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Lyndon B. Johnson

Lyndon Baines Johnson (prononcé en anglais : [lɪndən biː ˈdʒɑːnsn][alpha 2]), connu sous ses initiales LBJ, né le à Stonewall (Texas) et mort le à Johnson City (Texas), est un homme d'État américain, 36e président des États-Unis, après en avoir été le 37e vice-président. Membre du Parti démocrate, Johnson est représentant des États-Unis pour le Texas de 1937 à 1949 et sénateur fédéral de 1949 à 1961, dont six ans en tant que chef de la majorité du Sénat, puis deux ans en tant que chef de l'opposition au Sénat et deux ans en tant que whip de la majorité au Sénat. Après avoir tenté en vain d'obtenir l'investiture présidentielle du Parti démocrate, il accepte la proposition de John F. Kennedy de devenir son colistier pour l'élection présidentielle de 1960. Le ticket démocrate l'emporte de justesse face au ticket républicain mené par Richard Nixon.

Lyndon B. Johnson
Illustration.
Portrait photographique du président Johnson (Par Arnold Newman, le ).
Fonctions
36e président des États-Unis

(5 ans, 1 mois et 29 jours)
Élection 3 novembre 1964
Vice-président Hubert Humphrey (1965-1969)[alpha 1]
Gouvernement Administration Johnson
Prédécesseur John Fitzgerald Kennedy
Successeur Richard Nixon
37e vice-président des États-Unis

(2 ans, 10 mois et 2 jours)
Élection 8 novembre 1960
Président John Fitzgerald Kennedy
Gouvernement Administration Kennedy
Prédécesseur Richard Nixon
Successeur Hubert Humphrey (indirectement)
Sénateur des États-Unis

(12 ans)
Élection 2 novembre 1948 (en)
Réélection 2 novembre 1954 (en)
Circonscription Texas
Groupe politique Démocrate
Prédécesseur Wilbert Lee O'Daniel
Successeur William A. Blakley
Chef des Démocrates au Sénat des États-Unis

(8 ans)
Prédécesseur Ernest McFarland
Successeur Mike Mansfield
Chef de la majorité au Sénat des États-Unis

(4 ans)
Prédécesseur William F. Knowland (en)
Successeur Mike Mansfield
Chef de la minorité au Sénat des États-Unis

(2 ans)
Prédécesseur Styles Bridges (en)
Successeur William F. Knowland (en)
Représentant des États-Unis

(11 ans, 8 mois et 24 jours)
Circonscription 10e district du Texas (en)
Prédécesseur James P. Buchanan
Successeur Homer Thornberry (en)
Biographie
Nom de naissance Lyndon Baines Johnson
Surnom LBJ
Date de naissance
Lieu de naissance Stonewall (Texas, États-Unis)
Date de décès (à 64 ans)
Lieu de décès Stonewall (Texas, États-Unis)
Nature du décès Infarctus du myocarde
Sépulture Lyndon B. Johnson National Historical Park, Stonewall (Texas, États-Unis)
Nationalité Américaine
Parti politique Parti démocrate
Père Samuel Ealy Johnson Jr. (en)
Grand-père paternel Samuel Ealy Johnson Sr. (en)
Grand-père maternel Joseph Wilson Baines (en)
Conjoint
Lady Bird Johnson (m. 19341973)
Enfants Lynda Bird Johnson (en)
Lucie Baines Johnson (en)
Famille George Washington Baines (en) (arrière-grand-père maternel)
Diplômé de Université d'État du Texas (1930)
Profession Enseignant
Distinctions Médaille présidentielle de la Liberté (1980, posthume)
Religion Baptisme

Signature de Lyndon B. Johnson

Représentants des États-Unis pour le Texas
Sénateurs des États-Unis pour le Texas
Vice-présidents des États-Unis
Présidents des États-Unis

Le jour même de l'assassinat en cours de mandat de John F. Kennedy, le , il accède à la présidence des États-Unis en sa qualité de vice-président. Il termine la présidence de Kennedy, puis est élu sur son propre nom, l'emportant largement à l'élection présidentielle de 1964. Son mandat est marqué par de violentes émeutes raciales et des assassinats politiques, notamment ceux de Malcolm X, Martin Luther King et Robert Francis Kennedy. Johnson conçoit le programme politique de « Great Society », qui comprend des lois qui soutiennent les droits civiques des minorités, la radiodiffusion publique, la protection de l'environnement, l'aide à l'éducation. Il lance un programme de « guerre contre la pauvreté », créant ainsi le Medicare et le Medicaid et signe en 1965 le Voting Rights Act. Le comportement dominateur de Johnson est resté célèbre, notamment son fameux « traitement Johnson », par lequel il s'imposait physiquement à ses interlocuteurs[1], et dont il a souvent abusé même face aux plus influents hommes politiques pour les forcer à accepter ses législations[2].

Simultanément, il doit gérer la première partie de la guerre du Viêt Nam, où l'implication américaine s'intensifie. La guerre se prolongeant, la popularité de Johnson connaît une baisse importante. Après les élections au Congrès de 1966, l'hypothèse d'une réélection de Johnson à l'élection présidentielle de 1968 semble compromise en raison des turbulences que suscite l'opposition à la guerre du Viêt Nam au sein du Parti démocrate et en raison des émeutes raciales. Malgré les échecs de sa politique étrangère, un certain nombre d'historiens tirent un bilan favorable de sa présidence du fait des réformes qu'il a su réaliser en politique intérieure. Après la primaire du New Hampshire, lors de laquelle il est mis en difficulté, il se retire de l’investiture démocrate et renonce ainsi à briguer un nouveau mandat présidentiel à l’occasion de l’élection présidentielle de 1968, qui est remportée par le républicain Richard Nixon.

Situation personnelle

Origines familiales, jeunesse et études

Photographie de Lyndon Johnson en 1915 dans la maison familiale de Texas Hill Country près de Stonewall et Johnson City.

