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Bataille de Stamford Bridge

La bataille de Stamford Bridge se déroule le près du village de Stamford Bridge, dans le Yorkshire. Elle oppose l'armée anglaise menée par Harold Godwinson aux forces du roi de Norvège Harald Hardrada, qui cherche à s'emparer du trône d'Angleterre avec l'aide de Tostig, le frère exilé de Harold. Ce dernier sort vainqueur de l'affrontement, durant lequel Harald et Tostig trouvent la mort.

Bataille de Stamford Bridge
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Stamford Bridge dans une hagiographie anglo-normande d'Édouard le Confesseur du milieu du XIIIe siècle (Cambridge MS Ee.3.59).
Informations générales
Date
Lieu Stamford Bridge (Yorkshire)
Issue Victoire anglaise
Forces en présence
~ 7 500 hommes~ 7 000 hommes
moitié de housecarles (infanterie lourde montée) et moitié de Fyrds (milice)
Pertes
~ 7 000 hommes~ 2 000 hommes

Guerre de succession d'Angleterre

Batailles

CoordonnĂ©es 53° 59′ 33″ nord, 0° 54′ 45″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
Bataille de Stamford Bridge
GĂ©olocalisation sur la carte : Yorkshire de l'Est
(Voir situation sur carte : Yorkshire de l'Est)
Bataille de Stamford Bridge

Cette bataille contribue indirectement à la conquête normande de l'Angleterre. En apprenant le débarquement de Guillaume de Normandie dans le Sussex, Harold doit ramener ses troupes diminuées vers le sud à marche forcée. Il est à son tour vaincu et tué le 14 octobre à Hastings.

Contexte

Le roi d'Angleterre Édouard le Confesseur meurt sans laisser d'enfants le 5 janvier 1066. Le witan, assemblée composée des principaux nobles et ecclésiastiques du royaume, élit pour lui succéder le comte de Wessex Harold Godwinson, qui est couronné dès le lendemain de la mort d'Édouard. Deux adversaires de taille ne tardent pas à contester la succession du roi défunt : le duc Guillaume de Normandie et le roi Harald de Norvège. Ce dernier appuie ses prétentions sur un traité conclu entre son prédécesseur, Magnus le Bon, et celui d'Édouard, Hardeknut, en vertu duquel l'Angleterre et la Norvège reviendraient à l'autre si l'un d'eux mourait sans laisser d'héritier.

Harald dĂ©barque en Angleterre vers la fin de l'Ă©tĂ© 1066 Ă  la tĂŞte d'une flotte de 300 navires, avec peut-ĂŞtre 15 000 hommes sous ses ordres. Il bĂ©nĂ©ficie du soutien de Tostig Godwinson, frère du roi Harold et ancien comte de Northumbrie chassĂ© par ses sujets l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Les troupes norvĂ©giennes s'emparent de la ville de Scarborough, rembarquent puis dĂ©barquent Ă  Riccall, sur le bord de la rivière Ouse du Yorkshire. Elles battent l'armĂ©e des comtes Edwin de Mercie et Morcar de Northumbrie le 20 septembre Ă  Fulford. Cette victoire ouvre Ă  Harald la route d'York, deuxième ville du royaume d'Angleterre, qui tombe entre ses mains le 24.

Harold Godwinson se trouve Ă  Londres quand il prend connaissance de cette invasion le 15 septembre. Il dĂ©cide d'affronter en prioritĂ© cette menace, car il estime que la tempĂŞte qu'a subie la flotte de Guillaume le ConquĂ©rant le 12 septembre et les difficultĂ©s de traversĂ©e avec l'approche de l'automne rendent le danger venant du sud moins pressant. Avec son frère Gyrth et sa garde rapprochĂ©e, les housecarles, il parcourt les 320 km en quatre jours. Le 24 septembre, il arrive Ă  Tadcaster, Ă  environ 16 km au sud-ouest de York, et rejoint ce qui reste des forces des comtes Edwin et Morcar. Les marins de Morcar, dont la petite flotte est amarrĂ©e Ă  Ulleskill, l'informent que Harald et Tostig ont quittĂ© York pour retourner auprès de leurs navires Ă  Riccall avec la totalitĂ© de leur armĂ©e.

La bataille

Harald est installĂ© près de Stamford Bridge, sur la rivière Derwent, Ă  20 km d'York. Il a renvoyĂ© environ un tiers de ses effectifs pour garder ses bateaux Ă  Riccall, Ă  30 km de lĂ . Il reste au roi norvĂ©gien sans doute moins de 6 000 hommes, dĂ©contractĂ©s, ayant laissĂ© une partie de leur Ă©quipement dans les bateaux, sans mĂŞme d’avant-postes. Il attend les otages et les tributs, fruits de sa victoire. L’attaque anglaise est une surprise totale.

L’armĂ©e anglaise (de 3 000 Ă  8 000 hommes) s’approche rapidement venant de l’ouest, cachĂ©e Ă  la vue des Vikings par une crĂŞte. La rivière, franchissable uniquement par le pont, isole un petit contingent campĂ© Ă  l’ouest du corps principal des Vikings, situĂ© Ă  environ 1 km Ă  l’est, au-delĂ  du pont. Le petit groupe Ă  l'ouest du pont se replie, mais son arrière-garde se fait massacrer. Selon la chronique anglo-saxonne, un « grand NorvĂ©gien » fit face Ă  l'armĂ©e anglaise et tua 40 Anglais. Contrairement Ă  la croyance populaire, aucune source ne nous permet de dire qu'il s'agissait d'un Berserker. Il fut tuĂ© par un guerrier qui passa sous le pont et qui le frappa avec sa lance Ă  travers les planches[1]. Pendant ce temps, le gros des forces nordiques se masse en une ligne de dĂ©fense le long de la crĂŞte Ă  l’est.

