Bardas Phocas le Jeune
Membre de lâune des plus grandes familles de Constantinople, Bardas Phocas ou Phokas (en grec : ÎÎŹÏÎŽÎ±Ï ÎŠÏÎșáŒÏ) est un gĂ©nĂ©ral byzantin qui prit part Ă trois rĂ©voltes, lâune en appui Ă la dynastie macĂ©donienne, les deux autres contre elle. Dans la premiĂšre, il dĂ©fendit les intĂ©rĂȘts de sa famille contre lâusurpation de Jean TzimiscĂšs ; dans la seconde, il dĂ©fendit le jeune empereur Basile II contre Bardas SklĂšros, usurpateur potentiel ; enfin, il se retourna contre Basile II qui entendait affirmer son autoritĂ© sur lâarmĂ©e. On ignore le lieu et la date de sa naissance ; il mourut le 13 avril 989.
Naissance | |
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Nicéphore Phocas Barytrachelos Léon Phocas (d) |
Grade militaire | |
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Conflit |
PremiÚre révolte : contre Jean TzimiscÚs
Bardas descendait des Phocas, lâune des plus Ă©minentes familles de lâaristocratie byzantine au Xe siĂšcle. Son pĂšre, LĂ©on Phocas le Jeune, portait le titre de curopalate et Ă©tait le frĂšre de lâempereur NicĂ©phore II Phocas (rĂšgne 963-969). DĂšs son plus jeune Ăąge, il se tailla une rĂ©putation enviable pour sa connaissance de lâart de la guerre.
« Selon les historiens, ce Bardas rappelait aux gens son oncle, lâempereur NicĂ©phore, en raison de son air lugubre et constamment aux aguets, prĂȘt Ă parer Ă toutes les Ă©ventualitĂ©s, comprenant tout dâun seul coup dâĆil. Loin dâĂȘtre ignorant des manĆuvres militaires, il nây avait aucun aspect de la guerre de siĂšge, aucune astuce des embuscades, aucune tactique des batailles rangĂ©es dont il nâavait une excellente comprĂ©hension. De plus, en ce qui concerne la force physique, il Ă©tait encore plus Ă©nergique et viril que SklĂ©ros. En fait, quiconque recevrait un coup de sa main, serait un homme mort sur le champ et des armĂ©es entiĂšres se mettaient Ă trembler sâil criait de loin. »
â Michel Psellos, Chronographie
.
Il sâillustra entre autres en envahissant ce qui restait de lâArmĂ©nie arabe et en dĂ©truisant sa capitale, Manzikert. LâannĂ©e suivante, en 970, lorsque NicĂ©phore fut assassinĂ© par son Ă©pouse ThĂ©ophano et son amant, Jean Ier TzimiscĂšs (r. -), Phocas et sa famille se rebellĂšrent contre le nouvel empereur, qui Ă©tait Ă©galement leur cousin. Bardas fut proclamĂ© empereur par les troupes stationnĂ©es Ă CĂ©sarĂ©e, le fief de la famille Phokas, mais sa rĂ©bellion fut rapidement maitrisĂ©e par un autre commandant de grande rĂ©putation, Bardas SklĂ©ros, beau-frĂšre de Jean TzimiscĂšs, membre de lâune des plus anciennes et des plus riches familles byzantines qui avait exercĂ© la fonction de domestique dâOrient. Phokas et les siens furent capturĂ©s et exilĂ©s sur lâile de Chios oĂč ils passĂšrent les sept annĂ©es suivantes[1] - [2] - [3].
DeuxiÚme révolte : contre Skléros
Ă la mort de Jean TzimiscĂšs, il semblait dans cette Ă©poque de pronunciamientos militaires que son beau-frĂšre, Bardas SklĂ©ros, hĂ©riterait du trĂŽne. Toutefois, avec lâappui de leur grand-oncle, lâeunuque Basile LĂ©kapĂšne, les fils de Romain II, Basile II (coempereur 960, rĂšgne 976-1025) alors ĂągĂ© de 18 ans et Constantin VIII ĂągĂ© de 16 ans furent proclamĂ©s empereurs. Mais si Constantin Ă©tait un jouisseur qui nâaspirait guĂšre Ă gouverner, son frĂšre ainĂ© Ă©tait douĂ© dâun caractĂšre Ă©nergique Ă qui il tardait de se dĂ©barrasser de la tutelle du parakimomĂšne Basile. Câest du reste contre lui plus que contre les hĂ©ritiers du trĂŽne que Bardas SklĂ©ros se rebella en 976. AprĂšs sâĂȘtre emparĂ© pratiquement de toute lâAsie Mineure, il sâapprocha de Constantinople en 978. Basile LĂ©kapĂšne fit alors appel Ă Bardas qui fut libĂ©rĂ© de prison et envoyĂ© dans sa Cappadoce natale, fief des Phocas, pour soulever lâaristocratie locale. Ăvitant dâengager le combat prĂšs de Constantinople, Phocas parvint Ă attirer SklĂ©ros vers CĂ©sarĂ©e, la citadelle des Phocas. Si SklĂ©ros gagna les premiĂšres batailles, il fut dĂ©fait par Phocas lors dâun combat singulier le 24 mai 979 dans la plaine de Pankaleia. SklĂ©ros dut sâenfuir Ă la cour des califes. Bardas Phocas fut rĂ©compensĂ© de ses services et nommĂ© au poste prestigieux de domestique des Scholes ; il se mit immĂ©diatement en frais de prendre charge des armĂ©es byzantines pour aller reconquĂ©rir Alep alors aux mains des Sarrasins. AprĂšs quoi, aux dires de Psellos, « on lui accorda le privilĂšge du triomphe et il put prendre place parmi les amis personnels du souverain »[4] - [5] - [6].
