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Offensive du Táșżt

L'offensive du Táșżt est une campagne militaire menĂ©e en 1968 par les forces combinĂ©es du Front national de libĂ©ration du Sud ViĂȘt Nam (ou Việt Cộng) et de l'ArmĂ©e populaire vietnamienne pendant la guerre du ViĂȘt Nam. Les buts poursuivis Ă©taient le soulĂšvement de la population sud-vietnamienne contre la RĂ©publique du ViĂȘt Nam, dĂ©montrer que les dĂ©clarations amĂ©ricaines selon lesquelles la situation s’amĂ©liorait Ă©taient fausses, et dĂ©vier la pression militaire pesant sur les campagnes vers les villes sud-vietnamiennes.

Offensive du Táșżt
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Les principales cibles communistes pendant l'offensive du Táșżt.
Informations générales
Date Phase 1 : 30 janvier – 28 mars 1968
Phase 2 : 5 mai – 15 juin 1968
Phase 3 : 17 aoĂ»t – 23 septembre 1968
Lieu Sud-ViĂȘt Nam
Issue Victoire tactique américaine et sud-vietnamienne[1].
Victoire stratégique et politique nord-vietnamienne[2].
Épuisement des forces Viet Cong conduisant Ă  l'implication croissante du Nord-ViĂȘt Nam
Forces en présence
1 000 000 soldats[3]Phase 1 : 80 000 soldats

Total : 323 000-595 000 soldats[nb 1]
Pertes
Phase 1 :
Sud-Vietnam : 4 954 morts, 15 917 blessĂ©s et 926 disparus.
Drapeau des États-UnisDrapeau de la CorĂ©e du SudDrapeau de l'AustralieDrapeau de la Nouvelle-ZĂ©landeDrapeau de la ThaĂŻlande Autres nations : 4 124 morts, 19 295 blessĂ©s et 604 disparus[4] - [nb 2].

Total des pertes sur les 3 phases : inconnu

Pertes matérielles :
123 avions détruits, 214 gravement endommagés et 215 moyennement endommagés[5].
Phase 1 :
17 000 morts, 20 000 blessĂ©s
[6]

Guerre du ViĂȘt Nam

Batailles

CoordonnĂ©es 11° nord, 107° est
GĂ©olocalisation sur la carte : ViĂȘt Nam
(Voir situation sur carte : ViĂȘt Nam)
Offensive du Táșżt

L’offensive commence prĂ©maturĂ©ment le , un jour avant la nouvelle annĂ©e lunaire, le Tet. Le , 80 000 soldats du Nord-Viet Nam attaquent plus de 100 villes Ă  travers le pays dans la plus grande opĂ©ration militaire conduite Ă  ce point de la guerre[7].

Les attaques prennent les AmĂ©ricains et les Sud-Vietnamiens par surprise, mais sont contenues et repoussĂ©es et le FNL se voit infliger d’énormes pertes. La premiĂšre phase de l'offensive atteint en partie ses objectifs mĂȘme si elle ne parvient pas Ă  obtenir le soulĂšvement gĂ©nĂ©ral espĂ©rĂ©. De plus, elle choque l’opinion amĂ©ricaine, tenue dans la croyance que les Nord-Vietnamiens Ă©taient incapables d’un tel assaut, et affecte profondĂ©ment l’administration de Lyndon Johnson dont de nombreuses personnalitĂ©s se positionnent contre cette guerre, ce qui en altĂšre dĂ©cisivement le cours.

L'offensive de la fĂȘte du TĂȘt NguyĂȘn DĂĄn constitue une trĂšs mauvaise surprise pour l'État-major amĂ©ricain ; les Viet-Cong attaquent simultanĂ©ment les contingents de l'US Army dans leurs bases, et dans leurs points de dĂ©ploiement dans la RĂ©publique du ViĂȘt Nam.
Le front de diversion de Khe Sanh, antérieur à l'offensive, est indiqué par le trait rouge.

Préparation

La situation aux États-Unis

Pendant l'automne 1967, deux questions occupent les AmĂ©ricains : d'abord, l'efficacitĂ© de la guerre de positions, et ensuite, la question du vainqueur. La CIA Ă©value le nombre d'hommes du Front national de libĂ©ration du Sud ViĂȘt Nam (FNL) Ă  environ 430 000. Le renseignement du commandement militaire au ViĂȘt Nam maintient de son cĂŽtĂ© que le nombre ne dĂ©passe pas 300 000[8]. Les gĂ©nĂ©raux sont inquiets de l'impact qu'aurait la rĂ©vĂ©lation de chiffres trop Ă©levĂ©s, qui montreraient que le FNL et l'armĂ©e nord-vietnamienne pourraient poursuivre la guerre de position[8]. Un compromis est trouvĂ© qui exclut des chiffres les effectifs irrĂ©guliers.

Pendant la deuxiĂšme moitiĂ© de 1967, le gouvernement s'inquiĂšte des critiques, qui viennent de l'intĂ©rieur comme de l'extĂ©rieur, et des rapports indiquant une baisse du soutien populaire de sa politique vietnamienne. Selon des sondages, la part des citoyens estimant que les AmĂ©ricains auraient fait une erreur en envoyant les troupes au ViĂȘt Nam est montĂ©e de 25 % en 1965 Ă  45 % en [9]. Cette tendance est alimentĂ©e non pas par un jugement moral sur la guerre, mais sur les pertes croissantes, les hausses d'impĂŽts et le sentiment qu'aucune issue au conflit n'apparaissait[10]. Un sondage du mois de novembre indique que 55 % rĂ©clament une politique plus dure, traduisant le sentiment que quelles que soient les raisons de la prĂ©sence amĂ©ricaine au ViĂȘt Nam, l'important est de remporter la victoire[11]. Le gouvernement lance une campagne pour dissiper la croyance que le conflit est bloquĂ© et pour convaincre le public du succĂšs de sa politique. Les mĂ©dias sont inondĂ©s de nouvelles optimistes. Statistiques, dĂ©clarations officielles de gĂ©nĂ©raux et politiques concourent Ă  cette campagne.

Le gĂ©nĂ©ral Westmoreland, s'adressant au National Press Club le , annonce qu'en cette fin de 1967, les communistes sont incapables de monter une offensive majeure. À la fin de l'annĂ©e, le taux d'approbation du gouvernement augmente de 8 %, mais dĂ©but janvier, un sondage Gallup indique que 47 % des AmĂ©ricains dĂ©sapprouvent la conduite de la guerre par le prĂ©sident Johnson.

La préparation communiste

Hanoi prĂ©pare une offensive pour l'hiver-printemps 1968 dĂšs le dĂ©but de 1967. On sait peu de choses sur la prĂ©paration de l'offensive « Offensive GĂ©nĂ©rale, SoulĂšvement GĂ©nĂ©ral Â» en raison des rĂ©ticences vietnamiennes Ă  la rĂ©vĂ©ler et des historiens militaires Ă  la discuter, mĂȘme des dizaines d'annĂ©es aprĂšs[12]. Dans la littĂ©rature officielle du rĂ©gime, la dĂ©cision de lancer le TĂȘt est souvent prĂ©sentĂ©e comme le rĂ©sultat de l'Ă©chec amĂ©ricain Ă  remporter la guerre rapidement, l'Ă©chec des bombardements contre le Nord ViĂȘt Nam, et le sentiment anti-guerre qui s'exprimait dans la population amĂ©ricaine[13].

En rĂ©alitĂ© la dĂ©cision signale la fin d'un dĂ©saccord d'une dizaine d'annĂ©es au sein de la direction du parti. Les modĂ©rĂ©s estimaient que la viabilitĂ© Ă©conomique du nord Ă©tait prioritaire sur un effort de guerre conventionnelle et massive ; ils suivaient la ligne soviĂ©tique de coexistence pacifique, qui prĂŽnait la rĂ©unification par des moyens politiques. On trouve Ă  la tĂȘte de cette faction le thĂ©oricien Trường Chinh et le ministre de la DĂ©fense VĂ” NguyĂȘn GiĂĄp. Les militants, en revanche, avaient tendance Ă  suivre la politique Ă©trangĂšre dessinĂ©e par la RĂ©publique populaire de Chine et appelaient Ă  une rĂ©unification par des moyens militaires et rejetaient les nĂ©gociations. Ce groupe Ă©tait menĂ© par les « frĂšres Le Â» — le premier secrĂ©taire du parti LĂȘ Duáș©n et LĂȘ Đức Thọ. À partir du milieu des annĂ©es 1960, les militants dictent la conduite dans la guerre au sud ViĂȘt Nam[14].

