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Grégoire Palamas

GrĂ©goire Palamas (1296 - 1359), saint de l'Église orthodoxe, a dĂ©veloppĂ© dans sa pensĂ©e un adage des PĂšres, selon lequel Dieu s'est fait homme, pour que l'homme devienne Dieu. Il rĂ©sume une longue tradition Ă  ce sujet, Ă  laquelle il se veut fidĂšle et qui touche Ă  une question fondamentale du christianisme, celle du salut ou de la dĂ©ification de l'homme. La synthĂšse de GrĂ©goire Palamas est l'une des plus remarquables Ă  ce sujet[1].

Grégoire Palamas
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
Î“ÏÎ·ÎłÏŒÏÎčÎżÏ‚ ΠαλαΌ៶ς
Activités
Autres informations
Étape de canonisation
MaĂźtre
Directeur de thĂšse
FĂȘte

La vie et l’Ɠuvre

La vie de GrĂ©goire Palamas[2] nous est connue par ses Ă©crits, mais aussi par l’Éloge de Palamas composĂ© peu de temps aprĂšs sa mort par son disciple et ami PhilothĂ©e Kokkinos, qui fut patriarche de Constantinople.

Son enfance et le début de sa vocation

GrĂ©goire Palamas est nĂ© Ă  Constantinople en 1296. Ses parents Ă©taient des nobles d’Asie mineure qui, en raison de l’invasion des Turcs, se rĂ©fugiĂšrent Ă  Constantinople. Son pĂšre, Constantin Palamas, Ă©tait sĂ©nateur et faisait partie de l’entourage de l’empereur Andronic II PalĂ©ologue. Il mourut peu de temps aprĂšs la naissance de GrĂ©goire. L’Empereur prit alors en charge son Ă©ducation et ses Ă©tudes classiques Ă  l’universitĂ© impĂ©riale jusqu’à l’ñge de vingt ans environ. GrĂ©goire choisit, probablement avant le terme du cycle de ses Ă©tudes qui le destinait au service de l’État, de devenir moine et de renoncer alors aux sciences hellĂ©niques. Le jeune homme avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ© Ă  sa vocation monastique par la piĂ©tĂ© familiale. Ses parents connaissaient la priĂšre du cƓur, ils frĂ©quentaient les moines athonites et leur avaient confiĂ© l’éducation spirituelle de leurs enfants. C’est ainsi que GrĂ©goire bĂ©nĂ©ficia de la paternitĂ© spirituelle d’un maĂźtre rĂ©putĂ© de la priĂšre du cƓur, ThĂ©olepte de Philadelphie.

Son départ au Mont Athos

C’est peut-ĂȘtre sous son conseil que Palamas se retira, vers 1316, au Mont Athos. Il y fut suivi par ses deux frĂšres. Quant Ă  sa mĂšre et ses deux sƓurs, elles menĂšrent aussi une vie monastique, mais Ă  Constantinople. Au Mont Athos, GrĂ©goire devint durant trois ans le disciple de NicodĂšme, un moine hĂ©sychaste qui l’initia Ă  la vie d’ermite. AprĂšs le dĂ©cĂšs de ce dernier, Palamas dĂ©cida de rejoindre la communautĂ© de la Grande Lavra, fondĂ©e par Athanase l'Athonite. Il y demeura en tant que chantre pendant trois ans, puis il opta Ă  nouveau pour la vie solitaire. Il prit GrĂ©goire le SinaĂŻte pour pĂšre spirituel et alla sĂ©journer parmi les hĂ©sychastes de l’ermitage de Glossia. Vers 1325, il fut obligĂ© de fuir, en raison d’incursions de pirates turcs. C’est alors Ă  Thessalonique qu’il rĂ©sida durant quelques mois en compagnie des disciples de GrĂ©goire le SinaĂŻte, parmi lesquels se trouvaient deux futurs patriarches de Constantinople, Isidore (Boukharis) et Calliste. À Thessalonique, il fut ordonnĂ© prĂȘtre en 1326. Ensuite, GrĂ©goire partit, accompagnĂ© de dix moines, fonder un ermitage Ă  BerrhĂ©e, oĂč il suivit le style de vie adoptĂ© par les hĂ©sychastes, en consacrant cinq jours de la semaine Ă  la priĂšre pure dans la solitude et le samedi et le dimanche aux services liturgiques avec les autres moines de l’ermitage. Vers 1331, il dut une nouvelle fois fuir Ă  cause d’incursions. GrĂ©goire retourna Ă  la Sainte Montagne, Ă  l’ermitage de Saint-Sabbas. C’est lĂ  qu’il commença Ă  Ă©crire ses premiers ouvrages. Un peu plus tard, il accepta la charge d’higoumĂšne ou de supĂ©rieur au MonastĂšre d'Esphigmenou.

La querelle du filioque

Vers 1335, de retour Ă  l'ermitage Saint-Sabbas, GrĂ©goire Palamas Ă©crivit, Ă  l’occasion de pourparlers d’union des Églises, ses TraitĂ©s apodictiques sur la procession du Saint-Esprit, un ouvrage sur la TrinitĂ© destinĂ© Ă  repousser toute tentative de compromis doctrinal avec les Latins sur le thĂšme de la procession de l’Esprit. Ce faisant, GrĂ©goire ne refusait pas vraiment l’union des Églises, il dĂ©sirait surtout Ă©viter une union doctrinale factice, dont l’enjeu vĂ©ritable n’était pas thĂ©ologique, mais politique. En effet, certains de ses contemporains Ă©taient prĂȘts Ă  sacrifier la foi orthodoxe pour s’unir Ă  l’Occident latin et bĂ©nĂ©ficier ainsi de son soutien militaire pour repousser l’invasion des Turcs.

La controverse théologique avec Barlaam

À partir de 1336-1337, il entra en conflit avec les idĂ©es d’un moine et philosophe italien, nommĂ© Barlaam le Calabrais. Ce dernier Ă©tait professeur Ă  l’universitĂ© impĂ©riale et un spĂ©cialiste du Pseudo-Denys. Sa renommĂ©e Ă©tait grande Ă  Constantinople et beaucoup le consultaient en diffĂ©rents domaines du savoir. Palamas rĂ©digea, entre 1336-1337 et 1341, quelques Lettres, les Triades pour la dĂ©fense des saints hĂ©sychastes, et un Tome hagioritique, Ɠuvres qui tĂ©moignent de la controverse avec Barlaam.

Le conflit portait sur la question de la connaissance de Dieu : peut-on connaĂźtre Dieu autrement que par une dĂ©monstration, autrement que par le seul raisonnement Ă  partir de ce que Dieu a crĂ©Ă© et qui conserve son empreinte ? Pour Barlaam, il n’existait pas de meilleure approche que celle-lĂ  pour connaĂźtre Dieu, qui en lui-mĂȘme est absolument inconnaissable, comme le disait Denys. L’étude des Écritures Ă©tait Ă  ses yeux de moindre importance. Il se mit Ă  critiquer violemment les pratiques des moines hĂ©sychastes, pratiques sur lesquelles il s’était renseignĂ© et qui supposaient une autre forme de connaissance de Dieu, une connaissance plus intime et personnelle, par l’intervention d’une grĂące incrĂ©Ă©e de l’Esprit. Pour Barlaam, ces pratiques tĂ©moignaient d’une ignorance de la part des hĂ©sychastes et il le fit savoir autour de lui non sans ironie. Les moines demandĂšrent alors Ă  Palamas d’ĂȘtre leur porte-parole dans ce conflit oĂč leur spiritualitĂ© Ă©tait rĂ©duite Ă  nĂ©ant. GrĂ©goire connaissait bien Barlaam, il entretenait une correspondance avec lui. Il mit au point, Ă  partir d’une lecture attentive des PĂšres grecs, une distinction en Dieu entre son essence imparticipable et les Ă©nergies participables, distinction soulignant que Dieu est effectivement inconnaissable en lui-mĂȘme, en son essence, comme le rappelle Barlaam, mais que l’homme n’est pas contraint pour autant Ă  l’ignorance, parce que Dieu dans sa bontĂ© se rĂ©vĂšle Ă  lui tel qu’il est, dans son Ă©nergie, oĂč il est totalement prĂ©sent et agissant. Barlaam n’accepta pas cette distinction. Il tenta de la rĂ©futer avec toute l’intelligence dont il Ă©tait capable. La question fut finalement dĂ©battue publiquement le , lors d’un concile prĂ©sidĂ© conjointement par l’empereur, Andronic III, et le patriarche de Constantinople, Jean XIV KalĂ©kas. Le concile condamna Barlaam, lequel quitta Constantinople pour retourner en Italie. Cependant, le document conciliaire ne fut pas signĂ© par l’empereur, en raison de son dĂ©cĂšs, survenu cinq jours aprĂšs le concile.

L’opposition Ă  la thĂ©ologie de Palamas n’était pas terminĂ©e. Le relais fut pris par GrĂ©goire Akindynos, qui fut peut-ĂȘtre le disciple de Palamas, en tout cas son ami et un mĂ©diateur dans les premiers temps de la controverse avec Barlaam. Pour sa part, il acceptait la spiritualitĂ© hĂ©sychaste tout en refusant radicalement la distinction en Dieu entre l’essence et les Ă©nergies. Le nouveau rĂ©gent, Jean VI CantacuzĂšne, qui fut au service du dĂ©funt empereur Andronic III, rĂ©unit alors un deuxiĂšme concile traitant de la mĂȘme question en . Akindynos y fut condamnĂ© Ă  son tour. Le Tome synodal fut officiellement publiĂ©, mais le patriarche Jean KalĂ©kas, qui contestait farouchement l’autoritĂ© politique de Jean CantacuzĂšne, accepta de signer le document tout en empĂȘchant le nouveau rĂ©gent, mais Ă©galement le fils mineur de l’empereur, Ă  savoir Jean V PalĂ©ologue, d’en faire autant. Ce document ne tranchait donc pas encore dĂ©finitivement la question.

