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Empire de Nicée

Vestige de l’Empire byzantin ayant rĂ©sistĂ© Ă  la prise de Constantinople par les croisĂ©s en 1204, l’empire de NicĂ©e, le plus Ă©tendu des États grecs, occupait, en Asie Mineure occidentale, une large bande de terre s’étendant de la mer ÉgĂ©e Ă  la mer Noire. Si NicĂ©e demeura sa capitale et le siĂšge du patriarcat pendant toute sa brĂšve histoire (1204-1261), les empereurs Ă©tablirent leur rĂ©sidence et le siĂšge du gouvernement Ă  Nymphaion (aujourd’hui KemalpaƟa), ville de Lydie, moins exposĂ©e aux armĂ©es ennemies. Se dĂ©fendant Ă  la fois contre les États successeurs et le sultanat seldjoukide, ThĂ©odore Ier Laskaris rĂ©ussit Ă  Ă©difier un État politiquement stable et Ă©conomiquement viable en Asie Mineure. Ses successeurs, Jean III Doukas VatatzĂšs et ThĂ©odore II Laskaris, Ă©tendirent le territoire de l’empire en Europe, encerclant progressivement Constantinople. AprĂšs avoir Ă©cartĂ© Jean IV Lascaris, le successeur lĂ©gitime de ThĂ©odore II, Michel VIII PalĂ©ologue parvint Ă  reprendre la ville en 1261.

États successeurs de l'empire byzantin aprùs la quatriùme croisade (1204).
Empire de Nicée

1204–1261

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Carte de l'Asie Mineure et des Balkans en 1204 ; l'empire de Nicée est indiqué en bleu.
Informations générales
Statut Monarchie, successeur local de l'Empire byzantin
Capitale Nicée
Langue(s) Grec
Histoire et événements
1204 QuatriÚme croisade et création
ReconquĂȘte de Constantinople

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Les États successeurs

Porte de Lefke, Ä°znik (ΝίÎșαÎčα, Nikaia, NicĂ©e).
tombe d'Enrico Dandolo dans la cathédrale Hagia Sophia
Tombeau du doge Enrico Dandolo dans la cathédrale Hagia Sophia.
La Chronique de Nuremberg (1493), Ville de Nicée.

La chute de Constantinople aux mains des croisĂ©s laisse l’Empire byzantin divisĂ© entre plusieurs États, grecs et latins : l’empire latin de Constantinople, l’empire de NicĂ©e, l’empire de TrĂ©bizonde, le despotat d’Épire[N 1], le royaume de Thessalonique, ainsi que de nombreux États plus petits, fiefs de seigneurs rebelles et d’empereurs dĂ©posĂ©s.

L’empire latin de Constantinople est lui-mĂȘme morcelĂ© conformĂ©ment aux usages de la fĂ©odalitĂ© occidentale. Boniface de Montferrat, la figure dominante des chevaliers francs pendant la croisade, s’attend Ă  ĂȘtre Ă©lu empereur aux termes du traitĂ© conclu entre le doge de Venise, Enrico Dandolo, et les chevaliers francs. C'est pourtant Baudouin de Flandre qui est Ă©lu et reçut ainsi conformĂ©ment aux dispositions de l’accord, outre les cinq-huitiĂšmes de Constantinople, la Thrace et la partie nord-ouest de l’Asie Mineure ainsi que diverses Ăźles de la mer ÉgĂ©e comme Lesbos, Chios et Samos. Boniface se voit attribuer le reste de l’Asie Mineure ; mais prĂ©fĂ©rant un territoire europĂ©en, il s’empare de Thessalonique, annexant la MacĂ©doine et la Thessalie adjacentes. De lĂ , il se dirigea vers l’Attique et la BĂ©otie oĂč il crĂ©e le duchĂ© d’AthĂšnes, confiĂ© Ă  Otton de la Roche, et vers le PĂ©loponnĂšse oĂč il Ă©tablit la principautĂ© d'AchaĂŻe, confiĂ©e Ă  Guillaume de Champlitte d’abord, Ă  Godefroy de Villehardouin ensuite[1]. Pendant ce temps, Michel Ier ComnĂšne Doukas, fils illĂ©gitime du sĂ©bastokrator[N 2] Jean Doukas et cousin d’Isaac II et d’Alexis III, aprĂšs avoir suivi Boniface de Montferrat Ă  Thessalonique, va s’établir en Épire et fixa sa capitale Ă  Arta oĂč sa famille possĂšde dĂ©jĂ  de grands domaines. Il ne porte jamais lui-mĂȘme le titre de despote mais il Ă©tend rapidement son territoire en offrant aux VĂ©nitiens de devenir leur vassal pour l’ensemble de l’Épire. PrĂ©occupĂ©s plus de commerce que d’administration, ceux-ci acceptent l’offre avec empressement[2].

Toutefois, Baudouin ne contrĂŽle pas les territoires qu’on lui a octroyĂ©s en Asie Mineure. Plus tĂŽt, le despote ThĂ©odore Laskaris, gendre et hĂ©ritier prĂ©somptif d’Alexis III, s’est enfui de Constantinople aprĂšs la dĂ©position de son beau-pĂšre (1203) et s’est installĂ© Ă  NicĂ©e d’oĂč il a Ă©tendu son pouvoir sur la Bithynie et les seigneurs locaux. AprĂšs la chute de Constantinople, il accueille les Grecs fuyant la ville et entreprend d’organiser la rĂ©sistance aux Latins, jetant ainsi les bases d’un État grec viable en Asie Mineure[3].

L’empire de TrĂ©bizonde est lui aussi crĂ©Ă© quelque peu avant la chute de Constantinople, sans tenir son existence du traitĂ© de partage. AprĂšs la chute de l’empereur Andronic Ier ComnĂšne en 1185, deux de ses petits-fils, David et Alexis ComnĂšne, se sont rĂ©fugiĂ©s Ă  la cour de GĂ©orgie oĂč ils sont Ă©levĂ©s par la reine Tamar de GĂ©orgie. Avec l’aide de celle-ci et pour continuer la lutte contre la dynastie des Anges, ils prennent d'abord TrĂ©bizonde en . Alexis s’y installe avec le titre d’empereur, pendant que David, poursuivant l’expansion du nouvel empire vers l’ouest, rĂ©ussit Ă  en Ă©tendre les frontiĂšres jusqu’à HĂ©raclĂ©e du Pont[4].

À cela s’ajoutent nombre de territoires tenus par des nobles byzantins et gouvernĂ©s par des monarques dĂ©posĂ©s ou des seigneurs rebelles. Ainsi, Alexis V, aprĂšs avoir fui Constantinople, s’est rĂ©fugiĂ© Ă  Tzurulon (aujourd’hui Çorlu) en Thrace orientale, alors qu’Alexis III, Ă©galement dĂ©posĂ©, rĂšgne Ă  Mosynopolis d’oĂč il contrĂŽle la Thrace occidentale et la rĂ©gion de Thessalonique. LĂ©on Sgouros, seigneur rebelle, gouverne la rĂ©gion situĂ©e autour de Nauplie, Corinthe et ThĂšbes. Un autre magnat grec, LĂ©on Gabalas, dĂ©tient l’ile de Rhodes, alors qu’Antalya a Ă©tĂ© conquise par un condottiere italien, Aldobrandini. En Asie Mineure, la vallĂ©e du MĂ©andre est partagĂ©e entre Sabas AsidĂ©nos autour de PriĂšne, ThĂ©odore Mancaphas autour de Philadelphie, et Manuel MaurozomĂšs dans l’Est[5].

