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Alphabet

Un alphabet (de alpha et bêta, les deux premières lettres de l’alphabet grec) est un système d'écriture constitué d'un ensemble de symboles dont chacun représente, par exemple, un des phonèmes d’une langue. Tifinagh est une écriture du peuple amazigh ( nord d'Afrique : Algérie/ Tunisie/ Maroc/ Mauritanie/ Egypte/...) Tifinagh : ⴰ,ⴽⵯ,ⵟ,ⵍ,ⵓ,ⵀ,ⴹ,ⵎ,ⵕ,ⵃ,ⵇ,ⵙ,ⵜ,ⵅ,ⴳ,ⵥ,ⵢ,ⴱ,ⴼ,ⵖ,ⴷ,ⴷ,ⴷ,ⵉ,ⵏ,ⵏ,ⴳⵯ,ⵡ,ⴽ...

Introduction

Chacun des symboles d'un alphabet ou graphèmes, est appelé « lettre ». Dans les cas les plus simples, chaque lettre correspond à un phonème de la langue et inversement. Certaines lettres peuvent recevoir un ou plusieurs diacritiques afin d’étendre le stock de graphèmes si celui-ci est insuffisant pour noter les sons de la langue ou permettre d’éviter les ambiguïtés. De la même manière, un alphabet peut être étendu par l’utilisation de digrammes ou encore de lettres supplémentaires.

De gauche à droite : ʾa, b, g, ḫ, d, h, w, z, ḥ, ṭ, y, k, š, l, m, ḏ, n, ṯ̣, s, ʿ, p, ṣ, q, r, ṯ, ǵ, t, ʾi, ʾu, s̀
Tablette scolaire sur laquelle sont inscrites les lettres de l'alphabet ougaritique. L'une des plus anciennes attestations de l'ordre alphabétique ABCD.

Les évolutions phonétiques d’une langue se produisant à un rythme différent de l’évolution écrite, l’écriture alphabétique ne garantit en aucune manière une correspondance biunivoque entre les phonèmes et les graphèmes. Ainsi en français, /s/ se note aussi bien c, ç, s, ss, sc, t ou x. A contrario, s peut se prononcer /s/, /z/ ou être muet. Le français comporte même des homographes non homophones comme dans les phrases « Le vent est à l’est » ou « les poules du couvent couvent ». Certaines langues, notamment les langues construites comme l’espéranto ou le pandunia, ont a contrario une écriture totalement phonétique. Dans la majorité des cas, avec quelques exceptions comme le hongrois, ce sont des langues écrites depuis peu dont la transcription au moyen de signes alphabétiques a fait l’objet d’une recherche planifiée.

Enfin, un alphabet n'est pas toujours relié à une forme d'écriture manuscrite mais demeure une collection de symboles comme dans les alphabets braille, sémaphore, morse.

Histoire

Les plus anciennes traces de l'ancêtre de tous les alphabets actuels se situent dans le désert du Sinaï aux alentours du XVe siècle av. J.-C. Cet alphabet est exclusivement consonantique (abjad). Les lettres sont initialement représentées par des pictogrammes apparentés aux hiéroglyphes égyptiens mais servent à noter une langue sémitique. Par exemple « A » (retourné) figurait une tête de taureau avec ses cornes ; on a utilisé ce pictogramme pour noter le son initial du nom qui désignait la chose dans la langue (A=aleph, nom du taureau en Hébreu - ou bœuf)[1] ; enfin, on a donné à la lettre alphabétique nouvelle le nom de la chose que figurait le pictogramme originel (aleph est le nom de la lettre A).

Illustration de Acta Eruditorum, 1743

Les premiers alphabets de l’histoire sont l’alphabet ougaritique et l’alphabet linéaire (ou alphabet protosinaïtique)[2], deux abjad d’ailleurs déjà classés dans l’ordre alphabétique levantin. Il est suivi par celui des Phéniciens, alphabet consonantique de 22 consonnes[3], dont les descendants sont nombreux[4], et parmi lesquels on trouve aussi bien l’alphabet araméen que l’alphabet latin.