Le gĂ©nĂ©ral Nguyễn ChĂ­ Thanh, qui dirige l'effort militaire dans le sud du ViĂȘt Nam, commissaire politique et commandant en chef faisait partie du camp des militants. Sous son commandement, qui Ă©trangement n'imitait pas la forme de guĂ©rilla utilisĂ©e par Mao, les Nord-Vietnamiens avaient suivi Ă©tape par Ă©tape l'escalade militaire du conflit[15].

En 1966-1967, aprĂšs que les alliĂ©s eurent infligĂ© des pertes massives et dĂ©truit l'Ă©conomie nord-vietnamienne, les modĂ©rĂ©s appellent Ă  une rĂ©vision de la stratĂ©gie vers davantage de guĂ©rilla et soutiennent que les AmĂ©ricains ne peuvent ĂȘtre dĂ©faits par une guerre conventionnelle. Ils prĂȘchent la conduite simultanĂ©e de combats et de nĂ©gociations. En 1967 les choses se dĂ©gradent au point que Le Duan ordonne Ă  Thanh d’accroĂźtre la part de guĂ©rilla[16].

Une troisiĂšme tendance Ă©merge alors, dirigĂ©e par le chef du parti, HĂŽ Chi Minh, LĂȘ Đức Thọ, et le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Nguyễn Duy Trinh, qui appelle Ă  des nĂ©gociations[nb 3]. Pendant les premiers mois de 1967, la stratĂ©gie militaire est dĂ©battue par radio entre Thanh et son rival pour la direction militaire, Giap[17]. Ce dernier[18] prĂŽne la guĂ©rilla contrairement Ă  Thanh[19].

Ces nĂ©gociations ont d'importantes implications sur la poursuite des livraisons d'Ă©quipements, desquelles le Nord-ViĂȘt Nam est totalement dĂ©pendant. PĂ©kin prĂŽne le modĂšle militaire utilisĂ© par Mao, sorte de guerre mobile et de guĂ©rilla, la Chine souhaite Ă©viter d'ĂȘtre entraĂźnĂ©e dans le conflit comme lors de la guerre de CorĂ©e. Elle repousse l'idĂ©e de nĂ©gociations quand Moscou les prĂŽne, de mĂȘme que la conduite d'une guerre conventionnelle. La position nord-vietnamienne consiste dĂšs lors Ă  maintenir un Ă©quilibre[20].

Le , des centaines de pro-soviĂ©tiques, modĂ©rĂ©s du parti, officiers et administrateurs sont arrĂȘtĂ©s pour affirmer l'indĂ©pendance du pays contre ses alliĂ©s Ă©trangers dans ce qui est parfois appelĂ© l'affaire des rĂ©visionnistes anti-parti[21]. L'explication de ces arrestations est que le Politburo s'est dĂ©cidĂ© en faveur d'une offensive gĂ©nĂ©rale[22]. La position des militants triomphe : rejet des nĂ©gociations, abandon de la guĂ©rilla, soulĂšvement gĂ©nĂ©ral dans les villes du Sud ViĂȘt Nam.

Le plan « Offensive GĂ©nĂ©rale, SoulĂšvement GĂ©nĂ©ral Â» est Ă©bauchĂ© dans les quartiers de Thanh en . Le , aprĂšs avoir fait accepter son plan par le Politburo, Thanh meurt d'un arrĂȘt cardiaque aprĂšs avoir trop bu[23].

Les militants estiment que la popularité du gouvernement sud-vietnamien et des Américains est trÚs faible et que la population se soulÚverait en leur faveur lors de l'offensive, ce qui permettrait une victoire rapide. Ils tenaient pour acquise l'inefficacité de l'armée du sud. Déclencher l'offensive permettrait d'en finir avec les appels aux négociations des colombes, les critiques de la stratégie militaire, les diatribes chinoises sur la perfidie soviétique et les pressions soviétiques à négocier[21].

La dĂ©cision de dĂ©clencher l'offensive lors du TĂȘt est prise en octobre. Depuis le dĂ©but du conflit, le TĂȘt « NguyĂȘn Đån », ou cĂ©lĂ©bration du Nouvel An, qui se situait entre le et le , marquait une pĂ©riode de trĂȘve dans les combats. C’était pourquoi, en , les dirigeants du Front national de libĂ©ration du Sud ViĂȘt Nam et de la RĂ©publique dĂ©mocratique du ViĂȘt Nam dĂ©cidaient de lancer une attaque surprise Ă  ce moment-lĂ . Contrairement Ă  une croyance rĂ©pandue, Giap n'est pas l'auteur du plan. Le gĂ©nĂ©ral l'a seulement revu[24], probablement en taisant ses critiques pour ne pas ĂȘtre victime de la purge des militants. De toute façon, le blĂąme d'un Ă©chec Ă©ventuel serait rejetĂ© sur les militants.

L'opĂ©ration se diviserait en deux phases : attaques aux frontiĂšres pour dĂ©tourner les forces amĂ©ricaines des vĂ©ritables objectifs ; attaques simultanĂ©es sur les bases amĂ©ricaines et les villes du Sud ViĂȘt Nam, en particulier Hue et SaĂŻgon. Une attaque sur Khe Sanh au mĂȘme moment Ă©loignerait les forces militaires nord-vietnamiennes, mais Giap l'estime nĂ©cessaire pour assurer le ravitaillement et distraire l'attention des AmĂ©ricains[25]. L'offensive vise Ă  convaincre l'opinion sud-vietnamienne, pas amĂ©ricaine, et l'inciter Ă  se soulever[26].

Selon le gĂ©nĂ©ral Tran Van Tra, qui remplace Thanh, l'offensive se divise en trois phases : une premiĂšre Ă  partir du , assaut dans tout le pays principalement par les forces du FNL. En mĂȘme temps : propagande active pour inciter aux soulĂšvements et dĂ©sertions. Le but est d'obtenir une victoire complĂšte ou la formation d'un gouvernement de coalition ainsi que le retrait amĂ©ricain. En cas d'Ă©chec, d'autres opĂ©rations affaibliraient l'ennemi de façon Ă  obtenir un rĂšglement nĂ©gociĂ©[27]. La phase 2 est prĂ©vue Ă  partir du , et la phase 3 Ă  compter du .

En , 81 000 tonnes de matĂ©riel et 200 000 soldats ont dĂ©jĂ  fait le voyage vers le ViĂȘt Nam Sud en empruntant la piste HĂŽ Chi Minh[28]. Pour parfaire son opĂ©ration, HanoĂŻ dĂ©clenche une offensive diplomatique Ă  la fin de 1967, appelant Ă  l'arrĂȘt unilatĂ©ral des bombardements sur le ViĂȘt Nam nord, l'opĂ©ration Rolling Thunder[29].

Les renseignements sud-vietnamiens et amĂ©ricains estiment les forces communistes au Sud-ViĂȘt Nam en Ă  323 000 hommes, dont 160 000 du FNL, 130 000 rĂ©guliers de l'armĂ©e du nord et 33 000 personnes affectĂ©es Ă  la logistique[30].

L'impréparation des Alliés

Des signes de prĂ©paration militaire sont relevĂ©s par les AlliĂ©s. Pendant l'Ă©tĂ© et l'automne 1967, les deux services de renseignements amĂ©ricain et sud-vietnamien relĂšvent une importante modification du planning militaire du FNL et de l'armĂ©e nord-vietnamienne. À la mi-dĂ©cembre, les AlliĂ©s sont convaincus que quelque chose d'important se prĂ©pare. Le nombre de camions dĂ©nombrĂ©s descendant vers le sud Ă  travers la piste Ho Chi Minh grimpe de 480 par mois Ă  1 116 en octobre. En novembre, on en compte 3 823 et en dĂ©cembre 6 315[31]. Le , le gĂ©nĂ©ral William Westmoreland alerte Washington de l'accroissement prĂ©visible de l'effort communiste dans tout le pays pour une pĂ©riode de temps restreinte[32].

