Conrad de Montferrat
Conrad de Montferrat de la famille des Alérame (Aleramici), né vers 1145/47 et assassiné le , est seigneur de Tyr de 1187 à 1192, marquis de Montferrat de 1190 à 1192 et roi de Jérusalem en 1192, fils de Guillaume V, marquis de Montferrat et de Judith de Babenberg.
Conrad de Montferrat | |
Conrad de Montferrat, par François-Édouard Picot, 1843 (musée de Versailles, Salles des Croisades). | |
Titre | |
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Seigneur de Tyr | |
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Prédécesseur | domaine royal |
Successeur | domaine royal |
Marquis de Montferrat | |
– | |
Prédécesseur | Guillaume V de Montferrat |
Successeur | Boniface de Montferrat |
Roi de JĂ©rusalem avec Isabelle Ire de JĂ©rusalem | |
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Prédécesseur | Guy de Lusignan et Sibylle de Jérusalem |
Successeur | Henri II de Champagne et Isabelle Ire de JĂ©rusalem |
Biographie | |
Dynastie | Maison Alérame |
Date de naissance | 1145/47 |
Date de décès | |
Père | Guillaume V de Montferrat |
Mère | Judith de Babenberg |
Conjoint | Théodora Isabelle de Jérusalem |
Enfants | Marie de Montferrat |
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Biographie
La jeunesse
Il y a peu d’information sur la jeunesse de Conrad, les premiers documents qui se composent de fragments ou de nouvelles peu importantes datent de 1160. Comme nouvelle, bien que confuse, il y a l’évocation d’un traité de mariage entre les filles du roi anglais Henri II et un fils de Guillaume V. En 1172, Conrad apparaît en compagnie de Frédéric Barberousse lors d’un conflit communal. Hormis qu’ils soient parents, il est de tradition que les Aleramici soient pro-impériaux.
Avec et contre Frédéric Barberousse
Frédéric Barberousse battu, Conrad prend part aux négociations de paix, escortant les légats du pape Alexandre III jusqu’à Modène. Il passe la presque totalité de l’année 1176 en Toscane et il reçoit l’année suivante des fiefs et des terres entre Marturi et Poggibonsi de sa sœur Agnès. Encore fidèle à Frédéric Barberousse, on le retrouve à Assise deux ans plus tard à la suite de l’Empereur mais c’est la dernière fois qu’il fait partie de son entourage.
Après sa rupture avec le chancelier impérial Christian Ier von Buch, Conrad se retourne contre l’Empereur, organisant une révolte qui échoue. Il est fait prisonnier par le chancelier et doit payer une forte rançon, et c’est à partir de ce moment que sa famille commence à se lier avec les Comnène de Byzance.
Avec l’aide de ceux-ci, en septembre 1179, Conrad constitue une grande armée qui attaque et bat les troupes allemandes commandées par Christian qui est fait prisonnier et confié au frère de Conrad, Boniface. Le projet de l’empereur byzantin est sans aucun doute de conduire Christian en Orient mais la défaite de l’antipape Innocent III en 1180 et la crise de la politique orientale en Italie met fin au projet et Christian est libéré en échange d’une forte rançon.
Christian relâché et les plans de politiques extérieurs revus, Conrad juge plus raisonnable de se rapprocher de l’Empire. On le retrouve, comme délégué impérial, à représenter Frédéric à Tortona en 1183.
Conrad, Marquis
Lorsque son petit-fils Baudouin V devient roi de Jérusalem, à la mort de Baudouin IV le Lépreux en 1185, Guillaume V de Montferrat se rend en Terre sainte, laissant la régence à son fils Conrad. Ce dernier le suit peu après, laissant la régence de Montferrat à son frère Boniface, mais dérouté par les tempêtes, il arrive à Constantinople en 1186.
L’annonce de la mort de son neveu l’incite à différer son voyage en Terre sainte et il s’installe à Constantinople, reçoit un commandement militaire de l’empereur byzantin, Isaac II Ange, qui le marie également à sa sœur Théodora. Il conduit les troupes qui mettent fin à la révolte du général Alexis Branas. Il aurait également été fait césar de l’empire[1]. Impliqué dans un meurtre, il quitte secrètement Constantinople au mois de mai ou de , et prend la direction d’Acre, abandonnant ainsi son épouse.
Son navire arrive en vue de Saint-Jean-d’Acre le 13 juillet 1187, mais il se rend compte avant que le navire n'entre dans le port que celui-ci est aux mains des musulmans. En effet, Saladin vient d’écraser l’armée franque à Hattin le et entreprend de prendre les cités côtières les unes après les autres. Conrad se rend alors à Tyr, et il y débarque pendant les négociations de reddition de la ville. Sa présence remonte le moral des Francs, qui mettent fin aux pourparlers. Conrad prend en main la défense de la ville et la défend contre Saladin, refusant même de l’échanger contre la vie de son propre père, qui compte parmi les prisonniers de Hattin[2]. Ne pouvant que constater l’absence de résultat, Saladin lève le siège de la ville le .
En , Saladin fait libérer Guy de Lusignan, espérant que la médiocrité de ce dernier va neutraliser l’intelligence et la bravoure de Conrad. Mais ce dernier ne tombe pas dans le piège et refuse à Guy l’accès de Tyr. Devenu roi sans terre, Guy se met à assiéger Acre, qui est prise le 12 juillet 1191 après un siège de 22 mois et l’arrivée de la troisième croisade, menée par Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion. Mettant de côté son antagonisme vis-à -vis de Guy de Lusignan, Conrad n’hésite pas à leur prêter main-forte et à les ravitailler. Mais il assure en même temps ses droits au trône en épousant Isabelle de Jérusalem le 24 novembre 1190, tandis que Guy de Lusignan, qui était roi de Jérusalem par son mariage avec Sibylle de Jérusalem, se retrouve veuf.