Lyndon Baines Johnson naît le à Stonewall dans le comté de Gillespie situé au centre du Texas, dans une ferme près de la rivière Pedernales, mis au monde avec l'aide d'une sage-femme d'origine allemande que son grand-père paternel Samuel Ealy Johnson Sr. (en) était allé chercher à cheval[3]. Son père, Samuel Ealy Johnson Jr. (en), dont la famille est d'ascendance écossaise-irlandaise et anglaise, épouse en le sa mère Rebekah Baines, dont la famille a des origines anglaises et allemandes[4]. Au cours de la cérémonie, la tante de son père résuma le sens de cette union, phrase qui aura beaucoup d'incidence sur la vie de son petit-neveu[4] :

« Les Baines ont des cerveaux et les Johnson des tripes. Les Baines sont intelligents mais ils ne réussissent pas à faire les choses. Les Johnson, eux, y parviennent. »

Ses parents sont fermiers et son père également homme d'affaires[5], ayant même été un temps instituteur[6]. Avant le mariage, sa mère fut bibliothécaire et enseignante[4]. Son grand-père maternel Joseph Wilson Baines (en), qu'il n'a pas connu, était à la fois professeur de droit et avocat et avait servit dans l'armée confédérée pendant la Guerre de Sécession[7]. Il est l'aîné d'une fratrie de cinq enfants[5], avec un jeune frère Sam Houston Johnson (en) (1914-1978) et trois sœurs, Rebekah (1910-1978), Josefa (1912-1961) et Lucia (1916-1997) et lui-même[8]. Comme la plupart des fermiers texans, les parents de Lyndon ont des revenus modestes. Son père devra même vendre la ferme à cause de l'épuisement des terres[9]. Son père est également actif dans la vie politique locale, membre du parti dominant de l'époque dans le Sud, à savoir le Parti démocrate.

En 1913, les Johnson s'installent dans une bourgade nommée en l'honneur d'un cousin de son père dénommé James Polk Johnson, Johnson City[10] - [11]. Lyndon fréquente l’école publique où il sera plusieurs fois élu président de sa classe. Il y vénère sa maîtresse, Katie Deadrich Looney, qu'il remerciera comme président en l'invitant à assister à la signature de la loi sur l'enseignement sur l'enseignement supérieur en 1965. Il est également membre de l'équipe de baseball de l'école[12]. Il fréquente beaucoup de Germano-Américains, très présents dans la région, bien plus que des Afro-Américains ou des Latino-Américains[11]. Sa mère profite du déménagement pour reprendre son métier d'enseignante. Son père lui, renoue avec les affaires et investit dans l'immobilier[8]. Cependant, Sam perdra à nouveau beaucoup d'argent pendant l'entre-deux-guerres[13]. Lyndon obtient son diplôme de fin d’études secondaires en 1924 au lycée de Johnson City[12]. Dès l'époque du lycée, il excelle dans la prise de parole et dans la rhétorique. Pendant sa jeunesse, son père l'initie également à la politique en l'introduisant auprès des principaux leaders texans[14]. Les dernières années de sa scolarité sont plus chaotiques, y compris sur le plan sentimental, sa petite amie et camarade de classe de l'époque Kitty Clide ayant rompu avec lui sur l'insistance du père fortuné qui méprisait les Johnson[15].

En novembre 1924, malgré le refus de ses parents, il quitte le domicile familial avec quelques amis et se rend en Californie. Il devient secrétaire au cabinet d'avocats de son cousin Tom Martin, qui a réussi à convaincre ses parents. Il quitte le cabinet un an plus tard suite aux problèmes d'alcoolisme de son cousin mais aussi parce qu'il refusait la perspective de longues études pour devenir avocat dans le Nevada[16].

En février 1927, il décide d'entrer à l'université. Il s'inscrit à l'université d'État du Texas, qui est alors la moins onéreuse de l'État[17]. Il commence les cours le mois suivant, à l'occasion du deuxième semestre, après avoir validé toutes les matières qui lui manquaient pour y entrer[18]. Il obtient une licence en 1930, ce qui sera son seul diplôme[19]. En parallèle de ses études, il devient le secrétaire du président de l'université puis chargé de nettoyage. Il participe également à la vie du campus, animant le journal de l'université[20]. En 1928, il assiste à la convention du Parti démocrate (en) qui se tient à Houston[21]. Entre 1928 et 1929, il enseigne à Cotulla où il est le seul professeur et dirige l'école primaire de la ville. À l'époque, les trois quarts des habitants sont des Mexicains[22]. Lyndon est touché par la précarité des enfants qu'il accueille à l'école et va faire preuve de beaucoup d'inventivité pour transmettre et apprendre l'anglais à ces enfants[23]. Cette courte expérience aura une incidence très importante sur sa vie politique et sur ses conceptions sociales et éducatives.

Vie privée

En septembre 1934, Johnson rencontre Claudia Alta Taylor, connue sous le surnom de Lady Bird, une jeune Texane elle aussi, à laquelle il propose immédiatement un rendez-vous[24]. Ils se marient le à San Antonio après s'être fréquentés pendant une courte période[25], en l'absence des parents des mariés[26]. Le voyage de noces se déroule à Mexico, avant le retour à Washington[26]. Ils ont deux filles, Lynda Bird Johnson (en), présidente de l'organisme Reading is Fundamental, née le et Luci Baines Johnson (en), née le [27]. On peut remarquer que Johnson aimait bien donner ses initiales à de nombreuses choses. Les prénoms de ses filles en sont un exemple. Malgré ce mariage heureux, Johnson a de nombreuses relations adultérines, en particulier avec son assistante Alice Marsh.

Il reçoit son premier brevet de franc-maçon le . Il s'aperçoit peu de temps après que ses tâches au Congrès lui prennent trop de temps et il ne cherchera pas à s’élever dans la hiérarchie maçonnique.

Débuts de carrière politique

Juste après son diplôme, Johnson enseigne la prise de parole en public et l'art de la rhétorique dans un lycée de Houston, mais démissionne cependant rapidement pour se lancer en politique[28]. Le père de Johnson avait été élu pour cinq mandats à la législature d'État du Texas et était l'ami du représentant Sam Rayburn, l'une des figures montantes de la politique texane.

Ses premiers pas en politiques ont lieu lors d'un meeting en 1930 pour la campagne de réélection du gouverneur Pat Morris Neff (en), son père l'ayant introduit auprès de lui[29]. La réunion s'éternisant, le gouverneur ayant du retard, Johnson est invité à prononcer un discours au nom du gouverneur[28]. Repéré par le futur représentant fédéral Richard M. Kleberg (en) présent au meeting, il devient son secrétaire après l'élection de Kleberg lors d'une élection partielle[30]. Il mène également efficacement campagne contre le sénateur local Willy K. Hopkins[28]. Le , Lyndon Johnson arrive à Washington[31]. Il ne quittera plus la ville jusqu'à son départ de la Maison-Blanche en 1969[32].

