Littérature byzantine
La littĂ©rature byzantine peut ĂȘtre dĂ©finie comme lâensemble des ouvrages Ă©crits en grec mĂ©diĂ©val dans lâEmpire romain dâOrient, entre 330 et 1453 ap. J.-C. BasĂ©e sur lâhĂ©ritage politique de Rome, elle fut influencĂ©e tant par les hĂ©ritages grec et chrĂ©tien que par le contexte culturel du Proche-Orient. On peut y distinguer cinq grandes pĂ©riodes : celle de la tradition antique (IVe -dĂ©but du VIIe siĂšcle) qui fut suivie dâune pĂ©riode dâabsence relative (VIIe â VIIIe siĂšcle) ; un renouveau aux IXe et Xe siĂšcles fut suivi dâune pĂ©riode que lâon a appelĂ©e « prĂ©-Renaissance » (XIeâââXIIIe siĂšcle) et dâune pĂ©riode finale (XIIIe et XVe siĂšcles).
Plusieurs classifications ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour les genres littĂ©raires qui la composĂšrent. Nous retiendrons ici la rhĂ©torique, lâhistoire, lâhagiographie, les rĂ©cits apocryphes, le roman, les encyclopĂ©distes et essayistes ainsi que la poĂ©sie[N 1]. Longtemps dĂ©daignĂ©e comme « sous-produit » de la culture grecque antique[N 2], la littĂ©rature byzantine est de nos jours Ă©tudiĂ©e en elle-mĂȘme et permet, dans ses multiples facettes, de mieux comprendre lâoriginalitĂ© de la civilisation byzantine et des peuples qui gravitaient autour dâelle.
Contexte historique
Le concept de « littĂ©rature » nâexistait pas Ă Byzance, ce qui sâen rapprochait le plus Ă©tait celui de « logoi », incluant lâensemble des textes « Ă©crits avec style », quâils soient de nature juridique, historique, rhĂ©torique, romanesque, hagiographique, etc[1]. Elle se prĂȘte dĂšs lors mal Ă une classification prĂ©cise, que ce soit en termes de temps (grandes pĂ©riodes historiques) ou de genres. De plus, Ă une Ă©poque oĂč les livres Ă©taient rares et chers, cette littĂ©rature Ă©tait davantage faite pour ĂȘtre dĂ©clamĂ©e que pour ĂȘtre lue. La « publication » dâun livre consistait souvent en sa lecture publique dans divers cercles de lettrĂ©s, dâoĂč lâimportance primordiale de la rhĂ©torique ou art de faire de beaux discours et des genres qui y Ă©taient rattachĂ©e. De plus, les rĂšgles strictes quâimposait la rhĂ©torique, que ce soit quant au fond ou Ă la forme, rendaient moins nette quâelle ne lâest aujourdâhui la distinction entre prose et poĂ©sie[2].
La société byzantine
Contrairement aux mĆurs existant en Occident Ă la mĂȘme Ă©poque, lâinstruction Ă©tait trĂšs rĂ©pandue Ă Byzance et il Ă©tait possible Ă des gens de condition modeste de faire donner une bonne Ă©ducation Ă leurs enfants, clĂ© dâune carriĂšre bien rĂ©munĂ©rĂ©e dans lâadministration ou lâarmĂ©e. Ce fut le cas par exemple de Michel Psellos (1018 â aprĂšs 1081), fils dâun modeste fonctionnaire, qui pendant ses Ă©tudes fit la connaissance de puissants personnages et, aprĂšs ĂȘtre devenu juge Ă Philadelphie, fut nommĂ© « consul des philosophes » et professeur de philosophie Ă lâuniversitĂ© restaurĂ©e de Constantinople. Historien, philosophe, essayiste et auteur dâune impressionnante correspondance, il fit aussi partie de tous les gouvernements qui se sont succĂ©dĂ© de Constantin IX (1042-1055) Ă Michel VII Doukas (pouvoir effectif 1071-1078)[3].
Tous les lettrĂ©s nâeurent cependant pas la mĂȘme chance que Psellos et la plupart dâentre eux ne pouvaient survivre sans les secours financiers de protecteurs et de mĂ©cĂšnes, nombreux dans les hautes classes de la sociĂ©tĂ©, particuliĂšrement au sein de la famille impĂ©riale et de son entourage[4]. On comprend dĂšs lors lâimportance des genres destinĂ©s Ă ĂȘtre dĂ©clamĂ©s en public faisant lâapologie de hauts personnages et de mĂ©cĂšnes, comme les epitaphioi (ÎÏÎčÏÎŹÏÎżÏ Î»ÏγοÏ) ou oraisons funĂšbres et les epithalama (ÎÏÎčÎžÎ±Î»ÎŹÎŒÎčÎżÏ Î»ÏγοÏ) ou eulogies de mariage[5].
Les influences extérieures
On a dĂ©fini la littĂ©rature byzantine comme « la littĂ©rature dâAlexandrie transportĂ©e Ă Byzance[6]». Lâinfluence grecque ne fut donc pas celle de la civilisation attique, mais celle de la civilisation hellĂ©niste telle quâon la retrouvait Ă Alexandrie, orientĂ©e Ă la fois vers AthĂšnes et vers JĂ©rusalem, composĂ©e de deux courants, l'un intellectuel et acadĂ©mique (Lucien, Achilles Tatius, HĂ©liodore) et l'autre romantique et populaire (ThĂ©ocrite, Callimaque de CyrĂšne, Quintus de Smyrne). Ces deux courants se retrouvĂšrent Ă Byzance. Le courant intellectuel fut toutefois le plus important, renforcĂ© par un mouvement reprĂ©sentĂ© par des rhĂ©teurs comme Denys d'Halicarnasse, qui prĂŽnait le retour aux canons classiques des orateurs attiques. Le rĂ©sultat fut une littĂ©rature qui sacrifiait volontiers le fonds Ă la forme, qui recherchait le beau langage que lâon retrouvait chez les auteurs anciens et une pensĂ©e incapable de sâexprimer simplement[7]. DâoĂč Ă©galement son caractĂšre didactique qui ne sâadressait quâĂ un cercle rĂ©duit de lecteurs capables de comprendre des allusions classiques et bibliques et dâapprĂ©cier les figures de styles souvent hermĂ©tiques[8].
InfluencĂ©e par la culture grecque, la civilisation byzantine demeura Ă©galement marquĂ©e par lâhĂ©ritage reçu de l'Empire romain. En dĂ©coulait le cadre du gouvernement, de la justice, de la bureaucratie et de lâarmĂ©e mĂȘme aprĂšs que le grec eĂ»t remplacĂ© le latin comme langue de lâadministration sous HĂ©raclius (575-641). Que ce soit en grec ou en latin, les Byzantins continueront de considĂ©rer leur empire comme la ÎαÏÎčλΔία Ïáż¶Îœ ῏ÏÎŒÎ±ÎŻÏÎœ (Empire des Romains) et Constantinople, la capitale, comme la « Nouvelle Rome ».
La troisiĂšme influence fut celle du christianisme. Ville oĂč avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e la version grecque de la Bible, celle des Septante, vers 272 av. J.-C., Alexandrie avait Ă©tĂ© celle oĂč philosophie grecque et religion juive sâĂ©taient cĂŽtoyĂ©es et oĂč le nĂ©oplatonisme de Plotin et de Porphyre de Tyr avait fait son apparition. AprĂšs la conversion au christianisme, Alexandrie fut non seulement la ville dâOrigĂšne et dâArius, mais aussi des PĂšres grecs de lâĂglise qui laissĂšrent derriĂšre eux une abondante littĂ©rature. Câest de lâĂgypte antique que vint le concept de lâascĂ©tisme individuel qui devait donner naissance au monachisme byzantin. Au terme de la lente progression qui fera du christianisme la religion dâĂtat, la figure de lâempereur romain divinisĂ© se transformera en celle de lâempereur reprĂ©sentant de Dieu sur terre dâoĂč naĂźtra le cĂ©saro-papisme. Lâinfluence chrĂ©tienne se reflĂ©tera Ă la fois dans la littĂ©rature destinĂ©e aux classes supĂ©rieures par les Ă©crits des PĂšres de l'Ăglise et dans la littĂ©rature populaire dans laquelle abonderont les rĂ©cits de vies de saints et de leurs miracles telles les lĂ©gendes qui se crĂ©eront autour de Constantin le Grand et de sa mĂšre, HĂ©lĂšne[9].
La derniĂšre influence est celle de lâOrient, en particulier de l'Asie Mineure. GĂ©nĂ©ral dâarmĂ©e (imperator) Ă Rome, voilant son omnipotence sous le titre ambigu dâ« Auguste », qui avait une connotation davantage religieuse que politique, lâempereur se transformera progressivement en monarque oriental et prendra le titre dâautokrator. Encore plus que sur le plan politique, lâAsie Mineure exercera une influence sur la religion. LâĂgypte ptolĂ©maĂŻque et la Syrie sĂ©leucide seront les berceaux de lâĂglise grecque orientale et Antioche jouera un rĂŽle considĂ©rable dans le dĂ©veloppement de la littĂ©rature religieuse sous la conduite de Jean Chrysostome et de ses disciples[10].
La langue : la koinĂš
La nĂ©cessitĂ© pour les armĂ©es multiethniques dâAlexandre le Grand de se comprendre entre elles favorisa la propagation dâune langue commune, appelĂ©e koinĂš (ÎșÎżÎœÎź ÎŽÎčΏλΔÎșÏÎżÏ ou « langage commun ») qui rĂ©conciliait les anciens dialectes ionien, dorien, Ă©olien et attique. Câest cette langue, grammaticalement fixĂ©e, enseignĂ©e dans les Ă©coles, qui devint la langue de lâadministration et du commerce dans lâempire des successeurs dâAlexandre. Câest aussi cette langue quâadopta la littĂ©rature, alors que se dĂ©veloppĂšrent, suivant les rĂ©gions, des dialectes qui composĂšrent bientĂŽt la langue parlĂ©e. Ă la longue, la langue littĂ©raire ne sera comprise que par les seuls lettrĂ©s, lesquels utilisaient du reste une langue diffĂ©rente dans la conversation quotidienne[11]. La koinĂš reprĂ©sentait ainsi un idĂ©al linguistique rigide, aux structures grammaticales complexes, au vocabulaire brillant mais opaque[12]. Ceci correspondait Ă la notion que lâon se faisait de la littĂ©rature comme quelque chose qui devait ĂȘtre Ă©tudiĂ©e et qui ne pouvait ĂȘtre apprĂ©ciĂ©e quâavec effort[13].
Les choses changĂšrent au VIIe siĂšcle, pĂ©riode trouble oĂč on assiste au dĂ©clin des villes et avec elles de lâĂ©ducation et de lâutilisation de la langue et du style classiques. La koinĂš finira par admettre des termes Ă©trangers, latins, arabes, armĂ©niens, etc. Au XIe siĂšcle, Psellos (1018-1078), ardent dĂ©fenseur de la puretĂ© de la langue et de la correction de lâorthographe, utilise des tournures grammaticales qui ne sont plus toujours celles de la koinĂš et subit parfois lâinfluence de la langue populaire. Avec la renaissance culturelle du XIIe siĂšcle, se dĂ©veloppent de nouveaux genres comme le roman dâaventures ou amoureux qui sâadresse davantage aux classes populaire. Lâinvasion latine des pays grecs lors de la croisade de 1204 conduisit Ă lâapparition des premiers ouvrages en langue populaire qui coexistĂšrent avec ceux que lâon continue dâĂ©crire en langue savante[14].
Les différentes périodes
On divise gĂ©nĂ©ralement lâĂ©volution de la littĂ©rature byzantine en cinq grandes pĂ©riodes.
Le christianisme transforme les traditions antiques (du IIIe siĂšcle au VIe siĂšcle)
Lorsque fut fondĂ©e Constantinople, plusieurs genres quâavait connus la littĂ©rature grecque traditionnelle, comme le drame ou la poĂ©sie lyrique, avaient disparu depuis longtemps ; nait alors sous lâinfluence des PĂšres de lâĂglise grecque une littĂ©rature chrĂ©tienne qui tente dâĂ©tablir une synthĂšse entre pensĂ©e chrĂ©tienne et pensĂ©e hellĂ©nistique. Elle sâexprime dans une langue dĂ©jĂ fort Ă©loignĂ©e de celle utilisĂ©e dans la vie quotidienne, hĂ©ritage du systĂšme dâĂ©ducation grec dont la rhĂ©torique Ă©tait le principal sujet dâĂ©tudes[8]. Les mesures prises par lâempereur Justinien (483-565) contre les paĂŻens (fermeture de lâAcadĂ©mie de Platon Ă AthĂšnes, derniĂšre grande universitĂ© paĂŻenne, interdiction dâadorer les dieux paĂŻens en Anatolie), sa persĂ©cution des Juifs, sa lutte contre les hĂ©rĂ©tiques (monophysisme, affaire des Trois Chapitres), en mĂȘme temps quâelles prĂ©cipitĂšrent lâextinction du paganisme, conduisirent Ă un net ralentissement de la production littĂ©raire et Ă un affaiblissement de lâenseignement de la jurisprudence introduite dans cette partie du monde par Constantin le Grand[15].
Câest donc une pĂ©riode dâintense crĂ©ation littĂ©raire chrĂ©tienne en langue grecque certes, mais aussi en latin (Ammien Marcellin, Claudien) et en syriaque (Romain le MĂ©lode). Le but principal des grands Ă©crivains de lâĂ©poque comme Jean Chrysostome, le pseudo-Dionysos lâArĂ©opagite ou Procope de CĂ©sarĂ©e, est de proposer une nouvelle vision du monde et de lâhomme tout en utilisant les formes littĂ©raires hĂ©ritĂ©es du passĂ©. Lâhagiographie se dĂ©veloppe de mĂȘme que les rĂ©cits de miracles placĂ©s soit dans un contexte nouveau, celui du dĂ©sert (apophtegmes des pĂšres du dĂ©sert), soit dans le milieu urbain traditionnel mais dont on rejette les valeurs (SimĂ©on dâĂmĂšse)[1].
Quelques auteurs
Trois PĂšres de lâĂglise, originaires de Cappadoce, se distinguent durant cette pĂ©riode. Ce « nouveau mouvement dâAlexandrie » dĂ©fend la doctrine orthodoxe contre les Ariens ainsi que la place de la raison dans lâĂ©tude des questions religieuses[16] :
- Basile de Césarée (ou Basile le Grand), né à Césarée vers 329, mort en 379. Il développa le concept de la Trinité se basant sur la similitude de nature entre le PÚre et le Fils. Remarquable organisateur, il rédigea une rÚgle encourageant le rÎle économique et social des moines[17].
- Grégoire de Nysse, frÚre de Basile le Grand, né entre 335 et 340, mort aprÚs 394. Théologien, il participa aux querelles avec les Ariens. TrÚs intéressé par les questions scientifiques, il aborde souvent des sujets physiques, physiologiques ou médicaux[18].
- GrĂ©goire de Nazianze (ou GrĂ©goire le ThĂ©ologien), nĂ© en 329/330, mort en 390. Dâabord moine, il fut ensuite patriarche de Constantinople. Auteur prolifique, il Ă©crivit 354 Ă©pigrammes, nombre de lettres et sermons dans lesquels il se rĂ©vĂšle un ardent partisan de lâorthodoxie nicĂ©enne. Il reçut le titre de « ThĂ©ologien » au concile de ChalcĂ©doine pour son rĂŽle dans les conflits dogmatiques de lâĂ©poque[19].
Parmi les Ă©crivains de lâĂ©poque, on compte Ă©galement :
- Jean Chrysostome. Issu dâune excellente famille ayant reçu une Ă©ducation poussĂ©e, il fut dâabord moine avant de sâĂ©tablir Ă Constantinople oĂč il fut impliquĂ© dans les querelles contre le pouvoir grandissant des Goths ariens. Grand prĂ©dicateur, ces homĂ©lies remplissent prĂšs de 2000 manuscrits. Il y met lâaccent sur lâinterprĂ©tation littĂ©rale des Ă©critures, refusant les interprĂ©tations allĂ©goriques[20].
- EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e. NĂ© vers 260, mort en 339/340. A vĂ©cu la fin des persĂ©cutions et est devenu Ă©vĂȘque de CĂ©sarĂ©e dĂšs la promulgation de lâ « Ă©dit de tolĂ©rance ». Il fut Ă la fois thĂ©ologien (trĂšs prĂšs des Ariens) et historien, Ă©crivant une Histoire de lâĂglise quâil rĂ©visa plusieurs fois pour la conformer Ă la situation politique de lâĂ©poque ainsi quâune Vie de Constantin[21].
- Socrate de Constantinople, nĂ© vers 380, mort aprĂšs 439. Historien ecclĂ©siastique. Son Histoire de lâĂglise reprend celle dâEusĂšbe de CĂ©sarĂ©e et couvre la pĂ©riode 305-439 en sept volumes, chacun consacrĂ© Ă la vie dâun empereur[22].
- Athanase dâAlexandrie, nĂ© en 295, mort en 373, thĂ©ologien et philosophe. Son Ćuvre principale est une rĂ©futation de lâarianisme en quatre volumes. Il Ă©crivit Ă©galement une Vie de saint Antoine qui contribua Ă lâexpansion du monachisme[23].