Formation de l’empire de NicĂ©e en Asie Mineure

Effigie de Théodore Ier Laskaris d'aprÚs un manuscrit de la BibliothÚque universitaire de ModÚne

Ayant fui Constantinople aprĂšs la dĂ©position de son beau-pĂšre Alexis III, ThĂ©odore Laskaris (nĂ© vers 1174, empereur en 1205, mort en ) qui s’est rĂ©fugiĂ© en Asie Mineure, Ă  Brousse d’abord, puis Ă  NicĂ©e, avec l’appui du sultan seldjoukide d’Iconium. Cette ville, situĂ©e Ă  la croisĂ©e de routes importantes et Ă  l’extrĂ©mitĂ© d’un grand lac, bien protĂ©gĂ©e par des dĂ©fenses naturelles, pouvant s’enorgueillir d’avoir Ă©tĂ© le siĂšge de deux conciles ƓcumĂ©niques, devient bientĂŽt le centre de ralliement des Grecs fuyant les Latins[6].

Cependant, jouissant de la lĂ©gitimitĂ© impĂ©riale, ThĂ©odore doit imposer son pouvoir Ă  divers seigneurs en passe de crĂ©er des États indĂ©pendants dans la rĂ©gion, comme ThĂ©odore Mangaphas Ă  Philadelphie, Manuel MaurozomĂšs dans la vallĂ©e du MĂ©andre, Sabas AsidĂ©nos Ă  Sampson, prĂšs de Milet. Il ne parvient cependant pas Ă  reconquĂ©rir le Pont, cƓur de l'empire de TrĂ©bizonde, alors en pleine expansion : David ComnĂšne, frĂšre de l'empereur Alexis, conquiert la Paphlagonie et la cĂŽte de la Mer Noire jusqu’à HĂ©raclĂ©e du Pont. Quelques mois aprĂšs la conquĂȘte de Constantinople, rĂ©alisant l’importance de cette rĂ©gion d’abord dĂ©daignĂ©e par Boniface de Montferrat, les Latins sous la conduite de l’empereur Baudouin et de son frĂšre Henri de Flandres, entreprennent de conquĂ©rir le territoire. Encore mal organisĂ©, ThĂ©odore Laskaris est dĂ©fait par les forces des Latins, supĂ©rieures en nombre, Ă  la bataille de PoimanĂ©non (probablement aujourd’hui Eski Manyas) d’oĂč elles poussent leur avance le long de la cĂŽte de Bithynie jusqu’à Brousse[7] - [8].

Le nouvel empereur doit ainsi lutter pour la survie de son État. ThĂ©odore bĂ©nĂ©ficie de la rĂ©bellion de l’aristocratie rurale byzantine de Thrace ; le tsar bulgare Kaloyan, appelĂ© par les rebelles, Ă©crase et fait prisonnier l’empereur Baudouin Ier Ă  Andrinople, le . Le frĂšre de Baudouin se replie Ă  Constantinople, et renonce Ă  conquĂ©rir les terres nicĂ©ennes. Profitant du rĂ©pit qui lui est ainsi accordĂ©, ThĂ©odore reprend les villes perdues, arrĂȘte l’avance de David ComnĂšne et soumet les seigneurs rebelles d’Anatolie. Il reconstitue ainsi rapidement l'État byzantin dans les territoires qu'il contrĂŽle ; une trĂȘve, signĂ©e en 1207 pour deux annĂ©es avec le nouvel empereur Henri, assure la reconnaissance de l'empire reconstituĂ©[9] - [10].

Dans le mĂȘme temps, un synode procĂšde Ă  l’élection d’un nouveau patriarche ƓcumĂ©nique, Jean X Kamateros, le patriarche rĂ©fugiĂ© Ă  Didymotique, ayant refusĂ© de quitter cette ville. Pour parachever la restauration byzantine qu'il mĂšne, ThĂ©odore se fait Ă©lire empereur en 1205, puis est couronnĂ©, Ă  PĂąques 1208, par le nouveau patriarche Michel IV Autorianos[9] - [10].

sultanat de Roum
Le sultanat seldjoukide de Roum en 1190 montrant la location des batailles de Dorylaeum (1147), de Myriokephalon (1176) et d'Antalya (1207)

La naissance du nouvel empire n’inquiĂšte pas seulement les Latins. Il empĂȘche Ă©galement les Seldjoukides du sultanat de Roum d’avoir accĂšs Ă  la mer. Aussi, le nouveau sultan Kay Khusraw Ier (il existe plusieurs orthographes dont Gıyaseddin KeyhĂŒsrev Ier), aprĂšs avoir rĂ©ussi Ă  reprendre son trĂŽne Ă  Konya, conclut une alliance secrĂšte avec l’empereur latin en 1209 et accueille l’empereur dĂ©posĂ© Alexis III revenu de son exil en Italie. Sous prĂ©texte de rĂ©tablir l’empereur lĂ©gitime, Kay Khusraw veut reprendre le combat contre ThĂ©odore qui s’est entretemps alliĂ© avec le roi de la Petite ArmĂ©nie, LĂ©on II de Cilicie. En dĂ©pit de la faiblesse de ses forces, ThĂ©odore dĂ©fait et tue Kay Khusraw au cours d’un combat singulier lors de la bataille d’Antioche-sur-le MĂ©andre au printemps 1211 ; lors de ce combat, il capture l’empereur dĂ©posĂ© Alexis III, relĂ©guĂ© dans un monastĂšre[11] - [12] - [13].

Ce succĂšs et la reconstitution d’une flotte par ThĂ©odore Laskaris alarment Henri de Hainaut, successeur de Baudouin Ier, qui dĂ©cide d’envahir l’empire de NicĂ©e pour prĂ©venir une attaque sur Constantinople. Affaiblie par les rĂ©centes batailles contre les Seldjoukides, l’armĂ©e de ThĂ©odore ne peut rĂ©sister et est battue Ă  la bataille du fleuve Rhyndakos le (aujourd’hui MustafakemalpaƟa Çayı). Les Latins prennent ainsi le contrĂŽle de la cĂŽte nord-ouest de l’Asie Mineure depuis NicomĂ©die jusqu’à Adramyttion, coupant ainsi les communications entre NicĂ©e et Smyrne[14] - [12].

En 1214, le successeur de Kay Khusraw, Kay KĂąwus Ier, s’allie Ă  ThĂ©odore pour attaquer l’empire de TrĂ©bizonde oĂč David ComnĂšne vient de mourir. Vainqueurs, les Seldjoukides s’emparent de la partie Est de l’empire, alors que NicĂ©e rĂ©cupĂšre la partie Ouest[15].