Malgré ces indications, les Alliés furent surpris par l'ampleur de l'attaque. D'une perspective américaine, un assaut pareil n'était pas crédible.

Du printemps Ă  la fin de 1967, le commandement amĂ©ricain assiste perplexe Ă  diverses actions nord-vietnamiennes et viet-cong sur les territoires frontaliers. Khe Sanh est attaquĂ©e prĂ©maturĂ©ment. La plus importante de ces batailles se dĂ©roule autour de Dak To en octobre et novembre, entre 1 200 et 1 600 Nord-Vietnamiens et 262 soldats amĂ©ricains perdent la vie. Le renseignement ne rĂ©ussit pas Ă  dĂ©terminer l'objectif des Nord-Vietnamiens, dĂ©clenchant de larges actions dans des rĂ©gions reculĂ©es oĂč l'armĂ©e amĂ©ricaine peut riposter sans contrainte. Tactiquement et stratĂ©giquement, ces opĂ©rations semblent n'avoir aucun sens[32] - [nb 4]. En fait, les communistes ont rĂ©ussi Ă  fixer l'attention du commandement amĂ©ricain sur les frontiĂšres et Ă  Ă©carter le bouclier amĂ©ricain protĂ©geant les zones les plus peuplĂ©es de la cĂŽte et des villes[33].

Westmoreland s'inquiĂšte de la situation Ă  Khe Sanh, oĂč, le , une force estimĂ©e de 20 Ă  40 000 Nord-Vietnamiens assiĂšge la garnison amĂ©ricaine. Le commandement est convaincu que l'ennemi cherche Ă  prendre la base avant de s'emparer des provinces les plus au nord, au moyen d'un effort militaire considĂ©rable[34]. Il dĂ©ploie en consĂ©quence 250 000 hommes.

Cette évolution pose des questions. Le lieutenant général Frederick C. Weyand commande les forces américaines dans le Corps II. Ancien officier du renseignement, Weyand juge alarmantes les activités qui se déroulent dans son secteur et notifie ses préoccupations à Westmoreland le . Celui-ci ordonne alors à 15 bataillons de se redéployer depuis des positions prÚs de la frontiÚre cambodgienne vers les faubourgs de Saïgon[7]. Ce redéploiement aura des conséquences décisives[35].

Au dĂ©but de , les AmĂ©ricains ont dĂ©ployĂ© 331 098 soldats et 78 013 marines, soit neuf divisions, un rĂ©giment de blindĂ©s et deux brigades au Sud-ViĂȘt Nam. Des forces australiennes, thaĂŻlandaises et corĂ©ennes les rejoignent[36]. Les forces sud-vietnamiennes comptent 350 000 rĂ©guliers[37]. Elles sont soutenues par 151 000 hommes de forces rĂ©gionales et 149 000 hommes de milices locales[38].

Dans les jours prĂ©cĂ©dant l'offensive, les alliĂ©s se relĂąchent. Le Nord-ViĂȘt Nam annonce une trĂȘve pour le TĂȘt, soit du au .

Le , des cadres du FNL sont arrĂȘtĂ©s avec des cassettes appelant au soulĂšvement de la population dans les villes « dĂ©jĂ  occupĂ©es de SaĂŻgon, Hue et Da Nang Â»[39]. Des troupes sont mises en alerte, mais les AlliĂ©s ne s'en inquiĂštent guĂšre plus. Le , deux cents officiers supĂ©rieurs assistent Ă  une fĂȘte sans se douter de rien[40].

Si Westmoreland a eu des craintes, il les a mal communiquĂ©es. MĂȘme s'il alerte Washington entre le 25 et le au sujet de prĂ©parations de larges attaques communistes, personne ni Ă  Washington[41] - [40] ni Ă  SaĂŻgon ne s'attend Ă  ce qui va arriver.

Une offensive surprise

Que ce soit par accident ou volontairement, la premiĂšre vague d’attaques commence peu aprĂšs minuit le quand les cinq capitales provinciales dans Corps II et Da Nang, dans Corps I, sont attaquĂ©es. Nha Trang, un des quartiers gĂ©nĂ©raux des forces amĂ©ricaines, est la premiĂšre touchĂ©e, suivie peu aprĂšs de BuĂŽn Ma Thuột, Kontum, HĂŽi An, Tuy Hoa, Da Nang, Qui Nhon, et Pleiku. Durant toutes ces opĂ©rations, les communistes suivent une mĂȘme mĂ©thode : attaques au mortier ou roquettes suivies rapidement de massifs assauts terrestres conduits par des forces du FNL de l’ampleur d’un bataillon (parfois soutenu par l’armĂ©e nord-vietnamienne). Ces forces joignent ensuite des cadres locaux du FNL qui les guident vers les quartiers gĂ©nĂ©raux les plus importants et la station de radio. Les opĂ©rations cependant n’étaient pas bien coordonnĂ©es au niveau local et, au lever du jour, presque toutes les forces communistes avaient Ă©tĂ© Ă©loignĂ©es de leur objectif. Le gĂ©nĂ©ral Phillip B. Davidson, nouveau chef du renseignement des forces militaires amĂ©ricaines notifie Westmoreland que « ceci s’apprĂȘte Ă  arriver dans le reste du pays ce soir et demain matin Â»[42]. Toutes les forces amĂ©ricaines sont placĂ©es en Ă©tat d’alerte maximum, des demandes en ce sens sont adressĂ©es aux forces de l’ARVN. Les principaux intĂ©ressĂ©s, cependant, n'en saisissent pas l'urgence : les ordres annulant les dĂ©parts Ă  l’occasion de la trĂȘve arrivent trop tard ou sont ignorĂ©s.

Trappe d'accÚs au réseau de tunnels de Củ Chi qui servit aux assaillants à s'infiltrer profondément dans le pays tenu par l'ennemi sans se faire repérer.
Des marines combattent dans le village de Hamo

À trois heures du matin le 31 janvier, les forces du FNL et de l’armĂ©e populaire du Vietnam assaillent SaĂŻgon, Cholon, et Gia Định dans le district de la capitale militaire ; QuáșŁng TĂ­n (encore), Hue, Quang Tin, Tam Kỳ, et QuáșŁng NgĂŁi ainsi que des bases U.S. Ă  Phu Bai et Chu Lai dans Corps I ; Phan Thiáșżt, Tuy Hoa, et des installations U.S. Ă  Bong Son et An KhĂȘ dans Corps II ; et Cáș§n ThÆĄ et VÄ©nh Long dans Corps IV. Le jour suivant, Bien Hoa, Long Thanh, BĂŹnh DÆ°ÆĄng dans Corps III et Kien Hoa, Dinh Tuong, Go Cong, KiĂȘn Giang, Vinh Binh, Báșżn Tre, et Kien Tuong dans Corps IV sont assaillies. La derniĂšre attaque de l’opĂ©ration initiale est lancĂ©e contre BáșĄc LiĂȘu dans Corps IV le 10 fĂ©vrier. Un total d’approximativement 84 000 communistes participe aux attaques pendant que des milliers les assistent comme renfort ou pour bloquer[43]. Les forces communistes tirent au mortier ou Ă  la roquette sur tous les aĂ©roports majeurs alliĂ©s et attaquent 64 districts de la capitale et une grande quantitĂ© de villages.

Dans la majoritĂ© des cas, la dĂ©fense contre l’offensive gĂ©nĂ©rale est gĂ©rĂ©e par les autoritĂ©s sud-vietnamiennes. Des milices locales ou des forces de l’ARVN, soutenues par la police nationale, rejettent en gĂ©nĂ©ral les assaillants en deux ou trois jours, parfois en quelques heures ; mais des combats lourds se poursuivent plusieurs jours Ă  Kontum, Ban Me Thuot, Phan Thiet, Can Tho, et Ben Tre[44]. L’issue est gĂ©nĂ©ralement dĂ©terminĂ©e par la compĂ©tence des commandants locaux – certains impressionnants, d’autres lĂąches ou incompĂ©tents. Pendant cette crise cruciale, aucune unitĂ© sud-vietnamienne ne fait dĂ©fection pour les communistes[45].