En tant que secrétaire parlementaire, Lyndon B. Johnson se lie avec des personnes influentes, découvre comment elles en sont arrivées là et gagne leur respect grâce à ses compétences. Pendant la période, il travaille de 7 heures 30 à 20 heures et même parfois plus tard, ce qui lui permet de connaître toutes les arcanes et les mécanismes du Congrès[33]. L'efficacité du travail fourni par Johnson fait que les habitants de la circonscription de Kleberg est celle qui bénéficie du plus des différentes politiques du New Deal au niveau fédéral en 1934[34]. Il compte bientôt parmi ses amis des proches du président Franklin Delano Roosevelt, mais aussi des Texans comme lui, parmi lesquels le vice-président John Nance Garner ou le futur président de la Chambre Sam Rayburn, qui deviendra son mentor en politique[35]. Il est même repéré par le président Franklin Delano Roosevelt en personne, qui le nomme en 1935 directeur d’une agence de l’État du Texas chargée de la jeunesse[31]. Ce poste lui permet de proposer des formations et des emplois à des jeunes et donc de montrer aux électeurs texans qu’il a de l’influence. Fin 1936, Johnson est le seul directeur d'agence à avoir accompli les objectifs fixés par le gouvernement fédéral[36]. Il menace tout de même de démissionner lorsqu'on lui suggère d'engager des Afro-Américains au sein de l'agence, justifiant son refus par le fait que cela conduirait à une démission de tous les fonctionnaires. Néanmoins, cet épisode illustrait bien le caractère sudiste du futur président[37]. En coulisses néanmoins, il fait tout son possible pour leur avancement, craignant que la mentalité sudiste ne mette en péril tous ses efforts[38]. Il reste directeur pendant deux ans, puis quitte son poste pour se présenter au Congrès. Le futur président est connu pour être un patron très exigeant avec ses employés, leur demandant de nombreuses heures supplémentaires ; toutefois, il en fait autant, sinon plus, lui-même.

Représentant fédéral pour le Texas (1937-1949)

Portrait de Lyndon B. Johnson en uniforme de l'US Navy, mars 1942.

En 1937, Johnson se présente à la Chambre des représentants à l'élection partielle pour élire le représentant du 10e district du Texas (en), soit la circonscription d'Austin et du comté de Hill[31], suite au décès du représentant James P. Buchanan[39]. Il base sa campagne sur le principe du New Deal et est aidé efficacement par sa femme, Lady Bird Johnson. Il bénéficie également du soutien discret du gouverneur James Allred[40]. Lors de la dernière soirée de campagne, il est victime d'une crise d'appendicite causée par ses nombreux déplacements pendant la campagne, au point d'avoir perdu une vingtaine de kilos, et opéré en urgence[41]. C'est le premier grave problème de santé auquel Johnson est confronté, bien avant de devenir sénateur.

Le président Franklin Delano Roosevelt montre un intérêt personnel pour le jeune Texan dès son élection. Johnson est affecté au Comité des affaires navales, position d'une grande importance pour un jeune élu. Néanmoins, le tout nouveau représentant n'est pas très intéressé par le travail législatif, préférant cultiver ses réseaux au Texas et à Washington. Cela ne l'empêche pas d'obtenir que de vastes chantiers de travaux publics soient conduits dans son État et dans sa circonscription[42]. Il constitue son cabinet à la manière dont fonctionnait celui de Kleberg. Parmi les membres de son cabinet figurent le jeune John Bowden Connally, brillant juriste qui deviendra gouverneur du Texas dans les années 1960 et dont Johnson devint le mentor et Walter Jenkins (en), futur chef de cabinet de la Maison-Blanche[43].

En 1941, Johnson se présente au Sénat dans une élection partielle (en) contre le gouverneur sortant du Texas Wilbert Lee O'Daniel, par ailleurs farouche opposant au New Deal[44] et qui avait promis à Johnson de ne pas se présenter contre lui[45]. Il tombe à nouveau malade pendant la campagne, officiellement admis à l'hôpital pour indigestion alors même qu'il était dépressif à cause de la tournure prise par la campagne[45]. Malgré une campagne extrêmement rôdée, Johnson est battu, mais seulement après un recomptage de bulletins de vote dans une élection marquée par des fraudes massives de part et d’autre[46]. Le lendemain de sa défaite, il est accueilli à la Maison-Blanche par les Roosevelt qui peinent à le relever. Il se décide à rester à la Chambre en attendant d'acquérir plus d'expérience pour le Sénat[47]. La même année, il présente sa première proposition de loi à la Chambre. Au total, il n'en présenta que cinq pendant ses onze années de mandat[43].

Lorsque survient l'attaque de Pearl Harbor, Roosevelt réagit en déclarant la guerre à l'Empire du Japon. Dans le même temps, il enjoint tous les membres du Congrès à gagner leurs centres de mobilisation sans tarder[47]. Johnson ayant déclaré au cours de la campagne électorale qu'il servirait son pays en cas de conflit, il s'engage dans la marine de réserve avec le grade de lieutenant commander (ou de major) correspondant à son statut d'élu. Il obtient de l'amiral Chester Nimitz une mission de contrôle des bases navales du Texas et de la Californie[48]. Pendant cette mission, il envisage une nouvelle candidature au Sénat mais les équipes du président Roosevelt parviennent à l'en dissuader. Il se déclare alors candidat à un nouveau mandat à la Chambre, comme l'oblige la loi. Le président Roosevelt décide de son affectation pour rester sur les opérations militaires. Il participe ainsi en observateur à la campagne de Nouvelle-Guinée dans le cadre de la guerre du Pacifique et sera décoré de la Silver Star par le général Douglas McArthur suite à un accident d'avion qui causa la vie à une partie de l'équipage. Le , il est déchargé de ses obligations militaires comme tous les autres membres du Congrès sur décision du président Roosevelt et décide de revenir à la vie civile[49]. Sa mission dans le Pacifique fut largement embellie par la suite, y compris par Johnson lui-même pour sa carrière politique[50]. L'un de ses biographes, Robert Dallek, juge sa courte mission dans le Pacifique de la façon suivante[51] :

« The mission was a temporary exposure to danger calculated to satisfy Johnson's personal and political wishes, but it also represented a genuine effort on his part, however misplaced, to improve the lot of America's fighting men. »

« La mission était une exposition temporaire à un danger destiné à satisfaire les désirs personnels et politiques de Johnson, mais elle représentait aussi un véritable effort de sa part, si mal placé soit-il, pour améliorer le sort des combattants américains. »

Il est réélu aux élections de mi-mandat pour un nouveau mandat au Congrès. Suite à sa mission, il est affecté à la tête du sous-comité aux affaires navales, dans des travaux similaires à ceux de la commission sénatoriale[52].