La mĂȘme annĂ©e, ThĂ©odore conclut un traitĂ© de paix avec l’Empire latin Ă  Nymphaion, qui fixe les frontiĂšres entre les deux empires : les Latins conservent l’angle Nord-Ouest de l’Asie Mineure jusqu’à Adramyttion au sud, alors que l’empire de NicĂ©e conserve le reste du pays jusqu’à la frontiĂšre seldjoukide. Les deux empires reconnaissent ainsi leur droit mutuel Ă  l’existence ; en 1219, ThĂ©odore Laskaris scelle ce traitĂ© en Ă©pousant en troisiĂšmes noces Marie, fille de Yolande, une niĂšce des deux premiers empereurs latins[16].

L’empire de NicĂ©e apparaĂźt ainsi de plus en plus comme le vĂ©ritable successeur de l’Empire byzantin tant sur le plan politique que religieux. En 1219, ThĂ©odore conclut un accord avec Venise qui donne Ă  celle-ci la mĂȘme libertĂ© de commerce et les mĂȘmes immunitĂ©s que celles dont elle a joui dans l’ancien Empire byzantin. Et alors qu’Stefan Nemanja a reçu en 1217 sa couronne royale de Rome, c’est vers l’empire de NicĂ©e que se tourne son successeur pour obtenir la consĂ©cration d’un archevĂȘque autocĂ©phale de Serbie[17].

La succession morale de l’empire de NicĂ©e est toutefois contestĂ©e par ThĂ©odore l’Ange, successeur du fondateur du despotat d’Épire. À titre de fils lĂ©gitime du sĂ©baste Jean l’Ange Doukas et de petit-fils d’Alexis Ier ComnĂšne, celui-ci considĂšre ses droits Ă  la succession supĂ©rieurs Ă  ceux de ThĂ©odore Laskaris. AprĂšs avoir fait prisonnier l’empereur latin de Constantinople, Pierre Ier de Courtenay, Ă  son retour de Rome oĂč il s’est fait couronner par le pape, ThĂ©odore l’Ange rejette la suzerainetĂ© de Venise et envahit le royaume latin de Thessalonique, si bien que le despotat couvre bientĂŽt toute la largeur de la GrĂšce du Nord, y compris la Thessalie et une bonne partie de la MacĂ©doine. Fort de ses conquĂȘtes et refusant de reconnaitre les empires de NicĂ©e et de TrĂ©bizonde ainsi que l’autoritĂ© du patriarche de NicĂ©e, le despote ThĂ©odore revendique alors la couronne impĂ©riale et se fait couronner par le mĂ©topolite d’Ohrid, DĂ©mĂ©trios Chomatianos, comme basileus et autokrator des Romains[18] - [19] - [20].

À la fin du rĂšgne de ThĂ©odore Laskaris, la situation dans l’ancien Empire byzantin est beaucoup moins confuse qu’en 1204. À l’exception de la CrĂšte aux mains des GĂ©nois, de Rhodes indĂ©pendante et d’Antalya aux mains des Turcs, il ne reste plus que quatre puissances. L’empire de NicĂ©e s’étend sur l’ensemble de l’Anatolie occidentale sauf la partie Nord-Ouest dĂ©tenue par les Latins, l’empire de TrĂ©bizonde comprend la CrimĂ©e et la cĂŽte orientale de l’Anatolie, l’Épire est dirigĂ©e par Michel Doukas qui n’a pas encore le titre de despote, et tout le reste de la GrĂšce et presque toute la Thrace sont sous la suzerainetĂ© de l’empereur latin de Constantinople et de ses vassaux[21].

Extension de l’empire en Europe

Jean III Doukas VatatzĂšs

Les empires successeurs tels qu'ils apparaissaient en 1230

La mort de ThĂ©odore Laskaris, en provoque une querelle de succession. MalgrĂ© les protestations de deux de ses quatre frĂšres, ThĂ©odore, pĂšre de seulement des filles, laisse le trĂŽne au mari de l’une d’elles, Jean III Doukas VatatzĂšs (nĂ© vers 1192, empereur , mort ). Alors ĂągĂ© de 29 ans, celui-ci, issu d’une famille noble originaire de Didymotique apparentĂ©e aux Doukas, juge NicĂ©e un peu trop rapprochĂ©e de l’empire latin de Constantinople, et prend la dĂ©cision d’établir le siĂšge de son gouvernement Ă  Nymphaion, beaucoup plus au sud[22] - [23].

Les deux frĂšres de ThĂ©odore se hĂątent de gagner Constantinople pour demander l’appui de l’empereur latin. Le jeune empereur Robert de Courtenay s’empresse de les obliger et lance une expĂ©dition, vite anĂ©antie par les forces de Jean VatatzĂšs, Ă  PoimanĂ©non, l’endroit mĂȘme oĂč vingt-deux ans auparavant son beau-pĂšre avait Ă©tĂ© dĂ©fait par les Latins. Les Latins sont forcĂ©s d’évacuer tous les territoires qu’ils possĂ©daient encore en Anatolie, laissant l’empire de NicĂ©e seul maĂźtre des lieux jusqu’aux territoires seldjoukides et Ă  l’empire de TrĂ©bizonde qui ne constitue plus une menace. De plus, la flotte de NicĂ©e s’empare bientĂŽt des iles de Lesbos, Chios, Samos et Icarie et oblige Rhodes Ă  reconnaitre la souverainetĂ© de l’empereur[24] - [25].

Hyperpyron de Jean III Doukas VatatzĂšs

Bien Ă©tabli sur terre et sur mer, l’empire de NicĂ©e peut ainsi espĂ©rer reprendre Constantinople, sans ĂȘtre seul Ă  pouvoir le faire. Le nouveau tsar de Bulgarie, Jean Asen II (1218-1241) et ThĂ©odore Doukas, despote d’Épire qui vient de se faire couronner empereur, conçoivent le mĂȘme dessein. Jean Asen suggĂšre d’abord de prendre l’empire latin de Constantinople sous sa protection et propose un mariage entre sa fille Isabelle et le successeur de Robert de Courtenay, Baudouin II alors ĂągĂ© de onze ans : la proposition est rejetĂ©e. Peu aprĂšs, en 1230, ThĂ©odore d’Épire dĂ©cide d’attaquer Jean Asen avec qui il a pourtant signĂ© un traitĂ© de paix deux ans auparavant. Cette erreur lui est fatale. Jean Asen s’étant portĂ© Ă  sa rencontre, les deux armĂ©es s’affrontent prĂšs du petit village de Klokotnitsa sur le fleuve Maritsa entre Andrinople et Philippopolis. L’armĂ©e de ThĂ©odore est vaincue et lui-mĂȘme est capturĂ© et jetĂ© en prison aprĂšs avoir Ă©tĂ© aveuglĂ©. De lĂ , Jean Asen s’avance Ă  travers la Thrace, la MacĂ©doine et l’Albanie, s’appropriant tout le nord des Balkans, de l’Adriatique Ă  la mer Noire. De plus, il use de son influence pour faire remplacer l’empereur serbe Étienne Radoslav, le beau-fils de ThĂ©odore, par quelqu’un qui lui est tout dĂ©vouĂ©, Étienne Vladislav[26].

