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Alphabet ougaritique

L'alphabet ougaritique est une forme d'abjad (ou alphabet consonantique) attesté dans la ville d'Ougarit (Syrie), entre le XVe et le début du XIIIe siècle av. J.-C.

Ougaritique
Image illustrative de l’article Alphabet ougaritique
L'alphabet ougaritique
Caractéristiques
Type Abjad
Langue(s) Ougaritique, hourrite
Historique
Époque Vers 1500 av. J.-C.
Codage
Unicode U+10380 à U+1039F
ISO 15924 Ugar

Alors que la plupart des tablettes sont écrites en cunéiforme syllabique notant la langue akkadienne (langue sémitique) ou hittite (langue indo-européenne), quelques-unes le sont dans une nouvelle écriture cunéiforme, dite « alphabet ougaritique », servant à noter une langue sémitique cananéenne (ainsi que des textes hourrites). Cette écriture est parmi les tout premiers abjads connus, avec les écritures sinaïtiques. Il atteste pour la première fois l'ordre des lettres encore utilisé de nos jours dans la plupart des alphabets modernes (alphabet latin, alphabet grec, alphabet étrusque, mais aussi alphabets sémitiques comme les alphabets phénicien et hébreu), l'ordre dit « levantin ».

L'alphabet ougaritique a été déchiffré en 1929-1931 par Hans Bauer, Édouard Dhorme et Charles Virolleaud[1].

Composition de l'alphabet

L'existence d'un classement alphabétique nous est connue par plusieurs tablettes abécédaires. Des tablettes plus rares, trouvées à Beth Šemeš, classent cependant les lettres dans l'ordre sud-arabique. L'abécédaire ougaritique le plus courant donne vingt-sept lettres (suivies de trois additionnelles) dans cet ordre (transcription traditionnelle des langues sémitiques) :

ʾa, b, g, ḫ, d, h, w, z, ḥ, ṭ, y, k, š, l, m, ḏ, n, ṯ̣, s, ʿ, p, ṣ, q, r, ṯ, ǵ, t, ʾi, ʾu, s̀

Note : la lettre transcrite par ṯ̣ l'est par dans l'article de O'Connor (cf. bibliographie infra).

La première lettre n'est pas la voyelle /a/ mais le coup de glotte (une consonne) suivi de la voyelle /a/, car cet abjad — qui n'écrivait normalement pas les voyelles — ne servait pas à noter ce coup de glotte seul : en effet, ʾi et ʾu (coup de glotte suivi de /i/ ou /u/) semblent avoir été ajoutés à la fin de l'alphabet, donc tardivement. Il est possible qu'à l'invention de cet abjad il désignât le coup de glotte vocalisé (quel que soit le timbre de la voyelle) et ne se soit spécialisé que plus tard pour le coup de glotte suivi de /a/ et non pas d'une autre voyelle, d'où l'ajout des deux autres formes dans une période plus tardive.

La présence de quelques graphèmes syllabiques (dont ʾi et ʾu ajoutés à la suite) est un emprunt au modèle akkadien, d'où la présence d'un , servant à transcrire une consonne non sémitique de valeur inconnue et vraisemblablement utilisée pour les textes écrits en hourrite. Le tracé de certains caractères varie selon les sources de documentation. Il n'y a en effet pas de modèle archétypal réel et les inscriptions peuvent être de styles très différents.

Codage informatique

L'ougaritique a été ajouté aux caractères d'Unicode à partir de la quatrième version (avril 2003). Il se trouve dans le bloc du même nom qui s'étend des emplacements U+10380 à U+1039F. Ces caractères étant situés hors du plan multilingue de base (PMB), tous les systèmes d'exploitation et les navigateurs ne sont pas capables de les afficher ou de les manipuler.

En 2012, peu de polices de caractères contiennent les œils nécessaires[2] :

  • Aegean,
  • ALPHABETUM Unicode,
  • Andagii,
  • Code2001,
  • Everson,
  • Free Sans (licence libre),
  • MPH 2B Damase,
  • Ugaritic 3.03 Unicode.

