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Royaume de JĂ©rusalem

Le royaume de Jérusalem, appelé aussi royaume franc de Jérusalem (en latin : Regnum Hierosolymitanum, en français de l'époque : Roiaume de Jherusalem), est un royaume chrétien fondé au Levant en 1099 au terme de la première croisade et disparu en 1291, avec la chute de Saint-Jean-d'Acre.

Royaume de JĂ©rusalem
(la) Regnum Hierosolimitanum

1099–1291

Drapeau Blason
Description de cette image, également commentée ci-après
Royaume de Jérusalem et États vassaux en 1135.
Informations générales
Statut Royaume
Capitale JĂ©rusalem (1099-1187)
Tyr (1187-1191)
Saint-Jean-d'Acre (1191-1229)
JĂ©rusalem (1229-1244)
Saint-Jean-d'Acre (1244-1291)
Langue(s) latin, ancien français, arabe
Religion Catholicisme
Histoire et événements
1095-1099 Première croisade
15 juillet 1099 Prise de JĂ©rusalem
25 novembre 1177 bataille de Montgisard
4 juillet 1187 Bataille de Hattin
2 octobre 1187 Perte de JĂ©rusalem
18 février 1229 Traité de Jaffa
18 mai 1291 Chute de Saint-Jean-d'Acre

Entités précédentes :

Il s'agit de l’État latin d'Orient le plus méridional. Le royaume, à partir du règne de Baudouin Ier, s’étend sur la Palestine, dominant le littoral de Gaza jusqu'à Beyrouth. Vers l’intérieur, le royaume va jusqu’à la vallée du Jourdain. Plus tard, l’autre rive du Jourdain sera occupée jusqu’à la mer Rouge, formant la terre d’Outre-Jourdain.

Composition féodale

Le royaume de JĂ©rusalem se partageait en un domaine royal et quatre fiefs principaux. Ces fiefs principaux, ainsi que le domaine royal, avaient eux-mĂŞmes des vassaux.

Les principaux fiefs du royaume de JĂ©rusalem Ă©taient :

Les seigneuries dépendantes du domaine royal étaient :

Il y eut également quelques seigneuries détachées du domaine royal :

Armoiries

Armoiries du royaume de JĂ©rusalem : la croix de JĂ©rusalem.

Blasonnement : d'argent, à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même.

Selon la tradition, ce blason de la croix de Jérusalem est volontairement à enquerre (il contrevient aux règles héraldiques en disposant un métal directement sur un autre métal (de l’or sur de l’argent)), en hommage aux orfèvres de Terre sainte, passés maîtres dans l'art de sertir les métaux.

Histoire

Le royaume Ă  JĂ©rusalem (1099-1187)

Le royaume de Jérusalem est né de la première croisade et de la prise de Jérusalem (). Godefroy de Bouillon en fut le premier souverain, mais se contenta du titre d’avoué du Saint-Sépulcre. Il fallut d’abord combattre une première contre-attaque fatimide, qui fut battue à Ascalon le . Le royaume se limitait aux villes de Jérusalem et Bethléem, au port de Jaffa et à la route reliant Jérusalem et Jaffa.

Plusieurs chefs croisés quittèrent la ville sainte, soit pour se tailler des principautés, soit pour rentrer en Europe. Il ne restait plus que Godefroy, Tancrède de Hauteville, Raymond IV de Toulouse et trois cents chevaliers. Tancrède conquit la plaine de Galilée et fonda la principauté de Galilée.

Les États croisés en 1102.

Godefroy mourut le . Se posa alors la question du statut juridique du nouvel État, liée à celle de la succession. Daimbert de Pise, patriarche de Jérusalem, souhaitait un État théocratique et appela son allié Bohémond, prince d'Antioche. Mais celui-ci venait d’être fait prisonnier par les Turcs et Baudouin, comte d'Edesse et frère de Godefroy, se présenta. Daimbert fut obligé de l’accepter, puis de le sacrer roi de Jérusalem.

