Élection présidentielle américaine de 1984
L'élection présidentielle américaine de 1984 opposa le président républicain sortant Ronald Reagan au candidat démocrate, Walter Mondale, ancien vice-président de Jimmy Carter.
Élection présidentielle américaine de 1984 | |||||
Type d’élection | Élection présidentielle[alpha 1] | ||||
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Débat(s) | [alpha 2] [alpha 3] [alpha 2] | ||||
Corps électoral et résultats | |||||
Population | 238 256 849 | ||||
Inscrits | 173 936 000 | ||||
Votants | 92 652 842 | ||||
53,27 %[1] - [2] - [3] 0,7 | |||||
Ronald Reagan – Parti républicain Colistier : George H. W. Bush | |||||
Voix | 54 455 472 | ||||
58,77 % | 8 | ||||
Grands électeurs | 525 | ▲ +7,4 % | |||
Walter Mondale – Parti démocrate Colistier : Geraldine Ferraro | |||||
Voix | 37 577 185 | ||||
40,56 % | |||||
Grands électeurs | 13 | ||||
Collège électoral | |||||
Président des États-Unis | |||||
Sortant | Élu | ||||
Ronald Reagan Parti républicain |
Ronald Reagan Parti républicain | ||||
Logo officiel de l'élection | |||||
Elle a lieu dans un contexte international qui fut marqué par la crise des euromissiles, la relance de la course aux armements et la hausse du budget militaire, pour financer notamment le projet Initiative de défense stratégique. En interne, après 4 ans de Reaganomics, le pays connait une période de forte croissance économique accompagnée d'une baisse du chômage et de la fiscalité. Face à un président populaire surnommé « le grand communicateur », Walter Mondale et sa colistière Geraldine Ferraro, représentante de New York, ne parviennent pas à reprendre l'appui du Sud conservateur ni à progresser dans d'autres segments de l'électorat.
Ronald Reagan est réélu président avec une énorme majorité de voix (58,8 %) et du collège électoral (98 %) remportant 49 des 50 États des États-Unis contre 40,6 % des voix à Mondale qui ne parvient à gagner que dans son État du Minnesota et dans le district de Columbia. L'élection de 1984 est la seconde après celle de 1972 où un candidat remporte 49 États sur 50. Le score de 525 grands électeurs est le plus haut jamais obtenu par un candidat à l'élection présidentielle. Pour la première fois depuis 1960, la participation électorale est en hausse par rapport à l'élection précédente.
Conditions d'éligibilité
Ne peuvent se présenter, selon l'article II section première de la Constitution[alpha 4], que les citoyens américains:
- Américains de naissance ;
- âgés d'au moins 35 ans ;
- ayant résidé aux États-Unis depuis au moins 14 ans.
Depuis l'adoption du XXIIe amendement en 1947 et sa ratification en 1951, les anciens présidents qui ont déjà été élus deux fois ne sont plus éligibles[alpha 5]. Seul Richard Nixon était dans ce cas, car deux autres anciens présidents encore en vie au moment de l'élection présidentielle de 1984, Gerald Ford (n'ayant jamais été élu président, l'étant devenu car il était vice-président de Nixon lorsque ce dernier a démissionné) et Jimmy Carter (n'ayant été élu qu'une fois) pouvaient donc théoriquement se présenter à cette élection
Nominations
Parti républicain
- Ronald Reagan, président des États-Unis sortant
Le suspense était inexistant durant la campagne des primaires républicaines. Le président sortant remporta la totalité des voix des délégués (sauf 2 abstentions) et 98,78 % des voix des suffrages lors des primaires.
Parti démocrate
- Walter Mondale, ancien vice-président sous le mandat de Jimmy Carter
- Jesse Jackson révérend et ancien militant pour les droits civiques (Illinois)
- John Glenn sénateur de l'Ohio
- George McGovern ancien sénateur du Dakota du Sud
- Reubin Askew, ancien gouverneur de Floride
- Alan Cranston, sénateur de Californie
- Ernest Hollings, sénateur de Caroline du Sud
Seuls Mondale, Hart et Jackson parviennent à émerger lors des élections primaires et à remporter au moins un État. Au départ, Walter Mondale était perçu par les observateurs comme le candidat favori pour obtenir la nomination. Il avait le soutien de l'appareil et d'une majorité des membres éminents ou des élus du parti comme l'ancien président Jimmy Carter.