Le gĂ©nĂ©ral Westmoreland, bien qu’il affirme avoir rĂ©agi avec optimisme aux attaques, apparaĂźt Ă  son entourage abasourdi et profondĂ©ment choquĂ©[46]. Selon Clark Clifford, au moment des attaques initiales, la rĂ©action du commandement militaire amĂ©ricain tend vers la panique[47]. Westmoreland maintient jusqu’au que Khe Sanh est le vĂ©ritable objectif des communistes, bien qu'il paraisse hasardeux de considĂ©rer que 155 attaques menĂ©es par 84 000 hommes ne soient une diversion[48].

Saigon

Des Rangers sud vietnamiens défendant Saigon.

Bien que SaĂŻgon soit le point central de l’offensive, les communistes ne recherchent pas une conquĂȘte complĂšte[49]. Ils ont des cibles principales : les quartiers gĂ©nĂ©raux du commandement de l’ARVN, le Palais de l’IndĂ©pendance, l’ambassade amĂ©ricaine, la base navale de Long Binh, et la station de radio nationale. Le plan requiert de ces forces initiales qu’elles tiennent leur position 48 heures avant d'ĂȘtre relevĂ©es.

Un renseignement de mauvaise qualitĂ© et une coordination locale trĂšs faible compromettent les attaques communistes dĂšs leur dĂ©clenchement. Les communistes ont prĂ©vu par exemple d’utiliser les chars et les piĂšces d’artillerie qui doivent se trouver dans certains quartiers gĂ©nĂ©raux de l’armĂ©e, mais les chars ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s deux mois avant et les piĂšces d’artillerie sont hors d'usage[50]. Une des cibles les plus importantes est la station de radio nationale. Les troupes du FNL ont amenĂ© un enregistrement de Hồ ChĂ­ Minh annonçant la libĂ©ration de SaĂŻgon et appelant Ă  un soulĂšvement gĂ©nĂ©ral contre le rĂ©gime de Thieu. Le bĂątiment est pris et tenu pendant six heures mais ses occupants sont incapables de diffuser, les lignes ayant Ă©tĂ© coupĂ©es depuis un studio situĂ© en un autre endroit dĂšs que la station a Ă©tĂ© prise. Sur les ondes, on diffuse des valses viennoises et des chansons des Beatles[51].

L’ambassade amĂ©ricaine Ă  SaĂŻgon, un bĂątiment massif de six Ă©tages situĂ© dans un large complexe, venait d’ĂȘtre terminĂ©e en septembre. À 02 h 45 elle est attaquĂ©e par une Ă©quipe de sapeurs de 19 hommes qui ouvre une brĂšche dans l’enceinte, puis charge. Leur officier ayant Ă©tĂ© tuĂ© dans l’attaque et la tentative d’accĂ©der au bĂątiment ayant Ă©chouĂ©, les sapeurs errent autour de l’ambassade jusqu’à ce que des renforts les Ă©liminent. À 09 h 20 l’ambassade et ses environs sont sĂ©curisĂ©s.

À travers la ville, de petits groupes du FNL s’éparpillent pour attaquer les officiers, les casernes de conscrits, les maisons des officiers de l’ARVN et les stations de police des districts. DotĂ©s de « listes noires Â» d’officiers militaires et de fonctionnaires, ils exĂ©cutent tous ceux qu’ils trouvent. La brutalitĂ© engendre la brutalitĂ© : le 1er fĂ©vrier, le gĂ©nĂ©ral Nguyễn Ngọc Loan, chef de la police nationale, exĂ©cute publiquement Nguyễn Văn LĂ©m, un officier du FNL capturĂ© en habits civils devant un photographe et un cadreur. L'image choquera le monde entier, sans toutefois que soit expliquĂ© dans les mĂ©dias la diffusant que le suspect venait d'ĂȘtre capturĂ© sur le lieu d'une tuerie de masse Ă  laquelle il est soupçonnĂ© d'avoir participĂ© et qui comportait 34 victimes dont 7 officiers Sud-Vietnamiens[52].

Un total de 35 bataillons de communistes, dont la plupart travaillait et vivait dans la ville depuis des annĂ©es, avait Ă©tĂ© affectĂ© aux objectifs dans SaĂŻgon[53]. À l’aube, le clair des attaques dans le centre-ville Ă©tait Ă©liminĂ© mais de sĂ©vĂšres combats entre FNL et forces alliĂ©es avaient lieu dans le faubourg chinois de Cholon prĂšs de la route Phu Tho, utilisĂ© comme centre de commandement par le FLN. Un combat de rues, maison par maison, se dĂ©roule le , les habitants de Cholon reçoivent l'ordre de quitter leur maison et la zone est dĂ©clarĂ©e free fire zone. La bataille se termine le grĂące au renfort de troupes d'Ă©lite sud-vietnamiennes.

Mis Ă  part HuĂ© et les opĂ©rations de nettoyage dans SaĂŻgon et ses alentours, la premiĂšre vague de l’offensive est terminĂ©e dĂšs la seconde semaine de fĂ©vrier. Les AmĂ©ricains estiment que durant la premiĂšre phase (30 janvier - 8 avril), approximativement 45 000 FNL et soldats nord-vietnamiens ont Ă©tĂ© tuĂ©s, et un nombre inconnu blessĂ©. Pendant des annĂ©es, cette estimation fut tenue pour excessive, mais elle fut confirmĂ©e par Stanley Karnow Ă  HanoĂŻ en 1981[54]. Westmoreland affirme que durant la mĂȘme pĂ©riode 32 000 communistes Ă©taient tuĂ©s et 5 800 capturĂ©s[45]. Durant la mĂȘme pĂ©riode les Sud-Vietnamiens subissent 2 788 tuĂ©s, 8 299 blessĂ©s et 587 disparus. Les États-Unis et leurs autres alliĂ©s subissent 1 536 tuĂ©s, 7 764 blessĂ©s, et 11 disparus[55].

Huáșż

À 03h40 dans le matin brumeux du 31 janvier, des positions alliĂ©es sont attaquĂ©es Ă  HuĂ©. Les dĂ©fenseurs ARVN parviennent Ă  maintenir leurs positions, dirigĂ©s par le gĂ©nĂ©ral Ngo Quang Truong, mais la majoritĂ© de la citadelle tombe dans les mains communistes. La bataille sera sanglante et durera 28 jours.

Les alliĂ©s estiment que les forces nord-vietnamiennes ont entre 2 500 et 5 000 tuĂ©s et 89 capturĂ©s dans la ville et alentours[56]. 216 U.S. Marines et soldats sont tuĂ©s pendant les combats et 1609 blessĂ©s. 421 soldats de l’ARVN sont tuĂ©s, 2 123 blessĂ©s et 31 disparus[57]. Plus de 5 800 civils perdent la vie, 116 000 sont sans toit sur une population initiale de 140 000[58].

AprĂšs la reprise de la ville, on dĂ©couvre des fosses communes contenant au total environ 2 800 personnes. L'origine de ces exĂ©cutions demeure controversĂ©e.

Khe Sanh

L’attaque sur Khe Sanh, qui commence le 21 janvier, peut dans l’absolu avoir servi deux desseins – la tentative de prendre rĂ©ellement la position ou attirer l’attention et les forces amĂ©ricaines loin des concentrations de population. Dans l’optique du gĂ©nĂ©ral Westmoreland, la raison d’ĂȘtre de cette base Ă©tait de provoquer les Nord-Vietnamiens dans une confrontation ciblĂ©e et prolongĂ©e sur une aire gĂ©ographique restreinte qui permettrait l’utilisation d’une artillerie et de bombardements aĂ©riens massifs et infligerait de lourdes pertes dans une rĂ©gion relativement peu peuplĂ©e[59]. À la fin de 1967, le MACV avait dĂ©placĂ© prĂšs de la moitiĂ© de ses bataillons de manƓuvre Ă  Corps I en anticipation d’une pareille bataille.

