mort, continuant et complĂ©tant ainsi lâĆuvre de NicĂ©phore Bryenne qui ne couvrait que la pĂ©riode de 1070 Ă 1079. On peut y voir quatre grandes parties[N 4]. Le rĂ©sumĂ© qui suit reflĂšte son dĂ©roulement tel quâĂ©crit par Anne ComnĂšne, sans rectification dâune chronologie Ă lâoccasion dĂ©ficiente ou des noms de peuples qui reflĂštent la tradition classique :
- Une prĂ©face dans laquelle Anne explique les motifs qui lâont poussĂ©e Ă Ă©crire cet ouvrage.
Essentiellement, Anne dit craindre que le temps nâefface le souvenir de son pĂšre et de ses exploits[6]. Son mari, le cĂ©sar NicĂ©phore Bryenne, sâĂ©tait dĂ©jĂ attelĂ© Ă la tĂąche de perpĂ©tuer cette mĂ©moire, mais il nâa pu achever son Ćuvre[7]. En reprenant le flambeau, Anne espĂšre que ces rĂ©miniscences lui permettront de surmonter sa douleur dâavoir perdu deux ĂȘtres chers[8].
- Les livres I Ă III sont destinĂ©s Ă justifier la maison des ComnĂšnes dâavoir pris le pouvoir impĂ©rial :
Le livre I traite de la jeunesse dâAlexis et se termine sur les derniers mois du rĂšgne de NicĂ©phore BotaniatĂšs (1001-1081). Les premiers chapitres nous montrent Alexis luttant contre les Perses dâabord, contre les Turcs seldjoukides ensuite, aprĂšs quoi Alexis est proclamĂ© CĂ©sar. Ă partir du chapitre VII on suit lâascension de Robert Guiscard, petit noble normand qui conquiert la Lombardie et aspire Ă devenir empereur.
Le livre II traite de la rĂ©volte des ComnĂšnes. La montĂ©e en grĂące des frĂšres Isaac et Alexis ComnĂšne Ă la cour, et lâadoption de ce dernier par lâimpĂ©ratrice Marie qui suscite des jalousies autour dâeux. Alexis sâassure du concours du cĂ©sar Jean Doukas et dâun autre prĂ©tendant, NicĂ©phore MĂ©lissĂ©nos, son beau-frĂšre. AprĂšs sâĂȘtre entendu avec le commandant des troupes germaniques, Alexis entre dans la capitale oĂč BotaniatĂšs, rĂ©alisant que tout est perdu, abdique.
Le livre III (1081) dĂ©crit les premiers mois dâAlexis au pouvoir et comment il doit, pour remplir ses promesses envers ceux qui lâont aidĂ©, crĂ©er de nouveaux titres et dignitĂ©s comme celui de « sĂ©bastocrator » pour son frĂšre. Câest lâoccasion pour Anne ComnĂšne de prĂ©senter divers membres de la famille comme lâimpĂ©ratrice IrĂšne, Ă©pouse dâAlexis, Constantin PorphyrogĂ©nĂšte et la mĂšre de celui-ci, lâimpĂ©ratrice Marie dâAlanie, ainsi que la mĂšre dâAlexis, Anne DalassĂšne, Ă qui lâempereur confie Ă toute fin pratique la direction interne de lâempire pendant quâil sâoccupe de politique Ă©trangĂšre. Faisant alliance avec les Turcs en Orient, Alexis se prĂ©pare Ă faire face Ă lâinvasion que prĂ©pare Robert Guiscard en Occident et tente de sâallier avec lâempereur germanique.
- Les livres IV à IX sont consacrés aux guerres contre les Normands, les Scythes (PetchenÚgues) et les Turcs.
Le livre IV (1081-1082) raconte les premiers affrontements entre Robert Guiscard et lâempereur Alexis pour le contrĂŽle de la ville de Dyrrachium (aujourdâhui DurrĂ«s en Albanie). GrĂące Ă lâappui des VĂ©nitiens, les Byzantins ont dâabord lâavantage. Mais Normands et Francs se reprennent et, ayant Ă©lu Robert Guiscard comme chef suprĂȘme, ont le dessus. BientĂŽt, lâempereur est obligĂ© de fuir et Ă©chappe de peu aux Normands.
Le livre V (1082-1083) explique pourquoi, afin de continuer la guerre, Alexis se voit dans lâobligation de spolier des biens dâĂglise. Il incite lâempereur germanique Ă attaquer la Lombardie, obligeant ainsi Robert Guiscard Ă rentrer en Italie laissant sur place son fils, BohĂ©mond de Tarente. Les combats se continuent donc entre Alexis qui a entretemps reçu des renforts turcs et BohĂ©mond. Le livre sâachĂšve sur un chapitre traitant du renouvellement des sciences sous Alexis et de lâintĂ©rĂȘt que leur porte le couple impĂ©rial.
Le livre VI (1085) sâouvre sur le siĂšge de Kastoria et la dĂ©faite des comtes français. Alexis utilise ce rĂ©pit pour se venger des manichĂ©ens qui lâavaient abandonnĂ© prĂ©cĂ©demment et pour rendre Ă lâĂglise les biens quâil avait confisquĂ©s. Revenu dâItalie, Robert Guiscard reprend les combats pendant quâAlexis fait Ă nouveau appel aux VĂ©nitiens. Robert meurt Ă CĂ©phalonie alors quâAlexis se rend maĂźtre de DurrĂ«s. Le chapitre 6 constitue une parenthĂšse dans laquelle Anne parle dâelle-mĂȘme, expliquant lâorigine du mot « porphyrogĂ©nĂšte », traitant de sa propre naissance et des honneurs qui lui furent rendus, ainsi que de la naissance de sa sĆur cadette et de son frĂšre, quâelle tentera plus tard de renverser. Les chapitres 7 Ă 12 traitent des combats entre lâempereur et le sultan turc en Asie mineure pour le contrĂŽle entre autres de la ville de NicĂ©e. Le dernier chapitre est consacrĂ© Ă lâirruption des Scythes (PetchenĂšgues), auxquels se joignent les manichĂ©ens. Dâabord victorieux, ceux-ci doivent bientĂŽt se retirer.
Le livre VII (1087-1090) est consacrĂ© Ă la guerre contre les Scythes. Ceux-ci ayant franchi le Danube, les Byzantins rĂ©ussissent Ă les refouler. Toutefois, les Scythes, alliĂ©s aux Coumans, reviennent et ravagent campagnes et villes le long du fleuve. Ce sur quoi Alexis dĂ©cide de passer Ă lâattaque. Les Scythes le vainquent Ă MĂ©galopolis et lâempereur doit conclure une trĂȘve avant de se diriger vers Andrinople. Sâensuit une guerre dâescarmouches pendant laquelle lâempereur, craignant de voir les Scythes se diriger vers Constantinople, se voit forcĂ© de nĂ©gocier une nouvelle trĂȘve. Voyant lâempereur occupĂ© avec les Scythes, lâĂ©mir de Smyrne, Tzachas, tente en vain de sâemparer de Chios. Lâempereur remporte de nouvelles victoires contre les Scythes, mais aucune nâest dĂ©cisive et il doit regagner Constantinople avant lâhiver.
Le livre VIII (1090-1092) poursuit le rĂ©cit de la guerre contre les Scythes. En 1091 Alexis rĂ©ussit Ă arrĂȘter ceux-ci Ă Choerobacchi, prĂšs de Constantinople. Toutefois, la capitale est presque encerclĂ©e. Aux Turcs, sâajoutent maintenant les Coumans. De peur que ces derniers ne se joignent aux Scythes, Alexis dĂ©cide de sâallier avec eux. Le a lieu la grande bataille de Levunium (mont Lebounion) au cours de laquelle les Scythes sont anĂ©antis. LâĂ©tau qui enserrait Constantinople est ainsi Ă©cartĂ©. Les chapitres 8 et suivants sont consacrĂ©s au complot ourdi par le fils du sĂ©bastocrate Isaac, Jean, gouverneur de Dyrrachium, ainsi que par les manĆuvres de ThĂ©odore Gabras pour rĂ©cupĂ©rer son fils GrĂ©goire retenu comme otage Ă Constantinople.