En février 1943, sa femme rachète une station de radio locale texane située à Austin, qu'il utilisa abondamment pour sa carrière politique. Dix ans plus tard, une chaîne de télévision associée à la station radio sera créée[53]. Quelques mois plus tôt, les Johnson achètent leur maison à Washington grâce à l'héritage d'une tante de Claudia[27].

Affecté par le décès du président Roosevelt, il opère un changement profond dans sa pratique politique au début du Maccarthysme face à la désaffection pour le nouveau président Harry S. Truman[54].

Sénateur et chef des démocrates (1949-1961)

Le sénateur Lyndon Johnson dans les années 1950.

En 1948, le tiers du Sénat doit être renouvelé. Johnson apprend que le sénateur Wilbert Lee O'Daniel, qui fut son adversaire sept ans plus tôt, renonçait à se présenter, étant totalement déconsidéré par les électeurs texans à cause de ses frasques à Washington[55]. Après avoir hésité, Johnson décide de rentrer dans la course.

Campagne de 1948

Son équipe de campagne est encore plus rôdée qu'en 1941, tandis que lui-même bénéficie d'importants soutiens financiers et de personnalités. Il devient le premier candidat à utiliser un hélicoptère pour mener campagne. Son adversaire est l'ancien gouverneur Coke Stevenson, qui dispose d'un réseau très important dans son État. Comme en 1941, la campagne porte principalement sur le maintien ou non des politiques du New Deal[56]. Stevenson n'a d'ailleurs pas de véritable programme, ce qui ne l'empêche pas d'être en tête des intentions de vote pour la primaire démocrate. En mai 1948, comme sept ans plus tôt, Johnson tombe à nouveau malade. Le diagnostic est sans appel : les médecins décèlent un calcul rénal, lui-même provoquant des coliques néphrétiques et même une infection. Johnson refuse l'opération et termine la campagne aidé par des injections de morphine[57]. Il finit malgré tout par être hospitalisé en urgence à Dallas, mais parvient à cacher l'information. Il est également hospitalité dans le Minnesota où les médecins parviennent à extraire le calcul sans opération, ce qui constituait une prouesse à l'époque. C'est à partir de là qu'il utilise massivement l'hélicoptère pour les besoins de sa campagne, principalement dans les comtés ruraux de l'État[58].

Le soir du premier tour de la primaire, Johnson arrive deuxième avec 30 % des suffrages contre 40 % à Stevenson[59]. La campagne pour le second tour de la primaire confirme sa mue vers le conservatisme, notamment sur la politique intérieure du président Truman. Johnson n'hésite pas à attaquer frontalement son adversaire sur ses positions, notamment sur son soutien à la loi Taft-Hartley Johnson avait cependant voté pour à la Chambre et au maintien de la ségrégation raciale[60]. Comme en 1941, le scrutin est marqué par les erreurs et une fraude électorale importante[61]. Après trois dépouillements, Johnson est déclaré vainqueur de la primaire par 87 voix d'avance[62]. L'espacement des dépouillements maintint l'espoir dans le camp de Johnson, qui pouvait estimer le nombre de voix manquantes pour l'emporter[61]. Stevenson fit de nombreux recours qui furent tous rejetés par la Cour suprême, et le résultat de la primaire fut validé définitivement le , soit deux jours avant l'investiture des nouveaux sénateurs. Johnson est largement élu lors de l'Election Day le [63]. Il accompagne le président Truman dans sa campagne pour l'élection présidentielle, ce qui lui permet de se montrer auprès des électeurs[64]. Il arrive au Sénat avec le surnom de « Lanslide Johnson » (glissement de terrain), qu'il assuma malgré les critiques[65].

Mandature

Johnson commence son mandat au Sénat le . Comme à la Chambre, il cherche à connaître et cerner toutes les arcanes de la chambre haute. Lui-même texan mais désireux d'acquérir une stature, il comprend vite qu'il doit se rapprocher des démocrates sudistes, en particulier de Richard Brevard Russell, Jr., l'influent sénateur de Géorgie[66]. Il n'hésite pas non plus à se rapprocher d'hommes plus libéraux[67].

Affecté à la commission des forces armées, il est à l'origine de la création d'un sous-comité chargé de la préparation militaire à d'éventuels conflits armés, dont il prend la tête en 1950[66]. Il est également affecté à la commission chargée du commerce, ce qui lui permet de conserver de solides liens avec les pétroliers texans. Cependant, très vite, Johnson se voit confronté à un dilemme. Le programme législatif proposé au Congrès était essentiellement tiré du Fair Deal, programme défendu par Truman pendant l'élection présidentielle et dans son discours sur l'état de l'Union deux jours après la rentrée parlementaire[68]. Le principal point d'opposition entre les sénateurs démocrates et le président est celui de l'obstruction parlementaire (filibuster en anglais) dont abusent en particulier les démocrates sudistes[alpha 3]. Dans son premier discours de sénateur, Johnson expose son refus de soutenir le programme législatif du président, même seulement au nom des droits des États, vieille querelle depuis la fin du XVIIIe siècle[69]. Son discours est très mal reçu auprès de la National Association for the Advancement of Colored People, en particulier au Texas. Pendant ses premières années au Sénat, il affirme son ambiguïté politique.

Johnson travaille énormément à partir du déclenchement de la guerre de Corée, qu'il approuve personnellement, au point de faire fonctionner le sous-comité de la préparation militaire même lorsque le Sénat n'est pas en session[70]. Il va même jusqu'à fournir des documents au président Truman qui vont lui permettre de renvoyer le général MacArthur[71]. En janvier 1951, il est récompensé en devenant le whip (chef de file) du groupe démocrate[72]. Johnson se sert alors de cette fonction pour renouer le lien avec les démocrates libéraux et pour se détacher quelque peu de l'influence des sudistes. Lors du renouvellement du Sénat en 1952, le chef de file des démocrates Ernest McFarland est battu par le républicain Barry Goldwater. Johnson est ainsi choisi par ses pairs pour lui succéder à partir du . Cependant, les démocrates perdent aussi la majorité dans les deux chambres du Congrès dans le sillage de l'élection de Dwight D. Eisenhower comme président[72]. Même le Texas vote majoritairement pour les républicains[73].