Province nord de Quang Tri

Westmoreland (et les mĂ©dias amĂ©ricains, qui couvraient intensĂ©ment l’action) fit frĂ©quemment d’inĂ©vitables comparaisons entre les actions Ă  Khe Sanh et la bataille de DiĂȘn BiĂȘn Phu, oĂč une base française avait Ă©tĂ© assiĂ©gĂ©e puis conquise par les forces du Việt Minh commandĂ©es par le gĂ©nĂ©ral Giap durant la premiĂšre guerre d’Indochine[60]. Westmoreland, qui connaissait le penchant de Nguyen Chi Thanh pour les opĂ©rations de grande envergure (mais pas son dĂ©cĂšs) croyait qu’il tenterait de rĂ©itĂ©rer sa victoire. Il se proposait de mettre en scĂšne son propre « Dien Bien Phu Ă  l’envers Â»[61].

Khe Sanh et ses 6 000 dĂ©fenseurs, ARVN, U.S. Marines et armĂ©e amĂ©ricaine confondus, sont cernĂ©s par deux ou trois divisions de PAVN, totalisant approximativement 20 000 hommes. La bataille tourne largement au duel d’artilleries. Les avions amĂ©ricains conduisent des bombardements massifs par leurs B-52. Un pont aĂ©rien ravitaille les troupes.

Chaque camp affirma que la bataille avait servi ses propres desseins. Les AmĂ©ricains estiment que 8 000 PAVN ont Ă©tĂ© tuĂ©s et considĂ©rablement plus blessĂ©s contre 730 morts alliĂ©s et 2 642 blessĂ©s[62].

Phases II et III

Pour accroĂźtre leur position politique au moment des accords de Paris, qui s’ouvrent le 13 mai, les Nord-Vietnamiens lancent la deuxiĂšme phase de leur offensive fin avril et dĂ©but mai. Le renseignement amĂ©ricain estime qu’entre fĂ©vrier et mai les Nord-Vietnamiens ont dĂ©pĂȘchĂ© 50 000 hommes par la piste Ho Chi Minh pour remplacer les pertes survenues dans les prĂ©cĂ©dents combats[63]. Une des batailles les plus longues de la guerre se dĂ©roule du au prĂšs de la base amĂ©ricaine de Dong Ha : la bataille de Dai Do. Les Nord-Vietnamiens perdent 2 100 hommes aprĂšs avoir infligĂ© des pertes de 290 morts aux alliĂ©s et 946 blessĂ©s[64].

TĂŽt le matin du 4 mai, des unitĂ©s communistes initient la seconde phase de l’offensive (parfois appelĂ©e « Mini-Tet Â») en attaquant 119 cibles Ă  travers le Sud ViĂȘt Nam, dont SaĂŻgon. Cette fois l’élĂ©ment de surprise Ă©tait absent. La plupart des forces sont interceptĂ©es mĂȘme si certaines introduisent le chaos dans la capitale.

Les forces américaines dans la province de Quang Tin subissent une défaite dans la bataille de Kham Duc, attaqué le . Les alliés évacuent la base[65].

Les communistes retournent Ă  SaĂŻgon le 25 mai et lĂąchent une deuxiĂšme vague d’attaques sur la ville, sans viser les installations amĂ©ricaines. Le FNL occupe six pagodes en croyant Ă  tort qu’elles ne seront en aucun cas ciblĂ©es par des tirs d’artillerie ou des bombardements aĂ©riens. Les combats les plus rudes se dĂ©roulent encore Ă  Cholon. Le 18 juin, 152 membres du FNL se rendent, plus gros chiffre de la guerre[66]. 87 000 habitants supplĂ©mentaires sont sans logis, 500 sont tuĂ©s et 4 500 blessĂ©s[67]. Pendant la deuxiĂšme phase (5 mai - 30 mai) les pertes amĂ©ricaines s'Ă©lĂšvent Ă  1 161 morts et 3 954 blessĂ©s[68]. 143 soldats sud-vietnamiens sont tuĂ©s et 643 blessĂ©s[66].

La phase III de l’offensive commence le 17 aoĂ»t, les Corps I, II, and III sont attaquĂ©s. De façon significative, pendant ces actions seules les forces PAVN participent. Des attaques aux frontiĂšres font diversion pour dĂ©tourner les forces des villes.

Saigon est encore attaquĂ©e mais les assaillants sont encore facilement repoussĂ©s[69]. En cinq semaines de combat et la perte de 20 000 combattants, pas un seul objectif n’a Ă©tĂ© atteint pendant cette « phase finale et dĂ©cisive ». Mais, comme l’a soulignĂ© l’historien Ronald Spector « les Ă©checs communistes n’étaient ni dĂ©finitifs, ni dĂ©cisifs Â»[69] Pendant cette pĂ©riode 700 soldats amĂ©ricains sont tuĂ©s[70].

Les importantes pertes et souffrances endurĂ©es par les soldats FLN/PAVN pendant ces opĂ©rations commençaient Ă  se faire sentir. Le fait qu’aucun gain militaire apparent n’existe pour justifier l’effort fourni et le sang versĂ© exacerbe cette situation. Durant la premiĂšre moitiĂ© de 1969, plus de 20 000 communistes rallient les forces alliĂ©es[71]. Le , le COSVN annonce que plus jamais ne sera risquĂ©e toute la force militaire pour une offensive pareille[72].

AprĂšs la guerre

Nord-ViĂȘt Nam

Le commandement Ă  Hanoi a d’abord dĂ» ĂȘtre abattu par l’issue de son grand coup de dĂ©[73]. Son premier et plus ambitieux objectif, crĂ©er un soulĂšvement gĂ©nĂ©ral, s'Ă©tait soldĂ© par un Ă©chec. Au total, approximativement 85 000-100 000 hommes du FNL et de l’APNV avaient participĂ© Ă  l’assaut initial et aux phases suivantes. Finalement, pendant les batailles Ă  la frontiĂšre de 1967 et les neuf mois de la campagne, 75 000-85 000 hommes du FNL et de l’APVN avaient Ă©tĂ© tuĂ©s[74].

Les raisons de l’échec sont faciles Ă  dĂ©gager. Les dirigeants communistes ont sous-estimĂ© la mobilitĂ© stratĂ©gique des forces alliĂ©es qui permettait Ă  ceux-ci de se redĂ©ployer Ă  volontĂ© vers des zones menacĂ©es ; leur plan de bataille Ă©tait trop complexe et difficile Ă  coordonner, comme le dĂ©montrent les attaques du ; leur violation du principe de masse, attaquant partout au lieu de concentrer leurs forces sur quelques cibles choisies, les exposa Ă  ĂȘtre dĂ©faits facilement ; le lancement d’attaques massives tĂȘte la premiĂšre contre une puissance de feu largement supĂ©rieure ; et enfin, et surtout, les prĂ©supposĂ©s incorrects sur lesquels la campagne tout entiĂšre se fondait[75].

Selon le gĂ©nĂ©ral Tráș§n Văn TrĂ  de l’APNV, ils n’avaient pas Ă©valuĂ© correctement l’équilibre des forces entre eux-mĂȘmes et l’ennemi, ils ne s'Ă©taient pas rendu compte que l’ennemi avait encore des capacitĂ©s considĂ©rables, que leurs propres capacitĂ©s Ă©taient limitĂ©es, et avaient fixĂ© des objectifs au-delĂ  de leur force vĂ©ritable[76].

L’effort communiste pour reprendre le contrĂŽle de l’intĂ©rieur du pays fut un peu plus rĂ©ussi. Selon le dĂ©partement d’État amĂ©ricain, le FNL rendit toute pacification impossible. Dans le delta du MĂ©kong, le FNL s’était renforcĂ© et d’autres rĂ©gions intĂ©rieures Ă©taient aux mains du Viet Cong[77]. Le gĂ©nĂ©ral Wheeler (en) rapporte que l’offensive avait stoppĂ© les programmes de contre-insurrection et que le Viet Cong contrĂŽlait dans une large mesure l’intĂ©rieur du pays[78]. Malheureusement pour le FLN, cet Ă©tat ne dura pas. De lourdes pertes et la rĂ©plique des Sud-Vietnamiens et AmĂ©ricains provoquĂšrent encore davantage de pertes territoriales et d’hommes[79].

