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Mer Caspienne

La mer Caspienne est une vaste Ă©tendue d'eau situĂ©e en Asie occidentale, principalement alimentĂ©e par la Volga, issue de la fermeture d’une mer ocĂ©anique ancienne, l'ocĂ©an ou mer ParatĂ©thys. Bien qu'il s'agisse, d'un point de vue strictement juridique, d'un lac[2], on la qualifie couramment de plus grande mer fermĂ©e du monde. Elle est bordĂ©e au nord et Ă  l’est par les steppes de l’Asie centrale, Ă  l’ouest et au sud par des chaĂźnes issues de l’orogĂ©nĂšse himalayo-alpine : respectivement Caucase et Elbourz. Les pays riverains sont (dans le sens des aiguilles d'une montre) : le Kazakhstan au nord-est, le TurkmĂ©nistan au sud-est, l’Iran au sud, l’AzerbaĂŻdjan au sud-ouest, et la Russie au nord-ouest (avec le Daghestan, la Kalmoukie et l’oblast d'Astrakhan). Son niveau varie selon les annĂ©es, mais de 1995 Ă  2017 il diminue rapidement (−6,72 cm/an en moyenne, soit −1,5 m en 20 ans) principalement Ă  cause d'une Ă©vaporation accrue par le rĂ©chauffement climatique, et cette tendance devrait se poursuivre[3].

Mer Caspienne
Image illustrative de l’article Mer Caspienne
La mer Caspienne vue de l'espace (image satellite de la NASA).
Administration
Pays Drapeau de l'AzerbaĂŻdjan AzerbaĂŻdjan
Drapeau de l'Iran Iran
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan
Drapeau de la Russie Russie
Drapeau du Turkménistan Turkménistan
Fait partie de Aire méditerranéenne (d) (?)
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 40° N, 51° E
Type Endoréique, Salée, Permanent, Naturel
Origine Naturel
Superficie 371 000 km2[1]
Longueur 1 030 km
Largeur 435 km
PĂ©rimĂštre 7 000 km
Altitude −28 m
Profondeur
· Maximale
· Moyenne

1 025 m
211 m
Volume 78 200 km3
Hydrographie
Bassin versant 3 626 000 km2
Alimentation Volga
Émissaire(s) Évaporation
Durée de rétention 250 ans
Îles
Nombre d’üles Nombreuses
GĂ©olocalisation sur la carte : Asie
(Voir situation sur carte : Asie)
Mer Caspienne
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
(Voir situation sur carte : Europe)
Mer Caspienne
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
(Voir situation sur carte : Russie européenne)
Mer Caspienne
GĂ©olocalisation sur la carte : Kazakhstan
(Voir situation sur carte : Kazakhstan)
Mer Caspienne

DĂ©nominations

Caspien est emprunté au latin caspianus, dérivé du latin caspius.

Son nom vient du peuple riverain antique des Caspiens, issu de la racine hourrite kas signifiant « montagnard » dont dérivent aussi les noms des Kassites des monts Zagros, des monts du Caucase et de la ville de Qazvin en Iran[4].

Dans l’AntiquitĂ©, elle Ă©tait aussi appelĂ©e mer Hyrcanienne (en latin : mare Hyrcanum[5]) d'aprĂšs la rĂ©gion riveraine d'Hyrcanie.

Au Moyen Âge, elle fut aussi appelĂ©e mer Hvalissienne[6] ou Choresmienne (liĂ© aux Hvalis, les habitants du Choresm).

Dans les sources arabes, elle se nomme la Bahr el-Qazvin d'aprĂšs la ville iranienne Qazvin.

En Iran, elle s’appelle aussi mer Khazare (Daryā-ye Khazar)[7] et parfois mer de Mazandaran (Daryā-ye Mazandaran), d'aprĂšs la rĂ©gion iranienne qui la borde.

Chez les peuples turciques comme les Azéris, les TurkmÚnes, et les Turcs, la mer Caspienne est désignée par le nom Khazar/Hazar :

  • en turkmĂšne : Hazar deƈizi ;
  • en azĂ©ri : Xəzər dənizi ;
  • en turc moderne : Hazar denizi.

