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Élection présidentielle américaine de 1996

L'élection présidentielle américaine de 1996 est la 53e élection au suffrage universel indirect du président des États-Unis.

Élection présidentielle américaine de 1996
Type d’élection Élection présidentielle[alpha 1]
Débat(s) [alpha 2]
[alpha 3]
[alpha 2]
Corps électoral et résultats
Population 268 335 008
Inscrits 196 498 000
Votants 96 277 634
49%[1] - [2] en diminution 6,2
Bill ClintonParti démocrate
Colistier : Al Gore
Voix 47 401 185
49,23%
en augmentation 6,2
Grands électeurs 379 +2,4%
Bob DoleParti républicain
Colistier : Jack Kemp
Voix 39 197 469
40,71%
Grands électeurs 159
Ross PerotParti de la réforme
Colistier : Pat Choate
Voix 8 085 294
8,40%
en diminution 10,5
Grands électeurs 0
Collège électoral
Carte
Président des États-Unis
Sortant Élu
Bill Clinton
Parti démocrate
Bill Clinton
Parti démocrate
Logo officiel de l'élection

Bill Clinton, éligible pour un second mandat, fut confortablement réélu contre le sénateur pour le Kansas Bob Dole et face à l'homme d'affaires Ross Perot, dans un contexte de forte croissance économique pour les États-Unis.

Pour la première fois depuis 1924, le taux de participation fut inférieur à 50 % des électeurs inscrits, marquant la désaffection des électeurs pour la classe politique américaine.

Conditions d'éligibilité

Ne peuvent se présenter, selon l'article II section première de la Constitution[alpha 4], que les citoyens américains:

  • Américains de naissance ;
  • âgés d'au moins 35 ans ;
  • ayant résidé aux États-Unis depuis au moins 14 ans.

Depuis l'adoption du XXIIe amendement en 1947 par le Congrès et sa ratification en 1951, les anciens présidents qui ont déjà été élus deux fois ne sont plus éligibles[alpha 5].

Contexte

Cette élection s'est déroulée dans un contexte relativement calme, avec peu de menaces extérieures hormis l'Irak. La croissance économique américaine a fortement progressé durant la présidence de Bill Clinton, après une période de stagnation au début des années 1990.

Le , Bill Clinton est investi comme 42e président des États-Unis sur les marches du Capitole. Son arrivée au pouvoir marque la prise en main des Nouveaux démocrates au sein du parti. Parmi les nominations de son administration, le secrétaire d'État Warren Christopher et le secrétaire au Trésor Lloyd Bentsen comptent parmi les figures importantes, les deux ayant travaillé avec John Fitzgerald Kennedy, Lyndon B. Johnson et Jimmy Carter. Bill Clinton composa son cabinet d'une équipe restreinte, et accorda encore plus de responsabilités à son vice-président Al Gore. Moins d'un mois après sa prise de fonction, il signe le Family and Medical Leave Act of 1993 qui permet de faciliter les absences des salariés pour des raisons médicales ou familiales.

Il a nettement baissé les impôts pour les classes moyennes, et augmenté les impôts des contribuables les plus aisés financièrement. Plusieurs lois importantes furent adoptées, notamment pour faciliter les absences des salariés pour des raisons familiales ou pour permettre aux personnes homosexuelles de s'engager dans l'armée. La proposition de loi d'assurance maladie et de sécurité sociale fut en partie bloquée par le Congrès pourtant aux mains des démocrates. En conséquence, celui-ci a basculé lors des élections de mi-mandat de 1994 aux mains du Parti républicain. C'était la première fois depuis 1953 que le Congrès était entièrement sous contrôle du Parti républicain.

Bill Clinton dût utiliser son droit de veto plusieurs fois pour contraindre le Congrès à agir selon ces vues, et le pays fut confronté à plusieurs shutdowns notamment un de 21 jours entre le et le où le président de la Chambre des représentants Newt Gingrich dût céder face à Bill Clinton.

Le , l'ancien président George H. W. Bush fut victime d'une tentative d'assassinat alors qu'il participait à une conférence au Koweït[3]. La plupart des observateurs et des membres du Congrès ont supposé que l'Irak était à l'origine de cet attentat, 17 personnes ayant été interpellées après l'attaque, qui fit l'objet d'une commission d'enquête[4]. Par ailleurs, le Congrès a immédiatement demandé à Bill Clinton d'y répondre, ce qui aboutira à des frappes militaires le [5] - [6] - [7].

Au début de l'année 1993, Israël et l'OLP engagèrent des pourparlers secrets pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien. Après un long processus d'ouverture, Israël et l'OLP se reconnurent l'un comme l'autre comme autorité légitime, et l'OLP le « représentant du peuple palestinien ». Basés en grande partie sur les accords de Camp David de 1978, les accords d'Oslo sont signés à Washington D.C. le , Bill Clinton jouant un grand rôle dans l'aboutissement de ces accords.