Le conflit avec Grégoire Akindynos

Ce conflit Ă  propos de la rĂ©gence entraĂźna tout Constantinople dans une guerre civile de 1341 Ă  1347, qui opposa Jean CantacuzĂšne Ă  un gouvernement nominalement prĂ©sidĂ© par Anne de Savoie, la veuve de l’empereur Andronic III. Durant cette pĂ©riode, le patriarche Jean KalĂ©kas persĂ©cuta Palamas en raison de sa sympathie politique pour Jean CantacuzĂšne, et accorda son soutien Ă  GrĂ©goire Akindynos, lequel s’empressa de rĂ©futer la thĂ©ologie palamite dans ses AntirrhĂ©tiques. Palamas fut mis en prison pour ses positions politiques en 1342 et excommuniĂ© pour ses idĂ©es religieuses en 1344. En captivitĂ©, il Ă©crivit diffĂ©rentes Lettres et ses Sept AntirrhĂ©tiques contre Akindynos. GrĂ©goire Akindynos, quant Ă  lui, fut, malgrĂ© sa condamnation en 1341 et l’opposition de l’impĂ©ratrice Anne de Savoie et de la cour impĂ©riale, ordonnĂ© prĂȘtre par le patriarche Jean KalĂ©kas, dont l’ambition Ă©tait de le nommer Ă©vĂȘque, et ce, afin d’affermir son autoritĂ© face aux partisans palamites de Jean CantacuzĂšne.

Cette pĂ©riode de crise politico-religieuse se dĂ©noua en 1347. En effet, le de cette annĂ©e, l’impĂ©ratrice, consciente du fait que le patriarche Jean KalĂ©kas utilisait GrĂ©goire Akindynos Ă  des fins purement politiques, convoqua un concile rĂ©unissant les reprĂ©sentants des deux partis en conflit. Le patriarche Jean KalĂ©kas y fut condamnĂ© et dĂ©posĂ©, et le Tome synodal de 1341 y fut confirmĂ©. En consĂ©quence, Jean CantacuzĂšne devint co-empereur avec le jeune Jean V, et ce, jusqu’à la majoritĂ© de ce dernier, et les moines hĂ©sychastes reçurent Ă  nouveau le soutien de l’Église. Un autre concile, prĂ©sidĂ© par Jean CantacuzĂšne et l’impĂ©ratrice, condamna une nouvelle fois le patriarche dĂ©chu Jean KalĂ©kas, excommunia GrĂ©goire Akindynos et fit publier un autre Tome, qui confirmait celui de 1341. Ces deux Tomes furent encore une fois confirmĂ©s par un troisiĂšme concile tenu Ă  Sainte-Sophie quelques semaines plus tard.

Grégoire Palamas, Métropolite de Thessalonique

C’est Isidore Boukharis, un ami de GrĂ©goire Palamas, qui devint patriarche de Constantinople. GrĂ©goire fut alors consacrĂ© mĂ©tropolite de Thessalonique en . Il ne put toutefois pas se rendre dans sa ville Ă©piscopale avant 1350, en raison de son occupation par des zĂ©lotes qui refusaient l’autoritĂ© impĂ©riale de Jean CantacuzĂšne. C’est probablement Ă  cette Ă©poque qu’il rĂ©digea ses 150 chapitres physiques, thĂ©ologiques, Ă©thiques et pratiques qui constituent, avec les Triades de dĂ©fense des saints hĂ©sychastes, son Ɠuvre majeure. À peine installĂ© Ă  Thessalonique, GrĂ©goire fut Ă  nouveau confrontĂ© Ă  une controverse avec NicĂ©phore GrĂ©goras, toujours sur les mĂȘmes questions.

Un nouveau concile, convoquĂ© en par CantacuzĂšne et le patriarche Calliste Ier de Constantinople, qui succĂ©dait depuis peu au dĂ©funt Isidore, approuva une nouvelle fois la thĂ©ologie de GrĂ©goire Palamas et la distinction entre l’essence et les Ă©nergies divines.

Un second concile fit de mĂȘme quelques jours plus tard. Le Tome synodal publiĂ© le entĂ©rina ces dĂ©cisions et excommunia dĂ©sormais tous ceux qui n’acceptaient pas la doctrine dĂ©fendue par GrĂ©goire Palamas.

GrĂ©goire Palamas put alors se consacrer Ă  sa tĂąche d’archevĂȘque tout en restant disponible envers l’empereur pour des missions de mĂ©diation. En 1354, alors qu’il naviguait vers Constantinople en vue d’accomplir l’une de ces missions, il fut fait prisonnier par les Turcs et dut rester une annĂ©e en Asie Mineure occupĂ©e. Il y eut l’occasion de visiter diffĂ©rentes communautĂ©s chrĂ©tiennes, mais aussi de mener divers dĂ©bats avec des musulmans et des juifs convertis Ă  l’islam[3].

Sa rançon ayant Ă©tĂ© payĂ©e aux Turcs, il revint en 1355 Ă  Constantinople oĂč il rencontra le lĂ©gat du pape Innocent VI, Paul de Smyrne, qui, venu Ă  l’occasion de pourparlers d’union des Églises, s’était montrĂ© particuliĂšrement rĂ©ticent Ă  l’égard de la thĂ©ologie palamite. Il y eut alors, en prĂ©sence de l’empereur Jean V et du lĂ©gat du pape, un nouveau dĂ©bat public entre GrĂ©goire Palamas et NicĂ©phore GrĂ©goras. Au cours de ce dĂ©bat, les autoritĂ©s byzantines cherchĂšrent Ă  montrer que la doctrine palamite, conforme Ă  celle des PĂšres, ne constituait pas un obstacle Ă  l’union des Églises. AprĂšs ce dĂ©bat, GrĂ©goire retourna Ă  Thessalonique. Il s’y adonna surtout Ă  la prĂ©dication, mais il rĂ©digea Ă©galement entre 1356 et 1358 ses Quatre traitĂ©s contre GrĂ©goras.

Atteint d’une maladie depuis 1352, GrĂ©goire mourut le et fut, aprĂšs une vĂ©nĂ©ration populaire constante, canonisĂ© en 1368. Le culte des reliques du saint de l’Église byzantine s’est perpĂ©tuĂ© jusqu'Ă  aujourd'hui Ă  Thessalonique. Et dans l’orthodoxie, une liturgie honore sa mĂ©moire le deuxiĂšme dimanche de CarĂȘme.

La théologie spirituelle

Une grande partie de l’Ɠuvre de GrĂ©goire Palamas reste encore inĂ©dite et donc uniquement accessible en sa langue originale, le grec[Note 1]. GrĂ©goire ne recherchait pas en tant qu’écrivain religieux la beautĂ© du style, mais l’expression des vĂ©ritĂ©s auxquelles il croyait fermement[4]. GĂ©nĂ©ralement, lorsqu’il aborde des idĂ©es religieuses pour les dĂ©fendre, il le fait exhaustivement, il y revient Ă  plusieurs reprises en diffĂ©rents endroits de son Ɠuvre, en fonction des arguments contraires de ses adversaires et des sources bibliques et patristiques qui viennent confirmer ses opinions. Cette façon de faire enrichit considĂ©rablement son Ă©criture, mais est dĂ©routante pour le lecteur moderne, qui risque sans cesse de perdre le fil conducteur de la pensĂ©e de Palamas dans la profusion des raisonnements opposĂ©s et des rĂ©fĂ©rences[5].

Selon Palamas lui-mĂȘme, le point de dĂ©part de sa doctrine, ou plus exactement de l’approfondissement d’une doctrine qu’il a lui-mĂȘme reçue, est le fait qu’il y a des personnes, comme Barlaam, qui, en raison de leur inexpĂ©rience de la grĂące et de leur incrĂ©dulitĂ© Ă  l’égard de ceux qui tĂ©moignent d’une telle expĂ©rience, les saints de la Bible, les PĂšres, ainsi que les hĂ©sychastes, rejettent le caractĂšre incrĂ©Ă© des Ă©nergies communiquĂ©es par l’Esprit Saint (Tome hagioritique)[6]. Autrement dit, si une personne comme Barlaam rejette la possibilitĂ© d’avoir une connaissance surnaturelle de Dieu grĂące Ă  la communication de son Ă©nergie incrĂ©Ă©e, c’est parce qu’il n’en a pas lui-mĂȘme fait l’expĂ©rience[7] et qu’il ne se fie pas davantage Ă  ceux qui l’ont faite. Or, pour Palamas, cette expĂ©rience de la grĂące est la meilleure preuve de l’existence de Dieu et des intuitions thĂ©ologiques qu’il dĂ©fend[8].

La grùce est une expérience

GrĂ©goire insiste sur cet aspect expĂ©rimental de la grĂące. Sa thĂ©ologie vise Ă  dĂ©fendre ceux qui vivent dĂšs Ă  prĂ©sent des Ă©nergies divines, Ă©nergies que les paroles ne dĂ©montrent pas, mais qui restent nĂ©anmoins perceptibles dans les Ɠuvres, celles du Christ, mais aussi celles des saints Ă  sa suite (Tome hagioritique)[6]. Palamas nous explique que, malgrĂ© la nĂ©cessitĂ© de la polĂ©mique, il a du mal Ă  Ă©crire sur le thĂšme de la dĂ©ification de l’homme, prĂ©cisĂ©ment parce qu’il s’agit avant tout d’une expĂ©rience vĂ©cue et intime avec Dieu, d’une expĂ©rience qui dĂ©passe donc tout ce que l’intelligence peut comprendre et faire comprendre Ă  travers les seules paroles ou les seuls raisonnements[9].