Durant le passage dans la minorité, Johnson tire profit de la situation en plaçant dans les différents comités les sénateurs non pas en fonction de leurs convictions politiques, mais justement pour éviter les tensions au sein même du groupe démocrate. Il sort de son chapeau une vieille règle oubliée, celle du « consentement unanime », qui nécessite que le groupe démocrate ne présente des projets de loi adoptés par au moins 90 % du comité de direction du groupe[74]. Il est à l'origine de la télédiffusion des affrontements interposés entre Joseph McCarthy et l'armée qui aboutiront à la disgrâce du sénateur et la fin du maccarthysme[75]. Entre juillet 1955 et janvier 1956, il est absent de Washington, car victime d'une crise cardiaque sévère[76]. Confronté aux débuts du mouvement pour les droits civiques, il comprend que la clé pour mettre d'accord les républicains et les démocrates est la question du droit de vote[77].

Campagne présidentielle de 1960 et réélection sénatoriale

Le succès de Johnson au Sénat fait de lui un candidat démocrate potentiel pour la présidentielle de 1956, il est le « fils préféré » du Texas lors de la convention nationale du parti de cette année. Le républicain Eisenhower sera réélu.

En 1960, Johnson forme une coalition appelée Stop Kennedy avec Adlai Stevenson, Stuart Symington, et Hubert Humphrey et obtient 409 voix lors la convention démocrate, mais John Fitzgerald Kennedy, le sénateur du Massachusetts, est élu dès le premier tour de scrutin avec 806 voix de délégués[78]. Il avait déclaré sa candidature à peine une semaine avant la convention, ce qui fut préjudiciable[79].

Néanmoins, Kennedy se rend compte qu'il ne pourra pas être élu sans l'appui des démocrates du sud traditionnel, dont la plupart ont soutenu Johnson. Par conséquent, malgré leur rivalité il prend Johnson comme colistier et candidat à la vice-présidence. Robert Francis Kennedy tenta de dissuader Johnson, qu'il méprisait depuis plusieurs années, en l'accusant de chantage pour obtenir la vice-présidence. John dût intervenir pour mettre fin à la discussion[80].

En même temps qu'il concourait pour obtenir la vice-présidence, Johnson cherchait à gagner un troisième mandat au Sénat. Il l'emporta sur les deux tableaux le (il avait changé la loi du Texas pour pouvoir se présenter aux deux postes). Ayant gagné la vice-présidence, il démissionna du Sénat, comme il était tenu de le faire, le [81].

Vice-présidence (1961-1963)

Après l'élection et l'investiture, Johnson se retrouve sans pouvoir. Il tente d'abord de transférer l'autorité du chef de la majorité du Sénat à la vice-présidence, puisque cette charge faisait de lui le Président du Sénat, mais fait face à une opposition véhémente de la part de la coalition démocrate, y compris ceux sur lesquels il avait compté comme ses partisans[82]. Les limites de son influence furent encore mises en relief plus tard cette année-là quand Kennedy nomma Sarah T. Hughes (en), une amie de Johnson, comme Juge fédéral de la magistrature ; alors que Johnson avait échoué à obtenir cette nomination pour Hughes au début de sa vice-présidence, le Président de la Chambre des représentants Sam Rayburn venait de la marchander avec Kennedy, en échange de son soutien sur une loi.

Kennedy s'efforce de garder Johnson occupé, informé, et souvent présent à la Maison-Blanche, mais certains de ses conseillers et des membres de la famille Kennedy sont dédaigneux envers lui[80]. Kennedy le nomme à des postes tels que chef du Comité du président sur l'égalité des chances au travail, ce qui permet à Johnson de s'occuper des Afro-Américains et des autres minorités[83]. Bien que Kennedy puisse avoir eu l'intention que cela soit pour Johnson une position plutôt symbolique, Taylor Branch dans le Pillar of Fire affirme que Johnson contribua à pousser les actions de l'administration Kennedy pour les droits civiques plus loin et plus vite que Kennedy ne l'avait prévu au départ. Branch note l'ironie que Johnson, sur lequel la famille Kennedy comptait pour apaiser les électeurs conservateurs du sud, soit devenu l'avocat des droits civiques. En particulier, il constate que le discours de Johnson lors du Memorial Day de 1963 à Gettysburg, en Pennsylvanie, fut un catalyseur qui conduisit à plus d'action. Johnson s'éloigna définitivement des ségrégationnistes à l'automne 1962, déçu du manque d'avancement pour les Afro-Américains que le comité a aidé[84].

Johnson s'occupe de nombreuses missions diplomatiques mineures, ce qui ne lui donne qu'un aperçu limité des questions internationales. Il lui est permis de suivre les réunions du Cabinet et du Conseil de sécurité nationale. Kennedy donne à Johnson le contrôle de toutes les nominations présidentielles impliquant le Texas, et il est nommé président du President's Ad Hoc Committee for Science. Lorsqu'en , les Soviétiques battent les États-Unis pour mener le premier vol spatial habité, Kennedy charge Johnson de trouver une prouesse scientifique qui pourrait rétablir la prédominance mondiale des États-Unis. Johnson savait que le programme Apollo et l'élargissement de la NASA étaient réalisables, il guide donc la recommandation vers le programme de l'envoi d'un Américain sur la Lune[83].

Le vice-président Johnson est complètement tenu à l'écart des opérations lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, ne s'exprimant pas au Conseil de sécurité nationale. Il effectue néanmoins onze voyages à l'étranger au cours de son mandat[85].

En , Johnson est touché par un scandale au Sénat quand Bobby Baker (en), le secrétaire de la majorité au Sénat, un protégé de Johnson, fait l'objet d'une enquête par le Comité d'éthique du Sénat pour des allégations de corruption et malfaisance financière. Baker démissionne en octobre et l'enquête s'arrête avant de toucher Johnson[86]. Mais la publicité négative de l'affaire fut telle qu'elle alimenta des rumeurs dans les milieux de Washington selon lesquelles Kennedy avait pris la décision de rayer Johnson du ticket démocrate pour l'élection présidentielle de 1964. Le , Kennedy nie cependant que ce soit le cas devant un journaliste[87].

Président des États-Unis (1963-1969)

Voyages à l'étranger de Lyndon Johnson durant sa présidence.

Assassinat de John F. Kennedy et accession à la présidence

Lyndon Johnson pendant son investiture à bord de Air Force One par la juge Sarah T. Hughes, après l’assassinat de John F. Kennedy.