Les pertes Ă©normes infligĂ©es aux unitĂ©s du FNL touchĂšrent jusqu’au cƓur une structure irremplaçable bĂątie pendant 10 ans. À partir de ce moment, HanoĂŻ fut forcĂ©e de complĂ©ter les rangs du FNL avec des troupes nord-vietnamiennes dans une proportion d’un tiers[nb 5]. Quelques historiens occidentaux en sont arrivĂ©s Ă  croire qu’un motif insidieux et ultĂ©rieur de la campagne Ă©tait l’élimination des membres concurrents du parti du sud, accroissant ainsi le contrĂŽle de ceux du nord quand la guerre serait gagnĂ©e[80]. Cependant ce changement eut peu d’effet sur la guerre, puisque le Nord ViĂȘt Nam avait peu de difficultĂ© Ă  reconstituer les pertes infligĂ©es par l’offensive[81].

Ce ne fut pas avant la fin de la premiĂšre phase de l’offensive que HanoĂŻ rĂ©alisa que ses sacrifices n’avaient pas forcĂ©ment Ă©tĂ© vains. Le gĂ©nĂ©ral Tran Do, commandant de l'APNV Ă  la bataille de HuĂ©, donne quelques Ă©claircissements sur la façon dont une dĂ©faite fut transformĂ©e en victoire :

« En toute honnĂȘtetĂ©, nous n’avons pas accompli notre principal objectif, qui Ă©tait de provoquer des soulĂšvements Ă  travers le sud. Cependant, nous avons infligĂ© de lourdes pertes aux AmĂ©ricains et Ă  leurs pantins, et ceci Ă©tait un gros gain pour nous. De mĂȘme que l’impact aux États-Unis, cela n’avait pas Ă©tĂ© notre intention mais il se trouva que ce fut un rĂ©sultat heureux[82] - [nb 6]. »

HanoĂŻ n’avait aucunement anticipĂ© l’effet politique et psychologique que l’offensive aurait sur le gouvernement et la population amĂ©ricaine[83]. Quand les dirigeants du nord virent comment les États-Unis rĂ©agissaient Ă  l’offensive, ils commencĂšrent Ă  faire propagande de leur « victoire ». L’ouverture de nĂ©gociations et la lutte diplomatique, l’option crainte par les militants du parti avant l’offensive, en vint rapidement Ă  occuper une place Ă©gale Ă  celle du combat militaire[84].

Le 5 mai Truong Chinh s’adresse Ă  un congrĂšs de membres du parti, voue aux gĂ©monies les militants du parti et leur pari d’une victoire rapide. Son attaque provoque un dĂ©bat au sein de la direction qui dure quatre mois. En tant que chef de la faction favorable Ă  une victoire rapide et une stratĂ©gie militaire conventionnelle, Le Duan est sĂ©vĂšrement critiquĂ©. En aoĂ»t, le rapport de Chinh est acceptĂ©, publiĂ© et diffusĂ© par Radio HanoĂŻ. À lui seul, il a dĂ©viĂ© la stratĂ©gie de guerre et a restaurĂ© sa primautĂ© idĂ©ologique[85]. Pendant ce temps, le FNL se refonde en gouvernement rĂ©volutionnaire provisoire et prend part dans les nĂ©gociations de paix sous une nouvelle appellation. Sept annĂ©es s’écouleront encore avant la victoire.

Sud ViĂȘt Nam

Le Sud ViĂȘt Nam Ă©tait une nation dans la tourmente pendant et aprĂšs l’offensive. La tragĂ©die s’amplifia alors que les villes Ă©taient attaquĂ©es pour la premiĂšre fois. Les troupes du gouvernement se retirant pour aller dĂ©fendre les zones urbaines, le FNL remplit le vide dans le pays. La violence et la destruction observĂ©es pendant l’offensive laisse une profonde cicatrice psychologique sur la population civile du Sud ViĂȘt Nam. La confiance envers le gouvernement est Ă©branlĂ©e, l’offensive semblant montrer que mĂȘme avec un soutien amĂ©ricain massif, le gouvernement sud-vietnamien ne pourrait pas protĂ©ger ses citoyens[86].

Le coĂ»t humain et matĂ©riel pour le Sud ViĂȘt Nam Ă©tait Ă©norme. Le nombre de morts civils Ă©tait estimĂ© par le gouvernement Ă  14 300 et 24 000 blessĂ©s[87]. 630 000 nouveaux rĂ©fugiĂ©s Ă©taient apparus, se joignant aux 800 000 autres dĂ©jĂ  dĂ©placĂ©s par la guerre. À la fin de 1968, un Sud-Vietnamien sur douze vivait dans un camp de rĂ©fugiĂ©s[87]. Plus de 70 000 maisons avaient Ă©tĂ© dĂ©truites dans les combats et peut-ĂȘtre 30 000 de plus Ă©taient lourdement endommagĂ©es. L’infrastructure nationale Ă©tait virtuellement dĂ©truite. L’armĂ©e Sud-Vietnamienne, bien que ses performances fussent supĂ©rieures aux attentes amĂ©ricaines, souffrait d’un moral bas, avec des taux de dĂ©sertion montant de 10,5 pour mille avant le Tet Ă  16,5 pour mille en juillet[88].

Au dĂ©but de l’offensive, cependant, le gouvernement Thieu fait preuve d'une franche dĂ©termination. Le 1er fĂ©vrier, le prĂ©sident dĂ©clare la loi martiale et, le , l’AssemblĂ©e Nationale vote sa requĂȘte pour une mobilisation gĂ©nĂ©rale de la population et l’ajout de 200 000 conscrits dans les forces armĂ©es d’ici la fin de l’annĂ©e (une mesure que l’opposition avait empĂȘchĂ©e cinq mois auparavant)[89]. Cet accroissement allait amener les troupes du Sud ViĂȘt Nam Ă  plus de 900 000 hommes[90] - [91]. Une mobilisation militaire, des politiques anti-corruption, des manifestations d’unitĂ© politique et des rĂ©formes administratives sont rapidement mises en place. Thieu Ă©tablit un comitĂ© pour superviser les distributions de nourriture, les rĂ©installations et la construction d’abris pour les nouveaux rĂ©fugiĂ©s. Le gouvernement et les AmĂ©ricains Ă©taient encouragĂ©s par la nouvelle dĂ©termination montrĂ©e par les citoyens de la rĂ©publique. De nombreux habitants des villes Ă©taient indignĂ©s par le fait que le FNL ait lancĂ© ses attaques pendant le Tet et beaucoup de personnes prĂ©cĂ©demment neutres se mirent Ă  soutenir le gouvernement activement. Des journalistes, figures politiques et chefs religieux – mĂȘme des bouddhistes militants – affirmĂšrent leur confiance dans les plans du gouvernement[92].

Nguyen Van Thieu, PrĂ©sident de la RĂ©publique du ViĂȘt Nam

Thieu vit l’occasion de consolider son pouvoir personnel et s’en saisit. Son seul rival Ă©tait le vice-prĂ©sident Ky, ancien commandant des forces aĂ©riennes, battu par Thieu aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 1967. AprĂšs le Tet, les soutiens de Ky dans l’armĂ©e et l’administration furent limogĂ©s, arrĂȘtĂ©s ou exilĂ©s[93]. La presse sud-vietnamienne fut par ailleurs l'objet de censure ou de rĂ©pression et on craignit un retour de membres du Can Lao Party de l’ancien prĂ©sident NgĂŽ ĐÏnh Diệm. À l’étĂ© 1968, le prĂ©sident Nguyen Van Thieu s’était vu attribuer le sobriquet de « petit dictateur Â» dans la population sud-vietnamienne[94].

Par ailleurs Thieu devient trĂšs suspicieux Ă  l'Ă©gard de ses alliĂ©s amĂ©ricains, ne pouvant se rĂ©soudre Ă  accepter (de mĂȘme que ses compatriotes) que les États-Unis eussent Ă©tĂ© pris par surprise par l’offensive. Rencontrant un officiel amĂ©ricain, il lui en demanda confirmation (« Now that it's all over, you really knew it was coming didn't you? »)[95] - [96] La dĂ©cision unilatĂ©rale de Lyndon Johnson du 31 mars de stopper les bombardements sur le Nord ViĂȘt Nam confirma les craintes de Thieu – les AmĂ©ricains s’apprĂȘtaient Ă  abandonner le Sud ViĂȘt Nam aux communistes. Cette pause et le commencement des nĂ©gociations avec le Nord n’amena pas l’espoir de la fin de la guerre mais une peur latente de paix[95]. Thieu ne fut un peu rassurĂ© qu’aprĂšs une rencontre le avec Johnson Ă  Honolulu, oĂč le prĂ©sident amĂ©ricain affirma que SaĂŻgon serait un partenaire complet dans toutes les nĂ©gociations et que les États-Unis ne soutiendraient pas l’imposition d’un gouvernement de coalition, ou toute autre forme de gouvernement sur le peuple du Sud-ViĂȘt Nam[97].