Le livre IX (1092-1094) est consacrĂ© Ă lâinterlude dalmate et Ă la conspiration de NicĂ©phore DiogĂšne. AprĂšs une premiĂšre visite en Dalmatie, lâempereur apprend que Tzachas sâest proclamĂ© empereur et monte une imposante flotte pour attaquer les iles. Alexis dĂ©cide de lâattaquer Ă la fois par terre et par mer. Ses gĂ©nĂ©raux DalassĂšne (mer) et Doukas (terre) rĂ©ussissent Ă mettre Tzachas en fuite et dĂ©livrent les iles que celui-ci dĂ©tenait encore. Lâempereur redoutant de nouvelles attaques incite alors le sultan Ă se dĂ©barrasser dĂ©finitivement de lâĂ©mir. Ce problĂšme rĂ©glĂ©, Alexis doit se tourner Ă nouveau vers la Dalmatie oĂč les Serbes cherchent Ă agrandir leur territoire aux dĂ©pens de lâempire. Une premiĂšre tentative pour arrĂȘter cette expansion ayant Ă©chouĂ©, lâempereur doit lui-mĂȘme se mettre en route. Au cours du voyage, il doit faire face Ă la tentative dâassassinat de NicĂ©phore DiogĂšne, fils de Romain DiogĂšne. DĂ©couvert, celui-ci est exilĂ© Ă Caesaropolis. Alexis peut alors reprendre le chemin de la cĂŽte. Il rencontre Bolcanus Ă Lipemium. Ce dernier fait alors une complĂšte soumission et livre Ă lâempereur les otages quâil lui avait promis des annĂ©es auparavant.
- Les livres X et XI rapportent lâhistoire de la premiĂšre croisade et de lâinvasion de BohĂ©mond, fils de Robert Guiscard.
Le livre X (1097-1104) dĂ©bute par la lutte que doit mener lâempereur contre lâhĂ©rĂ©tique Nilus. Il se poursuit par le rĂ©cit de nouvelles invasions des Coumans, ayant Ă leur tĂȘte un prĂ©tendant qui se faisait passer pour le fils de lâempereur Romain DiogĂšne. Les Coumans poussent jusquâĂ Andrinople. Les Byzantins ne se sont pas sitĂŽt emparĂ©s de lâimposteur par ruse quâils doivent se tourner vers lâAsie mineure oĂč les Turcs pillent la Bithynie. Lâempereur fait protĂ©ger le territoire et la ville de NicomĂ©die en faisant creuser et remplir un canal tracĂ© quelques siĂšcles plus tĂŽt par lâempereur Anastase II sur le fleuve Sangarios (Sakarya).
La majeure partie du chapitre est cependant consacrĂ©e Ă lâarrivĂ©e des croisĂ©s : celle de Pierre lâErmite dâabord dont une bonne partie des fidĂšles sera dĂ©cimĂ©e en tentant de se rendre Ă NicĂ©e conquise, puis celle des nobles, hautains et prĂ©tentieux. Si Anne ComnĂšne reconnaĂźt la bonne volontĂ© de certains, comme Godefroy de Bouillon, elle dĂ©nonce la duplicitĂ© dâautres comme BohĂ©mond de Tarente, dont le but ultime est de sâemparer de Constantinople, et sâĂ©tonne de voir parmi les soldats des prĂȘtres qui tiennent lâĂ©vangile dâune main et lâĂ©pĂ©e de lâautre. Toutefois, lâempereur accueille ces Ă©trangers avec courtoisie, mais, mĂ©fiant, exige dâeux un serment de vassalitĂ© contre la promesse de les approvisionner pendant leur passage Ă travers les terres dâempire.
Le livre XI (1097-1104) poursuit le rĂ©cit de la premiĂšre croisade, insistant sur la traĂźtrise de BohĂ©mond. La prise de NicĂ©e constitue le premier succĂšs de la croisade. Alexis exige de nouveau que les croisĂ©s lui prĂȘtent serment dâallĂ©geance. BohĂ©mond, assoiffĂ© de richesse, presse ceux qui sont encore rĂ©ticents Ă obĂ©ir pour commencer rapidement ses propres conquĂȘtes. GrĂące Ă la traĂźtrise dâun ArmĂ©nien, gardien de lâune des tours, BohĂ©mond rĂ©ussit Ă entrer dans la ville et sâen rend maitre, mais est lui-mĂȘme assiĂ©gĂ© par les troupes de Curpagan. Suit un long passage oĂč Anne ComnĂšne tente dâexpliquer pourquoi lâempereur ne vient pas au secours des croisĂ©s, dĂ©sirant dâabord dĂ©truire la flotte de Tzachas. Les croisĂ©s assiĂ©gĂ©s dĂ©couvrent alors la sainte Lance, ce qui leur redonne courage. Ils brisent le blocus et continuent leur voyage vers JĂ©rusalem, confiant la garde de la ville Ă BohĂ©mond, qui refuse de la rendre Ă lâempereur malgrĂ© lâavis de Raymond de Toulouse. BohĂ©mond est Ă nouveau frustrĂ© lorsquâon lui prĂ©fĂšre Godefroy de Bouillon comme roi de JĂ©rusalem. Arrivent alors les comtes de Flandres Ă qui Alexis conseille de suivre le bord de la mer pour se rendre Ă JĂ©rusalem ; ceux-ci nâen font rien, prĂ©fĂ©rant passer par lâintĂ©rieur et sây tailler des fiefs. LâannĂ©e suivant la prise de JĂ©rusalem, BohĂ©mond entre en guerre contre les Turcs. Ceux-ci Ă©crasent les Latins Ă Harran pendant que lâarmĂ©e impĂ©riale sâempare de Tarse, Adana et Mamistra et la flotte impĂ©riale de LaodicĂ©e et des villes de la cĂŽte jusquâĂ Tripoli. Sachant quâil ne peut se battre Ă la fois contre les Byzantins et contre les Turcs, BohĂ©mond dĂ©cide dâaller chercher secours Ă Rome et, simulant sa propre mort, quitte la ville dans un cercueil, laissant la garde de celle-ci Ă son neveu TancrĂšde.
- Les livres XII Ă XV rapportent diverses campagnes militaires, la lutte contre les manichĂ©ens et les bogomiles ainsi que la fondation de lâOrphelinat de Constantinople.
Le livre XII (1105-1107) sâouvre sur les tentatives de BohĂ©mond pour multiplier les alliances en Europe ; lâempereur pour sa part prĂ©vient Pise, GĂȘnes et Venise et fait libĂ©rer divers comtes latins, prisonniers du sultan, pour que ceux-ci informent leurs compatriotes de la libĂ©ralitĂ© de lâempereur. Ce dernier se rend avec son Ă©pouse Ă Thessalonique ; Anne ComnĂšne profite de lâoccasion pour tracer le portrait de lâimpĂ©ratrice, modĂšle de prĂ©venance pour son Ă©poux et de charitĂ© chrĂ©tienne pour les pauvres. De retour dans la capitale, Alexis Ă©chappe dâabord Ă une conjuration ourdie par Michel Anemas pour placer Jean Solomon comme empereur fantoche sur le trĂŽne, puis doit faire face Ă la rĂ©bellion de GrĂ©goire TaronitĂšs.
De son cĂŽtĂ©, BohĂ©mond se rend Ă Rome pour faire alliance avec le pape, lequel approuve ses plans dâinvasion de lâIllyrie. BohĂ©mond traverse avec une imposante flotte et vient assiĂ©ger Dyrrachium.
Le livre XIII (1107-1108) dĂ©bute par le dĂ©part de lâempereur et de lâimpĂ©ratrice de Constantinople, Alexis ayant appris lâarrivĂ©e de BohĂ©mond. Lâempereur sâarrĂȘte Ă Thessalonique pour lâhiver ; il y Ă©chappe de justesse Ă une tentative dâassassinat.