Les deux premières lettres de l’alphabet grec, α (alpha) et β (bêta), ont pour origine les deux premières lettres phéniciennes : le coup de glotte et /b/, dont le nom signifiait vraisemblablement « taureau » et « maison ».

Françoise Briquel-Chatonnet a proposé en 2006 pour les écritures alphabétiques la chronologie suivante :

──o Écritures protosémitiques
  ├─o Alphabet linéaire ou Protosinaïque (XVIe siècle av. J.-C.)
  ├─o Ougaritique (XIIIe siècle av. J.-C.)
? ?
 |└─o Écritures arabiques (début du Xe siècle av. J.-C.)
 |  ├─o Nord-arabiques (Safaïtique, Thamoudéen, etc.)
 |  └─o Sud-arabiques
 |    └─o Guèze
 |    └─o Himyarite
 └─o Phénicien (XIe siècle av. J.-C. - Xe siècle av. J.-C.)
      ├─o Paléo-hébreu (IXe siècle av. J.-C., remplacé au VIe siècle av. J.-C. par l’Hébreu carré)
      ├─o Punique
      ├─o Araméen (IXe siècle av. J.-C.)
      | ├─o Hébreu carré (VIe siècle av. J.-C.)
      | ├─o Écritures d’Asie centrale (Sogdien, Ouïgour, Mongol, Mandchou, etc.)
      | ├─o Karoshti (IIIe siècle av. J.-C.)
      | ├─o Brahmi (milieu du IIIe siècle av. J.-C.)
      | ├─o Nabatéen (Ier siècle av. J.-C.)
      | └─o Syriaque (Ier siècle apr. J.-C.)
      | :
      |   └─o Arabe (VIe siècle apr. J.-C.)
      └─o Grec (IXe siècle av. J.-C.)
        ├─o Étrusque (VIIIe siècle av. J.-C.)
        | └─o Latin (Ve siècle av. J.-C. - IVe siècle av. J.-C.)
        ├─o Copte (IVe siècle apr. J.-C.)
        ├─o Géorgien (début du Ve siècle apr. J.-C.)
        ├─o Arménien (début du Ve siècle apr. J.-C.)
        └─o Cyrillique (IXe siècle apr. J.-C.)

Alphabets

Alphabets prédominants nationaux et régionaux ou minoritaires sélectionnés
Alphabétique : [L]ogographique et [S]yllabique :
Abjad : Abugida :

Notes :

  • ont été classées dans cette liste des écritures qui ne sont pas réellement des alphabets mais des abjads, c'est-à-dire des écritures ne notant que les consonnes ou principalement les consonnes, souvent nommés de manière courante alphabets. On se reportera à l'article en question pour plus de détails. Dans ces écritures, de plus, les lettres ont plus ou moins tendance à changer de forme selon le contexte ;
  • les alpha-syllabaires ─ écritures notant les consonnes accompagnées d'une voyelle fondamentale par un seul signe mais indiquant les autres voyelles par un signe annexe ─ sont recensés dans leur propre article, bien qu'on les nomme souvent mais improprement aussi alphabets. Dans ces écritures, les lettres changent souvent de forme selon leur place dans la syllabe ;
  • le fonctionnement du hangul en fait une écriture très originale mais bien alphabétique : les phonèmes sont visuellement regroupés par syllabe mais les blocs syllabiques créés ne constituent pas des graphèmes indépendants.

Alphabets récents et de transcription

Les langues dont la notation écrite est récente (nombre de langues africaines), celles dont l'écriture n'est pas latine voire alphabétique (mandarin, japonais) ou celles dont l'écriture est ambiguë et nécessite une explicitation phonétique dans le cadre de textes didactiques sont le plus souvent écrites ou transcrites au moyen de signes alphabétiques (latins pour l'essentiel). Ainsi, certaines langues africaines sont écrites au moyen de l'alphabet pan-nigérian, des langues purement orales le sont de plus en plus grâce à l'alphabet phonétique international (qui permet de noter plus ou moins bien toutes les langues), une langue à écriture non alphabétique comme le mandarin peut être transcrite en pinyin et l'on utilise en phonétique historique des langues romanes la transcription de Bourciez, toutes écritures alphabétiques.

On se reportera à la liste des méthodes de transcription pour plus de détails.

