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Royaume de Thessalonique

Le royaume de Thessalonique (en grec moderne : Î’Î±ÏƒÎŻÎ»Î”ÎčÎż της Î˜Î”ÏƒÏƒÎ±Î»ÎżÎœÎŻÎșης) est l’un des États latins qui apparurent aprĂšs la conquĂȘte de Constantinople par les CroisĂ©s en 1204. ÉrigĂ© autour de Thessalonique, qui avait Ă©tĂ© la deuxiĂšme ville en importance de l’empire byzantin, il est vassal de l’empire latin de Constantinople. Son existence est Ă©phĂ©mĂšre : il se termine vingt ans aprĂšs sa crĂ©ation avec la prise de la ville par le despote d’Épire, ThĂ©odore Ier Ange, et la crĂ©ation d’un « empire de Thessalonique » encore plus Ă©phĂ©mĂšre.

Royaume de Thessalonique
Î’Î±ÏƒÎŻÎ»Î”ÎčÎż της Î˜Î”ÏƒÏƒÎ±Î»ÎżÎœÎŻÎșης

1204–1224

Blason
Blason de Montferrat et du royaume de Thessalonique
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
carte du royaume en 1204
Informations générales
Statut État vassal thĂ©oriquement de l'Empire latin de Constantinople
Capitale Thessalonique
Langue(s) Lombard
Roi de Thessalonique
1204-1207 Boniface de Montferrat
1207-1227 (roi titulaire aprÚs 1224) Démétrios de Montferrat

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Situation géographie et étendue

Lors de sa crĂ©ation en 1204, le royaume de Thessalonique comprenait, si on le compare Ă  l’étendue de la GrĂšce contemporaine, un territoire incluant les rĂ©gions administratives de la MacĂ©doine-Centrale, de la MacĂ©doine-Orientale-et-Thrace, de la Thessalie et une partie de la GrĂšce-Centrale. Au sud, sa frontiĂšre Ă©tait constituĂ©e par le fleuve Sperchios et sa vallĂ©e Ă  l’ouest, jusqu’au golfe Maliaque Ă  l’est. L’État voisin Ă©tait le duchĂ© d’AthĂšnes, Ă©galement État croisĂ© qui devint rapidement vassal du royaume de Thessalonique. À l’ouest, le massif montagneux du Pinde et son prolongement au sud le sĂ©parait du despotat d’Épire, un État byzantin. Au nord, la frontiĂšre coĂŻncidait approximativement avec la frontiĂšre actuelle entre la GrĂšce et la Bulgarie. À l’est, il jouxtait l’empire latin de Constantinople. Contrairement Ă  la situation actuelle, les rĂ©gions de Kastoria, d’Édesse, de VĂ©ria et de FlĂłrina ne faisaient pas partie du royaume de Thessalonique, mais appartenaient aux territoires mĂ©ridionaux de la Bulgarie qui s’étendaient entre le royaume de Thessalonique Ă  l’est et le despotat d’Épire Ă  l’ouest. Les frontiĂšres du nord et de l’ouest du royaume variĂšrent considĂ©rablement au grĂ© des conflits entre ces trois États.

Histoire

Division de l'empire byzantin aprĂšs la IVe croisade
Les États croisĂ©s et les États successeurs aprĂšs la quatriĂšme croisade.

Fondation

Lors de la conquĂȘte de Constantinople par l’armĂ©e croisĂ©e en 1204, le marquis Boniface de Montferrat Ă©tait considĂ©rĂ© comme le candidat favori au trĂŽne impĂ©rial tant par les croisĂ©s eux-mĂȘmes que par les Byzantins. Pendant le sac de la ville, il avait eu soin d’occuper le grand palais ; parmi ses captives se trouvait la veuve d’Isaac II, Marguerite de Hongrie, qu’il s’empressa d’épouser pour mieux assurer ses droits. De fait la population de Constantinople voyait dĂ©jĂ  en celui-ci son futur empereur et l’acclamait comme Ayos vasileas marchio (le saint empereur, le marquis)[1]. Toutefois les VĂ©nitiens considĂ©raient que ce grand magnat italien, proche parent de la dynastie impĂ©riale de Hohenstaufen, frĂšre de Conrad de Montferrat, n’était pas assez mallĂ©able et serait susceptible de favoriser la grande rivale de Venise en MĂ©diterranĂ©e, GĂȘnes. C’est donc Baudouin IX de Flandre qui fut Ă©lu empereur[2].