La participation de l'homme à la divinité

L'approche spirituelle de Palamas veut s'inscrire dans l’histoire de la rĂ©vĂ©lation judĂ©o-chrĂ©tienne. Dans le Tome hagioritique[6], il montre, en effet, que Dieu s'est rĂ©vĂ©lĂ© et se rĂ©vĂšle encore d'une façon progressive Ă  l’humanitĂ©. En effet, Palamas compare le cheminement de l’Ancien Testament vers le Nouveau Testament au cheminement actuel qui part du Nouveau Testament vers son accomplissement dans la vie future. Il dit en substance[Note 2] : de mĂȘme qu’auparavant seuls les prophĂštes, et ceux qui les Ă©coutaient, avaient vu dans l’Esprit les mystĂšres de la loi de MoĂŻse, la prĂ©existence du Verbe et de l’Esprit de Dieu, avant qu’ils ne soient manifestĂ©s dans la rĂ©vĂ©lation de la TrinitĂ©, tandis que les autres se bouchaient les oreilles ; de mĂȘme, Ă  prĂ©sent, seuls les saints et ceux qui les Ă©coutent voient dans l’Esprit les mystĂšres de l’Évangile avant qu’ils ne deviennent pleinement Ă©vidents dans la vie future, tandis que certains chrĂ©tiens ne veulent pas en entendre parler.

Mais quels sont ces mystĂšres Ă©vangĂ©liques vus par les saints et tous ceux qui les entourent ? Les mystĂšres sont ceux dont parlent les PĂšres, comme le Pseudo-Denys, Maxime le Confesseur et le Pseudo-Macaire, des auteurs que GrĂ©goire apprĂ©cie fortement et cite constamment[10]. Ils nous expliquent que Dieu transcende, surpasse, est au-dessus du don dĂ©ifiant qu’il fait Ă  l’homme, de la divinitĂ© qu’il communique Ă  ceux qui en sont dignes. Il dĂ©passe ce don dĂ©ifiant, parce qu’il en est l’origine, la source, la cause Ă©ternelle. Cette grĂące dĂ©ifiante est, tout comme Dieu, incrĂ©Ă©e et Ă©ternelle. Contrairement aux ĂȘtres vivants et au monde, aux crĂ©atures et Ă  la crĂ©ation, cette grĂące n’a pas de commencement dans le temps. Elle existe depuis toujours en Dieu. Par les PĂšres, nous apprenons que cette grĂące dĂ©ifiante est une lumiĂšre, celle qui rayonne autour de Dieu, des anges, mais Ă©galement des saints. Elle se manifeste aux hommes qui en sont dignes, hommes qui se sont le plus souvent longuement prĂ©parĂ©s Ă  la recevoir, mais ils la reçoivent sans que l’on puisse dire que cette prĂ©disposition, aussi mĂ©ritoire soit-elle, est en quelque sorte la cause de leur illumination. L’ĂȘtre humain ne dispose d’aucun moyen automatique pour obtenir et laisser transparaĂźtre en lui cette lumiĂšre Ă©manant de Dieu. C’est pourquoi elle est toujours une grĂące, une faveur que Dieu fait Ă  l’homme, sans que ce dernier ne connaisse le moment de sa manifestation. Les PĂšres nous enseignent encore que cette lumiĂšre rĂ©pand la joie en l’homme, une joie spirituelle, profonde, ineffable, qui est l’un des signes les plus manifestes de la prĂ©sence de Dieu en l’homme[11]. En outre, cette lumiĂšre constitue la beautĂ© du siĂšcle Ă  venir, du Royaume de Dieu, de la vie Ă©ternelle. Nous rejoignons ici l’accomplissement des mystĂšres de l’Évangile dont parlait GrĂ©goire, Ă  savoir la manifestation finale et plĂ©niĂšre de la gloire incrĂ©Ă©e, de la lumiĂšre Ă©ternelle. C’est lĂ  le signe de la prĂ©sence de Dieu en tous les ĂȘtres auxquels il a donnĂ© la vie. C’est la transfiguration de toute la crĂ©ation. Le saint dans cette perspective eschatologique est celui qui dans l’Esprit apprĂ©hende dĂ©jĂ , ici et maintenant, mais pas encore complĂštement, cette rĂ©alitĂ© future. Et tous ceux qui se mettent Ă  son Ă©coute et suivent ses conseils en sont Ă©galement les bĂ©nĂ©ficiaires (Tome hagioritique)[6].

Dieu inaccessible en son essence mais manifesté

Nous avons ici les bases de cette distinction en Dieu qui posa tant de problĂšmes Ă  GrĂ©goire ou plutĂŽt Ă  ses contradicteurs[12] : Dieu s’est rĂ©vĂ©lĂ© comme TrinitĂ©, PĂšre, Fils et Esprit, mais aussi, et c’est paradoxal, comme un Dieu inaccessible en lui-mĂȘme et pourtant partout et toujours accessible dans le don qu’il nous fait de lui-mĂȘme, de sa propre vie. Ce paradoxe est le fondement de la thĂ©ologie de Palamas, la distinction en Dieu entre son essence (ÎżáœÏƒÎŻÎ±, ousia) imparticipable et son Ă©nergie (áŒÎœÎ­ÏÎłÎ”Îčα, enĂ©rgeia) participable, entre ce que Dieu est en lui-mĂȘme, dĂšs l’origine, sans les ĂȘtres crĂ©Ă©s par lui, et ce que Dieu est pour la crĂ©ation et les crĂ©atures, pour l’univers et les ĂȘtres vivants, les hommes en particulier, avec lesquels il veut depuis toujours entrer en relation.

Il faut s’arrĂȘter quelques instants sur cette thĂ©ologie. Pour Palamas, il y a en rĂ©alitĂ© une triple distinction en Dieu : la TrinitĂ©, l’essence et les Ă©nergies [13], mais ces distinctions n’affectent en rien son unitĂ©, car il n’y a qu’un seul Dieu trinitaire, vivant et agissant en son essence comme dans son Ă©nergie. Cette triple distinction s’explique par le fait que l’essence de Dieu ne s’identifie ni aux trois hypostases ou personnes divines, PĂšre, Fils et Esprit, qui la partagent tout en gardant une primautĂ© existentielle par rapport Ă  elle[14], ni Ă  l’énergie, parce qu’elle en est la cause transcendante. L’essence de Dieu, en tant que cause transcendante de l’énergie, possĂšde, rĂ©sume et unifie en elle-mĂȘme une multitude d’énergies, elle est capable de se multiplier sans se diviser en autant de rĂ©alitĂ©s participables qu’il y a de participants[15], que ce soit pour crĂ©er le monde dans toute sa diversitĂ©[16] ou pour dĂ©ifier les hommes prĂ©disposĂ©s Ă  la rĂ©ception de la grĂące[17]. L’énergie incrĂ©Ă©e, comme activitĂ© de Dieu en dehors de lui-mĂȘme, est absolument insĂ©parable de l’essence, elle en procĂšde et n’a pas d’existence autonome par rapport Ă  elle[18]. Puisque Dieu est indivisible, il est totalement prĂ©sent dans chacune de ses Ă©nergies. Le moindre atome d’énergie nous donne donc accĂšs Ă  la totalitĂ© de Dieu et nous permet de le connaĂźtre et de le nommer[19]. Comme l’essence divine, dont elle provient et qu’elle nous manifeste, l’énergie est omniprĂ©sente[20], il n’y a pas par consĂ©quent un seul endroit dans tout l’univers oĂč l’on ne puisse la trouver et par elle Dieu lui-mĂȘme. Enfin, cette Ă©nergie ne sera pleinement visible qu’à la fin des temps, comme rayonnement de Dieu en toutes choses. L’énergie divine, c’est au fond la communication que Dieu fait de lui-mĂȘme, afin que d’autres ĂȘtres, les ĂȘtres crĂ©Ă©s, les ĂȘtres humains en particulier, puissent exister et bĂ©nĂ©ficier de sa vie en abondance. En ce sens, l’énergie incrĂ©Ă©e est un effet Ă©ternel de la bontĂ© de Dieu Ă  notre Ă©gard[21].

La synergie entre la volonté de Dieu et de l'homme dans le salut

Ce dĂ©veloppement appelle une question, celle de savoir comment, selon les mots de Palamas, ĂȘtre dignes d’une telle grĂące. Ou formulĂ©e autrement : quels sont les moyens qui peuvent nous prĂ©disposer Ă  la rĂ©ception consciente de l’énergie dĂ©ifiante ? Il existe diffĂ©rents moyens qui vont ensemble et qui sont constitutifs de la vie chrĂ©tienne. Mais avant de les Ă©numĂ©rer, il faut insister sur le fait que ce ne sont jamais que des moyens mis en Ɠuvre par l’activitĂ© humaine. Or, l’homme, par lui-mĂȘme, est incapable de se dĂ©ifier. Il a besoin de l’activitĂ© de Dieu, de son intervention rĂ©pĂ©tĂ©e dans l’histoire comme en tĂ©moigne l’Écriture, de l’incarnation du Fils et de la communication de l’énergie de l’Esprit. En sens contraire, l’activitĂ© salutaire de Dieu ne suffit pas non plus, car l’homme a Ă©tĂ© crĂ©Ă© libre et Dieu se refuse Ă  le contraindre mĂȘme au salut, c’est tout Ă  fait librement qu’il doit y consentir. Mais, si ni l’activitĂ© humaine ni l’activitĂ© divine ne suffisent au salut, comment sortir de l'impasse ? Par une activitĂ© commune de l’homme et de Dieu : il faut que l’homme veuille ĂȘtre sauvĂ© et que Dieu veuille le sauver, il faut en l’homme une synergie de son activitĂ© et de celle de Dieu par le biais du don permanent de la grĂące, de l’énergie, de l’Esprit rĂ©pandu en lui. C’est uniquement par cette collaboration humaine et divine que les diffĂ©rents moyens deviennent salutaires pour l’homme.