Baudouin Ier passa son règne à conquérir le littoral et à repousser les contre-attaques islamiques. Il réussit à faire reconnaître la suzeraineté du royaume de Jérusalem sur les autres États latins d'Orient. Il mourut en 1118 et les seigneurs du royaume lui choisirent comme successeur Baudouin du Bourg, comte d’Édesse et cousin de Baudouin Ier.

Baudouin II renforça la présence franque en Terre sainte et remporta plusieurs victoires, mais ne put s’emparer de la Syrie intérieure, les villes d’Alep et de Damas restant aux musulmans.

Les succès de la première croisade étaient principalement dus aux divisions des musulmans. Foulques d'Anjou, successeur de Baudoin II, parvint à maintenir cet équilibre, mais la Syrie musulmane commençait à s'unifier sous la férule de Nur ad-Din. La deuxième croisade n'eut aucun résultat positif, les croisés ayant attaqué Damas, le seul émirat allié aux Francs.

Les règnes de Baudouin III et d'Amaury Ier sont marqués par la recherche d'alliances auprès de Byzance et de l'Égypte fatimide, mais cette dernière action se solda par un échec qui contribua à l'hégémonie de Saladin sur la Syrie et l'Égypte réunies, prenant le royaume en tenaille.

Baudouin IV le Lépreux, puis Raymond III de Tripoli, régent au nom de Baudouin V, réussirent à tenir Saladin en échec, mais le comportement de Renaud de Châtillon et l'avènement de Guy de Lusignan amenèrent la catastrophe : l'armée franque fut vaincue à Hattin (), le roi fait prisonnier, Renaud de Châtillon exécuté, et Saladin entreprit rapidement la conquête des États latins d'Orient après la prise de Jérusalem le vaillamment défendue par Balian d'Ibelin. Le royaume de Jérusalem se réduisit bientôt au port de Tyr, le comté de Tripoli se réduisit à la ville de Tripoli, au château de Tortose et au Krak des Chevaliers, et la principauté d'Antioche à Antioche et à Marqab.

C'est de Tyr que vint la contre-attaque. Conrad de Montferrat, un homme énergique et résolu, oncle de Baudouin V, y avait débarqué en , mit la ville en état de défense, et repoussa les attaques de Saladin. Pour contrebalancer cette réaction, Saladin délivra Guy de Lusignan, mais Conrad refusa à ce dernier l'entrée de Tyr. Tandis que Conrad épousait Isabelle de Jérusalem pour faire valoir des droits au trône, Guy de Lusignan se mit à assiéger Saint-Jean-d'Acre. Ce siège dura deux ans, les Francs de Lusignan se retrouvant à leur tour assiégés par une armée de secours de Saladin, et en proie à la rivalité entre partisans de Guy et partisans de Conrad. Ce n'est qu'à l'arrivée de la troisième croisade, conduite par Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion, que la ville put être prise.

Philippe Auguste rentra en France, mais Richard resta, fit la conquête de la bande côtière et négocia avec Saladin une paix garantissant aux pèlerins chrétiens l'accès à Jérusalem. Sous la pression des barons, il se résigna à reconnaître Conrad roi de Jérusalem, installant Guy de Lusignan sur le trône de Chypre qu'il venait de prendre aux Byzantins.

Le royaume Ă  Saint-Jean-d'Acre (1187-1291)

Les États latins d'Orient en 1196-1205.

Jérusalem était perdue, mais le royaume garda le nom de « royaume de Jérusalem », et son siège fut installé à Saint-Jean-d'Acre. Conrad de Montferrat, son nouveau roi, fut assassiné peu après. Se succédèrent alors les deux maris suivants d'Isabelle, Henri II de Champagne, puis Amaury II de Lusignan, frère de Guy de Lusignan et roi de Chypre. Il parvint à reprendre plusieurs ports et à reconstituer le royaume tout le long du littoral, de Jaffa à Beyrouth (1197). À sa mort, ce fut Marie de Montferrat qui lui succéda, sous la régence de Jean d'Ibelin, le « vieux seigneur de Beyrouth ».