Boniface accepta cette dĂ©cision Ă  contrecƓur et, refusant l’Anatolie qui lui Ă©tait proposĂ©e, entreprit de conquĂ©rir Thessalonique, alors deuxiĂšme ville de l’empire byzantin. En , il signa un traitĂ© d’alliance avec les VĂ©nitiens, leur cĂ©dant ses droits sur les Ăźles de la mer ÉgĂ©e qu’il s’était fait concĂ©der en 1203 par l’empereur byzantin Alexis III, de mĂȘme que sur la bande de Kassandra en MacĂ©doine contre le paiement de 1 000 marks d’argent et un « loyer » annuel de 10 000 florins[3]; Boniface devenait ainsi le vassal des VĂ©nitiens. GrĂące Ă  cet appui, il put dĂ©fier l’empereur latin, Baudouin, qui revendiquait Ă©galement la ville[4]. Baudouin ayant dirigĂ© ses armĂ©es sur Thessalonique en dĂ©pit des protestations de Boniface, ce dernier rĂ©pliqua en attaquant l’armĂ©e de Baudouin prĂšs d’Andrinople. Une entente entre les deux fut nĂ©gociĂ©e par les barons et les VĂ©nitiens au terme de laquelle Baudouin accepta que Boniface garde Thessalonique, mais exigea qu’il tienne de lui cette possession. Boniface abandonna donc la suzerainetĂ© de Venise pour la transfĂ©rer aux Latins; en consĂ©quence de quoi, il n’utilisa jamais officiellement le titre de « roi de Thessalonique »[4]. La situation se dĂ©tendit par la suite lorsque Boniface donna sa fille en mariage Ă  Henri de Flandre, successeur de Baudouin Ier, le et par le renouvellement des termes de suzerainetĂ© au printemps de la mĂȘme annĂ©e[5] - [6].

AprĂšs avoir fait de Thessalonique sa capitale, Boniface partit Ă  la conquĂȘte des territoires situĂ©s au sud. Il dut toutefois faire face Ă  la rĂ©sistance initiale des Byzantins dont l’aristocratie avait en bonne partie fui Constantinople pour se rĂ©fugier en GrĂšce continentale et en Asie mineure. Ce fut entre autres le cas de LĂ©on Sgouros, beau-fils de l’empereur Alexis III, qui, aprĂšs avoir succĂ©dĂ© Ă  son pĂšre comme gouverneur de Nauplie et d’Argolide, avait rĂ©ussi Ă  la faveur de la croisade Ă  conquĂ©rir AthĂšnes et ThĂšbes avant d’entrer en BĂ©otie et en Thessalie. AprĂšs avoir capturĂ© Alexis III, qui avait joint ses forces Ă  celles de Sgouros, Boniface attaqua ce dernier qu’il força Ă  se rĂ©fugier Ă  l'Acrocorinthe oĂč il subit un siĂšge de cinq ans[7] - [4].