L’empire latin de Constantinople, affaibli, survit manifestement uniquement grĂące Ă  la lutte entre les puissances qui veulent la conquĂ©rir. L’Épire Ă©tant hors de combat, ne restent plus que l’empire de NicĂ©e et l’Empire bulgare. Cette menace pour l'empire latin de Constantinople devient d’autant plus grande que l’empire de NicĂ©e a bientĂŽt l’occasion de reprendre pied sur le continent europĂ©en. Un appel Ă  l’aide de la population d’Andrinople permet Ă  Jean VatatzĂšs d’envoyer ses troupes en Thrace oĂč elles s’emparent de plusieurs villes cĂŽtiĂšres avant de parvenir Ă  Andrinople. Constantinople est ainsi prise en tenailles entre les empires bulgare et latin[25].

Jean II Asen, tsar de Bulgarie (1218-1241). Tout comme l'empereur de NicĂ©e, le tsar valaque de Bulgarie rĂȘvait de reprendre Constantinople.

En 1231, la ville de Thebasion est prise Ă  l'empire de NicĂ©e par Ertuğrul, chef d'une tribu turque et pĂšre d'Osman Ier, fondateur de l'Empire ottoman qui y est nĂ© vers 1258. Elle devient la premiĂšre capitale de la dynastie ottomane sous le nom de SĂ¶ÄŸĂŒt.

À peu prĂšs d’égale force, Jean VatatzĂšs et Jean Asen dĂ©cident de faire alliance. L’occasion est d’autant plus favorable qu’en 1232 Jean Asen aprĂšs s’ĂȘtre querellĂ© avec le pape dĂ©cide de quitter le giron de l’Église de Rome. Avec l’appui du patriarche de NicĂ©e et des patriarches orientaux, la Bulgarie revient Ă  l’orthodoxie et un nouveau patriarche orthodoxe est installĂ© Ă  Trnovo, lequel reconnaĂźt la suprĂ©matie du patriarche de NicĂ©e, officiellement patriarche de Constantinople. Trois ans plus tard, Jean Asen signe un traitĂ© d’alliance avec NicĂ©e scellĂ© par le mariage de sa fille, HĂ©lĂšne, et du fils de Jean VatatzĂšs, ThĂ©odore Lascaris (celui-ci ayant repris le nom de sa mĂšre). À l’étĂ© 1235, les forces nicĂ©ennes et bulgares se rejoignent aux portes de Constantinople assiĂ©geant la ville par terre et par mer[27] - [28].

La ville ne doit son salut qu’à un nouveau revirement de la situation. Lorsque le siĂšge reprend aprĂšs l’hiver de 1235-1236, Jean Asen rĂ©alise qu’un empire de NicĂ©e qui s’étendrait jusqu’aux frontiĂšres de la Bulgarie constituerait un danger beaucoup plus sĂ©rieux que l’État tampon impuissant qu’est l’empire latin de Constantinople. Aussi, non seulement il abandonne le siĂšge de Constantinople, mais il envoie des ambassadeurs reprendre l’infortunĂ©e HĂ©lĂšne et, Ă  l’automne 1237, il conduit une armĂ©e de Bulgares, Coumans et Latins contre Tzurulon, l’un des principaux bastions nicĂ©ens en Thrace. Toutefois, pendant le siĂšge, un dĂ©sastre, domestique cette fois, force Jean Asen Ă  changer une nouvelle fois d’intention. La peste ayant Ă©clatĂ© Ă  Trnovo, sa femme, l’un de ses fils et le patriarche meurent l’un aprĂšs l’autre. Y voyant le chĂątiment divin punissant son parjure Ă  l’endroit de Jean VatatzĂšs, Jean Asen se hĂąte de faire la paix avec ce dernier avant de rentrer chez lui. Il ne va plus crĂ©er de problĂšme jusqu’à sa mort en 1241 et la puissance bulgare va bientĂŽt s’effacer devant l’arrivĂ©e des Mongols[27] - [29].

L’empire de TrĂ©bizonde Ă©tant rĂ©duit au rang de vassal du sultan seldjoukide, l’empire latin de Constantinople ne consistant plus que dans la ville de Constantinople et ses environs immĂ©diats, l’éphĂ©mĂšre empereur d’Épire Ă©tant prisonnier du tsar bulgare, l’empire de NicĂ©e demeure la seule vĂ©ritable force de la rĂ©gion. Seule Thessalonique se refuse Ă  reconnaitre sa lĂ©gitimitĂ© ; ThĂ©odore, sorti de prison aprĂšs ĂȘtre devenu le beau-pĂšre de Jean Asen, a chassĂ© son frĂšre Manuel et couronnĂ© son propre fils, Jean, avec le titre d’empereur. RĂ©solu Ă  en finir, Jean VatatzĂšs invite ThĂ©odore Ă  NicĂ©e. Celui-ci est reçu avec les plus grands honneurs, mais on lui fait comprendre qu’il est dĂ©sormais prisonnier. AprĂšs avoir conclu une trĂȘve de deux ans avec l’empire latin de Constantinople et s’ĂȘtre alliĂ© aux Coumans contre la promesse de terres, Jean VatatzĂšs Ă  la tĂȘte d’une puissante armĂ©e raccompagne le vieillard Ă  Thessalonique oĂč ce dernier doit convaincre son fils d’abandonner le titre d’empereur pour reprendre celui de despote, comme ses prĂ©dĂ©cesseurs, et de reconnaitre la suprĂ©matie de NicĂ©e[30] - [31] - [32] - [33].

C’est Ă  ce moment que les hordes mongoles, poussant devant elles le peuple des Coumans, traverse la Russie et l’ArmĂ©nie et vient envahir l’Europe et le Proche-Orient. Une partie de cette armĂ©e fond sur le royaume seldjoukide oĂč le sultan KaĂŻ-Khosrou II doit se reconnaitre vassal du Grand Khan en 1243. De mĂȘme, l’empereur de TrĂ©bizonde est forcĂ© de transfĂ©rer aux Mongols la vassalitĂ© qui le lie au sultan d’Iconium. Curieusement, les armĂ©es mongoles qui sont maintenant aux frontiĂšres de l’empire de NicĂ©e, ne cherchent pas Ă  pousser leur avantage. Non seulement l’empire de NicĂ©e demeure indemne, mais il est aussi dĂ©barrassĂ© du danger que reprĂ©sentait depuis le dĂ©but le sultanat d’Iconium[34] - [35] - [36].

