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Chronique de Morée

La Chronique de MorĂ©e (en grec : Î§ÏÎżÎœÎčÎșόΜ Ï„ÎżáżŠ ÎœÎżÏÎ­Ï‰Ï‚ ; en aragonais : Libro de los fechos et conquistas del principado de la Morea / Crόnica de Morea ; en italien : Cronaca di Morea ; titre original en français : Livre de la conqueste de la princĂ©e[N 1] de l’AmorĂ©e) est une chronique anonyme du XIVe siĂšcle qui relate la conquĂȘte du PĂ©loponnĂšse byzantin (connu sous le nom de « MorĂ©e ») par les « Francs » — nom donnĂ© aux croisĂ©s par les Byzantins — Ă  la suite de la quatriĂšme croisade (1204), et l'Ă©tablissement de la principautĂ© d'AchaĂŻe (1205-1430) par Guillaume de Champlitte. On y suit les exploits de celui-ci et de ses successeurs — Geoffroi Ier de Villehardouin, Geoffroi II de Villehardouin, Guillaume II de Villehardouin — et aprĂšs la mort de ce dernier en 1278, d’Isabelle de Villehardouin et de ses deux Ă©poux.

En dĂ©pit des erreurs qu’elle comporte, cette chronique constitue une des principales sources pour l'histoire de la principautĂ© aux XIIIe et XIVe siĂšcles. Il en existe quatre versions — en français, grec (la seule en vers), aragonais et italien. Le texte original ayant Ă©tĂ© perdu, on ignore quelle Ă©tait la version originale.

Le récit couvre des périodes plus ou moins longues selon les versions: de 1095 à 1305 pour la française, de 1095 à 1292 pour la grecque et de 1200 à 1377 pour la version aragonaise ; la version italienne, qui est un paraphrase tardive de la version grecque, porte sur les années 1097 à 1202[1] - [2].

L'auteur du prototype commun aujourd'hui disparu dut ĂȘtre un chroniqueur anonyme, franc hellĂ©nisĂ© ou gasmule (nĂ© d'une union mixte, le plus souvent d'un pĂšre franc et d'une mĂšre grecque)[3].

Résumé du texte (selon la version grecque)

Le PĂ©loponnĂšse au Moyen Âge.

La version grecque est divisĂ©e en deux livres : le premier, « Chronique de Romanie » (1189 vers), est consacrĂ© Ă  la prise de Constantinople et aux Ă©vĂšnements qui l’ont immĂ©diatement suivie ; le second, « Chronique des guerres des Français en Romanie et en MorĂ©e » (7002 vers), traite des affaires du PĂ©loponnĂšse entre 1205 et le dĂ©but du XIVe siĂšcle[N 2].

Livre I

Le livre I s’ouvre sur la premiĂšre croisade et rapporte le rĂ©cit de la dĂ©livrance du tombeau du Christ. Puis, on se transporte cent ans plus tard, lorsque les comtes de Flandres, de Champagne et de Toulouse dĂ©cident de prendre la croix. Le comte de Champagne Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©, Geoffroi de Villehardouin, dont le neveu sera avec Guillaume de Champlitte l’un des deux hĂ©ros de la chronique[N 3], est dĂ©signĂ© pour le remplacer (p. 17). Les trois comtes choisissent Boniface de Montferrat pour diriger l’expĂ©dition (pp. 24-25). Le roi de France ayant approuvĂ© ce choix, une ambassade est dĂ©pĂȘchĂ©e Ă  Venise pour noliser une flotte (pp. 31-37). Les croisĂ©s ne pouvant payer le montant convenu, le doge les convainc d’attaquer Zara (pp. 35-37). Le pape encourage les croisĂ©s Ă  remettre le jeune empereur Alexis Vatace (i.e. VatatzĂšs) alors rĂ©fugiĂ© en Allemagne sur le trĂŽne de ses pĂšres (pp. 43-45). Les croisĂ©s se dirigent vers Constantinople qui est prise d’assaut et le jeune Alexis est couronnĂ© Empereur (pp. 45-51). À la suite d'une conspiration, de nombreux Francs sont massacrĂ©s (pp. 52-56). Ceux-ci se vengent en pillant le pays jusqu’à Andrinople et les conspirateurs grecs sont punis (pp. 57-59). Les Francs se retirent de Constantinople ; le jeune Alexis et son pĂšre sont dĂ©trĂŽnĂ©s ; un seigneur de Constantinople, Alexis Ducas, surnommĂ© Murtzuphle, est couronnĂ© Empereur, mais pĂ©rit bientĂŽt Ă  son tour (pp. 63-69).

Se tient alors une assemblĂ©e de douze reprĂ©sentants des croisĂ©s au cours de laquelle le Doge propose l’élection de Baudouin de Flandres comme Empereur (pp. 69-73). Une dispute ayant Ă©clatĂ© entre les Lombards et les Français, qui prĂ©fĂ©raient Boniface de Montferrat Ă  Baudouin, le Doge suggĂšre Ă  titre de compromis que Boniface soit nommĂ© roi de Salonique (i.e. Thessalonique) (p. 75). L’Empire byzantin est alors divisĂ© entre les croisĂ©s (p. 77).

Jean Vatace et les Coumans ayant attaquĂ© Boniface, Baudouin se rend Ă  Andrinople pour livrer bataille contre les Grecs. Il est toutefois dĂ©fait et tuĂ© (pp. 78-89). Le Doge vole alors au secours d’Andrinople (p. 89). Robert est couronnĂ© Empereur comme successeur de Baudouin mais se heurte bientĂŽt Ă  ThĂ©odore Lascaris (pp. 91-93). À la mort de ce dernier, Michel PalĂ©ologue est nommĂ© rĂ©gent et fait Ă©trangler le fils de Lascaris aprĂšs quoi il marche sur Constantinople dont il s’empare (pp. 95-101).

