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The Beatles

The Beatles ([ðə ˈbiːtəlz][3]) est un groupe de rock britannique originaire de Liverpool, en Angleterre. Le noyau du groupe se forme avec les Quarrymen fondĂ©s par John Lennon en 1957, il adopte son nouveau nom en 1960 et, Ă  partir de 1962, prend sa configuration dĂ©finitive, composĂ© de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et, le dernier Ă  se joindre, Ringo Starr. Il est considĂ©rĂ© comme le groupe le plus populaire et influent de l’histoire du rock. En dix ans d’existence et seulement sept ans d’enregistrement (de 1962 Ă  1969)[alpha 1], les Beatles ont enregistrĂ© douze albums originaux et composĂ© prĂšs de 200 chansons majoritairement Ă©crites par le tandem Lennon/McCartney, dont le succĂšs dans l’histoire de l’industrie discographique reste inĂ©galĂ©.

The Beatles
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De gauche à droite à partir du haut : John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr, lors de leur arrivée à New York en .
Informations générales
Autre nom The Fab Four
Les Quatre garçons dans le vent[1]
The Mop Tops[2]
Pays d'origine Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre musical Rock 'n' roll, beat, rhythm and blues, pop, rock, rock psychédélique, musique expérimentale (voir liste détaillée)
AnnĂ©es actives 1960–1970
1994-1996 (réunion)
Labels Parlophone
Apple
Capitol
United Artists
Vee-Jay
(Polydor, Atco, MGM)
Site officiel www.thebeatles.com
Composition du groupe
Anciens membres John Lennon (†)
Paul McCartney
George Harrison (†)
Ringo Starr
Pete Best
Stuart Sutcliffe (†)
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Logo de The Beatles.

AprĂšs avoir dĂ©butĂ© sous le signe du skiffle des annĂ©es 1950, les Beatles ont rapidement fait Ă©voluer leur style, se nourrissant de nombreuses sources pour inventer leur propre langage musical. Leurs expĂ©rimentations techniques et musicales, leur popularitĂ© mondiale et leur conscience politique grandissante au fil de leur carriĂšre, ont Ă©tendu l’influence des Beatles au-delĂ  de la musique, jusqu’aux rĂ©volutions sociales et culturelles de leur Ă©poque.

Au tout début des années 1960, Lennon, McCartney et Harrison deviennent populaires dans les clubs de Liverpool et de Hambourg en reprenant des standards du rock 'n' roll, mais Lennon et McCartney se sont également associés dÚs leur rencontre en 1957 pour écrire des chansons originales par dizaines, affinant progressivement leur technique.

Fin 1961, Brian Epstein devient leur manager, et les prĂ©sente Ă  des maisons de disques, sans succĂšs dans un premier temps. L’annĂ©e suivante, ils recrutent le batteur Richard Starkey, dit Ringo Starr, aprĂšs avoir signĂ© un contrat avec le label Parlophone dont le directeur artistique est George Martin, qui produit leur premier succĂšs, Love Me Do, et occupera une place prĂ©pondĂ©rante Ă  leurs cĂŽtĂ©s jusqu’à la fin du groupe. Ce titre lance leur carriĂšre au Royaume-Uni Ă  la fin 1962.

AprĂšs l’essor de la Beatlemania au Royaume-Uni et ensuite en Europe, les Beatles connaissent le succĂšs en AmĂ©rique du Nord Ă  partir de 1964, puis rapidement dans le monde entier. À partir de l’album Rubber Soul, en 1965, le groupe expĂ©rimente davantage et produit des albums aujourd'hui classiques Ă  commencer par Revolver (1966), puis aprĂšs avoir dĂ©finitivement arrĂȘtĂ© tournĂ©es et concerts pour entrer dans leur pĂ©riode appelĂ©e « les annĂ©es studio », Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1967), The Beatles (l’« Album blanc ») (1968) et Abbey Road (1969). AprĂšs leur sĂ©paration en 1970, les quatre membres poursuivent une carriĂšre solo, et tous rencontrent le succĂšs, particuliĂšrement dans les annĂ©es immĂ©diates suivant la fin du groupe.

Les Beatles demeurent les artistes ayant vendu le plus grand nombre de disques au monde. Ce nombre Ă©tait estimĂ© par EMI dans les annĂ©es 1980 Ă  plus d’un milliard de CD et vinyles vendus Ă  travers la planĂšte, et il a continuĂ© Ă  augmenter durant les dĂ©cennies suivantes, atteignant plus de deux milliards[alpha 2] - [4]. Paul McCartney et Ringo Starr sont les deux Beatles encore en vie, aprĂšs l’assassinat de John Lennon en et la mort de George Harrison en .

Tenant une place de premier plan dans la « bande-son » des années 1960, les chansons des Beatles sont toujours jouées et reprises dans le monde entier, et leurs mélodies ont été adaptées à de nombreux genres musicaux, dont le jazz, la salsa, le reggae ou la musique classique.

Biographie

Des Quarrymen aux Beatles

« Mendips », la maison d’enfance de John Lennon au 251 Menlove Avenue, Ă  Liverpool.

« Rien ne m’a vraiment touchĂ© jusqu’au jour oĂč j'ai entendu Elvis. S’il n'y avait pas eu Elvis, il n'y aurait pas eu les Beatles[5]. »

— John Lennon

John Lennon est un adolescent de Liverpool Ă©levĂ© par sa tante « Mimi » — Mary Elizabeth Smith de son vrai nom[6]. Son pĂšre, Alfred Lennon (dit « Alf »), marin, a rapidement dĂ©laissĂ© sa mĂšre Julia Stanley ainsi que son enfant, John. Julia, qui n'a pas les moyens d’élever John seule, le confie Ă  sa sƓur Mimi. John joue de l’harmonica Ă  partir de 1947[7] et dĂšs qu’il dĂ©couvre Elvis et le rock 'n' roll, John veut devenir musicien. Il apprend de sa mĂšre les rudiments du banjo, grĂące auxquels il transpose les accords sur une guitare empruntĂ©e d’un copain[8]. Il se voit offrir par sa mĂšre sa premiĂšre guitare en 1957[9].

AussitĂŽt, en , alors ĂągĂ© de seize ans, il forme un groupe de skiffle avec quelques amis de son lycĂ©e, le Quarry Bank High School. Initialement nommĂ© The Blackjacks, le groupe change de nom aprĂšs la dĂ©couverte d’un autre groupe local se nommant dĂ©jĂ  ainsi, et devient The Quarrymen[10]. Le , Lennon et les Quarrymen donnent un concert pour la fĂȘte paroissiale de l’église St. Peter[11]. À la fin du concert, Ivan Vaughan, un ami commun, prĂ©sente Paul McCartney Ă  Lennon. McCartney prend alors une guitare et joue Twenty Flight Rock d’Eddie Cochran devant Lennon, un peu Ă©mĂ©chĂ©, mais nĂ©anmoins trĂšs impressionnĂ©. Quelques jours plus tard, Pete Shotton, autre membre des Quarrymen, propose Ă  Paul de se joindre au groupe. Celui-ci, qui n'a alors que quinze ans, accepte.

En , McCartney invite son ami George Harrison Ă  un concert des Quarrymen. Celui-ci joue de la guitare et est dĂ©jĂ  dotĂ© d’une solide expĂ©rience ayant formĂ© son propre groupe, the Rebels, avec son frĂšre Peter et Arthur Kelly, un ami[12]. Lennon lui fait passer une audition pour rejoindre le groupe, et est impressionnĂ© par ses talents, mais il estime qu’il est trop jeune ; il n'a alors que quatorze ans. Sur l’insistance de McCartney, George Harrison intĂšgre le groupe comme guitariste soliste au mois de mars[13]. En , les amis de lycĂ©e de Lennon ont tous quittĂ© le groupe pour se consacrer Ă  leurs Ă©tudes au Liverpool College of Art[14].

À trois – guitaristes et chanteurs – au sein d’une formation Ă  gĂ©omĂ©trie variable qui s’appelle tour Ă  tour « Japage 3 »[15], « The Rainbows » et « Johnny and the Moondogs »[16], avec ou sans batteur[17], ils se produisent dans des clubs de Liverpool. Ils jouent notamment au Jaracanda, un coffee-shop dirigĂ© par Allan Williams, qui sert d’agent au groupe dĂ©butant. Ils se produisent Ă©galement au Casbah, dirigĂ© par Mona Best, la mĂšre de leur futur batteur Pete Best. D’autres portes s’ouvrent ensuite, dont le Cavern Jazz Club, alors que le rock 'n' roll et le Merseybeat, les styles des groupes de Liverpool, deviennent populaires dans la ville.

maison du 20 Forthlin Road, oĂč vĂ©cut Paul McCartney avec son pĂšre et son frĂšre.

Autodidactes, influencĂ©s par le rock 'n' roll et le blues noir amĂ©ricain, ils jouent les morceaux de rock du moment « Ă  l’oreille », sans partition. Toutefois, John Lennon et Paul McCartney s’associent dĂ©jĂ  pour Ă©crire ensemble des chansons, assis face Ă  face avec leurs guitares dans une parfaite symĂ©trie (McCartney Ă©tant gaucher), affinant peu Ă  peu leur technique. Quelques-unes d’entre elles, comme One After 909, ressortiront sur les albums des Beatles des annĂ©es plus tard[11]. Ils partagent Ă©galement un drame qui les rapproche : Paul McCartney a perdu sa mĂšre Mary, dĂ©cĂ©dĂ©e des suites d’un cancer du sein en 1956, tandis que la mĂšre de John, Julia, est tuĂ©e en Ă©tant happĂ©e par une voiture, en juillet 1958[16] - [18], conduite par un policier possiblement ivre.

Un ami peintre de John Lennon, Stuart Sutcliffe, rejoint le groupe en . Alors qu’il a vendu un de ses tableaux, Lennon l’encourage Ă  s’acheter une guitare basse. Sutcliffe suggĂšre d’adopter le nom de « Beatals », en hommage au groupe accompagnant le rocker Buddy Holly, The Crickets (« les criquets »)[19]. Ils utilisent ce nom jusqu’en mai, oĂč ils adoptent celui de « Silver Beatles »[alpha 3] et, du 20 au , accompagnent le chanteur pop de Liverpool Johnny Gentle pour une tournĂ©e en Écosse. Les membres du groupe se donnent pour l’occasion des noms de scĂšne : Paul Ramon[alpha 4], Carl Harrison (en honneur de Carl Perkins), Stuart de StaĂ«l (pour Nicolas de StaĂ«l) et Johnny Lennon. Tommy Moore est recrutĂ© pour jouer de la batterie[20]. En , ils adoptent dĂ©finitivement le mot-valise « Beatles », formĂ© Ă  partir de beat (« rythme ») et beetle (« scarabĂ©es »), avant d’honorer leur premier contrat dans un club de Hambourg[21]. Le 17 du mĂȘme mois, cinq jours avant de partir pour l’Allemagne, ils auditionnent et engagent Pete Best comme batteur[11].