C’est au cours de cette campagne en 1204 contre Sgouros que Boniface s’empara d’AthĂšnes qu’il Ă©rigea en duchĂ© vassal et qu’il confia au Bourguignon Otton de la Roche[8]. La mĂȘme annĂ©e et l’annĂ©e suivante, il avança dans le PĂ©loponnĂšse oĂč fut crĂ©Ă©e la principautĂ© d'AchaĂŻe ou de MorĂ©e, qui fut confiĂ©e d’abord Ă  Guillaume de Champlitte, puis Ă  Geoffroi de Villehardouin, le neveu de l’historien[8]. Ainsi, tous les territoires situĂ©s au sud du fleuve Sperchios devenaient des territoires vassaux du royaume de Thessalonique. Au printemps 1205, il occupa l'Ăźle d’EubĂ©e, originairement attribuĂ©e aux VĂ©nitiens, qu’il infĂ©oda Ă  trois chevaliers originaires de VĂ©rone[9]. AprĂšs la prise d’AthĂšnes, Boniface franchit l’isthme de Corinthe et, pĂ©nĂ©trant dans le PĂ©loponnĂšse, mit le siĂšge simultanĂ©ment devant Corinthe et Argos oĂč se trouvaient encore les forces byzantines de Sgouros. Le dĂ©but d’une rĂ©volte Ă  Thessalonique le força cependant Ă  retourner dans cette ville oĂč il mit fin Ă  la rĂ©volte pendant qu’à la mĂȘme Ă©poque l’empereur latin Baudouin Ă©tait fait prisonnier par le tsar bulgare Kalojan lors de la bataille d’Andrinople le [10].

Mort de Boniface, révolte des Lombards

Le rĂšgne de Boniface ne dura qu’un peu moins de trois ans; il pĂ©rit dans une embuscade tendue par les troupes de Kalojan dans les Rhodopes le lors de la Bataille de MessinĂłpolis[11]. Le royaume Ă©chut Ă  son fils, DĂ©mĂ©trios, encore enfant, de telle sorte que le pouvoir vĂ©ritable fut exercĂ© par diffĂ©rents nobles. Sous la conduite du rĂ©gent Hubert II de Biandrate et du connĂ©table AmĂ©dĂ©e de Pofoy, un mouvement se dessina qui voulait mettre un terme aux liens entre le royaume et l’empire latin tout en favorisant l’ascension au trĂŽne du deuxiĂšme fils de Boniface, Guillaume VI de Montferrat[12].

Le despote d’Épire, Michel Ier Doukas, tenta de tirer avantage de la situation et attaqua son voisin aprĂšs avoir conclu une alliance avec les Bulgares qui s’étaient dĂ©jĂ  avancĂ©s jusqu’à Thessalonique en 1207, campagne durant laquelle le tsar perdit la vie. Son hĂ©ritier Ă©tait un enfant en bas Ăąge qui fut rapidement remplacĂ© par Boril, un de ses neveux. À l’étĂ© 1208, l’empereur Henri affronta Boril qu’il dĂ©fit, prit le contrĂŽle de la Thrace, y compris Philippopoli et marcha contre Hubert II et les barons rebelles de Thessalonique. Il y installa son frĂšre Eustache comme rĂ©gent au nom de DĂ©mĂ©trios et parvint Ă  s’assurer de la loyautĂ© des diffĂ©rents vassaux du PĂ©loponnĂšse. Sentant le vent tourner, Michel Doukas maria sa fille Ă  Eustache et fit soumission Ă  l’empereur[13].

Attaques Ă©pirotes

Ă©volution territoriale du despotat d'Épire de 1205 Ă  1230
Évolution territoriale du despotat d'Épire au dĂ©triment, entre autres, du royaume de Thessalonique, entre 1205 et 1230

À sa mort en 1215, Michel Ier eut pour successeur son demi-frĂšre, ThĂ©odore ComnĂšne Doukas. ThĂ©odore avait sĂ©journĂ© longtemps Ă  la cour de ThĂ©odore Ier Laskaris, empereur de NicĂ©e, dont il avait reconnu la suzerainetĂ©. Mais une rivalitĂ© ne manqua pas d’éclater entre les deux puissances qui dĂ©siraient toutes deux se prĂ©senter comme les successeurs lĂ©gitimes de l’empire byzantin. Énergique et dĂ©pourvu de scrupules, ThĂ©odore entreprit d’agrandir le despotat aux dĂ©pens Ă  la fois des Bulgares et du royaume de Thessalonique dont il parvint en neuf ans, soit de 1215 Ă  1224, Ă  s’emparer de diffĂ©rentes places fortes. L’empereur Henri tenta de l’arrĂȘter, mais mourut Ă  Thessalonique au printemps 1216[14]. L’annĂ©e suivante, son successeur, Pierre de Courtenay, se rendit Ă  Rome pour recevoir sa couronne des mains du pape. Il revint en quittant l’Italie pour Durazzo qui dĂ©pendait du despotat. ThĂ©odore fit arrĂȘter l’empereur latin qui fut tuĂ© sur place ou alla finir ses jours plus tard dans une prison du despotat[15], non sans avoir dĂ» entretemps reconnaitre Ă  Guillaume IV de Montferrat tous les droits et obligations de roi latin de Thessalonique, en faisant ainsi le vĂ©ritable souverain[6].

