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Isabelle Ire de JĂ©rusalem

Isabelle Ire de Jérusalem (1169-1205) est reine de Jérusalem de 1192 à 1205[1], fille d'Amaury Ier, roi de Jérusalem, et de Marie Comnène. Cette princesse puis reine est fort peu intéressée par les affaires politiques, mais n'en a pas moins été mariée quatre fois selon les nécessités du royaume et a été obligée pour les mêmes raisons de se séparer de son premier mari.

Isabelle Ire de JĂ©rusalem
Illustration.
Mariage d'Onfroi IV de Toron et d'Isabelle de JĂ©rusalem.
Titre
Reine de JĂ©rusalem
–
Avec Conrad (1192)
Henri II (1192-1197)
Amaury II (1198-1205)
Prédécesseur Sibylle de Jérusalem
Successeur Marie de Montferrat
Biographie
Dynastie Maison de Gâtinais-Anjou
Date de naissance
Date de décès
Père Amaury Ier de Jérusalem
Mère Marie Comnène
Fratrie Sibylle de JĂ©rusalem
Baudouin IV
Conjoint
Enfants

Isabelle Ire de JĂ©rusalem

Biographie

Lorsque son père hérite de la couronne de Jérusalem, en 1162, il est marié à Agnès de Courtenay, et les barons du royaume annoncent à Amaury qu'ils n'accepteront pas Agnès comme reine. Ils mettent donc Amaury en demeure de choisir entre le trône et son épouse. Amaury répudie sa femme et est couronné roi de Jérusalem. Deux enfants sont nés de ce premier mariage : Baudouin IV de Jérusalem et Sibylle de Jérusalem. Le 29 août 1167, Amaury Ier se remarie avec Marie Comnène, petite nièce de Manuel Ier Comnène, empereur byzantin, laquelle donne naissance en 1172 à une fille, Isabelle de Jérusalem.

Princesse

Bien que son frère soit atteint de la lèpre et ne puisse pas avoir d’enfant, la question du mariage d’Isabelle ne pose qu’un problème relatif, car la cour compte sur le mari de Sibylle pour assurer la succession du royaume de Jérusalem. Aussi Baudouin accepte-t-il de la marier en 1183 avec un noble franc, Onfroy IV de Toron, petit-fils du connétable Onfroy II de Toron, mort en au cours de la prise du Chastelet du Gué de Jacob, pour permettre au roi d’avoir la vie sauve. Étiennette de Milly, la mère d’Onfroy, était remariée à Renaud de Châtillon, seigneur d’Outre-Jourdain, la noce a lieu au krak de Moab, en . Renaud de Châtillon avait organisé au cours de l’hiver précédent une expédition contre la Mecque, et Saladin, résolu à venger l’affront et à écarter le danger que représente la seigneurie d’Outre-Jourdain vis-à-vis de ses États, met le siège devant le krak, en pleines festivités de mariage. À la demande d'Étiennette de Milly, qu’il a connue dans sa jeunesse, il accepte de ne pas tirer avec ses trébuchets sur la tour où le jeune couple passe sa nuit nuptiale. Baudouin IV, prévenu, n’hésite pas à venir avec son ost pour forcer Saladin à lever le siège[2].

Baudouin IV meurt le 16 mars 1185 et désigne comme successeur son neveu Baudouin V, âgé de huit ans, sous la régence de Raymond III de Tripoli, car Guy de Lusignan, le mari de Sibylle, ne s’est pas révélé à la hauteur des espérances. Mais Baudouin V meurt vers le mois de et la question de la succession du royaume se pose à nouveau.

Les barons se répartissent alors en deux groupes. D’une part les colons, ou « poulains », qui estiment que le royaume ne peut survivre qu’avec une politique de paix relative avec Saladin, politique qui était celle de Baudouin le Lépreux. Le chef de file des colons est le comte Raymond III. D’autre part les croisés, la plupart nés en Europe, ne comprennent pas ou mal cette politique de compromis et sont prêts à en découdre avec les musulmans. C’est Guy de Lusignan qui est à la tête de ces derniers. Les lois du royaume, qui nécessitent que le roi soit accepté par l’assemblée des barons, font que les deux chefs peuvent prétendre à la couronne, Guy de Lusignan en tant que plus proche parent des précédents rois, et Raymond III en tant que régent désigné par Baudouin le Lépreux[3].

Josselin III de Courtenay, un baron né en Terre Sainte, acquis aux croisés, réussit à persuader Raymond de rejoindre ses partisans à Naplouse pendant l’enterrement de Baudouin V, et la reine Sibylle profite de son absence pour se faire couronner reine et pour faire couronner son mari. Mais ce couronnement n’est valable qu’avec l’assentiment de l’assemblée des barons. Conscient que maintenir sa candidature risque de mener le royaume à la guerre civile, Raymond se désiste, mais propose un troisième choix : proposer la couronne à Isabelle et à son mari, Onfroy de Toron. Terrifié par les responsabilités liées à la couronne, Onfroy quitte immédiatement Naplouse et prête allégeance à Sibylle[4].