États-Unis

L’offensive du Tet crĂ©e une crise au sein de l’administration, qui devient progressivement incapable de convaincre le public amĂ©ricain que les communistes ont subi une dĂ©faite majeure. Les dĂ©clarations optimistes faites avant l’offensive par l’administration et le Pentagone sont lourdement critiquĂ©es et ridiculisĂ©es, la crĂ©dibilitĂ© de l’administration, en difficultĂ© depuis 1967, s’effondre[98].

Les chocs issus du front s'amplifient: Le 18 fĂ©vrier le MACV affiche le plus grand nombre de pertes amĂ©ricaines hebdomadaire de toute la guerre - 543 tuĂ©s, 2 547 blessĂ©s[99]. Le 23 fĂ©vrier, 48 000 hommes sont appelĂ©s sous les drapeaux, deuxiĂšme plus haut chiffre de la guerre[100]. Le 28 fĂ©vrier Robert S. McNamara, le secrĂ©taire Ă  la dĂ©fense qui avait supervisĂ© l’escalade de la guerre en 1964-1965, mais qui avait fini par se tourner contre lui, dĂ©missionne.

Demande de troupes

Durant les deux premiĂšres semaines de fĂ©vrier, les gĂ©nĂ©raux Westmoreland et Wheeler communiquent sur la nĂ©cessitĂ© de renforcements ou d’accroissement des troupes au ViĂȘt Nam. Westmoreland s’inquiĂšte de l’absence d’urgence qu’il perçoit chez son interlocuteur, qui se rend Ă  SaĂŻgon le 20 fĂ©vrier pour dĂ©terminer les besoins militaires. Wheeler et Westmoreland sont trĂšs satisfaits du remplacement de McNamara par le faucon Clark Clifford et ils ont bon espoir que les militaires puissent obtenir la permission d’étendre la guerre[101]. Le rapport de Wheeler ne mentionne aucune nouvelle stratĂ©gie mais suggĂšre que la demande de 206 756 hommes est vitale[102]. Westmoreland Ă©crit dans ses mĂ©moires que Wheeler a dĂ©libĂ©rĂ©ment masquĂ© la vĂ©ritĂ© pour forcer la main du prĂ©sident sur la question de la rĂ©serve militaire[103].

Le 27 fĂ©vrier Johnson et McNamara discutent la proposition d’accroĂźtre les troupes. L’accepter requiert une augmentation de la force militaire d’environ 400 000 hommes et la dĂ©pense de 10 milliards de $ pour l’annĂ©e fiscale de 1969 et 15 milliards pour 1970[104]. En automne 1967 et printemps 1968, les États-Unis luttent contre une crise monĂ©taire des plus sĂ©vĂšres. Sans augmentation des impĂŽts et coupes budgĂ©taires, l’inflation augmenterait et le systĂšme monĂ©taire pourrait s’effondrer[105]. Clark Clifford, ami de Johnson, s’inquiĂšte de la rĂ©action de l’opinion publique face Ă  l’escalade[106].

Selon les Pentagon Papers, la requĂȘte de Wheeler met les États-Unis au pied du mur : l’accepter signifie une implication militaire totale, la refuser signifie que les États-Unis ont atteint le sommet de leur implication[107].

RĂ©Ă©valuation

Pour Ă©valuer la requĂȘte de Westmoreland et son possible impact politique national, Johnson met en place le « Groupe Clifford Â» le 28 fĂ©vrier et charge ses membres de redĂ©finir complĂštement la politique conduite[nb 7]. Certains pensent que l’offensive prĂ©sente l’occasion de dĂ©faire le Nord ViĂȘt Nam, d’autres estiment qu’aucun camp ne peut gagner militairement, que le Nord ViĂȘt Nam pourra soutenir l’escalade militaire, que les bombardements sur le nord doivent ĂȘtre arrĂȘtĂ©s et qu’un changement de stratĂ©gie Ă©tait requis pour obtenir non plus la victoire mais un accord nĂ©gociĂ©. Ceci requerrait une stratĂ©gie moins agressive qui protĂ©gerait les populations du Sud-ViĂȘt Nam[108]. Le rapport du groupe, divisĂ©, rendu le , « Ă©choue Ă  saisir l’opportunitĂ© d’un changement de direction
 et semble recommander que nous continuions en freinant progressivement sur la mĂȘme route Â»[109].

Le Clifford avait succĂ©dĂ© Ă  McNamara comme SecrĂ©taire Ă  la DĂ©fense. Pendant ce mois, Clifford, qui Ă©tait entrĂ© en fonction comme fervent soutien de la guerre et s'Ă©tait opposĂ© aux vues de McNamara en faveur d’une dĂ©sescalade, se tourna contre la guerre. Il devient convaincu que l’accroissement de troupes ne mĂšnerait qu’à un plus violent blocage et cherche Ă  amener les autres membres du gouvernement Ă  l’aider Ă  convaincre le prĂ©sident de renverser l’escalade, de plafonner les forces Ă  550 000 hommes, de rechercher Ă  nĂ©gocier avec HanoĂŻ, et de confier la responsabilitĂ© des combats aux Sud-Vietnamiens[nb 8].

Il Ă©tait aidĂ© dans ses affaires par ce qu’on appelait le « 8:30 Group Â» - Nitze, Warnke, Phil G. Goulding (Assistant Secretary of Defense for Public Affairs), George Elsey, et le colonel de l’Air Force Robert E. Pursely. Selon Clifford, les militaires avaient Ă©chouĂ© Ă  fournir le moindre argument pour soutenir leur position[110]. Entre les rĂ©sultantes du Tet et ses rencontres avec le groupe qui portait son nom, le secrĂ©taire Ă  la dĂ©fense se convainc qu’une dĂ©sescalade est la seule solution pour les États-Unis.

Le 27 fĂ©vrier, le secrĂ©taire d’État Dean Rusk avait proposĂ© une pause partielle des bombardements sur le Nord ViĂȘt Nam et qu’une offre de nĂ©gociation soit Ă©tendue Ă  HanoĂŻ[111]. Le 4 mars Rusk rĂ©itĂšre sa proposition, expliquant que durant la saison des pluies les bombardements sont moins efficaces et qu’en rĂ©alitĂ© il n’y avait aucun sacrifice militaire. C’était une manƓuvre politique, les Nord Vietnamiens allaient probablement encore refuser de nĂ©gocier, attirant sur eux la responsabilitĂ© et libĂ©rant ainsi la main de Washington[112] - [113]. Mais au mĂȘme moment la question du bien-fondĂ© initial de ces bombardements Ă©tait reposĂ© au CongrĂšs. On se demandait si l'incident du Golfe du Tonkin dĂ©but qui avait permis de justifier les bombardements n'Ă©tait pas un coup montĂ© par l'administration Johnson [114].

Pendant ce temps, la demande de troupes fuit dans The New York Times le 10 mars. L’article rĂ©vĂšle aussi que la requĂȘte a initiĂ© un dĂ©bat au sein de l’administration. L’article soutient que de nombreux officiels estiment que l’accroissement de troupes pourra ĂȘtre soutenu par les communistes et maintiendrait simplement le blocage Ă  un plus haut niveau de violences. L’article affirme mĂȘme que les officiels se disent en privĂ© que de larges et profonds changements d’attitude, le sentiment qu’un moment-clĂ© sont arrivĂ©s[115] Les historiens se sont beaucoup penchĂ©s sur la façon dont les mĂ©dias ont fait du Tet un tournant dans la perception publique de la guerre. Loin de subir une perte de moral, cependant, une majoritĂ© d’AmĂ©ricains rallie le prĂ©sident. Un sondage Gallup de rĂ©vĂšle que 56 % des sondĂ©s se considĂšrent faucons dans la guerre et 27 % colombes, 17 % sont sans opinion[116]. DĂ©but fĂ©vrier, au sommet de la premiĂšre phase de l’offensive, 61 % se dĂ©clarent faucon, 23 % colombes et 16 % sans opinion. Johnson, cependant, fait peu de commentaires Ă  la presse pendant et juste aprĂšs l’offensive, ce qui fait penser Ă  de l’indĂ©cision de sa part. C’est ce manque de communication qui provoque la hausse du taux de mĂ©contents de sa conduite de la guerre. À la fin de fĂ©vrier, son taux d’approbation est tombĂ© de 63 % Ă  47 %. À la fin mars, le pourcentage d’AmĂ©ricains qui expriment leur confiance dans la politique militaire conduite dans le sud-est asiatique tombe de 74 % Ă  54 %[117].