Lyndon Johnson est investi président des États-Unis à bord d'Air Force One[88], à l'aéroport de « Love Field » de Dallas, deux heures et huit minutes après l'assassinat du président John F. Kennedy, le . Il est investi par la juge fédérale Sarah T. Hughes (en), une amie de la famille, faisant de lui le premier président investi par une femme. Il est également le seul président à avoir prêté serment sur le sol du Texas. Johnson n'a pas juré sur la Bible, car il n'y en avait aucune sur Air Force One. Un missel catholique romain trouvé dans le tiroir du bureau de Kennedy fut utilisé pour le serment.

Depuis, de nombreux livres et documentaires ont soutenu l'hypothèse selon laquelle Johnson aurait fait partie des commanditaires et des organisateurs du meurtre de John F. Kennedy. C'est également l'opinion de l'épouse de ce dernier, Jacqueline Kennedy[89]. Peu avant son assassinat, le président Kennedy avait fait part à des confidents, parmi lesquels sa secrétaire particulière à la Maison-Blanche, Evelyn Lincoln (en), de sa volonté de choisir un autre colistier que Lyndon Johnson lors de l'élection présidentielle de 1964. Johnson était en effet impliqué dans pas moins de quatre enquêtes criminelles ; celles-ci furent classées après l'accession de Johnson à la présidence.

Débuts mouvementés à la Maison-Blanche

Dans les jours suivant l'assassinat, Lyndon B. Johnson, prononce une allocution devant le Congrès, et déclare notamment : « Aucun discours ou éloge ne pourrait plus éloquemment honorer la mémoire du Président Kennedy que de valider le plus tôt possible le projet de loi des droits civiques pour lequel il a combattu si longtemps[90]. »

Cependant, Johnson doit faire face à de nombreux problèmes à son arrivée à la Maison-Blanche. Il a l’impression que le personnel en poste, nommé par Kennedy, reste attaché à ce dernier et ne le respecte pas. Il en remplace une partie. Restent Bobby Kennedy, ministre de la Justice, dont il a besoin malgré leur animosité réciproque, Robert McNamara, secrétaire à la Défense, Dean Rusk, secrétaire d'État, jusqu'en 1966 McGeorge Bundy. Durant la première année de son mandat, Johnson se dispute notamment avec des sénateurs et le rédacteur de ses discours, qui veulent conserver la mémoire de Kennedy et refusent de soutenir ses propositions. Entre au début 1964 un républicain, Thomas Mann, comme sous-secrétaire d'état aux affaires latino-américaines. Ted Sorensen s'en va. Johnson parvient à faire passer sa politique et, en 1964, le Congrès vote une loi sur la réduction des impôts et la loi sur l'égalité des chances, dans le cadre de la guerre contre la pauvreté que Johnson a décrétée lors de son discours sur l'état de l'Union de .

À l'étranger, en Amérique latine c'est la politique impérialiste du Gros Bâton qui est imposée. Ainsi en est-il du rétablissement, le , des relations diplomatiques avec la république dominicaine que Kennedy avait rompues après le coup d'état militaire du contre Juan Bosch et peu après avec la dictature militaire du Honduras installée le ; de la répression en des manifestations à Panama par les GI ; de l'aide au coup d'état au Brésil du ou Opération Brother Sam ; du soutien inconditionnel aux dictatures de Haiti, du Paraguay ; et à partir de 1965 du combat contre les Tupamaros en Uruguay. Au Viêt Nam ce sera en la Résolution du golfe du Tonkin, soit la constitutionnalisation des bombardements américains sur le Nord Viêt Nam prétextés par les incidents du golfe du Tonkin, et dont on découvrira en 1968 qu'ils relevaient d'un coup monté. Cependant avec l'URSS la politique de coexistence pacifique est maintenue. La promesse formulée par Kennedy à Khrouchtchev après la Crise des missiles de ne pas envahir Cuba est renouvelée[91].

Élection présidentielle de 1964

Les États gagnés par Johnson sont en bleu.

Le président Johnson n'est pas favori pour l'investiture du Parti démocrate, d'autant que Robert Francis Kennedy, le frère de l'ancien président, était plébiscité pour le ticket de vice-président. De plus, sa politique sur les droits civiques rencontre une forte opposition dans les États sudistes, surtout le gouverneur de l'Alabama George Wallace, qui se présenta contre lui lors de la primaire démocrate. Il fut choisi comme candidat à la présidence des États-Unis, en compagnie de son colistier Hubert Humphrey, sénateur du Minnesota au cours de la convention démocrate d'Atlantic City dans le New Jersey, du 24 au .

Le , Lyndon B. Johnson arrive largement en tête devant le candidat républicain Barry Goldwater, qui ne remporte que l'Arizona et les États du Sud, excepté l'Arkansas, la Caroline du Nord et la Floride. Il remporte l'élection présidentielle avec le plus large vote populaire (61,1 %) et 486 grands électeurs, parmi lesquels ceux de l'Alaska et la Californie (État originaire de Richard Nixon). C'est la seule élection présidentielle où l'Alaska choisira le candidat démocrate.

Second mandat (1965-1969)

Le président Johnson fut investi pour un second mandat le sur le Capitole dans la capitale Washington.

Politique intérieure

Johnson inscrit sa politique de « Great Society » au programme de travail du Congrès en janvier 1965 : aide à l'éducation, lutte contre la maladie, sécurité sociale, rénovation urbaine, embellissement, écologie, développement des zones négligées, lutte à grande échelle contre la pauvreté, contrôle et prévention du crime et de la délinquance, soutien au mouvement des droits civiques en signant, en , le Voting Rights Act. De plus, il signe la même année le Immigration and Nationality Act of 1965, cessant ainsi la discrimination contre les immigrés non européens. Le Congrès vote rapidement les lois correspondant aux recommandations de Johnson.

À partir de 1965, des millions de personnes âgées bénéficient de l'amendement Medicare à la Loi sur la Sécurité sociale. En 1966, il signe la loi sur la liberté de l'information (FOIA) qui permet au public d'accéder plus facilement aux documents de l'administration américaine.

Sous l'influence de Johnson, les États-Unis explorent l’espace de façon spectaculaire dans le cadre d'un programme qu’il a soutenu dès ses débuts. Lorsque trois astronautes du programme Apollo font le tour de la Lune en , Johnson les félicite en disant : « Vous nous avez emmenés… nous tous, tout autour du monde, dans une nouvelle ère… ».