Les colons n’ont alors pas d’autre choix que d’accepter Guy de Lusignan comme roi, lequel amène le royaume à la ruine en moins d’un an, en perdant la bataille de Hattin le 4 juillet 1187. Conrad de Montferrat, un croisé qui arrive en Terre Sainte quelques semaines plus tard, parvient à défendre Tyr et à tenir Saladin en échec, mais refuse à Guy de Lusignan l’accès à la ville. Ce dernier part alors assiéger Saint-Jean-d’Acre.

Reine de JĂ©rusalem

La mort de Sibylle en lors de ce siège, change la donne. Guy de Lusignan n’est roi que par mariage, et juridiquement la couronne devrait revenir à Isabelle, ou tout du moins l’assemblée des barons devrait statuer sur le sort de la couronne. Le problème est qu'Onfroy de Toron, le mari d’Isabelle, ne plaît pas plus aux barons que Guy de Lusignan. Il faut au royaume un roi capable de redresser la situation, et ce roi pourrait être Conrad de Montferrat. Mais choisir un roi en dehors de la famille royale peut amener des contestations et des guerres civiles.

Pour résoudre ce problème, les barons ont l’idée de faire annuler le mariage d’Onfroy et d’Isabelle et de faire épouser cette dernière Conrad de Montferrat. Mais Isabelle, qui aime son mari, refuse de se soumettre à ces considérations politiques. Sa mère, Marie Comnène, qui hait Étiennette de Milly, tente de persuader Isabelle d’accepter le mariage politique. D’autre part, Ubaldo Lanfranchi, légat du pape et archevêque de Pise, effectue une enquête sur le mariage et constatant qu’Isabelle n’avait que onze ans à son mariage, le fait annuler pour la raison que l’âge légal n’était pas encore atteint. Onfroy tente de protester contre cette décision, mais un baron, Guy de Senlis, bouteiller de France, lui lance un défi en combat singulier. Onfroy, refuse de le relever et rejoint Guy de Lusignan[5].

Le 24 novembre 1190, Isabelle est mariée à Conrad de Montferrat. Les deux rois Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion arrivent et aident à prendre Saint-Jean-d'Acre. La rivalité entre Conrad et Guy se reporte aux deux rois européens, Philippe-Auguste soutenant Conrad et Richard soutenant Guy. Mais en , Richard, devant l'opposition des barons, n'a d'autre choix que de reconnaître Conrad de Montferrat comme roi et de vendre Chypre à Guy de Lusignan. Le , deux nizârites assassinent Conrad.

Pour lui succéder, le choix des barons se porte immédiatement sur la personne du comte Henri II de Champagne, un homme qui a montré ses capacités à prendre en main les destinées du royaume et qui présente en outre l'avantage d'être neveu de Philippe Auguste et de Richard Cœur de Lion[6]. Le mariage est célébré le , alors que la reine est enceinte de son second mari[7]. De ce mariage sont nés trois enfants qui sont fiancés avec trois enfants d'Aimery II de Lusignan, roi de Chypre, dans un souci de rapprochement avec la monarchie chypriote des Lusignan[8].

Mais le 10 septembre 1197, Henri II de Champagne tombe accidentellement d'une fenêtre de son palais et se tue. Pour lui trouver un successeur, les barons pensent d'abord à Raoul de Saint-Omer, frère d'Hugues II de Saint-Omer, seigneur de Tibériade, mais ces seigneurs paraissent trop pauvres[9] pour pouvoir financer une cour et une armée. Aussi leur choix se porte-il sur la personne du roi de Chypre, Aimery II de Lusignan, qui épouse Isabelle en .

Aimery II meurt le 1er avril 1205, après avoir donné trois enfants à Isabelle. Le gouvernement est assuré par Jean d'Ibelin, seigneur de Beyrouth et demi-frère d'Isabelle[10], qui devient régent du royaume. Isabelle ne prend pas part aux conseils et aux décisions, de sorte qu'aucun chroniqueur ne mentionne la date de son décès que l'on situe peu après celle de son dernier mari[11].

Ascendance

Mariages et descendance

Onfroy IV de Toron

Elle épouse en premières noces au krak de Moab, en , Onfroy IV (1166-1192), seigneur de Toron. Ils n’ont pas d’enfant et les barons du royaume l’obligent à se séparer de son mari.