Par extension, certains gĂ©ographes emploient caspienne — avec un c minuscule — comme adjectif pour dĂ©signer une mer fermĂ©e[8].

Il existe aussi une race chevaline « caspienne »[9] - [10].

GĂ©ographie

Villes et cĂŽtes

Bakou, capitale de l'AzerbaĂŻdjan, est la ville la plus importante de la mer Caspienne.

La mer Caspienne a un littoral d'environ 6 000 km (7 000 km avec les Ăźles). La longueur du littoral dans chacun des États riverains est la suivante[11] :

Vue sur la mer Caspienne Ă  Bakou.

Les principales villes au bord de la mer Caspienne sont :

Projets

Plusieurs projets de canaux sont en discussion :

  • en 2016, des discussions sont ouvertes afin de rĂ©aliser le Canal perse, rejoignant la Caspienne Ă  la mer Noire[12] ; le canal Don-Volga permet toutefois dĂ©jĂ  de relier la mer Caspienne Ă  la mer Noire ;
  • parallĂšlement, fait l'objet de pourparlers un projet de canal entre la Caspienne et le golfe Persique.

Caractéristiques hydrographiques et géologiques

Superficie et profondeur

La mer Caspienne est, avec une superficie de 371 000 km2, la plus grande des masses d’eau enclavĂ©es du monde[11] - [13] - [14] - [15] - [16] - [17] - [Note 1]. Sa longueur maximale est de 1 030 km dans l’axe nord-sud, sa largeur maximale est de 435 km est-ouest. Ses caractĂ©ristiques en font un phĂ©nomĂšne hydrologique unique, qui transcende Ă  bien des Ă©gards les classifications habituelles. L’expression « mer fermĂ©e », qu’on lui applique couramment (ainsi qu’à la mer d'Aral), est probablement la plus Ă  mĂȘme de mettre en Ă©vidence ses singularitĂ©s, tant vis-Ă -vis des mers ouvertes que des lacs classiques.

Si on la compare aux mers Ă©picontinentales europĂ©ennes, elle est cinq fois plus grande que la Manche (75 000 km2), deux fois et demie plus grande que l’Adriatique (160 000 km2), deux fois plus grande que la mer ÉgĂ©e (180 000 km2)[18] et presque aussi grande que la mer Noire (411 000 km2). Si on la compare aux grands lacs endorĂ©iques, elle est quatre-vingt-quatre fois plus grande que le Grand Lac SalĂ© (4 400 km2), quarante fois plus grande que le lac Eyre (9 900 km2) et vingt fois plus grande que le lac Balkhach (18 200 km2).

La profondeur maximale de la mer Caspienne est de 1 025 m, et sa profondeur moyenne de 211 m.

GĂ©ologie

D’un point de vue gĂ©ologique, hydrographique et historique, la mer Caspienne est une mer rĂ©siduelle de l’ocĂ©an ou mer ParatĂ©thys. C’est la plus grande mer fermĂ©e du monde. Elle a la mĂȘme origine que la mer Noire et la mer d'Aral. Durant le PliocĂšne, l’ancienne ParatĂ©thys se subdivisa en plusieurs mers intĂ©rieures qui finirent par ne plus ĂȘtre reliĂ©es les unes aux autres. Ce fut notamment le cas de la mer de Pannonie, une mer intĂ©rieure qui occupait l’actuelle plaine pannonienne. La plupart de ces mers fermĂ©es disparurent Ă  la fin du PlĂ©istocĂšne. À prĂ©sent, seules la mer Noire, la mer Caspienne et la mer d'Aral subsistent. Elles gardent les caractĂ©ristiques gĂ©ologiques, hydrologiques et mĂȘme, sur certains points, biologiques de base de la mer ocĂ©anique dont elles sont issues, modifiĂ©es au fil des millions d’annĂ©es, pour les deux derniĂšres, par leur enclavement et leur alimentation constante en eau douce, tandis que la premiĂšre au contraire a reçu rĂ©cemment (il y a 7 000 ans) d’importants apports d’eau salĂ©e mĂ©diterranĂ©enne.