SĂ©jours Ă  Hambourg

L’Indra, un club de Hambourg oĂč les Beatles jouĂšrent Ă  leurs dĂ©buts.

Bruno Koschmider, propriĂ©taire de l’Indra Club et du Kaiserkeller, deux clubs du quartier de Sankt Pauli Ă  Hambourg, engage les Beatles sur les indications de leur agent Allan Williams[22]. Celui-ci conduit le groupe jusqu’à la citĂ© hansĂ©atique avec sa camionnette, pour honorer un contrat de trois mois et demi[23]. Pour satisfaire le public des clubs hambourgeois, les Beatles Ă©largissent leur rĂ©pertoire, donnent des concerts physiquement Ă©prouvants, et, sauf pour Pete Best, recourent aux amphĂ©tamines pour rester Ă©veillĂ©s. Les jeunes gens sont par ailleurs logĂ©s dans des conditions difficiles, voire quasiment insalubres.

En , lorsque Koschmider apprend que les Beatles se sont produits dans un club rival, le Top Ten Club (en), il met fin Ă  leur contrat et dĂ©nonce Harrison aux autoritĂ©s allemandes[24] ; en effet, celui-ci a menti sur son Ăąge, et se fait expulser en Angleterre Ă  la fin novembre[25]. McCartney et Best, qui tentent de rĂ©cupĂ©rer leurs effets dans leur ancienne chambre peu Ă©clairĂ©e, enflamment un prĂ©servatif accrochĂ© Ă  un mur pour y faire de la lumiĂšre. Furieux, Koschmider les accuse d’avoir tentĂ© d’incendier le logis, ils passent la nuit en prison et le lendemain se font Ă©galement expulser[26] - [27]. En compagnie de Sutcliffe, Lennon reste en Allemagne une autre semaine avant de retourner en Angleterre oĂč il se terre pendant une autre semaine avant de communiquer avec ses acolytes[28]. Les Beatles effectueront quatre autres sĂ©jours Ă  Hambourg : de mars Ă  , d’avril Ă  , puis en novembre et en [11]. Entre leurs diffĂ©rents voyages en Allemagne, ils continuent Ă  se produire Ă  Liverpool et dans ses environs, se constituant un solide noyau de fans, mais restent inconnus au-delĂ  du « Merseyside ». En , ils ne jouent que devant dix-huit personnes Ă  Aldershot, dans la lointaine banlieue de Londres[29].

Stuart Sutcliffe, bassiste du groupe depuis le dĂ©but de l’annĂ©e 1960, maĂźtrise mal son instrument : il se produit gĂ©nĂ©ralement dos au public afin que cela ne se remarque pas et « joue » mĂȘme parfois sans que son instrument soit branchĂ© Ă  un ampli[29]. TombĂ© amoureux de la photographe Astrid Kirchherr, qui prend les premiĂšres photos du groupe[30], il dĂ©cide de rester Ă  Hambourg lorsque ses camarades regagnent l’Angleterre dĂ©but [31]. AprĂšs le dĂ©part de Sutcliffe, Paul McCartney, jusque-lĂ  guitariste au mĂȘme titre que John Lennon et George Harrison, devient le bassiste du groupe, ses deux camarades n'Ă©tant pas enthousiastes pour tenir ce rĂŽle. Sutcliffe meurt Ă  21 ans le d’une congestion cĂ©rĂ©brale[11], trois jours avant que les Beatles ne posent Ă  nouveau le pied sur le sol allemand pour un nouvel engagement de sept semaines au Star-Club.

D'autres groupes de Liverpool se produisent Ă  Hambourg, notamment Rory Storm and The Hurricanes, dont le batteur se nomme Ringo Starr. Les Beatles envient sa notoriĂ©tĂ© et apprĂ©cient sa compagnie. Les deux groupes partagent l’affiche de trĂšs nombreuses fois Ă  Liverpool[29], et se retrouvent au Kaiserkeller du cĂŽtĂ© de la Reeperbahn pendant plus d’un mois en octobre et [16]. Selon Paul McCartney, l’intĂ©rĂȘt pour le groupe dans sa ville natale naĂźt Ă  leur retour de leur seconde rĂ©sidence Ă  Hambourg oĂč ils ont acquis une solide expĂ©rience sur scĂšne et Ă©largi leur rĂ©pertoire. Lors d’un concert, le , au Litherland Town Hall de Liverpool, salle municipale qui servait deux jours par semaine de dancing aux jeunes[32], au moment oĂč le groupe se met Ă  jouer, le plancher de danse se vide et l'assistance, abasourdie, se presse Ă  la scĂšne pour les Ă©couter et les regarder[33]. C’est Ă  cette Ă©poque qu’ils adoptent une coupe de cheveux caractĂ©ristique, la moptop, qui se diffĂ©rencie de la banane ou des cheveux des rockers, gominĂ©s et peignĂ©s en arriĂšre. Astrid Kirchherr (sous l’influence des existentialistes ou des Ă©tudiants en Beaux-Arts de cette ville[34]) aurait Ă©tĂ© Ă  l’origine de cette coupe de cheveux en bol lors de leur sĂ©jour Ă  Hambourg. Elle aurait coiffĂ© ainsi Sutcliffe, son amoureux. John Lennon et Paul McCartney l’ont ensuite adoptĂ©e, lors d’un court sĂ©jour Ă  Paris en [35] effectuĂ©e par JĂŒrgen Vollmer, un ami photographe de Hambourg, devenu l’assistant de William Klein[36]. Harrison suivra le pas mais Best, bien qu'il tente le coup, prĂ©fĂšre garder sa coiffure gominĂ©e[37].

C’est aussi Ă  Hambourg qu’ils dĂ©crochent leur premier contrat d’enregistrement, chez Polydor, en tant qu’accompagnateurs du chanteur et guitariste Tony Sheridan[alpha 5] - [38]. Le 45 tours My Bonnie / The Saints crĂ©ditĂ© Ă  « Tony Sheridan and The Beat Brothers » est publiĂ© en Allemagne en mais publiĂ© en Angleterre le cette fois au nom de « Tony Sheridan and the Beatles »[39]. Cry for a Shadow est la premiĂšre chanson originale du groupe Ă  ĂȘtre publiĂ©e lorsqu’elle apparaĂźt, en , sur le super 45 tours français de Sheridan intitulĂ© Mister Twist[40]. Les huit chansons tirĂ©es de ces sĂ©ances seront compilĂ©es en sur le disque allemand The Beatles' First ![41] et du mĂȘme coup Ă©ditĂ©es en singles un peu partout dans le monde.

Square en hommage au groupe Ă  Hambourg.

« J'ai grandi Ă  Hambourg, pas Ă  Liverpool », dira plus tard John Lennon. Évoquant cette pĂ©riode des dĂ©buts, il racontera aussi : « Quand les Beatles dĂ©primaient et se disaient : « On n'ira jamais nulle part, on joue pour des cachets merdiques, on est dans des loges merdiques », je disais : « OĂč va-t-on, les potes ? », et eux : « Au sommet, Johnny ! », et moi : « C’est oĂč ça ? », et eux : « Au plus top du plus pop ! » (to the toppermost of the poppermost), et moi « Exact ! » Et on se sentait mieux »[5]. Par ailleurs, nostalgique de cette Ă©poque « cuir », on entend aussi John Lennon expliquer dans le disque Anthology 1 : « Ce que nous avons fait de meilleur n'a jamais Ă©tĂ© enregistrĂ©. Nous Ă©tions des performers, nous jouions du pur rock (straight rock) dans les salles de danse (dance halls), Ă  Liverpool et Ă  Hambourg, et ce que nous produisions Ă©tait fantastique. Il n'y avait personne pour nous Ă©galer en Grande-Bretagne (There was nobody to touch us in Britain) »[42].

En 2008, Hambourg a dédié une place de la ville en hommage au groupe[43].

Apport décisif de Brian Epstein

Brian Epstein en 1965.

Le , moins d’une semaine aprĂšs la sortie du 45 tours My Bonnie en Allemagne, Raymond Jones, un jeune client du North End Music Store (NEMS), visite la boutique de musique de Brian Epstein et veut acheter ce single en importation. Deux jeunes filles font de mĂȘme les jours suivants. Epstein contacte donc Polydor et en commande deux cents exemplaires[44]. À leur retour d’Allemagne, aprĂšs leurs deux premiers sĂ©jours formateurs Ă  Hambourg, les Beatles ont acquis la maturitĂ© qui leur manquait, techniquement d’abord, sur scĂšne ensuite. Brian Epstein est intriguĂ© par ce groupe local dont il a le 45 tours en magasin et qui figure souvent dans le Mersey Beat, le journal musical local de Bill Harry, lequel se vend comme des petits pains dans sa boutique. Le , accompagnĂ© de son assistant Alistair Taylor, il va voir les Beatles au Cavern Club de Liverpool[44], le cafĂ© souterrain oĂč ils se produiront prĂšs de 300 fois jusqu’au [11]. PossĂ©dant une formation en thĂ©Ăątre mais maintenant disquaire dans le commerce familial[45], Epstein n'a aucune expĂ©rience comme manager de formation musicale, mais connaĂźt quelques-uns des Ă -cĂŽtĂ©s qui mĂšnent Ă  la popularitĂ© d’un artiste et rĂȘve d’une carriĂšre dans le monde du spectacle. Il propose au groupe de devenir leur manager et un contrat sera signĂ© le [46] - [alpha 6] - [alpha 7], Epstein devient rapidement un mentor et un ami ; il les propulse au rang de musiciens professionnels. Afin de gommer leur image de sauvages, il leur fait abandonner les vĂȘtements en cuir au profit de complets-vestons, il leur suggĂšre de s'incliner en fin de spectacle pour saluer leur public et, sur scĂšne, fini les repas, le language trop familier et la cigarette[47].