Conrad de Montferrat

Elle est remariée à Acre le à Conrad de Montferrat (1145/1147-1192), seigneur de Tyr, marquis de Montferrat puis roi de Jérusalem, et donne naissance à une fille posthume[1] :

Henri II de Champagne

Veuve, elle se remaria le avec Henri II de Champagne (1166-1197), comte de Champagne et roi de JĂ©rusalem, et eut pour enfants :

  1. En 1210, à Hugues Ier de Lusignan (1193/1194-10 janv. 1218), roi de Chypre (1205-1218), fils d'Aimery II et d'Echive d'Ibelin, (frère puîné de Guy et de Jean de Lusignan) ; ils eurent :
  2. En 1225, à Bohémond V, prince d'Antioche. Leur mariage est annulé en 1227 ; sans postérité
  3. En 1241, Ă  Raoul de Soissons.

Aimery II de Lusignan

De nouveau veuve, elle épousa à Acre en Aimery II de Lusignan (1147-1205), roi de Chypre, veuf d'Echive d'Ibelin et père notamment d'Hugues Ier ci-dessus ; elle en eut[1] :

Descendance

Onfroy IV
de Toron
Isabelle
(† 1205)
r. JĂ©rusalem
Aimery II de Lusignan
(† 1205)
r. Chypre
Conrad
de Montferrat

(† 1192)
Henri II
de Champagne

(† 1197)
Jean de Brienne
(† 1237)
Marie
(† 1212)
r. JĂ©rusalem
Hugues Ier
(† 1218)
r. Chypre
Alix
de Champagne

(1195 † 1246)
Philippa
de Champagne

(1196 † 1250)
x Érard de Brienne
Sibylle
x LĂ©on II
r. Arménie
MĂ©lisende
x Bohémond IV
pr. Antioche
Frédéric II
(† 1250)
empereur
Isabelle II
(† 1228)
r. JĂ©rusalem
Marie
(† 1252)
x Gautier IV de Brienne
Isabelle
(† 1264)
x Henri d'Antioche
Henri Ier
(† 1253)
r. Chypre
Henri de Brienne
(† 1250)
Isabelle
(† 1252)
r. Arménie
Marie d'Antioche
Conrad IV
(† 1254)
r. Romains
Hugues
de Brienne

(† 1294)
Hugues III
(† 1284)
r. Chypre
Hugues II
(† 1267)
r. Chypre
descendance
rois
d'Arménie
Conradin
(† 1264)
r. Sicile
descendance
rois
de Chypre

Notes et références

  1. Benjamin Bourgeois, La royauté : dynamiques et représentations. Royaumes de Jérusalem, Chypre et Arménie cilicienne. XIIe – XIVe siècle, t. 2 (Thèse de doctorat en histoire, sous la direction d'Isabelle Augé), Université Paul Valéry - Montpellier III, (lire en ligne [PDF]), chap. 1 (« Généalogies / 4. Descendance d'Isabelle »), p. 5-6.
  2. Grousset 1935, p. 696-8.
  3. Grousset 1935, p. 722-3.
  4. Grousset 1935, p. 728-8.
  5. Grousset 1936, p. 83-5.
  6. Sa mère, Marie de France, est fille du roi Louis VII de France et d'Aliénor d'Aquitaine, donc demi-sœur consanguine de Philippe Auguste et demi-sœur utérine de Richard Cœur de Lion.
  7. Grousset 1936, p. 130-4.
  8. Grousset 1936, p. 171.
  9. La principauté de Tibériade est alors sous le contrôle des musulmans.
  10. La mère d'Isabelle, Marie Comnène, s'était remariée avec Balian d'Ibelin.
  11. Grousset 1936, p. 771.

Annexes

Bibliographie

  • Florian Besson, Les barons de la chrĂ©tientĂ© orientale : Pratiques du pouvoir et cultures politiques en Orient latin (1097-1229), Thèse de doctorat de l'universitĂ© Paris-Sorbonne sous la direction d’Élisabeth Crouzet-Pavan, 2 vol., 2017.[lire en ligne]
  • Benjamin Bourgeois, La royautĂ© : dynamiques et reprĂ©sentations. Royaumes de JĂ©rusalem, Chypre et ArmĂ©nie cilicienne. XIIe – XIVe siècle, Thèse de doctorat en histoire, sous la direction d'Isabelle AugĂ©, UniversitĂ© Paul ValĂ©ry - Montpellier III, 2 tomes, 935 p., dĂ©cembre 2017. [lire en ligne]
  • RenĂ© Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de JĂ©rusalem, Paris, Perrin, (rĂ©impr. 1999) :
    • II. 1131-1187 L'Ă©quilibre, 1935.
    • III. 1188-1291 L'anarchie franque, 1936.
  • RenĂ© Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », (rĂ©impr. 1979), 648 p. (ISBN 978-2-228-12530-7)..

Articles connexes

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