Salinité

La salinitĂ© de la mer Caspienne est d'environ 12 grammes de sel par litre d’eau, soit le tiers de la salinitĂ© de la plupart des mers ou ocĂ©ans (38 grammes de sel par litre en MĂ©diterranĂ©e, 35 dans l'Atlantique). La salinitĂ© varie de 10 grammes au niveau de l’embouchure de la Volga, Ă  350 grammes dans l’immense bassin naturel de concentration de Kara-Bogaz-Gol dont l’eau ne cesse de s’évaporer, remplacĂ©e au fur et Ă  mesure Ă  travers l’étroite passe qui la relie Ă  la Caspienne.

Niveau de la mer Caspienne

La mer Caspienne se situe 27,6 mĂštres en dessous du niveau des ocĂ©ans[19].

Elle s’isole de l’ancienne ParatĂ©thys il y a environ 5,5 millions d'annĂ©es, en raison du soulĂšvement tectonique du Caucase et de la baisse du niveau des ocĂ©ans (rĂ©gression marine). Lors de pĂ©riodes climatiques chaudes et arides, la Caspienne a pu s’assĂ©cher en partie, dĂ©posant des sĂ©diments comme la halite, qui furent recouverts par des dĂ©pĂŽts Ă©oliens. La mer se serait ensuite remplie de nouveau lorsque le climat et l’eau douce des fleuves environnants l’ont permis. Le niveau de la mer Caspienne fluctue au cours du temps, selon le climat, donc l’évaporation, et selon le dĂ©bit de la Volga, son principal tributaire, lequel dĂ©pend de l’abondance des prĂ©cipitations sur l’ensemble de son trĂšs Ă©tendu bassin versant. Le niveau de la mer est descendu et montĂ© de nombreuses fois au cours des siĂšcles : par exemple, les sources de l’AntiquitĂ© la dĂ©crivent plus Ă©tendue au nord qu’aujourd’hui, et reliĂ©e Ă  la mer d'Aral par un chenal aujourd’hui Ă  sec Ă  travers l’actuel Turkmenistan ; celles du Moyen Âge dĂ©crivent une montĂ©e des eaux provoquant l’inondation des villes cĂŽtiĂšres de Khazarie, comme celle d’Itil.

Le niveau de la mer Caspienne oscille saisonniĂšrement et annuellement, mais il a baissĂ© de 3 mĂštres de 1929 Ă  1977 pour ensuite remonter de 3 mĂštres (ou 1,5 m selon le rapport Dobris[20]) de 1977 Ă  1995 pour Ă  nouveau diminuer[3]. Le littoral iranien est ainsi un Ă©cotone particuliĂšrement mouvant. Les causes de ces variations ne sont pas encore complĂštement comprises, mais elle pourrait ĂȘtre liĂ©e au phĂ©nomĂšne ENSO[21] ; des perturbations nord-atlantiques plus frĂ©quentes modifient la pluviomĂ©trie en Russie, en lien avec les cycles de l’oscillation nord-atlantique. Dans ce contexte, une tendance continue Ă  la baisse de niveau, une salinisation avec eutrophisation sont attendues[3].

Ces phénomÚnes font de la Caspienne un lieu intéressant d'étude des causes et effets du changement climatique qui affecte l'ensemble du globe[22].

Hydrographie : vents, courants et marées

Mer Caspienne prÚs d'Aktau, dans la région de Manguistaou, Kazakhstan.

Les fleuves Volga, Oural, Koura et Emba se jettent dans la mer Caspienne. La Volga assure Ă  elle seule 80 % des apports en eau douce de la mer Caspienne. Une grande partie de l'Europe de l’Est, drainĂ©e par la Volga, appartient au bassin versant de la Caspienne.

Les prĂ©cipitations atmosphĂ©riques, qui dĂ©pendent des reliefs cĂŽtiers, sont distribuĂ©es inĂ©galement sur les littoraux de la Caspienne. La moyenne annuelle des prĂ©cipitations est de 100 mm pour l'ensemble des cĂŽtes, rĂ©parties de la maniĂšre suivante[11] :

  • 300 mm dans le nord ;
  • environ 300–400 mm Ă  600 mm Ă  l'ouest ;
  • 1 600 mm dans le sud-ouest ;
  • 90 mm dans la partie orientale de la Caspienne ;
  • environ 200 mm pour la pĂ©ninsule d'Absheron.