Pendant ce temps, BohĂ©mond, aprĂšs avoir brulĂ© ses navires, se consacre au siĂšge de Dyrrachium, sâemparant des villes de la cĂŽte. Toutefois, il se trouve bientĂŽt sans provision, Ă©tant lui-mĂȘme encerclĂ© par lâarmĂ©e byzantine qui contrĂŽle les montagnes et les cols voisins.
Au printemps suivant, lâimpĂ©ratrice retourne Ă Constantinople pendant que lâempereur prend le chemin de la cĂŽte illyrienne. Il essaie dâabord de semer la zizanie dans le camp de BohĂ©mond en envoyant de fausses lettres Ă ses principaux collaborateurs. Les combats trainent en longueur, mais, la maladie sâĂ©tant rĂ©pandue dans son camp, BohĂ©mond se voit finalement forcĂ© de demander la paix. Lors dâune rencontre avec lâempereur, il consent Ă signer le traitĂ© de Devol par lequel il sâengage non seulement Ă reconnaitre lâempereur comme son suzerain, mais aussi Ă rendre Antioche.
Le livre XIV (1108-1115) sâouvre sur la mort de BohĂ©mond en Lombardie. Au chapitre suivant, lâempereur demande Ă TancrĂšde de lui rendre Antioche, ce que celui-ci refuse. Les chapitres 3 Ă 7 sont consacrĂ©s aux dĂ©mĂȘlĂ©s entre lâempereur et les Turcs qui seront finalement mis en dĂ©route dans les environs de NicĂ©e. Deux longues digressions : la premiĂšre au chapitre 6 sur la goutte qui affligera lâempereur durant ses derniĂšres annĂ©es et la deuxiĂšme au chapitre 9 sur les vertus de celui-ci. Les deux derniers chapitres sont consacrĂ©s Ă la lutte de lâempereur contre les manichĂ©ens, quâil tente de convertir, et contre les Coumans.
Le livre XV (1116-1118) conclut lâouvrage en racontant dâabord la derniĂšre expĂ©dition de lâempereur contre Soliman, qui a dĂ©cidĂ© de conquĂ©rir lâensemble de lâAsie. AprĂšs avoir dĂ©cidĂ© dâarrĂȘter celui-ci dans les environs dâIconium, sur la frontiĂšre entre les deux empires, Alexis se dirige dâabord vers NicĂ©e, puis vers NicomĂ©die, assemblant lâarmĂ©e de Byzantins et de mercenaires Ă©trangers quâil a engagĂ©s. Toutefois, ses maux de pieds deviennent de plus en plus intolĂ©rables et requiĂšrent la prĂ©sence de lâimpĂ©ratrice, seule capable de soulager son Ă©poux. Finalement, incapable de vaincre les Romains, le sultan se rĂ©signe Ă demander la paix. Un traitĂ© est signĂ©, mais le sultan est assassinĂ© sur la route du retour.
Alexis pour sa part prend soin des captifs, des femmes et des enfants, en particulier des orphelins. Câest lâoccasion pour Anne ComnĂšne de dĂ©crire le village fondĂ© par Alexis, appelĂ© lâOrphelinat, oĂč anciens soldats, infirmes et misĂ©reux peuvent ĂȘtre, avec ceux qui sâoccupent dâeux, logĂ©s et entretenus aux frais de lâempereur.
Les derniĂšres annĂ©es de lâempereur sont consacrĂ©es Ă la lutte contre les Bogomiles, aux efforts dĂ©ployĂ©s pour les convertir et Ă sa clĂ©mence qui fera que seul leur chef, le moine Basile, sera condamnĂ© au bucher.
Une annĂ©e et demie aprĂšs le retour de la derniĂšre excursion, lâempereur est terrassĂ© par le mal qui devait lâemporter. Les derniĂšres pages sont consacrĂ©es Ă lâagonie du souverain, ainsi quâĂ la douleur de lâimpĂ©ratrice IrĂšne et dâAnne ComnĂšne elle-mĂȘme, laquelle ne souffle mot des efforts de lâimpĂ©ratrice jusquâau dernier moment pour inciter Alexis Ă nommer Bryenne comme son successeur, ni du fait que lâhĂ©ritier lĂ©gitime, son frĂšre Jean, sâest appropriĂ© la bague-signet dâAlexis grĂące Ă laquelle il pourra se faire reconnaitre comme empereur par le patriarche et le clergĂ© de Sainte-Sophie.
But et vision du monde
LâAlexiade reprend les Notes pour une histoire de NicĂ©phore Bryenne, le mari dâAnne ComnĂšne, lĂ oĂč il les avait laissĂ©es, câest-Ă -dire Ă la fin du rĂšgne de lâempereur NicĂ©phore III BotaniatĂšs[2]. Dans le style historique prĂ©dominant depuis le Xe siĂšcle lequel mettait moins lâaccent sur les Ă©vĂšnements que sur les grandes figures et leurs familles, le rĂ©cit se veut une sorte dâĂ©popĂ©e des ComnĂšnes dont Alexis est le hĂ©ros et Anne la victime[9]. Dans le livre XV, elle affirme sâĂȘtre « imposĂ©e une double tĂąche : dâune part de narrer les hauts faits qui marquĂšrent la vie de lâempereur et dâautre part de rĂ©diger une complainte des Ă©vĂšnements qui avaient dĂ©chirĂ© son cĆur[10] ».
LâAlexiade est ainsi non seulement une biographie de lâempereur Alexis mais aussi une Ćuvre apologĂ©tique, voire hagiographique. Elle est consacrĂ©e Ă un homme dâune intelligence telle que « ni Platon, ni lâensemble de lâAcadĂ©mie ne saurait dĂ©crire adĂ©quatement[11]. » et Anne ComnĂšne va jusquâĂ qualifier celui-ci de « treiziĂšme apĂŽtre »[12].
LâĆuvre tĂ©moigne de la vision du monde qui Ă©tait celle des Byzantins[13]. Lâempire avait mission dâassurer lâunitĂ© de lâĆkoumĂšne, ce que tenta de faire Alexis en combattant ceux qui avaient rĂ©ussi Ă le fragmenter : les Turcs ou les Coumans Ă lâEst, les Normands Ă lâOuest. En tant que reprĂ©sentant de Dieu sur terre, lâempereur ne devait pas seulement assurer lâunitĂ© politique de lâempire, mais aussi son unitĂ© religieuse. Câest pourquoi, sâil devait lutter contre les infidĂšles, il avait Ă©galement comme mission de ramener au sein de lâorthodoxie les hĂ©rĂ©tiques qui sâen Ă©taient Ă©loignĂ©s comme Jean Italus[14], Nilus[15], les manichĂ©ens[16] et les bogomiles[17]. Pour ce faire, il se devait mĂȘme de contraindre lâĂglise orthodoxe Ă sacrifier temporairement ses propres richesses pour le bien de lâempire lorsque tous les autres recours eurent Ă©tĂ© Ă©puisĂ©s[18].
Quant aux croisades qui avaient enflammĂ© lâOccident, leur concept mĂȘme Ă©tait tout Ă fait Ă©tranger Ă lâesprit byzantin. La guerre contre les Turcs devenus maitres des Ătats arabes dâOrient et fondateurs en territoire hellĂ©nique du sultanat de Roum[19] Ă©tait depuis longtemps une donnĂ©e avec laquelle il fallait composer et la dĂ©livrance de JĂ©rusalem, terre dâempire, Ă©tait une tĂąche qui appartenait Ă Byzance et non Ă lâOccident, mĂȘme si les Byzantins acceptaient volontiers lâaide dâĂ©trangers (entendre de mercenaires) dans ce combat[20]. Aussi, Anne nâa que mĂ©pris pour certains de leurs chefs comme Robert Giscard[21] et son fils, BohĂ©mond de Tarente[22], dont le but Ă©tait de dĂ©truire lâEmpire byzantin, alors quâen chrĂ©tienne convaincue elle considĂšre avec sympathie le petit peuple indisciplinĂ© et peu instruit qui dĂ©sire ardemment participer Ă la dĂ©livrance du saint SĂ©pulcre[23].