En , Epstein apprend que le groupe a quelques chansons originales en poche mais tarde Ă  les jouer rĂ©guliĂšrement sur scĂšne. Il n'est pas clair si c'est leur manager qui les a encouragĂ© Ă  les jouer, mais c'est Ă  partir de ce moment que les Beatles intĂšgrent ces chansons dans leur rĂ©pertoire[48]. Le , le groupe organise The Beatles' Christmas Party au Cavern Club, invitant Gerry and the Pacemakers et King-Size Taylor and the Dominos Ă  partager la scĂšne. Pete Best est absent, malade Ă  la maison, alors le groupe fait appel pour la premiĂšre fois Ă  leur ami Ringo Starr afin de le remplacer. Les trois musiciens sentent aussitĂŽt que le batteur complĂšte bien le groupe Ă  sa façon de jouer et Ă  son attitude hors scĂšne. S'ils sont tentĂ©s de se dĂ©partir de Pete Best Ă  ce moment, la dĂ©cision devra attendre car Starr quitte les Hurricanes pour aller jouer dans le groupe de Tony Sheridan Ă  Hambourg jusqu'en fĂ©vrier[49]. À son retour, Starr reprend sa place dans le groupe de Storm mais remplacera Best encore Ă  quelques reprises : deux fois en mars et une troisiĂšme fois, un midi au Cavern Club, le mois suivant[50].

DĂšs 1961, Brian Epstein commence Ă  prospecter auprĂšs des maisons de disques de Londres, afin de tenter de leur faire signer un contrat d’enregistrement, multipliant sans succĂšs les tentatives auprĂšs des grandes compagnies discographiques. Il essuie des refus, entre autres de la compagnie EMI, mais rĂ©ussit tout de mĂȘme Ă  obtenir, pour son groupe, une audition chez Decca. Le [11], les Beatles, trĂšs nerveux, enregistrent quinze titres dans ce studio trĂšs froid et le rĂ©sultat est bien en deçà des attentes[51]. Le directeur artistique Dick Rowe refuse de les prendre en main, prĂ©fĂ©rant faire signer le groupe local Brian Poole and the Tremeloes, en dĂ©clarant : « Rentrez chez vous Ă  Liverpool, M. Epstein, les groupes Ă  guitares vont bientĂŽt disparaĂźtre »[52]. Rowe sera par la suite surnommĂ©, dans le milieu, the man who turned down The Beatles, « l’homme qui rejeta les Beatles ». En revanche, Epstein obtient la permission de garder ces enregistrements de bonne qualitĂ© sonore, pour pouvoir les faire Ă©couter Ă  d’autres producteurs potentiels[53]. Il se rend au magasin de disques HMV sur Oxford Street pour demander conseil Ă  une connaissance qui y travaille et celui-ci lui suggĂšre de faire presser des disques 78 tours de ces chansons pour pouvoir facilement les faire Ă©couter Ă  des producteurs potentiels. Le technicien Jim Foy, qui s'occupe sur place de ce dĂ©partement, est impressionnĂ© par ce qu’il y entend et contacte Sid Colman, de l’agence de publication de musique Ardmore and Beechwood associĂ©e Ă  EMI, qui se situe dans le mĂȘme immeuble, pour lui faire rencontrer Epstein[54].

Brian Epstein prĂ©sente donc ces enregistrements Ă  Colman, en veillant Ă  lui mentionner qu’ils contiennent quelques compositions originales. L'Ă©diteur reconnait le potentiel d’une publication des compositions signĂ©es Lennon/McCartney et Epstein promet de lui donner les droits s’il l’aide Ă  dĂ©crocher un contrat d’enregistrement. Un rendez-vous est pris avec George Martin le , pour lui faire Ă©couter Hello Little Girl et Till There Was You et ce malgrĂ© le refus prĂ©alable de la maison-mĂšre. Mais Martin n’est pas particuliĂšrement impressionnĂ© par ce qu’il entend[55].

Entre-temps, Kim Bennett — de son vrai nom Thomas Whippey, ancien chanteur de charme et assistant de Sid Colman —, persiste Ă  dire Ă  son patron que la chanson Like Dreamers Do pourrait ĂȘtre un succĂšs. Ils dĂ©cident de produire eux-mĂȘmes l’enregistrement dans les studios d’EMI, mais se heurtent au refus de Len Wood, un des directeurs. Cependant, devant l’insistance de Colman, Wood se ravise et ordonne au producteur George Martin de procĂ©der Ă  l’enregistrement de la chanson, pour qu’Ardmore and Beechwood obtienne le copyright[56].

Le , un tĂ©lĂ©gramme envoyĂ© par Epstein Ă  Hambourg, annonce au groupe qu’ils auront un contrat d’enregistrement avec EMI[57]. AussitĂŽt Lennon et McCartney achĂšvent l’écriture de Love Me Do et crĂ©ent P.S. I Love You[58]. Le , exactement six mois aprĂšs avoir vu les Beatles pour la premiĂšre fois au Cavern Club, Brian Epstein rencontre George Martin pour valider le contrat. Il y est stipulĂ© que six chansons seront enregistrĂ©es par EMI, qui financera le tout. Le label sera le propriĂ©taire des enregistrements, mais ne donnera aucune avance sur les redevances (fixĂ©es Ă  1 penny par 45 tours vendu, sur 85 % des ventes)[alpha 8]. Le contrat a une durĂ©e de 4 ans pour le groupe, mais d’un an pour EMI, renouvelable Ă  chaque anniversaire, et est valable pour le monde entier, mais avec des redevances rĂ©duites de moitiĂ© par rapport Ă  celles perçues en Angleterre. Dans les faits, si par « miracle » le groupe vendait un million d’exemplaires d’un single, ses royalties seraient de 750 ÂŁ au Royaume Uni, et de 375 ÂŁ aux États-Unis[alpha 9] - [59] - [60] pour chaque membre du groupe et leur manager[61]. Le , Brian Epstein signe le contrat liant les « Beattles » Ă  EMI (il fait une rature sur le second « t »). La date inscrite sur le contrat est le [62].

De cette Ă©poque « avant la gloire », des enregistrements rares et marginaux des Beatles ont Ă©tĂ© trĂšs recherchĂ©s, notamment ceux qu’ils ont rĂ©alisĂ©s Ă  Hambourg, publiĂ©s par Polydor avec Tony Sheridan, ainsi que les fameuses « bandes Decca ». My Bonnie et Ain't She Sweet ont mĂȘme atteint les charts de part et d’autre de l’Atlantique pendant la Beatlemania[63] - [64] - [65]. Ces deux titres et Cry for a Shadow ont Ă©tĂ© inclus, trois dĂ©cennies plus tard, sur la compilation Anthology 1. Un enregistrement bootleg rĂ©alisĂ© en 1962 sur la scĂšne du Star-Club de Hambourg, avec Ringo Starr Ă  la batterie, a Ă©tĂ© publiĂ© en 1977.

George Martin entre en scĂšne

Le , en dĂ©but d’aprĂšs-midi, quatre jours aprĂšs ĂȘtre revenus de Hambourg oĂč ils honoraient un engagement au Star-Club (leur troisiĂšme sĂ©jour dans la ville allemande), Lennon, McCartney, Harrison et Best arrivent aux studios EMI de Londres, situĂ©s au 3, Abbey Road dans le quartier de St. John's Wood pour leur test d’artistes[66]. C’est leur premiĂšre visite dans ces studios, qu’ils vont rendre mondialement cĂ©lĂšbres. Ron Richards sera le producteur lors de la sĂ©ance et Martin interviendra de temps Ă  autre. Ils enregistrent BĂ©same mucho, Love Me Do, PS I Love You et Ask Me Why[67], mais pas Like Dreamers Do qui n’y sera finalement jamais rĂ©enregistrĂ©e par eux[alpha 10] - [68]. Lorsque le groupe est invitĂ© pour la premiĂšre fois dans la rĂ©gie pour Ă©couter les bandes, George Harrison raconte : « Les autres membres du groupe ont failli me tuer lorsque George Martin
 nous a demandĂ© : « Y a-t-il quelque chose qui ne vous plaĂźt pas ? » Je l’ai regardĂ© et j'ai dit : « Pour commencer, je n'aime pas votre cravate ». » Mais George Martin, qui avait lui aussi le sens de l’humour, est amusĂ© par la rĂ©plique. « Ça a brisĂ© la glace ! », note-t-on du cĂŽtĂ© du personnel technique des studios EMI[69].

Les semaines suivant cette premiĂšre sĂ©ance, George Martin et son assistant Ron Richards discutent encore du nom du groupe : « John Lennon and the Beatles » ou encore « Paul McCartney and the Beatles » – bien que ce nom « entomologique » ne leur plaise pas. Comme le groupe est composĂ© de trois chanteurs qui jouent leurs propres instruments, Martin rĂ©alise qu’avoir simplement le nom « The Beatles » est une nouveautĂ© dans la musique populaire et que celui-ci fera parfaitement l’affaire[70].

La chanson Love Me Do plaĂźt Ă  Richards, mais il n’aime pas le jeu de Pete Best qui peine Ă  garder un tempo constant[71]. Martin est d’accord et Ă©crit Ă  Epstein qu’à la prochaine sĂ©ance, il y aura un batteur studio. Craignant de devoir toujours enregistrer avec des batteurs inconnus[72], les trois autres membres saisissent l’occasion et se sĂ©parent de Best en [73], pour le remplacer par Ringo Starr, qu’ils considĂšrent ĂȘtre « un mĂ©tronome »[74] et avec qui les affinitĂ©s sont plus grandes. Le 18 aoĂ»t, Starr prend officiellement son poste Ă  la batterie au Hulme Hall dans le village de Port Sunlight[75]. Cette Ă©viction abrupte, assumĂ©e par un Brian Epstein trĂšs nerveux et déçu[16], n'est pas sans consĂ©quence.