À l'instar de la Baltique, de la mer Noire et de nombreuses mers resserrĂ©es ou de faible Ă©tendue, la Caspienne n'a pas de marĂ©es vĂ©ritablement apprĂ©ciables[23]. Elle conserve cependant une dynamique continue en surface, avec des vagues et des courants. Pendant les deux tiers de l'annĂ©e (250 jours), des vents forts et modĂ©rĂ©s s'apparentant parfois Ă  des ouragans (35–40 m/s) peuvent soulever des vagues de 8 Ă  10 mĂštres de haut, ayant 100 Ă  150 mĂštres de longueur. De violentes vagues peuvent ĂȘtre observĂ©es dans le secteur central de la Caspienne, dans la pĂ©ninsule d'Absheron et la ville Mahagegala. La pĂ©riode allant de mai Ă  aoĂ»t est considĂ©rĂ©e comme la pĂ©riode la plus calme de l'annĂ©e.

Les eaux de la Caspienne sont en mouvement continuel, suivant la rotation antihoraire, dit « cyclonique ». L'essentiel des courants est, comme pour les vagues, influencé par le vent. Une grande partie des courants, qui partent du Nord et descendent vers le sud, sont impulsés par le débit de la Volga. Les écarts de température entre le nord et le sud de la Caspienne causent des écarts de densité qui alimentent les flux de surface dans les secteurs centre et le sud de la mer, et causent des tourbillons cycloniques.

La vitesse moyenne des courants dans la mer Caspienne est de 15 à 20 cm/s. Cette valeur peut atteindre 100 cm/s entre les champs de pétrole de l'ßle Chilov et Neft Dashlary.

Aspects environnementaux

Climat

La mer Caspienne offre aux pays riverains de l'ouest et du sud une influence maritime trÚs appréciable, de type méditerranéenne, trÚs proche à bien des égards de celle de la mer Noire, diffusée par les vents puissants qui balayent la région, et régulée par les chaßnes de montagnes voisines.

Alors que le climat de l'Iran est principalement aride ou semi-aride, la plaine cĂŽtiĂšre iranienne de la Caspienne fait exception avec un climat pontique : les tempĂ©ratures y tombent rarement en dessous de 0 °C en hiver et le climat reste humide toute l’annĂ©e.

En AzerbaĂŻdjan, le climat n'est tempĂ©rĂ© que le long du littoral caspien, le reste du pays connaissant des situations et des tempĂ©ratures plus extrĂȘmes. Le climat est subtropical et semi-aride dans les parties centrales, orientales, et dans le sud-est du pays. Et il est continental dans l'ouest et froid dans les montagnes azerbaĂŻdjanaises.

En Russie, le Daghestan méridional bénéficie aussi d'un climat pontique similaire à celui des cÎtes de la Mer Noire. Les pluies présentent un maximum d'automne le long des cÎtes de la mer Caspienne.

À l'est en revanche, contrairement au Lenkoran azerbaĂŻdjanais, au Daghestan mĂ©ridional et aux rivages iraniens, le littoral turkmĂšne apparaĂźt comme un milieu hostile du fait des vents dĂ©favorables, qui limitent l'influence de la Caspienne : il est faiblement peuplĂ©, et sa principale ville est le port de TĂŒrkmenbaƟy (ancienne Krasnovodsk), qui fut fondĂ© dans le cadre de la conquĂȘte tsariste Ă  la fin du XIXe siĂšcle.

Le climat de la mer Caspienne n'est pas homogĂšne. Les grandes diffĂ©rences entre le climat mĂ©diterranĂ©en de France et celui de type pontique de la Caspienne sont d'ordre hygromĂ©trique et thermique. À l'ouest et au sud de la Caspienne, ce climat est humide l'Ă©tĂ©. À l'est de la Caspienne, « les hivers sont beaucoup plus froids, et mĂȘme dans le sud azerbaĂŻdjanais vers 40° de latitude ». Il y a environ trois mois de jours de gel par an Ă  Yalta, et un manteau neigeux continu de deux mois, janvier et fĂ©vrier. Les vagues d'air froid continental, voire arctique, glissent facilement l'hiver jusqu'Ă  la mer Caspienne Ă  40° de latitude. L'effet d'abri au sud de la ChaĂźne Taurique et du Caucase occidental donnent naissance Ă  des tempĂ©ratures moins basses Ă  latitudes Ă©gales au bord de la mer Noire[24]. La banquise peut mĂȘme recouvrir le nord-est de la mer durant l'hiver.