- Palladios (dâHĂ©lĂ©nopolis), nĂ© en 363 ou 364, mort vers 340. EcclĂ©siastique et Ă©crivain, il fut dâabord Ă©vĂȘque dâHĂ©lĂ©nopolis avant dâĂȘtre dĂ©posĂ© en raison de son appui Ă Jean Chrysostome. Il fut par la suite Ă©vĂȘque dâAspuna. Il est lâauteur de lâHistoire lausiaque, dĂ©crivant le dĂ©veloppement du monachisme Ă©gyptien. On lui doit aussi les Dialogues sur la vie de saint Jean Chrysostome et un TraitĂ© sur les peuples de lâInde et les brahmanes[24].
- Priscus (historien) de Thrace, nĂ© entre 410 et 420, mort aprĂšs 472. Diplomate et Ă©crivain, il prit part Ă une ambassade en 449 qui se rendit chez les Huns. Il fut lâune des principales sources sur Attila et les Huns pour les auteurs du VIe siĂšcle[25].
- Zosime, nĂ© vers 460, mort Ă une date inconnue. Fonctionnaire du TrĂ©sor impĂ©rial. Un des derniers historiens paĂŻens, il Ă©crivit une Nouvelle Histoire qui va jusquâau siĂšge de Rome par Alaric Ier[26].
- Amien Marcellin, nĂ© vers 330, mort vers 395. Quoique dâorigine grecque syrienne, il fut lâun des derniers historiens paĂŻens et aussi lâun des derniers Ă utiliser le latin. Son Ćuvre principale, Res gestae, continue lâHistoire de Tacite et va de 96 Ă 378 ap. J.-C.[27].
Le rĂšgne de Justinien marqua la fin de cette pĂ©riode dâintense activitĂ©. Lâempereur lui-mĂȘme composa de nombreux hymnes et Ă©crits dogmatiques. Il encouragea plusieurs historiens comme Procope de CĂ©sarĂ©e (voir sous « Histoire ») qui relatĂšrent ses expĂ©ditions.
- Pierre le Patrice, nĂ© vers 500, mort vers 500-565. Avocat et diplomate originaire dâIllyrie, on lui doit une Histoire de lâEmpire romain qui va de la mort de Jules CĂ©sar en 44 Ă la mort de Constance II en 361 ainsi quâune histoire de la fonction de magister officiorum Ă partir de sa crĂ©ation sous Constantin le Grand jusquâĂ Justinien, dĂ©crivant entre autres les diverses cĂ©rĂ©monies impĂ©riales qui seront reprises par Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte dans son De Ceremoniis[28].
- Agathias (dit Le Scholastique), nĂ© vers 532, mort vers 580. Originaire dâAsie mineure, il fut dâabord fonctionnaire Ă Smyrne avant de devenir un avocat renommĂ© Ă Constantinople. Il est lâauteur de courts poĂšmes et Ă©pigrammes, mais est surtout connu pour son Histoire de Justinien qui continue lâĆuvre de Procope de CĂ©sarĂ©e et retrace les activitĂ©s de lâempereur de 552 Ă 558[29].
- Jean dâĂphĂšse (aussi appelĂ© Jean dâAsie ou Jean dâAmida), nĂ© vers 507, mort aprĂšs 585. ĂvĂȘque monophysite et Ă©crivain religieux de langue syriaque, il est lâauteur des Vies des bienheureux orientaux, ensemble de 58 brĂšves biographies de moines et d'ascĂštes de MĂ©sopotamie, ainsi que dâune Histoire ecclĂ©siastique couvrant la pĂ©riode allant de Jules CĂ©sar Ă 585 interrompue sans doute par son dĂ©cĂšs[30].
- Agathias de Myrina. NĂ© vers 530, mort entre 582 et 594. Avocat, poĂšte et historien.
PĂ©riode sombre (VIIe et VIIIe siĂšcles)
SuccĂšde Ă cette riche pĂ©riode, une autre relativement sombre oĂč seuls quelques thĂ©ologiens demeurent actifs (Maxime le Confesseur et Germanos I Ă Constantinople, Jean DamascĂšne en Syrie). Câest une Ă©poque troublĂ©e tant sur le plan intĂ©rieur (succession de plusieurs empereurs) quâextĂ©rieur (invasions), oĂč la vie urbaine et lâĂ©ducation dĂ©clinent et avec elles lâutilisation de la langue et du style classiques. Câest aussi la pĂ©riode de lâiconoclasme oĂč de nombreuses Ćuvres artistiques et littĂ©raires sont dĂ©truites[1] - [15]. La plupart des Ă©crivains de la dynastie dâHĂ©raclius viennent des provinces dâOrient dont certaines sont dĂ©jĂ sous contrĂŽle musulman. Au sein de lâempire, câest la pĂ©riode de lâiconoclasme qui produisit une littĂ©rature religieuse abondante, mais dont seuls nous sont parvenus les textes des auteurs opposĂ©s Ă ce mouvement. La pĂ©riode produisit peu de vĂ©ritables historiens, mais plusieurs chroniqueurs qui nous permettent de bien comprendre la pĂ©riode.
Quelques auteurs
- Georges de Pisidie. Voir sous « Poésie profane ».
- Jean dâAntioche (chroniqueur). On semble confondre sous ce nom deux auteurs, lâun ayant vĂ©cu au VIIe siĂšcle qui a Ă©crit une Histoire du monde allant dâAdam Ă 610, lâautre ayant vĂ©cu au Xe siĂšcle. Il est pratiquement impossible de dĂ©partager les textes appartenant Ă lâun et Ă lâautre[31].
- Maxime le Confesseur, nĂ© 580, mort en 662, moine et thĂ©ologien. Il fut asekretis (secrĂ©taire impĂ©rial) Ă la cour dâHĂ©raclius. Il dĂ©fendit lâorthodoxie lors de la querelle du monothĂ©lisme et fut accusĂ© par Constance II de trahison. Auteur religieux prolifique, influencĂ© par les « PĂšres de Cappadoce » (voir ci-haut), il fut le vĂ©ritable crĂ©ateur du mysticisme byzantin[32].
- Sophrone de Jérusalem. Voir sous « Hagiographie ».
- AndrĂ© de CrĂšte (hymnographe), nĂ© vers 660, mort vraisemblablement en 740. Natif de Damas, il vĂ©cut en Syrie et en Palestine aprĂšs la conquĂȘte par les Arabes avant de devenir Ă©vĂȘque de CrĂšte. Il composa de nombreux hymnes religieux dont le Grand Canon, encore lu dans les Ă©glises orthodoxes durant le carĂȘme. Il est considĂ©rĂ© comme le crĂ©ateur de ce genre qui remplaça le kontakion (voir sous « PoĂ©sie religieuse »)[33].
- NicĂ©phore Ier de Constantinople, nĂ© vers 758, mort en 828, thĂ©ologien et historien. Il Ă©crivit plusieurs livres pour dĂ©fendre les icĂŽnes. Son Historia Syntomos (Breviarum) dĂ©crit les Ă©vĂšnements de 602 Ă 769 ; son Chronographikon constitue une liste des souverains depuis la crĂ©ation du monde jusquâen 829[34].
Renouveau littéraire (IXe et Xe siÚcles)
Sur le plan littĂ©raire, ce que lâon a appelĂ© la « renaissance macĂ©donienne » se distingue moins par sa crĂ©ativitĂ© que par sa volontĂ© de rassembler, de copier et de structurer la culture hellĂ©nico-chrĂ©tienne de lâantiquitĂ© tardive. Ă cette fin, on compila et on structura ce qui sâĂ©tait dĂ©jĂ fait. Ce fut lâĂ©poque des manuels, que ce soit de la hiĂ©rarchie bureaucratique (taktika), de la stratĂ©gie ou des tactiques militaires (strategika), du droit romain (basilika) ou des rĂšgles Ă suivre par les corporations de la capitale (Le livre de lâĂ©parque). Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte et sa cour donnĂšrent le ton avec des traitĂ©s comme le De thematibus, le De administrando imperio et le De ceremoniis[35].
Le IXe siĂšcle fut dominĂ© par des moines et des ecclĂ©siastiques comme ThĂ©ophane le Confesseur, ThĂ©odore le Studite et Georges Hamartolos. Ils furent remplacĂ©s au siĂšcle suivant par des fonctionnaires civils et ecclĂ©siastiques qui assemblĂšrent et publiĂšrent les textes des vieux maĂźtres comme Platon, HomĂšre et Aristote. Aux hĂ©ros excentriques des siĂšcles prĂ©cĂ©dents sâajoutent des personnages plus rĂ©els comme Philaretos le gĂ©nĂ©reux, riche aristocrate qui donna presque toute sa fortune aux pauvres ou des moines et religieuses se soumettant avec obĂ©issance Ă la discipline monastique comme ThĂ©odora de Thessalonique ou IrĂšne de Chrysobalanton.
La seule vĂ©ritable nouveautĂ© est le remplacement de lâĂ©criture onciale, basĂ©e sur la majuscule et lâancienne cursive romaine utilisĂ©e du IIIe au VIIIe siĂšcle par la minuscule caroline. Toutefois, la langue populaire demeura proscrite et de nombreuses vies de saints furent rĂ©Ă©crites dans un langage aussi archaĂŻsant que pompeux[1] - [8].
Quelques auteurs
- Constantin Céphalas (dates de naissance et de décÚs inconnues), compilateur, ayant travaillé à l'anthologie grecque.
- Georges le Syncelle (date de naissance inconnue, mort aprĂšs 810), ecclĂ©siastique et chroniqueur byzantin. Moine, il fut appelĂ© Ă servir de syncelle (secrĂ©taire privĂ©) au patriarche Taraise de Constantinople. Au dĂ©cĂšs de celui-ci il se retira dans un monastĂšre oĂč il Ă©crivit son Extrait de Chronographie (Ekloge chronographias), qui embrasse des Ă©vĂ©nements du monde depuis Adam et Ăve jusqu'au dĂ©but du rĂšgne de DioclĂ©tien[36].
- Théophane le Confesseur. Voir sous « Histoire ».
- Georges le Moine (ou Georges HarmatÎlos) (dates de naissance et de mort inconnues), chroniqueur. Il a laissé une chronique universelle en quatre livres, racontant l'histoire du monde depuis la Création jusqu'en l'an 842, centrée principalement sur les évÚnements religieux[37].
- Jean DamascÚne. Voir sous « Poésie religieuse ».
- Théodore le Studite. Voir sous « Poésie religieuse ».
- Cassienne de Constantinople, nĂ©e entre 800 et 810, morte entre 843 et 867. Elle fut pressentie comme Ă©pouse possible de lâempereur ThĂ©ophile qui lui prĂ©fĂ©ra ThĂ©odora. Devenue religieuse, elle fonda un couvent Ă Constantinople et composa (ou fit composer) de nombreux hymnes liturgiques[38].
- Photius. Voir sous « Rhétorique ».
- Jean VII le Grammairien, nĂ© Ă la fin du VIIIe s., mort aprĂšs 867. Originaire de Constantinople, il fut dâabord iconodoule avant de se faire iconoclaste. Il fut choisi par lâempereur LĂ©on V pour compiler un florilĂšge de textes devant servir Ă condamner le culte des images lors du concile de Constantinople en 815 et est surtout connu comme un orateur de renom. Il fut dĂ©posĂ© lors du retour des images[39].
- Léon VI le Sage, né en 866, mort en 912, empereur et élÚve de Photius. Il écrivit de nombreux sermons, hymnes liturgiques et autres. Il protégea et encouragea les gens de lettres, si bien que « le palais impérial se transformait de temps à autre en une nouvelle académie ou lycée[40].
- Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte, nĂ© en 905, mort en 959. Empereur, il fut le centre dâune intense activitĂ© littĂ©raire Ă laquelle il participa personnellement en composant des Ćuvres historiques, politiques et hagiographiques comme le De administrando imperii, le De Ceremonis, le De Thematibus et la Vita Basilii[41].
- Souda (?). On ne connait pas lâidentitĂ© de lâauteur ou des auteurs que recouvre ce nom. Le Lexicon, dit « de Souda », fut composĂ© possiblement Ă la fin du IXe siĂšcle et fut remaniĂ© Ă de nombreuses reprises dans les siĂšcles qui suivirent. Il comprenait environ 30 000 entrĂ©es et constituait une « compilation de compilations » (Lemerle) reprĂ©sentant le savoir universel de lâĂ©poque[42].
- ArĂ©thas de CĂ©sarĂ©e, nĂ© vers 860, mort en 893, prĂ©lat considĂ©rĂ© comme lâun des plus grands philologues et humanistes byzantins, auteur de Commentaires sur lâApocalypse basĂ©s sur AndrĂ© de CĂ©sarĂ©e, de Notes sur Platon, Lucien et EusĂšbe ainsi que dâune abondante correspondance sur les questions politiques et religieuses de son temps[43].
- Nicholas Ier Mystikos, nĂ© en 852, mort en 924, patriarche de Constantinople. Il a laissĂ© 150 lettres qui sont une excellente source de renseignements sur lâhistoire et les relations ecclĂ©siastiques entre Byzance et le sud de lâItalie, avec la Bulgarie et la rĂ©gion du Caucase, ainsi que divers ouvrages canoniques[44].
- LĂ©on le Diacre, nĂ© en 950, mort vers 992, historien. Son Histoire couvre la pĂ©riode de 959 Ă 976 (expĂ©ditions de Basile II contre les Bulgares et guerres de Sviatoslav de la Rousâ contre les Grecs[45].
- Jean GéomÚtre (ou Jean KyriotÚs). Voir sous « Poésie profane »
La Pré-Renaissance (XIe et XIIe siÚcles)
Dans cette pĂ©riode se fait jour une rĂ©action contre lâencyclopĂ©disme de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente. Un nouveau type dâĂ©crivain Ă©merge qui nâest ni moine, ni fonctionnaire, mais plutĂŽt un intellectuel, voire un poĂšte professionnel, conscient de son talent et dĂ©sireux de faire connaitre son expĂ©rience personnelle dans des romans dâaventure ou dâamour oĂč les personnages ne sont plus des caractĂšres extrĂȘmes, mais peuvent allier en eux les qualitĂ©s du hĂ©ros et les dĂ©fauts de lâanti-hĂ©ros (Psellos, NicĂ©tas Choniates). Toutefois, la tradition demeure utilisĂ©e non seulement comme source, mais aussi comme moyen dâinterprĂ©ter la rĂ©alitĂ© (Eusthate de Thessalonique).
La langue vernaculaire fait une timide entrĂ©e en littĂ©rature de mĂȘme quâun certain humour, alors que des genres plus sĂ©rieux comme lâhagiographie sont abandonnĂ©s au profit de la satire.
Quelques auteurs
- Christophe de MytilĂšne, nĂ© vers 1000, mort aprĂšs 1050, haut fonctionnaire et poĂšte, qui a laissĂ© une collection de 150 poĂšmes, souvent satiriques, sur divers sujets : lâaraignĂ©e, les maris trompĂ©s, les pseudo-intellectuels. Il a Ă©galement rĂ©digĂ© quatre calendriers de saints commĂ©morant tous les saints et les fĂȘtes de la liturgie orthodoxe[46].
- Anne ComnÚne. Voir sous « Histoire ».
- Michel Psellos. Voir sous « Rhétorique ».
- Michel AttaleiatÚs, né vers 1022, mort aprÚs 1085, haut fonctionnaire (juge) et historien. Son Histoire, couvrant la période 1034 à 1079/1080, oppose la gloire de la Rome antique au déclin politique et militaire de Byzance en son temps. Il a aussi laissé un traité de loi, court et de style simple, visant à rendre celle-ci accessible à tous[47].
- NicĂ©phore Bryenne (1062-1137), nĂ© vers 1064, mort vers 1136, militaire et historien. Fils du gĂ©nĂ©ral du mĂȘme nom et Ă©poux dâAnne ComnĂšne, il a laissĂ© un ouvrage inachevĂ©, MatĂ©riel pour une Histoire, sorte de chronique des grandes familles de son temps, expliquant en style simple la montĂ©e de la famille ComnĂšne (1070-1079)[48].
- Jean Cinnamus, nĂ© vers 1143, mort aprĂšs 1185, secrĂ©taire impĂ©rial et historien. Il Ă©crivit une Histoire couvrant les rĂšgnes de Jean II et Manuel ComnĂšne (1118-1176) qui est une continuation de lâĆuvre dâAnne ComnĂšne[49].
- Michel ChoniatĂšs et NicĂ©tas ChoniatĂšs, dits Acominati, deux frĂšres originaires de Chonae en Asie mineure. Michel (vers 1140-1220) fut Ă©vĂȘque dâAthĂšnes. Il a laissĂ© une vaste sĂ©lection de sermons, discours, poĂšmes et lettres dans lesquelles il dĂ©plore la pauvretĂ© intellectuelle dâAthĂšnes Ă son Ă©poque. NicĂ©tas (vers 1155-1215/1216) fut haut fonctionnaire et historien. Il a Ă©crit une Histoire de lâEmpire romain dâOrient qui va du rĂšgne de Manuel Ă la prise de Constantinople par les croisĂ©s[50].