Les sources
Au fil des livres, Anne mentionne trois types de sources quâelle utilisa pour la rĂ©daction de lâAlexiade.
La premiĂšre est constituĂ©e par ses souvenirs personnels. De toute Ă©vidence, Anne avait des souvenirs prĂ©cis de la vie Ă la cour et des divers membres de la famille impĂ©riale quâelle dĂ©crit au cours des chapitres. Mais elle dĂ©clare aussi avoir maintes fois voyagĂ© avec son pĂšre et sa mĂšre lors de campagnes militaires[4]. Sa mĂšre accompagna lâempereur dĂšs 1094, soit par affection, soit que lâempereur apprĂ©hendĂąt quelque complot ; elle le fit encore plus systĂ©matiquement aprĂšs 1097 alors quâelle semblait la seule Ă pouvoir soulager les attaques de goutte qui affligeaient lâempereur ; câest probablement aussi la raison qui poussa Anne ComnĂšne Ă Ă©tudier la mĂ©decine[24].
La deuxiĂšme est constituĂ©e par les notes quâelle prit ou fit prendre lors dâentrevues avec dâanciens gĂ©nĂ©raux de son pĂšre dont certains Ă©taient devenus moines Ă leur retraite. Elle raconte par exemple comment certains dâentre eux lui dĂ©crivirent lâĂ©tat lamentable de lâempire avant lâarrivĂ©e au pouvoir dâAlexis en 1081 ; les propos dâun tĂ©moin du siĂšge de Dyrrachium la mĂȘme annĂ©e, de membres de la suite de Georges PalĂ©ologue lors de la campagne contre les PetchenĂšgues en 1091[25].
Enfin, elle a eu accĂšs aux archives impĂ©riales quâelle cite, soit de façon indirecte, en faisant prĂ©cĂ©der son texte de la phrase « Ils dirent quelque chose qui ressemblait Ă ceci[26] », soit de façon directe comme le texte de la chrysobulle de 1081 donnant les pleins pouvoirs Ă sa mĂšre ou le traitĂ© avec BohĂ©mond de 1108[27].
Attribution[N 5]
La prĂ©cision des descriptions de batailles et de campagnes militaires a conduit certains spĂ©cialistes Ă mettre en doute le fait quâAnne ComnĂšne ait Ă©tĂ© la vĂ©ritable auteure de lâAlexiade, y voyant plutĂŽt lâĆuvre de NicĂ©phore Bryenne. Dans cette perspective, le rĂŽle dâAnne ComnĂšne aurait simplement Ă©tĂ© « de complĂ©ter le matĂ©riel accumulĂ© dans les dossiers de NicĂ©phore, de combler les vides dans les principales narrations diplomatiques et militaires, ajoutant de la matiĂšre ou des commentaires de son cru et de rĂ©viser lâensemble du texte pour en amĂ©liorer la qualitĂ© littĂ©raire[28] ».
Ce jugement ne tient pas compte des dates que couvrent les deux ouvrages et qui ne coĂŻncident quâen partie. Alors que la premiĂšre date apparaissant dans celui de NicĂ©phore Bryenne est celle de 1059 et la derniĂšre de 1080, lâouvrage dâAnne commence en 1071 et sâĂ©tend jusquâĂ la mort dâAlexis en 1118. Anne ne cache pas quâelle sâest inspirĂ© de son mari et fait elle-mĂȘme rĂ©fĂ©rence Ă lâĆuvre de celui-ci dans lâAlexiade, invitant les lecteurs qui veulent plus dâinformations sur la jeunesse dâAlexis et sur NicĂ©phore BotaniatĂšs Ă consulter son Histoire[29], mais ceci ne constitue quâune partie de son ouvrage.
Le style dâAnne ComnĂšne est de plus trĂšs diffĂ©rent de celui de son mari et, mĂȘme si elle a eu accĂšs Ă ses notes, elle les a certainement reformulĂ©es Ă sa maniĂšre, en y joignant, outre ses souvenirs personnels des campagnes oĂč elle accompagnait son pĂšre, les nombreuses entrevues quâelle a eu avec son mari et dâautres gĂ©nĂ©raux dâAlexis comme Georges PalĂ©ologue[30].
LâAlexiade dans la littĂ©rature de lâĂ©poque
Anne ComnĂšne appartient Ă une pĂ©riode littĂ©raire que lâon peut dĂ©crire comme la « prĂ©-Renaissance » (on se rĂ©fĂšre alors Ă la Renaissance italienne), pĂ©riode qui fait suite Ă celle de la « Renaissance macĂ©donienne » pendant laquelle on rassemblait, copiait et structurait la culture hellĂ©nico-chrĂ©tienne de lâAntiquitĂ© tardive. Les auteurs de la « prĂ©-Renaissance » continuent Ă utiliser la tradition non seulement comme source, mais aussi comme moyen dâinterprĂ©ter la rĂ©alitĂ©. Mais ils deviennent plus personnels et sont dĂ©sireux de faire connaitre leurs expĂ©riences personnelles. Câest la gĂ©nĂ©ration de ThĂ©odore Prodromos, de Michel Italikos, de Jean TzĂ©tzĂšs et de Georges Tornikes[N 6]. Câest ainsi par exemple que si la prĂ©face de lâĆuvre est truffĂ©e dâallusions Ă HomĂšre, Sophocle, Plutarque et Polybe, elle est plus personnelle que la plupart des prĂ©faces dâĆuvres antĂ©rieures. Anne omet les protestations convenues Ă lâeffet quâelle ne peut rendre justice Ă lâimportance de son sujet pour parler plutĂŽt de sa propre enfance, de son Ă©ducation et du devoir de lâĂ©crivain de dire toute la vĂ©ritĂ© quelles que soient ses attaches personnelles au sujet[31].
Les personnages
Tel que mentionnĂ© plus haut, fidĂšle Ă la tradition, Anne ComnĂšne lâest dâabord par le choix du titre de son Ćuvre. Si lâAlexiade rappelle HomĂšre et son Iliade, le rĂŽle donnĂ© Ă lâempereur Alexis Ă©voque plutĂŽt Ulysse et lâOdyssĂ©e. En ce sens, lâAlexiade qui ne relate jamais les faiblesses de lâempereur mais porte aux nues ses qualitĂ©s et ses exploits relĂšve jusquâĂ un certain point moins de lâhistoire que de lâĂ©popĂ©e[32].
Ainsi, les rĂ©fĂ©rences Ă des personnages de lâantiquitĂ©[33] ainsi que les citations dâauteurs grecs[34] abondent et dĂšs le premier paragraphe de la PrĂ©face, le lecteur se trouve confrontĂ© Ă une citation de Sophocle : « De lâobscuritĂ© il fait naitre toute chose et enveloppe tout ce qui est nĂ© dans la nuit »[35]. La mĂȘme prĂ©face se termine du reste par une autre citation : « Jâaurai deux raisons pour pleurer en tant que femme qui dans lâinfortune se rappelle une autre infortune »[36].
LâAlexiade sâavĂšre ainsi ĂȘtre une sorte dâĂ©popĂ©e en prose dans laquelle les hĂ©ros sont parĂ©s de toutes les vertus, les mauvais de tous les vices[37].
Alexis, le hĂ©ros par excellence de cette nouvelle Iliade, est un gĂ©nĂ©ral victorieux qui doit faire face Ă une multitude dâennemis : les Scythes au nord, les Francs Ă lâouest, les IsmaĂ©lites Ă lâest et les pirates sur la mer[38]. Il arrive toutefois Ă se sortir des situations les plus difficiles[39] ou Ă concevoir des plans originaux pour sâassurer la victoire[40].
