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Lombard (langue romane)

Le lombard (lombard, lumbard, lumbàart) est une langue[3] appartenant, parmi les langues romanes occidentales, au rameau gallo-italique des langues italo-romanes et possédant un substrat celte et un superstrat lombard germanique.

Elle est parlée dans le nord de l'Italie (principalement en Lombardie, dans la partie orientale du Piémont et dans la partie occidentale du Trentin) et le sud de la Suisse (notamment dans les cantons du Tessin et des Grisons)[4].

En l'absence d'une koinÚ, les différentes variétés du lombard se sont développées indépendamment les unes des autres au cours des siÚcles, tout en maintenant une intelligibilité commune et mutuelle. Les deux variantes principales sont le lombard occidental et le lombard oriental.

Statut et localisation

RĂ©partition du lombard en Europe
Répartition détaillée du Lombard en Italie et en Suisse.

Statut

Le lombard est considĂ©rĂ© comme une langue minoritaire distincte de l’italien par l'Atlas des langues en danger dans le monde de l’UNESCO.

Le lombard n’est pas directement reliĂ© Ă  l’italien, les deux langues faisant partie de branches diffĂ©rentes de la famille des langues romanes. Le romanche, le frioulan, l’occitan et le catalan sont plus proches du lombard que l’italien[5].

Différentes variétés

L’on distingue principalement entre le lombard occidental et le lombard oriental. Toutes les variantes parlĂ©es en Suisse dans les Grisons italiens sont occidentales, alors que l’on trouve les deux variĂ©tĂ©s en Italie. Dans les rĂ©gions de Milan, Varese, CĂŽme et Lecco, notamment, on parle le lombard occidental (dit aussi InsĂčbrich ou dialecte insubre), alors que dans les rĂ©gions de Bergame et de Brescia, ainsi que dans quelques localitĂ©s de l’ouest du Trentin, on parle le lombard oriental.

Les variantes parlées en Valteline ainsi que dans les quatre vallées lombardes des Grisons font la transition entre les deux groupes et présentent certaines particularités. Quant aux dialectes parlés dans les provinces de Novare, de Verbano-Cusio-Ossola et de Verceil (toutes trois parties de la région administrative du Piémont), ils appartiennent au lombard occidental.

La variĂ©tĂ© de lombard qui possĂšde la tradition littĂ©raire la plus ancienne, remontant au XIIIe siĂšcle, est le milanais, aujourd’hui complĂštement supplantĂ© par l’italien dans la rĂ©gion de Milan. On regroupe actuellement sous le terme gĂ©nĂ©rique de « tessinois » les diffĂ©rentes formes de lombard parlĂ©es dans le canton suisse du Tessin, alors qu’il existe une variĂ©tĂ© historique de lombard, appelĂ©e Ă©galement tessinois, utilisĂ©e par les autochtones pour communiquer avec des locuteurs parlant des variantes diffĂ©rentes.

Le lombard Ă©crit

Enseigne de restaurant en lombard, Ă  Poschiavo

Les rares personnes sachant Ă©crire et lire le lombard ont utilisĂ© pendant des siĂšcles des formes bĂątardes du latin ou du toscan (ancĂȘtre de l'italien) comme langue de communication Ă©crite, sans dĂ©velopper d'Ă©criture propre pour le lombard.

Il n'existe pas d'orthographe officiellement reconnue pour le lombard, mais plutĂŽt une sĂ©rie de conventions (ainsi, les syllabes terminales [tʃ] et [k] doivent ĂȘtre Ă©crites respectivement -c et -ch), et diffĂ©rentes traditions divergentes (par exemple, [Ăž] et [y] s'Ă©crivent respectivement oeu et u en milanais traditionnel, largement rĂ©pandu dans la littĂ©rature, mais ö et ĂŒ en Suisse et dans diffĂ©rentes autres rĂ©gions d'Italie. Cette derniĂšre orthographe est gĂ©nĂ©ralement adoptĂ©e de nos jours).