Le livre se termine sur le dĂ©part des chefs francs vers la MorĂ©e (le PĂ©loponnĂšse) (p. 103) : « C’est ici que j’interromprai le rĂ©cit des actions des deux empereurs PalĂ©ologue et Baudouin. Je me hĂąte de rentrer dans le sujet que j’avais en vue dans le commencement de mon histoire et je reprends le fil de mon rĂ©cit ».

Livre II

Le livre II s'intitule « Chronique des guerres des Français en Romanie et en MorĂ©e ». Comprenant 7 002 vers, il est consacrĂ© aux affaires du PĂ©loponnĂšse depuis la conquĂȘte par Guillaume de Champlitte et Geoffroi de Villehardouin en 1205 jusqu’au rĂšgne d’Isabelle de Villehardouin, sa petite-fille, dans les premiĂšres annĂ©es du XIVe siĂšcle.

Le Comte de Champagne Ă©tant mort, la famille dĂ©cide que l’ainĂ© des deux frĂšres survivant demeurerait en France pour prendre charge des biens de la famille, alors que le plus jeune, Guillaume de Champlitte, partirait pour la croisade (pp. 108-109.). Voyageant par mer, il dĂ©barque en AchaĂŻe oĂč il « libĂšre » Andravida avant de s’emparer de Corinthe (pp. 113-115). C’est lĂ  que Boniface de Montferrat et Geoffroi de Villehardouin viennent le retrouver. Ensemble, ils marchent sur Argos. Boniface lui concĂšde les menses d’AthĂšnes et de Bodonitza (pp. 116-118).

Geoffroi dĂ©cide alors de faire Ă©quipe avec Guillaume de Champlitte et les deux entreprennent la conquĂȘte du PĂ©loponnĂšse en promettant aux chefs grecs locaux que, s’ils se soumettent, ils pourront garder leurs terres et leurs privilĂšges (pp. 121-125). Naviguant le long de la cĂŽte, ils s’emparent d’Arkadia, de Modon, de Coron et de Kalamata oĂč avec 700 hommes, les Français triomphent des armĂ©es grecques bien supĂ©rieures en nombre (pp. 125-128.).

Guillaume ayant appris la mort de son frĂšre, rentre en France et laisse Villehardouin comme intendant des terres conquises jusqu’à son retour. Celles-ci sont divisĂ©es entre les chevaliers[N 4], les ordres militaires (Temple, HĂŽpital et Teutoniques) et quatre Ă©vĂȘques (pp. 132-141).

Sceau de Geoffroi de Villehardouin.

Les Francs poursuivent la conquĂȘte du pays. Mais, craignant que le successeur envoyĂ© par Guillaume n’ait pas les mĂȘmes qualitĂ©s que celles dĂ©montrĂ©es par Geoffroi, les chevaliers dĂ©cident de mettre tous les obstacles possibles sur le chemin l’éventuel candidat. Guillaume nomme son cousin Robert comme son reprĂ©sentant. Avec l’aide de Venise, les chevaliers francs tentent de ralentir sa progression vers la GrĂšce, et une fois Robert arrivĂ©, les barons se dĂ©placent constamment dans le pays jusqu’à ce que le dĂ©lai lĂ©gal d’une annĂ©e soit Ă©coulĂ©. Ils dĂ©signent alors Geoffroi comme maitre de la MorĂ©e ; dĂ©pitĂ©, Robert rentre en France (pp. 148-158)[N 5].

À la mort de Geoffroi Ier, son fils Geoffroi II lui succĂšde. Homme de valeur Ă©gale Ă  son pĂšre, il Ă©pouse la fille de l’empereur latin Robert dont il devient le vassal (pp. 160-167). Toutefois, il se heurte aux prĂ©lats grecs qui refusent de contribuer aux dĂ©penses occasionnĂ©es par les guerres de conquĂȘte. Geoffroi s’empare des biens ecclĂ©siastiques et envoie plaider sa cause Ă  Rome. Il finit par se rĂ©concilier avec ces prĂ©lats (pp. 168-176).

Geoffroi II meurt Ă  son tour, aprĂšs avoir dĂ©signĂ© son frĂšre Guillaume comme son hĂ©ritier. Celui-ci conquiert l’affection de tous et dĂ©cide de s’emparer de Monobasia (Monemvasie), de Corinthe et d’Anaplion (Nauplie), qui donnent accĂšs aux principaux ports de la MorĂ©e. À cette fin, il sollicite l’aide des VĂ©nitiens pour l’acquisition d’une flotte. Si la conquĂȘte de Corinthe et d’Anaplion est remarquablement facile, celle de Monobasia demande trois ans. Guillaume retourne alors chez lui pour construire des forts et sĂ©curiser ses conquĂȘtes (pp. 177-187).

AprĂšs une digression sur la succession de ThĂ©odore Lascaris, l’auteur relate le conflit opposant Guillaume, prince de MorĂ©e, et Guillaume de la Roche, seigneur d’AthĂšnes, lequel refusait, comme d’autres barons, de le reconnaitre comme souverain. Finalement, Guillaume remporte la victoire sur la montagne de Caridi et le seigneur d’AthĂšnes doit s’incliner (pp. 194-205).