Non content de commander brillamment son armĂ©e, il nâhĂ©site pas Ă payer de sa personne et Ă combattre seul le champion couman qui lâavait dĂ©fiĂ© dans une lutte qui nâest pas sans rappeler lâĂ©pisode biblique de David contre Goliath et qui dĂ©montrait « quâavant dâĂȘtre un gĂ©nĂ©ral, il Ă©tait avant tout un soldat[41]".
Et bien quâAnne prĂ©tende sâen tenir aux faits et ne cacher aucune erreur Ă©ventuelle de son pĂšre[42], elle tente pourtant de justifier des gestes qui, Ă lâĂ©poque, furent jugĂ©s rĂ©prĂ©hensibles, comme la spoliation des biens dâĂglise Ă laquelle il dut se rĂ©soudre pour sauver lâempire des mains de Robert Guiscard dâun cĂŽtĂ©, des Turcs de lâautre. Elle insiste dâailleurs sur le fait quâil ne se rĂ©solut Ă un tel expĂ©dient quâaprĂšs que les membres de sa propre famille ont fait don de leurs bijoux et mĂȘme de leur fortune personnelle[18] et quâil rendit ces biens Ă leurs lĂ©gitimes propriĂ©taires dĂšs que la chose lui fut possible, promettant de ne plus avoir recours Ă de tels moyens et y ajoutant mĂȘme de nombreux dons[43]. Son respect pour la religion est du reste dĂ©montrĂ© par les luttes quâil mĂšnera tout au long de son rĂšgne contre les hĂ©rĂ©sies, celle de Jean Italus[14], des pauliciens[44], des manichĂ©ens[45], de Nilus[46] et des bogomiles[47]. Elle explique Ă©galement en dĂ©tail les raisons qui ont forcĂ© Alexis Ă ne pas venir en aide aux croisĂ©s aprĂšs la prise dâAntioche[48].
GĂ©nĂ©reux avec ses ennemis dans la guerre (sa façon de traiter BohĂ©mond[49] ou le sultan Saisan[50]), il sâoccupe comme un pĂšre de ses soldats et lorsque lâun dâeux disparait, de sa veuve et de ses enfants pour lesquels il a crĂ©Ă© lâOrphelinat de Constantinople[51].
Et alors quâelle nâa manifestement que mĂ©pris pour la duplicitĂ© avec laquelle BohĂ©mond sâempare dâAntioche[52], elle trouve fort ingĂ©nieuse celle avec laquelle Alexis amĂšne le moine hĂ©rĂ©tique Basile Ă confesser sa foi bogomile[53].
Quant Ă NicĂ©phore Bryenne, lâĂ©poux dâAnne quâelle appelle gĂ©nĂ©ralement « son cĂ©sar » : « CâĂ©tait un homme qui dĂ©passait tous ses contemporains par sa beautĂ©, son intelligence supĂ©rieure et lâĂ©lĂ©gance de son langage. Le voir ou lâĂ©couter Ă©tait un pur plaisir [âŠ] La grĂące de ses traits et la beautĂ© de son visage auraient convenu non seulement Ă un roi comme le dit le proverbe, mais mĂȘme Ă quelquâun de plus puissant, vĂ©ritablement, Ă un dieu[54]. »
Il en va de mĂȘme du patriarche Cosmas qui conseillera Ă lâempereur BotaniatĂšs dâabdiquer pour le bien du peuple et acceptera de couronner Alexis : « Le patriarche de lâĂ©poque [Cosmas] Ă©tait vĂ©ritablement un homme saint et pauvre, pratiquant toutes les facettes de l'ascĂ©tisme Ă l'image des pĂšres dâautrefois qui vivaient dans les dĂ©serts ou sur les montagnes. Il Ă©tait Ă©galement dotĂ© du don de prophĂ©tie et avait Ă diverses reprises prĂ©dit diffĂ©rentes choses qui sâĂ©taient toutes rĂ©alisĂ©es ; en un mot, il Ă©tait un modĂšle pouvant servir dâexemple Ă la postĂ©ritĂ©[55]. »
Les femmes qui complÚtent le panthéon des ComnÚnes sont également des parangons de vertu.
La « mĂšre des ComnĂšnes » Ă©tait Anne DalassĂšne, dont la politique matrimoniale permit dâunir les ComnĂšnes Ă toutes les grandes familles de lâempire. Tout comme son mari, Alexis, elle voue Ă celle-ci une admiration sans borne : « Car ma grand-mĂšre Ă©tait dâune telle sagesse et adresse Ă diriger un Ătat et Ă y faire rĂ©gner lâordre quâelle aurait pu non seulement administrer lâEmpire romain, mais tout autre pays sur lequel se lĂšve le soleil. CâĂ©tait une femme dâexpĂ©rience qui connaissait la nature des choses, comment commençait chaque chose, les questions quâil fallait poser Ă leur sujet, quelles forces Ă©taient destructrices les unes les autres et lesquelles, au contraire, pouvaient se renforcer mutuellement. Elle tenait Ă noter ce qui devait ĂȘtre fait et le faisait avec intelligence. Et non seulement jouissait-elle dâune telle acuitĂ© intellectuelle, mais la force de son discours correspondait Ă celle de son intelligence, car elle Ă©tait un orateur-nĂ©, sans se laisser aller au verbiage ou Ă faire des discours sans fin. Et, toujours consciente de son sujet, elle savait comment lâintroduire habilement pour le terminer adroitement[56]. »
DâIrĂšne Doukas, sa mĂšre, Anne ComnĂšne Ă©crit : « Elle Ă©tait comme une jeune plante qui sâĂ©panouit ; ses membres et son visage Ă©taient dâune symĂ©trie parfaite, large lĂ oĂč il le fallait et Ă©troit de mĂȘme. Elle Ă©tait si agrĂ©able Ă regarder et Ă entendre que les yeux et les oreilles semblaient ne jamais en avoir assez de sa prĂ©sence [...] Quâune telle personne ait jamais existĂ© telle que dĂ©crite par les poĂštes et les Ă©crivains du passĂ©, je ne sais ; mais je ne peux que rĂ©pĂ©ter ce que jâai souvent entendu dire dâelle Ă savoir que quiconque prĂ©tendrait que lâimpĂ©ratrice ressemblait Ă une AthĂ©na qui aurait revĂȘtu une forme mortelle ou quâelle Ă©tait descendu du ciel avec une grĂące cĂ©leste et une splendeur inouĂŻe ne serait pas loin de la vĂ©ritĂ©[57]. »
De Marie dâAlanie, Ă©pouse de Michel VII avant dâĂ©pouser NicĂ©phore BotaniatĂšs, et qui adopta Alexis en 1078 pour en faire le frĂšre et protecteur de son fils Constantin, Anne ComnĂšne ne trace quâun portrait physique : « Elle Ă©tait aussi svelte de stature quâun cyprĂšs ; sa peau Ă©tait aussi blanche que neige et quoique sa figure nâait pas Ă©tĂ© parfaitement ronde, son teint Ă©tait exactement celui dâune fleur du printemps ou dâune rose. Et quel mortel pourrait rendre justice au rayonnement de ses yeux ? Ses sourcils Ă©taient bien dĂ©finis dâun rouge dorĂ© alors que ses yeux Ă©taient bleus. De nombreux peintres ont rĂ©ussi Ă capturer les couleurs des diverses fleurs que nous apportent les saisons, mais la beautĂ© de cette reine, la grĂące qui en rayonnait et le charme de ses maniĂšres dĂ©passaient toute description et toute forme dâart[58]. »
Fait quelque peu surprenant, mĂȘme le portrait quâelle trace de certains vilains reconnait leur beautĂ© physique et leur force de caractĂšre. Comme si, Ă lâinstar encore une fois des Ă©popĂ©es dâHomĂšre, il fallait aux hĂ©ros des ennemis dignes dâeux[59]. De plus, leur charme physique nâen souligne que davantage la turpitude de leur caractĂšre. Ainsi, elle dira de Robert Guiscard : « Ce Robert Ă©tait dâascendant normand, dâorigine incertaine, de caractĂšre tyrannique, de tempĂ©rament rusĂ©, brave dans lâaction, trĂšs astucieux Ă attaquer les richesses et le pouvoir des grands, nâhĂ©sitant devant rien pour atteindre son but et ne reculant devant aucun obstacle pour y parvenir. [âŠ] AprĂšs avoir quittĂ© son foyer, il erra sur les collines, dans les grottes de Lombardie en tant que chef dâune bande de pilleurs, attaquant les voyageurs pour sâapproprier leurs chevaux de mĂȘme que leurs possessions et leurs armes. De telle sorte que les premiĂšres annĂ©es de sa vie furent marquĂ©es par le sang versĂ© et de nombreux meurtres[60]. »
Son fils, BohĂ©mond de Tarente, ne vaut guĂšre mieux : « De ces deux, pĂšre et fils, on peut vraiment dire quâils Ă©taient comme chenilles et sauterelles ; car ce qui Ă©chappait Ă Robert, son fils BohĂ©mond sâen emparait immĂ©diatement pour le dĂ©vorer[61]. »
Le pape de lâĂ©poque, (GrĂ©goire VII), qui a bĂ©ni la croisade et sâest alliĂ© avec BohĂ©mond, fait Ă©galement partie des vilains : « Les gestes de ce suprĂȘme pontife ! Non, de celui qui prĂ©tendait ĂȘtre le prĂ©sident du monde entier, comme lâaffirment et le croient les Latins [âŠ] Ce pape par consĂ©quent, en faisant preuve dâune telle insolence Ă lâendroit des ambassadeurs et les renvoyant vers leur roi dans lâĂ©tat que jâai mentionnĂ©, provoqua une trĂšs grande guerre[61]. »
Les chefs francs de la croisade sont pour leur part dĂ©crits comme vaniteux, cupides, inconstants, incapables dâobĂ©ir Ă un seul chef pour le bien de tous et de reconnaitre la bonne volontĂ© et la sagesse dâAlexis qui connaissait bien Ă la fois son empire ainsi que les dangers humains (les Turcs) et gĂ©ographiques (terres arides de Cappadoce) que devaient affronter les croisĂ©s[62]. Leurs maniĂšres sont frustes et ils ne peuvent faire montre de simple politesse[63].
