Sérvia
Sérvia (grec moderne: Σέρβια) est une ville du district régional de Kozáni en Macédoine-Occidentale en Grèce.
Nom local |
(el) Σέρβια |
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Pays | |
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Périphérie | |
Nome | |
Dème | |
Altitude |
418 m |
Coordonnées |
40° 11′ 04″ N, 22° 00′ 08″ E |
Population |
2 980 hab. () |
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Code postal |
505 00 |
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Indicatif téléphonique |
2464 |
Site web |
Selon le recensement de 2011, la population de la ville s'élève à 2 980 habitants[1].
Étymologie
Le nom antique de la ville était Phylacae (Φυλακαί) cité par Pline l'Ancien et signifiant « sentinelles ».
Selon l'historiographie serbe, le nom actuel serait un témoignage du règne d'Étienne Douchan durant lequel la région appartînt à la Serbie de 1341 à 1346. Selon l'historiographie turque le nom de Serfice est ottoman et provient du turc sarf signifiant « coude » ou « tournant » : la route de Ptolémaïs à Larissa tourne justement à Sérvia[2]. L'historiographie grecque, elle, se réfère au latin servo (« veiller, sauvegarder ») qui serait la traduction de Phylacae ; la dénomination latine aurait été adoptée par la romanisation des populations locales sous l'influence commerciale de la Via Egnatia[3].
Chronologie historique
- 480 avant notre ère : Guerres médiques, l'empereur perse Xerxès réquisitionne hommes et denrées.
- 335 avant notre ère : sous le règne d'Alexandre le Grand la région fait partie du Royaume de Macédoine.
- 160 avant notre ère : à la bataille de Pydna, le général romain Paul-Émile le Macédonique est vainqueur du roi Persée de Macédoine et Sérvia devient romaine.
- 5-64 : Passages de l'apôtre Paul à Sérvia.
- 460 à 479 : invasions et pillages par les Goths, dirigés par Thiudimir.
- 560-630 : sous les règnes de Justinien et d'Héraclius, restaurations et reconstruction ; des thermes et des basiliques sont construites.
- Au Xe siècle le basileus Constantin VII Porphyrogénète intègre les slaves établis dans la région depuis le VIIe siècle et organisés en Sklavinies, dans le système foncier, fiscal, militaire et religieux de l'Empire, dont il restaure ainsi l'autorité. L'hellénisation des slaves et leur christianisation justifie la création d'un évêché. Les populations latinisées, appelées valaques (ϐλάχοι) s'hellénisent elles aussi.
- À partir de 978 le processus d'hellénisation est interrompu sous la domination bulgare, qui confie la région de Sérvia au chef valaque Niculiță (Νικολιτζά).
- 1001 : la région est ravagée et Sérvia ruinée lors des offensives du général byzantin Nicéphore Xiphias contre les Bulgares[4], sous le règne de l'Empereur Basile II.
- 1018 : la paix revient, Sérvia se relève lentement.
- 1204 : la quatrième croisade ravage à nouveau Sérvia après moins de deux siècles de paix.
- 1216 : Sérvia est libérée par le despote d'Épire, Théodore Doukas.
- 1257 : en partie grâce à l'entremise de Théodora de Sérvia, de la dynastie Doukas, épouse de Michel II d'Épire, Servia est réintégrée dans l'Empire byzantin.
- 1341 : Étienne Douchan de Serbie conquiert Sérvia.
- 1346 : l'empereur Jean Cantacuzène la reprend.
- 1393 : le sultan turc Bajazet Ier s'empare de Sérvia, désormais nommée Serfidjé.
- De 1882 à 1912, Sérvia fut la capitale du sandjak ottoman de Serfidje, dans le vilayet de Monastir.