L'altération de l'image de Dieu en l'homme

Parmi ces moyens, il y a d’abord et avant tout les mystĂšres ou sacrements de l’Église, principalement le baptĂȘme et l’eucharistie. Selon GrĂ©goire, notre salut tout entier en dĂ©pend[Note 3]. Pour comprendre cette affirmation, il faut faire un dĂ©tour par la doctrine de la corruption de la nature humaine par le pĂ©chĂ© et de sa rĂ©novation par l’incarnation du Verbe de Dieu[22]. Cette doctrine repose sur le rĂ©cit de la GenĂšse et sur l’Ɠuvre du Christ d’aprĂšs le Nouveau Testament. Le pĂ©chĂ© d’Adam, comme figure biblique et originelle de l’ĂȘtre humain[Note 4], est la premiĂšre manifestation de la dĂ©sobĂ©issance Ă  Dieu. Il est pour Palamas la cause d’une corruption de l’humanitĂ©, dans les deux sens du terme : psychique et physique. Par son irruption, le pĂ©chĂ© occasionne une mort de l’ñme avant mĂȘme celle du corps, un dĂ©sordre psychique et une dĂ©chĂ©ance du corps. En effet, Palamas envisage le pĂ©chĂ© comme une altĂ©ration de l’image de Dieu en l’homme, altĂ©ration par laquelle l’homme devient incapable d’ĂȘtre Ă  la ressemblance de son CrĂ©ateur, de participer Ă  la vie mĂȘme de Dieu (Chapitres 39)[23]. Or, cette altĂ©ration de l’image divine en l’homme est en rĂ©alitĂ© une dĂ©naturation de son intelligence (ÎœÎżáżŠÏ‚, noĂ»s), comprise comme Ă©tant la facultĂ© spirituelle la plus haute de l’ñme, facultĂ© qui permet Ă  l’homme de connaĂźtre, de faire librement des choix et d’orienter toute sa vie en consĂ©quence. Cette dĂ©naturation a pour effet de priver l’homme d’une facultĂ© qui Ă©tait la sienne Ă  l’origine, celle de voir Dieu[24] et donc de s’unir Ă  lui. Si par le pĂ©chĂ© l’homme perd cette ressemblance, la vie divine, et cette capacitĂ© visuelle de l’intelligence qui l’unissait Ă  Dieu, il n’est pas pour autant abandonnĂ© Ă  son sort. Il y a bien sĂ»r toutes les interventions divines dans l’histoire biblique, mais il y a aussi et surtout la venue annoncĂ©e de JĂ©sus-Christ. Pour Palamas, c’est prĂ©cisĂ©ment pour offrir la possibilitĂ© Ă  l’homme de retrouver son Ă©tat[25]originel et plus encore par la dĂ©ification, que le Verbe de Dieu s’est fait chair[26]. En effet, par l’union hypostatique ou personnelle du Fils de Dieu Ă  la nature humaine, celle-ci participe de nouveau et totalement Ă  la vie divine. En s’incarnant, en devenant un homme Ă  part entiĂšre, le Fils a pu unir notre humanitĂ© dĂ©chue Ă  sa Personne divine et la restaurer en lui-mĂȘme par la communication de sa propre divinitĂ© : ce qui est prĂ©figurĂ© dans la Transfiguration et accompli dans la RĂ©surrection. Nous retrouvons en la Personne mĂȘme du Christ cette collaboration humaine et divine pour le salut. Selon l’image de saint Paul, le Christ est le nouvel Adam, c’est-Ă -dire le nouvel homme, celui qui transmet non plus le pĂ©chĂ© et la mort, mais la vie mĂȘme de Dieu, parce qu’il est Dieu lui-mĂȘme. Comment fait-il cela ? PrĂ©cisĂ©ment par les mystĂšres ou sacrements de l'Église, principalement le baptĂȘme et l’eucharistie, qui permettent une incorporation et une communion rĂ©elle au Corps dĂ©ifiĂ© et dĂ©ifiant du Christ, Corps qui contient la plĂ©nitude de la divinitĂ© et qui, selon Palamas, est la source de la lumiĂšre incrĂ©Ă©e, qui jaillit dans le cƓur du croyant[27] et illumine Ă  nouveau son intelligence, ouvre Ă  nouveau les yeux de l’ñme[28] pour contempler Dieu, si l’homme a foi en lui[29]. Par les mystĂšres ou sacrements, l’énergie de l’Esprit opĂšre en nous, si nous le croyons et le voulons, ce que le Fils a accompli une fois pour toutes en lui-mĂȘme, en sa propre chair pour nous. Dans cette perspective, l’Église, Corps du Christ, n’est donc rien de moins qu’une communautĂ© d’hommes animĂ©e par la foi en JĂ©sus-Christ et en voie de dĂ©ification par la grĂące ou l’énergie de l’Esprit.

Le rétablissement de la maßtrise de l'intelligence sur les passions

Les mystĂšres ou sacrements ne sont pas les seuls moyens de dĂ©ification, mĂȘme s’ils demeurent fondamentaux et incontournables pour le chrĂ©tien. La doctrine de la corruption de l’image divine en l’homme, l’intelligence, et de la possibilitĂ© offerte Ă  l’homme de retrouver la ressemblance Ă  Dieu par la grĂące dĂ©bouche Ă©galement sur une perspective Ă©thique. Le pĂ©chĂ© est perçu par Palamas comme un bouleversement du fonctionnement originel et naturel des puissances de l’ñme, bouleversement par lequel ce n’est plus la partie raisonnable de l’ñme (les facultĂ©s de connaissance, de jugement et de raisonnement) qui gouverne la partie passionnĂ©e (le dĂ©sir et l’emportement), mais l’inverse. De cette façon, l’homme se dĂ©tourne du bien, Dieu lui-mĂȘme, et se laisse conduire par ses passions, comme la cupiditĂ©, l’ambition et la vanitĂ©, etc. Pour remĂ©dier Ă  ce dĂ©sordre psychique et corporel, le moine hĂ©sychaste recherche l’impassibilitĂ© (áŒ€Ï€ÎŹÎžÎ”Îčα, apathĂ©ia)[30], qui ne signifie nullement ici l’insensibilitĂ© (ou selon l'Ă©tymologie le fait de ne plus souffrir et donc ressentir), ou encore une mise Ă  mort de la partie passionnĂ©e de l’ñme, qui en soi est bonne, mais le rĂ©tablissement des forces psychiques dans leurs fonctions premiĂšres, celles d’avant la chute occasionnĂ©e par le pĂ©chĂ© dans l’ñme. Ce retournement s’opĂšre sous la direction de l’intelligence en synergie avec la grĂące et permet Ă  l’homme d’embrasser les vertus et les passions bienheureuses, d’acquĂ©rir de nouvelles et meilleures dispositions. Ce retournement offre la possibilitĂ© Ă  l’homme d’accomplir progressivement les commandements Ă©vangĂ©liques dans l’amour du prochain et de Dieu. Lorsque l’homme parvient Ă  cet amour, il parvient selon GrĂ©goire Ă  un Ă©tat proprement divin[31].

Palamas dira dans ce contexte[32] : « Par cette autoritĂ© (celle de l'intelligence en synergie avec la grĂące), nous fixons sa loi Ă  chaque puissance de l'Ăąme et Ă  chaque membre du corps ce qui lui convient : aux sens nous fixons l'objet et la limite de leur exercice ; cette Ɠuvre de la loi s'appelle « tempĂ©rance » ; Ă  la partie passionnĂ©e de l'Ăąme, nous procurons la meilleure maniĂšre d'ĂȘtre qui porte nom « amour » ; et nous amĂ©liorons aussi la partie raisonnable (de l'Ăąme) en rejetant tout ce qui empĂȘche l'intellect de s'Ă©lever vers Dieu : cette partie de la loi, nous la nommons « sobriĂ©tĂ© » (Îœáż†ÏˆÎčς, nĂȘpsis). Celui qui a purifiĂ© son corps par la tempĂ©rance, celui qui, par l'amour divin, a fait de ses volontĂ©s et de ses dĂ©sirs une occasion de vertu, celui qui prĂ©sente Ă  Dieu un esprit purifiĂ© par la priĂšre, acquiert et voit en lui-mĂȘme la grĂące promise Ă  ceux qui ont le cƓur purifiĂ©. »

L'oraison hésychaste : faire l'expérience de Dieu

Si la grĂące reçue par les mystĂšres ou sacrements de l’Église ouvre la vie chrĂ©tienne sur une perspective Ă©thique qui culmine dans la capacitĂ© d’aimer comme Dieu aime, elle offre encore une autre possibilitĂ© en cette vie, celle de « voir Â» Dieu. Il ne saurait s'agir d'une connaissance extĂ©rieure. Il n’est pas question ici, par exemple, de la contemplation naturelle, par laquelle l’intelligence humaine parvient Ă  dĂ©celer la marque de Dieu dans ce monde, c'est-Ă -dire Ă  apprĂ©hender la raison des ĂȘtres crĂ©Ă©s par Dieu, la trace intelligible laissĂ©e par Dieu en chaque chose et qui permet de le reconnaĂźtre comme crĂ©ateur de l’univers. Cette contemplation naturelle est certes une forme de connaissance de Dieu qui n'est pas sans valeur, mais ce n’est pas lĂ  encore une connaissance vĂ©ritable de Dieu. Il en va de mĂȘme de tout ce que l’on peut apprendre sur Dieu par les Écritures, les dogmes ou les confessions de foi[33]. Toutes ces connaissances sont bonnes, mais elles restent extĂ©rieures Ă  Celui dont elles parlent. La thĂ©ologie, au sens Ă©tymologique de discours sur Dieu, n’est pas encore la vision de Dieu. Dire quelque chose sur Dieu, ce n’est pas encore faire l’expĂ©rience intime et personnelle de Dieu[34], expĂ©rience Ă  laquelle l’homme peut se prĂ©disposer par la priĂšre pure ou mĂ©thode d’oraison hĂ©sychaste.

Le mot grec hesychia (áŒĄÏƒÏ…Ï‡ÎŻÎ±), qui est Ă  l’origine du terme hĂ©sychasme (áŒĄÏƒÏ…Ï‡Î±ÏƒÎŒÏŒÏ‚), signifie « tranquillitĂ©, calme, repos », et qualifie tout Ă  la fois un Ă©tat de vie du moine hĂ©sychaste, la rĂ©clusion dans la solitude d’une cellule, et un Ă©tat correspondant de l’ñme, le silence obtenu lorsque l’activitĂ© des sens, de l’imagination et de l’intelligence s’apaise pour faire place Ă  l’activitĂ© de l’Esprit Saint.