- Eustathe de Thessalonique. Voir sous « Hagiographie ».
- ThĂ©ophylacte d'Ohrid, nĂ© vers 1050, mort aprĂšs 1126, archevĂȘque dâAcrida (Ohrid) en Bulgarie, alors sous contrĂŽle byzantin. Dâabord tuteur du jeune Constantin Doukas, il rĂ©digea vers 1085 un Miroir des Princes traçant le portrait de lâempereur idĂ©al. Il fut ensuite nommĂ© archevĂȘque dâOhrid oĂč il se consacra pendant vingt ans Ă Ă©duquer ses fidĂšles dont il dĂ©plorait la rudesse. Il rĂ©digea Ă©galement de nombreux commentaires sur les Ăcritures Ă lâintention de ses fidĂšles[51].
- Jean TzétzÚs. Voir sous « Hagiographie ».
- Théodore Prodrome. Voir sous « Pamphlets et satires ».
- Constantin StilbĂšs, actif Ă la fin du XIIe et au dĂ©but du XIIIe siĂšcles, prĂ©lat (mĂ©tropolite de Cyzique), rhĂ©toricien et poĂšte. Son Ćuvre comprend des discours dont un panĂ©gyrique de lâempereur Isaac II lâAnge et un MĂ©moire contre lâĂglise latine, contenant Ă la fois des griefs de nature thĂ©ologique et des protestations contre les forfaits des croisĂ©s lors de la prise de Constantinople[52].
De lâoccupation latine Ă lâoccupation turque (XIIIe et XVe siĂšcles)
La pĂ©riode qui va de la prise de Constantinople par les CroisĂ©s (1204) Ă celle de la conquĂȘte par les Turcs (1453) est une pĂ©riode de dĂ©couragement : on ne croit plus en lâassistance divine pour assurer la victoire de lâorthodoxie sur les barbares. Il naĂźt alors une conception tragique de lâhistoire (Laonicos Chalcondyle) dans laquelle le hĂ©ros peut ĂȘtre dĂ©fait (Jean VI CantacuzĂšne).
Par ailleurs, les contacts avec lâOccident se font plus nombreux. Avec la crĂ©ation des Ătats latins apparaĂźt une littĂ©rature chevaleresque que racontent des chroniques comme la Chronique de MorĂ©e ou la Chronique de Tocco. Certains Ă©crivains, surtout ceux qui ont acceptĂ© le catholicisme romain, commencent Ă traduire les auteurs latins en grec. Dâautres, comme PlĂ©thon ou Bessarion, Ă©migrent en Italie oĂč ils reçoivent un accueil chaleureux dâhellĂšnophiles comme le Calabrais Barlaam et enseignent le grec tout en encourageant les traductions des anciens auteurs en latin.
Convaincus de leur supĂ©rioritĂ© intellectuelle sur lâavance militaire et Ă©conomique de lâOccident, ils tiennent davantage au langage archaĂŻsant des classiques. Ă lâopposĂ©, la langue vernaculaire, qui avait fait son apparition Ă la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente, sâaffirme, bien quâencore timidement, dans des romances poĂ©tiques ou dans lâhagiographie qui connaĂźt une nouvelle popularitĂ©[15].
Quelques auteurs
- NicĂ©phore BlemmydĂšs, nĂ© en 1197, mort vers 1269, thĂ©ologien et philosophe. Dâabord directeur de lâĂ©cole impĂ©riale de NicĂ©e, il se fait moine et, grĂące Ă sa vaste Ă©rudition, dĂ©fend Ă©nergiquement la position orthodoxe au cours des dĂ©bats avec les Latins, Ă©crivant dans ce but nombre de traitĂ©s thĂ©ologiques. il est aussi lâauteur dâun manuel de philosophie aristotĂ©licienne, de deux autobiographies, dâun manuel de gĂ©ographie et dâun traitĂ© politique, la Statue impĂ©riale (ÎČαÏÎčλÎčÎșÏÏ ÎŹÎœÎŽÏÎčÎŹÏ) qui trace le portrait de lâempereur parfait[53].
- ThĂ©odore II Lascaris, nĂ© en 1221, mort en 1258, empereur byzantin Ă NicĂ©e. Grand intellectuel, il fut fortement influencĂ© par NicĂ©phore BlemmydĂšs qui Ă©crivit pour lui la Statue impĂ©riale. Il Ă©crivit plusieurs traitĂ©s sur des sujets philosophiques et religieux ainsi que des piĂšces de rhĂ©torique comme lâenkomion (louange) pour la ville de NicĂ©e. Son abondante correspondance dĂ©montre ses vastes connaissances des sciences naturelles et des mathĂ©matiques[54].
- Georges Acropolite, nĂ© en 1217, mort en 1282, historien, diplomate et haut fonctionnaire de Jean VatatzĂšs. Sa Chronique est une continuation de lâouvrage de NicĂ©tas ChoniatĂšs et trace lâhistoire de lâempire depuis la prise de Constantinople par les Latins jusquâĂ la reprise de la capitale par Michel VIII. Ambassadeur auprĂšs de GrĂ©goire X au deuxiĂšme concile de Lyon, il composa deux traitĂ©s sur la procession du saint Esprit[55].
- Nicolas MĂ©saritĂšs, nĂ© vers 1163, mort aprĂšs 1214, ecclĂ©siastique et Ă©crivain. Il appartient Ă lâĂ©cole qui veut dĂ©finir de nouveaux critĂšres esthĂ©tiques. Il est lâauteur dâune ekphrasis (description) de lâĂ©glise des Saints-ApĂŽtres oĂč Ă©taient inhumĂ©s les empereurs byzantins et qui fut dĂ©truite par les Turcs en 1453[56].
- Jean Apokaukos, nĂ© vers 1155, mort en 1233, ecclĂ©siastique et thĂ©ologien. Il joua un rĂŽle important dans les luttes dâinfluence entre les Ăglises du despotat dâĂpire et le patriarcat ĆcumĂ©nique rĂ©fugiĂ© Ă NicĂ©e. Son abondante correspondance nous fait dĂ©couvrir lâhistoire sociale et juridique de cette pĂ©riode[57].
- Maxime Planude, né vers 1260, mort en 1305, philologue et grammairien, célÚbre pour la nouvelle édition qu'il donna de l'Anthologie grecque, il est, avec Thomas Magistros, Démétrios Triclinios, Manuel Moschopoulos, Théodora Raoulaina et Jean ZaridÚs, l'un des grands savants de l'époque d'Andronic II.
- Gémiste Pléthon. Voir sous « Rhétorique ».
- Jean VI CantacuzÚne, né vers 1295, mort en 1383, empereur byzantin. AprÚs son abdication en 1354, Jean CantacuzÚne se fit moine au couvent Saint-Georges-des-Manganes. Il consacre la fin de sa vie à la rédaction de ses Mémoires couvrant la période 1320 à 1356[58].
- Georges PachymÚre. Voir sous « Histoire ».
- Nicéphore Calliste Xanthopoulos, né avant 1256, mort vers 1335, moine et historien. Il est surtout connu pour son Histoire ecclésiastique dont nous ne possédons que les livres allant de la naissance du Christ au VIIe siÚcle[59]
- NicĂ©phore GrĂ©goras, nĂ© vers 1290, mort en 1360, historien, philosophe, savant et humaniste. AprĂšs des annĂ©es dâenseignement, il participa activement aux querelles entourant lâhĂ©sychasme. Esprit universel, il Ă©crivit sur pratiquement tous les sujets de son temps. Son Ćuvre la plus importante est son Histoire romaine, couvrant la pĂ©riode allant de 1204 Ă 1359. Sa Correspondance comprend 161 lettres adressĂ©es Ă des contemporains Ă©minents[60].
- Georges SphrantzÚs. Voir sous « Histoire ».
- (PrĂ©nom inconnu) Doukas, nĂ© vers 1400, mort aprĂšs 1462, historien. Il a Ă©crit une Histoire de lâEmpire dâOrient qui va de 1341 (avĂšnement de Jean V) Ă 1462 (conquĂȘte de Lesbos par les Turcs) dans laquelle il insiste sur lâimmoralitĂ© du sultan Mehmet II, voit la chute de Constantinople comme une punition divine et appuie lâunion avec Rome[61].
- Laonicos Chalcondyle (ou Chalcocondyles), nĂ© vers 1423, mort vers 1490, historien. Il a Ă©crit une Histoire en dix volumes qui couvre la pĂ©riode de 1298 Ă 1463 dans laquelle il sâattarde moins sur la dynastie des PalĂ©ologues que sur les Ottomans et leurs souverains[62].
La question de lâunion des Ăglises dâOrient et dâOccident ainsi que celle de lâhĂ©sychasme produisirent, sous les PalĂ©ologues, une intense activitĂ© littĂ©raire. Seuls les Ă©crivains les plus reprĂ©sentatifs sont mentionnĂ©s ci-aprĂšs.
- DĂ©mĂ©trios Kydones, nĂ© vers 1320, mort vers 1397, thĂ©ologien, traducteur et haut fonctionnaire, il fut partisan de la rĂ©conciliation avec Rome. Il traduisit en grec bon nombre dâauteurs latins comme saint Augustin et saint Thomas. Il est lâauteur de six textes rhĂ©toriques et polĂ©miques appelĂ©s Apologies, de discours dâexhortation aux Byzantins pour quâils sâunissent contre les Turcs et dâune abondante correspondance avec des personnalitĂ©s Ă©minentes de son temps[63].
- Basilius Bessarion (ou Jean Bessarion), nĂ© en 1403, mort en 1472, patriarche latin de Constantinople et cardinal. Dâabord higoumĂšne du monastĂšre Saint-Basile, il accompagna Jean VIII au concile de Florence. DĂ©fendant dâabord la position grecque, il Ă©volua et finit par plaider la rĂ©conciliation des deux Ăglises. Converti au catholicisme, il fut fait cardinal par EugĂšne IV. Ses Ă©crits firent revivre en Italie le gout de la philosophie platonicienne[64].
- GrĂ©goire Palamas, nĂ© en 1296, mort en 1359, moine, thĂ©ologien et archevĂȘque de Thessalonique. Durant les pourparlers sur lâunion des Ăglises, il Ă©crivit un traitĂ© rĂ©solument hostile Ă tout compromis avec les Latins. Dans les annĂ©es 1326/1327 il entra en conflit avec un moine italien, Barlaam le Calabrais, ce qui le conduisit Ă Ă©crire de nombreux ouvrages dĂ©fendant lâhĂ©sychasme[65].
- Nicolas Cabasilas. Voir sous « Pamphlets et satires ».
- Gemiste Pléthon. Voir sous « Rhétorique ».
- Grégoire II de Chypre. Voir sous « Hagiographie ».
- ThĂ©odore MĂ©tochitĂšs, nĂ© en 1270, mort en 1332, homme politique, Ă©crivain et philosophe. Esprit universel, MĂ©tochitĂšs a laissĂ© une Ćuvre qui touche Ă tous les domaines connus de son temps et reflĂ©tant son gout pour lâAntiquitĂ© classique. En prose, il Ă©crivit des discours, des commentaires sur la philosophie dâAristote, des ouvrages dâastronomie et des textes hagiographiques. On lui doit Ă©galement 20 poĂšmes dont trois oraisons funĂšbres[66].
- Nicéphore Grégoras. Voir sous « Rhétorique ».
- Constantin HarmĂ©nopoulos, juriste et juge Ă Thessalonique. On lui doit lâExabiblos, la derniĂšre grande compilation de droit civil et criminel byzantin comprenant en annexe un Droit agraire. Cette compilation servit de code juridique aux chrĂ©tiens orthodoxes vivant dans lâEmpire turc. Il est aussi lâauteur dâun droit canon intitulĂ© Epitome canonum[67].
- Manuel PhilÚs. Voir sous « Poésie profane ».
- ThĂ©odore MĂ©litĂ©niotĂšs, nĂ© vers 1320, mort en 1393, religieux et savant. Il est lâauteur dâun traitĂ© intitulĂ© Trois livres dâastronomie, lâun des ouvrages scientifiques le plus complet de lâĂ©poque byzantine, dâun long poĂšme intitulĂ© Sur la tempĂ©rance et de Commentaires sur les Ăvangiles en trois livres[68].
Les genres littéraires
Nombreux sont les Ă©crivains byzantins qui sont en fait des esprits universels ayant touchĂ© Ă plus dâun genre littĂ©raire. Si certains sont davantage connus pour une Ćuvre se classant dans lâune ou lâautre des genres Ă©numĂ©rĂ©s ci-aprĂšs ils peuvent avoir Ă©crit des Ćuvres appartenant Ă dâautres genres littĂ©raires[N 3].
La rhétorique
Tel que dĂ©jĂ mentionnĂ©, la littĂ©rature byzantine Ă©tait davantage faite pour ĂȘtre dĂ©clamĂ©e Ă voix haute plus que pour ĂȘtre lue. DâoĂč lâimportance de la rhĂ©torique, « codification de la mĂ©thode, des procĂ©dĂ©s observĂ©s chez les grands orateurs, pour Ă©mouvoir et convaincre leurs auditeurs, en sâadressant Ă leurs sentiments et Ă leur jugement »[69]. Avec la philosophie, elle formait lâune des principales composantes de lâĂ©ducation de tout jeune se destinant Ă une charge publique.
Les modĂšles le plus souvent imitĂ©s demeurĂšrent longtemps DĂ©mosthĂšne et Ailos Aristeides. Des recueils de discours comme ceux dâHermogĂšne de Tarse (161-180 ap. J.-C.) sur les genres de styles et les catĂ©gories dâarguments ou des traitĂ©s comme ceux attribuĂ©s Ă MĂ©nandre servaient de rĂšgles quâil fallait imiter (mimesis) tant en ce qui concernait le style que le contenu[70]. CodifiĂ©es par lâun des plus cĂ©lĂšbres rhĂ©teurs paĂŻens de lâantiquitĂ©, Libanius dâAntioche (314-391), ces rĂšgles furent modifiĂ©es au Ve siĂšcle lors de la crĂ©ation dâune Ă©cole de rhĂ©torique chrĂ©tienne Ă Gaza. Procope, son fondateur, sâappliqua Ă remplacer les exemples tirĂ©s de la mythologie paĂŻenne par des exemples tirĂ©s des Saintes Ăcritures[71].
On peut distinguer dans ces longs discours au style ampoulĂ©, aux longues phrases redondantes, qui ont en grande partie valu sa triste rĂ©putation Ă la littĂ©rature byzantine, cinq grandes catĂ©gories : les panĂ©gyriques impĂ©riaux (enkomion / ÎÎłÎșÏÎŒÎčÎżÎœ) ou discours stĂ©rĂ©otypĂ©s Ă la gloire des empereurs ; les oraisons funĂšbres (epitaphios logos / ÎÏÎčÏÎŹÏÎčÎżÏ Î»ÏγοÏ), tout aussi stĂ©rĂ©otypĂ©es, qui constituent moins un rĂ©sumĂ© la vie de lâempereur, du patriarche ou du dignitaire dĂ©funt quâun catalogue de ses vertus et de ses exploits ; les traitĂ©s parĂ©nĂ©tiques retraçant les devoirs des souverains ; les descriptions (áŒÎșÏÏαÏÎčÏ), exercices de style sur les sujets les plus divers proposĂ©s par les maitres Ă leurs Ă©lĂšves ; lâart Ă©pistolaire, soumis Ă des modĂšles stricts, que ce soit pour des remerciements, des requĂȘtes ou mĂȘme les Ă©dits impĂ©riaux et chrysobules[72].
Quelques auteurs
Ă cause de son importance, la rhĂ©torique est prĂ©sente dans tous les autres genres que ce soit lâhistoriographie, lâhagiographie, la poĂ©sie ou lâĂ©pistolographie. Tous les grands auteurs furent ainsi Ă divers niveaux des rhĂ©teurs. Parmi les grands noms qui Ă©mergent, citons Ă travers les siĂšcles :
- Photios (ΊÏÏÎčÎżÏ / PhÎżtios ; IXe siĂšcle). Patriarche de Constantinople, Ă©rudit et historien. NĂ© dans une famille noble de la capitale, Photios (souvent nommĂ© sous la forme latine de Photius) acquit trĂšs jeune une vaste culture. Il devint rapidement enseignant, organisant des sĂ©ances de lecture Ă partir dâanciens manuscrits pour ses disciples et amis, et Ă©crivant son « Lexique ». Vers 850, il fut nommĂ© prĂŽtoasĂškrĂštis, c'est-Ă -dire chef de la chancellerie impĂ©riale[N 4]. Quoique laĂŻc, il fut nommĂ© par Bardas patriarche de Constantinople. DestituĂ© une premiĂšre fois, il fut confirmĂ© dans ses fonctions par un synode en 880. Ami de lâempereur Basile Ier, il fut Ă nouveau destituĂ© par son successeur, LĂ©on Ier et mourut en exil.