« On avait jouĂ© au Cavern Club et les gens hurlaient « Pete is best » (« Pete est le meilleur ! », jeu de mots avec « best » en anglais), « Ringo never, Pete forever! » (« Ringo jamais, Pete Ă  jamais ! »). C’était devenu lassant, et je me suis mis Ă  les engueuler. AprĂšs le concert, nous sommes sortis des loges, nous sommes entrĂ©s dans un tunnel tout noir, et quelqu’un m’a balancĂ© un coup de poing au visage. Je me suis retrouvĂ© avec un Ɠil au beurre noir. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour Ringo ! »

— George Harrison[5]

La seconde sĂ©ance d’enregistrement s’effectue le . Martin dĂ©cide de ne pas inviter de batteur studio pour pouvoir entendre le nouveau venu. À sa toute premiĂšre sĂ©ance dans un studio professionnel, Starr est trĂšs nerveux et ne l’impressionne pas. Le groupe enregistre How Do You Do It? (chanson imposĂ©e par le producteur et que le groupe n'aime guĂšre) puis rĂ©enregistre Love Me Do[76]. Une semaine plus tard, le 11, le groupe revient en studio mais ce sera Andy White qui officiera Ă  la batterie. Le groupe reprend une troisiĂšme fois Love Me Do, enregistre ce qui deviendra la face B de leur premier single, P.S. I Love You, et prĂ©sente Ă  Martin une nouvelle chanson, Please Please Me[77]. C’est un Ringo Starr dĂ©pitĂ© qui joue du tambourin sur Love Me Do et des maracas sur PS I Love You ; il n'a jamais oubliĂ© cette « humiliation »[16] - [5] - [alpha 11]. MalgrĂ© les rĂ©ticences de Martin, c’est l’enregistrement avec Ringo Starr Ă  la batterie qui est publiĂ© en face A du 45 tours rĂ©unissant ces deux titres[alpha 12] - [78], tandis que la version figurant sur l’album est celle enregistrĂ©e avec Andy White[79], qui joue Ă©galement du « cross-stick » sur PS I Love You, aprĂšs qu’il a Ă©tĂ© convenu qu’une batterie complĂšte n'Ă©tait pas nĂ©cessaire pour cette chanson[80]. À l’écoute de Please Please Me, qui est effectuĂ©e avec un tempo lent dans le style de Roy Orbison, le producteur suggĂšre de l’accĂ©lĂ©rer[alpha 13], et sera reprise plus tard.

Amer de son Ă©viction des Beatles, Best refuse l’aide d’Epstein pour se trouver un nouveau groupe et intĂšgre le Lee Curtis and the All Stars. En 1965, il sort son propre album au titre mensonger en forme de clin d’Ɠil grinçant : Best of The Beatles, avec le Pete Best Combo ; sur la photo de la pochette, prise par Astrid Kirchherr au « Hugo Haase Fun Fair » Ă  Hambourg en 1960[81], il est entourĂ© de ses ex-camarades. Ce disque n'a pas le succĂšs escomptĂ© et Best quitte le monde musical et devient boulanger pour ensuite travailler dans la fonction publique Ă  Liverpool[82].

Premier album et début de la Beatlemania (1963)

Les Beatles avec la vedette suédoise Lill-Babs, le 30 octobre 1963.
Les Beatles en 1964, Ă  droite Jimmie Nicol.

Le , sort Love Me Do, qui n'atteint que le 17e rang au palmarĂšs britannique. Ce n'est pas encore la « Beatlemania », mais il s’agit lĂ  d’une grande satisfaction pour le groupe, particuliĂšrement au moment oĂč le titre passe de plus en plus Ă  la radio. Leur deuxiĂšme 45 tours, Please Please Me / Ask Me Why, est mis en boĂźte le , cette fois avec Starr derriĂšre sa batterie. Le groupe doit quitter l'Angleterre pour un dernier sĂ©jour Ă  Hambourg oĂč un enregistrement bootleg sera effectuĂ© et publiĂ© en 1977 sous le titre Live! at the Star-Club in Hamburg, Germany; 1962[83]. Leur second 45 tours est publiĂ© le et la face A, malgrĂ© un titre et des paroles osĂ©es pour l’époque (« You don't need me to show the way, love », que l’on peut traduire par « tu n'as pas besoin que je te montre comment faire, chĂ©rie »), est propulsĂ© au premier ou au second rang, dĂ©pendamment des listes consultĂ©es[alpha 14]. Quoi qu’il en soit, le succĂšs est indĂ©niable, et les Beatles obtiennent ainsi l’occasion d’enregistrer un album complet. Ce disque inclura les quatre chansons publiĂ©es en single et dix autres qui seront enregistrĂ©es lors d’une seule sĂ©ance de 585 minutes (9 heures et 45 minutes), le [84]. Reprenant le titre du dernier single, l’album Please Please Me sort le et atteint la premiĂšre place du hit-parade, qu’il conserve durant 30 semaines (ou sept mois)[85].

Partie de Liverpool — oĂč ils continuent jusqu’en Ă  enflammer le Cavern Club —, la popularitĂ© des Beatles se rĂ©pand dans tout le Royaume-Uni, qu’ils sillonnent inlassablement, y effectuant quatre tournĂ©es cette annĂ©e-lĂ [86] - [alpha 15]. Les succĂšs se suivent : From Me to You en avril, puis She Loves You en aoĂ»t, sont classĂ©s no 1 des ventes de singles. She Loves You et son fameux « Yeah Yeah Yeah! » rend les Beatles cĂ©lĂšbres dans toute l’Europe. Leur passage, le , dans le trĂšs populaire show tĂ©lĂ©visĂ© londonien Sunday Night at the Palladium marque le dĂ©but du phĂ©nomĂšne que la presse britannique baptise la « Beatlemania[11] ». Disquaires pris d’assaut, presse dĂ©chaĂźnĂ©e, ferveur gĂ©nĂ©ralisĂ©e, jeunes filles en transe
 Le groupe va aligner douze no 1 successifs dans les charts britanniques de 1963 Ă  1966, jusqu’à la publication en du single « double face A » Strawberry Fields Forever / Penny Lane, qui se classe « seulement » no 2 (mais tout de mĂȘme premier aux États-Unis).

Logo du groupe est utilisĂ© pour la pochette de l’album compilation Past Masters.

L’image soignĂ©e et professionnelle du groupe passe aussi par la crĂ©ation d’un logo rapidement reconnaissable. Un premier logo des Beatles, en lettres cursives avec des antennes d’insecte sur un « B » stylisĂ©, dessinĂ© par Terry « Tex » O'Hara[alpha 16] - [87], suivant les indications de Paul McCartney[88], est momentanĂ©ment utilisĂ© sur la grosse caisse de la batterie[89], puis pour la page d’introduction de The Beatles Book, le journal mensuel du fan club officiel, tout au long de son existence (1963-1972)[90]. Ce logo, adaptĂ© en « les Beatles », se retrouve sur les pochettes françaises de plusieurs EP et de quatre albums (Les Beatles, N° 1, Quatre garçons dans le vent et la compilation Les Beatles dans leurs 14 plus grands succĂšs)[alpha 17].

En , Brian Epstein et Ringo Starr visitent la boutique Drum City de Londres pour remplacer la batterie Premier du batteur. Epstein, qui ne veut pas dĂ©bourser les 238 ÂŁ de la Ludwig Downbeat perlĂ©e que Starr dĂ©sire (une valeur de 5 017 ÂŁ en 2020[91]), nĂ©gocie avec Ivor Arbiter (en), le propriĂ©taire de la boutique. Ce dernier accepte finalement d'offrir la batterie, Ă  condition que le logo de Ludwig — dont il est le distributeur britannique exclusif — reste visible sur la grosse caisse. Epstein accepte, tout en demandant qu'un logo du groupe soit ajoutĂ©. Arbiter esquisse sur le champ le logo le plus connu, en lettres capitales avec un « B » majuscule et un « T » abaissĂ© pour mettre en Ă©vidence le mot « Beat » (rythme). Le logo sera finalisĂ© et peint sur la membrane par Eddie Stokes, un peintre en lettres local. Le , la nouvelle batterie est directement livrĂ©e aux Alpha Television Studios de Birmingham, oĂč les Beatles se produisent dans l’émission Thank Your Lucky Stars. Entre 1963 et 1969, sept membranes avec ce logo sont produites pour la batterie de Ringo Starr, peintes Ă  la main (dont les quatre premiĂšres par Stokes[88]), chacune possĂ©dant des diffĂ©rences notables[92] - [alpha 18] - [88].

Le [11], les quatre musiciens de Liverpool se produisent devant la famille royale au Prince of Wales Theatre de Londres, pour le Royal Command Performance, oĂč un John Lennon irrĂ©vĂ©rencieux, avant de se lancer dans l’interprĂ©tation de Twist and Shout, dit au public dans l'hilaritĂ© gĂ©nĂ©rale : « On the next number, would those in the cheaper seats clap your hands? All the rest of you, if you'll just rattle your jewelry! » (« Pour notre prochain titre, est-ce que les gens installĂ©s aux places les moins chĂšres peuvent frapper dans leurs mains ? Et tous les autres, veuillez agiter vos bijoux[16] ! »).

Please Please Me, le premier album des Beatles.

En 1963, John Lennon et Paul McCartney Ă©crivent tout le temps, en n'importe quel endroit, dans le bus qui les amĂšne d’un lieu de concert Ă  l’autre, dans leurs chambres d’hĂŽtel, dans un coin des coulisses avant de monter sur scĂšne, dans l’urgence avant d’enregistrer, quelquefois en une seule prise, autant de titres qui vont marquer leur histoire et celle de la musique rock[69].

En tĂȘte des ventes d’albums, Please Please Me n'est remplacĂ© Ă  la premiĂšre place que par le deuxiĂšme album du groupe, With the Beatles, publiĂ© le . Ces deux disques sont exportĂ©s aux États-Unis respectivement sous les noms de Introducing
 The Beatles, paru chez Vee-Jay Records[alpha 19], et Meet The Beatles, publiĂ© par Capitol Records. Dans un premier temps, la maison de disques amĂ©ricaine associĂ©e Ă  EMI affiche un mĂ©pris pour ce qu’elle pense n'ĂȘtre qu’un phĂ©nomĂšne passager : Capitol tarde Ă  publier les disques du groupe, raccourcit la liste des chansons, modifie l’ordre des pistes, invente de nouvelles pochettes, et va jusqu’à modifier le son de certaines chansons (ajout de rĂ©verbĂ©ration, mixages stĂ©rĂ©o inĂ©dits). Le 45 tours, I Want to Hold Your Hand, est leur premier no 1 sur le marchĂ© amĂ©ricain et y reste du 1er fĂ©vrier au . Il sera dĂ©trĂŽnĂ© par She Loves You du 21 au , suivi de Can't Buy Me Love du au . Le classement du Billboard Hot 100 du aux États-Unis fait apparaĂźtre cinq titres des Beatles aux cinq premiĂšres places : la « Beatlemania » qui avait dĂ©butĂ© au Royaume-Uni et traversĂ© la Manche se propage de l’autre cĂŽtĂ© de l’Atlantique, et dans le monde entier.

Analyse du phénomÚne

Les Beatles Ă  Stockholm (SuĂšde), en 1963.
Les Beatles et Jimmie Nicol (Ă  gauche) en confĂ©rence de presse aprĂšs leur arrivĂ©e Ă  l’aĂ©roport d'Amsterdam-Schiphol (Pays-Bas), le 5 juin 1964.
Les Beatles arrivant Ă  l’AĂ©roport international de Wellington (Nouvelle-ZĂ©lande), le 21 juin 1964.