Description de la méthode

La mĂ©thode d’oraison hĂ©sychaste suppose pour sa mise en pratique un lieu tranquille, solitaire, Ă  l’écart de toute agitation, la position assise et les yeux fermĂ©s. Mais on peut aussi garder les yeux ouverts et fixer son regard sur la poitrine ou sur le nombril comme sur un point d’appui. Elle implique encore et surtout un Ă©tat de vigilance ou de sobriĂ©tĂ© (Îœáż†ÏˆÎčς, nĂȘpsis) et un apprentissage Ă  la maĂźtrise du souffle. Il est Ă  noter, dans cette perspective, qu'il y a une Ă©troite correspondance entre le souffle et l'Esprit, comme le signifie dĂ©jĂ  la Bible et l'usage d'un mĂȘme mot grec pour dĂ©signer chacune des deux rĂ©alitĂ©s (Ï€ÎœÎ”áżŠÎŒÎ±, pneĂ»ma). Il s’agit en fait de recueillir et d’apaiser l’intelligence (et de se libĂ©rer des pensĂ©es mauvaises)[Note 5] au rythme de l’inspiration et de l’expiration.

Dans un premier temps, l’intelligence doit suivre le mouvement de l’inspiration qui descend jusqu’au cƓur et y ĂȘtre retenue en mĂȘme temps que le souffle. Si l’on a les yeux ouverts, la fixation du regard sur la poitrine est une aide supplĂ©mentaire pour faire descendre l’intelligence dans le cƓur. Quant Ă  la fixation du regard sur le nombril, elle vise plutĂŽt la lutte contre les mauvaises passions de l’ñme[35], le ventre Ă©tant, avant de parvenir Ă  la maĂźtrise de soi et selon cette anthropologie, le lieu d'une manifestation d'un dĂ©sordre psychique et corporel (c'est un effet de la loi du pĂ©chĂ© selon Palamas)[36]. Dans un second moment, l’expiration permet un certain relĂąchement de l’attention jusqu’à la reprise du souffle.

Cet exercice respiratoire s’accompagne d’une invocation, de la rĂ©citation mentale et continue d’une formule, telle que « Seigneur JĂ©sus-Christ, Fils de Dieu, aie pitiĂ© de moi, pĂ©cheur »[Note 6] ou sous une forme brĂšve « Seigneur, aie pitiĂ© »[37]. Il faut un certain temps pour que cette invocation devienne tout Ă  fait spontanĂ©e.

Cette mĂ©thode d'oraison (raillĂ©e par Barlaam, le premier adversaire de Palamas) n'est pas propre Ă  GrĂ©goire Palamas, mais Ă  toute une tradition spirituelle, celle prĂ©cisĂ©ment de l'hĂ©sychasme, et on en retrouve quelques Ă©lĂ©ments dans d'autres traditions spirituelles de l'humanitĂ©[Note 7] et mĂȘme en psychothĂ©rapie[Note 8]. La particularitĂ© ici est que l'hĂ©sychaste s'adresse directement et personnellement au Christ. C'est ce qui, dans la foi, importe le plus Ă  ses yeux, beaucoup plus que la mĂ©thode elle-mĂȘme (qui est un moyen humain, dont l'efficacitĂ© dĂ©pend dans ce contexte de la grĂące divine).

Le but de cette oraison

Quel est le but de cette mĂ©thode assez simple dans sa description ? Il s’agit pour le moine hĂ©sychaste de purifier l’intelligence, de lui faire trouver le repos, l’hĂ©sychie, en la dĂ©tournant de toutes sensations, images ou conceptions mentales[38], ce qui la prĂ©dispose Ă  la participation aux Ă©nergies divines[39]. Pourquoi faire descendre l’intelligence dans le cƓur en suivant le mouvement du souffle inspirĂ© ? Parce que le cƓur, dĂ©jĂ  dans la Bible, est le siĂšge, le lieu propre, de l’intelligence[40], le lieu oĂč la grĂące du Christ se manifeste[27] et oĂč elle peut Ă  son contact se surpasser elle-mĂȘme dans l’extase, l’union Ă  Dieu[41]. Pourquoi enfin invoquer continuellement JĂ©sus-Christ en le suppliant d’avoir pitiĂ© ? D’une certaine façon, c’est toute l’histoire judĂ©o-chrĂ©tienne de la rĂ©demption qui se trouve rĂ©capitulĂ©e dans cette formule dont se souvient continuellement l’hĂ©sychaste en prĂ©sence du Christ. Son intelligence acquiert dans un effort soutenu une prise de conscience ininterrompue Ă  la fois de l’imperfection de sa nature[Note 9] et de la misĂ©ricorde divine, de la promesse de la grĂące communiquĂ©e par le Fils dans l’Esprit. Tout ce qui vient le dĂ©tourner de cette rĂ©alitĂ© salvifique est Ă©cartĂ© par le souvenir de cette rĂ©alitĂ© qui sans cesse revient Ă  la conscience jusqu’à ce que l’énergie de l’Esprit fasse une irruption soudaine dans le cƓur et accomplisse effectivement ce qu’il avait en mĂ©moire. Il s’agit lĂ  d’une dĂ©marche de foi, oĂč l’intelligence, convaincue de sa faiblesse se rassemble et se tourne vers le Christ, en attendant de lui le salut comme accomplissement d’une promesse faite Ă  l’humanitĂ©. Ce faisant, l’intelligence ne le contraint pas Ă  agir, mais se dĂ©tourne consciemment de tout ce qui pourrait l’empĂȘcher d’agir. Libre alors Ă  l’Esprit d’intervenir dans ce cƓur purifiĂ©, prĂ©parĂ© Ă  sa venue, c’est-Ă -dire digne de lui[Note 10].

Lorsque Dieu rĂ©pond Ă  cet appel, lorsque l’énergie divine apparaĂźt dans le cƓur, l’intelligence purifiĂ©e devient Ă  son contact spirituelle et lumineuse, les facultĂ©s crĂ©Ă©es se transforment et la grĂące est transmise de l’ñme au corps, qui lui aussi participe au salut. Les hommes dĂ©ifiĂ©s parviennent alors Ă  voir avec les sens et l’intelligence ce qui les dĂ©passe[42]. Il se produit paradoxalement une sensation dĂ©passant les sens et une intellection dĂ©passant l’intellection[43]. C’est pour le saint la vision ou contemplation de Dieu. L’intelligence retrouve cette capacitĂ© originelle de voir son CrĂ©ateur.

Le corps comme demeure de l'Esprit

Il y a, dans cette mĂ©thode d'oraison, par son attention portĂ©e au corps, une rupture radicale avec la philosophie grecque (platonisme et nĂ©oplatonisme), lorsqu'elle enseigne que l'intelligence devrait s'Ă©vader du corps (en suivant le mouvement d'une sortie ou extase), corps qui est perçu dans cette perspective comme une entrave et mĂȘme une prison. Pour Palamas, il s'agit d'une conception erronĂ©e, dans la mesure oĂč le corps est bon en soi (car crĂ©Ă© par Dieu) et le lieu mĂȘme du salut. Comme le dit saint Paul, le corps est "le temple de l'Esprit Saint" (1 Co 6, 19). Il insiste sur le fait, par exemple dans son traitĂ© Sur les saints hĂ©sychastes[44], que l'on ne doit aucunement chercher Ă  faire sortir l'intelligence en dehors du corps, mĂȘme s'il est vrai que l'intelligence est par nature incorporelle, mais bien au contraire s'efforcer avec vigilance de l'y maintenir (c'est le mouvement mĂȘme de l'incarnation) et ce en vue de se libĂ©rer de l'esclavage de la loi du pĂ©chĂ©, dont parle Ă©galement saint Paul (Rm 7, 25), de s'unir au Christ dans le cƓur et par lui d'ĂȘtre dĂ©ifiĂ© tout entier, c'est-Ă -dire Ăąme et corps[Note 11].

L'union de l'homme Ă  Dieu

S'agissant de la vision de Dieu ou de la contemplation de Dieu, le don dĂ©ifiant accordĂ© par l’Esprit constitue pour le voyant Ă  la fois l’organe et l’objet de sa vision lumineuse[45]. Il est ce qui permet de voir et ce qui est vu, la lumiĂšre incrĂ©Ă©e de Dieu. Palamas dira que le voyant contemple ce qui est semblable Ă  son mode de contemplation[46], qu’il connaĂźt Dieu en Dieu[47] ou, en sens inverse, que c’est Dieu lui-mĂȘme qui se contemple Ă  travers l’ñme et le corps transformĂ©s[48]. Ce qu’il veut dire Ă  chaque fois, c’est que seule la lumiĂšre, l’énergie ou la grĂące, parce qu’elle vient de Dieu et qu’elle est Dieu lui-mĂȘme, peut nous faire connaĂźtre Dieu. Cette vision de la lumiĂšre par la lumiĂšre rĂ©alise l’union de l’homme Ă  Dieu[49] et lui permet de retrouver la ressemblance qui existait entre eux Ă  l’origine. La progression dans cette contemplation de Dieu est infinie[Note 12], mĂȘme dans la vie future, non seulement parce que le dĂ©sir de l’homme est sans limites Ă  son Ă©gard, mais aussi parce que Dieu qui se laisse contempler est lui-mĂȘme infini[50]. C’est une façon d’expliquer que l’homme est mis en prĂ©sence d’une plĂ©nitude. Tout ce que l’homme recherche de meilleur en cette vie ou est Ă  jamais capable de dĂ©sirer dans l’autre vie s’y trouve en abondance.