Néanmoins, deux crises importantes prennent de l'ampleur à partir de 1965. En dépit des nouveaux programmes anti-pauvreté et anti-discrimination, des troubles et des émeutes dans les ghettos noirs désorganisent le pays.

Après les émeutes de Newark et de Détroit en (Hot summers), Johnson ordonne la création d'une commission d'enquête sur les causes des émeutes raciales ayant lieu tous les étés depuis 1964, dirigée par le gouverneur de l'Illinois Otto Kerner, Jr.[92].

La Commission Kerner publie son rapport en , stigmatisant le « racisme blanc » et mettant en garde la Maison-Blanche contre une fracture sociale et raciale grandissante, ainsi que contre le risque de la mise en place d'un « système d'apartheid » dans les grandes villes[92]. Elle affirmait ainsi : « Our nation is moving toward two societies, one black, one white—separate and unequal »[92] (Notre Nation se dirige vers deux sociétés, une noire et une blanche - séparées et inégales). Pour lutter contre ce danger, la commission Kerner appelle à approfondir les programmes de protection sociale et d'aider les bidonvilles[92]. Un mois après la publication du rapport, l'assassinat de Martin Luther King provoque des émeutes dans plus de cent villes[92].

Les recommandations de la Commission Kerner sont cependant rejetées par Johnson[92].

Politique étrangère

Dean Rusk, Lyndon B. Johnson et Robert McNamara, en février 1968.
Guerre du Viêt Nam
Johnson et Nguyễn Văn Thiệu, président de la République du Viêt Nam, lors d'une rencontre en juillet 1968.

L'autre crise vient du Viêt Nam. Le nouveau président pense en termes de politique intérieure, ayant en tête le précédent de la guerre civile chinoise (1946-1949) qui avait été utilisée par Joseph McCarthy pour accabler l'administration Truman, la responsabilité de la défaite de Tchang Kaï-chek en 1949 ayant été mise à l'époque sur le compte d'une trahison démocrate.

Malgré les efforts de Johnson pour combattre les communistes viêtnamiens et soutenir le Sud-Viêt Nam, l'affrontement se poursuit. Au plan international les États-Unis sont critiqués, notamment par le général de Gaulle lors d'un discours à Phnom Penh le . La controverse sur la guerre devient critique à partir de mars 1968 après le sérieux coup de semonce de l'offensive du Têt (fin janvier — début février 1968). Sa popularité est donc largement entamée lorsque Robert Kennedy, très critique à l'égard de l'engagement au Viêt Nam, se lance dans la course à la présidence (). Le frère de JFK provoque immédiatement une large adhésion populaire à sa candidature. C'est alors que Johnson, à la surprise générale, annonce qu'il ne briguera pas un second mandat (). Cette décision sera maintenue après l'assassinat de Bob Kennedy le , trop tardif il est vrai pour revenir dans la course. Les bombardements aériens sont arrêtés sur ordre de Johnson le [93].

Lyndon Johnson a constamment renforcé l'effort de guerre entre 1965 et 1968, ce qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de soldats américains (près de 60 000, plus qu'en Corée), et peut-être 20 à 30 fois plus de soldats vietnamiens (les estimations vont de 500 000 à 2 000 000). En 1968, il restreint les bombardements du Viêt Nam du Nord pour entamer des négociations qui n'aboutiront pas sous sa présidence. Toutefois, par crainte que la guerre gêne son programme social, l'escalade militaire, bien que significative, ne sera jamais suffisante pour faire pencher militairement la balance de façon décisive, pour autant que cela fût possible. Cette approche mesurée est mal vue par le Pentagone et les alliés des États-Unis au Viêt Nam du Sud. Attaché à la coexistence pacifique avec l'URSS, Johnson se refuse néanmoins à empêcher l'approvisionnement de la RDV en armes soviétiques, et miner le port d'Haïphong. Il veut aussi éviter de pousser Hanoï à attaquer les bases américaines en Thaïlande. La présidence de Johnson est dominée par cette guerre. Alors que de plus en plus de jeunes Américains meurent au Viêt Nam, la cote de popularité du président s'effondre, particulièrement lorsqu’il est confronté aux manifestations étudiantes (« Hé, hé, LBJ, combien d’enfants as-tu tués aujourd’hui ? ») et après l'offensive du Tết, en 1968, où les Vietcongs bousculent l'armée américaine et menacent l'ambassade des États-Unis à Saïgon, faisant d'une défaite militaire une victoire médiatique.

Invasion de la République dominicaine

En , alors que le régime militaire dominicain est contesté par des manifestations massives et la rébellion de certaines casernes, Lyndon Johnson fait intervenir 35 000 soldats américains pour restaurer l'autorité du régime. Les combats provoquent plus de 5 500 morts et des milliers de manifestants et rebelles sont capturés. Devant les critiques internationales (les Nations unies ouvrent un débat sur « l'intervention américaine en République dominicaine »), Johnson affirme que « l'insurrection dominicaine revêt certains aspects d'un mouvement communiste ». Au contraire, pour Juan Bosch, dirigeant en exil du mouvement nationaliste dominicain : « L'intervention américaine a créé en une semaine plus de communistes qu'en cinq ans les Russes, les Chinois et les Cubains réunis[94]. »

Coexistence pacifique
Le président du conseil des ministres de l'Union soviétique Alexis Kossyguine et Lyndon B. Johnson le .

Entamée en 1963 après la crise de Cuba, la politique de coexistence pacifique avec l'URSS, qui livre régulièrement des armes au Nord-Viêt Nam, continue tout en gardant une certaine retenue. Un traité sur la démilitarisation de l'espace est signé en . Le président Johnson rencontre le chef du gouvernement soviétique Alexis Kossyguine à Glassboro en . Cette ville du New Jersey a été choisie parce qu'elle se trouve à équidistance entre New York et Washington. On parle désormais de l'esprit de Glassboro. En sera conclu le Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Cette période est marquée par la reconnaissance de la République populaire de Chine par un grand nombre de pays, notamment par la France du général de Gaulle en 1964. Pour leur part, les États-Unis continuent de soutenir Taïwan, qui occupe depuis 1949 le siège permanent de la Chine au Conseil de sécurité.

Élection présidentielle de 1968

Lyndon B. Johnson s'adressant à la nation, le depuis le Bureau ovale.
Lyndon Johnson, le .