Faune

Le Gobie de la Caspienne (Neogobius caspius) est l'un des nombreux poissons endémiques de cette mer fermée.

La mer Caspienne est trĂšs poissonneuse. On y trouve des sterlets, des saumons, et surtout des esturgeons (grands esturgeons), qui fournissent du caviar. « La pĂȘche fait vivre toute une population de pĂȘcheurs, notamment aux environs d'Astrakhan, oĂč l'on fabrique du caviar renommĂ© »[25]. Depuis les annĂ©es 1980, la surpĂȘche ayant entraĂźnĂ© la pullulation de mĂ©duses de l'espĂšce Mnemiopsis leidyi, le dĂ©veloppement du marchĂ© noir et de la dĂ©sintermĂ©diation Ă  la suite de la chute de l'URSS, ainsi que la pollution des eaux Ă  l'origine de la « myopathie de l'esturgeon », ont diminuĂ© fortement les populations d'esturgeons et expliquent la quasi-disparition de l'industrie du caviar de BĂ©luga en mer Caspienne[26].

Le fait que la mer Caspienne soit une mer résiduelle fermée issue d'un trÚs ancien océan en fait à la fois un musée maritime à ciel ouvert et un écosystÚme fermé autonome et complexe. « On a notamment compté dans les eaux de la Caspienne une cinquantaine d'espÚces de poissons endémiques qu'on ne rencontre pas dans les autres mers. Les coquillages sont peu nombreux à cause de la faible salinité des eaux. Il y a aussi des phoques »[25].

Le phoque de la Caspienne est une espÚce endémique de la mer Caspienne. La survie de l'espÚce est cependant menacée par la pollution industrielle et la chasse intensive[27]. Parmi les oiseaux, on peut rencontrer le goéland pontique et la sterne caspienne.

Autres ressources

Les profondeurs de la mer recÚlent encore d'importantes ressources pétroliÚres.

Ses littoraux permettent l'existence d'un tourisme balnéaire pour tous les pays riverains. Ils offrent un front de mer à Bakou, la plus importante ville du Caucase. Les longues plages de sable du Turkménistan ou du nord de l'Iran sont traditionnellement trÚs appréciées par les touristes étrangers et les locaux. En Iran, la capitale est beaucoup plus prÚs de la Caspienne que de l'océan Indien, et les plages de Babolsar ont longtemps été fréquentées par la bonne société de Téhéran. Aujourd'hui, les habitants se regroupent à Chalus et Ramsar, leurs stations balnéaires favorites.

GĂ©opolitique

Stenka Razine naviguant sur la mer Caspienne (Vassili Sourikov).
La Caspienne parmi les rĂ©gions pĂ©trolifĂšres de la zone d'influence russe (peut-ĂȘtre 50 milliards de barils).
La mer Caspienne Ă  Derbent (Russie, Daghestan) avec des navires de la marine russe.

La mer Caspienne est, de facto, un axe de circulation maritime international et un espace stratégique militaire majeur. Elle est « la grande voie de communication entre la Russie, le Caucase, l'Iran et le Turkménistan. Plusieurs compagnies de navigation entretiennent un trafic régulier sur ses eaux. »[25].

AprĂšs la dislocation de l'URSS et l'indĂ©pendance des rĂ©publiques d’Asie centrale, le statut de la mer Caspienne est restĂ© flou durant plus de deux dĂ©cennies [28].

Une estimation a porté à 50 milliards de barils la quantité de pétrole (dont 13 milliards de barils au Kazakhstan) et à 300 mille milliards de mÚtres cubes de gaz, deux ressources situées sous une faible profondeur d'eau, mais difficiles à valoriser en raison du fait que ces hydrocarbures sont présents sous haute pression, de plus l'eau de cette région gÚle en hiver, ce qui rend l'extraction plus difficile[28].