Il faut savoir toutefois que, pour Palamas, si l’énergie de l’Esprit est effectivement une plĂ©nitude qui nous est offerte dĂšs Ă  prĂ©sent, personne en dehors du Christ n’est en mesure de la contenir totalement. La participation Ă  cette Ă©nergie omniprĂ©sente par une intelligence purifiĂ©e, semblable Ă  un combustible pour le feu divin, est toujours partielle et variĂ©e[20]. Cette Ă©nergie de l’Esprit se manifeste indivisiblement en autant d’éclats qu’il y a d’hommes dignes de la recevoir et se laisse participer en fonction de la capacitĂ© rĂ©ceptive de chacun d’entre eux. La mĂȘme et unique Ă©nergie de l’Esprit est communiquĂ©e Ă  des hommes diffĂ©rents, qui ne sont pas en mesure d’en bĂ©nĂ©ficier entiĂšrement, mais bien en fonction Ă  la fois de leur personnalitĂ© et de leur activitĂ© propres. Ce qui signifie que l’énergie divine ne supprime pas ce qui fait la singularitĂ© d’un homme, lorsqu’elle le dĂ©ifie, elle s’y adapte sous la forme notamment des charismes de l’Esprit dont parle saint Paul (1 Co 12, 4-11)[17].

Dieu vient tout entier habiter dans l'homme tout entier

Si l’homme ne peut participer Ă  la totalitĂ© de l’énergie de l’Esprit, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit d’un don par lequel Dieu tout entier vient demeurer en l’homme tout entier[51]. Comment comprendre cette inhabitation de Dieu en l’homme ? Pour l’expliquer, Palamas se sert d’un terme empruntĂ© Ă  la christologie. Ce terme est l’enhypostasie (Î­ÎœÏ…Ï€ÎżÏƒÏ„Î±ÏƒÎŻÎ±)[Note 13], qui dĂ©signe le fait d’inclure dans l’hypostase, d’intĂ©grer en sa personne mĂȘme. En s’incarnant, le Verbe de Dieu a assumĂ© la nature humaine en sa Personne divine, il l’a enhypostasiĂ©e. En sens inverse et grĂące Ă  cette incarnation de Dieu, la personne humaine peut assumer non pas la nature de Dieu qui est imparticipable, mais son Ă©nergie. La dĂ©ification est une enhypostasie de l’énergie de l’Esprit, Ă©nergie qui est envoyĂ©e dans l’hypostase de l’homme pour y ĂȘtre contemplĂ©e[52] en permanence[53]. Par ce don dĂ©ifiant permanent, la sagesse et la vie Ă©ternelle sont en l’homme sans ĂȘtre sĂ©parĂ©es de Dieu[54]. Le saint acquiert par grĂące un nouveau mode d’existence, par lequel sa personne est dĂ©sormais composĂ©e d’un nouvel Ă©lĂ©ment permanent qui vient s’ajouter Ă  l’ñme et au corps et qui est l’énergie incrĂ©Ă©e de l’Esprit[55]. Si bien qu’on peut dire de lui, en raison de la prĂ©sence de l’Esprit, qu’il est incrĂ©Ă© par la grĂące[56], qu’il est sans commencement ni fin[57]. L’intĂ©gration de ce nouvel Ă©lĂ©ment, devenu constitutif de la personne humaine dans la dĂ©ification, n’a pas pour effet la suppression de notre humanitĂ©. En devenant Dieu, nous ne cessons pas d’ĂȘtre homme, psychique et corporel. Au contraire, pour Palamas, en devenant Dieu, nous devenons pleinement homme. Par la grĂące divine, notre nature humaine est menĂ©e progressivement Ă  sa perfection : l’ñme peut dĂšs Ă  prĂ©sent voir Dieu, ĂȘtre animĂ©e par sa sagesse et sa bontĂ©, et le corps reçoit le gage de son incorruptibilitĂ© future, un avant-goĂ»t de la RĂ©surrection.

Au terme de ce parcours, le saint hĂ©sychaste acquiert donc un nouveau mode de vie caractĂ©risĂ© par la prĂ©sence permanente de l’énergie de l’Esprit en lui. Cette expĂ©rience est pour lui une initiation aux mystĂšres Ă©vangĂ©liques. Mais cette initiation n’est pas donnĂ©e pour lui seul. Le saint hĂ©sychaste sera respectĂ©, il recevra la confiance et l’affection d’autres hommes, tous ceux qui viendront Ă  lui pour ĂȘtre initiĂ©s Ă  leur tour Ă  ces mystĂšres, jusqu’à ce que l’expĂ©rience de ces mystĂšres eux-mĂȘmes constitue pour eux l’initiation (Tome hagioritique)[6]. La paternitĂ© spirituelle, par laquelle un saint est capable de transmettre ce qu’il a lui-mĂȘme reçu, y compris la grĂące (Chapitres 121)[58], Ă  d’autres hommes qui suivent ses conseils et son enseignement, est primordiale dans ce contexte. C’est par elle que Palamas fut, dans cette chaĂźne de transmission spirituelle, le fils spirituel des maĂźtres de l’hĂ©sychasme byzantin, comme celui avant eux des PĂšres et de tous les saints de la littĂ©rature biblique.

Écrits

Grégoire Palamas, hiéromoine, ermite au Mont Athos, fut un authentique spirituel et un théologien influent[59].

Commentaire selon Lc 18, 9-14

Il pense ne pas avoir besoin de Dieu

« La vertu peut relever et rĂ©tablir ceux qui sont tombĂ©s dans l'abĂźme des maux, et les conduire facilement Ă  Dieu par le repentir et l'humilitĂ©. La parabole nous le fait comprendre suffisamment. Le publicain, bien qu'il soit publicain et passe sa vie dans ce que j'appellerai l'abĂźme du pĂ©chĂ©, s'unit par une simple priĂšre Ă  ceux qui mĂšnent une vie conforme Ă  la vertu. GrĂące Ă  cette courte priĂšre il se sent lĂ©ger, il s'Ă©lĂšve, il triomphe de tout mal, il est agrĂ©gĂ© au chƓur des justes et justifiĂ© par le Juge impartial. Le pharisien, lui, est condamnĂ© sur ce qu'il dit, bien qu'il soit pharisien et se considĂšre comme quelqu'un d'important. Car il n'est pas vraiment juste, et de sa bouche sortent beaucoup de paroles d'orgueil qui, toutes, provoquent la colĂšre de Dieu.

Pourquoi l'humilité élÚve-t-elle l'homme à la hauteur de la sainteté, tandis que la présomption le précipite dans le gouffre du péché ? Voici. Celui qui se prend pour quelqu'un d'important devant Dieu est à juste titre abandonné par Dieu, puisqu'il pense ne pas avoir besoin de son secours. L'autre reconnaßt son néant et, de ce fait, se tourne vers la miséricorde divine. Il trouve à juste raison la compassion, l'assistance et la grùce de Dieu.

Car l'humilité est semblable à une nuée : elle prend corps dans le repentir, elle fait jaillir des yeux un torrent de larmes, elle rend dignes les indignes, elle conduit et unit à Dieu ceux qui, en raison de leur volonté droite, sont justifiés par la grùce. »

— GrĂ©goire Palamas. HomĂ©lie 2, trad. dir. par H. Delhougne, Les PĂšres de l’Église commentent l’Évangile, Turnhout, Brepols, 1991, n° 200.

Quelques citations

Sur l’essence imparticipable et l’énergie participiale

« DĂšs lors qu’il y a trois caractĂšres de Dieu, l’essence, l’énergie, les hypostases divines de la TrinitĂ©, ceux qui ont Ă©tĂ© rendus dignes d’ĂȘtre unis Ă  Dieu jusqu’à ĂȘtre avec lui un seul Esprit, comme l’a dit le grand Paul : « Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul Esprit » (1 Cor. 6, 17), car il a Ă©tĂ© montrĂ© plus haut que ceux qui en sont dignes ne s’unissent pas Ă  Dieu dans son essence, et tous les thĂ©ologiens, attestent que Dieu n’est pas participable dans son essence. L’union selon l’hypostase se trouve ĂȘtre le fait du seul Verbe, le Dieu-Homme. Ceux qui ont Ă©tĂ© rendus dignes de s’unir Ă  Dieu s’unissent donc par l’énergie. Et l’Esprit suivant lequel celui qui s’attache Ă  Dieu est un avec Dieu, est et est appelĂ© Ă©nergie incrĂ©Ă©e de l’Esprit, mais non essence de Dieu, mĂȘme si cela dĂ©plaĂźt Ă  ceux qui pensent le contraire. Car Dieu l’a prĂ©dit par le ProphĂšte : ce n’est pas mon Esprit, mais « de mon Esprit, que je rĂ©pandrai sur ceux qui croient » (Jl 3, 1) (trad. J. Touraille, Chapitre 75)[13].

Sur l'Incarnation, la communion eucharistique et l'illumination du cƓur

« Puisque le Fils de Dieu, dans son incomparable amour pour les hommes, ne s’est pas bornĂ© Ă  unir son Hypostase divine Ă  notre nature, en endossant un corps animĂ© et une Ăąme douĂ©e d’intelligence, pour apparaĂźtre sur terre et vivre avec les hommes, mais puisqu’il s’unit, ĂŽ miracle d’une incomparable surabondance, aux hypostases humaines elles-mĂȘmes, en se confondant lui-mĂȘme avec chacun des fidĂšles par la communion Ă  son saint Corps, puisqu’il devient un seul corps avec nous et fait de nous un temple de la DivinitĂ© tout entiĂšre, car dans le Corps mĂȘme du Christ habite corporellement toute la plĂ©nitude de la DivinitĂ©, comment n’illuminerait-il pas ceux qui communient dignement au rayon divin de son Corps qui est en nous, en Ă©clairant leur Ăąme comme il illumina les corps mĂȘmes des disciples sur le Thabor ? Car alors ce corps, source de la lumiĂšre de la grĂące, n’était pas encore uni Ă  nos corps : il illuminait du dehors ceux qui en approchaient dignement et envoyaient l’illumination Ă  l’ñme par l’intermĂ©diaire des yeux sensibles ; mais aujourd’hui, puisqu’il est confondu avec nous et existe en nous, il illumine l’ñme justement de l’intĂ©rieur » (trad. J. Meyendorff, Triades, 1, 3, 38).