Cette situation laisse VatatzĂšs libre d’agir en Europe. AprĂšs avoir resserrĂ© les liens avec FrĂ©dĂ©ric II en Ă©pousant l’une de ses filles illĂ©gitimes, Constance, ĂągĂ©e de douze ans, il s’attaque Ă  son but ultime, la reconquĂȘte de Constantinople. Bien qu’ayant passĂ© vainement des annĂ©es Ă  chercher des appuis en Europe, Baudouin II ne peut compter que sur une centaine de chevaliers et la flotte vĂ©nitienne. AprĂšs la mort du tsar bulgare Coloman, VatatzĂšs s’empare des places fortes de la vallĂ©e du Strymon et de celles du haut Axius, y compris Thessalonique qui lui ouvre ses portes en dĂ©cembre 1246. Le jeune Michel de Bulgarie doit signer un traitĂ© qui livre Ă  Jean VatatzĂšs la moitiĂ© de son empire. La trĂȘve avec Constantinople ayant expirĂ©, VatatzĂšs en profite pour reprendre Tzurulon. SituĂ©e dans la rĂ©gion de Thrace orientale, cette ville constitue une des clĂ©s donnant accĂšs Ă  Constantinople. Le territoire de l’empire de NicĂ©e est maintenant aussi Ă©tendu en Europe qu’en Asie Mineure. L’empereur, qui aurait sans doute continuĂ© sa progression, doit en 1249 envoyer une expĂ©dition reprendre l’üle de Rhodes occupĂ©e par les GĂ©nois[37] - [38] - [39] - [40] - [41].

Sa derniĂšre campagne, en 1252, est Ă  nouveau dirigĂ©e contre l’Épire oĂč Michel II, poussĂ© par le vieux despote ThĂ©odore, a attaquĂ© des villes frontiĂšres de l’État nicĂ©en. À partir de sa nouvelle base de Thessalonique, VatatzĂšs s’empare de Vodena, rĂ©sidence de ThĂ©odore, et rĂ©ussit Ă  capturer Michel II qui doit lui reconnaitre la suzerainetĂ© de l’ensemble des villes dont il s’est emparĂ©[42] - [43] - [44] - [45].

Expansion du despotat d'Épire de 1205 à 1230

Au cours de ses deux derniĂšres annĂ©es, Jean VatatzĂšs, considĂ©rant sans doute ses seules forces insuffisantes pour reprendre Constantinople qu’il encercle maintenant complĂštement, cherche Ă  parvenir Ă  ses fins par des moyens diplomatiques. Reprenant le thĂšme de l’union des Églises qu’il a soulevĂ© sans succĂšs une quinzaine d’annĂ©es plus tĂŽt avec GrĂ©goire IX, il entreprend des nĂ©gociations avec Innocent IV au grand dam de son gendre, FrĂ©dĂ©ric II. C’est seulement aprĂšs la mort de ce dernier en dĂ©cembre 1250 que les nĂ©gociations peuvent reprendre avec Rome. Entretemps, VatatzĂšs a rĂ©ussi Ă  convaincre le patriarche d’accepter l’autoritĂ© du pape auquel le clergĂ© prĂȘterait serment d’allĂ©geance, contre la remise de la ville impĂ©riale. Les premiĂšres rĂ©actions du pape en 1254 sont favorables. Il offre de se constituer arbitre entre VatatzĂšs et Baudouin II sur le sujet de Constantinople et d’y tenir un concile pour rĂ©gler les questions religieuses. Toutefois, la mort de Jean VatatzĂšs le 3 novembre 1254 et celle du pape le 7 dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e mettent fin Ă  ces espoirs[46] - [47] - [48].

Jean VatatzÚs ne fut pas seulement un général habile, ce fut aussi un administrateur consciencieux qui non seulement doubla la surface de son empire, mais sut également le faire prospérer économiquement.

Soucieux de maintenir les traditions byzantines, il repeupla une bonne partie des territoires conquis en donnant des terres aux soldats en retour du service militaire. C’est ainsi que les Coumans, chassĂ©s par les Mongols, purent s’établir en Thrace, en MacĂ©doine, en Phrygie et dans la vallĂ©e du MĂ©andre. Sans s’attaquer directement Ă  Venise, il mena une politique visant Ă  encourager l’agriculture et l’industrie locales tout en promouvant les exportations vers les nouveaux territoires mongols qui achetaient fort cher les denrĂ©es de luxe et en interdisant les importations, ce qui diminuait considĂ©rablement l’emprise des États italiens. Lui-mĂȘme tenait une ferme modĂšle dont la vente des Ɠufs permit d’acheter une couronne pour son Ă©pouse IrĂšne Laskaris. Celle-ci participa Ă  ses efforts et de concert ils crĂ©Ăšrent un nombre impressionnant d’hĂŽpitaux, d’orphelinats et d'Ɠuvres charitables en plus de doter nombre d’églises et de monastĂšres. Les arts et la littĂ©rature ne furent pas oubliĂ©s et c’est grĂące Ă  eux que NicĂ©e peut vivre, sous le successeur de Jean VatatzĂšs, un renouveau culturel qui la fit presque Ă©galer en renommĂ©e les beaux jours de Constantinople[49] - [50].

Théodore II Laskaris

Théodore Laskaris
ThĂ©odore II Laskaris d'aprĂšs un manuscrit de l’Histoire de Georges PachymĂšre conservĂ© au MusĂ©e de l'État de BaviĂšre, Munich

ÂgĂ© de trente-deux ans Ă  son avĂšnement, ThĂ©odore II Lascaris (nĂ© 1221, empereur en 1254, dĂ©cĂ©dĂ© en 1258), qui a repris le nom de famille de sa mĂšre, est effectivement un intellectuel de haut niveau, profondĂ©ment conscient de ses devoirs et faisant preuve de courage Ă  la tĂȘte de ses troupes. Mais atteint comme son pĂšre d’épilepsie, il est en proie Ă  des crises violentes qui diminuent ses forces physiques et intellectuelles. Il s’aliĂšne l’aristocratie dont il se mĂ©fie en confiant les postes les plus Ă©levĂ©s Ă  d’humbles fonctionnaires au rang desquels, le protovestiaire[N 3] Georges Muzalon et Ă  ses deux frĂšres, ThĂ©odore et Andronic. Dominant l’État, il veut aussi dominer l’Église en nommant au trĂŽne patriarcal un moine, ArsĂšne, qui n’a pas encore reçu les ordres ecclĂ©siastiques[51] - [52] - [53] - [54].

À l’extĂ©rieur, son court rĂšgne est surtout occupĂ© Ă  dĂ©fendre les nouvelles frontiĂšres de l’empire plus Ă©tendu que solide sans se rapprocher de la reconquĂȘte de Constantinople. N’ayant rien Ă  craindre du cĂŽtĂ© de l’Asie Mineure, ThĂ©odore laisse NicĂ©e aux soins de Georges Muzalon pour se diriger vers l’Europe oĂč le tsar bulgare Michel tente de reprendre les villes cĂ©dĂ©es Ă  NicĂ©e en 1246. ThĂ©odore fait preuve d’un remarquable esprit de commandement face Ă  des troupes indisciplinĂ©es. Il est bientĂŽt Ă  Bulgarophygon oĂč il met l’ennemi en dĂ©route et force le tsar, aprĂšs la dĂ©faite de la Maritsa, Ă  lui restituer toutes les villes prises en plus de la forteresse de Tzepaina donnant accĂšs Ă  la Thrace. Les relations s’amĂ©liorent lorsque le tsar Michel II Asen est assassinĂ© en 1256 ; son successeur assĂ©nide, Konstantin Ier Tikh Asen, un boyard du nom de Constantin Tıch divorce immĂ©diatement son Ă©pouse pour prendre comme femme une fille de ThĂ©odore du nom d’IrĂšne[55] - [56].