La « Beatlemania » est un phĂ©nomĂšne d’ampleur considĂ©rable et Ă  plusieurs facettes. La jeunesse prend goĂ»t Ă  se coiffer et s’habiller « Ă  la Beatles », comme en tĂ©moignent les photos de l’époque prises dans les rues. Ils deviennent des trend-setters, expression anglophone que l’on peut traduire en français par « faiseurs de mode » ou « meneurs de tendances ». Les disquaires se spĂ©cialisent sur la discographie des Beatles, et pour mieux gĂ©rer ses stocks, la sociĂ©tĂ© EMI / Parlophone propose la prĂ©-souscription des albums et des singles Ă  suivre, mĂȘme s’ils sont encore Ă  l’état de projet. Les prĂ©-commandes atteignent dĂšs lors des sommets inouĂŻs : par exemple, 2,1 millions pour Can't Buy Me Love en 1964[93].

Des magazines spĂ©cialisĂ©s fleurissent, comme le cĂ©lĂšbre Beatles Monthly (aussi connu sous le nom de Beatles Book, 77 Ă©ditions de 1963 Ă  1969, intĂ©gralement republiĂ©es de 1977 Ă  1982) et se vendent comme des petits pains. L’atmosphĂšre hystĂ©rique des concerts rend parfois ceux-ci presque inaudibles[94]. Le premier ministre britannique, Harold Wilson, remarque nĂ©anmoins que ces artistes constituent pour le pays une excellente exportation, notamment en termes d’image : celle de jeunes gens souriants, polis, bien habillĂ©s, et pleins d’un humour trĂšs britannique lors des interviews. Ils sont dĂ©corĂ©s par la reine du Royaume-Uni, le Ă  Buckingham Palace, de la mĂ©daille de membre de l’Empire britannique (Member of the British Empire, ou MBE). Certains MBE — dont plusieurs sont des vĂ©tĂ©rans et des chefs militaires —, froissĂ©s, renvoient par dĂ©pit leur propre croix Ă  la Reine. John Lennon rĂ©plique qu’il prĂ©fĂšre recevoir cette distinction en divertissant[16]. Il s'agit en fait de la plus basse des dĂ©corations, les vrais honneurs officiels arriveront beaucoup plus tard, quand James Paul McCartney sera fait chevalier en 1997 et Richard Starkey, alias Ringo Starr, en 2018. ExtrĂȘmement liĂ©s, par le simple fait qu’ils sont les seuls Ă  « vivre la Beatlemania de l’intĂ©rieur », considĂ©rant se trouver dans l’Ɠil du cyclone, et voyant tout le monde s’agiter frĂ©nĂ©tiquement autour d’eux, se soudant autant que possible, trĂšs amis, les Beatles se voient affublĂ©s, par Mick Jagger[95], du surnom de « monstre Ă  quatre tĂȘtes »[5].

Dans les annĂ©es 1960, l’industrie musicale est en pleine expansion. DĂ©sormais, il est possible de donner des concerts dans des salles de plus en plus grandes. À la tĂ©lĂ©vision, les Ă©missions sont de plus en plus regardĂ©es par un public familial. Les Beatles participent dĂšs 1963 Ă  de nombreux shows avec les animateurs les plus populaires de la tĂ©lĂ©vision britannique et bientĂŽt nord-amĂ©ricaine. Ils seront les premiers musiciens Ă  passer dans une Ă©mission diffusĂ©e en mondovision, le , avec la chanson All You Need Is Love. À partir de 1965, les Beatles ne chantent pratiquement plus qu’en playback Ă  la tĂ©lĂ©vision. McCartney s’en explique : « Nous faisons un trĂšs important travail de studio, corrigeant inlassablement la moindre imperfection avec une prĂ©cision maniaque. Pas question d’offrir aux tĂ©lĂ©spectateurs, alors que ce son existe, un autre son dĂ©formĂ© par les mauvais studios des plateaux de tĂ©lĂ©vision ». Toujours en 1965, les Beatles prennent la rĂ©solution de ne plus donner d’autographes : « Nous n'avons tout simplement pas assez de bras, et nous devons tout de mĂȘme pouvoir utiliser nos guitares de temps en temps ! ».

Les Beatles mĂȘlent aux standards du rock comme Kansas City des chansons susceptibles de plaire Ă  la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente : Till There Was You, You've Really Got a Hold on Me ou BĂ©same mucho (qui reste dans les cartons). Ces chansons font d'ailleurs partie du rĂ©pertoire des Beatles depuis Hambourg. Pour que le groupe ne soit pas cataloguĂ© comme « mods » et perde le public des « rockers », Brian Epstein a une idĂ©e : retrouvant un moment le cuir de leurs dĂ©buts, les Beatles sortent un EP de quatre titres de rock pur et dur (Matchbox, I Call Your Name, Long Tall Sally et Slow Down), qui devient le « disque des initiĂ©s » et montre « ce que les Beatles savent vraiment faire quand ils le veulent ». Satisfaits par cet « os Ă  ronger », les rockers ne dĂ©nigrent plus les Beatles eux-mĂȘmes, mais les fans qui achĂštent leurs autres disques en ne sachant pas ce qu’est la « vraie » musique des Beatles. Pour se concilier ce public — mais aussi pour se faire plaisir — la prĂ©sence d’un « standard du rock » devient un « incontournable » des albums suivants[96].

Dans le film A Hard Day's Night, tournĂ© en noir et blanc — pour Ă©conomiser sur les coĂ»ts mais aussi pour masquer le fait qu’ils n'ont pas la mĂȘme couleur de cheveux — et rĂ©alisĂ© par Richard Lester, les Beatles orchestrent habilement leur propre lĂ©gende, avec un humour trĂšs britannique. Cet humour devient dĂ©lirant avec le film suivant, Help!, sorti Ă  l’étĂ© 1965, en couleurs, oĂč les Beatles se moquent d’eux-mĂȘmes. On va jusqu’à les comparer aux Marx Brothers, ce que John estime excessif. Plus tard, George Harrison, quant Ă  lui, noue une solide amitiĂ© avec Eric Idle et l'ensemble des Monty Python, allant jusqu’à financer leur film La Vie de Brian. L’humour britannique est par ailleurs une composante majeure des Beatles. Ceux-ci, notamment dans le film A Hard Day's Night, n'hĂ©sitent pas Ă  rivaliser de bons mots. À la question : « Comment avez-vous trouvĂ© l’AmĂ©rique ? », les membres du groupe rĂ©pondent : « Tournez Ă  gauche au Groenland ! ».

John Lennon avait soignĂ© son personnage avant-gardiste en Ă©crivant en 1964 et 1965 deux livres de courtes nouvelles dans un style imagĂ© et surrĂ©aliste, In His Own Write, puis A Spaniard in the Works. La critique de l’époque ne leur fait pas bon accueil. Le premier a Ă©tĂ© traduit en français par Christiane Rochefort sous le titre En flagrant dĂ©lire, publiĂ© en 1965.

Entre-temps, le fan club des Beatles travaille Ă  fidĂ©liser un rĂ©seau de fans auxquels on concĂšde dans le Beatles Book des bonus, notamment des photos inĂ©dites, et des disques hors commerce offerts Ă  NoĂ«l. Un disque de NoĂ«l sortira ainsi chaque annĂ©e durant les fĂȘtes, de 1963 Ă  1969.

Passage Ă  Paris (1964)

Programme des shows de l’Olympia en janvier et fĂ©vrier 1964.

À l’avĂšnement de leur gloire internationale, c’est Ă  l’Olympia de Paris et durant trois semaines du 16 janvier au , Ă  raison d’un, deux ou trois shows quotidiens, soit 41 apparitions en tout[97], que les Beatles ont jouĂ© le plus longtemps au mĂȘme endroit (en excluant leurs prestations au Star-Club de Hambourg et au Cavern Club de Liverpool). AprĂšs un « tour de chauffe » au cinĂ©ma Cyrano Ă  Versailles le , ils donnent leur premier spectacle Ă  l’Olympia le lendemain. L’affiche est imposante et donne tout son sens au mot « Music-hall ». Daniel Janin et son orchestre, les Hoganas, Pierre Vassiliu, Larry Griswold, Roger Comte, Gilles Miller et Arnold Archer, acrobates, jongleurs, humoristes, chanteurs se succĂšdent sur la scĂšne avant la deuxiĂšme partie du spectacle avec les trois tĂȘtes d’affiche au fronton du Boulevard des Capucines : Trini Lopez, Sylvie Vartan et les Beatles, passant Ă  chaque fois en dernier.

Les passages des Beatles sont assez courts puisqu’ils ne jouent Ă  chaque fois que huit titres : From Me to You, Roll Over Beethoven, She Loves You, This Boy, Boys, I Want to Hold Your Hand, Twist and Shout, Long Tall Sally[97]. La surprise pour eux, c’est que la salle est composĂ©e en majoritĂ© de garçons, et qu’ils n'entendent pas, pour une fois, les cris fĂ©minins stridents qui les accompagnent d’habitude[5]. Au fur et Ă  mesure, et malgrĂ© quelques incidents techniques au dĂ©but, les Beatles conquiĂšrent leur public. Durant leur sĂ©jour Ă  Paris, les jours de relĂąche leur permettent d’aller faire un tour aux studios PathĂ©-Marconi de Boulogne-Billancourt. Le 29 janvier, ils y enregistrent leurs deux titres en langue allemande : Komm, gib mir deine Hand / Sie liebt dich (adaptĂ©s de I Want to Hold Your Hand et She Loves You). Le premier est entiĂšrement rĂ©enregistrĂ©, voix et instruments (en 14 prises) ; le second n'est qu’un ajout vocal sur leurs propres pistes instrumentales. Le mĂȘme jour, ils mettent Ă©galement en boĂźte un nouveau tube composĂ© par Paul : Can't Buy Me Love[98].

C’est aussi Ă  Paris que les Beatles apprennent qu’ils viennent de dĂ©crocher leur premier no 1 aux États-Unis : I Want To Hold Your Hand. Cette nouvelle provoque une grande scĂšne de joie collective dans leur chambre du George-V ; Mal Evans raconte : « Quand je suis rentrĂ© dans la piĂšce je suis restĂ© stupĂ©fait. Debout sur un fauteuil, John prononçait une sorte de discours dont je n'arrivais pas Ă  saisir un mot. George donnait des bourrades Ă  Ringo et je me demandais encore ce qui se passait quand Paul me sauta sur le dos ! Ils Ă©taient heureux comme des collĂ©giens en vacances et, Ă  la rĂ©flexion, je reconnais qu’il y avait de quoi »[5]. Pendant ce sĂ©jour, John Lennon et Paul McCartney poursuivent par ailleurs le travail de composition pour leur futur album, A Hard Day's Night ; un piano a spĂ©cialement Ă©tĂ© installĂ© Ă  cet effet dans leur chambre de l’HĂŽtel George-V[99].