Suit le rĂ©cit de l’expĂ©dition de Guillaume en PĂ©lagonie. Guillaume s’allie au despote d’Arta pour lutter contre l’empereur latin de Constantinople. Les deux dĂ©cident d’aller dĂ©vaster la Romanie en passant par la Vlachie (Thessalie), dĂ©tenue par ThĂ©odore Doucas (fils de Michel II Doukas et frĂšre du despote). Celui-ci ainsi que Michel PalĂ©ologue attendent le prince et ses alliĂ©s prĂšs d’Andrinople. AprĂšs que les Grecs eurent abandonnĂ© Guillaume, celui-ci est capturĂ© par ThĂ©odore Lascaris et amenĂ© comme prisonnier Ă  Constantinople. L’Empereur lui promet de le libĂ©rer s’il lui remet la MorĂ©e et retourne en France. Guillaume refuse et demeure trois ans prisonnier aprĂšs quoi il est libĂ©rĂ© mais doit remettre Monobasia Ă  l’Empereur (pp. 216-245).

À son retour en MorĂ©e, Guillaume fait le tour du pays en passant prĂšs de Mesithra. Les autoritĂ©s de la ville, croyant qu’il veut s’emparer de celle-ci, font avertir l’Empereur qui envoie une armĂ©e contre Guillaume sous le commandement du grand domestique, son frĂšre. Bataille de Prinitza (1263) oĂč trois cents Français battent des milliers de Grecs. Au printemps, le grand domestique reprend la lutte contre Guillaume. Bataille de Serviana qui se termine sans vainqueur ; le grand domestique en rejette le blĂąme sur les Turcs, lesquels, outrĂ©s, passent dans le camp de Guillaume (pp. 246-272).

Le prince accepte le ralliement des Turcs et ensemble ils livrent bataille au grand domestique à PhanéromÚne. Le grand domestique est capturé. Fin de la campagne ; le prince licencie les Turcs (pp. 273-288).

L’auteur raconte ensuite comment Charles d’Anjou, comte de Provence, devient roi de Sicile et de Pouilles aprĂšs avoir vaincu le roi Manfroi. Guillaume, qui n’a que des filles, dĂ©cide de donner l’une d’elles comme Ă©pouse Ă  Charles d’Anjou afin de pouvoir compter sur lui dans son combat contre l’Empereur de Constantinople qui a pris pied dans le PĂ©loponnĂšse. Charles accepte et Guillaume devient son vassal. Le fils de Charles, Louis, est alors investi comme responsable de la MorĂ©e. Un neveu de l’Empereur ayant dĂ©barquĂ© Ă  Monobasia avec une armĂ©e, Charles envoie des secours Ă  Guillaume et le sire de Galeran est Ă©tabli bailli du pays de MorĂ©e (pp. 310-325).

Guillaume Ă  son tour vole au secours de Charles d’Anjou lequel est en guerre contre Conradin, neveu de l’empereur FrĂ©dĂ©ric et cousin de l’ancien roi Manfroi. MalgrĂ© leur infĂ©rioritĂ© numĂ©rique les armĂ©es de Charles et de Guillaume remportent la victoire. Guillaume retourne en MorĂ©e oĂč les Grecs ont recommencĂ© la guerre (pp. 335-348).

Guillaume repart en guerre, mais son armĂ©e est dĂ©cimĂ©e par la dysenterie prĂšs d’Arachova. Le seigneur de Caritena lui-mĂȘme en meurt (pp. 348-350.). Conflit entre Guillaume et dame Marguerite, niĂšce de Gautier de RosiĂšre, concernant l’hĂ©ritage de la seigneurie d’Acova. Jusque sur son lit de mort, il tente de trouver une solution honorable (pp. 350-371).

Guillaume dĂ©cĂšde. Le roi Charles d’Anjou en est avisĂ© et nomme Rousseau de Sully comme bailli de MorĂ©e. Le clergĂ© et le peuple l’acceptent comme bailli, mais refusent de lui rendre l’hommage-lige, celui-ci n’étant pas venu en personne prendre possession du pays. Les choses s’arrangent, mais peu de temps aprĂšs Louis, Ă©poux d’Isabelle fille de Guillaume et niĂšce de Michel PalĂ©ologue, meurt Ă  son tour. La suzerainetĂ© retourne au roi Charles, alors qu’Isabelle devient princesse de MorĂ©e (pp. 374-380).

Florent, frĂšre du comte de Hainaut, fait le projet d’épouser Isabelle pour devenir ainsi prince de MorĂ©e. Il se rend dans la principautĂ© et, aprĂšs avoir jurĂ© de protĂ©ger le pays, reçoit l’hommage lige des barons (pp. 389-394). Se rendant compte que le pays est Ă©puisĂ© par la guerre, il propose la paix aux reprĂ©sentants de l’Empereur de Constantinople. Ceux-ci accueillent favorablement la proposition et la transmettent Ă  leur maitre qui, lui, ne rĂ©agit pas parce qu’il est Ă  prĂ©parer la guerre au despote d’Arta. Florent se tourne alors vers ce dernier avec qui il conclut une alliance (pp. 395-397).

En compagnie du comte de CĂ©phalonie, le prince de MorĂ©e et le despote d’Arta se dirigent vers Joannina oĂč se trouvent les armĂ©es impĂ©riales. Mais Ă  leur approche, celles-ci prennent la fuite. Le prince et le despote envoient alors des messagers au grand domestique pour l’inviter Ă  livrer honorablement bataille. Celui-ci rĂ©pond que cela lui est impossible, son armĂ©e comptant nombre de Coumans et de Turcs qui l’ont abandonnĂ© (pp. 398-405.). Deux jours plus tard cependant, le despote d’Arta apprend que les troupes impĂ©riales ont pu rejoindre le golfe d’Arta Ă  bord de galĂšres gĂ©noises et se livrent au pillage du pays. Le prince de MorĂ©e promet alors son appui au despote (pp. 405-406).