Saint-Jean-d’Acre se rend le , et la querelle entre Guy de Lusignan, soutenu par Richard Cœur de Lion et quelques barons, et Conrad de Montferrat, soutenu par Philippe Auguste et la plupart des barons de Terre sainte, est ravivée. Les 27 et , une assemblée de barons et de prélats du royaume de Jérusalem décide que Guy de Lusignan reste roi, mais ne pouvant en aucun cas transmettre le royaume à ses héritiers et que Conrad de Montferrat soit l’héritier du royaume.
Philippe Auguste repart en France, laissant un contingent conduit par Hugues III de Bourgogne et Richard poursuit la conquête du littoral, mais ses hésitations l’empêchent de reprendre Jérusalem. Il entreprend des négociations avec Saladin et Conrad, pour ne pas rester à l’écart négocie également avec Saladin. En février 1192, des partisans génois tentent de lui livrer Acre, tenue par des partisans de Lusignan, mais échouent. Mais de plus en plus de barons croisés rejoignent le camp de Conrad et, en 1192, le roi Richard est contraint de reconnaître Conrad de Montferrat roi de Jérusalem, vendant l’île de Chypre à Guy de Lusignan à titre de compensation.
Peu après, le , Conrad est assassiné par deux ismaëliens. Selon certains, c’est Saladin qui l’aurait fait tuer, mais d’autres thèses affirment que l’organisateur du meurtre est le chef des nizârites, en représailles à la confiscation des marchandises lui appartenant et arraisonné par un navire croisé[3]. La fille de Conrad, Marie de Montferrat, naît posthume au cours de l’été 1192. Pour ne pas laisser le royaume sans roi, sa veuve Isabelle, enceinte, avait été remariée le à Henri II de Champagne.
Conrad est sujet des chansons des troubadours Bertran de Born et Peirol d'Auvernha.
Famille
Il est cousin de Louis VII de France et de l’empereur Frédéric Barberousse, et issu d’une famille de croisés. Son frère aîné Guillaume était venu en Terre sainte en 1176 avait épousé Sibylle de Jérusalem, mais était mort peu après. Leur père, le marquis Guillaume V, qui avait déjà combattu en Terre Sainte en 1147 s’y rend de nouveau en 1185, lorsque son petit-fils Baudouin V en devient roi, et y reste quelque temps[4], puisqu’il y est toujours lors de la bataille de Hattin où il est capturé par Saladin.
Humbert II duc de Savoie | Gisèle de Bourgogne | Rénier Ier marquis de Montferrat | Léopold III duc d'Autriche | Agnès de Franconie | Frédéric Ier duc de Souabe | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Louis VI roi de France | Adélaïde de Savoie | Guillaume V marquis de Montferrat | Judith de Babenberg | Conrad III empereur | Frédéric II duc de Souabe | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Louis VII roi de France | Guillaume comte de Jaffa | Conrad roi de Jérusalem | Boniface roi de Thessalonique | Rénier x Marie Comnène | Frédéric Barberousse empereur | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Baudouin V roi de Jérusalem | Démétrios roi de Thessalonique | Guillaume VI marquis de Montferrat | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ascendance
Mariages et enfants
Sa première épouse n’est pas connue. En 1186, le chroniqueur byzantin Niketas Choniates mentionne que Conrad était veuf depuis peu de temps, sans nommer l’épouse morte. Une allusion du chroniqueur Ralph de Coggeshall dans son récit mentionnant l’arrestation de Richard Cœur de Lion lors de son retour de croisade laisse supposer que cette première épouse est parente de Meinhard II de Görtz[1].
Il se remarie ensuite au début de l’année 1187 avec Theodora, sœur de l’empereur Isaac II Ange.
On ne sait ni quand ni sous quel prétexte ce mariage est annulé, mais il le fut, car Théodora est encore vivante en 1195 et Conrad épouse en troisièmes noces le Isabelle (1172-1206), reine de Jérusalem que les barons du royaume ont contraint à se séparer d’Onfroy IV de Toron. De ce mariage est née :
- Marie (1192-1212), reine de Jérusalem, mariée à Jean de Brienne (†1237)
Une de ses épouses est une protagoniste du Décaméron (Journée I, 5).
Notes et références
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Bonifacio I del Monferrato » (voir la liste des auteurs).
- Foundation for Medieval Genealogy : Conrad de Montferrat.
- Saladin ne mettra pas ses menaces de mort à exécution et libérera Guillaume de Montferrat en juillet 1188.
- Grousset 1936, p. 128-130.
- en tout cas beaucoup plus que la quarantaine demandée aux croisés.
Annexes
Bibliographie
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Conrad de Montferrat » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource).
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 978-2-228-12530-7).
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - III. 1188-1291 L'anarchie franque, Paris, Perrin, (réimpr. 2006), 902 p., p. 45-130.
- (it) Charles Diehl, Figure bizantine, introduzione di Silvia Ronchey, 2007 (1927 originale), Einaudi (ISBN 978-88-06-19077-4).
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- [PDF] « Généalogie des Montferrat » sur le site racineshistoire.free.fr