Le groupe pose Ă©galement pour le sculpteur David Wynne (en) qui crĂ©era deux Ɠuvres : leurs tĂȘtes, qu’il place une par-dessus l’autre, et des figurines du quatuor en spectacle avec leurs instruments. C’est la seule occasion oĂč ils seront modĂšles pour un sculpteur[100] et celui-ci, qui deviendra rapidement un ami, prĂ©sentera plus tard George Harrison au Maharishi Mahesh Yogi[101]. Les Ɠuvres sont achetĂ©s par Sir Edward Beddington-Behrens pour 4 200 $US[102] - [alpha 20].

À la conquĂȘte de l’AmĂ©rique (1964–1965)

Les Beatles sur le tarmac du JFK Airport de New York, le 7 février 1964.

« Nous savions que l’AmĂ©rique ferait de nous des vedettes mondiales ou nous dĂ©truirait. En dĂ©finitive, elle nous a faits. »

— Brian Epstein[103]

Trois jours aprĂšs leur derniĂšre prestation Ă  l’Olympia, une foule immense est Ă  leurs cĂŽtĂ©s Ă  l’aĂ©roport londonien de Heathrow, au moment oĂč ils s’embarquent pour le Nouveau Monde. De l’autre cĂŽtĂ© de l’Atlantique, c’est encore la foule — plus de 10 000 fans — qui les attend lorsqu’ils se posent sur le tarmac de l’aĂ©roport international John-F.-Kennedy de New York, le . Un Ă©vĂ©nement majeur va secouer l’AmĂ©rique moins de 48 heures plus tard : plus de 73 millions de personnes (soit 40 % de la population) assistent en direct Ă  leur premiĂšre prestation tĂ©lĂ©visĂ©e, lors du Ed Sullivan Show diffusĂ© sur CBS le 9 fĂ©vrier. Une audience record pour l’époque, qui reste encore de nos jours une des plus Ă©levĂ©es de l’histoire, hors retransmissions sportives. Certains mĂ©dias iront jusqu’à affirmer que cet Ă©vĂ©nement tĂ©lĂ©visuel a redonnĂ© le moral au pays, encore profondĂ©ment traumatisĂ©, 77 jours aprĂšs l’assassinat du PrĂ©sident Kennedy[104] - [105].

Affiche qui annonce les concerts des Beatles des 28 et au Forest Hills Festival Ă  New York.

Dans le train qui les amĂšne de New York Ă  Washington, oĂč ils vont donner le au Coliseum leur premier concert public sur le sol amĂ©ricain, un journaliste interroge Paul McCartney. Il lui dit : « Quelle place Ă  votre avis vont prendre les Beatles dans la culture occidentale ? » AprĂšs lui avoir demandĂ© si c’était une blague, le bassiste des Beatles, loin de se prendre au sĂ©rieux, lui rĂ©pond « Ce n'est pas de la culture. C’est juste une grande rigolade »[106]. AprĂšs un premier concert au Coliseum dans des conditions difficiles — la scĂšne est au milieu de la salle, comme un ring, Starr doit pivoter lui-mĂȘme sa batterie et les musiciens, se retourner pour faire face Ă  une partie ou Ă  l’autre du public, le matĂ©riel fonctionne mal, etc. —, un autre le lendemain au Carnegie Hall de New York, et un nouveau passage au Ed Sullivan Show cette fois en direct de Miami le 16 fĂ©vrier, les « Fab Four » (en français les « quatre fabuleux ») rentrent au pays. L’AmĂ©rique du Nord est emportĂ©e par la Beatlemania : on organise une premiĂšre tournĂ©e de 26 dates Ă  travers le pays, qui se dĂ©roulera Ă  guichets fermĂ©s, du au [107].

C’est pendant cette tournĂ©e estivale des États-Unis que les Beatles rencontrent Bob Dylan, et que ce dernier leur fait essayer la marijuana pour la premiĂšre fois[16]. Une dĂ©couverte qui a une importance incontestable dans l’évolution de leur musique. La lĂ©gende veut que Dylan ait pris le « I can't hide » (« je ne peux le cacher ») de I Want to Hold Your Hand pour « I get high » (« je plane ») et qu’il ne se soit ainsi pas gĂȘnĂ© pour proposer un « reefer » aux Beatles[5].

Le costume porté par le groupe lors du concert au Shea Stadium.

L’histoire d’amour entre les Beatles et les États-Unis, oĂč ils enchaĂźnent les no 1 en 1964 et 1965, trouve un point d’orgue le en ouverture de leur seconde tournĂ©e de ce cĂŽtĂ© de l’Atlantique. Ce jour-lĂ , ils sont le premier groupe de rock Ă  se produire dans un stade, le Shea Stadium de New York, devant 56 000 fans dĂ©chaĂźnĂ©s et dans des conditions singuliĂšres pour ce genre de spectacle, dans une telle arĂšne, sous les hurlements de la foule. Les Beatles se produisent munis seulement de leurs amplis Vox, et sont repris par la sono du stade, c’est-Ă -dire les haut-parleurs utilisĂ©s par les « speakers » des matches de baseball. Il en rĂ©sulte que ni eux ni le public n'entendent clairement une note de cette prestation historique. Les documents filmĂ©s ce jour-lĂ  montrent cependant que les Beatles arrivent Ă  jouer, et que c’est John Lennon qui empĂȘche ses partenaires de se retrouver paralysĂ©s par l’évĂ©nement, en multipliant les pitreries, comme parler façon charabia en agitant ses bras pour annoncer un titre en se rendant compte que personne ne peut l’entendre, ou maltraiter un clavier avec ses coudes lors de l’interprĂ©tation de I'm Down[5].

Les contrats signĂ©s en 1965 par les Beatles pour qu’ils se produisent dans les arĂšnes nord-amĂ©ricaines stipulent qu’ils refusent de jouer devant un public sĂ©grĂ©gationniste. DĂ©jĂ , le , le groupe avait publiquement dĂ©clarĂ© son refus de se produire Ă  Jacksonville, en Floride tant que le public noir ne serait pas en mesure de s’asseoir n'importe oĂč sans restriction[108] - [109] - [110].

Pionniers de la British Invasion, terme utilisĂ© aux États-Unis pour y dĂ©crire la prĂ©dominance des groupes de pop rock anglais — parmi lesquels les Rolling Stones, les Who ou encore les Kinks — au milieu des annĂ©es 1960, les Beatles seront abonnĂ©s aux premiĂšres places des charts amĂ©ricains jusqu’à la fin de leur carriĂšre. Ils dĂ©tiennent d’ailleurs toujours, aujourd'hui, un record absolu avec 209 millions d’albums vendus sur ce seul territoire[111]. « La musique n'a plus jamais Ă©tĂ© la mĂȘme depuis lors » affirme la RIAA (Recording Industry Association of America)[112].

CinĂ©ma et « Ɠufs brouillĂ©s »

Les quatre Beatles, posant avec leurs instruments, dans une affiche promotionnelle.
La maison de disques EMI fĂ©licite son groupe vedette, en tĂȘte de tous les classements en 1964.

Le film A Hard Day's Night (dont le titre français est Quatre garçons dans le vent) permet d’aborder et comprendre ce qu’était la Beatlemania en 1964. Ce film humoristique est rĂ©alisĂ© en noir et blanc par Richard Lester et connaĂźt un succĂšs international. Le troisiĂšme disque des Beatles, qui porte le mĂȘme nom, est sorti en Angleterre le chez Parlophone avec quatorze chansons mais le sur United Artists Records en AmĂ©rique du Nord, possĂ©dant onze titres dont quatre orchestrations tirĂ©es du film. Son titre a Ă©tĂ© accidentellement crĂ©Ă© par Ringo Starr : sortant Ă  une heure avancĂ©e des studios, il a dit « It's been a hard day » (« cela a Ă©tĂ© une dure journĂ©e »), puis s’apercevant que c’était la nuit, a ajoutĂ© « 
's night » (« 
de nuit[11] »). Il reprĂ©sente un tour de force de John Lennon, auteur et chanteur principal de 10 des 13 chansons. Il est Ă  cette Ă©poque au sommet de sa prĂ©dominance dans le groupe[11]. C’est le premier album des Beatles Ă  ne comporter aucune reprise, tous les titres Ă©tant signĂ©s Lennon/McCartney. Il inclut notamment la premiĂšre ballade portant rĂ©ellement « la patte » de Paul McCartney, And I Love Her, ainsi que de nombreux futurs no 1. Les trois reprises enregistrĂ©es lors de ces sĂ©ances sortiront sur le E.P. Long Tall Sally.

PressĂ©s de toutes parts, littĂ©ralement poussĂ©s vers les studios au milieu d’incessantes tournĂ©es, les Beatles sortent dans la foulĂ©e, le , Beatles for Sale (titre Ă©vocateur : « les Beatles Ă  vendre »), oĂč ils se contentent de reprendre en studio leur rĂ©pertoire scĂ©nique du moment en y incluant quelques nouvelles chansons, comme Eight Days a Week, I'm a Loser, Baby's in Black et No Reply ou une trĂšs ancienne comme I'll Follow the Sun. Le disque comprend donc six reprises de rock 'n' roll et sera livrĂ© avec une pochette qui comme celle de With the Beatles[113] (et d’autres Ă  venir) sera parmi les plus pastichĂ©es au cours des dĂ©cennies suivantes[114]. Au mĂȘme moment, le titre I Feel Fine de John Lennon, publiĂ© en single le 27 novembre, est no 1 durant cinq semaines. Il dĂ©marre par un « feedback » de guitare ou effet Larsen, le premier du genre dans le rock, que l’on pourrait croire accidentel, alors que cet Ă©tonnant effet est dĂ©libĂ©rĂ©. « Je dĂ©fie quiconque de trouver la prĂ©sence d’un feedback sur un disque avant I Feel Fine, Ă  moins que ce soit un vieux disque de blues de 1922 » assure John Lennon[5].