Le livre se termine par un retour au temps de l’administration de Nicolas de Saint-Omer, seigneur de ThĂšbes et administrateur de MorĂ©e. On y apprend les manƓuvres du seigneur Geoffroi de Briel[N 6], pour se faire reconnaitre hĂ©ritier de son cousin germain, le seigneur de Caritena, mort sans hĂ©ritier. AprĂšs s’ĂȘtre muni de divers documents et certificats Geoffroi plaide sa cause auprĂšs du roi de Naples qui se rend Ă  ses arguments sous rĂ©serve de ratification par la haute cour de MorĂ©e. Toutefois, lorsqu’il vient faire reconnaitre ses droits, le gentilhomme se heurte au refus des barons de MorĂ©e, car le seigneur de Caritena avait commis une traitrise en passant du cĂŽtĂ© du duc d’AthĂšnes. Geoffroi dĂ©cide alors de s’emparer par ruse du chĂąteau-fort d’Araclovon en feignant une maladie que seule peut guĂ©rir l’eau du puits de la forteresse. Mais son but vĂ©ritable est de vendre le chĂąteau-fort au gĂ©nĂ©ral des armĂ©es de l’empereur de Constantinople. Le bailli Nicolas de Saint-Omer envoie alors ses troupes pour le dĂ©loger du chĂąteau. Un arrangement de derniĂšre minute est cependant trouvĂ© : Geoffroi rend la place forte et reçoit en hĂ©ritage transmissible le fief de Morena en mĂȘme temps qu’il Ă©pouse une dame Marguerite qui lui apporte en dot le fief de Lisarea (pp. 406-420).

Les quatre versions

Il existe quatre versions de la Chronique de MorĂ©e : en grec, en français, en aragonais et en italien. Seule la version grecque est en vers, les trois autres sont en prose. Le texte original ayant Ă©tĂ© perdu, il est difficile d’établir une chronologie des diffĂ©rentes versions, mais il y a tout lieu de supposer que les versions française et grecque sont les premiĂšres. Le texte italien est une traduction du texte grec, alors que le texte aragonais est une adaptation des textes grec et français sans qu’il soit possible d’établir lequel des textes français ou grec fut rĂ©digĂ© en premier.

Charles Hopf, le premier Ă©diteur du texte italien est d’avis que le texte grec est issu du texte français ou bien de la version originale aujourd’hui perdue[4]. Selon John Schmitt, au contraire, le texte français viendrait du texte grec lequel aurait constituĂ© le prototype initial[5], avis partagĂ© par Karl Krumbacher, Ă©rudit allemand et spĂ©cialiste de la civilisation byzantine. Dans les annĂ©es 1960-1970, les recherches de Spadaro[6], auxquelles se ralliĂšrent G. Kechalioglou[7] - [8] et Michael Jeffreys[9] - [N 7], tendent Ă  prouver la premiĂšre hypothĂšse — celle qui privilĂ©giait la version française du Livre de la conqueste de la princĂ©e de l’AmorĂ©e H.G. Beck penche aussi pour l'antĂ©rioritĂ© du texte français, mais pour lui, il s'agirait le texte grec serait l'adaptation d'un autre texte français, perdu[2].

En 1975, sur la foi d’une Ă©tude comparative des divers textes, David Jacoby a prĂ©sentĂ© l’hypothĂšse suivante (ms=manuscrit)[10]:

Premier niveau : Prototype (1292-1320) disparu lors de la destruction du chĂąteau de Saint-Omer en 1331 ou 1332.
DeuxiĂšme niveau : Chronique française, copie du prototype (1er niveau), (1320-1324) avec tableau chronologique prĂ©sentĂ© en tĂȘte vers 1324.
TroisiÚme niveau : Copie de la Chronique française (2e niveau), (1341-oct 1346) avec interpolations.
QuatriĂšme niveau :
A. copie avec notices marginales de la copie française avec interpolations (3e niveau) , (1341-1355);
B. copie de la copie avec interpolations (3e niveau) présentant des lacunes existant en 1397 : ms de Bruxelles, (début du XVe siÚcle);
C. version grecque de la copie avec interpolations (3e niveau) (1341/1346-1377/1378);
D. Un texte remanié de la copie avec interpolations (3e niveau) (XVe siÚcle ou début du XVIe siÚcle).
CinquiĂšme niveau :
A. Version aragonaise d’aprùs la copie avec notices marginales (4e niveau A.) : ms de Madrid (1377-1393);
C. Ms de Copenhague d’aprùs la version grecque de 1341/1346 (4e niveau, C.) (1377-1385);
D. Ms de Paris gr 2898, d’aprùs le texte reprenant la copie avec interpolations (4e niveau, D.) (premier tiers du XVIe siùcle).
SixiĂšme niveau:
C. Ms de Turin d’aprùs le ms de Copenhague (5e niveau C.) (XVIe siùcle)
D. Ms de Berne d’aprùs le ms de Paris (5e niveau, D.), (XVIe siùcle).
SeptiĂšme niveau :
C. Version italienne d’aprùs le ms de Turin (6e niveau, C) : ms de Venise (XVIe siùcle).
HuitiĂšme niveau :
D. Ms de Paris gr 2753 d’aprùs le ms de Berne (6e niveau, D) (vers 1700).

Transmission jusqu'Ă  nous

La Chronique de MorĂ©e est longtemps restĂ©e au stade de manuscrit. Ce n’est qu’en 1840 que parut une premiĂšre impression de la version grecque d’aprĂšs le manuscrit de Paris sous la direction de Jean Alexandre Buchon. Cette premiĂšre Ă©dition portait comme titre ΒÎčÎČÎ»ÎŻÎżÎœ της ÎșÎżÏ…ÎłÎșέστας Ï„ÎżÏ… ÎœÏ‰ÏÎ±ÎŻÏ‰Ï‚ (« Biblion tes Kounkestas tou Moraios – Livre de la conquĂȘte de la MorĂ©e »), s’écartant ainsi du texte originel. Lors de la deuxiĂšme Ă©dition en 1845, on en revint au titre du manuscrit de Copenhague[11].