Une autre alliance matrimoniale doit au contraire ranimer l’antagonisme entre l’empire de NicĂ©e et le despotat d’Épire. ConformĂ©ment Ă  l’accord de 1250, ThĂ©odora, femme du despote Michel II, amĂšne son fils Ă  Nymphaion pour Ă©pouser la fille de ThĂ©odore II. Avant la cĂ©rĂ©monie, on la force Ă  signer un accord qui abandonne Ă  l’empire de NicĂ©e Dyrrachium (aujourd’hui Durazzo) et SĂ©rvia. Furieux, Michel II rĂ©torque par une campagne contre Thessalonique Ă  laquelle se joignent Serbes et Albanais. BientĂŽt toute la MacĂ©doine se soulĂšve. ThĂ©odore II envoie pour rĂ©primer la rĂ©bellion Michel PalĂ©ologue (le futur Michel VIII), mais avec des troupes trop faibles pour empĂȘcher les forces du despote d’avancer en MacĂ©doine. Michel II est Ă©galement confortĂ© par une alliance avec Manfred, maitre des Deux-Siciles et d’une partie de l’Italie. Celui-ci Ă©pouse une fille du despote qui lui apporte en dot la mĂȘme ville de Dyrrachium ainsi qu'Avlona et Belgrade, permettant ainsi le retour de la puissance sicilienne dans les Balkans, retour qui pourrait avoir des consĂ©quences importantes par la suite[55] - [57] - [58] - [59].

Usurpation de Michel Paléologue et reprise de Constantinople

Concurrence des deux grandes rĂ©publiques maritimes (Venise et GĂȘnes) pour le contrĂŽle des routes commerciales en MĂ©diterranĂ©e (orientale).
Balkans et Anatolie en 1265

Jean IV Lascaris et Michel Paléologue

Sur son lit de mort, ThĂ©odore II Lascaris nomme son favori Georges Muzalon et le patriarche ArsĂšne Autorianos comme rĂ©gents pour son fils unique Jean IV Lascaris (nĂ© le , empereur en 1258-1261, dĂ©cĂ©dĂ© vers 1305). L’aristocratie, dĂ©sirant laver les affronts subis pendant le rĂšgne de ThĂ©odore, fait assassiner Muzalon aprĂšs seulement neuf jours de rĂ©gence.

On nomme Ă  sa place Michel PalĂ©ologue (1224-1282), prĂ©cĂ©demment megas konostavlos, grand connĂ©table responsable des mercenaires latins sous Jean III et ThĂ©odore II, et fils du gĂ©nĂ©ral Andronic PalĂ©ologue. Ayant lui aussi beaucoup souffert du tempĂ©rament instable de ThĂ©odore, tout comme son pĂšre qui avait accusĂ© Michel de haute trahison et l’avait presque obligĂ© Ă  subir l’épreuve du fer rouge, ThĂ©odore II se mĂ©fie de Michel PalĂ©ologue, l’accuse de haute trahison, le forçant Ă  fuir en 1256 chez le sultan d’Iconium oĂč il prend la direction des mercenaires en lutte contre les Mongols. Mais devant les attaques de Michel II et l’incapacitĂ© de ses gĂ©nĂ©raux indisciplinĂ©s, ThĂ©odore II est obligĂ© de le rappeler et de garantir sa sĂ©curitĂ©, sans lui donner suffisamment de troupes pour remplir sa mission. AprĂšs son Ă©chec, ThĂ©odore II le fait emprisonner. Il sort de prison seulement Ă  la mort de Muzalon, meurtre dont il est probablement l’instigateur[60] - [61].

Il reçoit immĂ©diatement le titre de megas doux[N 4], auquel est ajoutĂ©, Ă  l’insistance du clergĂ©, celui de despote. En [N 5], il est couronnĂ© co-empereur. Mais alors que Michel et ThĂ©odora sont couronnĂ©s en premier avec des diadĂšmes sertis de pierres prĂ©cieuses, le petit Jean reçoit aprĂšs eux seulement une calotte ornĂ©e de perles, symbole des jours Ă  venir. Le jour de NoĂ«l suivant la prise de Constantinople, Michel VIII envisage de faire crever les yeux du jeune homme qui fĂȘte ce jour-lĂ  ses onze ans et le laisser en prison[N 6] - [62] - [63] - [64] - [65].

DĂšs son arrivĂ©e au pouvoir, Michel PalĂ©ologue doit faire face Ă  Manfred de Sicile qui ravive la politique anti-byzantine d’Henri VI. AprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© en 1258 de Corfou, il reprend Dyrrachium avant de s’attaquer Ă  l’Albanie et Ă  Corcyre qui appartiennent alors au despote Michel II d’Épire. Michel, qui dĂ©sire se faire un alliĂ© de Manfred dans sa lutte contre l’empire de NicĂ©e ne proteste pas, mais prĂ©fĂšre lui donner la main de sa fille, HĂ©lĂšne, considĂ©rant les villes perdues comme la dot de ce mariage. Puis, il marie sa seconde fille, Anne, au prince d’AchaĂŻe, Guillaume de Villehardouin, alors le souverain latin le plus puissant de la rĂ©gion puisqu’il rĂšgne non seulement sur la MorĂ©e, mais aussi sur AthĂšnes et l’EubĂ©e. Cette alliance reçoit l’appui du roi des Serbes Ouroch Ier. Face Ă  cette importante coalition d’Albanais, Serbes, Germains et Latins, Michel PalĂ©ologue confie Ă  son frĂšre, le grand domestique puis sĂ©bastocrate Jean une armĂ©e comportant d’importants contingents de Coumans et de Seldjoukides. Jean parvient Ă  dĂ©faire la coalition Ă  l’automne de 1259 dans la vallĂ©e de PĂ©lagonia, prĂšs de Kastoria. Guillaume de Villehardouin y est fait prisonnier et Jean PalĂ©ologue occupe Arta, la capitale du despote, avant d’envahir la Thessalie et de descendre vers ThĂšbes. Peu aprĂšs toutefois, le fils du despote, NicĂ©phore, parvient Ă  reprendre une partie du terrain perdu et Ă  faire prisonnier Alexis StratĂ©gopoulos, qui est dĂ©livrĂ© seulement aprĂšs que Michel PalĂ©ologue a conclu un traitĂ© avec le despote d’Épire[66] - [67] - [68] - [69] - [70].

AprĂšs avoir abandonnĂ© le sultan d’Iconium (sultanat de Roum), pourtant son alliĂ©, en signant un accord avec les Mongols, Michel VIII peut se consacrer Ă  son but principal, identique Ă  celui de ses prĂ©dĂ©cesseurs, la reconquĂȘte de Constantinople. Il fait alliance avec l’empereur de TrĂ©bizonde, Manuel ComnĂšne, puis passe en Europe. Il s’avance jusqu’à Selymbria (aujourd’hui Silivri), mais ne peut pousser plus loin. Avant de retourner Ă  NicĂ©e, il conclut une trĂȘve avec Baudouin dont les seuls alliĂ©s demeurent le pape, qui reste sourd Ă  ses appels Ă  l’aide, et Venise dont une trentaine de navires dĂ©fendent l’entrĂ©e de la Corne d’Or[71] - [72].