Jesse Jackson était le second Afro-Américain, après Shirley Chisholm, à tenter d'obtenir la nomination du Parti démocrate. Soutenu notamment par Marion Barry, le maire de Washington DC, par Orval Faubus, ancien gouverneur d'Arkansas et ancien opposant à la déségrégation ainsi que par l'ancien boxeur Mohamed Ali, il fut le premier afro-américain à s'imposer lors d'élections primaires qu'il remporta en Caroline du Sud, en Virginie, en Louisiane ainsi qu'en partie dans le Mississippi. Il parvint à fixer sur son nom l'ensemble de l'électorat noir, parvenant à lui donner, pour le Sud, de la visibilité au sein du Parti démocrate. Ses propos en faveur d’un État palestinien ou contre les Juifs qu’il qualifia de « Hymies » (terme péjoratif assimilable à « youpin ») et New York de « Hymies Town », lui coûtèrent tout espoir d'élargir sa base électorale. Jackson termina en troisième position de la course des primaires avec 21 % de la totalité des suffrages exprimés mais seulement 8 % du nombre de délégués.
Gary Hart représentait la menace la plus sérieuse pour Mondale. Hart critiquait Mondale qu'il assimilait à un politicien démodé du New Deal et le symbole de politiques erronées. Hart contestait l'alignement vers la gauche pris par Mondale et se positionnait comme un démocrate centriste et moderne, seul capable d'attirer le vote des jeunes. Soutenu notamment par Henry A. Waxman (en), représentant de Californie, par Chuck Schumer représentant de New York et par l'acteur Warren Beatty, il remporta de nombreuses primaires dont celles cruciales du New Hampshire, de l'Ohio et de Californie. Cependant, Hart patissait d'une mauvaise organisation, d'un manque de soutien financier et d'un certain isolement au sein du parti face à Mondale, lequel recevait également le soutien des leaders syndicaux du Midwest et de Nouvelle-Angleterre. Il fut en plus déstabilisé par les débats télévisés des primaires où Mondale parvint à le ridiculiser en assimilant ses propositions au slogan publicitaire de Wendy's, « Ou est le bœuf ? ».
Progressivement, Mondale parvint à distancer Gary Hart, grâce à ses victoires dans les grands États industriels du centre. Après la dernière primaire, qui eut lieu en Californie, Mondale n'était plus qu'à 40 voix de délégués de la majorité absolue.
Le , lors de la réunion de la convention démocrate à San Francisco, appuyé par les super-délégués, Walter Mondale est élu avec 2 191 voix comme candidat du Parti démocrate à l'élection présidentielle de novembre contre 1 200 voix à Gary Hart et 465 à Jesse Jackson.
Lors de son discours d'acceptation, il se positionne comme un candidat honnête contre un président hypocrite : « Disons la vérité : Ronald Reagan augmentera les impôts et je ferai pareil. Il ne vous le dira pas mais moi je le dis ».
Sa candidate à la vice-présidence est Geraldine Ferraro, représentante de New York au Congrès par ailleurs catholique et pro-choix en matière d'avortement. Elle est alors la première femme candidate à un poste de l'exécutif présidentiel. Elle est préférée à deux autres femmes Dianne Feinstein, maire de San Francisco et Martha Layne Collins, gouverneure du Kentucky, à un afro-américain Tom Bradley, le maire de Los Angeles et à un hispanique, Henry Cisneros, maire de San Antonio. D'autres membres du parti auraient préféré un choix plus consensuel voire conservateur comme Lloyd Bentsen pour attirer le vote des sudistes ou Gary Hart pour affirmer l'unité du parti.
Autres candidats
David Bergland (en) était le candidat du Parti libertarien dans 39 États avec James A. Lewis (en) comme colistier.
Comme 4 ans plus tôt, le Parti communiste des États-Unis d'Amérique présenta Gus Hall et Angela Davis.