Enseigne de mairie en lombard de Livigno

Le CDE - Centro di dialettologia e di etnografia de Bellinzone, (voir plus bas) a mis au point un systĂšme orthographique avancĂ© pour ses publications. Ce systĂšme prĂ©sente l’avantage de ne pas rompre avec la tradition tout en permettant de restituer la prononciation actuelle. Il souffre toutefois de certaines lacunes, particuliĂšrement dans sa difficultĂ© Ă  distinguer entre voyelles courtes et longues (par exemple, le son terminal -asc est Ă©crit de maniĂšre identique dans casc [kaʃ] 'bourgeon' et masc [maːʃ] 'mai', bien que la voyelle soit plus courte dans le premier cas que dans le second).

Un systĂšme amĂ©liorĂ© qui reprend les principaux concepts du systĂšme du CDE en y apportant plusieurs modifications, a Ă©tĂ© publiĂ© en 2003[6]. Ce systĂšme est actuellement le seul ensemble de rĂšgles Ă©crites s’appliquant Ă  toutes les formes de lombard. Les diffĂ©rents exemples donnĂ©s dans cet article suivent d’ailleurs ce systĂšme.

Phonétique et phonologie

À l’inverse des autres langues romanes, la plupart des dialectes du lombard disposent de plusieurs longueurs diffĂ©rentes de voyelles (par exemple: paas [paːs] 'paix' Ă  comparer avec pass [pas] 'marche', ainsi que ciapaa [tʃaˈpaː] 'attrapĂ©' Ă  comparer avec ciapĂ  [tʃaˈpa] 'attraper'). L’inventaire des phonĂšmes du lombard inclut les voyelles arrondies [y] et [Ăž].

Syntaxe et vocabulaire

Une autre particularitĂ© du lombard par rapport aux langues romanes consiste en l’usage extensif d’idiomatismes construits sous la forme verbe-particule comme en anglais ou en allemand (par exemple: trĂ  'pousser', trĂ  via 'lancer, jeter', trĂ  sĂŒ 'vomir', trĂ  fö(ra) 'enlever' ou encore magnĂ  'manger', magnĂ  fö(ra) 'gaspiller').

De nos jours

Si l’italien standard est largement rĂ©pandu dans toutes les zones oĂč l’on parle le lombard, le statut de ce dernier est toutefois trĂšs diffĂ©rent en Suisse et en Italie. De fait, les rĂ©gions de Suisse parfois dĂ©signĂ©es sous le terme de Suisse lombarde (Lombardia svizzera) sont devenues de nos jours les vĂ©ritables gardiennes du lombard.

Le LSI, publié en 2004

En Suisse

En Suisse, les diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s de lombard sont gĂ©nĂ©ralement mieux prĂ©servĂ©es qu’en Italie. Aucune rancune n’est associĂ©e Ă  la pratique quotidienne du lombard. Certaines Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision en tessinois (gĂ©nĂ©ralement des comĂ©dies) sont parfois retransmises Ă  la TSI[7]. Il n’est pas rare, lorsque l’on aborde quelqu’un dans la rue, qu’il rĂ©ponde spontanĂ©ment en lombard. Le principal institut de recherche sur le lombard (le CDE - Centro di dialettologia e di etnografia, une institution cantonale) se trouve Ă  Bellinzone, en Suisse, et n’a pas d’équivalent en Italie.

En dĂ©cembre 2004, le CDE a publiĂ© un dictionnaire en cinq volumes[8] couvrant l’ensemble des dialectes lombards parlĂ©s en Suisse. Il s’agit Ă  ce jour du plus vaste ouvrage jamais publiĂ© en lombard, comprenant plus de 4 500 pages et environ 57 000 lexĂšmes avec plus de 190 000 variantes parlĂ©es.

En Italie

Signalisation bilingue en lombard placĂ©e sous l’affiche dĂ©signant l’entrĂ©e d’une agglomĂ©ration Ă  Soncino, dans la Province de CrĂ©mone.