D'importantes flottes militaires de type ocĂ©anique stationnent dans ses eaux (frĂ©gates, patrouilleurs, dragueurs de mines, etc.), hĂ©ritiĂšres en partie de la flotte soviĂ©tique de la Caspienne. La plus grande puissance militaire de la rĂ©gion est la Russie. La base principale de la flotte russe est situĂ©e Ă  Astrakhan et sa zone opĂ©rationnelle recouvre toute la mer. La flotte russe est composĂ©e d'unitĂ©s de surface, d'unitĂ©s de soutien et de recherche et de sauvetage en mer, de forces aĂ©riennes, de troupes de dĂ©fense des cĂŽtes et d'unitĂ©s spĂ©cialisĂ©es pour la logistique technique. Ses principales missions sont « la protection des intĂ©rĂȘts de la Russie dans la rĂ©gion de la Caspienne et la lutte contre le terrorisme »[29].

En 2011, le commandant en chef de la Marine russe a annoncé que, d'ici 2020, la flottille russe de la Caspienne serait dotée de 16 nouveaux navires de guerre. En 2012, le commandant adjoint de la marine iranienne, le contre-amiral Abbas Zamini, a indiqué que l'Iran avait l'intention de mettre à l'eau des sous-marins légers dans la mer Caspienne[30].

En , aprĂšs 20 ans de nĂ©gociations sur les enjeux de l'exploitation partagĂ©e des fonds marins, du pĂ©trole, du gaz, du poisson et du caviar (vendu jusqu'Ă  25 mille dollars le kilogramme, en 2018), cinq pays (AzerbaĂŻdjan, Iran, Kazakhstan, Russie et TurkmĂ©nistan) lors d'un sommet rĂ©gional tenu Ă  Aktaou (Kazakhstan) ont signĂ© la Convention sur le statut de la mer Caspienne, un accord historique dĂ©finissant un nouveau statut pour la mer Caspienne[28]. Ce cadre a permis au TurkmĂ©nistan et Ă  l’AzerbaĂŻdjan de rĂ©aliser sur le fond de la Caspienne le gazoduc qu'ils projetaient depuis des annĂ©es (pour ne plus dĂ©pendre des gazoducs russes ou chinois)[28]. La Russie a perdu son monopole sur le transport du gaz mais obtenu (comme l'Iran) qu’aucune puissance Ă©trangĂšre ne dispose de base ou de vaisseau militaire sur la mer Caspienne[28].

L'Iran a la plus petite part de littoral et de mer, mais porte un projet maritime et ferroviaire et un projet de traitĂ© international de corridor nord-sud la reliant Ă  la Russie au sud, et aux pays riverains vers l’Inde et l’ocĂ©an Indien[28]. Par ailleurs la Russie autorise depuis 2017 l'Iran Ă  faire passer des bateaux par la Caspienne puis par la Volga et le canal Don-Volga pour qu'ils accĂšdent Ă  la Mer Noire et de lĂ  Ă  la MĂ©diterranĂ©e[31].

La question du statut juridique de la mer Caspienne

La mer Caspienne et les États riverains.

Ses dimensions et sa salinitĂ© font qu’on la dĂ©nomme toujours « mer », mais ses statuts scientifique et surtout juridique prĂȘtent Ă  dĂ©bat, car elle n’a actuellement pas le statut officiel de mer, mais bien celui de lac (plus prĂ©cisĂ©ment, le plus grand des lacs salĂ©s), ce qui n’est pas sans poser de problĂšmes tant d’un point de vue juridique que scientifique. Objet des convoitises des pays riverains, ceux-ci souhaitent, en effet, qu’elle soit considĂ©rĂ©e comme une mer intĂ©rieure, la rĂ©partition des eaux territoriales et des richesses sous-marines ne se faisant pas de la mĂȘme façon.