Le , Bill Clinton annonça le début d'une nouvelle mission en Somalie du fait de la situation chaotique dans le pays[8].

Primaires

Parti démocrate

Bill Clinton était éligible pour un second mandat, et personne au sein du parti ne semblait capable de le concurrencer durant les primaires. Les anciens gouverneurs Jerry Brown et Robert P. Casey (raisons de santé) n'ont pas présenté leur candidature pour les primaires, tout comme les sénateurs Joe Biden ou Bill Bradley.

Le ticket Clinton/Gore fut reconduit le lors de la convention du parti démocrate à Chicago.

Candidats désignés

Logo du Parti démocrate
Logo du Parti démocrate
Ticket du Parti démocrate de 1996
Bill Clinton Al Gore
Président Vice-président
Portrait officiel de Bill Clinton.
Portrait officiel de Bill Clinton.
Portrait officiel d'Al Gore
Portrait officiel d'Al Gore
42e
Président des États-Unis
(1993-)
45e
Vice-président des États-Unis
(1993-)
Logo de la campagne Clinton Gore
Logo de la campagne Clinton Gore
Résultats des primaires

Autres candidats

Candidatures non abouties

Parti républicain

La campagne du parti fut assez compliquée pour le favori Bob Dole. Le sénateur pour le Kansas, qui avait reçu le soutien de l'ancien président George H. W. Bush et de son fils George W. Bush ainsi que de l'ancien sénateur Barry Goldwater et du sénateur Alfonse D'Amato et même de l'ancien gouverneur de l'Alabama George Wallace, fut confronté à la candidature de Pat Buchanan, ancien conseiller de Ronald Reagan ainsi que de Richard Nixon et Gerald Ford.

La victoire de Buchanan lors des primaires en Alaska et dans le New Hampshire ont été la première surprise des primaires républicaines. Il remportera deux autres États (Louisiane, Missouri) tout comme Steve Forbes (Delaware, Arizona) qui fut également un autre candidat surprise de ces primaires, renonçant définitivement après le Super Tuesday.

Bob Dole dut alors mener campagne jusqu'au bout des primaires avant d'être investi le lors de la convention de parti républicain à San Diego.

Résultats des primaires du parti. En violet, les États remportés par Bob Dole. En or, les États remportés par Pat Buchanan. En vert, les États reportés par Steve Forbes. En gris, les États et territoires où il n'y a pas eu de primaire.

Candidats désignés

Logo du Parti républicain
Logo du Parti républicain
Ticket républicain de 1996
Bob Dole Jack Kemp
Président Vice-président
Bob Dole
Bob Dole
Jack Kemp
Jack Kemp
Sénateur
du Kansas
(1969-1996)
Secrétaire
au Logement
et au Développement urbain

(1989-1993)
Logo de la campagne Dole Kemp
Logo de la campagne Dole Kemp

Autres candidats

En course à la convention républicaine
Abandon durant les primaires
Abandon avant le caucus de l'Iowa

Non intéressés

Parti de la réforme

Résultats des primaires du parti. En vert, les États remportés par Ross Perot. En jaune, les États remportés par Richard Gramm.

Candidats désignés

Autres candidats

Non intéressés

Autres partis

L'avocat Ralph Nader fut désigné candidat du Parti vert tandis qu'Howard Phillips fut désigné candidat du US Taxpayers Party.

Campagne

Bob Dole fut le candidat le plus âge à être désigné candidat à la présidence, battant le record de Ronald Reagan en 1984.

Résultats

Résultats électoraux par comté.
  • Clinton >90 %
  • Clinton : 80-90 %
  • Clinton : 70-80 %
  • Clinton : 60-70 %
  • Clinton : 50-60 %
  • Clinton : 40-50 %
  • Clinton : <40 %
  • Dole : <40%
  • Dole : 40-50 %
  • Dole : 50-60 %
  • Dole : 60-70 %
  • Dole : 70-80 %
  • Dole : 80-90 %
  • Dole : >90 %
Élection présidentielle américaine de 1996[9]
Premier tour
Vote populaire
Second tour
Collège électoral
Inscrits 196 498 000 538
Abstentions 100 220 366 51 % 0 0 %
Votants 96 277 634 49 % 538 100 %
Bulletins enregistrés 96 277 634 538
Bulletins blancs ou nuls 0 0 % 0 0 %
Suffrages exprimés 96 277 634 100 % 538 100 %
Candidat Parti Suffrages PourcentageSuffragesPourcentage
Bill Clinton/Al Gore Parti démocrate 47 402 357 49,24 %379 70,45 %
Bob Dole/Jack Kemp Parti républicain 39 198 755 40,71 %159 29,55 %
Ross Perot/Pat Choate Parti de la réforme 8 085 402 8,4 %
Ralph Nader/Winona LaDuke[10] Parti vert 685 128 0,71 %
Harry Browne/Jo Jorgensen Parti libertarien 485 798 0,5 %
Autres candidats - 420 194 0,44 %