Les forces vikings sont non seulement très vulnérables, car la plus grande partie de leurs armes sont restées sur leurs bateaux, mais aussi divisées. Cinq mille hommes gardent les navires : un petit nombre sur la rive nord et le reste sur la partie sud.

Harald ne connaît pas le terrain et n’a pas de plan, car cette bataille le prend par surprise. Tostig, qui connaît bien les capacités guerrières d’Harold, le presse de ne pas accepter le combat, mais de battre plutôt en retraite vers Riccall. Harald envisage cette possibilité, mais décide de se battre quand même, car il craint que les housecarls n'attaquent de flanc rapidement. Il a aussi pu penser que Harold avait envoyé assez d’hommes pour prendre Kexby, un point crucial pour traverser le Derwent, bloquant toute retraite vers Ricall.

Harold offre alors à Tostig la restitution de son titre et de ses terres s'il dépose les armes. Tostig ayant demandé une compensation pour son allié Harald, son frère lui répond qu'il n'aura droit qu'à une tombe. Tostig choisit de rester fidèle aux Norvégiens.

La Bataille de Stamford Bridge, par Peter Nicolai Arbo (1870).

Harald envoie un messager à Eystein Orre, le commandant du contingent à Riccall, qu'il vienne immédiatement à Stamford Bridge. Il évacue rapidement la plupart des hommes qui sont sur la rive nord vers le sud, laissant une petite arrière-garde près du pont. Hardråde et Tostig ont juste le temps de former une ligne de défense avec leurs hommes les mieux armés le long d’une crête, à environ 300 mètres au sud-est du Derwent.

Les Anglo-Saxons passent alors la rivière et chargent vainement la position viking en plusieurs rangs. Les Vikings chargent à leur tour depuis la crête, s’enfonçant en coin dans les rangs ennemis qui, de manière classique, reculent au centre, aspirant l’ennemi dans une poche où il se retrouve assailli de tous côtés.

Les Vikings ont le dĂ©savantage d’un armement partiel, mais sont plus frais que les Anglais, qui viennent de parcourir une vingtaine de kilomètres. Le massacre est Ă©quilibrĂ©. Harald se jette en avant, mais une flèche lui transperce la gorge, puis Tostig tombe Ă  son tour. Bien que leurs chefs aient pĂ©ri, les Vikings poursuivent le combat, en situation d'infĂ©rioritĂ©. Eystein Orre rejoint alors le champ de bataille avec le contingent viking de Ricall. Ce dernier renverse pour un bref moment le cours de la bataille. Cependant, ces troupes viennent de faire une marche forcĂ©e de 30 km sous une canicule exceptionnelle. ÉpuisĂ©es, elles finissent par ĂŞtre repoussĂ©es, entraĂ®nant l'effondrement de l'armĂ©e viking. Les Anglais poursuivent l’ennemi en dĂ©route jusqu’à Riccall, oĂą Harold met fin Ă  la tuerie et permet aux survivants de rembarquer. Parmi eux se trouve Olaf Kyrre, le fils de Harald. Selon la Chronique anglo-saxonne, les pertes subies par les NorvĂ©giens sont si sĂ©vères que des 300 navires de leur flotte, 24 suffisent Ă  rembarquer les survivants[2].

Conséquences

Le 25 septembre 1066 est souvent considéré comme marquant la fin de l'ère Viking[3]. Les projets de conquête de l'Angleterre par les Scandinaves s'évanouirent. La dernière expédition viking en Europe eut lieu en 1102, quand Magnus III, petit-fils du roi Harald, attaqua l'île de Man et l'Irlande.

Harold doit ensuite repartir vers le Sud pour affronter Guillaume le Conquérant à la bataille d'Hastings. Décimés par la bataille et épuisés par leur marche forcée jusqu'à Hastings, les Anglais se retrouvèrent hors d'état de défaire les armées de Guillaume le Conquérant[3].

Notes et références

  1. (en) « English Heritage Battlefield Report: Stamford Bridge 1066 », sur historicengland.org.uk (consulté le )
  2. (en) The Anglo-Saxon Chronicle (trad. Michael Swanton), New York, Routledge, , p. 199.
  3. RĂ©gis Boyer et RĂ©gis Boyer 2008, p. 243

Voir aussi

Bibliographie

  • La saga de Harald l'impitoyable, XIIIe siècle, traduite et prĂ©sentĂ©e par RĂ©gis Boyer, Payot, 1979.
  • RĂ©gis Boyer, Les Vikings : histoire, mythes, dictionnaire, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 912 p. (ISBN 978-2-221-10631-0).
  • John Haywood (trad. de l'anglais par Martine Selvadjian, prĂ©f. RĂ©gis Boyer), Atlas des Vikings, Paris, Éditions Autrement, coll. « Atlas / MĂ©moires », , 144 p. (ISBN 978-2-86260-569-2).
  • (en) Richard Brooks, Cassell's battlefields of Britain and Ireland, Londres, Weidenfeld & Nicolson, , 724 p. (ISBN 978-0-304-36333-9).

Liens externes

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