En 1889 parut sous la direction de John Schmitt une Ă©dition des deux textes (grec et français) prĂ©sentĂ©s de façon synoptique. Puis vinrent le texte italien en 1873 sous la direction de Charles Hopf et celle du texte aragonais en 1885. Ce n’est qu’en 1911 que le texte français fut prĂ©sentĂ© par Jean Longnon.

Les différentes versions

Version française

Écrit en prose, ce rĂ©cit des Ă©vĂšnements de 1095 Ă  1305, est, comme l’indique le texte lui-mĂȘme, le rĂ©sumĂ© d’un livre existant dĂ©jĂ  au moment de sa rĂ©daction et est intitulĂ© Livre de la conqueste de la princĂ©e de l’AmorĂ©e. Le texte est prĂ©cĂ©dĂ© d’un tableau chronologique de divers Ă©vĂšnements dont le dernier est datĂ© de 1333.

Le texte du manuscrit de Bruxelles (conservĂ© Ă  la BibliothĂšque royale de Belgique, manuscrit 15702, Bruxelles), le seul Ă  rapporter cette version, est incomplet et se termine abruptement. Bien que la chronique s’arrĂȘte avec les faits de l’annĂ©e 1305, elle fait allusion Ă  des Ă©vĂšnements postĂ©rieurs : 1311 (dĂ©faite de Gautier de Brenne face Ă  la compagnie catalane), 1314 (mort de Nicolas de Saint-Omer), 1320 (mariage d’Étienne de Maure et d’AgnĂšs d’Aulnay), 1331 (mort de Philippe de Tarente). C’est aussi le cas du tableau chronologique insĂ©rĂ© en tĂȘte et qui devait servir en quelque sorte de « table des matiĂšres »[12].

D’aprĂšs Jacoby, c’est au cours d’un arrĂȘt Ă  Modon en 1397 que Jean de Nevers, futur duc de Bourgogne, libĂ©rĂ© de captivitĂ© par Bayezid Ier aprĂšs la bataille de Nicopolis, aurait reçu un manuscrit reproduisant la chronique française copiĂ©e entre 1341 et 1346. Ce manuscrit aurait Ă©tĂ© recopiĂ© par un scribe originaire d’une des provinces de Bourgogne aprĂšs le retour en Occident. C’est lui qui aurait introduit dans le texte parvenu jusqu’à nous les termes wallons ou picards qui s’y trouvent tout en conservant la langue morĂ©ote du XIVe siĂšcle[13].

Version grecque

Fragment de la version grecque de la Chronique de Morée.

La version grecque ou Î§ÏÎżÎœÎčÎșόΜ Ï„ÎżÏ ÎœÎżÏÎ­Ï‰Ï‚ est Ă©crite en vers de 15 syllabes appelĂ©s « vers politiques »[N 8]. La langue est le grec vernaculaire de l’époque et on y trouve, intercalĂ©s, de nombreux mots français. Les vers sont accentuĂ©s mais ne comportent pas de rimes. Il existe deux manuscrits originaux et trois copies :

(copie) Ms. Taurinensis B.II.I., Biblioteca Reale, Turin, trĂšs prĂšs du ms de Copenhague
(copie) Ms. Parisinus graecus 2753, BibliothĂšque nationale de France.
(copie) Ms. Bern 509 grec, Burgerbibliothek Bern, ces deux derniers copies de la version de Paris.

Le plus ancien est sans contredit celui de Copenhague dont la langue est aussi la plus ancienne. Le Parisinus graecus 2898 utilise une langue plus simple, contenant moins de mots empruntĂ©s et comporte moins de remarques anti-hellĂ©niques. Dans le siĂšcle qui sĂ©pare les deux versions, de nombreuses modifications ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă  la langue, tĂ©moignage d’une « modernisation » rapide de celle-ci. Le texte de Copenhague rapporte les Ă©vĂšnements jusqu’en 1292[14].

Le rĂ©dacteur de la version grecque devait ĂȘtre un «gasmule », c’est-Ă -dire soit une personne nĂ©e d’un pĂšre franc et d’une mĂšre grecque, soit un Franc hellĂ©nisĂ©. Il maitrise la langue grecque, non seulement dans sa forme populaire, mais Ă©galement dans sa forme littĂ©raire comme le dĂ©montre son gout pour la rhĂ©torique. Toutefois, certaines tournures malhabiles dĂ©montrent qu’il s’agit d’une traduction. L’auteur est Ă©galement Ă  l’aise en langue franque comme en font foi les nombreux emprunts que l’on retrouve dans le texte, notamment les termes relatifs aux institutions fĂ©odales. On peut toutefois se demander si l’utilisation de ces emprunts correspond Ă  une traduction de termes francs ou s’ils ne dĂ©notent pas une francisation de la culture grecque de l’époque[15].

La version grecque est parallĂšle Ă  la version française et incorpore les mĂȘmes confusions, dĂ©formations et traits lĂ©gendaires[16]. Toutefois, surtout pour la conquĂȘte de Constantinople et le rĂšgne des trois premiers seigneurs de MorĂ©e jusqu’en 1245, elle cite nombre de faits qui montrent que l’auteur a pu utiliser d’autres sources provenant ou bien de textes officiels ou bien de traditions orales[17].