Exactitude historique
Dans la prĂ©face et au livre XV, Anne souligne que mĂȘme si elle nâa quâadmiration pour son pĂšre, elle nâhĂ©sitera pas Ă le critiquer lorsque nĂ©cessaire et que son livre ne cache aucune vĂ©ritĂ© historique[64].
Dans les faits toutefois, elle Ă©vitera toute critique et sâemploiera plutĂŽt Ă justifier certaines des actions dâAlexis qui avaient Ă©tĂ© jugĂ©es sĂ©vĂšrement par une partie de la population, telle la responsabilitĂ© dâAlexis dans le sac de Constantinople par ses troupes en 1081[65], sa nationalisation de biens ecclĂ©siastiques[43] ou le fait quâil nâait pas continuĂ© sa reconquĂȘte de lâAnatolie sur les Turcs en 1116[66].
De la mĂȘme façon, certaines louanges semblent exagĂ©rĂ©es. Ainsi, si Alexis remit les pleins pouvoirs Ă sa mĂšre, Anne DalassĂšne, au dĂ©but de son rĂšgne, lâadmiration dâAlexis pour sa mĂšre et lâautoritĂ© de celle-ci, aux dires dâun autre historien de lâĂ©poque, Zonaras, nâĂ©taient sans doute pas aussi grandes quâAnne ComnĂšne le prĂ©tend et son dĂ©part pour le couvent aurait Ă©tĂ© une sorte de disgrĂące[67].
Certaines autres affirmations, considĂ©rĂ©es comme des erreurs aujourdâhui, Ă©taient cependant fortement rĂ©pandues dans lâopinion gĂ©nĂ©rale de lâĂ©poque, comme le fait que le concile de ChalcĂ©doine aurait donnĂ© Ă lâĂglise de Constantinople primautĂ© sur lâĂglise de Rome, plutĂŽt que la paritĂ©[61]. Dâautres constituent simplement des exagĂ©rations destinĂ©es Ă produire un certain effet ; câest ainsi que si Alexis avait effectivement exterminĂ© les Scythes en tant que peuple lors de sa campagne de 1091, ceux-ci nâauraient pu offrir de vĂ©ritable rĂ©sistance par la suite[68].
On peut Ă©galement regretter le flou qui entoure la chronologie des Ă©vĂšnements. Ainsi, Anne mentionne Ă quatre reprises aux livres V et VI le retour dâAlexis Ă Constantinople comme sâil sâĂ©tait agi de quatre Ă©vĂšnements diffĂ©rents ne donnant de date que la quatriĂšme fois[69]. Le procĂšs de Basile le Bogomile se serait tenu aux environs de 1117 alors quâil a eu lieu vers 1105[10]. Ceci peut toutefois sâexpliquer par la volontĂ© de ne pas interrompre le rĂ©cit des guerres dâAlexis et de repousser tous les autres Ă©vĂšnements Ă la fin du livre[70]
Enfin, certaines erreurs proviennent probablement du fait quâelle nâa pas eu accĂšs lors de la rĂ©daction Ă toutes les sources souhaitables ou quâelle nâait pas vĂ©rifiĂ© certains faits douteux. Câest ainsi quâelle prĂ©sume que le nom employĂ© pour dĂ©signer les Bleus lors des courses de chariots et qui se prononçait « vĂ©neton » faisait allusion Ă la ville de Venise et affirme que la ville de Phillipopolis avait Ă©tĂ© fondĂ©e par lâempereur Philippe lâArabe alors quâelle remontait Ă Philippe II de MacĂ©doine[71] - [N 7].
Le style
Contrairement au style simple et direct de son mari qui rappelle XĂ©nophon, celui dâAnne ComnĂšne, nourrie dâhistoriens comme Thucydide et Polybe, ou dâorateurs comme Isocrate et DĂ©mosthĂšne, se veut une imitation de la langue grecque attique, cumulant les mots obscurs et les anciens proverbes. Son style est toutefois moins difficile Ă comprendre que celui de Psellos, mĂȘme sâil nâest pas aussi correct. Ă la rigueur et Ă la correction de la langue, elle prĂ©fĂšre souvent lâampleur du style et la dĂ©monstration de son Ă©rudition[59].
Cette affectation la conduit par exemple Ă sâexcuser auprĂšs de ses lecteurs lorsquâelle donne les noms des chefs ou des peuples « barbares » quâils viennent de lâouest ou du nord, lesquels « dĂ©forment la noblesse et le sujet de lâHistoire[72] ». Et si elle se permet une telle licence, câest uniquement parce que HomĂšre avant elle sâen est Ă©galement prĂ©valu[73]. Câest ainsi quâelle ne se rĂ©sout pratiquement jamais Ă appeler les PetchenĂšgues par leur nom, prĂ©fĂ©rant se rĂ©fĂ©rer aux « Scythes », aux « Daces » ou aux « Sarmates » ; les Turcs deviennent les « Perses » et les Normands, les « Celtes ». De la mĂȘme façon, elle prĂ©fĂšre parler du « Babylonien » pour ne pas utiliser le terme « sultan du Caire »[74]. Et cette mĂȘme affectation la fait rĂ©guliĂšrement dĂ©laisser le terme de Constantinople pour celui de « Reine des citĂ©s », ou utiliser lâancien nom « Orestias » pour dĂ©signer Dyrrachium.
Contrairement Ă dâautres biographes de son Ă©poque, Anne ComnĂšne attache une importance particuliĂšre aux portraits de ses personnages dont la description physique prĂ©cĂšde ou suit de prĂšs celle de leur caractĂšre moral[75]. On en voudra comme exemple le portrait quâelle trace de son pĂšre au Livre III, chap. 3. « De stature moyenne, tout en lui inspirait lâharmonie et il Ă©manait de sa prestance une telle force de persuasion quâelle entrainait lâadhĂ©sion de ses interlocuteurs ». Chez Robert Guiscard par contre, lui aussi dotĂ© dâun physique impressionnant, ses yeux qui jetaient des Ă©clairs et sa voix de stentor qui « faisait fuir des milliers », donnent lâimpression dâune force indomptable au service dâune ambition sans borne[76]. Il en va de mĂȘme pour les femmes et Anne nous a laissĂ© de remarquables portraits de lâimpĂ©ratrice-mĂšre, Anne DalassĂšne[77] et de lâimpĂ©ratrice IrĂšne[78].