La « Beatlemania » bat toujours son plein en 1965, lorsque sortent le film Help!, dont Ringo Starr est la vedette, — tournĂ© par les Beatles dans les volutes de fumĂ©e de cigarettes trĂšs spĂ©ciales[5] — et le disque du mĂȘme nom. Seule la moitiĂ© des titres de l’album fait partie de la bande-son du film et trois chansons vont marquer l’histoire du groupe, autant de no 1 dans les charts. Help! d’abord, oĂč John Lennon — comme il l’avouera plus tard — se met Ă  nu en appelant au secours. Le succĂšs, la cĂ©lĂ©britĂ©, ne lui apportent aucune rĂ©ponse, il est — dira-t-il — dĂ©pressif et boulimique, dans sa pĂ©riode « Elvis gras »[5]. Ticket to Ride ensuite, considĂ©rĂ© par Lennon comme le titre prĂ©curseur du hard rock[5] avec ses effets de guitare, ses roulements de toms et sa basse insistante. Yesterday enfin, la chanson mythique de Paul McCartney qu’il joue Ă  tout son entourage, une fois composĂ©e sous le titre de travail Scrambled Eggs (« Ɠufs brouillĂ©s »), se demandant sincĂšrement et interrogeant Ă  la ronde pour savoir s’il a bien inventĂ© cette mĂ©lodie — qui lui serait venue tout entiĂšre lors d’un rĂȘve — ou si elle ne vient pas de quelque part, tant elle paraĂźt Ă©vidente[115]. Elle deviendra la chanson la plus diffusĂ©e et la plus reprise du XXe siĂšcle (prĂšs de 3 000 reprises). Yesterday et son fameux arrangement pour quatuor Ă  cordes, suggĂ©rĂ© et composĂ© par George Martin en compagnie de l’auteur de la chanson qui, pour la premiĂšre fois, l’enregistre seul Ă  la guitare acoustique, sans les autres membres du groupe.

Plus de 40 ans aprĂšs, Paul mesure encore sa chance d’avoir rĂȘvĂ© cette chanson, de s’en ĂȘtre souvenu au rĂ©veil, qu’elle fĂ»t bien de lui, et qu’elle ait connu cet incroyable succĂšs[116].

Tournant de Rubber Soul

George Harrison, aprĂšs avoir dĂ©couvert la musique de Ravi Shankar, fait l’acquisition d’un sitar et en joue dans plusieurs chansons du groupe.

Un soir d’, un ami dentiste de George et de John charge leur cafĂ©, ainsi que ceux de Pattie Boyd et de Cynthia Lennon (respectivement compagne et Ă©pouse des deux musiciens), avec une substance pas encore illicite : le LSD[16] - [117]. George et John dĂ©couvrent donc cette drogue Ă  leur insu, mais John va en devenir un gros consommateur pour au moins les deux annĂ©es suivantes. Les quatre membres vont l’essayer (McCartney, trĂšs rĂ©ticent, est le dernier Ă  en prendre, en 1966, mais sera le premier Ă  en parler Ă  la presse), et d’une façon gĂ©nĂ©rale, la musique et les paroles des Beatles vont encore Ă©voluer sous l’influence de cette substance hallucinogĂšne[16]. À l’automne 1965, ils enregistrent un album charniĂšre dans leur carriĂšre : Rubber Soul. Le titre est un jeu de mots Ă  partir de rubber sole — semelle en caoutchouc, soul music — la musique de l’ñme, et plastic soul — Ăąme influençable. Les textes sont plus philosophiques, plus fouillĂ©s (la poĂ©sie de Lennon, l’influence de Bob Dylan dĂ©jĂ  prĂ©sente dans You've Got to Hide Your Love Away de l’album Help!), abordant des thĂšmes plus sĂ©rieux. Devant sortir pour NoĂ«l, le disque est enregistrĂ© dans l’urgence, en quatre semaines, du au [69].

Leur musique est devenue plus Ă©laborĂ©e ; les techniques d’enregistrement en studio sont en progression, le temps qui y est passĂ© Ă©galement. Leur immense succĂšs est la garantie pour eux d’une libertĂ© de plus en plus grande dans la crĂ©ation et la possibilitĂ© de bousculer les codes en vigueur (par exemple les horaires, ou le simple fait de pouvoir se dĂ©placer de la salle d’enregistrement Ă  la cabine, devant la table de mixage) dans les austĂšres studios d’EMI. « C’est Ă  cette Ă©poque que nous avons pris le pouvoir dans les studios » note John Lennon[5].

Les locaux de ce qui s’appelle encore « studios EMI » (ils deviendront « Abbey Road » plus tard) fourmillent d’instruments en tous genres, jusqu’aux placards, et les jeunes musiciens, dĂ©sormais intĂ©ressĂ©s par toutes les formes de musique, commencent Ă  tester et Ă  intĂ©grer les sons les plus divers dans leurs chansons. « On aurait pu emmener un Ă©lĂ©phant dans le studio pour peu qu’il produise un son intĂ©ressant » raconte Ringo Starr[5]. Rubber Soul se caractĂ©rise par deux ruptures : Nowhere Man est la premiĂšre chanson des Beatles ne parlant pas de filles et d’amour ; il n'y a pas une seule reprise d’un quelconque standard du rock 'n' roll ou autre sur ce sixiĂšme disque des Beatles, et il n'y en aura plus jamais. George Harrison, qui vient de s’acheter un sitar car il est tombĂ© amoureux de la musique indienne en Ă©coutant les disques de Ravi Shankar, est amenĂ© Ă  l’utiliser spontanĂ©ment sur la chanson Norwegian Wood (This Bird Has Flown) de John Lennon. Grande premiĂšre dans le rock, l’initiative de Harrison inspire Brian Jones dans la composition du riff du Paint It, Black des Rolling Stones, sorti quelques mois plus tard.

Les Beatles Ă©taient au dĂ©part un groupe basĂ© sur sa maĂźtrise de l’harmonie vocale — leur maĂźtrise de la polyphonie n'a pas Ă©tĂ© Ă©trangĂšre Ă  leur succĂšs et a presque fait oublier les prĂ©cĂ©dents reprĂ©sentants amĂ©ricains du genre, les Four Seasons[alpha 21] —, Ɠuvrant dans la plus grande Ă©conomie de moyens ; en 1965, la recherche instrumentale devient prĂ©pondĂ©rante. Les harmonies vocales restent toutefois trĂšs prĂ©sentes (Drive My Car, Nowhere Man, If I Needed Someone, The Word, Wait), tout comme diverses facĂ©ties, comme sur le pont de la chanson Girl de John Lennon, que McCartney et Harrison ponctuent par des « Tit tit tit tit » (« nichon » en anglais).

La compĂ©tition et l’émulation battent leur plein entre les deux auteurs principaux du groupe : le jour de la publication de Rubber Soul (le ), sort Ă©galement le 45 tours Day Tripper / We Can Work It Out. Le premier titre est de John (avec l’aide de Paul), le second de Paul (avec l’aide de John), et les deux compĂšres se bagarrent pour figurer sur la face A du single, qui est le tube assurĂ©. Il est alors dĂ©cidĂ© que ce seront « deux faces A », lesquelles atteignent la premiĂšre place des charts, et ce pour cinq semaines consĂ©cutives[alpha 22].

À l’époque, hors de leur « compĂ©tition interne », la plus sĂ©rieuse Ă©mulation pour les Beatles vient d’outre-Atlantique. En effet, si les Rolling Stones commencent tout juste Ă  Ă©merger en adoptant volontairement une attitude antagoniste de « mauvais garçons », et un son plus brut, en dĂ©pit des apports Ă©clectiques de Brian Jones (qui s’amenuiseront Ă  mesure que son Ă©tat de santĂ© se dĂ©gradera), ce sont les Beach Boys qui leur opposent les qualitĂ©s les plus grandes en termes d’harmonies vocales, de recherches mĂ©lodiques et de techniques d’enregistrement, sous l’influence grandissante de Brian Wilson — jeune homme au gĂ©nie Ă©clatant mais fragile psychologiquement, jouant tout Ă  la fois les rĂŽles de compositeur, producteur, chef d’orchestre, bassiste et chanteur principal. L’album Pet Sounds (), conçu par Wilson comme une rĂ©ponse aux innovations de Rubber Soul (), est d’ailleurs une source d’inspiration majeure pour Revolver (), et les techniques de production rĂ©volutionnaires employĂ©es pour le titre Good Vibrations ( — prĂ©figurant ce qu’aurait dĂ» ĂȘtre l’album Smile abandonnĂ© lorsqu’il eu connaissance de la chanson Strawberry Fields Forever en 1967[118]) ont un impact dĂ©cisif sur l’évolution ultĂ©rieure des Beatles. Les musicologues s’accordent gĂ©nĂ©ralement Ă  dater la naissance de la « pop » de cette Ă©mulation entre les deux groupes en 1965-1966.

Demain ne sait jamais

George, Paul, George Martin et John en studio en 1966.

À l’étĂ© 1966, leur album suivant, Revolver, sorti le en Angleterre, est de la mĂȘme veine, repoussant encore les limites de l’expĂ©rimentation. John Lennon est au meilleur de sa forme, inspirĂ©, innovant avec Doctor Robert, Tomorrow Never Knows, She Said She Said et dans I'm Only Sleeping, oĂč le solo de guitare est passĂ© Ă  l’envers. Paul McCartney s’affirme en mĂ©lodiste talentueux avec Eleanor Rigby, For No One et Here, There and Everywhere. Il a aussi l’idĂ©e de la chanson Yellow Submarine pour Ringo Starr. And Your Bird Can Sing reprend et dĂ©veloppe des effets de guitare qui n'apparaissaient que discrĂštement Ă  la fin de Ticket to Ride. Le sitar indien, dĂ©jĂ  entendu dans Norvegian Wood, a sĂ©duit George Harrison ; son admiration pour l’Inde — dont il ne se dĂ©partira plus — devient Ă©vidente avec Love You To. Une autre chanson de George Harrison ouvre le disque, Taxman. La galerie de thĂšmes et de personnages s’élargit : un percepteur, une bigote solitaire, le sommeil et la paresse, le capitaine d’un sous-marin jaune, un docteur douteux, le Livre des morts tibĂ©tain, les psychotropes sous forme dĂ©tournĂ©e[119] - [120]
 La pochette du disque est dessinĂ©e par leur ami Klaus Voormann[121].