La rĂ©gence de l’impĂ©ratrice Yolande de Hainaut, puis celle de Conon de BĂ©thune, ne permit pas Ă  l’empire latin d’intervenir en faveur du royaume qui avait perdu, aprĂšs la mort de Boniface, beaucoup de ses chevaliers retournĂ©s en Occident. ThĂ©odore en profita pour s’emparer de SerrĂšs et de l’ensemble du territoire du royaume de Thessalonique Ă  l’exception de Thessalonique elle-mĂȘme.

Entretemps, face au danger que reprĂ©sentait l’avance des forces armĂ©es du despote, la veuve de Boniface de Montferrat et l’hĂ©ritier du trĂŽne, DĂ©mĂ©trios, s’étaient rĂ©fugiĂ©s en 1222 Ă  Rome auprĂšs du pape Honorius III. Ils pressĂšrent celui-ci d’appeler Ă  une nouvelle croisade qui aurait dĂ©livrĂ© la ville de Thessalonique et assurĂ© la survie du royaume. Cet appel ne reçut toutefois pas la rĂ©ponse attendue et la croisade qui se forma sous la direction de Guillaume de Montferrat Ă©tait trop faible pour produire le rĂ©sultat escomptĂ©. RĂ©unie en mars 1224 dans le sud de l’Italie, la modeste armĂ©e ne parvint en Thessalie qu’en 1225[16]. Pour sa part, l’empereur latin Robert de Courtenay, fils de l’infortunĂ© Pierre de Courtenay, Ă©tait trop occupĂ© par la lutte contre l’empereur de NicĂ©e, Jean III Doukas VatatzĂšs, pour envoyer des renforts[17].

ConquĂȘte de Thessalonique

Une lutte Ă  finir se dessinait entre le despote d’Épire et l’empereur de NicĂ©e pour la conquĂȘte de Constantinople. S’étant emparĂ© de Thessalonique en 1224, ThĂ©odore, trop sĂ»r de sa victoire se fit couronner « empereur de Thessalonique » en 1227 par le mĂ©tropolite d’Ohrid, celui de Thessalonique ayant refusĂ© de prĂ©sider Ă  la cĂ©rĂ©monie. Cet Ă©phĂ©mĂšre « empire de Thessalonique » se termina trois ans plus tard, lorsque ThĂ©odore dĂ©cida d’attaquer non pas Jean VatatzĂšs, mais la Bulgarie, espĂ©rant sans doute libĂ©rer ainsi la voie vers Constantinople. Le tsar bulgare Jean Asen dĂ©fit ThĂ©odore et le fit prisonnier. Le frĂšre de ThĂ©odore, Manuel, rĂ©ussit toutefois Ă  s’échapper et Ă  prendre le pouvoir Ă  Thessalonique. Mais, sans arriĂšre-pays, sans armĂ©e vĂ©ritable, l’ « empire de Thessalonique » ne fut plus qu’un État-client de la Bulgarie[18].

1227 marqua Ă©galement la mort de l’infortunĂ© DĂ©mĂ©trios retournĂ© en Italie aprĂšs qu’une Ă©pidĂ©mie eut emportĂ© Guillaume de Montferrat et dĂ©cimĂ© son armĂ©e. AprĂšs sa mort, le titre de roi de Thessalonique fut portĂ© par divers nobles chrĂ©tiens, prĂ©tendant Ă  une royautĂ© sans contenu rĂ©el.