Incapable de prendre Constantinople par terre, Michel VIII se tourne vers la mer. Pour y parvenir, il faut neutraliser Venise. À cette fin, il conclut en mars 1261 avec GĂȘnes le traitĂ© de Nymphaeon (actuellement KemalpaƟa (Ä°zmir)) par lequel les deux États se promettent assistance mutuelle contre Venise et Baudouin II, traitĂ© en tous points similaire Ă  celui signĂ© en 1082 entre Constantinople et Venise. Cependant, ce traitĂ© se contente de remplacer le monopole Ă©conomique de Venise par celui de GĂȘnes, et a des consĂ©quences aussi funestes dans les annĂ©es subsĂ©quentes puisque GĂȘnes et Venise continuent Ă  s’affronter au dĂ©triment des faibles forces de l’empire reconstituĂ©[73] - [74] - [75] - [76].

Prise de Constantinople et réunification

Une des nombreuses icÎnes représentant la Vierge, dite Hodegetria (celle qui montre le salut).

AprĂšs tant d’efforts sans rĂ©sultat, la capture de Constantinople relĂšve plus de la chance que de la stratĂ©gie. En juillet 1261, Michel VIII envoie en Thrace le gĂ©nĂ©ral Alexis StratĂ©gopoulos (fait cĂ©sar aprĂšs la prise d’Arta), lui demandant de passer par Constantinople pour Ă©valuer les forces latines avant que la trĂȘve d’un an conclue avec les Latins en aoĂ»t 1260 n’expire. Lorsqu’il arrive, StratĂ©gopoulos apprend que la flotte vĂ©nitienne est partie avec une bonne partie de la garnison latine pour une expĂ©dition contre la petite Ăźle de Daphnousia (Île de Kefken) qui contrĂŽle l’entrĂ©e du Bosphore sur la mer Noire. Il apprend Ă©galement qu'une entrĂ©e est accessible dans les murs de la citĂ©. La nuit mĂȘme, un dĂ©tachement de ses meilleurs hommes pĂ©nĂštre dans la ville, met les veilleurs hors d'Ă©tat de nuire et va ouvrir les portes de la ville. Il ne reste plus Ă  Alexis qu’à y entrer avec le reste de son armĂ©e le matin du et Ă  mettre le feu au quartier vĂ©nitien pour dĂ©courager le retour des dĂ©fenseurs. L’empereur latin s’enfuit aussitĂŽt sur un bateau vĂ©nitien avec le podestat vĂ©nitien et quelques chevaliers vers l’ile d’EubĂ©e. Michel VIII, le « nouveau Constantin » comme il se qualifie, peut ainsi faire son entrĂ©e triomphale dans la ville le . La population vient Ă  sa rencontre avec l’image de l’Hodegetria, attribuĂ©e Ă  saint Luc[N 7]. À pied, attribuant la conquĂȘte de la ville plus Ă  la volontĂ© divine qu’à ses prouesses militaires, il se rend d’abord au MonastĂšre du Stoudion, avant de continuer vers Sainte-Sophie rendue au culte orthodoxe. C’est lĂ  que lui et sa femme, ThĂ©odora, sont couronnĂ©s par le patriarche ArsĂšne le mois suivant. En mĂȘme temps le jeune fils de l’empereur, Andronic II PalĂ©ologue, est proclamĂ© coempereur et successeur de Michel VIII[77] - [78] - [75] - [79] - [80].

Notes et références

Notes

  1. Le titre de despote est crĂ©Ă© par Manuel Ier ComnĂšne en 1163 pour Bella III, hĂ©ritier prĂ©somptif du trĂŽne byzantin. Sous les PalĂ©ologues, le titre est confĂ©rĂ© aux souverains d’apanages importants comme Thessalonique ou la MorĂ©e. Cfr Rosser 2006, p. 116.
  2. Le titre de sĂ©baste futt crĂ©Ă© par Alexis Ier ComnĂšne pour Isaac ComnĂšne, le frĂšre de l’empereur et ne devait ĂȘtre confĂ©rĂ© qu’aux membres de la famille impĂ©riale ; il venait immĂ©diatement aprĂšs celui de basileus et, depuis Manuel Ier ComnĂšne, de despote. Rosser 2006, p. 354.
  3. Techniquement, gardien de la garde-robe impĂ©riale ; en fait, du IXe au XIe siĂšcle, celui qui commande les armĂ©es, nĂ©gocie les traitĂ©s de paix et autres fonctions publiques importantes ; Ă  partir du XIIe siĂšcle le titre devient honorifique et est confĂ©rĂ© aux parents de l’empereur, Cfr Rosser 2006, p. 336
  4. Le titre de megas, signifiant suprĂȘme ou grand fut introduit par Alexis Ier prĂ©cisĂ©ment pour la fonction de commandant suprĂȘme de la marine ou megas doux. L’armĂ©e de terre est sous la conduite du megas domestikos Cfr Rosser 2006, p. 265
  5. La date exacte du couronnement fait toujours l’objet de discussions. Norwich opte pour novembre 1258, date probable de son Ă©lĂ©vation sur le pavois, mais Laiou tout comme BrĂ©hier mentionnent plutĂŽt , moment du couronnement officiel
  6. Ce dernier survit cependant Ă  Michel VIII et meurt aux environs de 1305. Andronic II, successeur de Michel VIII lui rend visite en 1284 pour lui demander pardon
  7. LittĂ©ralement « celle qui montre la direction », en rĂ©fĂ©rence Ă  la reprĂ©sentation de la mĂšre de Dieu ou Theotokos tenant l’enfant JĂ©sus sur son bras gauche, le bras droit indiquant la voie du salut. On disait que cette icĂŽne avait Ă©tĂ© peinte par saint Luc lui-mĂȘme. Cfr Rosser 2006, p. 193