Sur la vision de la lumiÚre incréée et l'union à Dieu

« La contemplation de cette lumiĂšre est une union, bien qu’elle ne dure pas chez les imparfaits. Mais l’union avec la lumiĂšre est-elle autre chose qu’une vision ? Et puisqu’elle s’accomplit avec l’arrĂȘt de l’activitĂ© intellectuelle, comment s’accomplirait-elle, sinon par l’Esprit ? Car c’est dans la lumiĂšre qu’apparaĂźt la lumiĂšre et c’est dans une lumiĂšre semblable que se trouve la facultĂ© visuelle ; puisque cette facultĂ© n’a d’autre moyen d’agir, ayant quittĂ© tous les autres ĂȘtres, c’est qu’elle devient elle-mĂȘme tout entiĂšre lumiĂšre et s’assimile Ă  ce qu’elle voit ; elle s’y unit sans mĂ©lange, Ă©tant lumiĂšre. Si elle se regarde elle-mĂȘme, elle voit la lumiĂšre ; si elle regarde l’objet de sa vision, c’est aussi de la lumiĂšre ; et si elle regarde le moyen qu’elle emploie pour voir, c’est lĂ  encore de la lumiĂšre ; c’est cela l’union : que tout cela soit un, de sorte que celui qui voit n’en puisse distinguer ni le moyen, ni le but, ni l’essence, mais qu’il ait seulement conscience d’ĂȘtre lumiĂšre et de voir une lumiĂšre distincte de toute crĂ©ature » (trad. J. Meyendorff, Triades, 2, 3, 36).

Sur la vision de Dieu comme preuve réelle de son existence et finalité de la priÚre pure

« Cette contemplation dĂ©passant les activitĂ©s intellectuelles est le seul moyen, le moyen le plus clair, le moyen par excellence pour montrer l’existence rĂ©elle de Dieu et le fait qu’il transcende les ĂȘtres. Comment, en effet, l’essence de Dieu n’existerait-elle pas, puisque la gloire de cette nature divine se fait voir aux hommes qui ont surpassĂ© par la priĂšre pure tout ce qui, dans la lumiĂšre mĂȘme, est sensible et intelligible ? » (trad. J. Meyendorff, Triades, 2, 3, 38).

ƒuvres

(Liste non exhaustive)

  • GrĂ©goire Palamas, DĂ©fense des saints hĂ©sychastes, introduction, texte critique, traduction et notes par J. Meyendorff, coll. “Spicilegium sacrum Lovaniense : Ă©tudes et documents”, volumes 30-31, Louvain, 1973 (sans doute l'Ɠuvre la plus importante).
  • GrĂ©goire Palamas, De la dĂ©ification de l'ĂȘtre humain, traduit par M.-J. Monsaingeon et J. Paramelle, coll. "Sophia", L'Âge d'Homme-Lausanne, 1990, p. 13-41 (contenu : De la divine et dĂ©ifiante participation ou de la divine et surnaturelle simplicitĂ©).
  • GrĂ©goire Palamas (trad. du grec ancien par Yvan Koenig), Les Cent cinquante chapitres, Cerf, , 198 p.
  • GrĂ©goire Palamas, TraitĂ©s dĂ©monstratifs sur la procession du Saint-Esprit, introduction par Jean-Claude Larchet, traduction et notes par Yvan Koenig, coll. "Cerf-Patrimoines", Les Éditions du Cerf, Paris, 2017.
  • Joie de la Transfiguration d'aprĂšs les PĂšres d'Orient, coll. "SpiritualitĂ© Orientale" 39, Abbaye de BelleFontaine, 1985, p. 237-256 (contenu : Deux homĂ©lies sur la Transfiguration du Seigneur).
  • Philocalie des PĂšres neptiques. À l'Ă©cole mystique de la priĂšre intĂ©rieure, tome B, volume 3 : De GrĂ©goire Palamas Ă  Calliste et Ignace Xanthopouloi, notices et traduction par Jacques Touraille, Abbaye de Bellefontaine, 2005, p. 435-541 (contenu : Lettre Ă  la moniale XĂ©nĂ©e, DĂ©calogue, Sur les saints hĂ©sychastes, Sur la priĂšre et la puretĂ© du cƓur, 150 chapitres physiques, thĂ©ologiques, Ă©thiques et pratiques, Tome hagioritique sur les saints hĂ©sychastes).
  • Saint GrĂ©goire Palamas (trad. JĂ©rĂŽme Cler), HomĂ©lies : Le cycle des douze fĂȘtes majeures, Bagnolet, Lis & Parle, coll. « Patrimoine orthodoxe », , 432 p. (ISBN 978-2915387124)
    Dans ses homĂ©lies sur les douze fĂȘtes majeures, vingt-quatre en tout, GrĂ©goire Palamas se rĂ©vĂšle non seulement un grand spirituel, mais aussi un pasteur et un enseignant attentif Ă  sa communautĂ©. Sans doute parmi les plus beaux du monde byzantin, ces sermons sont un vĂ©ritable bijou de spiritualitĂ©, de pastorale, d'exĂ©gĂšse patristique et de poĂ©sie lyrique.

Notes et références

Notes

  1. La synthĂšse proposĂ©e ici repose principalement, mais non pas exclusivement, sur le travail de Jean Meyendorff, Ă  savoir surtout son Ă©tude et sa traduction critique de la DĂ©fense des saints hĂ©sychastes de GĂ©goire Palamas (voir la bibliographie). Comme le prĂ©cise donc Meyendorff, cette Ɠuvre de Palamas, sans doute la plus importante, se subdivise en trois triades, chacune composĂ©e (donc) de trois traitĂ©s, eux-mĂȘmes divisĂ©s en plusieurs paragraphes. Les rĂ©fĂ©rences donnĂ©es ci-dessous sont alors aussi prĂ©cises qu'un numĂ©ro de page pour retrouver le texte citĂ© ou auquel il est fait explicitement allusion. Par exemple, Triades 1, 2, 3 signifie dans l'ordre des chiffres : DĂ©fense des saints hĂ©sychastes (= Triades), premiĂšre triade (= 1), deuxiĂšme traitĂ© (= 2), troisiĂšme paragraphe (= 3), ce qui correspond, pour le lecteur qui dispose de cet ouvrage, aux pages 78-79 (en raison du vis-Ă -vis du texte grec et de sa traduction) du premier volume (n° 30) de la DĂ©fense des saints hĂ©sychastes de GrĂ©goire Palamas. L'avantage de cette rĂ©fĂ©rence par rapport Ă  un numĂ©ro de page est de pouvoir Ă©galement se situer aisĂ©ment dans une autre Ă©dition de cette mĂȘme Ɠuvre (par exemple, dans The Triads, voir la bibliographie de l'article WikipĂ©dia intitulĂ© : "Gregory Palamas"). Sur le plan des Triades, voir l'introduction de Jean Meyendorff donnĂ©e dans ce mĂȘme volume, p. XLIII.
  2. Ses vues sont évidemment fortement éloignées de celles de l'exégÚse actuelle.
  3. Cette considĂ©ration sur les "saints mystĂšres" est surtout dĂ©veloppĂ©e dans ses homĂ©lies. Voir GrĂ©goire Palamas, Douze homĂ©lies pour les fĂȘtes.
  4. Adam n'était pas encore considéré comme un personnage mythique.
  5. Le contexte est donc celui de la lutte contre les logismoĂŻ ou pensĂ©es (mauvaises), objet inĂ©vitable de la pratique du moine, contexte qui est commun Ă  toute la tradition spirituelle dans laquelle s'inscrit Palamas. Une grande figure ici, en raison Ă  la fois de sa fine analyse de ces huit pensĂ©es gĂ©nĂ©riques (gourmandise, luxure, avarice, tristesse, colĂšre, acĂ©die, vaine gloire et orgueil) et de sa grande influence, mĂȘme en Occident Ă  travers Jean Cassien (IVe – Ve siĂšcles4), est celle d'Évagre le Pontique (IVe siĂšcle), que Palamas connaĂźt sous le nom de saint Nil.
  6. La formule est souvent dĂ©composĂ©e en deux parties et rĂ©partie alors sur l’inspiration et l'expiration.
  7. Sans pouvoir entrer ici dans le dĂ©tail, disons qu'on retrouve certains Ă©lĂ©ments au moins dans le taoĂŻsme, l'hindouisme, le bouddhisme et le soufisme. Quelques points communs, variables selon les traditions : le renoncement au monde et la solitude, l'attention Ă  soi-mĂȘme et la concentration de l'esprit, l'apaisement des pensĂ©es et Ă©motions nĂ©gatives, le rĂŽle fondamental du corps et en particulier du cƓur, la maĂźtrise du souffle et de l'Ă©nergie vitale, l'invocation et la rĂ©pĂ©tition d'un nom divin, la recherche d'une illumination, d'un Ă©veil, d'une libĂ©ration, etc. C'est l'effort humain ou cette tension de l'homme vers un au-delĂ  de la conscience ordinaire et limitĂ©e de la Vie qui est soulignĂ© ici, Ă  travers la mise en Ɠuvre de ces divers moyens Ă  disposition de chacun, de par le simple fait d'ĂȘtre humain.
  8. Par exemple dans les thĂ©rapies fondĂ©es sur la pleine conscience, qui s'inspirent du bouddhisme. La notion de pleine conscience trouve une correspondance avec la vigilance ou la sobriĂ©tĂ© (nĂȘpsis) des hĂ©sychastes (selon la LXX : "garde-toi toi-mĂȘme et veille attentivement sur ton Ăąme", voir Dt 4, 9). C'est ce que le bouddhisme appelle, quant Ă  lui, l'attention juste (sammā sati), l'un des membres du noble sentier octuple).
  9. Il n'y a pas ici de jugement moral posé sur l'homme, mais le simple constat d'un inaccomplissement.
  10. C'est une liturgie du cƓur.
  11. Palamas dira, en citant une parole (en italiques) de L'Échelle sainte de Jean Climaque : "L'hĂ©sychaste est celui qui s'efforce de contenir l'incorporel dans son corps : ce qu'unanimement nos pĂšres spirituels nous ont enseignĂ© Ă  bon droit. Car si l'homme n'est pas capable de contenir l'incorporel au-dedans du corps, comment pourra-t-il porter en lui-mĂȘme Celui qui s'est uni au corps (= le Christ), et qui avance, comme une forme naturelle, Ă  travers toute la matiĂšre organisĂ©e, dont l'extĂ©rioritĂ© et la division ne sauraient correspondre Ă  l'essence de l'intelligence, si Ă  la fin cette matiĂšre ne se mettait Ă  vivre aprĂšs avoir suscitĂ© en elle une forme de vie accordĂ©e Ă  l'union". Voir : Philocalie des PĂšres neptiques, Tome B, volume 3, p. 475.
  12. Cette idée est développée notamment par Grégoire de Nysse, l'un des trois PÚres Cappadociens et grand théologien mystique du IVe siÚcle. Il s'agit de la notion d'épectase (epéktasis) ou de progrÚs de l'homme vers Dieu.
  13. On trouve notamment ce terme dans la pensée de Léonce de Byzance, auteur byzantin des Ve et VIe siÚcles. Maxime le Confesseur l'utilise également dans sa christologie. Le contexte de la pensée de ces auteurs à ce sujet est celui de l'interprétation de la définition christologique du concile de Chalcédoine, qui s'est tenu en 451.