Alphabets imaginaires

Certains auteurs de littérature fantastique et de science-fiction ont développé un alphabet imaginaire pour donner un relief supplémentaire aux peuples et aux cultures qu'ils ont créés :

  • l'alphabet énochien, créé par John Dee au XVIe siècle, comme langue supposée des anges ;
  • les tengwar, une écriture des Elfes dans l'univers des romans de fantasy la Terre du Milieu de J. R. R. Tolkien (en particulier du Seigneur des anneaux) ;
  • l'alphabet klingon de la série télévisée Star Trek ;
  • l'alphabet du Codex Seraphinianus créé par l'artiste italien Luigi Serafini dans les années 1970 ;
  • l'alphabet D'ni de l'univers du jeu vidéo Myst et de ses suites ;
  • les alphabets Daedra, Dragon et Falmer de l'univers des jeux vidéo The Elder Scrolls ;
  • L'aurebesh basic de Star Wars, développé par Stephen Crane pour West End Games dans le Companion Star Wars Miniatures Battles (1994), pour une utilisation dans le jeu Star Wars Miniatures Battles Games et Star Wars: Le jeu de rôle. Il y aura aussi des aurebesh créés pour les cultures mandalorienne, géonosienne, umbari, etc.
  • l'alphabet galactique standard utilisé dans les jeux vidéo Commander Keen ;
  • les différents alphabet hyliens utilisés dans les jeux vidéo de la saga The Legend of Zelda

Alphabets littéraires

  • « Avez-vous remarqué combien l'Y est une lettre pittoresque qui a des significations sans nombre ? – L'arbre est un Y ; l'embranchement de deux routes est un Y ; le confluent de deux rivières est un Y ; une tête d'âne ou de bœuf est un Y ; un verre sur son pied est un Y ; un lys sur sa tige est un Y ; un suppliant qui lève les bras au ciel est un Y. » Victor Hugo, En voyage – Alpes et Pyrénées, IV Sur la route d'Aix-les-Bains.
  • Alors qu'il venait d'acquérir vingt-quatre lettrines gravées, un éditeur demanda à Paul Valéry d'y associer vingt-quatre poèmes en prose dont chacun commencerait par une lettre différente. L'écrivain se proposa aussitôt d'y évoquer les vingt-quatre heures du jour, composa le recueil sans tout à fait l'achever, mais ne le publia pas. À certaines lettres de l'alphabet correspondent plusieurs poèmes.
  • « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, voyelles » Arthur Rimbaud, poème Voyelles issu du recueil Poésies complètes. Le sonnet de Rimbaud associe les cinq voyelles de l'alphabet latin.

Système de codage

Le terme alphabet est parfois utilisé pour désigner divers systèmes de codage :

Par extension, l’alphabet devient un concept mathématique abstrait en théorie mathématique des langages. Mathématiquement, un alphabet est un ensemble, dont les éléments sont appelés lettres, à partir duquel les mots sont engendrés, comme suites de lettres ; cela permet de développer des algorithmes s’appuyant sur cette théorie, avec des applications en informatique notamment (voir la théorie des automates).

Phrases alphabétiques

Une phrase contenant l'ensemble des lettres de l’alphabet (par exemple, 26 lettres pour le français) est nommée pangramme. Voici quelques exemples :

  • 32 lettres : Juge, flambez l'exquis patchwork d’Yvon (Thérèse Amiel)
  • 35 lettres : The quick brown fox jumps over the lazy dog
  • 37 lettres : Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume (a la particularité d'être un alexandrin)
  • 39 lettres : Voyez le brick géant que j'examine près du wharf
  • 40 lettres : Portefaix, buvez ce whisky limonade que je goûte
  • 54 lettres : Voix ambiguë d'un chœur qui au zéphyr préfère les jattes de kiwis

Notes et références

  1. « ALEPH : Définition de ALEPH », sur www.cnrtl.fr (consulté le ).
  2. Gilbert Lafforgue, « ALPHABET », dans Encylopedia Universalis (lire en ligne).
  3. Encyclopædia Universalis, « ALPHABET », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  4. « Qui a inventé l’alphabet ? Quel est le premier alphabet ? », sur La culture générale, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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