Cette version est manifestement destinĂ©e aux archontes intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ© fĂ©odale franque. En effet, peu de seigneurs francs parlaient le grec et auraient donc Ă©tĂ© en mesure de lire cette traduction; par ailleurs, celle-ci doit avoir Ă©tĂ© Ă©crite pour des personnages ayant une bonne instruction et pouvant se rĂ©jouir des hauts faits d'armes de seigneurs morĂ©otes et suffisamment acculturĂ©s pour apprĂ©cier le rĂ©cit. En tĂ©moigne Ă©galement la haine manifeste de l’auteur Ă  l’endroit des autoritĂ©s de Byzance ou du despotat d’Épire accusĂ©es de trahir les seigneurs de MorĂ©e ou les Francs[18]. Enfin, la notice particuliĂšrement Ă©laborĂ©e consacrĂ©e Ă  Erard III, seigneur d’Arkadia (vers 4867-4869) peut laisser croire que l’auteur a vĂ©cu dans l’entourage de ce baron morĂ©ote. En dĂ©pit de ses inexactitudes, cette chronique s’avĂšre une source d’information prĂ©cieuse pour l’étude de la sociĂ©tĂ© fĂ©odale de l’époque[19].

Sur le plan linguistique, la chronique dans sa version grecque est Ă©galement importante en raison de la cĂ©sure que reprĂ©sente la chute de Constantinople en 1453 entre la langue grecque du Moyen Âge et celle de l’époque contemporaine. La Chronique de MorĂ©e est dĂ©finitivement rĂ©digĂ©e dans le grec du Moyen Âge. En mĂȘme temps, elle reprĂ©sente l’évolution considĂ©rable que la langue traversait Ă  cette Ă©poque. Avec les PoĂšmes ptochoprodromiques et les « Chants akritiques » (en grec : ΑÎșρÎčτÎčÎșÎŹ Ï„ÏÎ±ÎłÎżÏÎŽÎčα , littĂ©ralement "chants des gens de la frontiĂšre"), la Chronique constitue une premiĂšre Ă©tape dans la crĂ©ation de la littĂ©rature grecque moderne qui commence Ă  se faire jour Ă  cĂŽtĂ© de la littĂ©rature byzantine Ă©crite en langue savante. C’est le cas entre autres des passages relatifs aux institutions fĂ©odales inconnues Ă  Byzance et pour lesquelles il a fallu soit grĂ©ciser certains termes, soit trouver des Ă©quivalents grecs[20].

Tant par la conception de la sociĂ©tĂ© qu’elle reflĂšte que par l’évolution de la langue, cette chronique de la conquĂȘte du PĂ©loponnĂšse par les Francs peut se comparer Ă  l’évolution historique et littĂ©raire que suggĂšrent la Chanson de Roland en France ou les Cantar de Moi Cid en Espagne.

La Chronique de MorĂ©e a par la suite constituĂ© une source d’inspiration pour bon nombre d’écrivains grecs dont les Ɠuvres se situent Ă  cette Ă©poque comme Alexandre Rizos RangabĂ© (Ο ΑυΞέΜτης Ï„ÎżÏ… ÎœÎżÏÎ­Ï‰Ï‚), Angelos Terzakis (Î†ÎłÎłÎ”Î»ÎżÏ‚ Î€Î”ÏÎ¶ÎŹÎșης – Η πρÎčÎłÎșηπέσσα ΙζαΌπώ) et Dimitrios Vernadakis (Î”Î·ÎŒÎźÏ„ÏÎčÎżÏ‚ Î’Î”ÏÎœÎ±ÏÎŽÎŹÎșης – ÎœÎ±ÏÎŻÎ± Î”ÎżÎŸÎ±Ï€Î±Ï„ÏÎź).

Version aragonaise

L’introduction de la version aragonaise, « Libro de los fechos et conquistas del principado de la Morea », rĂ©vĂšle que celle-ci fut rĂ©digĂ©e sur l’ordre de Juan FernĂĄndez, grand-maitre des Hospitaliers et complĂ©tĂ©e le , sans doute Ă  Avignon oĂč rĂ©sidait le grand-maitre par un certain Bernardo de Jaqua qui en fut soit le rĂ©dacteur, soit le copiste[21].

Elle dĂ©bute par l’accord de paix entre les rois de France et d’Angleterre en 1200 et prend fin Ă  la mort de Daniel del Carretto envoyĂ© par Jeanne de Naples pour prendre possession de la MorĂ©e au nom des Hospitaliers; ce dernier mourut en MorĂ©e en 1377. Le « Libro de los fechos » aurait constituĂ© la derniĂšre partie d’un ouvrage plus vaste consacrĂ© Ă  la GrĂšce depuis l’antiquitĂ© jusqu’à l’installation des Hospitaliers, Ɠuvre qui ne fut jamais complĂ©tĂ©e[22].

La chronique aragonaise donne l’impression d’une Ɠuvre indĂ©pendante qui s’appuierait sur les versions française et grecque comme sources principales[23]. La premiĂšre partie, la plus importante par son ampleur, constitue une version condensĂ©e des versions française et grecque jusqu’en 1292 pour la version française, 1303 pour la version grecque. Toutefois, l’auteur y ajoute des dĂ©tails et rectifie certaines erreurs au moyen d’autres sources d’origine morĂ©ote comme les « Assises de MorĂ©e ». C’est le cas de la liste des baronnies crĂ©Ă©es par Guillaume de Champlitte en 1209 qui s’écarte sensiblement des versions française et grecque. C’est aussi le cas des paragraphes 641 Ă  654 qui dĂ©crivent les opĂ©rations militaires d’Andronic Asen, gouverneur de Mistra, et de ses succĂšs en 1320[24].

La seconde partie couvre les Ă©vĂšnements ayant eu lieu de 1325 Ă  1376 et s’appuie Ă©galement sur des sources morĂ©otes. Les faits concernant Jean de Gravina et son expĂ©dition en MorĂ©e (para 655-662) ainsi que les exploits des chevaliers francs de NiccolĂČ Sanudo et Guglieno Frangipani (para 662-668) sont traitĂ©s avec force dĂ©tails alors que les annĂ©es 1329 Ă  1364 sont rĂ©sumĂ©es en quelques paragraphes (para 669-689).