Voici les caractères prévus par Unicode (leur affichage correct dépend de votre système) :

nom d'UnicodeglypheUnicodevaleurentité HTML
Lettre ougaritique alpa𐎀10380ʾa𐎀
Lettre ougaritique bêta𐎁10381b𐎁
Lettre ougaritique gamla𐎂10382g𐎂
Lettre ougaritique kha𐎃10383𐎃
Lettre ougaritique delta𐎄10384d𐎄
Lettre ougaritique ho𐎅10385h𐎅
Lettre ougaritique wo𐎆10386w𐎆
Lettre ougaritique dzêta𐎇10387z𐎇
Lettre ougaritique hota𐎈10388𐎈
Lettre ougaritique tèt𐎉10389𐎉
Lettre ougaritique yod𐎊1038Ay𐎊
Lettre ougaritique kaf𐎋1038Bk𐎋
Lettre ougaritique chîn𐎌1038Cš𐎌
Lettre ougaritique lambda𐎍1038Dl𐎍
Lettre ougaritique mém𐎎1038Em𐎎
Lettre ougaritique dhal𐎏1038F𐎏
Lettre ougaritique noûn𐎐10390n𐎐
Lettre ougaritique zou𐎑10391𐎑
Lettre ougaritique samka𐎒10392s𐎒
Lettre ougaritique ’aïn𐎓10393ʕ𐎓
Lettre ougaritique pou𐎔10394p𐎔
Lettre ougaritique çadé𐎕10395𐎕
Lettre ougaritique qopa𐎖10396q𐎖
Lettre ougaritique racha𐎗10397r𐎗
Lettre ougaritique thanna𐎘10398𐎘
Lettre ougaritique ghaïn𐎙10399ǵ𐎙
Lettre ougaritique to𐎚1039At𐎚
Lettre ougaritique i𐎛1039Bʾi𐎛
Lettre ougaritique ou𐎜1039Cʾu𐎜
Lettre ougaritique ssou𐎝1039Ds2𐎝
Séparateur ougaritique de mots𐎟1039F-𐎟

Notez bien: Ces noms d'Unicode ne sont pas utilisés dans les textes ougaritiques eux-mêmes, et ont été créés à partir des noms de lettres dans différentes écritures (alphabet grec, abjad arabe, etc). Le code 1039E n’est pas attribué.

Notes et références

  1. Pierre Bordreuil, « L'alphabet ougaritique », dans Brigitte Lion, Cécile Michel (dir.), Histoires de déchiffrements : Les écritures du Proche-Orient à l'Égée, Paris, Errance, , 206 p. (ISBN 9782877723831), p. 129-138.
  2. Cf. les pages site d'Alan Wood ou du site www.fileformat.info.

Bibliographie

  • John Healey, « The Early Alphabet », dans Reading the Past, ouvrage collectif, British Museum Press, 1990 ;
  • M. O'Connor, article « Epigraphic Semitic Scripts », dans The World's Writing Systems, ouvrage collectif sous la direction de Peter T. Daniels et William Bright, Oxford University Press, 1996 ;
  • Charles Higounet, L'écriture, coll. « Que sais-je ? », numéro 653, Presses universitaires de France, 11e édition de 2003 ;
  • Marguerite Yon, La Cité d'Ougarit sur le tell de Ras Shamra, ERC, Paris, 1997 (en vente à l'Association pour la défense de la pensée française à Paris) ;
  • « Le royaume d'Ougarit, aux origines de l'alphabet », hors-série de Les Dossiers d'archéologie, éditions Faton ;
  • Emmanuel de Roux, « L’alphabet du royaume d’Ougarit », Le Monde, (lire en ligne)
  • Stanislav Segert, A Basic Grammar of the Ugaritic Language: With Selected Texts and Glossary, University of California Press, 1984

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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