- La BibliothĂšque (ÎÎčÎČλÎčοΞΟÎșη) ou Myriobiblion (ÎÏ ÏÎčÎżÎČÎŻÎČλÎčÎżÎœ), collection de 280 notices sur des textes littĂ©raires de genres variĂ©s ;
- Lexique : compilation de plusieurs lexiques antĂ©rieurs, les plus anciens remontant Ă l'Ă©poque romaine (Harpocration, DiogĂ©nien d'HĂ©raclĂ©e, Ălius DionysiusâŠ);
- Amphilochia : rĂ©ponses Ă 324 questions posĂ©es par l'un de ses disciples favoris, l'Ă©vĂȘque Amphiloque de Cyzique, sur des sujets d'exĂ©gĂšse biblique, de thĂ©ologie, plus rarement de philosophie et de grammaire ;
- Une collection de 83 discours et homélies ;
- Deux traités dogmatiques contre la théologie latine ;
- Lettres : 299 connues (deux conservées seulement en arménien), datant surtout des deux patriarcats et de l'époque intermédiaire, certaines constituant de véritables traités[73].
- Michel (nom de moine) Psellos (ÎÎčÏαΟλ ΚΔλλÏÏ ; XIe siĂšcle). Intellectuel et Ă©crivain. Issu dâune famille modeste, sa mĂšre lui fit nĂ©anmoins donner une excellente Ă©ducation. Il dut toutefois interrompre celle-ci pour travailler comme fonctionnaire en Anatolie. SecrĂ©taire dâun juge civil, il devint lui-mĂȘme juge Ă Philadelphie. AppelĂ© Ă la cour comme secrĂ©taire dâun tribunal impĂ©rial, il gravit rapidement les Ă©chelons et devint, sous Constantin IX, lâun des principaux personnages de lâempire. Philosophe de la cour, il reçut le titre de hypatos ton philosophon ou consul des philosophes. Dâune incroyable Ă©rudition, son savoir englobait la philosophie, la rhĂ©torique, la gĂ©omĂ©trie, la thĂ©ologie, la mĂ©decine, lâhistoire, etc.
- La Chronographie, Histoire d'un siĂšcle de Byzance, 976-1077 ; Psellos sây rĂ©vĂšle historien. LâĆuvre embrasse douze rĂšgnes impĂ©riaux de Basile II Ă la chute de Michel VII. Câest lâune des plus importantes de lâhistoriographie byzantine.
- LâĂloge de Michel CĂ©rullaire ;
- LâĂpĂźtre sur la ChrysopĂ©e, opuscules et extraits sur l'alchimie, la mĂ©tĂ©orologie et la dĂ©monologie ;
- Les Oracles chaldaïques, exposition sommaire et concise des croyances des anciens Chaldéens[74].
- NicĂ©phore GrĂ©goras (ÎÎčÎșηÏÏÏÎżÏ ÎÏηγοÏáŸ¶Ï ; fin du XIIIe - XIVe siĂšcle). Historien, philosophe, savant et humaniste byzantin. Orphelin dĂšs sa jeunesse, GrĂ©goras fut Ă©levĂ© par son oncle Jean, mĂ©tropolite dâHĂ©raclĂ©e du Pont. TrĂšs tĂŽt, GrĂ©goras fit la connaissance de ThĂ©odore MĂ©tochite qui le prĂ©senta Ă lâempereur Andronic II. Partisan de Jean CantacuzĂšne pendant la guerre civile de 1341-1347, il prit la tĂȘte des ennemis de lâhĂ©sychasme. CondamnĂ© et anathĂ©matisĂ©, il fut enfermĂ© dans le monastĂšre du Saint-Sauveur-en-Chora. LibĂ©rĂ© aprĂšs la chute de CantacuzĂšne, il termina sa vie en rĂ©sidence surveillĂ©e, Ă©crivant beaucoup et demeurant constamment en butte aux attaques des partisans de Palamas.
- Rhomanike Historia. 37 volumes couvrant la période 1204 à 1359.
- Vies de saints : CaulĂ©an, Michel le Syncelle, Ăloge de Saint DĂ©mĂ©trius, Martyre de Codrat dâAntioche, vie de Jean dâHĂ©raclĂ©e (son oncle).
- Exercices de rhĂ©torique de jeunesse (Î ÏÎżÎłÏ ÎŒÎœÎŹÏΌαÏα) de divers genres : dĂ©clamation - Discours des dĂ©putĂ©s de PlatĂ©es devant les LacĂ©dĂ©moniens et les ThĂ©bains, Ă©loge - Ăloge de l'amandier, rĂ©futation, RĂ©futation de ceux qui prĂ©tendent qu'il n'y a pas d'humilitĂ© chez l'homme.
- Dialogues philosophiques comme le PhilomathĂšs et le Florentios .
- Astronomie : Calcul de lâĂ©clipse de soleil du 16 juillet 1330 d'aprĂšs les tables faciles de ThĂ©on d'Alexandrie.
- Correspondance : 161 lettres, dont certaines adressĂ©es Ă des contemporains connus (ThĂ©odore MĂ©tochite, Andronic II, Jean CantacuzĂšneâŠ)[75].
- GĂ©miste PlĂ©thon (ÎΔΌÎčÏÏÏÏ Î Î»ÎźÎžÏÎœ ; XIVe et XVe siĂšcles) : Philosophe nĂ©oplatonicien. AprĂšs des Ă©tudes au sein de l'Ă©cole platonicienne de Constantinople, il se rendit Ă Andrinople oĂč enseignaient chrĂ©tiens, juifs et musulmans. Revenu enseigner Ă Constantinople, ses cours sur Platon firent scandale et lui valurent dâĂȘtre exilĂ© Ă Mistra, devenu un important centre intellectuel dans le despotat de MorĂ©e. Il y dĂ©veloppa le concept dâune filiation entre les Byzantins et les Grecs de lâAntiquitĂ© et rĂ©digea un vaste plan de rĂ©formes politiques, Ă©conomiques, sociales et militaires basĂ©es sur les textes de Platon. Membre de la dĂ©lĂ©gation byzantine au concile de Florence (1437-1439), il y donna de nombreuses confĂ©rences qui firent revivre la pensĂ©e platonicienne en Europe de lâOuest. De retour Ă Mistra, il fut nommĂ© au SĂ©nat et devint magistrat de la ville. Il passa ses derniĂšres annĂ©es Ă enseigner, Ă Ă©crire et Ă poursuivre la lutte qui lâopposait Ă Gennade II Scholarios, patriarche de Constantinople et dĂ©fenseur dâAristote.GĂ©miste PlĂ©thon fut l'un des penseurs les plus originaux de son temps.
- Adresse au despote Théodore (II Paléologue) et Adresse à Manuel (II), datant de 1415 et de 1418 dans lesquelles il élabore son plan de réformes politiques, économiques et sociales.
- De Differentiis ou En quoi Aristote se différencie de Platon, étude du concept de la divinité chez Aristote et Platon.
- Le Traité des lois, compilation des croyances ésotériques de Pléthon.
- Résumé des doctrines de Zoroastre et de Platon.
- Oracles magiques des mages disciples de Zoroastre et Commentaire sur ces Oracles.
- Prolegomena Artis Rhetoricae.
- Oraison FunÚbre pour Cléopa ; Oraison FunÚbre pour HélÚne.
- Du destin.
- Des vertus[76].
- Gennade II Scholarios (ÎΔÏÏÎłÎčÎżÏ ÎÎżÏ ÏÏÎÏÎčÎżÏ ÎŁÏολΏÏÎčÎżÏ ; Ve siĂšcle) : ThĂ©ologien et patriarche de Constantinople. Scholarios enseigna dâabord la logique et la physique Ă Constantinople avant dâĂȘtre nommĂ© sĂ©nateur et krites katholikos (juge de la Cour suprĂȘme en matiĂšre civile et ecclĂ©siastique sous les PalĂ©ologues). Il participa au concile de Florence oĂč il dĂ©fendit la position unioniste. Toutefois, Ă son retour, il devint un opposant farouche de lâUnion et prit la tĂȘte du mouvement anti-unioniste, ce qui lui valut dâĂȘtre dĂ©posĂ© et de devoir entrer dans un monastĂšre. CapturĂ© par les Turcs lors de la chute de Constantinople, il servit trois fois comme patriarche, tentant de trouver un terrain dâaccommodement avec les nouvelles autoritĂ©s. Parlant latin et grand admirateur de ce qui se passait en Occident, il traduisit et commenta saint Thomas dâAquin. Il dĂ©fendit Ă©galement Aristote contre PlĂ©thon.
- Son Ćuvre (Scholarios fut un auteur prolifique (100 Ă 120 ouvrages), mais une bonne partie de ses textes demeurĂšrent manuscrits et ne furent jamais publiĂ©s.)
- Discours et lettres prononcés pendant le Concile de Florence.
- Ćuvres polĂ©miques contre les Latins sur la procession du Saint-Esprit et le refus dâinclure le Filioque dans le Credo.
- Divers sermons et discours : panégyrique de Marcus Eugenicus.
- TraitĂ©s philosophiques : Ă la dĂ©fense dâAristote (antilepseis hyper Aristotelous).
- Défense de la foi : Ekthesis tes pisteos ton orthodoxon christianon, mieux connu sous le titre Homologia tou Gennadiou) destiné à Méhémet II ; Dialogue avec deux Turcs sur la divinité du Christ; Dialogue entre un chrétien et un juif; Prophéties au sujet du Christ; Au sujet de notre Dieu, Un en Trois, contre les athées et les polythéistes[77].
Lâhistoire
Lâhistoire et les chroniques sont deux genres dans lequel excellĂšrent les Byzantins. De Jean Malalas (VeâââVIe siĂšcles) Ă SphrantzĂšs (1401-1478), chaque siĂšcle a produit un historien, chroniqueur ou biographe. Procope, Agathias, Pierre le Patrice, MĂ©nandre le Protecteur et ThĂ©ophylacte Simocatta reprirent chacun lâhistoire lĂ oĂč leur prĂ©dĂ©cesseur lâavait laissĂ©e. AprĂšs une pĂ©riode creuse correspondant Ă lâĂąge noir de lâempire pendant laquelle les chroniqueurs remplaceront les historiens, on assiste avec Joseph Genesius au Xe siĂšcle Ă une renaissance du genre. Il fut suivi par SymĂ©on le LogothĂšte et LĂ©on le Diacre, puis vinrent au XIe siĂšcle Michel Psellos, Michel Attaleiates et Jean SkylitzĂšs. Le XIIe siĂšcle fut celui dâAnne ComnĂšne, de Jean Cinnamus et de Nicetas Choniates. Leur succĂ©dĂšrent Georges AcropolitĂšs et Georges PachymĂšre au XIIIe siĂšcle, NicĂ©phore GrĂ©goras et lâempereur Jean CantacuzĂšne au XIVe. Enfin Georges SphrantzĂšs, Laonicos Chalkondyle et Critobule d'Imbros tĂ©moignĂšrent de la fin de lâempire[78].
Les historiens byzantins demeurĂšrent attachĂ©s aux modĂšles antiques comme Thucydide, XĂ©nophon et Polybe dont ils cherchĂšrent Ă reproduire la langue et les procĂ©dĂ©s de composition. Si certains choisirent dâimiter un seul modĂšle (le gĂ©nĂ©ral NicĂ©phore Bryenne fut lâĂ©mule de XĂ©nophon par la prĂ©cision de son vocabulaire militaire, le philosophe NicĂ©phore GrĂ©goras prit Platon comme modĂšle), la majoritĂ© choisirent quelques auteurs dont il rĂ©sulte un style « en mosaĂŻque », typiquement byzantin. Lâhistoire quâils racontent est avant tout celle des empereurs et des guerres dans lesquelles ils ont Ă©tĂ© impliquĂ©s. Comme les historiens de lâantiquitĂ©, ils se livrent dâabord Ă une description des traits physiques de lâempereur avant de procĂ©der Ă une Ă©tude psychologique de son caractĂšre et de raconter ses exploits[79].
Toutefois, ils en divergĂšrent de deux façons. PremiĂšrement, ceux qui Ă©crivent ne sont pas toujours des Ă©crivains professionnels, mais souvent des hommes dâaction pourvus dâune excellente Ă©ducation qui ont le souci dâĂȘtre vĂ©ridiques et sincĂšres. Ce sont des juristes comme Procope, Evagrius ou Michel Attaleiates, des hommes dâĂtat comme Jean Cinnamus, Georges PachymĂšre, Laonicus Chalcondyles, des gĂ©nĂ©raux et diplomates comme NicĂ©phore Bryenne, Georges Acropolites, Georges PhrantzĂšs et mĂȘme des tĂȘtes couronnĂ©es comme Constantin PorpyrogĂ©nĂšte, Anne ComnĂšne, Jean VI CantacuzĂšne. DeuxiĂšmement, ce sont des Ă©crivains chrĂ©tiens qui crĂ©ent deux genres nouveaux : lâHistoire de lâĂglise et la Chronique universelle. Genre dâhistoire universelle, la chronique universelle a pour but fait de lâhistoire des HĂ©breux le centre de lâhistoire universelle et tente dâĂ©tablir un synchronisme avec lâhistoire des autres nations[79] - [78] - [80].
Les chroniqueurs pour leur part prĂ©sentent une importante diffĂ©rence avec les historiens. Contrairement Ă ces derniers, les chroniqueurs Ă©crivent pour un public beaucoup plus large. Sâappuyant gĂ©nĂ©ralement sur un fond antĂ©rieur quâelles modifient, les chroniques mettent lâaccent sur le merveilleux quâelles interprĂštent selon un point de vue chrĂ©tien. Leurs descriptions laissent peu de place Ă la nuance et leur vocabulaire est beaucoup plus prĂšs du peuple. Probablement dâorigine orientale, les chroniques atteignirent leur zĂ©nith au IXe siĂšcle, pĂ©riode oĂč lâon trouve peu dâhistoriens traditionnels, pour disparaĂźtre presque complĂštement au XIIe siĂšcle. Les trois plus grands reprĂ©sentants furent Jean Malalas, ThĂ©ophane le Confesseur et Jean Zonaras[80].
Quelques auteurs
- Jean Malalas (ጞÏÎŹÎœÎœÎ·Ï ÎÎ±Î»ÎŹÎ»Î±Ï ; Ve - VIe siĂšcle). Chroniqueur. Syrien dâAntioche, probablement fonctionnaire, il fut lâauteur de la plus ancienne chronique byzantine conservĂ©e. Il a eu une profonde influence, non seulement sur les chroniques byzantines ultĂ©rieures, mais Ă©galement sur le dĂ©veloppement des chroniques slaves et orientales. Ăcrite dans une langue populaire manifestement pour un public peu instruit, sa Chronique nâa de valeur historique que pour le dernier livre dĂ©crivant le rĂšgne de Justinien au VIe siĂšcle. Ce livre semble toutefois avoir Ă©tĂ© Ă©crit aprĂšs le reste de lâĆuvre ou avoir Ă©tĂ© ajoutĂ© par quelquâun dâautre.
- Son Ćuvre
- Chronique. Une histoire en dix-huit livres qui retrace lâhistoire du monde de la CrĂ©ation au rĂšgne de Justinien[81].
- Procope de CĂ©sarĂ©e (Î ÏÎżÎșÏÏÎčÎżÏ ÎαÎčÏαÏΔÏÏ ; VIe siĂšcle) Historien byzantin nĂ© en Palestine. Son Ćuvre est principalement consacrĂ©e aux divers aspects du rĂšgne de Justinien. Il passa la plus grande partie de sa vie Ă Constantinople mais accompagna BĂ©lisaire dans ses campagnes. Ă ce titre, il sâoccupa de la rĂ©daction des ordres du jour, des formations de combat, des correspondances et des rapports au basileus qui nous donnent de nombreuses indications sur la gĂ©ographie, lâethnographie et les systĂšmes politiques des peuples avec lesquels il a Ă©tĂ© en contact : Vandales, Goths, Francs, Syriens, Arabes, ArmĂ©niens, Perses et quâil dĂ©crit dans son Ćuvre la plus importante : Les Guerres. Excellent observateur lorsquâil dĂ©crit ce qui se passe Ă lâextĂ©rieur, il peut sâavĂ©rer trĂšs partial lorsquâil dĂ©crit la vie politique au sein de lâempire. Son Histoire secrĂšte est un pamphlet oĂč perce sa colĂšre et sa dĂ©ception contre la politique impĂ©riale et peut-ĂȘtre aussi la dĂ©faveur dans laquelle il fut tenu, reflet sans doute de celle de BĂ©lisaire lui-mĂȘme. Sa langue est trĂšs classique, mais on y perçoit dĂ©jĂ la dĂ©gradation de la staxe antique.
- Son Ćuvre :
- Histoires ou Discours sur les Guerres (áŒčÏÏÎżÏίαÎč / ou áœÏáœČÏ Ïáż¶Îœ ÏολÎÎŒÏÎœ λÏγοÎč). RĂ©cit en huit livres des guerres de BĂ©lisaire contre les Perses, les Vandales et les Goths.
- Sur les monuments (ΠΔÏ᜶ ÎșÏÎčÏÎŒÎŹÏÏÎœ, De Ădificiis). TraitĂ© en six livres des monuments construits dans lâempire sur lâordre de Justinien, classĂ©s par ordre gĂ©ographique.