L’usage des dialectes lombards est plus rare de nos jours en Italie pour plusieurs raisons, Ă  la fois historiques et sociales. l’usage du lombard a Ă©tĂ© dĂ©couragĂ© par les gouvernements italiens, qui percevaient probablement le dialecte comme un obstacle Ă  la crĂ©ation d’une identitĂ© nationale italienne.

Ces faits expliquent Ă©galement que parler un dialecte soit sujet Ă  controverse en Italie. De fait, le parti politique qui soutient le plus le lombard dans sa forme parlĂ©e dans le Nord de l’Italie est la Ligue du Nord (bien que, dans le passĂ©, les partis de droite aient plutĂŽt eu tendance Ă  dĂ©fendre les variantes purement locales).

La majoritĂ© des Lombards de moins de quarante ans ne parlent plus que l’italien standard dans la vie de tous les jours, principalement du fait que l’école et la tĂ©lĂ©vision n’utilisent que cette langue. Les personnes parlant l’un des dialectes lombards s’adresseront pratiquement toujours en italien standard Ă  un inconnu. Cependant, depuis les annĂ©es 1990, une recrudescence de l’utilisation du lombard a Ă©tĂ© observĂ©e dans la rĂ©gion, permettant aux autochtones d’exprimer une distance entre eux et la culture plus mĂ©diterranĂ©enne du reste du pays.

L’on note Ă©galement depuis quelques annĂ©es l’apparition de plusieurs artistes chantant en lombard (appelĂ© en italien « rock dialettale »). Ce phĂ©nomĂšne est en expansion tant en Suisse qu’en Italie. Parmi les reprĂ©sentants les plus connus de cette tendance, citons Davide Van de Sfroos[9], de son nom d'Ă©tat civil Davide Bernasconi, et Tiziano Incani, dit Il Bepi[10].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Lombard language » (voir la liste des auteurs).
  1. code générique
  2. (en) « Documentation for ISO 639 identifier: LMO »
  3. (en) Mary C. Jones et Claudia Soria, Policy and Planning for Endangered Languages, Cambridge, Cambridge University Press, (lire en ligne), « Assessing the effect of official recognition on the vitality of endangered languages: a case of study from Italy », p. 130
    « Lombard (Lumbard, ISO 639-9 lmo) is a cluster of essentially homogeneous varieties (Tamburelli 2014: 9) belonging to the Gallo-Italic group. It is spoken in the Italian region of Lombardy, in the Novara province of Piedmont, and in Switzerland. Mutual intelligibility between speakers of Lombard and monolingual Italian speakers has been reported as very low (Tamburelli 2014). Although some Lombard varieties, Milanese in particular, enjoy a rather long and prestigious literary tradition, Lombard is now mostly used in informal domains. According to Ethnologue, Piedmontese and Lombard are spoken by between 1,600,000 and 2,000,000 speakers and around 3,500,000 speakers respectively. These are very high figures for languages that have never been recognised officially nor systematically taught in school »
  4. Claudi Meneghin Rebuilding the Rhaeto-Cisalpine written language: Guidelines and criteria. Part I: ORS-Orthography, p.37 ainsi que les références contenues dans l'article.Lire en ligne
  5. Claudio Beretta, Letteratura dialettale milanese. Itinerario antologico-critico dalle origini ai nostri giorni, Hoepli, (ISBN 8820332477 et 9788820332471)
  6. RTSI
  7. LSI
  8. Davide Van De Sfroos 19 Aprile 2008 Datch Forum Assago
  9. http://www.ilbepi.com/

Voir aussi

Bibliographie

  • (lmo) JĂžrgen G. Bosoni, « Una proposta di grafia unificata per le varietĂ  linguistiche lombarde: regole per la trascrizione », Bollettino della SocietĂ  Storica dell’Alta Valtellina, vol. 6,‎ , p. 195-298
  • (en) Bernard Comrie, Stephen Matthews et Maria Polinsky (eds.), The Atlas of languages: the origin and development of languages throughout the world, New York, Facts On File,
  • (it) Glauco Sanga, La lingua Lombarda, in KoinĂ© in Italia, dalle origini al 500, Bergame, Lubrina publisher

Articles connexes

Liens externes

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