En dĂ©pit toutefois de son style amphigourique, il faut reconnaitre les talents de conteuse que possĂ©dait Anne ComnĂšne. Et si les nombreuses digressions qui Ă©maillent son texte[79] ralentissent considĂ©rablement le rĂ©cit, elles font la joie des historiens dâaujourdâhui qui y trouvent une foule dâinformations sur la vie politique, Ă©conomique et sociale de cette Ă©poque, faisant de ces mĂ©moires « lâun des plus Ă©minents ouvrages de lâhistoriographie grecque du Moyen Ăge[80] et lâune des sources les plus importantes pour la premiĂšre croisade, permettant de comparer les points de vue occidentaux et orientaux[81] - [N 8].
Anne ComnĂšne devient ainsi la deuxiĂšme historienne en importance de cette pĂ©riode aprĂšs Michel Psellos, la premiĂšre historienne issue de la famille impĂ©riale (si on excepte Constantin VII) et la seule historienne fĂ©minine de lâhistoire de Byzance[82].
Notes et références
Notes
- Pour les titres et fonctions, voir lâarticle « Glossaire des titres et fonctions dans l'Empire byzantin »
- Les rĂ©fĂ©rences correspondent au texte dans la traduction faite par Elizabeth A.S. Dawes, elle-mĂȘme basĂ©e sur lâĂ©dition Teubner de 1884. Elle indique en caractĂšres romains le livre, suivi en caractĂšres latins du chapitre et, lorsque le chapitre est long, le paragraphe ou la ligne. On trouvera le texte complet de cette traduction sous le titre Medieval Sourcebook, Anna Comnena: The Alexiad : Complete Text Ă lâadresse URL http://www.fordham.edu/halsall/basis/AnnaComnena-Alexiad00.asp.
- Sur la tentative dâAnne ComnĂšne et dâAnne DalassĂšne dâusurper le pouvoir Ă la mort dâAlexis, voir Hill, Barbara, « Actions Speak Louder Than Words, Anne Komneneâs Attempted Usurpation » dans Gouma-Peterson (2000), pp. 45 â 59.
- Divisions proposées par Herrin (2007) p. 234.
- Voir à ce sujet Macrides, « The Pen and the Sword : Who Wrote the Alexiad? » dans Gouma-Peterson (2000), pp. 63 à 83.)
- Voir à ce sujet Magdalino, Paul, « The Pen of the Aunt: Echoes of the Mid-Twelfth Century in the Alexiad » dans Gouma-Peterson (2000), pp. 15 à 44.
- Pour cet aspect, se référer à Treadgold (2013), pp. 380-384.
- Voir à ce sujet Ljubarskij, Jakovm, « Why is Alexiad a Masterpiece of Byzantine Litterature? » dans Gouma-Peterson (2000), pp. 169-186.)
Références
- Gouma-Peterson (2000), p. 15.
- Alexiade, préface, 3.
- Treadgold (2013), p. 360-361.
- Alexiade, XIV, 7.
- Gouma-Peterson (2000), p. 15 ; Treadgold (2013), p. 362.
- Alexiade, Préface, para 1.
- Alexiade, préface, para 3.
- Alexiade, préface, para 5.
- Gouma-Peterson (2000), p. 7 ; Herrin (2008), p,234.
- Alexiade, XV, 8.
- Alexiade, X, 2, para 1.
- Alexiade, XIV, 8, para 5.
- Voir à ce sujet Obolensky (1971), chap. IX, « Factors in cultural diffusion ».
- Alexiade, V, 8 et 9.
- Alexiade, X, 1 et 2.
- Alexiade, XIV, 8 et 9.
- Alexiade, XV, 8 Ă 10.
- Alexiade, V, 2.
- Bréhier (1969), p. 241.
- Ostrogorsky (1977), p. 382.
- Alexiade, III, 9 ; IV, 1 Ă 3.
- Alexiade XI, 5 et 6.
- Alexiade, X, 5 et 6 ; Gouma-Peterson (2000), p. 7-8.
- Alexiade XV, 11 â consultation avec les mĂ©decins qui soignaient son pĂšre ; auprĂšs de lâempereur mourant.
- Alexiade III, 9 ; IV, 5 ; IX,1.
- Alexiade, II, 8 ; VIII, 7.
- Alexiade III, 6-7 â la chrysobulle ; XIII, 12 â le traitĂ©.
- Howard Johnson (1996), p. 296 ; notre traduction.
- Alexiade, Préface, 3 ; Livre II, 1.
- Treadgold (2013), p. 374 ; Alexiade, préface, 2 ; XIV,7 ; XV, 3.
- Treadgold (2013), p. 367.
- Gouma-Peterson (2000), pp. 6 et 7.
- Quelques exemples : Oreste et Pilade, livre II, 1 ; Appelles et Phidias, sculpteurs grecs renommĂ©s, la Gorgone, personnage de la mythologie, Livre III, 2 ; PolyclĂšte, autre sculpteur de renom, livre III, 3 ; Platon et Proclus, Porphyre et Iamblichus, Aristote, Livre VI, 9 ; Ninus, roi dâAssyrie [Livre XIV, 2]
- Quelques exemples tirĂ©s du seul livre I : « Voyagez lentement » Euripide (livre I, 2) ; « qui ne cessait de marcher Ă tĂątons dans lâobscuritĂ© » [Aristophane, Clouds 192], livre I, 7) ; « son Ă©pĂ©e se brisa en trois ou quatre morceaux » [Iliade 3 :363], Livre I, 8) ; "Ceci fut le troisiĂšme âTravailâ rĂ©alisĂ© par le grand Alexis avant quâil ne devienne empereur et il peut en toute justice ĂȘtre qualifiĂ© de deuxiĂšme (Livre I, 9) ; HomĂšre dit dâAchille que lorsquâil criait sa voix donnait lâimpression Ă ses auditeurs dâune foule rugissante.(Alexiade Livre I, 10) ; « toutefois, je retiendrai mes pleurs et mon Ă©poux pour des endroits qui conviennent mieux ," [DĂ©mosthĂšne 234,14] » (Livre I, 11) ; « Ils donnaient libre cours Ă leur langue dĂ©bridĂ©e [HomĂšre] (Livre XIV, 4)
- Sophocle, Ajax, 646.
- Euripide, Hecuba, 518.
- Gouma-Peterson (2000), p. 8.
- Alexiade, livre XIV, 7.
- La traversée de la riviÚre Vardar, Alexiade, I, 7.
- Placer son armĂ©e de façon que lâennemi ait le soleil dans les yeux, Alexiade, VIII, 1.
- Alexiade, livre X, 4.
- Alexiade, XIV, 7, 2e para.
- Alexiade, VI, 3.
- Alexiade, VI, 2.
- Alexiade, VI, 4 et 5.
- Alexiade, X, 1.
- Alexiade, XV, 8 et sq.
- Alexiade, XI, 5.
- Alexiade, XIII, 10 et sq.
- Alexiade, XV, 6.
- Alexiade, XV, 7.
- Alexiade, livre XI, 4.
- Alexiade, livre XV, 8.
- Alexiade, Préface, 3 et 4.
- Alexiade, II, 12.
- Alexiade, III, 7, para 5.
- Alexiade, III, 3.
- Alexiade, III, 2.
- Treadgold (2013), p. 378.
- Alexiade, I, 10 et 11
- Alexiade, I, 13.