Société

Comme les autres États croisĂ©s, le royaume de Thessalonique fut organisĂ© sur le modĂšle fĂ©odal en vigueur en Europe de l’Ouest, les institutions byzantines qui avaient eu cours jusque-lĂ  furent abolies et Boniface redistribua les propriĂ©tĂ©s des plus riches habitants parmi ses barons. Le changement ne fut cependant pas aussi radical qu’on pourrait l’imaginer. Certes, la fĂ©odalitĂ© telle qu’on la connaissait en Europe de l’Ouest Ă©tait inconnue Ă  Byzance. Toutefois, l’institution de la pronoĂŻa[19] et son extension sous les ComnĂšnes, de mĂȘme que la puissance de plus en plus grande que s’était attribuĂ©e l’aristocratie terrienne aux dĂ©pens de la puissance impĂ©riale offraient de nombreuses similitudes[20]. L’administration politique et militaire fut confiĂ©e Ă  des nobles latins, pour la plupart d’origine lombarde, ce qui augmenta l’influence de l’Italie du nord dans la rĂ©gion. Ceci ne veut pas dire nĂ©cessairement que les Latins aient Ă©tĂ© mal accueillis par la population locale. Contrairement aux États successeurs, TrĂ©bizonde, Épire et NicĂ©e, oĂč l’aristocratie byzantine avait Ă©tabli son pouvoir, nombreux furent ceux qui accueillirent les Latins en libĂ©rateurs. Nicolas Choniates note que lorsque lui-mĂȘme et ses collĂšgues fonctionnaires fuirent Constantinople pour se rĂ©fugier en province, ils furent souvent objets de dĂ©rision et de propos haineux de la part de la population qui se rĂ©jouit de ce que ceux qui les avaient gouvernĂ©s ainsi que leurs collecteurs de taxes en Ă©taient maintenant eux-mĂȘmes rĂ©duits Ă  la pauvretĂ©. Lorsque l’empereur Baudouin, Ă  l’étĂ© 1204, se rendit Ă  Thessalonique avec son armĂ©e, la population vint Ă  ses devants pour lui souhaiter la bienvenue et l’acclamer comme empereur. II en fut de mĂȘme pour Boniface de Montferrat dans sa conquĂȘte de la Thessalie. En fait, au fur et Ă  mesure que les seigneurs latins s’installaient, nombreux furent les grands propriĂ©taires terriens ayant reçu leurs domaines de l’empereur, qui s’adaptĂšrent et les tinrent simplement dorĂ©navant des nouveaux seigneurs[21]. Ce n’est que devant l’arrogance et le mĂ©pris de ces mĂȘmes seigneurs ainsi que devant leur intransigeance religieuse que l’attitude des populations se modifia, que des rĂ©voltes Ă©clatĂšrent et que l’on demanda l’aide des Bulgares (voir plus haut).

routes commerciales de Venise et de GĂȘnes en MĂ©diterranĂ©e et en mer Noire
Routes commerciales de Venise (en vert) et de GĂȘnes (en rouge) en MĂ©diterranĂ©e et en mer Noire

Il en alla de mĂȘme dans le domaine religieux. Thessalonique fut Ă©rigĂ©e en archevĂȘchĂ© avec un archevĂȘque latin et les Ă©vĂȘques byzantins furent remplacĂ©s par des Ă©vĂȘques latins. Toutefois, au niveau paroissial, si la population fut tenue de payer une taxe pour financer les Ă©glises latines, elle put continuer Ă  frĂ©quenter ses propres Ă©glises comme elle l’avait toujours fait[6]. Contrairement Ă  ce qu’il avait fait pour les propriĂ©taires terriens, Boniface de Montferrat n’accapara pas les terres appartenant Ă  l’Église et ce ne fut que pendant le mouvement de sĂ©dition sous la rĂ©gence d’Hubert II que les biens d’Église furent confisquĂ©s au profit de laĂŻcs et que les fils des prĂȘtres grecs furent astreints au service militaire[6].

