Vieux-slave
Le vieux-slave[2] - [alpha 1] (aussi appelé vieux bulgare, vieux macédonien[3] ou slavon du sud[4]) est la plus ancienne langue slave qui soit attestée.
Vieux-slave, vieux bulgare, vieux macédonien, slavon du sud ⰔⰎⰑⰂⰡⰐⰠⰔⰍⰟ ⰧⰈⰟⰊⰍⰟ Словѣньскъ ѩзыкъ | |
Langues filles | bulgare, macédonien, slavon d'église |
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Typologie | flexionnelle, accusative, à accent de hauteur |
Classification par famille | |
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Statut officiel | |
Langue officielle | De plusieurs Églises orthodoxes (slavon d'église) et, au haut Moyen Âge, des états orthodoxes balkaniques, roumains et russes |
Codes de langue | |
IETF | cu
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ISO 639-1 | cu
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ISO 639-2 | chu
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ISO 639-3 | chu
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Étendue | individuelle |
Type | ancienne |
Linguasphere | 53-AAA-a
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Glottolog | chur1257
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Échantillon | |
Texte du Notre Père (Codex Zographensis (en), Xe siècle, Lc 11)[1] -
Ѡ҃че нашь • ꙇ҅же еси на н҃сехъ • |
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Contrairement à une idée reçue, c'est l'ancêtre non de toutes les langues slaves (rôle tenu par le proto-slave) mais du bulgare et du macédonien actuels. C'est donc une langue slave méridionale, qui s'écrivait initialement au moyen de l'alphabet glagolitique, imaginé par les missionnaires byzantins Cyrille et Méthode.
Histoire
Le vieux-slave a été la langue officielle (de chancellerie) et liturgique du Premier Empire bulgare, des métropoles orthodoxes de tous les États issus de la division de la Russie kiévienne, de l'Empire serbe et du Royaume des Bulgares et des Valaques (comme le nommaient les chroniques et chancelleries de l'époque — aujourd'hui on l'appelle « Second empire bulgare » ; en sont issus le Tsarat de Vidin, celui de Veliko Trnovo, les despotats de Macédoine et de Dobrogée, et les Principautés danubiennes (plus tard : roumaines) de Moldavie et Valachie). Au sud du Danube, il demeura après la conquête turque et jusqu'à la fin du XIXe siècle la langue liturgique de l'Église orthodoxe des Balkans. Au nord du Danube, dans les états orthodoxes devenus vassaux des turcs (pays roumains) ou restés indépendants (pays russes), il demeura à la fois langue de chancellerie jusqu'au XVIIe siècle et langue liturgique jusqu'au milieu du XIXe siècle, avec diverses variantes appelés « slavons », nées de la fusion du vieux-slave originel avec des formes issues des langues slaves locales et des normes grammaticales artificielles (on parle alors de slavon d'église[5]).
L'un des plus anciens documents en vieux-slave est l'évangéliaire de Reims du XIe siècle de saint Procope de Sázava, conservé en France. Le cloître d’Emmaüs, bien que catholique et dépendant de l'ordre de Saint-Benoît, s'est longtemps distingué pour avoir célébré la liturgie en vieux-slave et avoir été un très important centre de diffusion et d'éducation du vieux-slave et de l'alphabet glagolitique.
Images
- La première page de l'Évangile selon Jean du Codex Zographensis des Xe – XIe siècles, le plus ancien manuscrit avec le tétraévangile en vieux-slave.
- La première page de l'Évangile selon Marc du Codex Zographensis
- Évangile selon Luc, XIV, 19-24 du Codex Zographensis
- Codex Suprasliensis, le plus long document en vieux-slave conservé de nos jours.
- Icône avec inscriptions en slavon
Notes et références
Notes
- Parfois écrit sans trait d'union : « vieux slave »
Références
- Jagić Vatroslav, Quattuor evangeliorum Codex glagoliticus olim Zographensis nunc Petropolitanus, Berolini, (lire en ligne), p. 105
- L'appellation slavon est anglaise, entre autres, et ne s'emploie pas en linguistique comparée ; on dit aussi « vieux-slave liturgique », bien que les deux appellations ne renvoient pas à la même réalité.
- (en) Alexis Heraclides, The Macedonian Question and the Macedonians : A History, Abingdon, Oxon, Taylor & Francis, , 292 p. (ISBN 9781000289404 et 1000289400, lire en ligne ), p. 161
- Ryszard Rubinkiewicz, L'Apocalypse d'Abraham en vieux slave, Société des lettres et des sciences de l'Université catholique de Lublin, , 287 p., p. 35
- Dans le Slavon d'église ces variantes se nomment des izvods tels le bulgaro-macédonien, le morave (les plus anciens), le serbo-croate (avec la langue mixte makaronique des XVIIIe – XIXe siècles : le « slavo-serbe »), le gréco-roumano-slavon des pays roumains, et le plus connu : l’izvod russe, qui était standardisé au XVIIe siècle et s'utilise de nos jours dans les églises orthodoxes de la Russie, Ukraine, Biélorussie, Serbie, Bulgarie et République de Macédoine. Pour distinguer le vieux-slave des IXe – XIIe siècles du slavon des périodes plus tardives (avec ses izvods) on appelle ce dernier « langue slave d'église » (russe : церковнославянский язык).
Voir aussi
Bibliographie
- Claire Le Feuvre, Le vieux slave, Paris/Leuven, Peeters Leuven, coll. « Les langues du monde », , 242 p., 14 x 1,5 x 20,8 cm (ISBN 978-90-429-2281-5 et 90-429-2281-8)
- (en) Roland Sussex et Cubberley, Paul, The Slavic languages, Cambridge, Cambridge University Press, , 1re éd., 638 p. (ISBN 978-0-521-22315-7)
- (en) Horace Grey Lunt, Old Church Slavonic Grammar, Berlin, New York, Walter de Gruyter, , 7e éd., 264 p. (ISBN 978-3-11-016284-4, lire en ligne)
- (en) David Huntley, Bernard Comrie (éditeur) et Greville G Corbett (éditeur), The Slavonic languages, London, New York, Routledge, , 1078 p. (ISBN 0-415-04755-2), « Old Church Slavonic », p. 125-187
- Vaillant André, Manuel du vieux slave, t. I-II, Paris, Institut d'études slaves, , 2e éd.
- (la), (cs), (ru), (de) Kurz Josef (ed.), Dostál Antonín (ed.) et Štěrbová Markéta (ed.), Lexicon linguae palaeoslovenicae [« Slovník jazyka staroslověnského »], t. I-IV, Praha, Československé Akademie Věd, 1958-1997
- Chodzko Alexandre, Grammaire paléoslave : suivie de textes paléoslaves, Paris, Imprimerie impériale, (lire en ligne)
- (la) Miklosich Franz, Lexicon palaeosovenico-graeco-latinum, Vindbonae, Guilelmus Braumueller, 1862-1865, 1171 p. (lire en ligne)
- (la) Miklosich Franz, Radices linguae Slovenicae veteris dialecti, Lipsae, , 147 p. (lire en ligne)
- (la) Dobrovský Josef, Institutiones linguae slavicae dialecti veteris, Vienne, Schmid, , 2e éd., 730 p. (lire en ligne)