- Histoire SecrĂšte (áŒÎœÎÎșÎŽÎżÏα, Historia arcana). Publication, probablement posthume, pamphlet ordurier contre Justinien, ThĂ©odora et les autres grands de lâempire. Son authenticitĂ© a quelques fois Ă©tĂ© mise en doute[82].
- ThĂ©ophane le Confesseur (ÎΔοÏÎŹÎœÎ·Ï áœ áœÎŒÎżÎ»ÎżÎłÎ·ÏÎźÏ ; VIIIeâââIXe siĂšcles). NĂ© Ă Constantinople dans une famille aristocratique, il fut mariĂ© Ă lâĂąge de douze ans, mais persuada son Ă©pouse de mener une vie de chastetĂ©. Ils se sĂ©parĂšrent en 799 pour entrer chacun de son cĂŽtĂ© en religion. ThĂ©ophane se retira dâabord au monastĂšre de Polychronius avant de fonder son monastĂšre sur lâĂźle de Calonymus. Il retourna Ă son premier monastĂšre comme abbĂ© et participa Ă ce titre au deuxiĂšme concile de NicĂ©e oĂč il dĂ©fendit la vĂ©nĂ©ration des icĂŽnes. EmprisonnĂ© par lâempereur iconoclaste LĂ©on V d'ArmĂ©nie, il finit par ĂȘtre exilĂ© dans lâĂźle de Samothrace oĂč il mourut en 817.
- Son Ćuvre :
- Chronographie. Histoire de lâEmpire romain, puis byzantin, de DioclĂ©tien en 284 Ă la mort de Michel Ier en 813. En dĂ©pit des erreurs que contiennent ses tables chronologiques, elle constitue une source presque unique sur l'histoire de Byzance pour les VIIe et VIIIe siĂšcles et le dĂ©but de la crise iconoclaste[83].
- Jean SkylitzĂšs (en grec byzantin ጞÏÎŹÎœÎœÎ·Ï áœ ÎŁÎșÏ Î»ÎŻÏζηÏ, naquit vers 1040 probablement dans le thĂšme des ThrakĂ©siens, en Asie mineure. Il dut quitter relativement tĂŽt sa province dâorigine pour recevoir une bonne Ă©ducation, car il fit carriĂšre Ă Constantinople dans la magistrature, faisant partie de ces « hommes nouveaux » que Constantin X promut en Ă©levant des citoyens ordinaires Ă des rangs auxquels ils ne pouvaient jusquâalors prĂ©tendre. Dans la prĂ©face de son « Synopsis Historion », SkylitzĂšs affirme avoir dĂ©tenu le rang de kouropalates (curopalate) et avoir exercĂ© la fonction de « drongaire de la garde », titre qui, aux environs de 1030, se rĂ©fĂ©rait au juge en chef du plus important tribunal de Constantinople. Il occupa Ă©galement le poste dâĂ©parque (prĂ©fet) de Constantinople avec rang de « proĂšdre ». Il se retira probablement de la fonction publique entre 1092 et 1094 pour se consacrer Ă ses travaux littĂ©raire. Il est mort au dĂ©but du XIIe siĂšcle. SkylitzĂšs se dĂ©crit lui-mĂȘme comme rĂ©sumant les « Histoires » rĂ©digĂ©es par divers prĂ©dĂ©cesseurs, rĂ©sumant ou paraphrasant ceux-ci et rapportant leurs jugements sur les personnages impliquĂ©s. Si on peut lui reprocher un manque dâoriginalitĂ©, le grand mĂ©rite de cette façon de procĂ©der est de porter Ă notre connaissance sans y apporter de changements majeurs un grand nombre dâĆuvres dont plusieurs ne sont pas autrement parvenues jusquâĂ nous, constituant ainsi la source la plus complĂšte que nous possĂ©dions sur ces deux siĂšcles et demi.
- Son Ćuvre :
- « Synopsis Historion ». Dans cette chronique, SkylitzÚs a voulu rédiger non pas une simple chronique comme la « Chronographie » de Psellos, ou un panégyrique tendancieux comme la « Vie de Basile » de Genesios, mais une histoire générale couvrant la période allant de la mort de Nicéphore Ier en 811 à la destitution de Michel VI en 1057.
- « Skylitzes continuatus » ou « ĂpitomĂ© des Histoires » (áŒÏÎčÏÎżÎŒáœŽ ጱÏÏÎżÏίαÏ). Cette deuxiĂšme version du « Synopsis Historion » aurait Ă©tĂ© complĂ©tĂ©e aprĂšs 1101 et parut vraisemblablement en 1105. Contrairement Ă la premiĂšre, elle emprunte beaucoup Ă lâ« Histoire » de Michel Attaleiates et Ă la « Chronographie » de Psellos et poursuit le fil des Ă©vĂšnements jusquâen 1079/1080[84].
- Jean Zonaras (ጞÏÎŹÎœÎœÎ·Ï ÎÏΜαÏáŸ¶Ï ; fin du XIe, mort vers 1160). Chroniqueur, canoniste et thĂ©ologien byzantin. Fils de bonne famille il exerça des fonctions militaires (megas droungarios tĂšs viglas) et civiles (protasekretaris) sous Alexis Ier. AprĂšs avoir servi comme chef de la garde personnelle de lâempereur, il se retira en 1118 au monastĂšre de Sainte-Glykeria oĂč il Ă©crivit une chronique de lâhistoire universelle depuis la crĂ©ation du monde jusquâen 1118. Canoniste de renom et thĂ©ologien, il rĂ©digea des cmmentaires sur les constitutions apostoliques et les pĂšres de l'Ăglise.
- Son Ćuvre :
- EpitomĂ© historion (áŒÏÎčÏÎżÎŒáœŽ ጱÏÏÎżÏÎčáż¶Îœ), chronique de lâhistoire du monde de la CrĂ©ation Ă 1118.
- Commentaires estimés sur les Canons des apÎtres, des conciles, et sur les Epures canoniques des papes.
- Divers traitĂ©s ou discours dans le Jus grĆco-romanum.
- Hymne en l'honneur de la Vierge mĂšre de Dieu, dans laquelle il montre son attachement Ă la doctrine orthodoxe de la procession du Saint-Esprit.
- Lexique[85].
- Anne ComnĂšne (ÎΜΜα ÎÎżÎŒÎœÎ·ÎœÎź ; XIeâââXIIe siĂšcles). Historienne, fille de l'empereur byzantin Alexis Ier ComnĂšne et d'IrĂšne Doukas. Dâabord fiancĂ©e Ă Constantin Doukas pour crĂ©er des liens entre la dynastie des ComnĂšnes et celle des Doukas qui lâavait prĂ©cĂ©dĂ©e, elle Ă©pousa Ă la mort de celui-ci NicĂ©phore Bryenne, fils dâun gĂ©nĂ©ral vaincu par Alexis Ier. AprĂšs avoir complotĂ© pour installer son mari sur le trĂŽne, elle fut forcĂ©e par son frĂšre Jean de se retirer au monastĂšre Marie-Pleine-de-GrĂąces oĂč elle mourut religieuse. Intellectuelle, elle avait reçu une formation poussĂ©e en philosophie, rhĂ©torique et mathĂ©matiques. Elle Ă©crivit Ă la mĂ©moire de son pĂšre une Ćuvre oĂč elle fit lâapologie dâAlexis Ier Son style est celui du grec attique, rempli de mots rares, d'allusions aux grands auteurs et de rĂ©miniscences classiques ; une paraphrase de lâAlexiade parut en langue vernaculaire.
- Son Ćuvre :
- LâAlexiade. Ćuvre en 15 livres consacrĂ©s principalement aux guerres conduites par Alexis Ier contre les Normands et les Turcs ainsi quâaux relations du basileus avec les CroisĂ©s[86].
- Georges PachymĂšres (ÎΔÏÏÎłÎčÎżÏ Î Î±ÏÏ ÎŒÎÏÎ·Ï ; XIIIeâââXIVe siĂšcles). Historien et auteur dâĆuvres diverses. NĂ© Ă NicĂ©e oĂč sa famille sâĂ©tait rĂ©fugiĂ©e aprĂšs la chute de Constantinople aux mains des croisĂ©s, il revint dans cette ville pour y poursuivre ses Ă©tudes de droit avant dâentrer en religion. Il fut premier juge ecclĂ©siastique de Sainte-Sophie (ÏÏÏÏÎÎșÎŽÎčÎșÎżÏ) et juge civil (ÎŽÎčÎșαÎčÎżÏÏλαΟ) avant dâenseigner Ă lâĂ©cole patriarcale. La partie historique de son Ćuvre est une histoire des rĂšgnes de Michel et dâAndronic PalĂ©ologue qui couvre la pĂ©riode 1260-1308, mettant lâaccent sur les controverses religieuses qui divisaient lâempire Ă ce moment. Son style archaĂŻsant est difficile Ă comprendre.
- Son Ćuvre :
- Histoire (ΧÏÎżÎœÎčÎșÎź ÏÏ ÎłÎłÏαÏÎź). Ăcrite en treize volumes, elle couvre les rĂšgnes de Michel et dâAndronic PalĂ©ologue et dĂ©crit avec rĂ©alisme la situation pathĂ©tique de lâempire moribond.
- 13 Meletai ou exercices de rhétorique sur des thÚmes de nombreuses fois rebattus de la sophistique.
- Quadrivium : ouvrage en quatre parties portant sur lâarithmĂ©tique, la musique, la gĂ©omĂ©trie et lâastronomie au Moyen Ăge.
- RĂ©sumĂ© de la philosophie dâAristote.
- Une paraphrase du Pseudo-Denys l'Aréopagite.
- Des poĂšmes.
- Une autobiographie.
- Une description de lâAugusteum et de la colonne dressĂ©e par l'empereur Justinien dans l'Ă©glise Sainte Sophie pour commĂ©morer ses victoires sur les Perses[87].
- Georges SphrantzĂšs (ÎΔÏÏÎłÎčÎżÏ ÎŠÏαΜÏÎ¶ÎźÏ ; XVe siĂšcle). Homme de cour, diplomate et historien, secrĂ©taire de Manuel II. Il suivit la carriĂšre des honneurs et devint protovestiaire en 1432. PrĂ©fet de Mistra en 1446 et Grand LogothĂšte, il fut fidĂšle jusquâau bout au dernier empereur de Byzance pour lequel il accomplit plusieurs missions diplomatiques chez les Turcs, en GĂ©orgie, Ă TrĂ©bizonde, en MorĂ©e et dans les Ăles ĂgĂ©e. Fait prisonnier par les Turcs, il parvint Ă sâenfuir et se rĂ©fugia Ă Mistra Ă la cour de Thomas PalĂ©ologue, despote de MorĂ©e. AprĂšs la chute du despotat, il se rĂ©fugia Ă Corfou oĂč il rĂ©digea ses chroniques. Fait surprenant chez un historien, son style est plutĂŽt populaire et contient de nombreux mots turcs et italiens.
- Son Ćuvre :
- Chronicon Minus. Chronique des Ă©vĂšnements qui se sont dĂ©roulĂ©s de 1413 Ă 1477, basĂ©e sur son journal personnel. On considĂšre de nos jours que la version couvrant lâensemble de lâhistoire de la dynastie des PalĂ©ologue et intitulĂ©e Chronicon Maius est une compilation du XVIe siĂšcle que lâon doit au mĂ©tropolite de Monemvasia, Makarios Melissenos[88].
Lâhagiographie
Lâhagiographie, c'est-Ă -dire la rĂ©daction de vie de saints dans un but dâĂ©dification, apparut trĂšs tĂŽt dans la littĂ©rature byzantine et obĂ©issait dĂ©jĂ au IVe siĂšcle Ă un schĂ©ma obligatoire oĂč se reconnaissait lâinfluence des rhĂ©teurs : se succĂ©daient invariablement titre du livre, parents, naissance et nom du saint, sa consĂ©cration dĂšs la naissance, sa situation de fortune, ses exploits dâascĂšte, son histoire, les signes prĂ©curseurs de sa mort, ses miracles et une conclusion comportant souvent des comparaisons avec les hĂ©ros de lâAncien Testament et du Nouveau Testament. Ăcrites pour la plupart par des moines soucieux de rappeler la mĂ©moire des ascĂštes qui avaient fait la rĂ©putation de leur ordre, elles avaient pour but lâĂ©dification des fidĂšles et la crĂ©ation dâun modĂšle de vie chrĂ©tien[N 5]. Dans les premiers siĂšcles, lâaccent de ces vies de saints est mis sur le rejet des valeurs propres Ă la civilisation urbaine ; le saint se retire en gĂ©nĂ©ral dans le dĂ©sert oĂč il mĂšne une vie entiĂšrement soumise Ă la volontĂ© divine.
Le genre atteint sa plus grande popularitĂ© aux VIe et VIIe siĂšcles. DestinĂ© Ă un vaste public, les textes utilisent une langue populaire et font une large place au merveilleux. Le plus ancien et le plus important hagiographe est Cyrille de Scythopolis, chroniqueur nĂ© vers 525 dont les sept biographies se distinguent par la fiabilitĂ© de leurs faits et dates. LĂ©ontios de NĂ©apolis qui fut archevĂȘque de Chypre au VIIe siĂšcle a Ă©crit deux vies de saints ; celle de Saint-Jean lâAumĂŽnier se signale par son langage vĂ©ritablement populaire[89].
Comme le reste de lâactivitĂ© littĂ©raire, ce genre disparut presque totalement au VIIIe siĂšcle pour rĂ©apparaĂźtre, timidement dâabord au IXe siĂšcle et atteindre une nouvelle popularitĂ© aux Xe et XIe siĂšcles. Mais le genre sâest transformĂ© entre-temps. LâascĂšte vivant au dĂ©sert cĂšde le pas au fondateur de monastĂšre et le saint rĂ©intĂšgre la vie de la citĂ© oĂč il joue souvent un rĂŽle politique important. Le merveilleux disparaĂźt au profit du mystique. Si lâhagiographie populaire subsiste, on retourne Ă des formes plus littĂ©raires et le genre se concentre sur la vie monastique. Ă partir du XIIe siĂšcle, les intellectuels porteront des jugements plus rĂ©servĂ©s sur lâimage que lâon associait Ă ces saints et le genre se fait plus rare[90].
On peut distinguer trois sous-genres dâhagiographie : le martyron ou narration du jugement, de la condamnation et de lâexĂ©cution dâun martyr, la vita, ou biographie dâun(e) saint(e) et lâ apophtegmeta patrum, une collection de paroles profondes prononcĂ©es par des ermites. Sây ajouteront au VIIe siĂšcle les miracles rĂ©alisĂ©s par un saint aprĂšs sa mort[90].
Quelques auteurs
- Cyrille de Scythopolis. Moine et hagiographe. NĂ© vers 525 Ă Scythopolis (aujourdâhui BeĂŻsĂąn / BĂȘt ShĂ©Ăąn en IsraĂ«l), Cyrille rencontra saint Sabas qui eut une influence dĂ©cisive sur sa vocation. Il devint moine en 543 et partit pour JĂ©rusalem oĂč il rencontra saint Jean HĂ©sychaste dont il devait Ă©crire la biographie plus tard. En 544, il entra au monastĂšre de Saint-Euthyme oĂč il commença son travail de biographe. En 557, il sâinstalla au monastĂšre de la Grande Laure de Sabas oĂč il mourut peu aprĂšs. Cyrille Ă©crivit un grand nombre de vie de saints dont Sabas, Abraham, Kyriakos, ThĂ©odosios et ThĂ©ognios. Son but Ă©tait vraisemblablement dâĂ©tablir un corpus des saints de Palestine et de dĂ©montrer le lien existant entre le dĂ©sert et la saintetĂ©.
- Son Ćuvre :
- Vie des moines de Palestine[91].
- Sophrone de JĂ©rusalem (ÎŁÏÏÏÏÎœÎčÎżÏ) Patriarche de JĂ©rusalem. NĂ© Ă Damas vers 560, il y enseigna la rhĂ©torique. Devenu moine, il visita nombre de monastĂšres en Ăgypte, Palestine et Ă Rome, avant de retourner Ă JĂ©rusalem et de sâĂ©tablir au monastĂšre de ThĂ©odose vers 619. AprĂšs avoir dĂ©fendu les positions adoptĂ©es lors du Concile de ChalcĂ©doine, il devint patriarche en 634. Il dut nĂ©gocier la reddition de JĂ©rusalem avec le calife Oumar Ier en 637.Sophrone de JĂ©rusalem.
- Son Ćuvre :
- Lettre synodale. Ăcrite Ă lâoccasion de son Ă©lĂ©vation au patriarcat, elle constitue un exposĂ© de la doctrine de ChalcĂ©doine.
- Encomium[N 6] des saints Jean anargyre et Cyr d'Alexandrie.
- Biographie de son ami Jean Eleemon.
- 23 poĂšmes sur des thĂšmes divers comme le siĂšge de JĂ©rusalem.
- Sermons à la défense du Concile de Chalcédoine et écrits contre le monothélisme.
- Divers textes liturgiques dont la BĂ©nĂ©diction de lâeau le jour de lâĂpiphanie[92].