Lorsque Marie eut dix-neuf ans, Jean d'Ibelin la maria à Jean de Brienne. En 1218, celui-ci lança une expédition en Égypte dans le but de négocier la restitution de Jérusalem. Le , il prit Damiette, et le sultan d'Égypte était disposé à échanger la ville contre Jérusalem. Le légat Pélage Galvani s'y opposa et marcha sur Le Caire au moment de la crue du Nil. L'expédition tourna ainsi à la catastrophe et les succès de l'opération furent réduits à néant.

Les États latins d'Orient en 1229-1241.

Pour obtenir des secours de l'Occident, Jean de Brienne maria en 1225 sa fille Isabelle II à l'empereur romain germanique Frédéric II de Hohenstaufen, lequel l'écarta du trône. Frédéric II, bien qu'ayant réussi à récupérer Jérusalem par traité, mécontenta les barons et la « guerre des Lombards » éclata entre les impériaux et les barons. Ce n'est qu'en 1232 que les barons l'emportèrent, ne laissant aux impériaux que la ville de Tyr qui fut prise en 1243.

Tout en maintenant la fiction des rois Hohenstaufen, les barons organisèrent un gouvernement collégial, dirigé par Jean d'Ibelin, puis par son fils Balian, mais l'anarchie s'installa. Jérusalem fut reprise par les musulmans en 1244. Saint Louis vint à la tête d'une croisade, mais fut fait prisonnier à Damiette. Après sa libération, il gouverna le royaume de 1250 à 1254 et le réorganisa, mais l'anarchie revint après son départ, aggravée par les rivalités entre les Génois et les Vénitiens (guerre de Saint-Sabas), la double prétention au trône de Hugues III de Chypre et de Charles d'Anjou. Pendant ce temps, le sultan mamelouk Baybars reprenait petit à petit les différentes places fortes du royaume. La dernière place forte franque fut Saint-Jean-d'Acre, qui fut prise le .

Institutions

Les institutions du royaume, lois initialement non écrites, furent regroupées par Jean d'Ibelin dans les Assises de Jérusalem.

Le roi

  • Succession : le royaume de JĂ©rusalem fut tout d'abord une monarchie Ă©lective : Godefroy de Bouillon, Baudouin Ier et Baudouin II ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s de cette manière. Mais les barons prirent rapidement l'habitude de choisir le roi dans la famille royale, au point qu'après le règne de FrĂ©dĂ©ric II, et malgrĂ© l'absence du souverain et le rejet des Hohenstaufen, la fiction des rois Hohenstaufen fut Ă©tablie. Cette double nature de la succession, Ă©lective et hĂ©rĂ©ditaire, permit l'Ă©lection de Baudouin V, afin d'Ă©carter Guy de Lusignan du trĂ´ne, et le maintien sur le trĂ´ne de Jean de Brienne, veuf de Marie de Montferrat, alors que l'hĂ©ritière Ă©tait une fille âgĂ©e de trois ans.
  • Titre : dans les chartes en latin, les rois Ă©taient nommĂ©s rex Hierusalem Latinorum, rex Ierosolymorum, rex Hierosolomitanus, rex Babilionie atque Asie, voire rex Francorum[2].
  • SĂ©pulture : les rois Ă©taient enterrĂ©s dans l'Ă©glise du Saint-SĂ©pulcre, en dessous du calvaire ; leur corps reposent dans un monument sacrĂ© oĂą tout cĂ©lèbre le Christ dans sa vie terrestre et sa rĂ©surrection[3].
  • Sacre : après Baudouin Ier dont le couronnement se fit Ă  BethlĂ©em, les rois sont oints et couronnĂ©s Ă  l'Ă©glise du Saint-SĂ©pulcre ; le maĂ®tre du Temple et celui de l'HĂ´pital ainsi que le patriarche dĂ©tiennent chacun une des deux clefs nĂ©cessaires pour ouvrir le trĂ©sor de l'Ă©glise du Saint-SĂ©pulcre qui contient les couronnes royales[4].