Le , Johnson rĂ©unit en conclave les "Wise Men" (« hommes sages »)[118] - [nb 9]. À quelques exception prĂšs, tous les membres de ce groupe Ă©taient auparavant considĂ©rĂ©s faucons pendant la guerre. Le groupe fut rejoint par Rusk, Wheeler, Bundy, Rostow et Clifford. L’estimation finale de la majoritĂ© stupĂ©fait le groupe[119]. Tous sauf quatre membres appellent au dĂ©sengagement, laissant le prĂ©sident profondĂ©ment choquĂ©[nb 10]. Selon les Pentagon Papers, le conseil du groupe est dĂ©cisif pour convaincre Johnson de rĂ©duire les bombardements du Nord ViĂȘt Nam[120].

Lyndon Johnson est dĂ©primĂ© et dĂ©goĂ»tĂ© de l’évolution des Ă©vĂ©nements. L’article du New York Times Ă©tait paru Ă  peine deux jours avant la primaire du New Hampshire pour la dĂ©signation du candidat dĂ©mocrate, primaire dans laquelle le prĂ©sident subit un revers inattendu, finissant Ă  peine devant le sĂ©nateur Eugene McCarthy. Peu aprĂšs, le sĂ©nateur Robert Francis Kennedy annonce qu’il se joint Ă  la compĂ©tition pour la nomination des dĂ©mocrates, illustrant l'effritement du soutien en faveur du gouvernement Johnson Ă  partir du Tet.

Le prĂ©sident s’apprĂȘtait Ă  s’adresser Ă  la nation sur la politique vietnamienne le 31 mars et dĂ©libĂ©rait Ă  la fois sur les requĂȘtes de troupes et sa rĂ©ponse Ă  la situation militaire. Le 28 mars Clifford travaillait dur Ă  le convaincre d’adoucir son discours guerrier. À la surprise de Clifford, Rusk et Rostow (qui s’opposaient prĂ©cĂ©demment Ă  toute forme de dĂ©sescalade) n’offrirent aucune opposition Ă  ses suggestions[121]. Le 31 mars le prĂ©sident Johnson annonce une pause unilatĂ©rale des bombardements (quoique partielle) pendant son allocution tĂ©lĂ©visĂ©e. Il surprend alors la nation en dĂ©clinant de concourir Ă  un second mandat. À la surprise de Washington, le 3 avril HanoĂŻ annonce qu’elle mĂšnera des nĂ©gociations, prĂ©vues pour commencer le 13 mai Ă  Paris.

Le 9 juin le prĂ©sident Johnson remplace Westmoreland comme commandant du MACV par le gĂ©nĂ©ral Creighton W. Abrams. Bien que cette dĂ©cision ait Ă©tĂ© prise en et que Westmoreland fut nommĂ© Army Chief of Staff, nombreux sont ceux qui voient son limogeage comme une punition pour la dĂ©bĂącle du Tet[122]. La nouvelle stratĂ©gie d'Abrams fut rapidement mise en Ɠuvre avec la fermeture de la base « stratĂ©gique » de Khe Sanh et la fin des opĂ©rations search and destroy (« rechercher et dĂ©truire »). Disparurent Ă©galement les discussions sur une victoire contre le Nord-ViĂȘt Nam. La nouvelle doctrine d'Abrams, One War, se concentre sur le transfert du combat aux Sud-Vietnamiens (au moyen de la vietnamisation), la pacification du pays et la destruction de la logistique communiste[123]. La nouvelle administration du prĂ©sident Richard Nixon allait superviser le retrait des forces amĂ©ricaines et la poursuite des nĂ©gociations.

Références

Notes

  1. Le rĂ©gime sud-vietnamien estime les forces communistes Ă  323 000, y compris 130 000 soldats rĂ©guliers et 160 000 guĂ©rilleros. Hoang 1978, p. 10. Le MACV estime ces forces Ă  330 000. La CIA et le DĂ©partement d’État amĂ©ricain Ă©valuent les forces communistes entre 435 000 et 595 000. Dougan et Weiss 1983, p. 184.
  2. Ne comprend pas les pertes subies par les américaine et le Sud-Vietnam (ARVN) pendant les batailles frontaliÚres ; les soldats ARVN tués , blessés ou portés disparus de la Phase III ; les soldats américains blessé de la Phase III ; les soldats américains portées disparues pendant les phases II et III.
  3. Contrairement à la croyance occidentale, Ho Chi Minh avait été écarté politiquement depuis 1963 et prenait peu part aux décisions quotidiennes du Politburo ou du Secrétariat. Nguyen 2006, p. 30.
  4. « L'Offensive du TĂȘt serait plus tard utilisĂ©e dans un livre de West Point pour illustrer un Ă©chec du renseignement de l'ampleur de Pearl Harbor en 1941 ou l'offensive des Ardennes en 1944. Â» Lieutenant Colonel Dave R. Palmer: Current Readings in Military History. Clifford et Holbrooke 1991, p. 460.
  5. Selon une estimation de fin 1968, sur un total de 125 000 hommes, 85 000 Ă©taient d’origine nord-vietnamienne. Duiker 1996, p. 303.
  6. In all honesty, we didn't achieve our main objective, which was to spur uprisings throughout the South. Still, we inflicted heavy casualties on the Americans and their puppets, and this was a big gain for us. As for making an impact in the United States, it had not been our intention - but it turned out to be a fortunate result.
  7. Le groupe inclut McNamara, le général Maxwell D. Taylor, Paul H. Nitze (Deputy Secretary of Defense), Henry H. Fowler (Secretary of the Treasury), Nicholas Katzenbach (Undersecretary of State), Walt W. Rostow (National Security Advisor), Richard Helms (directeur de la CIA), William P. Bundy (Assistant Secretary of State for Far Eastern Affairs), Paul Warnke (the Pentagon's International Security Affairs), et Philip C. Habib (Bundy's deputy).
  8. Major General Phillip Davidson, le directeur du renseignement de Westmoreland montre dans ses mĂ©moires comment les militaires ont perçu la conversion de Clifford : « un maĂźtre de l’intrigue » et « Johnson avait renvoyĂ© un Thomas (McNamara) qui doutait pour le remplacer par un Judas. » Phillip Davidson, ViĂȘt Nam at War. Novato CA: Presidio Press, 1988, p. 525.
  9. Le groupe est formĂ© de Dean Acheson (ancien secrĂ©taire d’État), George W. Ball (ancien sous-secrĂ©taire d’État), le gĂ©nĂ©ral Omar N. Bradley, Arthur H. Dean, Douglas Dillon, (ancien secrĂ©taire d’État et du trĂ©sor), Associate Justice Abe Fortas, Henry Cabot Lodge (Ambassadeur Ă  deux reprises du Sud ViĂȘt Nam), John McCloy (Ancien Haut Commissaire en Allemagne de l’ouest), Robert D. Murphy (ancien diplomate), lĂ© gĂ©nĂ©ral Taylor, le gĂ©nĂ©ral Matthew B. Ridgeway (Commandant US pendant la guerre de CorĂ©e), et Cyrus Vance (ancien secrĂ©taire Ă  la dĂ©fense), et Arthur J. Goldberg (reprĂ©sentant des États-Unis aux Nations Unies).
  10. Les quatre dissidents sont Bradley, Murphy, Fortas et Taylor. Karnow 1991, p. 562, Sheehan 1971, p. 610.

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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