- Ignace le Diacre. Moine et Ă©crivain. NĂ© vers 770. ĂlĂšve et collaborateur du patriarche TarĂšse, Ignace fut ordonnĂ© diacre et devint skeuophylax[N 7]. AprĂšs la dĂ©position de celui-ci, il prit le parti des iconoclastes et devint mĂ©tropolite de NicĂ©e. Il regretta par la suite cette prise de position et se fit moine au Mont Olympe. Son Ćuvre, dâune rhĂ©torique quelque peu grandiloquente, traduit son attachement aux anciens, notamment Sophocle et Euripide.
- Son Ćuvre :
- Vies de TarÚse et du patriarche Nicéphore Ier.
- Odes funĂšbres, lettres.
- De nombreux poĂšmes comme les vers sur Adam (dialogue entre Adam, Ăve et le serpent); poĂšmes sur Lazare et lâhomme riche[93].
- SymĂ©on MĂ©taphraste (aussi appelĂ© SymĂ©on le logothĂšte ; ÎŁÏ ÎŒÎ”áœŒÎœ ᜠÎΔÏαÏÏαÏÏÎźÏ). Ăcrivain et fonctionnaire. NĂ© Ă Constantinople sous le rĂšgne de LĂ©on VI (886-912). Appartenant Ă une grande famille aristocratique, il devint haut fonctionnaire sous Constantin VII PorphyrogĂ©nĂšte et servit sous ses trois successeurs. Chef de la chancellerie impĂ©riale sous Romain II LĂ©capĂšne, il fit partie du conseil de rĂ©gence qui gouverna lâempire Ă la mort de celui-ci. Il rĂ©digea certains Ă©dits de NicĂ©phore Phocas et fut nommĂ© magistros sous Jean Tzimiskes avant de devenir logothĂšte du drome, sorte de ministre des Affaires Ă©trangĂšres. TombĂ© en disgrĂące, il se retira dans un monastĂšre oĂč il Ă©crivit ses principales Ćuvres religieuses. Il mourut vers 987.
- Son Ćuvre :
- Le mĂ©nologe mĂ©taphrastique. Un mĂ©nologe est une collection de vies de saints disposĂ©es dans lâordre du calendrier liturgique. Constantin VII, dĂ©sireux de crĂ©er « une culture officielle » avait lancĂ© de vastes entreprises encyclopĂ©diques â historiques, juridiques, grammaticales, etc. Il chargea SymĂ©on de la rĂ©daction du mĂ©nologe Ă une Ă©poque oĂč les vies de saints nâĂ©taient plus guĂšre lues, leur style portant plutĂŽt Ă la dĂ©rision quâĂ lâĂ©dification. SymĂ©on choisit parmi les vies de saints syriaques ou coptes, les plus susceptibles de figurer au mĂ©nologe, les fit traduire, puis les « mĂ©taphrasa », câest-Ă -dire que, tout en respectant les donnĂ©es historiques, il rajeunit la langue, omettant les mots trop crus ou dĂ©modĂ©s, et donnant Ă lâouvrage une dimension littĂ©raire (câest-Ă -dire rhĂ©torique) quâelle nâavait pas auparavant. Ă ces textes, il en ajouta dâautres Ă©crits de sa propre main.
- Syméon a également laissé une « Chronique », quelques lettres, un poÚme sur la mort de Constantin VII et divers écrits religieux, hymnes et priÚres toujours utilisés dans la liturgie orthodoxe[94].
- Eustathe de Thessalonique (ÎáœÏÏΏΞÎčÎżÏ ÎΔÏÏÎ±Î»ÎżÎœÎŻÎșηÏ). ĂvĂȘque et Ă©rudit. NĂ© vers 1115, il fut Ă©duquĂ© Ă Constantinople et travailla comme secrĂ©taire avant de devenir diacre de la cathĂ©drale de Sainte-Sophie vers 1156. Il enseigna la grammaire, la rhĂ©torique et la philosophie Ă lâĂcole patriarcale et fut nommĂ© en 1174/1175 grand sacellaire du patriarcat et maĂźtre des rhĂ©teurs. Lâempereur Manuel Ier le nomma Ă©vĂȘque de Myre et mĂ©tropolite de Thessalonique, poste quâil occupa jusquâĂ sa mort en 1195/1196. Il fut tĂ©moin de la chute de Thessalonique en 1185 aux mains de Guillaume II de Sicile. On le considĂ©rait comme lâhomme le plus savant de son Ă©poque. Ses Ă©crits dĂ©laissent lâabstraction traditionnelle pour prĂ©senter les faits historiques au moyen de petits dĂ©tails vivants oĂč percent lâironie et le sarcasme.
- Son Ćuvre :
- Vie de Philotheos d'Opsikion. Contrairement Ă l'opinion rĂ©pandue Ă cette Ă©poque, il y soutient que les idĂ©aux de la vie sĂ©culiĂšre peuvent ĂȘtre plus nobles que ceux des ermites.
- Commentaires sur lâensemble des poĂšmes homĂ©riques et sur l'Ćuvre de Denys le PĂ©nĂ©gĂšte ainsi quâune introduction Ă Pindare.
- Histoire : « Récit de la prise de Thessalonique ».
- De nombreux discours, sermons et 73 lettres recensées[95].
- Jean TzĂ©tzĂšs (ÎÏÎŹÎœÎœÎ·Ï Î€Î¶ÎÏζηÏ). PoĂšte et grammairien. NĂ© vers 1110, il vĂ©cut assez pauvrement Ă Constantinople de son mĂ©tier dâĂ©crivain. ObligĂ© de vendre sa bibliothĂšque pour survivre, il dut par la suite se fier Ă sa mĂ©moire qui Ă©tait remarquable puisquâil cite plus de 400 auteurs anciens dans son Ćuvre. Tout comme son collĂšgue, Prodromos, il fait partie des poĂštes « populaires » de la deuxiĂšme pĂ©riode. On ne lui doit quâune Ćuvre hagiographique.
- Son Ćuvre :
- Livre dâhistoires, connu sous le nom de Chiliades. Recueil de 12 674 vers rappelant divers faits littĂ©raires, historiques et thĂ©ologiques se distinguant surtout par lâĂ©talage de lâĂ©rudition de lâauteur tout en dĂ©crivant de façon rĂ©aliste et humoristique diverses scĂšnes de la vie quotidienne.
- 107 lettres adressées à divers personnages, souvent imaginaires,
- Nombreux commentaires sur HomĂšre (AllĂ©gories sur lâIliade et lâOdyssĂ©e, ExĂ©gĂšse, Antehomerica, Homerica et Posthomerica).
- Vie de sainte Lucie, qui semble faire allusion aux guerres menées contre une coalition de Normands, Hongrois et Russes[96].
- GrĂ©goire II de Chypre (ÎÏηγÏÏÎčÎżÏ áœ ÎÏÏÏÎčÎżÏ). Patriarche de Constantinople. NĂ© Ă Chypre en 1283 dans une famille noble mais appartenant Ă la classe moyenne. AprĂšs avoir tentĂ© en vain de sâinstruire dans une Ă©cole latine de Chypre, dĂ©jĂ aux mains des croisĂ©s, il se dirigea vers NicĂ©e oĂč il Ă©tudia sous Georges AkropolitĂšs. Il dĂ©mĂ©nagea Ă Constantinople aprĂšs la reconquĂȘte oĂč il enseigna. Devenu patriarche en 1283, il refusa dâaccepter la clause du « filioque » et lâunion des Ăglises occidentale et orientale. Il dut dĂ©missionner en 1289. GrĂ©goire joua un rĂŽle important dans le renouveau du XIIIe siĂšcle et son autobiographie (genre nouveau pour lâĂ©poque) nous donne une bonne idĂ©e de la toile de fond culturelle et scolaire de lâĂ©poque.
- Son Ćuvre :
- Théologie : Tomos pisteos (Livre de la foi) ; réfutation de la position latine sur le Filioque.
- Autobiographie : Diegesis merike ; rédigée pour servir de préface à sa collection de lettres.
- Hagiographie : Plusieurs vies de saints.
- Ăloges, dĂ©clamations, correspondance[97].
RĂ©cits apocryphes
sLe goĂ»t pour le merveilleux, dĂ©jĂ notĂ© dans les chroniques et lâhagiographie, conduisit surtout dans les premiers siĂšcles de lâĂglise chrĂ©tienne, Ă la production dâĆuvres dites apocryphes (ÎŹÏÏÎșÏÏ Ïα, litt. « [livres] cachĂ©s ou rejetĂ©s) qui, tant par leur forme que par leur contenu, ressemblent Ă des livres de lâAncien ou du Nouveau Testament, mais ne sont pas reconnus par les Ăglises comme inspirĂ©s par Dieu. Ils peuvent dĂ©velopper ou imaginer le dĂ©tail de faits contenus dans les Ăcritures ; certains furent Ă©crits pour justifier lâune ou lâautre des doctrines hĂ©rĂ©tiques qui se multipliĂšrent dans lâĂglise primitive.
Ăcrits gĂ©nĂ©ralement en syriaque et en arabe, ils furent ensuite traduits en grec et font partie de la littĂ©rature populaire. Pour le Nouveau Testament, on peut distinguer les Ă©vangiles apocryphes (ProtoĂ©vangile de Jean, Ăvangile de Thomas, Histoire de Joseph le Charpentier) des actes apocryphes se rapportant Ă la vie des apĂŽtres (Pseudo-Clementinae qui rapporte les voyages des apĂŽtres Pierre, Paul, AndrĂ©, Jean et Thomas ; lâhistoire de lâapĂŽtre ThaddĂ©e).
Ainsi, le ProtoĂ©vangile de Jacques, intitulĂ© au dĂ©part NativitĂ© de Marie, RĂ©vĂ©lation de Jacques ou Ăvangile de Jacques, fut Ă©crit dans la seconde moitiĂ© du IIe siĂšcle; il traite de la jeunesse de la Vierge Marie, de ses fiançailles avec Joseph et de la naissance de JĂ©sus. Son but Ă©tait sans doute de lutter contre la thĂ©orie selon laquelle Marie aurait conçu JĂ©sus Ă la suite d'une relation adultĂ©rine avec un soldat romain du nom de PanthĂšre. Les quelque 140 manuscrits en grec existant encore aujourdâhui tĂ©moignent de sa popularitĂ©.
Toutefois, les Ă©crits apocryphes furent davantage populaires dans la littĂ©rature slave, caucasienne et orientale que dans la littĂ©rature byzantine oĂč ils Ă©taient sĂ©vĂšrement jugĂ©s par la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique[98].
Romans en prose
Ă cĂŽtĂ© des romans en vers, trĂšs populaires Ă Byzance, comme Cyprien dâAntioche que lâon doit Ă lâimpĂ©ratrice Eudocie (c. 400-460), on retrouve dĂšs la fin de lâAntiquitĂ©, des romans dâaventures racontant les amours difficiles de jeunes couples en butte Ă nombre de difficultĂ©s mais parvenant Ă triompher de lâadversitĂ© grĂące Ă de puissants protecteurs.
Ainsi, au IIe siĂšcle, Achille Tatius, grec dâAlexandrie, qui se serait converti au christianisme Ă la fin de sa vie et serait devenu Ă©vĂȘque, Ă©crivit lâHistoire de LeucippĂ© et de Clitophon, lâune de ses nombreuses histoires amoureuses en huit livres. Datant probablement du Ier siĂšcle apr. J.-C. et divisĂ© en huit livres, le roman raconte les aventures d'un couple de jeunes gens originaires de Tyr et de Byzance notamment en Ăgypte et en Asie Mineure.
HĂ©liodore d'ĂmĂšse , Ă©crivain syrien de langue grecque qui vĂ©cut au IIIe ou IVe siĂšcle, composa Les Ăthiopiques ou Les amours de ThĂ©agĂšne et de ChariclĂ©e. DivisĂ© en dix livres, le roman raconte lâhistoire dâune princesse Ă©thiopienne, ChariclĂ©e, abandonnĂ©e par sa mĂšre qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©levĂ©e Ă Delphes et ĂȘtre devenue prĂȘtresse, rencontre un jeune Thessalien, ThĂ©agĂšne lors des jeux gymniques dâAthĂšnes. Quittant Delphes, les deux jeunes gens sâenfuient par la mer et sont jetĂ©s par une tempĂȘte en Ăgypte. AprĂšs mille aventures, ils se retrouveront en Ăthiopie oĂč lâorigine princiĂšre de ChariclĂ©e finira par ĂȘtre reconnue et oĂč les deux jeunes gens finiront par sâĂ©pouser.
De la mĂȘme Ă©poque date Daphnis et ChloĂ©, roman de Longus inspirĂ© par la poĂ©sie pastorale. Il dĂ©crit les amours de Daphnis, enfant trouvĂ© et jeune chevrier, et de ChloĂ©, Ă©galement bergĂšre et enfant trouvĂ©e. Ăpris lâun de lâautre, ils ne pourront voir aboutir leur amour quâau terme de nombreux rebondissements qui leur permettent de retrouver leurs parents naturels[99].
Barlaam et Joasaph
Lâinspiration orientale de ces romans se retrouve dans une Ćuvre dont ni lâauteur et ni la date ne sont certains, Barlaam et Joasaph. Ăcrit « pour le bien de lâĂąme », le rĂ©cit, dont la trame dĂ©veloppe les principes de la foi chrĂ©tienne et de ses avantages sur le paganisme, raconte comment le prince indien Joasaph est converti par un ermite et comment il parvient par la suite Ă convertir son propre pĂšre. Il sâagit dâune adaptation chrĂ©tienne de la conversion d'un disciple de Siddhartha Gautama, fils dâun prince puissant et enfermĂ© par celui-ci dans son palais pour quâil ne soit pas en contact avec les laideurs du monde. Ătant parvenu Ă sâenfuir, Gautama rencontre la vieillesse, la maladie et la mort, expĂ©rience qui, dans le dĂ©sert oĂč il mĂšne une vie dâascĂšte, lui permet dâatteindre lâillumination.
Plusieurs traits reprĂ©sentĂ©s dans lâhistoire comme Le rossignol et le chasseur ou Lâhomme fuyant la licorne, permettent de croire que la lĂ©gende indienne serait arrivĂ©e en Occident par la Perse et aurait Ă©tĂ© traduite en grec Ă partir dâune version gĂ©orgienne, exĂ©cutĂ©e par Euthyme, moine dâIviron.
La popularitĂ© de ce rĂ©cit est attestĂ©e par le fait que Jean VI CantacuzĂšne et plusieurs membres de la dynastie serbe des Nemanja adopteront le prĂ©nom de Joasaph et seront reprĂ©sentĂ©s comme les hĂ©ros de lâhistoire Ă Studenica (Istok) et Gracanica[100].
Pamphlets et satire
Quâelle soit en vers ou en prose, la satire qui avait joui dâune grande popularitĂ© dans lâAntiquitĂ© classique trouva un nouveau souffle dans la littĂ©rature byzantine du XIe siĂšcle tout en demeurant un genre mineur, quâelle prenne la forme de parodies ou dâallĂ©gories. Elle nâĂ©pargna ni les grands, ni le clergĂ©, ni mĂȘme le basileus. Certains empereurs, comme ThĂ©odore II Lascaris y auront recours pour se moquer de leurs sujets trop obsĂ©quieux[101].
Comme dâautres genres, elle imita rĂ©guliĂšrement les auteurs anciens, en particulier Lucien qui Ă©tait trĂšs admirĂ© Ă Constantinople. Câest le cas par exemple dâun dialogue, intitulĂ© Philopatris longtemps attribuĂ© Ă Lucien, mais dont le vĂ©ritable auteur demeure inconnu. Il se prĂ©sente sous la forme dâune discussion sur les mĂ©rites du christianisme et du paganisme entre un paĂŻen converti, Trephon, et son ami Critias encore paĂŻen. Lâauteur en profite pour faire allusion Ă des Ă©vĂšnements qui se sont probablement passĂ©s sous le rĂšgne de NicĂ©phore Phocas (963-969) lequel sâĂ©tait attaquĂ© aux propriĂ©tĂ©s de lâĂglise pour financer ses guerres contre les califes fatimides, les Rus' et les Bulgares[102]. Il en va de mĂȘme du Timarion qui date du XIIe siĂšcle et qui dĂ©crit la descente aux enfers dâun certain Timarion que lâon a cru mort, Ă tort. La description du royaume des morts permet de tracer le portrait des mĆurs de lâĂ©poque et de divers personnages comme lâempereur ThĂ©ophile (829-842) et Michel Psellos[103].
Certaines satires utilisent des animaux pour faire le procĂšs de la sociĂ©tĂ©, comme le Poulologos et Synaxarion de lâhonorable Ăąne (tous deux en vers), alors que dâautres utilisent des fruits dans le mĂȘme but. Dans le Porikologos, le Raisin est menĂ© devant lâempereur Coing dont les aides sont le protostrator PĂȘche et le cĂ©sar Arachide, etc. ; on y a vu une satire du systĂšme juridique et du cĂ©rĂ©monial de la cour de lâĂ©poque. LâOpsarologos, de date et dâauteur inconnus, est Ă©galement une satire du systĂšme juridique dans laquelle le roi Baleine prĂ©side une cour oĂč comparait le Maquereau, accusĂ© de conspiration[104].