Bien que l’économie du pays ait Ă©tĂ© fondĂ©e sur l’agriculture, Thessalonique Ă©tait devenue au XIIe siĂšcle un centre commercial qui attirait les commerçants de Scythie, d’Italie, de la pĂ©ninsule IbĂ©rique et jusqu’aux pays celtes de la Transalpine. Les marchands italiens avaient dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  y installer des colonies et les Normands l’avaient briĂšvement occupĂ©e en 1185[22]. Les VĂ©nitiens Ă©taient sortis grands gagnants de cette quatriĂšme croisade[23]. Moins intĂ©ressĂ©s par les conquĂȘtes territoriales qu’à Ă©tendre leur empire commercial et Ă  empĂȘcher leurs concurrents, les GĂ©nois, de faire de mĂȘme, ils s’étaient emparĂ©s ou avaient achetĂ© (voir plus haut) les Ăźles ou ports qui pouvaient servir de base Ă  ce commerce, se constituant ainsi « un empire de bases navales »[24]. Thessalonique, relais important vers la mer Noire, ne pouvait que profiter de ces dĂ©veloppements[21].

Chronique du royaume

roi rÚgne régents remarques
Maison de Montferrat
Boniface Ier (Montferrat) 1204–1207 Quatriùme croisade (1202–1204)
DĂ©mĂ©trios de Montferrat 1207–1224 Hubert II de Biandrate (1207–1209)
Eustache de Flandre (1209–1216)
Berthold II de Katzenelnbogen (1217–?)
Guido Pallavicini(1221–1224)
Prise de Thessalonique par le despote d'Épire, ThĂ©odore Ier l'Ange.

Rois titulaires de Thessalonique

Maison de Montferrat

Ancienne maison de Bourgogne'

Sources

Sources primaires

Vues sous l’angle byzantin, les premiĂšres annĂ©es de la domination latine sont dĂ©crites dans les annales de NicĂ©tas ChoniatĂšs qui va jusqu’à 1206. Le point de vue occidental se retrouve dans le rĂ©cit des croisades de Villehardouin et Robert de Clari.

  • Choniates, Niketas. O City of Byzantium : Annals of Niketas Choniates. ed. Jan Louis van Dieten, Berlin (CFHB #11), 1975. (ISBN 3110045281).
  • Clari, Robert de. La ConquĂȘte de Constantinople, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, « Historiens et Chroniqueurs du Moyen Âge », Gallimard, Paris, 1952.
  • Clari, Robert de. Geoffroy de Villehardouin, un chevalier Ă  la croisade, L'histoire de la conquĂȘte de Constantinople (suivi de) De ceux qui se croisĂšrent et comment le marquis de Montferrat devint leur seigneur Texte Ă©tabli et prĂ©sentĂ© par Jean LONGNON, librairie Jules Tallandier, 1981, 274 p. (ISBN 2-235-01078-4).
  • Villehardouin, Geoffroy de. La ConquĂȘte de Constantinople, Flammarion, 2004, (ISBN 2080711970).