Bill Clinton remporta l'élection avec plus de 8 millions de voix d'avance sur son adversaire républicain. Au niveau du collège électoral, il remporta 379 voix de grands électeurs (+ 9 par rapport à 1992) contre 159 au ticket républicain (- 9). En matière d'États, Bob Dole parvint à récupérer ceux du Colorado, du Montana et de Géorgie (perdus par Bush en 1992) mais à perdre ceux de Floride et de l'Arizona, compensant ainsi ses gains par une perte négative de grands électeurs. Ce fut d'ailleurs la première année qu'un démocrate remportait l'État de l'Arizona depuis la victoire d'Harry S. Truman lors de l'élection présidentielle américaine de 1948.

L'élection confirma l'ancrage récent des démocrates dans les anciens bastions du républicanisme modéré qu'étaient la Californie, le Vermont, le Maine, l'Illinois, le New Jersey, la Pennsylvanie ou encore le Connecticut ainsi qu'au Michigan et dans le Delaware. Ce fut également la première fois que le conservateur New Hampshire optait deux fois de suite pour un candidat démocrate à une élection présidentielle. Ces bons résultats ne masquaient pas la faiblesse et le déclin des démocrates dans leurs anciens bastions des États du Sud qu'ils avaient dominés de 1880 à 1964 et où, cette année, ils ne remportaient que 4 des 11 États. La carte électorale de l'année 1996 confirma ainsi la nouvelle géographie politique du pays, ébauché lors des élections de 1992.

En obtenant 8 % des suffrages, Ross Perot obtenait un score deux fois moins important qu'en 1992. Cristallisant sur son nom le vote conservateur en Arizona, il aidait indirectement l'État à basculer vers les démocrates. Ross Perot est le dernier candidat d'un parti tiers à obtenir, jusqu'en 2016, plus de 3 % des suffrages populaires.

L'élection présidentielle de 1996 est la première où le vainqueur n'obtint pas la majorité du vote masculin.

Ce fut la dernière élection à ce jour qu'un démocrate remporta les États d'Arkansas, du Tennessee, de Louisiane, du Kentucky, de Virginie-Occidentale et du Missouri.

Notes et références

Notes

  1. Élection au suffrage universel indirect. Le vote populaire permet aux grands électeurs désignés par les différents partis de voter pour le candidat arrivé en tête dans chaque État.
  2. Débat entre Bill Clinton et Bob Dole.
  3. Débat entre Al Gore et Jack Kemp.
  4. Conditions requises par la clause 5 de l'article 2 de la Constitution des États-Unis.
  5. Auparavant, Theodore Roosevelt avait été élu comme vice-président en 1900, avant de succéder à William McKinley après son assassinat, puis réélu en 1904. Il s'est présenté en 1912 comme candidat du Parti progressiste après avoir rompu tout lien avec son successeur William Howard Taft. Avant lui, Martin Van Buren et Millard Fillmore se sont représentés après leur départ de la Maison-Blanche, tandis que Ulysse S. Grant y a renoncé en 1880. Il fut d'ailleurs le seul à l'envisager avant Theodore Roosevelt après avoir effectué deux mandats, de 1869 à 1877.

Références

  1. (en) « Voter Turnout in Presidential Elections », sur www.presidency.ucsb.edu (consulté le ).
  2. (en) « National General Election VEP Turnout Rates, 1789-Present », sur www.electproject.org (consulté le ).
  3. (en) Douglas Jehl, « Car Bomb Found Near Bush Said to Suggest Hand of Iraq », sur New York Times, (consulté le ).
  4. (en) Tim Weiner, « Plot by Baghdad to Assassinate Bush Is Questioned », sur New York Times, (consulté le ).
  5. (en) Stephen Labation, « Congressmen Urge Action if Iraq Hatched Plot to Assassinate Bush », sur New York Times, (consulté le ).
  6. (en) Eric Schmitt, « RAID ON BAGHDAD: The Overview; U.S. Says Strike Crippled Iraq's Capacity for Terror », sur New York Times, (consulté le ).
  7. (en) « Air Strike Against Iraq », sur C-SPAN, .
  8. (en) « THE SOMALIA MISSION; Clinton's Words on Somalia: 'The Responsibilities of American Leadership' », sur New York Times, (consulté le ).
  9. (en) « Election and voting information », sur FEC.gov (consulté le ).
  10. Le colistier de Ralph Nader était différent d'État en État.
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