Références

  1. Sur les sources de la pensée de Grégoire Palamas et la tradition spirituelle à laquelle il appartient, voir par exemple J. Meyendorff, Saint Grégoire Palamas et la mystique orthodoxe, p. 11-53.
  2. Sur la vie et l’Ɠuvre de GrĂ©goire Palamas, voir en premier lieu Jean Meyendorff, Introduction Ă  l'Ă©tude de GrĂ©goire Palamas, pp. 25-170. Voir Ă©galement un rĂ©sumĂ© dans l'introduction de Jean-Claude Larchet aux TraitĂ©s apodictiques sur la procession du Saint-Esprit, Les Éditions de l'Ancre, Paris-Suresnes, 1995, p. 9 et suivantes (voir la bibliographie pour la nouvelle Ă©dition de cet ouvrage). On trouve aussi des indications biographiques dans la plupart des ouvrages mentionnĂ©s dans la bibliographie.
  3. Apostolos Kralidis 2015, p. 455-457.
  4. Triades 3, 1, 2.
  5. Sur les difficultés rencontrées à la lecture de Palamas, voir l'ouvrage de Lison, J., L'Esprit répandu. La pneumatologie de Grégoire Palamas, p. 17 et suivantes.
  6. Philocalie des PĂšres neptiques, Tome B, volume 3, p. 536 et suivantes.
  7. Triades 3, 3, 3.
  8. Triades 2, 3, 38.
  9. Triades 3, 1, 32.
  10. Voir l'introduction de Jean Meyendorff à Grégoire Palamas, Défense des saints hésychastes, p. XXXIV et suivantes. Citons encore parmi les sources théologiques et spirituelles de Palamas : Evagre le Pontique (cité sous le pseudonyme de Nil), Jean Climaque, Isaac de Ninive, les PÚres Cappadociens, Jean Chrysostome et les maßtres de l'hésychasme byzantin du XIVe siÚcle.
  11. Triades 3, 1, 36.
  12. Sur cette distinction entre essence et énergie en Dieu et la polémique à ce sujet (qui s'est maintenue jusqu'à nos jours), voir : Lison, J., L'Esprit répandu. La pneumatologie de Grégoire Palamas, p. 101 et suivantes.
  13. GrĂ©goire Palamas, 150 chapitres physiques, thĂ©ologiques, Ă©thiques et pratiques, chap. 75 ; Ɠuvre reprise dans la Philocalie des PĂšres neptiques, Tome B, volume 3, p. 508-509.
  14. Triades 3, 2, 12.
  15. Triades 3, 2, 24-25.
  16. Triades 3, 2, 26.
  17. Triades 3, 2, 13.
  18. Triades 3, 1, 24.
  19. Triades 3, 2, 10-11.
  20. Triades 3, 1, 34.
  21. Triades 3, 2, 24.
  22. Voir par exemple : J. Meyendorff, Introduction à l'étude de Grégoire Palamas, pp.181-185.
  23. Philocalie des PĂšres neptiques, Tome B, volume 3, p. 495.
  24. Triades 1, 1, 3.
  25. Triades 2, 3, 21.
  26. Triades 1, 1, 22.
  27. Triades 1, 3, 38.
  28. Triades 1, 3, 33.
  29. Triades 2, 3, 40.
  30. Voir par exemple : Mantzaridis, G. I., La doctrine de saint GrĂ©goire Palamas sur la dĂ©ification de l’ĂȘtre humain, pp. 99-107.
  31. Triades 2, 2, 19 et 1, 2, 2.
  32. Triades 1, 2, 2. Traduction de J. Meyendorff.
  33. Triades 1, 3, 48 et 2, 3, 18 et 40
  34. Triades 1, 3, 42
  35. Triades 1, 2, 7-8.
  36. Ibidem. L'obstacle est donc le péché et non le corps. Une fois que l'ordre est revenu, tout change selon Jn 7, 38-39 : "Celui qui croit en moi ( = le Christ)... des fleuves d'eau vive couleront de son ventre. Or il disait cela de l'Esprit qu'allaient recevoir ceux qui croyaient en lui".
  37. Cette formule se trouve déjà dans le Nouveau Testament et témoigne sans doute d'un usage liturgique des premiÚres communautés chrétiennes. Voir par exemple Mt 15, 22.
  38. Triades 2, 2, 15.
  39. Triades 2, 1, 30.
  40. Triades 1, 2, 3.
  41. Triades 1, 2, 5.
  42. Triades 3, 3, 10.
  43. Triades 3, 1, 35-36.
  44. Voir Philocalie des PÚres neptiques, Tome B, volume 3, pp. 471-479. Ce traité correspond à Triades 1, 2.
  45. Triades 3, 2, 14.
  46. Triades 2, 3, 31.
  47. Triades 2, 3, 68.
  48. Triades 1, 3, 37.
  49. Triades 2, 3, 36.
  50. Triades 2, 2, 11.
  51. Triades 3, 1, 27. L'idĂ©e que Dieu tout entier vient demeurer en l'homme tout entier se trouve dĂ©jĂ  formulĂ©e chez Maxime le Confesseur (VIe – VIIe siĂšcles), moine, thĂ©ologien exceptionnel et auteur spirituel auquel GrĂ©goire doit beaucoup.
  52. Triades 3, 1, 9.
  53. Triades 3, 1, 18.
  54. Triades 3, 1, 35-36 et 38.
  55. Triades 1, 3, 43.
  56. Triades 3, 1, 31.
  57. Triades 3, 3, 8.
  58. Philocalie des PĂšres neptiques, Tome B, volume 3, p. 525.
  59. PÚre Nikolaï Tikhonchuk, « Saint Grégoire Palamas (1296-1359) », .

Bibliographie

  • Staniloae, D., La vie et la doctrine de Saint GrĂ©goire Palamas, Sibiu, 1938. (Premier ouvrage moderne sur la thĂ©ologie palamite. La monographie que Jean Meyendorff dĂ©die Ă  GrĂ©goire viendra vingt ans plus tard.)
  • Jean-Claude Larchet, Introduction, dans Saint GrĂ©goire Palamas, TraitĂ©s apodictiques sur la procession du Saint-Esprit, coll. “L’Arbre de JessĂ©â€, Paris-Suresnes, Éditions de l’Ancre, 1995, p. 9-104 (la question du Filioque Ă©tudiĂ©e de prĂšs).
  • Apostolos Kralidis, « La rencontre de l’orthodoxie et de l’islam au 14e siĂšcle : les positions de GrĂ©goire Palamas et de l’empereur Jean VI CantacuzĂšne », Revue des sciences religieuses, vol. 89, no 4,‎ , p. 451-459 (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jacques Lison (prĂ©f. J. M. R. Tillard), L’Esprit rĂ©pandu. La pneumatologie de GrĂ©goire Palamas, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Patrimoines orthodoxie », , 305 p. (prĂ©sentation en ligne) (une Ă©tude d'ensemble fouillĂ©e de la pensĂ©e de Palamas, sous l'angle de la pneumatologie).
  • Mantzaridis, G. I., La doctrine de saint GrĂ©goire Palamas sur la dĂ©ification de l’ĂȘtre humain, traduction par M.-J. Monsaingeon, dans Saint GrĂ©goire Palamas. De la dĂ©ification de l’ĂȘtre humain, coll. “Sophia”, L’Âge d’homme-Lausanne, 1990, p. 43-160 (Bon dĂ©veloppement sur un thĂšme central chez Palamas).
  • Jean Meyendorff, Introduction Ă  l’étude de GrĂ©goire Palamas, Éditions du Seuil, coll. « “Patristica sorbonensia” 3 », , 432 p. (ASIN B003MWPIR8, prĂ©sentation en ligne) (prĂ©sentation ancienne, mais dĂ©taillĂ©e de la vie et des principaux thĂšmes de la thĂ©ologie de Palamas).
    • “Palamas (GrĂ©goire)”, Dictionnaire de spiritualitĂ©, 12, Paris, Beauchesne, 1984, col. 81-107 (SynthĂšse de rĂ©fĂ©rence).
    • Saint GrĂ©goire Palamas et la mystique orthodoxe, Seuil, coll. « Points Sagesses », , 143 p. (ISBN 978-2020526425, prĂ©sentation en ligne) (prĂ©sentation plus simple de Palamas et de la tradition spirituelle dans laquelle il s'inscrit. Bien pour commencer).
    • Palamas (GrĂ©goire), thĂ©ologien byzantin, auteur spirituel, archevĂȘque de Thessalonique, 1296-1359 (canonisĂ© dans l’Église orthodoxe) (Dictionnaire de spiritualitĂ©), Beauchesne Éditeur, coll. « Format Kindle », , 47 p. (ASIN B07TLP7ZKQ)
  • Martin Jugie, « La controverse palamite (1346-1368). Les faits et les documents conciliaires », Échos d'Orient, t. 30, no 164,‎ , p. 397-421. (lire en ligne)
  • Daniel Sternion, « Bulletin sur le Palamisme », Revue des Ă©tudes byzantines, t. 30,‎ , p. 231-341. (lire en ligne)
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