Quelques auteurs
- ThĂ©odore Prodrome (ÎΔÏÎŽÎżÏÎżÏ Î ÏÏÎŽÏÎżÎŒÎżÏ). PoĂšte Ă la cour dâIrĂšne de Hongrie et de Jean II. NĂ© Ă Constantinople vers 1100, il mit Ă la mode le genre panĂ©gyrique crĂ©Ă© par Nicolas KalliklĂšs. Dans son Ćuvre, il parodie la tragĂ©die classique en se moquant des vicissitudes de la vie quotidienne de son temps. Ayant perdu son poste de poĂšte laurĂ©at Ă la mort de Jean II, il se retira Ă lâĂ©glise des Saints-ApĂŽtres et devint moine sous le nom de Nicolas.
- Son Ćuvre :
- Rodanthe et Dosikles, imitation des Ăthiopiques dâHĂ©liodore (voir plus haut), tout en reflĂ©tant les rĂ©alitĂ©s et les aspirations politiques de son propre temps.
- Katomyomachia (La guerre du chat et de la souris). Traité burlesque parodiant les tragédies grecques antiques tout en faisant allusion à des situations de son époque.
- Amarantus ou Les amours dâun vieillard. Dialogue satirique[105].
- Nicolas Cabasilas (ÎÎčÎșÏÎ»Î±ÎżÏ ÎαÎČÎŹÏÎčλαÏ). ThĂ©ologien laĂŻc, nĂ© en 1322 Ă Thessalonique, mort en 1397. Durant la guerre civile entre Jean V PalĂ©ologue et Jean CantacuzĂšne, il participa Ă une ambassade auprĂšs de Manuel CantacuzĂšne pour nĂ©gocier la reddition de la ville. Mais les « zĂ©lotes » opposĂ©s Ă cette reddition provoquĂšrent une rĂ©bellion contre lâaristocratie. Cabasilas Ă©chappa de peu Ă la mort et parvint Ă sâenfuir pour se rĂ©fugier Ă Constantinople. SâĂ©tant liĂ© dâamitiĂ© avec GrĂ©goire Palamas il passa un an avec lui au mont Athos. Il se retira de la vie politique lorsque Jean V PalĂ©ologue parvint Ă dĂ©trĂŽner Jean CantacuzĂšne. LaĂŻc, il continua toujours Ă entretenir des liens avec de nombreux monastĂšres de la capitale.Nicolas Cabasilas.
- Son Ćuvre :
- Cabasilas est surtout connu pour ses traitĂ©s contre lâusure et lâinjustice sociale.
- La vie en Christ et Lâexplication de la divine liturgie, ouvrages de piĂ©tĂ©.
- Nombreuses homélies et panégyriques profanes de souverains.
- Pamphlet contre les Ă©lucubrations de Nicolas GrĂ©goras. SpĂ©cimen de querelle entre deux Ă©rudits dans lequel Cabasilas se moque de son adversaire, de ses nĂ©vralgies, de sa manie de citer pĂȘle-mĂȘle les auteurs anciens, des airs de prophĂšte quâil se donne en citant les oracles chaldĂ©ens et des appareils astronomiques dont il remplissait sa maison pour se donner des airs savants[106].
Musique et poésie
Tout comme la littĂ©rature en prose Ă©tait destinĂ©e Ă ĂȘtre dĂ©clamĂ©e davantage quâĂ ĂȘtre lue, la poĂ©sie Ă©tait Ă lâorigine chantĂ©e[107]. La musique prĂ©cĂ©dait souvent le texte et ce nâest quâau IXe siĂšcle que lâon commença Ă mettre des textes modernes sur des mĂ©lodies anciennes. Cette musique ne privilĂ©giait pas lâharmonie mais la mĂ©lodie et le rythme en sâaccompagnant de la flute ou la lyre. Le vers devant se plier Ă la mĂ©lodie, il en est rĂ©sultĂ© de nombreuses fautes de versification, attribuables souvent toutefois aux copistes ultĂ©rieurs[108].
La poĂ©sie ne servait du reste souvent que de procĂ©dĂ© mnĂ©motechnique commode pour mieux retenir toutes sortes de sujets que ce soit lâhistoire, le droit ou lâĂcriture Sainte. Il nâest guĂšre surprenant dĂšs lors quâelle ait fait lâobjet de nombreux jugements nĂ©gatifs sur son « manque de souffle poĂ©tique et de toute Ă©motion sincĂšre »[107].
Poésie religieuse
DĂšs ses tout dĂ©buts, lâĂglise chrĂ©tienne avait incorporĂ© la poĂ©sie dans sa liturgie sous forme dâhymnes ou de courtes strophes (troparia, sing. troparion) qui avaient pour structure le chant alternĂ© (antiphone). Les troparia furent remplacĂ©es Ă partir du VIe siĂšcle par des poĂšmes rythmĂ©s plus Ă©laborĂ©s, appelĂ©s kontakia (sing. kontakion). Exhortations basĂ©es sur un passage de la Bible ou un Ă©pisode de vie de saint, ceux-ci pouvaient comporter jusquâĂ 22 strophes, toutes composĂ©es sur le mĂȘme modĂšle et se terminant par un court refrain (efumnion). Le plus grand compositeur fut sans doute Romain le MĂ©lode. Les troparia, par leurs origines paĂŻennes et leurs structures qui sâintĂ©graient mal Ă la liturgie furent remplacĂ©s au siĂšcle suivant par des kanones (sing. kanon), chants liturgiques plus amples pouvant comprendre huit ou neuf odes de plusieurs strophes, chacune ayant son propre rythme et forme mĂ©lodique[109]. PlutĂŽt quâune exhortation, le kanon se voulait un hymne de louange. Les compositeurs les plus rĂ©putĂ©s furent AndrĂ© de CrĂšte, Jean DamascĂšne, ThĂ©odore Studite et Jean Mauropous. MĂȘme si de nouveaux canons furent Ă©crits comme exercices de style aprĂšs le XIe siĂšcle, ils cessĂšrent dâĂȘtre intĂ©grĂ©s Ă la liturgie. Bien quâencore teintĂ©e de rhĂ©torique, la poĂ©sie religieuse se rapprochait davantage de la langue vernaculaire que de la langue officielle. La musique qui accompagnait tant les kontakia que les kanones a disparu[110].
Quelques auteurs
- Romain le MĂ©lode (῏ÏÎŒÎ±ÎœáœžÏ áœ ÎΔλÏÎŽÏÏ ; VIe siĂšcle), hymnographe et poĂšte byzantin. NĂ© dans une famille juive de Syrie vers 493, il fut ordonnĂ© diacre Ă Beyrouth avant de sâĂ©tablir Ă lâĂ©glise de la ThĂ©otokos de Constantinople oĂč, dans une apparition, la Vierge lui aurait transmis le don de la poĂ©sie sacrĂ©e. Il aurait composĂ© plus de 1000 kontakia, mais seules 89 sont parvenues jusquâĂ nous. Il serait mort vers 555. Ses hymnes reprennent gĂ©nĂ©ralement des histoires de lâAncien ou du Nouveau Testament ou encore des Ă©pisodes de vies de saints, quoiqu'il lui arrive de traiter de thĂšmes contemporains comme celle « Sur les tremblements de terre et le feu » qui rappelle la rĂ©volte de NikĂš. Contrairement au style adoptĂ© par ses successeurs, le sien est simple et le systĂšme tonique remplace le mĂštre hellĂ©nique.
- Son Ćuvre :
- Acathiste à la MÚre de Dieu, hymne à la Vierge pour avoir sauvé Constantinople des barbares[111].
- Jean DamascĂšne (Jean Manssour ou Jean de Damas, dit Jean DamascĂšne ; en grec : ÎÏÎŹÎœÎœÎ·Ï ÎαΌαÏÎșÎźÎœÎżÏ, en arabe : ۳۱ۏÙÙ Ű§ÙŰȘŰșÙŰšÙ), thĂ©ologien et pĂšre de lâĂglise. Il est nĂ© vers 676 dans une grande famille dâorigine arabe de Damas. AprĂšs avoir servi le calife comme ministre, il se retira du monde aprĂšs une dispute avec lâempereur LĂ©on III, favorable aux iconoclastes, et se retira Ă la laure de saint Sabas en Palestine. Il mourut le 4 dĂ©cembre 749. FrappĂ© dâanathĂšme aprĂšs sa mort, par le concile iconoclaste de HiĂ©reia, il fut mis au rang des docteurs de lâĂglise catholique par le pape LĂ©on XIII. Son frĂšre, Comas, fut Ă©galement un hymnographe rĂ©putĂ©.Jean DamascĂšne fut avec son frĂšre Comas un hymnographe prolifique.
- Son Ćuvre :
- Pege gnoseos (La fontaine de la Connaissance). Cette somme comprend trois parties : une introduction, une rĂ©futation des doctrines hĂ©rĂ©tiques, y compris lâIslam et lâiconoclasme et une exposition de la Foi orthodoxe traitant de Dieu, de la CrĂ©ation, de lâIncarnation, des sacrements, etc.
- TraitĂ© contre ceux qui dĂ©crient les saintes images. TraitĂ© Ă©crit en rĂ©action Ă lâĂ©dit de LĂ©on III interdisant le culte des images. Jean composa plusieurs ouvrages Ă la dĂ©fense des icĂŽnes dont il proposa une classification en six groupes[112].
- ThĂ©odore Studite (ou le Studite, c'est-Ă -dire moine du Stoudion, monastĂšre de Constantinople), thĂ©ologien et rĂ©formateur monastique. NĂ© en 759 dans une famille de trĂšs hauts fonctionnaires (pĂšre sans doute sacellaire, ministre des finances), il reçut une Ă©ducation soignĂ©e. Son oncle, Platon, persuada lâensemble de la famille dâembrasser la vie religieuse. ThĂ©odore devint son bras droit au nouveau monastĂšre de Sakkoudion quâil avait fondĂ©. OrdonnĂ© prĂȘtre en 794, il remplaça son oncle comme higoumĂšne du monastĂšre. Il entra en conflit avec plusieurs empereurs successifs sur des motifs divers, que ce soit le mariage illĂ©gitime de lâempereur Constantin VI, la rĂ©habilitation du prĂȘtre Joseph sous NicĂ©phore Ier, ou le rĂ©tablissement de lâiconoclasme sous LĂ©on V. Il devint durant ce conflit lâĂąme dirigeante des iconodoules. ExilĂ© Ă Smymes en Anatolie, il tenta avec un succĂšs trĂšs mitigĂ© dâobtenir du successeur de LĂ©on V le retour Ă la vĂ©nĂ©ration des images. Il passa ses derniĂšres annĂ©es dans la pĂ©ninsule de Saint-Tryphon prĂšs de ChalcĂ©doine, puis dans lâile de Prinkipo oĂč il mourut en 826[113].
- Son Ćuvre :
- Petite CatéchÚse et Grande CatéchÚse : deux séries d'homélies monastiques.
- Ăpigrammes : 124 poĂšmes sur des sujets variĂ©s.
- Lettres : 560 conservées, chronologiquement de 796 à 826.
- Oraisons funÚbres de sa mÚre Théoctiste et de son oncle Platon.
- Panégyrique de saint Théophane le Confesseur.
- Louange de l'apÎtre Barthélémy.
- Nombreux hymnes liturgiques et homélies.
- Testament, en fait instructions pour un supérieur de monastÚre[113].
- Joseph l'Hymnographe (ÎÏÏáœŽÏ Ï áœÎŒÎœÎżÎłÏÎŹÏÎżÏ), moine et poĂšte religieux. NĂ© en Sicile (probablement Ă Palerme) en vers 816, il dut sâenfuir avec sa famille lorsque les musulmans sâemparĂšrent de lâile. Ătabli dans le PĂ©loponnĂšse, il entra au monastĂšre de Tou Latomou oĂč il travailla comme calligraphe. Il attira bientĂŽt lâattention de GrĂ©goire le DĂ©capolite avec qui il partit pour Constantinople. ChargĂ© dâune mission auprĂšs du pape, il fut capturĂ© par des pirates arabes et incarcĂ©rĂ© en CrĂšte. LibĂ©rĂ©, il revint Ă Constantinople oĂč il fonda le monastĂšre de Saint-BartholomĂ©e. Ayant appuyĂ© le patriarche Ignace, il fut exilĂ© en CrimĂ©e par le cĂ©sar Bardas et par Photius. De retour Ă Constantinople en 867, il reprit la direction de son monastĂšre avant dâĂȘtre nommĂ© sacristain (ÏÎșÎ”Ï ÎżÏÏλαΟ) de Sainte-Sophie.Joseph l'Hymnographe (v. 816-886).
Appartenant Ă lâĂ©cole du Studite, il contribua Ă la transformation des canons de paraphrases plus ou moins vagues de lâAncien Testament en cantiques dotĂ©s dâune unitĂ© de thĂšme, lequel se dĂ©veloppe Ă travers toutes les odes. Il rĂ©duisit le nombre de strophes du kontakion pour lâharmoniser avec la poĂ©sie acrostiche. - Son Ćuvre :
- Hymnographe le plus prolifique de Byzance, on lui attribue plus de 1000 canons, soit de 8 000 Ă 9 000 odes. Plusieurs centaines de canons portent le nom « Joseph » en acrostiche dans la neuviĂšme ode. On lui attribue en grande part la mise en forme de la Paraklitiki ou livre liturgique de lâĂglise grecque contenant les offices liturgiques de tous les jours de la semaine[114].
- Jean Mauropous (ou Mavropous ; ጞÏÎŹÎœÎœÎ·Ï ÎÎ±Ï ÏÏÏÎżÏ Ï), poĂšte, hymnographe et auteur de lettres et discours. NĂ© en Paphlagonie autour de lâan 1000, il se rendit Ă Constantinople oĂč il fonda vers 1028 une Ă©cole supĂ©rieure que frĂ©quentĂšrent les grands esprits de lâĂ©poque, comme Michel Psellos et NicĂ©tas le Grammairien. RhĂ©toricien de la cour sous Constantin IX, il tomba en disgrĂące peut-ĂȘtre en raison de ses discours oĂč la rhĂ©torique Ă©tait utilisĂ©e comme arme politique et fut nommĂ© mĂ©tropolite dâEuchaita dâoĂč il Ă©crivit de nombreuses lettres Ă Psellos pour ĂȘtre rappelĂ© dâexil. Pendant cet exil, il se concentra sur des sujets religieux, Ă©crivant de nombreux kanones et vies de saints. De retour Ă Constantinople, il finit ses jours vers 1070 au monastĂšre de Hagia Petra.
- Son Ćuvre :
- Mauropous rassembla une collection de ses propres Ćuvres que lâon retrouve dans le manuscrit Vaticano graeco 676. Ce document comprend 99 poĂšmes (Ă©pigrammes, poĂšmes polĂ©miques et autobiographiques, oraisons funĂšbres en vers), 77 lettres et 13 discours dont le contenu est essentiellement religieux.
- Nombreux canons liturgiques, annonçant le renouveau intellectuel de Byzance au XIe siÚcle[115].
Poésie profane
Bien que la poĂ©sie en langue populaire ait probablement existĂ© depuis des siĂšcles, câest la capture de Constantinople par les Latins qui la libĂ©ra des contraintes des formes grammaticales, du contenu lexical et des rĂ©fĂ©rences mythologiques auxquels elle avait Ă©tĂ© soumise et permit Ă lâimagination et Ă lâĂ©motion de se manifester. Ainsi, Ă cĂŽtĂ© de lâĂ©pigramme et des panĂ©gyriques officiels qui se maintinrent, la satire et la parodie, la poĂ©sie didactique et exhortative jouirent dâun second souffle alors quâapparut un genre nouveau, le poĂšme de sollicitation dans lequel le poĂšte se lamente sur son sort et demande aux puissants de lâaider Ă survivre, et que se renouvelait la poĂ©sie amoureuse des poĂštes alexandrins[116].
Nombreux sont les poĂšmes ou romans en vers postĂ©rieurs Ă la quatriĂšme croisade qui reprennent par leur sujet le cycle de la Table Ronde. Ainsi, apparait dans une rĂ©gion occupĂ©e par les Français le poĂšme de Belthandros et Chryzantza dont les personnages portent des noms tantĂŽt français, tantĂŽt grecs. Dans le ChĂąteau dâAmour est enfermĂ©e une princesse qui sera dĂ©livrĂ©e par Belthandros[117]. Mais si le poĂšme rappelle un thĂšme de la poĂ©sie provençale, le mariage des deux jeunes gens sera bĂ©ni par le patriarche de Constantinople et le roi des Romains sera reçu par le roi dâAntioche. De la mĂȘme façon, Phorios et Platziaphlora (Flore et Blanchefleur) Ă©crit Ă la fin du XIVe siĂšcle reprend la version italienne dâune lĂ©gende provençale[118].