Lyndon B. Johnson pouvait se représenter une seconde fois en 1968, n'ayant été élu qu'en 1964. Son premier mandat ayant duré à peine plus d'un an, il pouvait donc concourir selon le vingt-deuxième amendement. Il n'avait aucune intention de choisir un autre candidat à la vice-présidence qu'Hubert Humphrey. Cependant il devait faire face à deux candidatures importantes. La première fut celle de Robert Francis Kennedy, frère de l'ancien président, qui n'aimait pas beaucoup Johnson et avait quitté le gouvernement en . La seconde fut celle du gouverneur de l'Alabama George Wallace, qui luttait pour le maintien de la ségrégation raciale dans les États du Sud. Johnson ne remporta qu'une seule primaire, celle du New Hampshire, et subit de gros revers, notamment en Pennsylvanie.

Le , à l'occasion d'un discours retransmis en direct à la télévision, Johnson annonce, à la surprise générale, qu'il ne cherchera pas à obtenir un second mandat. Il annonce également l'arrêt immédiat et sans conditions des raids au Viêt Nam et appelle Hô Chi Minh à négocier la paix[95]. La campagne présidentielle est marquée par deux assassinats, celui de Martin Luther King le à Memphis et celui de Robert Francis Kennedy le juste après sa victoire à la primaire de Californie, ce qui faisait alors de lui le candidat démocrate le mieux placé face au candidat républicain.

La convention du Parti démocrate de Chicago du 26 au désigna le vice-président Hubert Humphrey comme candidat à la présidence, avec le sénateur du Maine Edmund Muskie comme candidat à la vice-présidence. Cependant, le parti dut affronter le dissident George Wallace qui décide de se maintenir comme candidat indépendant.

Le , Richard Nixon remporta l'élection présidentielle avec 110 grands électeurs de plus qu'Hubert Humphrey (301 contre 191) et 512 000 voix d'avance du vote populaire. De son côté, George Wallace gagna 46 grands électeurs (Alabama, Arkansas, un électeur de Caroline du Nord, Géorgie, Louisiane, Mississippi) et 13,5 % du vote populaire.

Retraite et mort

Une couronne du souvenir sur la tombe du Président Johnson au Texas.
Cercueil de Johnson placé sous la rotonde du Capitole.

À la fin de son mandat en 1969, Johnson se retire dans son ranch de Johnson City au Texas. C'est là qu'il décède à 3 h 39 du matin le , des suites d'une crise cardiaque. Sa santé avait été affectée par des années de forte consommation de tabac, d'alcool, une mauvaise alimentation et un stress extrême. Il meurt ainsi deux jours après la seconde inauguration du mandat de Richard Nixon, à une date qui aurait pu être la fin de son propre second mandat présidentiel s'il avait décidé de le renouveler et éventuellement de remporter l'élection présidentielle[96] - [97]. Il meurt durant les tractations États-Unis-Viêtnam qui aboutirent quelques jours plus tard aux accords de paix de Paris[98].

Il est honoré par des obsèques nationales au cours desquelles le membre du Congrès du Texas James Jarrell Pickle et l'ancien secrétaire d'État Dean Rusk font un éloge funèbre dans l'enceinte du Capitole. Les funérailles ont lieu le à la National City Christian Church (en) à Washington, lieu qu'il avait souvent fréquenté en tant que président. Le service funéraire est présidé, comme de coutume lors de funérailles nationales, par le président en titre Richard Nixon, en présence de dignitaires étrangers tels que l'ancien Premier ministre japonais Eisaku Satō, qui a servi durant la présidence de Johnson. L'éloge est prononcé par le révérend George Davis, pasteur de l'église, et W. Marvin Watson, ancien ministre des Postes. Nixon ne prend pas la parole.

Johnson est enterré dans le Johnson Family Cemetery (qui peut être vu aujourd'hui par les visiteurs dans le Lyndon B. Johnson National Historical Park à Stonewalln au Texas), à quelques pas de la Reconstructed Birthplace, reconstruction de sa maison natale.

Hommages

Entrée du Lyndon Baines Johnson Memorial Grove on the Potomac (en)

Le Centre de contrôle des vols spatiaux habités de Houston, au Texas, fut renommé Centre spatial Lyndon B. Johnson en 1973. Le Texas a décrété le jour férié pour célébrer l'anniversaire de Johnson, sous le nom de Lyndon Baines Johnson Day (en). Le Lyndon Baines Johnson Memorial Grove on the Potomac (en) a été inauguré le . L'école Lyndon B. Johnson School of Public Affairs (en) a reçu son nom en son honneur, tout comme le Lyndon B. Johnson National Grassland (en).

L'autoroute 635 (Interstate 635) à Dallas se nomme la Lyndon B. Johnson Freeway ainsi que la piste d'atterrissage 17R/35L de l'Aéroport international Austin-Bergstrom.

En 1980, Johnson a reçu à titre posthume la médaille présidentielle de la Liberté. Le , le président George W. Bush signe la loi donnant le nom de Lyndon Baines Johnson au siège du département de l'Éducation des États-Unis[99]. 2008 a été l'année de célébration du centenaire de Johnson au Texas et à Washington.

Le débute la construction du 3e destroyer de la classe Zumwalt baptisé le USS Lyndon B. Johnson (DDG-1002)[100] inauguré en 2019 en présence de ses filles.

Publications

La documentation de la présidence Johnson est conservée au musée et à la bibliothèque homonyme à Austin.

Au cinéma et à la télévision

Décorations

Notes et références

Notes

  1. Jusqu'à l'adoption du XXVe amendement en 1967, il n'y avait pas de statut précis pour le vice-président. Ce n'est qu'à partir de là que la nomination d'un vice-président fut rendue constitutionnelle en cas de vacance du poste. Lyndon B. Johnson n'a pas eu de vice-président pendant son premier mandat.
  2. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  3. L'exemple le plus célèbre est le discours du sénateur Strom Thurmond (en) contre l'adoption du Civil Rights Act de 1957 qui a duré plus de 24 heures.

Références

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Bibliographie

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Ouvrages généraux

Ouvrages et articles sur Lyndon Johnson

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Ouvrages et articles sur la présidence Johnson

Ouvrages et articles thématiques

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  • Thomas C. Holt (trad. de l'anglais par Jean-Claude Zancarini), Le Mouvement : La lutte des Africains-Américains pour les droits civiques, Paris, La Découverte, , 182 p. (ISBN 978-2-348-06873-7, présentation en ligne, lire en ligne Inscription nécessaire).
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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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