Enfin, la derniĂšre partie (para 705-726) couvrant les annĂ©es 1373 Ă  1376 qui retracent la prise de possession de la MorĂ©e par Jeanne Ire de Naples et sa remise Ă  l’ordre des Hospitaliers sont l’Ɠuvre d’un tĂ©moin oculaire.

Version italienne

Enfin, la version italienne, intitulĂ©e « Istoria della Morea » est une paraphrase italienne tardive de la version grecque avec quelques erreurs[1]. Jean Longnon, s’appuyant sur l’importance de l’italien dans la fĂ©odalitĂ© morĂ©ote et sur les nombreux italianismes existant tant dans la chronique française que dans la chronique grecque, avait avancĂ© l’hypothĂšse d’un original italien, possiblement en dialecte vĂ©nitien[25]. Jacoby rĂ©fute cette thĂšse en montrant d’abord que l’implantation de l’italien en MorĂ©e remonte Ă  la deuxiĂšme moitiĂ© du XIVe siĂšcle, soit aprĂšs la rĂ©daction et du prototype de la chronique et de sa version française, alors que les italianismes seraient dus aux nombreux contacts commerciaux Ă©tablis entre la principautĂ© et les territoires italiens avoisinants ainsi qu’avec le royaume angevin de Naples[26].

Valeur historique

La Chronique de MorĂ©e constitue une source problĂ©matique car elle est truffĂ©e d’erreurs en plus d’ĂȘtre trĂšs partiale puisqu’elle vise surtout Ă  mettre en valeur les hauts faits de la noblesse franque tout en Ă©tant, dans sa version grecque, manifestement hostile aux Grecs (Byzantins)[27]. L’auteur dĂ©montre une bonne connaissance des institutions juridiques de la MorĂ©e et des usages de la cour, mais est manifestement moins Ă  l’aise dans le domaine militaire. Il n’est guĂšre fiable sur les Ă©vĂšnements ayant lieu en dehors de la MorĂ©e[28].

Notes et références

Notes

  1. « Petite principauté » cnrtl.fr. [lire en ligne (page consultée le 4 janvier 2023)]
  2. Les numĂ©ros de page donnĂ©s entre parenthĂšses renvoient Ă  la Chronique de la conquĂȘte de Constantinople et de l’établissement des Français en MorĂ©e, vol. II, texte Ă©tabli par J. A. Buchon, 1825. (Accessible en ligne; voir bibliographie.)
  3. Le chroniqueur semble confondre les deux Geoffroi.
  4. Les listes données par les différentes versions de la Chronique reflÚtent des situations postérieures à 1209. Selon la version grecque, les douze baronnies auraient été : Kalamata (domaine personnel des Villehardouin, Acova/Mategrifon (Gauthier Ier de RoziÚre), Carytena/Skorta (Hugues de BruyÚres), Véligout ou Véligosti (Mathieu Ier de Mons), Calavryta (Othon de Tournay), Gritsena (messire Luc, inconnu par ailleurs), Patras (Guillaume Aleman), Chalandritsa (Audebert ou Robert de Dramelay) et Vostitsa (Hugues Ier de Lille ou de Charpigny).
  5. Nombre d’historiens, dont Kenneth Setton (en) et Steven Runciman, ont sĂ©rieusement mis en doute cet Ă©pisode, le second doutant mĂȘme de l’existence du prĂ©tendu Robert.
  6. « ΠρÎčέρΔ », identifiĂ© Ă  tort par Buchon avec Brienne.
  7. On trouvera d’autres rĂ©flexions sur ce thĂšme dans les ouvrages de Mastrodimitri 2001, Beck 1971, Agapitos et Ole 1992, et Mango 2002 (V. bibliographie)
  8. Ils sont appelĂ©s « vers politiques »(en grec : Ï€ÎżÎ»ÎčτÎčÎșός ÏƒÏ„ÎŻÏ‡ÎżÏ‚) pour souligner leur caractĂšre populaire (de polis-ville) et non un quelconque engagement pour une forme de gouvernement. Ils se caractĂ©risent par l’accent portĂ© sur les mots plutĂŽt que sur la longueur des voyelles comme c’était le cas auparavant

Références

  1. Jacoby 1968, p. 133.
  2. Tonnet 2010, p. 94.
  3. Shawcross 2009, p. 44.
  4. Hopf 1873.
  5. Schmitt 1904.
  6. Spadaro 1959.
  7. Kechalioglou 1974, p. 254–267.
  8. Kechalioglou 1975, p. 420–425.
  9. Jeffreys 1975, p. 304–350.
  10. Jacoby 1968, p. 188.
  11. Buchon 1825.
  12. Jacoby 1968, p. 133-150.
  13. Jacoby 1968, p. 149-150.
  14. Blanchet et Saint-Guillain 2013, p. 17.
  15. Tonnet 2010.
  16. Jacoby 1968, p. 150.
  17. Jacoby 1968, p. 153.
  18. Jacoby 1968, p. 156.
  19. Jacoby 1968, p. 157.
  20. Jacoby 1968, p. 152.
  21. Jacoby 1968, p. 160.
  22. Jacoby 1968, p. 160-162.
  23. Wilksman 2015, p. 86.
  24. Jacoby 1968, p. 163-168.
  25. Longnon 1911, p. LXXVI-LXXXIV; XLIX ; 317.
  26. Jacoby 1968, p. 184-187.
  27. Wilksman 2015, p. 85.
  28. Jeffreys 1991, p. 446.