Références

  1. Ostrogorsky 1983, p. 447-448
  2. Laiou 2006, p. 313
  3. Kazhdan 1991, p. 1463
  4. Treadgold 1997, p. 673
  5. Treadgold 1997, p. 710
  6. Bréhier 1969, p. 304
  7. Ostrogorsky 1983, p. 448-449
  8. Norwich 1996, p. 188-189
  9. Ostrogorsky 1983, p. 450-451
  10. Norwich 1996, p. 189
  11. Ostrogorsky 1983, p. 451-452
  12. Norwich 1996, p. 190
  13. Treadgold 1997, p. 717
  14. Laiou 2006, p. 7-8
  15. Laiou 2006, p. 8
  16. Ostrogorsky 1983, p. 452
  17. Ostrogorsky 1983, p. 453
  18. Ostrogorsky 1983, p. 457-458
  19. Norwich 1996, p. 192-193
  20. Treadgold 1997, p. 716-722
  21. Treadgold 1997, p. 716
  22. Treadgold 1997, p. 719
  23. Kazhdan et 1991 « John III Vatatzes », p. 1047
  24. Norwich 1996, p. 193-194
  25. Ostrogorsky 1983, p. 459
  26. Norwich 1996, p. 196
  27. Norwich 1996, p. 197
  28. Ostrogorsky 1983, p. 461
  29. Ostrogorsky 1983, p. 462
  30. Norwich 1996, p. 198
  31. Ostrogorsky 1983, p. 463
  32. Bréhier 1969, p. 312-313
  33. Treadgold 1997, p. 725
  34. Bréhier 1969, p. 313
  35. Treadgold 1997, p. 725-726
  36. Ostrogorsky 1983, p. 463
  37. Bréhier 1969, p. 313-314
  38. Laiou 2006, p. 10
  39. Treadgold 1997, p. 728
  40. Norwich 1996, p. 199 et 202
  41. Ostrogorsky 1983, p. 464
  42. Bréhier 1969, p. 314
  43. Treadgold 1997, p. 729
  44. Norwich 1996, p. 199-200
  45. Ostrogorsky 1983, p. 464-465
  46. Bréhier 1969, p. 315
  47. Treadgold 1997, p. 729-730
  48. Ostrogorsky 1983, p. 465
  49. Treadgold 1997, p. 203-204
  50. Ostrogorsky 1983, p. 466-467
  51. Ostrogorsky 1983, p. 469-470
  52. Bréhier 1969, p. 315 et 319
  53. Kazhdan et 1991 « Theodore II Laskaris », p. 2040
  54. Norwich 1996, p. 204-205
  55. Bréhier 1969, p. 316
  56. Ostrogorsky 1983, p. 478-480
  57. Ostrogorsky 1983, p. 470
  58. Norwich 1996, p. 205
  59. Treadgold 1997, p. 730-731
  60. Treadgold 1997, p. 731
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  63. Norwich 1996, p. 207
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  65. Rosser 2006, p. 216
  66. Ostrogorsky 1983, p. 471-472
  67. Bréhier 1969, p. 319
  68. Treadgold 1997, p. 731-732
  69. Norwich 1996, p. 208
  70. Laiou 2006, p. 13
  71. Bréhier 1969, p. 320
  72. Norwich 1996, p. 209
  73. Ostrogorsky 1983, p. 473
  74. Bréhier 1969, p. 321
  75. Treadgold 1997, p. 733
  76. Norwich 1996, p. 210
  77. Laiou 2006, p. 12
  78. Norwich 1996, p. 210-211
  79. Bréhier 1969, p. 320-321
  80. Ostrogorsky 1983, p. 471

Bibliographie

Sources primaires

L’Histoire de NicĂ©tas ChoniatĂšs dĂ©crit la pĂ©riode des derniers ComnĂšnes et des Anges. Elle s’étend jusqu’à 1206 et fut terminĂ©e Ă  NicĂ©e, aprĂšs la prise de Constantinople.

Viennent ensuite les Chroniques de Georges Acropolite. Compagnon d’études, puis maitre de ThĂ©odore II Laskaris, il fut Ă  la fois un intellectuel et un fonctionnaire de haut rang, ayant exercĂ© la fonction de grand logothĂšte ou premier ministre. Il est l'auteur d'une Chronique (Î§ÏÎżÎœÎčÎșÎź ÏƒÏ…ÎłÎłÏÎ±Ï†Îź), qui est conçue comme la continuation de l'ouvrage de NicĂ©tas ChoniatĂšs et raconte l'histoire de l'empire depuis 1203, veille de la prise de Constantinople par les Latins, jusqu'Ă  la reprise de cette ville par Michel PalĂ©ologue en 1261.

L’histoire d’AkropolitĂšs se poursuit dans l’Histoire (Î§ÏÎżÎœÎčÎșÎź ÏƒÏ…ÎłÎłÏÎ±Ï†Îź) de l'Empire byzantin en treize volumes de Georges PachymĂšre qui va de 1255 Ă  1308 et constitue un exposĂ© historique contemporain de Michel VIII PalĂ©ologue.

Un demi-siĂšcle plus tard, NicĂ©phore GrĂ©goras consacre un grand ouvrage Ă  la pĂ©riode allant de 1204 Ă  1359. Il traite en particulier de la pĂ©riode de l’empire de NicĂ©e et des premiĂšres annĂ©es qui suivirent la restauration byzantine.

Outre ces quatre historiens, dont les textes peuvent diverger sur nombre de points importants, on peut Ă©galement mentionner les lettres de NicĂ©phore BlemmydĂšs, maitre de Georges AkropolitĂšs et du futur empereur ThĂ©odore II Laskaris. Si celles-ci traitent peu de l’histoire, elles sont importantes pour leur description de la situation de la cour et de l’Église de l’époque.

Théodore II Laskaris a également écrit de nombreuses lettres qui nous renseignent sur son époque.

On pourra consulter Ă  ce sujet :

  • NicetĂŠ ChoniatĂŠ Historia, ed. J.P. Migne (Patrologia Graeca vol. 140) reproduit le texte et la traduction antĂ©rieurs de Wolf. (PDF).
  • O City of Byzantium: Annals of Niketas Choniates, trans. Harry J. Magoulias, 1984 (ISBN 0-8143-1764-2).
  • George Akropolites. The History, intr. and comm.. Ruth Macrides, coll. Oxford Studies on Byzantium. Oxford, Oxford University Press, 2007.
  • NicĂ©phore Blemmydes. ƒuvres thĂ©ologiques, introduction, texte critique, traduction française et notes par Michel Stavrou, Sources chrĂ©tiennes no 517, 2007.
  • Rodolphe Guilland. Essai sur NicĂ©phore GrĂ©goras. L'homme et l'Ɠuvre, Geuthner, 1926.
  • PantĂ©lis Golitsis. "Georges PachymĂšre comme didascale. Essai pour une reconstruction de sa carriĂšre et de son enseignement philosophique," Jahrbuch der Österreichischen Byzantinistik, 58 (2008),

Sources secondaires

  • Louis BrĂ©hier, Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, coll. « L’évolution de l’humanitĂ© », (1re Ă©d. 1946)
  • Alain Ducellier, Byzance et le monde orthodoxe, Paris, Armand Colin (1re Ă©d. 1986) (ISBN 2200371055)
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208)
  • Angeliki Laiou et CĂ©cile Morrisson, Le Monde byzantin III, L’Empire grec et ses voisins, XIIIe-XVe siĂšcle, Paris, Presses universitaires de France, coll. « L’Histoire et ses problĂšmes » (1re Ă©d. 2006) (ISBN 9782130520085)
  • (en) John Julius Norwich, Byzantium, The Decline and Fall, New York, Alfred A. Knopf, (1re Ă©d. 1995) (ISBN 0679416501)
  • Georges Ostrogorsky, Histoire de l’État byzantin, Paris, Payot, (1re Ă©d. 1956) (ISBN 2228070610)
  • (en) John H. Rosser, The A to Z of Byzantium, Lanham, Maryland, The Scarecrow Press, coll. « The A to Z Guide Series, No.16 » (1re Ă©d. 2006) (ISBN 9780810855915)
  • (en) Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society, Stanford, California, Stanford University Press (ISBN 0804726302)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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