La noblesse et la Haute-Cour

Contrairement à de nombreux pays d'Europe, la puissance féodale s'est d'abord établie, chaque croisé noble cherchant à se tailler un fief en Terre sainte, transposant ainsi le système féodal en Orient, et ce ne fut qu'ensuite que la nécessité de coordonner les opérations militaires établit l'institution monarchique. De ce fait, la véritable souveraineté ne réside pas dans le roi, mais dans le corps de la noblesse réunie en assemblée sous le nom de « Cour des Liges » ou « Haute Cour ». Composée au départ des vassaux direct de la Couronne, elle fut augmentée en 1162 des arrières vassaux. Elle dispose d'une autorité souveraine supérieure à celle du roi, qui n'a que le pouvoir militaire. Avant d'être reconnu et sacré, le roi devait prêter le serment de respecter les coutumes et les Assises du royaume.

Les cours judiciaires

La Haute Cour est aussi chargée de régler les litiges intéressant les nobles. D'autres cours jugeaient des affaires concernant le reste de la population :

  • la Cour des Bourgeois, pour juger les hommes libres de naissance roturière et de langue latine. Elle est composĂ©e de douze jurĂ©s ou notables, et prĂ©sidĂ©e par le vicomte de JĂ©rusalem.
  • la Cour du RaĂŻs, pour juger les indigènes syriaques, composĂ©e de jurĂ©s indigènes et prĂ©sidĂ©e par le raĂŻs, un fonctionnaire indigène.

Certaines institutions judiciaires respectent les usages locaux : la cour du raïs (chef de village) peut juger des causes mineures concernant les indigènes et la cour de la Fonde est un tribunal mixte jugeant les causes commerciales ou celles qui concernent les Syriens.

En revanche, la cour de la Chaîne qui juge les procès maritimes, la cour des Bourgeois ou la Haute Cour, qui juge les nobles, sont composées uniquement de Francs[5].

Économie

Les rois de Jérusalem possèdent, au XIIe siècle, quatre baronnies (Jérusalem, Naplouse, Acre et Tyr) et de nombreux villages dans ces seigneuries. Ils tirent la plupart de leurs ressources d’impôts sur le commerce :

  • des droits de vente (les « droitures de la fonde » sur les marchĂ©s — fondouk),
  • des droits de transit (la taxe ad valorem d’un vingt-quatrième exigĂ©e des caravanes allant d’Égypte ou d’Arabie en Syrie par les territoires d’Outre-Jourdain),
  • des droits d’importation et d’exportation (la « chaĂ®ne » qui barre le port donne son nom Ă  la douane d’Acre),
  • du produit de leurs monopoles industriels (teinturerie, savonnerie, tannerie…),
  • du droit de monnayage, rĂ©servĂ© au roi Ă  la diffĂ©rence de l’Occident, qui frappe des pièces d’or Ă  lĂ©gende arabe (« besants sarracĂ©nats ») et des deniers d’argent de type occidental.

Ces ressources permettent au roi d’accorder des fiefs en besants ou fiefs de soudée (500 besants par an pour un chevalier), parfois plus nombreux dans une seigneurie que les fiefs en terre.

Les croisés ont trouvé en Orient une économie monétaire beaucoup plus développée qu’en Occident, ce qui explique l’importance des taxes indirectes, des fiefs-rentes et la frappe de monnaies d’or. Les croisés, s’ils ont importé d’Europe l’organisation rudimentaire qu’ils connaissaient (administration des grands officiers de la couronne), empruntent aussi aux Byzantins[Note 1] et aux musulmans : la Secrète[Note 2] correspond au diwan ; elle sert à la fois de trésor, de chambre des comptes et d’archives où l’on conserve les chartes de donation, le cadastre et la liste des fiefs avec leurs obligations.