Bibliographie

Version française

  • RenĂ© Bouchet (trad.), Chronique de MorĂ©e, Éditions des Belles-Lettres, Paris, 2005. (ISBN 2-251-33946-9) [en ligne] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10723736t .
  • Jean Longnon, Livre de la conqueste de la princĂ©e de l'AmorĂ©e. Chronique de MorĂ©e (1204-1305) (publiĂ© pour la SociĂ©tĂ© de l'Histoire de France), Paris, Laurens, , cxx, 430 (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)
    Cette édition, qui suit le texte français, permet de faire une comparaison avec les autres versions grùce à des notes indiquant les variantes avec les autres rédactions.
  • (en) Anne Van Arsdall (Ed.) et Helen Moody (Ed.), The Old French Chronicle of Morea. An Account of Frankish Greece after the Fourth Crusade, Londres - New York, Routledge, , 290 p. (ISBN 978-1-138-30722-3)

Version grecque

  • Jean Alexandre Buchon (trad. du grec), Chronique de la conquĂȘte de Constantinople et de l’établissement des Français en MorĂ©e, vol. I: Chronique de Romanie; II: Chronique de MorĂ©e, Paris, VerdiĂšre, Libraire, 1825, 2 vol. (lire en ligne)
    Le lien conduit au vol. II sur la Morée.
  • (en + el) The Chronicle of Morea [To Chronikon tou Moreos], A history in political verse relating the establishment of feudalism in Greece by the Franks in the thirteenth century (Introduction, Critical Notes and Indices by John Schmitt.), London, Methuen & Co, 1904 (rĂ©Ă©d. 1967; 2003), xcii, 591 (lire en ligne)
    Introduction et notes en anglais; Ă©dition en parallĂšle du texte grec de deux manuscrits (Copenhague et Paris).

Version italienne

  • (it + fr) Karl Hopf (Ă©d.), Cronaca di Morea dans Chroniques grĂ©co-romanes inĂ©dites ou peu connues, Berlin, Librairie de Weidmann, , xlviii, 538 (lire en ligne), p. 414-468

Version aragonaise

  • (es + fr) Libro de los fechos et conquistas del principado de la Morea - Chronique de MorĂ©e aux XIIIe et XIVe siĂšcles (texte (es) : Compilado por comandamiento de Don Fray Johan de Jerusalem; texte (fr) traduit pour la SociĂ©tĂ© de l'Orient Latin par Alfred Morel-Fatio), GenĂšve, Jules-Guillaume Fick, , lxiii, 160 p. (2x) - texte (es) et (fr) en parallĂšle (lire en ligne)

Sources primaires

  • Les Assises de Romanie. Édition critique avec une introduction et des notes par G. Recoura. Paris, 1930.
  • Georges PachymĂ©rĂšs (Édition, introduction et notes par Albert Falliers. Trad. française par Vitalien Laurent et A. Fallier), Relations historiques, Paris, Institut français d'Ă©tudes byzantines, 1984-1999 (trois vol.) (prĂ©sentation en ligne)
    La présentation en ligne est consacrée au vol. III, avec un rappel sur les vol. I et II.
  • Geoffroi de Villehardouin (Ă©ditĂ©e et traduite par Edmond Faral, 2 vol.), La conquĂȘte de Constantinople, Paris, Belles Lettres, 1938-1939, v. le livre XI (vol. II)

Sources secondaires

  • (en) Willem Johan Aerts et Hero Hokwerda, Lexicon on The Chronicle of Morea, Leide, Brill, 2002, 588 p. (ISBN 978-9-069-80140-7)
  • (de) Hans Georg Beck, Geschichte der byzantinischen Volksliteratur, Munich, Beck, , xxii, 233 p. (ISBN 978-3-406-01420-8), p. 249–52
  • Marie-HĂ©lĂšne Blanchet et Guillaume Saint-Guillain, « À propos d’un ouvrage rĂ©cent sur la "Chronique de MorĂ©e". Contribution au dĂ©bat », Byzantion, vol. 83,‎ , p. 13-39 (lire en ligne)
  • Antoine Bon, La MorĂ©e franque. Recherches historiques, topographiques et archĂ©ologiques sur la principautĂ© d’AchaĂŻe (1205-1430), Paris, E. de Boccard, , xvii, 746 (vol. I); Album de planches (vol. II) (prĂ©sentation en ligne)
  • (en) Geoffroy Horrocks, Greek: A History of the Language and its Speakers, Oxford, Willey Blockwell, 2010 [1997], Updated second edition [lire en ligne (page consultĂ©e le 2 janvier 2023)]. (ISBN 978-1118785157).
  • David Jacoby (Art. repris dans D. Jacoby, SociĂ©tĂ© et dĂ©mographie a Byzance et en Romanie latine, Londres, Variorum reprints, 1975), « Quelques considĂ©rations sur les versions de la "Chronique de MorĂ©e" », Journal des savants, no 3,‎ , p. 133-189 (lire en ligne)
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  • Jean-Claude Polet, Patrimoine littĂ©raire europĂ©en, vol. 5 : PremiĂšres mutations de PĂ©trarque Ă  Chaucer 1304-1400, Bruxelles, De Boeck UniversitĂ©, , 868 p. (ISBN 978-2-804-12077-1)
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  • (en) Teresa Shawcross, The Chronicle of Morea. Historiography in Crusader Greece, Oxford, Oxford University Press, , 424 p. (ISBN 978-0-199-55700-4).
  • (it) Giuseppe Spadaro, « Studi introduttivi alla cronaca di Morea », Siculorum Gymnasium, no 12,‎ , p. 125-152
  • Henri Tonnet, Histoire du grec moderne : la formation d'une langue, Paris, L'AsiathĂšque, 2010 (ouvrage remaniĂ© et mis Ă  jour) (1re Ă©d. 1993) (ISBN 978-2-360-57014-0)
  • (en) Juho Wilksman, « Conflict and cooperation. Campain in the Peloponnese in 1264 », Acta Byzantina Fennica, vol. 4 (New Series),‎ , p. 85-122 (lire en ligne)

Articles connexes

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