- Alexiade, X et XI ; voir en particulier le message pompeux envoyĂ©s par Hughes de Vermandois Ă lâempereur avant son dĂ©part de France sur la façon dont lâempereur devait lâaccueillir Ă son arrivĂ©e [Livre X, 7] ou le refus des comtes de Flandres de suivre lâitinĂ©raire proposĂ© par lâempereur [Livre XI, 8]
- Voir par exemple Livre XIV, 4, 3e para.
- Alexiade, préface, 2 ; XIV, 7. et XV, 3.
- Alexiade, préface, 2. ; XIV.7.
- Alexiade, XV,3.
- Zonaras, Epitome, XVIII, 24. 8-11.
- Alexiade. Comparer lâaffirmation en VI, 11 avec XII, 8, XIII, 6. et XV, 6.
- Alexiade, V,7. ; VI,1. et VI,8 (date).
- Voir Treadgold (2013), pp. 370-371.
- Alexiade, IV, 2 (Venise) ; XIV, 8. (Phillipopolis).
- Alexiade, X, 8 ; VI, 14.
- Alexiade, VI.14 ; X.8 ; XIII, 6.
- Alexiade, XI, 1.
- Gouma-Peterson (2000), p. 9.
- Alexiade, I, 10 et 11.
- Alexiade III, 7.
- Alexiade, III, 3, para. 2.
- Voir par exemple sa description du bĂ©lier qui servit Ă abattre les murs de Dyrrachium [Alexiade, XIII, 3], son explication de la doctrine manichĂ©enne [Alexiade, XIV, 8, para 3.] ou comment lâempereur Alexis utilise une Ă©clipse solaire pour terrifier les Scythes [Alexiade, VII, 2.]
- Krumbacher (1897), p. 276.
- Vasiliev (1952), p. 490.
- Treadgold (2013), p. 354.
Bibliographie
Sources primaires
Textes dâAnne ComnĂšne :
- (en) Medieval Sourcebook : Alexiad â complete text, translated Elizabeth A. Dawes. Fordham University. [en ligne] http://legacy.fordham.edu/halsall/basis/AnnaComnena-Alexiad.asp. (Remarque : la traduction a Ă©tĂ© faite Ă partir de lâĂ©dition Aug. Reifferscheid de 1884.)
- (en) Anna Comnena. The Alexiad.[on line] https://en.wikisource.org/wiki/The_Alexiad.
- (fr) Anne ComnĂšne. Istoire [sic] de lâempereur Alexis. Traduction par M. Cousin. Paris 1685. [en ligne] http://remacle.org/bloodwolf/historiens/comnene/table.htm. (Remarque : il sâagit probablement de la seule traduction française en ligne. Toutefois elle est trĂšs incomplĂšte et peu fiable).
- (fr) Anne ComnĂšne. LâAlexiade. Paris, Les Belles Lettres, 2006. (ISBN 978-2-251-32219-3).
Textes de Nicéphore Bryenne :
- Nicephoras Bryennios. âMaterials for a History.â Traduction Henri GrĂ©goire. Byzantion 23 (1953) : 469-530 ; and Byzantion 25-27 (1955-57) : 881-925
- Nicephoras Bryennios. â Histoireâ Traduit par Paul Gautier. Corpus Fontium Historiae Byzantinae, Vol. IX. Brussels : 1975.
Sources secondaires
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- Angold, Michael. The Byzantine Empire 1025-1204. 2nd ed. London ; New York : Longman, 1997.
- Brand, Charles M. "Anna Comnena : Woman and Historian." Byzantine Studies Conference. Abstracts of Papers 21 (1995) : 13.
- Bréhier, Louis. Vie et mort de Byzance. Paris, Albin Michel, 1946 et 1969.
- Buckler, Georgina. Anna Comnena : A Study. London, Oxford University Press,1929. (Un ouvrage de reference qui tente de traiter de tous les aspects du travail dâAnne ComnĂšne.)
- Dalven, Rae. Anna Comnena. New York : Twayne Publishers, 1972. [Anne ComnĂšne comme historienne]
- Dyck, Andrew. "Iliad and Alexiad : Anna Comnena's Homeric Reminiscences." Greek, Roman and Byzantine Studies 27 (1986) : 113-20.
- Frankopan, Peter. âPerception and Projections of Prejudice : Anna Comnena, the Alexiad and the Frist Crusadeâ in Gendering the Crusades, ed. Susan B. Edgington and Sarah Lamber. New York, Columbia University Press, 2002.
- Gouma-Petersen, Thalia. "Engendered Category or Recognizable Life : Anna Komnene and her Alexiad." Byzantinische Forschungen 23 (1996) : 25-34.
- Harris, Jonathan. Byzantium and The Crusades. London, Hambledom Continuum, 2003. (ISBN 1 85285 501 0).
- Herrin, Judith. Byzantium, The Surprising Life of a Medieval Empire. Princeton, University of Princeton Press, 2007. (ISBN 978-0-691-13151-1).
- Herrin, Judith. Women in purple, Rulers of Medieval Byzantium. Princeton and Oxford, Princeton University Press, 2001. (ISBN 0-691-11780-2).
- Howard-Johnson, James. "Anna Komnene and the Alexiad." In Alexios I Komnenos. Edited by Margaret Mullet and Dion Smythe. Belfast Byzantine Texts and Translations. Vol. I. 260-301. Belfast : Belfast Byzantine Enterprises, School of Greek and Latin, The Queen's University of Belfast, 1996. [Article dans lequel cet historien cherche Ă montrer quâAnne ComnĂšne ne pouvait ĂȘtre lâauteure de lâAlexiade et en attribue la paternitĂ© Ă son mari.]
- Krumbacher, K. Geschichte der byzantinischen Litteratur von Justinian bis zum Ende des oströmisches Reiches (527-1453). Munich, 1891, 2nd ed. 1897.
- Leib, Bernard. "Aperçus sur l'époque des premiers ComnÚnes : Le rÎle des femmes, Alexis I ComnÚne, Anne ComnÚne. " Collectanea byzantina 1-64. Orientalia Christiana Analecta 204. Rome : Pontificium Institutum Orientalium Studiorum, 1977.
- Macrides, Ruth. "The Pen and the Sword : Who Wrote the Alexiad?" In Anna Komnene and Her Times. Edited by Thalia Gouma-Petersen. 63-82. New York : Garland, 2000. [RĂ©ponse Ă la thĂšse de Howard-Johnson]
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- Ostrogorsky, Georges. Histoire de lâĂtat byzantin. Paris, Payot, 1956 et 1977 (pour nos citations). (ISBN 2-228-07061-0).
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- Skoulatos, Basile. Les personnages byzantins de l'Alexiade : analyse prosopographique et synthÚse. Louvain-la-Neuve : Bureau du recueil, CollÚge Erasme ; Louvain : Nauwelaerts, 1980. (Titre de la série : Recueil de travaux d'histoire et de philologie / Université de Louvain ; 6e sér., fasc. 20, Recueil de travaux d'histoire et de philologie ; 6e sér., fasc. 20.)
- Treadgold, Warren. The Middle Byzantine Historians. London, Pallgrave Macmillan, 2013. (ISBN 978-1-137-28085-5).
- Tuilier, AndrĂ©, "Byzance et la fĂ©odalitĂ© occidentale : les vertus guerriĂšres des premiers croisĂ©s dâaprĂšs lâAlexiade dâAnne ComnĂšne." dans La Guerre et la paix : frontiĂšres et violences au Moyen Ăge. Actes du 101e CongrĂšs national des sociĂ©tĂ©s savantes, Lille, 1976, Section de philologie et d'histoire jusqu'Ă 1610. 35-50. Paris : BibliothĂšque nationale, 1978.
- Vasiliev, A.A. History of the Byzantine Empire, Madison (Wisconsin), The University of Wisconsin Press, 1952, 2 vol. (ISBN 0-299-80925-0) et 0-299-80926-9.
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- L'Alexiade â Texte grec, traduction latine, Ă©ditĂ© par Migne, 1864 (PG 131).
- L'Alexiade sur le site de L'Antiquité grecque et latine, de Philippe Remacle, Philippe Renault, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia, Thierry Vebr, Caroline Carrat.