Campagne présidentielle
À aucun moment Ronald Reagan n'est inquiété par son adversaire démocrate. Il est alors le plus âgé des présidents en exercice et le candidat le plus âgé à une élection présidentielle.
Des débats télévisés sont organisés pour confronter les deux candidats. Lors du premier qui se tient à Louisville (Kentucky), le 7 octobre, Reagan fait une prestation médiocre, confondant, au cours d'une comparaison, l'endroit où il est avec la capitale fédérale. Lors du débat suivant le 21 octobre, il neutralise les critiques sur son âge, qui s'étaient répandues durant la semaine, en déclarant d'emblée « Je ne ferai pas de l'âge un argument de campagne. Je n'exploiterai pas pour des raisons politiques la jeunesse et l'inexpérience de mon adversaire. ».
Résultats
Candidats | Parti | Vote populaire | Collège électoral | ||
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Voix | % | ||||
Ronald Reagan/George Bush | Parti républicain | 54 455 472 | 58,8 | 525 | |
Walter Mondale/Geraldine Ferraro | Parti démocrate | 37 577 352 | 40,6 | 13 | |
David Bergland/Jim Lewis | Parti libertarien | 228 111 | 0,3 | 0 |
Ronald Reagan est réélu le par un raz de marée électoral, remportant 49 États sur 50, 525 grands électeurs sur 538[4] et près de 60 % des suffrages populaires, dépassant le score de Nixon en 1972 (sauf en pourcentages de suffrages populaires). Un tel succès du candidat républicain est en partie attribué à ceux que l'on appela les « Reagan Democrats », soit des millions d'électeurs traditionnellement démocrates, très majoritairement blancs et issus des cols bleus de la classe ouvrière ou de la classe moyenne, qui avaient voté pour Reagan en raison de ses positions socialement conservatrices, de sa politique de sécurité nationale et du boom économique, manifestant un rejet du programme démocrate qu'ils trouvaient trop favorables aux pauvres et aux minorités.
Le Minnesota reste, à 3 000 voix près, fidèle à son ancien sénateur, Walter Mondale qui remporte également le district de Columbia, bastion inébranlable des démocrates, lui donnant au total 13 grands électeurs, le plus faible nombre depuis le républicain Alf Landon en 1936. Si le résultat de Mondale est le pire d'un candidat à l'élection présidentielle en termes de grands électeurs, ses résultats au suffrage populaire sont meilleurs que ceux de George McGovern, de John W. Davis et de James Middleton Cox.
L'année 1984 est la dernière élection présidentielle où un candidat républicain a remporté les États de Hawaï, du Massachusetts, de New York, de l'Oregon, de Rhode Island et du Washington[5].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « United States presidential election, 1984 » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Élection au suffrage universel indirect. Le vote populaire permet aux grands électeurs désignés par les différents partis de voter pour le candidat arrivé en tête dans chaque État.
- Débat entre Ronald Reagan et Walter Mondale.
- Débat entre George H. W. Bush et Geraldine Ferraro.
- Conditions requises par la clause 5 de l'article 2 de la Constitution des États-Unis.
- Auparavant, Theodore Roosevelt avait été élu comme vice-président en 1900, avant de succéder à William McKinley après son assassinat, puis réélu en 1904. Il s'est présenté en 1912 comme candidat du Parti progressiste après avoir rompu tout lien avec son successeur William Howard Taft. Avant lui, Martin Van Buren et Millard Fillmore se sont représentés après leur départ de la Maison-Blanche, tandis que Ulysse S. Grant y a renoncé en 1880. Il fut d'ailleurs le seul à l'envisager avant Theodore Roosevelt après avoir effectué deux mandats, de 1869 à 1877.
Références
- (en) « Voter Turnout in Presidential Elections », sur www.presidency.ucsb.edu (consulté le ).
- (en) « National General Election VEP Turnout Rates, 1789-Present », sur www.electproject.org (consulté le ).
- (en) Dave Leip, « 1984 Presidential General Election Data - National », sur www.uselectionatlas.org (consulté le ).
- 1984 Electoral College Results
- Par comparaison avec toutes les élections présidentielles suivantes jusqu'en 2016.