- 1912 : l'armée grecque de Thessalie entre dans Sérvia le 10 octobre (julien), au cours de la Première Guerre balkanique, après sa victoire dans la Bataille de Sarantaporo. Les turcs Serfidjis commencent à quitter la ville, progressivement remplacés par des Grecs venus de Thrace égéenne, devenue bulgare.
- 1915 : Sérvia, qui a accueilli des armées serbes en retraite et se trouve proche du front serbe et bulgare, est l'une des bases de l'armée française Sarrail.
- 1919-1923 : Sérvia accueille des réfugiés grecs d'Asie mineure à la suite de la « Grande catastrophe » et du traité de Lausanne : eux et leur descendance représentent depuis lors plus d'un tiers des Serviotes.
- 1941 : le 13 avril la Wehrmacht entre dans Sérvia, inaugurant l'Occupation.
- Début 1942 : début du cycle meurtrier actions de la Résistance-répression allemande.
- Automne 1944 : en plusieurs étapes, libération, d'abord provisoire, ensuite définitive de Sérvia par la résistance communiste.
- 1946-1949 : pendant la Guerre civile grecque, Sérvia est l'enjeu de plusieurs batailles entre communistes et anticommunistes, qui en sortent vainqueurs. La ville, elle, en sort ruinée et dépeuplée. Les habitants survivants y reviennent dans la décennie 1950.
- 1981 : Sérvia est désormais une ville de l'Union européenne.
- 1995 : le 13 mai un séisme de 6,7 degrés sur l'échelle de Richter détruit une grande partie de la ville.
- 2010 : la crise financière due à la dérégulation mondiale et aux endettements de la Grèce, en partie consécutifs aux Jeux olympiques de 2004, frappe durement l'économie de la ville, qui se relevait à peine du séisme.
- 2012 : le 28 juin, le patriarche orthodoxe, Bartholomée Arkhontónis, visite Sérvia qui, depuis le haut moyen âge, se trouve dans la juridiction religieuse du patriarche œcuménique de Constantinople.
En 1976, la mine de lignite de Sérvia est ouverte afin d'alimenter l'usine Larco de production de ferronickel à Lárymna. Au début du XXIe siècle, la production annuelle de cette mine se situe entre 250 000 et 300 000 t tonnes[5]. Dans le contexte de la situation financière difficile de l'entreprise, une partie du lignite est revendue à PPC pour soulager sa facture électrique[6].
Notes et références
- (el) ELSTAT, « Απογραφή Πληθυσμού - Κατοικιών 2011. ΜΟΝΙΜΟΣ Πληθυσμός » [« Recensement de la population et des logements de 2011. Population permanente »] [xls], sur www.statistics.gr [lien archivé] (consulté le ).
- Serfice est souvent francisé en « Serfidjé », et sur les cartes plus anciennes en « Syrfie ».
- Des populations romanisées, les Valaques, vivent toujours dans la région : Καὶ ὅσον ἐκουρσέψασιν τὰ μέρη τῆς Βλαχίας, ἐπέρασαν τὸ σύνορον ὅπου χωρίζει ὁ τόπος τοῦ βασιλέως ἐκ τὴν Βλαχίαν, Κατακαλοῦ τὸν λέγουν, κ᾿ ἐσέβησαν στοῦ βασιλέως τοὺς τόπους νὰ κουρσεύουν [`278]. Ἐκεῖ ἕναν κάστρον ηὕρασιν, τὸ λέγουσιν τὰ Σέρβια ἀνθρώπους γὰρ ἐπιάσασιν ἐκ τὸ καστέλλι ἐκεῖνο peut-on lire sur .
- Edward Luttwak, La grande stratégie de l'Empire byzantin, éditions Odile Jacob, 2010, p. 210
- (en) Athanasios Apostolikas, K. Maglaras, E. Frogoudakis et Y. Kirillidi, The nickel industry in Greece, (lire en ligne)
- Alain Jeannin, « Nickel : un an de sursis pour Larco, premier producteur européen », france Info, (lire en ligne)