Sources secondaires

  • Anonyme. « The Latin kingdom of Thessalonica » [en ligne] http://www.fhw.gr/chronos/projects/fragokratia/en/webpages/frago.html
  • Andrews, Kevin; Bugh, Glenn R. (2006). Castles of the Morea. Princeton, New Jersey: American School of Classical Studies at Athens. (ISBN 978-0-87661-406-8).
  • Finlay, George. The history of Greece: From Its Conquest by the Crusaders to Its Conquest by the Turks, and of the Empire of Trebizond 1204-1461. William Blackwood and Sons, Edinburgh. 1851.
  • Harris, Jonathan. Byzantium and the Crusades. London, New York, Hambledon Continuum, 2003 et 2006. (ISBN 1-85285-501-0).
  • Housley, Norman. The later crusades, 1274-1580: From Lyons to Alcazar. Oxford University Press, Oxford. 1992. (ISBN 0-19-822136-3)
  • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
  • Laiou, Angelidi & CĂ©cile Morrisson. Le Monde byzantin, III L’empire grec et ses voisins, XIIIe-XVe siĂšcle. Paris, Presses universitaires de France, 2011. (ISBN 978-2-13-052008-5).
  • Lane, Frederic C. Venice, A Maritime Republic. London and Baltimore, The Johns Hopkiins University Press. (ISBN 0-8018-1460-X)
  • Longnon, Jean. L’Empire latin de Constantinople et la PrincipautĂ© de MorĂ©e. Payot, Paris, 1949.
  • Nicol, Donald M. Byzantium and Venice : A Study in Diplomatic and Cultural Relations. Cambridge University Press, Cambridge, 1988. (ISBN 0-521-42894-7).
  • Norwich, John Julius. A History of Venice. London, Penguin Books, premiĂšre Ă©dition 1977, Ă©dition utilisĂ©e ici 1982. (ISBN 0-14-006623-3).
  • Queller, Donald E.; Madden, Thomas F. (1999). The Fourth Crusade: The Conquest of Constantinople, (ISBN 0-8122-1713-6).
  • Rosser, John H.. The A to Z of Byzantium. The Scarecrow Press, Inc. Lanham, Maryland/Toronto/Oxford. 2006, Col. The A to Z Guide Series, No. 16. (ISBN 978-0-8108-5591-5)
  • Tennent, James Emerson. The history of Modern Greece, from Its Conquest by the Romans B.C. 146, to the Present Time.[en ligne] .
  • (en) VĂĄsĂĄry, IstvĂĄn (2005), Cumans and Tatars: Oriental Military in the Pre-Ottoman Balkans, 1185-1365. Cambridge University Press. (ISBN 0-521-83756-1).

Notes et références

  1. Kazhdan 1991, « Boniface of Montferrat », vol. 1, p. 304.
  2. Ostrogorsky (1983), p. 445.
  3. Tennent (1845), p. 82.
  4. Treadgold (1997), p. 712
  5. Finlay (1851), p. 123.
  6. « The Latin kingdom of Thessalonica » [en ligne] http://www.fhw.gr/chronos/projects/fragokratia/en/webpages/frago.html
  7. Andrews & Bugh (2006), p. 136.
  8. Ostrogorsky (1977), p. 446
  9. Jean Longnon (1949), p. 91.
  10. Ostrogorsky (1983), p. 449.
  11. John V. A. Fine, The Late Medieval Balkans: A Critical Survey from the Late Twelfth Century to the Ottoman Conquest, (ISBN 0-472-08260-4)
  12. Finlay (1851), p. 123-124.
  13. Treadgold (1997), p. 715.
  14. Treadgold (1997), p. 718.
  15. Ostrogorsky (1983), p. 455; Treadgold (1997), p. 719, semble privilégier la premiÚre hypothÚse.
  16. Finlay (1851), p. 138.
  17. Finlay (1851), p. 131.
  18. Treadgold (1997), p. 722.
  19. Institution fiscale permettant Ă  son titulaire de prĂ©lever directement des taxes, loyers, corvĂ©es, sur les paysans ou paroikoi Ă©tablis sur un domaine. Non transfĂ©rables Ă  l’origine, les pronoĂŻa purent, Ă  partir de Michel VIII ĂȘtre transmises aux fils des soldats auxquels elles avaient Ă©tĂ© accordĂ©es. Cfr. Rosser, « Pronoia », p. 335
  20. voir sur ce sujet, Ostrogorsky (1983), pp.392-393 et pp. 395-396.
  21. « Byzantium and the Crusades” (2006), p. 164
  22. Kazhdan 1991, « Thessalonike », p. 2072.
  23. Voir Ă  ce sujet, Norwich (1982), pp. 140-141.
  24. Lane (1973), p. 42.
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