TroisiÚme révolte : contre Basile II
Basile II ne pouvait supporter plus longtemps la tutelle de son grand-oncle. Il Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă prendre personnellement le contrĂŽle de lâarmĂ©e, ce qui alarma rapidement Ă la fois Basile LĂ©kapĂšne et Bardas Phokas ; le premier fut envoyĂ© en exil en 986, alors que Bardas Phokas se vit retirer le commandement des armĂ©es pour devenir duc dâAntioche, poste qui le retiendrait loin de Constantinople. EncouragĂ©s par lâĂ©chec de lâempereur dans sa lutte contre Samuel de Bulgarie, Phokas et SklĂ©ros entamĂšrent en 987 des nĂ©gociations secrĂštes, sâentendant sur un partage Ă©ventuel de lâempire : SklĂ©ros se verrait attribuer des pouvoirs extraordinaires en Syrie byzantine et en MĂ©sopotamie, alors que Phokas se verrait reconnu empereur. Ce sur quoi, Bardas Phokas fut Ă nouveau acclamĂ© empereur par ses troupes le 15 aoĂ»t 987[7].
CâĂ©tait un marchĂ© de dupes, car lâAsie Mineure appartenait dĂ©jĂ Ă Phokas. Peu aprĂšs la conclusion de lâentente, Phokas, qui avait Ă©tĂ© entretemps nommĂ© domestique dâOrient, fit emprisonner SklĂ©ros et demeura seul prĂ©tendant. Il sâapprocha alors de Constantinople, prĂ©parant une attaque Ă la fois par terre et par mer. Basile II, dont la situation Ă©tait presque dĂ©sespĂ©rĂ©e, fit alors appel Ă son beau-frĂšre Vladimir, prince de Kiev, lequel, au printemps de 988 lui envoya une troupe de 6 000 VarĂšgues qui remportĂšrent une victoire Ă©clatante devant Chrysopolis[8] - [9].
La bataille finale eut lieu Ă Abydos, le 13 avril 989. Les deux armĂ©es se faisaient face ; Phokas galopa vers lâavant, cherchant manifestement Ă attirer lâempereur qui chevauchait devant ses troupes dans un combat singulier. Alors que les deux hommes Ă©taient tout prĂšs, Phokas fit sans doute un arrĂȘt cardiaque, tomba de cheval et mourut ; on lui trancha la tĂȘte qui fut remise Ă Basile. La rĂ©bellion se terminait ; un ultime soulĂšvement de Bardas SklĂ©ros se termina par un arrangement Ă lâamiable et la soumission de lâusurpateur[10] - [11] - [12].
Mariage et progéniture
Bardas était marié à une de ses cousines, Adralestina, qui lui laissa deux fils, Léon et Nicéphore. Son petit-fils, qui portait également le prénom de Bardas, fut aveuglé par les autorités impériales en 1025.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Bardas Phokas the Younger » (voir la liste des auteurs).
- Ostrogorsky 1977, p. 319.
- Treadgold 1997, p. 504 et 507.
- Norwich 1994, p. 212, 218.
- Ostrogorsky 1977, p. 323-324.
- Treadgold 1997, p. 514-518.
- Norwich 1994, p. 233-235.
- Treadgold 1997, p. 516-517.
- Vasiliev 1952, p. 323.
- Treadgold 1997, p. 517-518.
- Ostrogorsky 1977, p. 329 et 330.
- Treadgold 1997, p. 518.
- Norwich 1994, p. 239-242.
Bibliographie
Source primaire
- (en) Michael Psellos, Chronographia (lire en ligne).
Sources secondaires
- (en) John Julius Norwich, Byzantium, vol. II : The Apogee, New York, Knopf, , 389 p. (ISBN 0-394-53779-3).
- Georges Ostrogorsky, Histoire de lâĂtat byzantin, Paris, Fayot, (1re Ă©d. 1956), 649 p. (ISBN 2-228-07061-0).
- (en) Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society, Stanford, Stanford University Press, , 1019 p. (ISBN 0-8047-2630-2, présentation en ligne).
- (en) A. A. Vasiliev, History of the Byzantine Empire, Madison, The University of Wisconsin Press, (ISBN 0-299-80925-0 et 0-299-80926-9).