Ă cĂŽtĂ© de cette poĂ©sie chevaleresque se dĂ©veloppent, en langue populaire, Ă partir du XIIe siĂšcle des poĂšmes de genres variĂ©s : poĂšmes didactiques, satiriques ou lyriques, proverbes, contes, etc. On voit ainsi se dĂ©gager une poĂ©sie qui peut ĂȘtre Ă lâoccasion de contenu assez cru et ressemble davantage Ă ce qui est produit en langue nationale en Occident qu'Ă ce qui sâĂ©tait fait en langue savante grecque[119].
Quâelle soit chevaleresque ou populaire, la poĂ©sie de lâĂ©poque emploie le « vers politique » (ÏολÎčÏÎčÎșÏÏ ÏÏÎŻÎșÎżÏ, litt. « vers de la citĂ© », sous-entendu, » vers de mauvaise rĂ©putation ») un vers de 15 syllabes basĂ© sur lâaccent portĂ© sur les mots plutĂŽt que sur la longueur des voyelles comme câĂ©tait le cas auparavant[N 8]. Chaque vers comporte une cĂ©sure aprĂšs la huitiĂšme syllabe et un accent obligatoire sur la quatorziĂšme syllabe. Ce genre de vers apparut dâabord au VIe siĂšcle et on en retrouve des traces dans certaines kontakia. On le retrouve encore de nos jours dans diverses chansons de folklore grecques[120].
Quelques auteurs
- Nonnos de Panopolis (ÎÏÎœÎœÎżÏ), poĂšte grec, nĂ© en Ăgypte au Ve siĂšcle. On sait trĂšs peu de choses sur sa vie, entre autres sâil sâagissait dâun auteur paĂŻen qui se serait converti au christianisme ou dâun auteur chrĂ©tien qui aurait Ă©tĂ© sĂ©duit par le paganisme.
- Son Ćuvre:
- Dionysiaques. Recueil Ă©pique en deux groupes de 24 chants sur les lĂ©gendes liĂ©es Ă Dionysos. Ăcrit selon les lois de la rhĂ©torique en hexamĂštres classiques, ce panĂ©gyrique de Dionysos se veut en rĂ©alitĂ© un hommage Ă HomĂšre.
- Metabole meta Ioannou. Une paraphrase de lâĂ©vangile selon saint Jean Ă©crite en hexamĂštres dactyliques[121].
- Georges de Pisidie (ÎΔÏÏÎłÎčÎżÏ Î ÎčÏίΎηÏ), poĂšte grec, ayant vĂ©cu dans la premiĂšre moitiĂ© du VIIe siĂšcle. AprĂšs avoir quittĂ© sa Pisidie natale, il fut diacre de lâĂglise de Constantinople, exerçant les fonctions de sacristain (skeuophulax) et d'archiviste (chartophulax) de la basilique de Sainte-Sophie. Contemporain de lâempereur HĂ©raclius, son Ćuvre porte surtout sur les exploits de celui-ci et sur la foi chrĂ©tienne.
- Son Ćuvre :
- Huit Ćuvres versifiĂ©es, reprĂ©sentant environ cinq mille vers, et un texte en prose ont Ă©tĂ© conservĂ©s. Son poĂšme sur la crĂ©ation est Ă©crit en vers iambiques de douze syllabes, consistant gĂ©nĂ©ralement en trois paires de pieds comportant chacun une courte suivie dâune longue, vers fortement populaire au Xe siĂšcle avant dâĂȘtre remplacĂ© par le vers politique[N 9].
- De expeditione Heraclii imperatoris contra Persas : récit de la campagne d'Héraclius contre les Perses en 622.
- Bellum Avaricum : récit du siÚge de Constantinople par les Avars en 626.
- Heraclias ou De extremo Chosroae Persarum regis excidio : célébration des hauts faits de l'empereur Héraclius.
- In sanctam Jesu Christi Dei nostri resurrectionem : exhortation Ă Flavius Constantin, fils et hĂ©ritier d'HĂ©raclius, pour quâil marche sur les traces de son pĂšre.
- Hexaemeron ou Opus sex dierum seu Mundi opificium : le plus long des huit poÚmes, commentaire en vers des premiers chapitres de la GenÚse, dédié au patriarche Serge Ier.
- De vanitate vitae.
- Contra impium Severum Antiochiae : dénonciation du monophysisme.
- In templum Deiparae Constantinopoli in Blachernissitum : description de l'Ă©glise Sainte-Marie des Blachernes.
- Encomium in sanctum Anastasium martyrem : éloge en prose de saint Anastase le Perse, soldat de l'armée du roi ChosroÚs II, converti au christianisme[122].
- Jean GĂ©omĂštre ou KyriotĂšs (ÎÏÎŹÎœÎœÎ·Ï ÎΔÏÎŒÎÏÏηÏ), poĂšte, soldat et moine, ayant vĂ©cu dans la deuxiĂšme partie du Xe siĂšcle. Lâune des principales figures de la Renaissance macĂ©donienne. Ayant reçu une bonne Ă©ducation, il servit dans lâarmĂ©e avant de se faire moine. Ayant vĂ©cu sous les rĂšgnes troublĂ©s de NicĂ©phore II Phocas (emp. 963-969), Jean Ier TzimiskĂšs (emp. 969-976) et les premiĂšres annĂ©es de Basile II (emp. 976-1025), son Ćuvre contient de nombreuses allusions aux conflits entre Byzance dâune part, les Bulgares et les Rusâ dâautre part de mĂȘme quâaux rĂ©voltes de Bardas SklĂ©ros et de Bardas Phokas.
- Son Ćuvre :
- Il produisit de nombreux Ă©pigrammes sur les guerres avec les Bulgares et les Rusâ dans lesquels il glorifie NicĂ©phore II, des progymnasmata[N 10], un ekphrasis[N 11] sur le chĂȘne mettant en valeur lâamour dâune mĂšre pour ses enfants, des hymnes et priĂšres en lâhonneur de la Vierge et des discours sur GrĂ©goire de Nazianze et saint PantelĂ©on. On lui attribue Ă©galement le Paradeisos, une collection dâĂ©pigrammes monastiques[123].
- Jean Mauropous et Théodore Prodrome (voir plus haut).
- Manuel PhilĂšs, poĂšte de la cour sous Andronic II et Andronic III. Ayant des liens avec la famille impĂ©riale, il participa Ă une ambassade chez les Tatares en 1293 pour nĂ©gocier le mariage de Marie, fille dâAndronic II, au khan de la Horde dâOr. Ăcrivain prolifique, il composa de nombreux poĂšmes en vers iambiques et en vers politiques.
- Son Ćuvre :
- PoÚmes sur la faune et la flore dont Sur les caractéristiques des animaux, deux poÚmes didactiques sur les vers à soie.
- PanĂ©gyrique en lâhonneur de Jean CantacuzĂšne dans lequel il sâentretient avec des figures mythiques comme la Raison, la Vertu, la VĂ©ritĂ© et la Modestie.
- Ăpitaphe en lâhonneur de membres de la famille impĂ©riale et de lâaristocratie.
- Enkomion dâAndronic III.
- PoĂšmes de sollicitation dans lequel il demande un cheval, une selle, des cĂ©rĂ©ales, un manteau dâhiver, etc.
- Ekphrasis sur diverses reliques et objets dâart[124].
Digénis Akritas
La seule Ă©popĂ©e appartenant vĂ©ritablement Ă la littĂ©rature byzantine est celle des Exploits de Basile DigĂ©nis Akritas (habituellement appelĂ©e DigĂ©nis Akritas â ÎÎčÎłÎ”ÎœÎ ÎÎșÏÎŻÏαÏ). RĂ©digĂ©e vraisemblablement du XIIe au XVe siĂšcle en vers politiques, elle se prĂ©sente aujourdâhui dans diffĂ©rentes versions qui attestent de nombreuses modifications au cours des ans, consĂ©quence sans doute du fait quâelle Ă©tait rĂ©citĂ©e par des aĂšdes ambulants lors dâassemblĂ©es de nobles. Il existe six manuscrits grecs et une version slave (Devgenievo Dejanie). Certaines versions sont bien organisĂ©es et reflĂštent la puretĂ© de langue byzantine de lâĂ©poque, alors que dâautres sont plus prĂšs de la langue vernaculaire et souffrent de diffĂ©rentes irrĂ©gularitĂ©s sur le plan de la versification.
LâĂ©popĂ©e a pour sujet les luttes se dĂ©roulant aux frontiĂšres de Cilicie et de Cappadoce aux IXe et Xe siĂšcles entre les gardiens des frontiĂšres (Akritai) dâune part, les Sarrasins dâautre part, auxquels il faut ajouter les ApĂ©lates, bandes de brigands vivant aux dĂ©pens des deux adversaires.
Elle se prĂ©sente sous forme de huit chants divisĂ©s en trois parties qui diffĂšrent tant par le ton que par lâesprit. La premiĂšre partie, qui inclut les trois premiers chants, est consacrĂ©e aux parents de DigĂ©nis Akritas et aux exploits du pĂšre de DigĂ©nis, lâĂ©mir dâĂdesse qui enlĂšve et Ă©pouse la fille du stratĂšge Andronic Doukas. La deuxiĂšme partie, qui comprend les trois chants suivants, est consacrĂ©e aux exploits de DigĂ©nis qui finit par conquĂ©rir la bien-aimĂ©e Eudokia en dĂ©pit de la rĂ©sistance acharnĂ©e de son futur beau-pĂšre (chant IV). Divers Ă©pisodes distincts composent les chants V (les amours de DigĂ©nis avec une jeune Arabe) et VI (DigĂ©nis se bat contre les ApĂ©lates qui veulent enlever Eudokia laquelle a entre-temps retrouvĂ© son bien-aimĂ©). La troisiĂšme partie (chants VII et VIII) nous montre le couple vivant heureux dans leur palais sur les bords de lâEuphrate oĂč les seuls exploits de DigĂ©nis sont ses exploits Ă la chasse et sa mort tragique aprĂšs un bain glacĂ© au retour dâune de ces chasses[125].
Chronique de Morée
Il existe une autre Ă©popĂ©e, la Chronique de MorĂ©e ou Livre de la ConquĂȘte (ΧÏÎżÎœÎčÎșÏÎœ Ïοΰ ÎÎżÏΔÏÏ). Mais si celle-ci se situe dans lâespace gĂ©ographique de lâEmpire byzantin, il sâagit en fait du rĂ©cit de la conquĂȘte du PĂ©loponnĂšse et de la fondation de la principautĂ© de MorĂ©e Ă©crit par un poĂšte franc au XIVe siĂšcle, lequel se rendant compte de lâhellĂ©nisation progressive des descendants des croisĂ©s veut rappeler Ă ceux-ci les hauts faits de leurs ancĂȘtres. Elle nâa donc de grec que la langue[N 12] et tient autant de lâhistoire que de lâĂ©popĂ©e alors que ses descriptions des mĆurs fĂ©odales Ă la cour du prince de MorĂ©e lui donnent lâallure dâun poĂšme chevaleresque[126].
La guerre de Troie
On peut Ă©galement mentionner un poĂšme anonyme du XIVe siĂšcle, La Guerre de Troie (ÎÎčΟγηÏÎčÏ ÎłÎ”ÎœÎ±ÎŒÎΜη ÎÎœ ΀Ïοία), traduction presque littĂ©rale du Roman de Troie de Benoit de Sainte-Maure. Genre dâIliade byzantine, ce poĂšme de 1 166 vers politiques non rimĂ©s Ă©crit probablement au XIVe siĂšcle se divise en trois parties, la premiĂšre racontant les Ă©vĂšnements ayant eu lieu avant la guerre se concentre sur lâenfance de Paris, la seconde les Ă©vĂšnements survenus pendant la guerre elle-mĂȘme et porte sur Achille alors que la troisiĂšme raconte les Ă©vĂšnements aprĂšs la guerre et le deuil dâAchille[127].
Le théùtre religieux
Le thĂ©Ăątre tel quâon le concevait dans lâantiquitĂ© comme forme de divertissement nâa pas survĂ©cu Ă Byzance oĂč il Ă©tait synonyme dâimmoralitĂ© associĂ©e au paganisme. Toutefois quelques piĂšces furent Ă©crites, prĂ©textes Ă de longues dĂ©clamations qui servirent surtout aux polĂ©miques entre thĂ©ologiens, particuliĂšrement Ă lâĂ©poque de lâiconoclasme. Une seule nous est parvenue : Le Christ Souffrant (ΧÏÎčÏÏÏÏ ÏÎŹÏÏÏÎœ) Ă©crite vraisemblablement au Xe ou XIe siĂšcle. RĂ©cit dialoguĂ© de la Passion avec deux demi-chĆurs de GalilĂ©ennes, la piĂšce consiste en 2460 vers dont le tiers sont empruntĂ©s Ă Euripide, Eschyle et Lycophron. Le rĂŽle principal est tenu par la Vierge qui exprime sa douleur tout au long du chemin de la croix.
Il sâagit toutefois dâun « thĂ©Ăątre savant » qui ne touchait guĂšre le peuple pour qui existait un « thĂ©Ăątre religieux et populaire » un peu semblable aux « mystĂšres » jouĂ©s en Occident. Tout comme eux, il dĂ©rive des homĂ©lies et a pour cadre la liturgie oĂč des interlocuteurs donnent la rĂ©plique au prĂ©dicateur, le tout sâaccompagnant de cantiques, de tropes et dâhymnes populaires rythmĂ©s. Certaines fĂȘtes, comme celle du prophĂšte Ălie, Ă©taient lâoccasion de reconstituer dans diverses Ă©glises des jeux scĂ©niques qui pouvaient durer toute une journĂ©e comme celui des Trois jeunes gens dans la fournaise, mentionnĂ© au Xe siĂšcle et qui se jouait encore Ă Sainte-Sophie au XVe siĂšcle[128].
Notes et références
Notes
- Cette classification est basée sur celle proposée dans Bréhier 1970.
- Voir par exemple le jugement que porte lâauteur de lâarticle sur « La littĂ©rature byzantine » dans Imago Mundi : « Cette pĂ©riode dâenviron 1100 annĂ©es nâest quâune longue dĂ©cadence, une agonie prolongĂ©e de la littĂ©rature grecque, qui, durant les quinze siĂšcles antĂ©rieurs, nâavait presque jamais cessĂ© de jeter de lâĂ©clat » ; pour un jugement plus nuancĂ© et replaçant la littĂ©rature dans son contexte historique, voir Cameron 1970, p. 149-155
- La présente classification reprend celle proposée par Louis Bréhier dans « La civilisation byzantine »
- Pour les titres mentionnĂ©s dans les pages qui suivent, se rapporter Ă lâarticle « Glossaire des titres et fonctions dans l'Empire byzantin »
- Il existe toutefois une catĂ©gorie de biographies qui sont de simples panĂ©gyriques Ă©crits longtemps aprĂšs la mort du saint. Purs exercices de rhĂ©torique, elles nâavaient dâautre but que lâacquisition dâun grade universitaire (BrĂ©hier [1970], p. 306.)
- LâĂ©loge est un genre littĂ©raire hĂ©ritĂ© de l'AntiquitĂ© qui consiste Ă vanter les mĂ©rites d'un individu ou d'une institution. Il s'agit d'un discours public ou donnĂ© comme tel, destinĂ© Ă l'Ă©dification commune des fidĂšles.
- Maßtre des cérémonies liturgiques ; c'était un poste trÚs prestigieux.
- Ainsi, le pied appelĂ© trochĂ©e Ă©tait formĂ© dâune syllabe longue et dâune brĂšve, alors que l'ĂŻambe consistait en une brĂšve et une longue, le datyle, une longue et deux brĂšves, etc.(BrĂ©hier 1970, p. 318).
- En grec : Un vers de 15 syllabes, basĂ© sur lâaccent tonique, sans rĂ©fĂ©rence aux syllabes courtes ou longues. Il y a cĂ©sure obligatoire aprĂšs la huitiĂšme syllabe et des accents sur la quatorziĂšme et la sixiĂšme ou la huitiĂšme syllabe.
- Les progymnasmata (ÏÏÎżÎłÏ ÎŒÎœÎŹÏΌαÏα) sont des exercices de composition destinĂ©s Ă prĂ©parer les Ă©tudiants Ă lâexĂ©cution publique de discours.
- Les exphrasis (ÎÎșÏÏαÏÎčÏ) sont des discours descriptifs destinĂ©s Ă rendre visible lâobjet dont il est question.
- Il est possible du reste que la version grecque soit la traduction dâun original Ă©crit en français ou en dialecte vĂ©nitien
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- « Byzance, La littérature », dans Encyclopédie Universalis (lire en ligne).
Articles connexes
- Historiographie grecque, Liste d'historiographes grecs (en), Liste des historiens grecs de l'Antiquité (de)
- Grec médiéval
- Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae (période 330-1453) (CSHB, Textes)
- Corpus Fontium Historiae Byzantinae (CFHB, Sources)
- Le roman byzantin (en)
- Souda/Suidas, encyclopédie (11Úme s.), Philosophie byzantine
- Science et technologie byzantines
- Anthologie Palatine ou Anthologie grecque, Anthologie de Planude
- Christianisme primitif, Patrologie
- Langues de l'Empire byzantin, Traductions arabes du IXe siĂšcle, Traductions latines du XIIe siĂšcle
- Parastaseis syntomoi chronikai
- Joca monachorum