Population

  • La population d'origine europĂ©enne n'excĂ©da pas 140 000 personnes très inĂ©galement rĂ©parties dans l'espace[6] - [7].
  • La population franque s'installa dans un rĂ©seau de châteaux et de gros bourgs fortifiĂ©s. Mais la colonisation ne reposa pas sur ces seuls pivots et un semis de village et de fermes est attestĂ© dans toutes les rĂ©gions oĂą les chrĂ©tiens orientaux Ă©taient majoritaires ; en effet, la population de la Palestine n'Ă©tait pas encore au XIe siècle largement islamisĂ©e[8].
  • Il exista bien une colonisation rurale occidentale grâce Ă  une immigration en provenance d'Europe. Elle ne se limita pas, au nord de JĂ©rusalem, au village de la Grande Mahomerie oĂą les chanoines du Saint-SĂ©pulcre implantèrent leur première colonie (1120), ou au plus tardif village de la petite Mahomerie (1164).
  • L'immigration europĂ©enne est attestĂ©e dans la rĂ©gion montagneuse entre JĂ©rusalem et Sinjil, dans celle de Sebastia au sud-est de la Transjordanie, en GalilĂ©e occidentale, en Basse GalilĂ©e (Nazareth, TibĂ©riade), entre BethlĂ©em et HĂ©bron, en GalilĂ©e orientale Ă  partir du milieu du XIIe siècle[9]. Dans ces zones oĂą l'habitat des chrĂ©tiens orientaux Ă©tait relativement dense, l'implantation Ă©tait facilitĂ©e. Si l'on tient compte des attaques que subirent les Francs, on dĂ©couvre des pĂ©riodes de relative sĂ©curitĂ© qui favorisèrent cette implantation occidentale : ainsi, deux raids seulement sont lancĂ©s contre les montagnes de JĂ©rusalem, en 1124 et en 1152. L'ouest de la GalilĂ©e n'est pas attaquĂ© avant 1169[10].
  • Les formes du peuplement rural dans le royaume de JĂ©rusalem furent dans ces zones d'immigration, assez proches de celles qu'on l'on pouvait observer au mĂŞme moment dans l'Europe mĂ©diterranĂ©enne et il s'organisa ainsi une sociĂ©tĂ© sous hĂ©gĂ©monie franque. Les Francs tiennent la hiĂ©rarchie fĂ©odale et ecclĂ©siastique, mĂŞme si dans certains cas, aux Ă©chelons les plus bas de cette hiĂ©rarchie, certains Ă©lĂ©ments issus des aristocraties armĂ©nienne ou grecque participent Ă©galement[10].
  • Dans les zones de population majoritairement musulmane, en Samarie centrale et Ă  l'est de la GalilĂ©e, la conquĂŞte franque ne changea pas grand-chose Ă  la masse paysanne dĂ©jĂ  soumise Ă  un rĂ©gime très dur : les Francs ne firent que s'ajouter ou succĂ©der aux propriĂ©taires des terres que ces paysans cultivaient[11].
  • L'immigration europĂ©enne vint surtout de France ; les Italiens bĂ©nĂ©ficièrent d'importantes concessions foncières, maisons et parfois quartiers, mais surtout dans les citĂ©s portuaires[12].
  • Pour peupler JĂ©rusalem, les rois Baudouin Ier et Baudouin II firent appel Ă  des chrĂ©tiens orientaux (Syriens, Grecs, ArmĂ©niens) plutĂ´t qu'Ă  des EuropĂ©ens, davantage attirĂ©s par les ports[13].

L'Église latine

L'influence de l'Église catholique latine fut très importante tout au long de l'existence du royaume ; les clercs, avec l'aide des rois et les donations des fidèles, travaillèrent au renforcement de son implantation et de son influence en terre sainte :