Le problĂšme du statut juridique de la mer Caspienne demande un traitement spĂ©cifique, sĂ©parĂ© de son statut scientifique[32]. Il est l'objet d'un grand nombre d'Ă©tudes universitaires et d'articles critiques Ă  travers le monde[33]. Bien que la mer Caspienne soit, sur le plan strictement juridique, considĂ©rĂ©e aujourd'hui comme un lac salĂ© et non une mer, son statut dĂ©finitif est encore en dĂ©bat et « les États riverains ont pris des positions diverses au fil de leur histoire, en fonction de leurs intĂ©rĂȘts et des problĂšmes posĂ©s ». « À cet Ă©gard l’examen des documents publiĂ©s par les États riverains aux Nations Unies est tout Ă  fait significatif et donne des indications prĂ©cieuses sur la pratique des États ».

« Alors que la Russie part de l’idĂ©e que la mer Caspienne est un lac et non pas une mer, le Kazakhstan, l'AzerbaĂŻdjan et le TurkmĂ©nistan fondent leur position sur l’hypothĂšse que le droit de la mer, codifiĂ© en 1982, est applicable ». « Le gouvernement iranien, qui n’emploie les qualificatifs ni de « lac » ni de « mer » pour dĂ©signer la mer Caspienne dans les documents publiĂ©s aux Nations Unies, insiste quant Ă  lui sur la spĂ©cificitĂ© de cette Ă©tendue d’eau et de son rĂ©gime juridique »[32] : « La mer Caspienne est une Ă©tendue d’eau qui, par son caractĂšre unique, prĂ©sente une importance capitale pour les États riverains. Ces États sont conjointement responsables de son utilisation, de la mise en valeur de ses ressources naturelles et de la prĂ©servation de l’environnement »[34].

Dans les faits, les positions de l'Iran et de la Russie semblent varier en fonction de leurs intĂ©rĂȘts stratĂ©giques, et « la Caspienne paraĂźt ĂȘtre [encore] entourĂ©e d'un Ă©pais brouillard juridique. Son rĂ©gime se situe dans un no man's land ne bĂ©nĂ©ficiant guĂšre de l'attention de ses États riverains ni de la doctrine »[35].

Le , la Convention sur le statut de la mer Caspienne est signĂ©e lors du cinquiĂšme sommet de la mer Caspienne, par les prĂ©sidents de la Russie, du Kazakhstan, d’AzerbaĂŻdjan, d’Iran et du TurkmĂ©nistan. Ce traitĂ© a pour vocation le partage des ressources naturelles et la rĂ©gulation du trafic maritime civil et militaire entre les cinq signataires. Le statut juridique de la mer Caspienne est Ă©galement prĂ©cisĂ©, il ne s'agit pour ces États ni d'un "lac" ni d'une "mer" mais d'un entre deux, en faisant une exception juridique[36] - [17].

Notes et références

Notes

  1. Elle est plus vaste que l’Allemagne.

Références

  1. (Superficie en 1995)
  2. Le statut juridique de la mer Caspienne : Mer ou lac ? La mer Caspienne est considérée d'un point de vue juridique comme un lac et non une mer.
  3. J.L Chen, T Pekker C.R. Wilson, B. D. Tapley, A. G. Kostianoy, J.-F. Cretaux & E. S. Safarov (2017) Long-term Caspian Sea level change | Geophys. Res. Lett. | 44, 6993-7001 | doi:10.1002/2017GL07395.
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  6. Richard Bulan (Mémoire de master 2 en étude médiévale réalisé sous la direction de Benoßt Joudiou et Doumergue), Relations économiques et dominations territoriales en Mer Noire, du IXe siÚcle à l'invasion mongole, Toulouse, Département d'histoire, d'histoire de l'art et d'archéologie de l'université de Toulouse II - Le Mirail, (lire en ligne [PDF]), p. 30.
  7. Mireille Ferreira, « Les Khazars, peuple de la steppe », TĂ©hĂ©ran : mensuel culturel iranien en langue française, no 49,‎ (lire en ligne [php], consultĂ© le ).
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  9. Edwards 2006, p. 258-259.
  10. Hendricks et Dent 2007, p. 112.
  11. dayakasbl.com, La Mer Caspienne.
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  13. Universalis, CASPIENNE MER
  14. CIA.gov, « Photo gallery »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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