  • JĂ©rusalem : un des premiers actes de Godefroy de Bouillon fut de confier Ă  une communautĂ© de chanoines sĂ©culier le soin de servir l'Ă©glise du Saint-SĂ©pulcre ; ce chapitre constitua un important patrimoine foncier[14] ; le complexe monumental byzantin du Saint-SĂ©pulcre, dĂ©truit en 1009 après la prise de la ville par le calife fatimide Al-Hakim, fut reconstruit et agrandi afin de crĂ©er une Ă©glise unique englobant tous les lieux saints[15] - [16] ; les Francs couvrent JĂ©rusalem d'Ă©glises[17] ;
  • rĂ©seau paroissial : il est bien structurĂ© en ville, mais il demeure Ă  mailles lâches dans les campagnes oĂą les Francs purent un temps frĂ©quenter les Ă©glises orientales[18]. De nombreuses Ă©glises sont construites dans tout le royaume, dans les centres d'exploitation fondĂ©s par le chapitre du Saint-SĂ©pulcre, dans les villages, dans les fondations monastiques royales, dans les villages, les enceintes de châteaux, dans les concessions accordĂ©es aux Italiens ; il s'agit Ă  la fois d'aider au peuplement et d'accompagner la croissance dĂ©mographique due Ă  l'immigration europĂ©enne, de reproduire en terre d'Orient un essaimage dĂ©jĂ  Ă  l'Ĺ“uvre en Occident, d'enraciner l'Église latine catholique[19] ; la conquĂŞte de Saladin rĂ©duira Ă  nĂ©ant l'immense majoritĂ© de ces Ă©glises[20] ;
  • organisation ecclĂ©siale : les Francs reconstituent des Ă©vĂŞchĂ©s en reprenant la liste des sièges Ă©piscopaux orthodoxes, mais en nommant des catholiques ; alors que chez les orthodoxes, le patriarcat d'Antioche avait prĂ©Ă©minence sur celui de JĂ©rusalem, la situation est inversĂ©e au XIIe siècle et la province de Tyr dont dĂ©pendait le comtĂ© de Tripoli passe de la dĂ©pendance du patriarche d'Antioche Ă  celui de JĂ©rusalem[21] - [22].

Annexes

Bibliographie

  • (en) Alan V. Murray, The crusader Kingdom of JĂ©rusalem: A Dynastic History, 1099-1125, Oxford, Prosopographica et genealogica, coll. « Occasional Publications / 4 », , 280 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 1-900934-03-5).
  • RenĂ© Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », (rĂ©impr. 1979), 648 p. (ISBN 978-2-228-12530-7).
  • Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de JĂ©rusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013 (ISBN 978-2-226-24620-2).
  • Joshua Prawer (trad. GĂ©rard Nahon), Histoire du Royaume latin de JĂ©rusalem, CNRS, .

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. À Antioche, un duc administre la ville, un prêteur la police.
  2. Du grec sékrèton, bureau financier.

Références

  1. Eugène Arnaud, La Palestine ancienne et moderne; ou, Géographie historique et physique de la Terre Sainte, Berger-Levrault, 1868, page 199.
  2. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 305.
  3. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 305-306.
  4. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 306.
  5. Les Croisades, par CĂ©cile Morrisson.
  6. (en) Bernard Hamilton, The Latin Church in the Crusader States : The Secular Church, Londres, 1980, p. 51.
  7. (en) Meron Benvisti, The Crusaders in the Holy Land, JĂ©rusalem, 1970, p. 18 et 215.
  8. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 256.
  9. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 256-257.
  10. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 257.
  11. Claude Cahen, La Syrie du Nord à l'époque des Croisades et la principauté franque d'Antioche], thèse de doctorat ès-Lettres, Université de Paris, éditions P. Geuthner (1940), p. 555-558.
  12. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 259.
  13. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 264.
  14. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 265.
  15. Guillaume de Tyr, Histoire des régions d'Outre-Mer depuis l'avènement de Mahomet, t. II, p. 108-109.
  16. (it) V.C. Corbon, Il Santo Sepolcro di Gerusalemme. Aspetti dalle origini al periodo crociato, 3 vol., JĂ©rusalem, 1982, t. I, p. 197-199.
  17. Maurice halbwachs, La Topographie légendaire des Évangiles en Terre sainte. Étude de mémoire collective, Paris, PUF, 2008, p. 154-155.
  18. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 293.
  19. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 294.
  20. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 295.
  21. Guillaume de Tyr, Histoire des régions d'Outre-Mer depuis l'avènement de Mahomet, t. II, p. 196-206.
  22. Élisabeth Crouzet-Pavan, Le Mystère des rois de Jérusalem (1099-1187), Albin Michel, 2013, p. 292.

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