Tomorrow Never Knows (« Demain ne sait jamais », encore un accident de langage signĂ© Ringo Starr[11]), dernier titre de Revolver, est un cas particulier : jouĂ© sur un seul accord (le do), incluant des boucles sonores prĂ©parĂ©es par Paul, des bandes mises Ă  l’envers, accĂ©lĂ©rĂ©es, mixĂ©es en direct avec plusieurs magnĂ©tophones en sĂ©rie actionnĂ©s par autant d’ingĂ©nieurs du son — une dizaine — envoyant les boucles Ă  la demande vers la table de mixage, il ouvre l’ùre du rock psychĂ©dĂ©lique (et peut aussi ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le titre prĂ©curseur de la techno). Les prouesses de George Martin et des ingĂ©nieurs du son des studios EMI — Ă  commencer par Geoff Emerick — permettent de rĂ©pondre aux demandes les plus extravagantes de John Lennon : celui-ci dĂ©sirant que sa voix Ă©voque celle « du DalaĂŻ-lama chantant du haut d’une montagne », ils Ă©laborent cet effet en faisant passer sa voix dans le haut-parleur tournant d’un orgue Hammond, le « Leslie speaker » ; celui-ci tourne sur lui-mĂȘme pour donner au son de l’orgue un effet tournoyant, et le rĂ©sultat donne l’impression que la voix de John « surgit de l’au-delĂ  »[5].

« De tous les morceaux des Beatles, c’est celui qui ne pourrait pas ĂȘtre reproduit : il serait impossible de remixer aujourd'hui la bande exactement comme on l’a fait Ă  l’époque ; le « happening » des bandes en boucle, quand elles apparaissent puis disparaissent trĂšs vite dans les fluctuations du niveau sonore sur la table de mixage, tout cela Ă©tait improvisĂ©. »

— George Martin, Summer of Love, The Making of Sgt Pepper's

« Plus populaires que Jésus »

Chaque membre du groupe se prĂȘte au jeu d’une sĂ©rie d’interviews intitulĂ©es How Does a Beatle Live? (« Comment vit un Beatle ? ») rĂ©alisĂ©e par la journaliste Maureen Cleave, une proche du groupe, qui seront publiĂ©es dans le London Evening Standard. Les Beatles sont alors au sommet de leur popularitĂ© mondiale. Dans l’article avec Lennon, qui paraĂźt le , celui-ci dĂ©clare : « Le christianisme disparaĂźtra. Il s’évaporera, dĂ©croĂźtra. Je n'ai pas Ă  discuter lĂ -dessus. J'ai raison, il sera prouvĂ© que j'ai raison. Nous sommes plus populaires que JĂ©sus, dĂ©sormais. Je ne sais pas ce qui disparaĂźtra en premier, le rock 'n' roll ou le christianisme [
] »[122] - [123].

Ce qui passe complĂštement inaperçu au Royaume-Uni — et mĂȘme ailleurs, dans un premier temps — finit par devenir un vĂ©ritable scandale, quelques mois plus tard, aux États-Unis, lorsque l’article est repris dans le magazine pour adolescentes Datebook, ces propos sont amplifiĂ©s et dĂ©formĂ©s sur une station de radio de l’Alabama ; il y est suggĂ©rĂ© que les disques des Beatles soient brĂ»lĂ©s, en reprĂ©sailles de ces paroles jugĂ©es blasphĂ©matoires. La « Bible Belt » amĂ©ricaine ne tarde pas Ă  mettre ces propos en application[124].

Paul McCartney tente bien de tourner l’affaire en dĂ©rision, en dĂ©clarant : « Il faut bien qu’ils les achĂštent avant de les brĂ»ler[16] ! », mais le mal est fait, et le malaise profond. Ainsi, Ă  l’aube de leur ultime tournĂ©e, le Ă  Chicago, John Lennon est obligĂ© de se justifier devant les mĂ©dias amĂ©ricains : « Si j'avais dit que la tĂ©lĂ©vision Ă©tait plus populaire que JĂ©sus, j'aurais pu m’en tirer sans dommage [
]. Je suis dĂ©solĂ© de l’avoir ouverte. Je ne suis pas anti-Dieu, anti-Christ ou anti-religion. Je n'Ă©tais pas en train de taper dessus ou de la dĂ©prĂ©cier. J'exposais juste un fait, et c’est plus vrai pour l’Angleterre qu’ici [aux États-Unis]. Je ne dis pas que nous sommes meilleurs, ou plus grands, je ne nous compare pas Ă  JĂ©sus-Christ en tant que personne, ou Ă  Dieu en tant qu’entitĂ© ou quoi qu’il soit. J'ai juste dit ce que j'ai dit et j'ai eu tort. Ou cela a Ă©tĂ© pris Ă  tort. Et maintenant, il y a tout ça
 »

ArrĂȘt des tournĂ©es

Jusqu’en 1966, les Beatles enchaĂźnent, Ă  un rythme trĂšs soutenu, les tournĂ©es, les apparitions mĂ©diatiques, l’écriture, les sĂ©ances d’enregistrement de leurs singles et albums. Mais plus leur succĂšs grandit, plus leurs prestations publiques se dĂ©roulent dans des conditions impossibles. Ne voulant ou ne pouvant pas contrĂŽler des foules Ă  l’extĂ©rieur pendant que le groupe joue dans une salle trop petite, les autoritĂ©s, particuliĂšrement amĂ©ricaines, insistent qu’ils se produisent dans des salles ou des espaces en plein air de plus en plus grands, rĂ©unissant des dizaines de milliers de spectateurs[125]. Mais les moyens de sonorisation sont encore balbutiants, et surtout, les quatre musiciens se produisent sous les cris stridents de la gent fĂ©minine, qui couvrent complĂštement leur musique. Au point qu’ils ne s’entendent pas jouer et se rendent compte finalement que le public ne les entend pas non plus.

De plus, la diffĂ©rence entre leur production en studio, de plus en plus complexe, faisant appel Ă  de plus en plus d’instruments divers et de nombreux overdubs, et ce qu’ils arrivent Ă  dĂ©livrer sur scĂšne dans leur configuration du dĂ©part (batterie, deux guitares, basse), devient flagrante. Leur rĂ©pertoire scĂ©nique reste quasiment le mĂȘme au fil des annĂ©es — des standards du rock 'n' roll comme Rock 'n' Roll Music ou Long Tall Sally seront notamment jouĂ©s jusqu’au bout —, et ils constatent les dĂ©gĂąts dĂšs qu’ils s’attaquent Ă  des titres plus rĂ©cents, par exemple Nowhere Man ou Paperback Writer : au Budƍkan de Tokyo, fin juin, on voit George Harrison agiter la main en saluant le public pour le faire hurler, afin de couvrir le chƓur a cappella de Paperback Writer qui sonne nettement faux
 Ces concerts Ă  Tokyo ayant dĂ©clenchĂ© une demande de 209 000 billets[126] se passent d’ailleurs dans une ambiance Ă©touffante, les Beatles restant cloĂźtrĂ©s dans leur hĂŽtel et bĂ©nĂ©ficiant de la plus grande protection policiĂšre jamais vue au XXe siĂšcle pour un groupe ou un artiste, avec un dispositif (35 000 fonctionnaires mobilisĂ©s) de mĂȘme ampleur que celui mis en place deux ans plus tĂŽt pour les Jeux olympiques[127] - [128].

AprĂšs cette sĂ©rie de concerts dans la capitale japonaise, les Ă©vĂ©nements vont prĂ©cipiter leur dĂ©cision de mettre un terme dĂ©finitif Ă  ce que John Lennon considĂšre comme « de foutus rites tribaux[5] ». À Manille, aux Philippines, ils passent tout prĂšs d’un lynchage, pour avoir malencontreusement snobĂ©, Ă  leur arrivĂ©e, une rĂ©ception donnĂ©e en leur honneur par Imelda Marcos, Ă©pouse du dictateur Ferdinand Marcos, la veille de leurs concerts du 4 juillet. Le groupe rĂ©pondra qu’il n'avait reçu aucune invitation, ce qui n'empĂȘchera pas la presse locale de se dĂ©chaĂźner ni les Philippins d’envoyer des menaces d’attentat et de mort. Toute protection policiĂšre leur est retirĂ©e lorsqu’ils repartent, une foule hostile les attend Ă  l’aĂ©roport, ils sont agressĂ©s, parviennent difficilement jusqu’à leur avion qui va rester bloquĂ© sur la piste, le temps que leur manager Brian Epstein en soit dĂ©barquĂ© pour aller se faire dĂ©lester de la recette des quelque 100 000 billets vendus pour leurs deux concerts[5] - [129] - [130].

Cette Ă©norme frayeur les dĂ©cide dĂ©jĂ  Ă  tout arrĂȘter, mais il leur reste des dates estivales Ă  honorer aux États-Unis. LĂ -bas, ils subissent les consĂ©quences de la tempĂȘte provoquĂ©e par les paroles de John Lennon Ă  propos du christianisme. Ils reçoivent des menaces, notamment du Ku Klux Klan, et craignent rĂ©ellement pour leur sĂ©curitĂ©, alors qu’ils se produisent dans des stades dans des conditions qui restent dĂ©testables. Ils n'en peuvent plus. La derniĂšre date de cette tournĂ©e, le lundi , au Candlestick Park de San Francisco, onze titres interprĂ©tĂ©s en un peu moins de 35 minutes, sur une scĂšne entourĂ©e de grillages, au milieu d’une pelouse oĂč la chasse policiĂšre aux fans dĂ©chaĂźnĂ©s bat son plein, devient leur dernier concert tout court. Seulement 25 000 billets ont Ă©tĂ© vendus pour 31 000 disponibles, ce qui a conduit la radio rock KYA, partenaire de l’opĂ©ration, Ă  organiser des jeux pour distribuer les billets restants[131].

Ringo Starr explique : « À Candlestick Park, on s’est sĂ©rieusement dit que tout ça devait s’arrĂȘter. On pensait que ce concert Ă  San Francisco pourrait bien ĂȘtre le dernier, mais je n'en ai Ă©tĂ© vraiment certain qu’aprĂšs notre retour Ă  Londres. John voulait laisser tomber plus que les autres. Il disait qu’il en avait assez. » John Lennon dĂ©clare quant Ă  lui : « Je suis sĂ»r qu’on pourrait envoyer quatre mannequins de cire Ă  notre effigie, et que les foules seraient satisfaites. Les concerts des Beatles n'ont plus rien Ă  voir avec la musique. Ce sont de foutus rites tribaux. » George Harrison se remĂ©more : « C’était trop, toutes ces Ă©meutes et ces ouragans. La « Beatlemania » avait prĂ©levĂ© sa dĂźme, la cĂ©lĂ©britĂ© et le succĂšs ne nous excitaient plus[5]. ». L’arrĂȘt des tournĂ©es marque une premiĂšre fissure dans la carriĂšre des Beatles, partant du principe qu’un groupe de rock 'n' roll qui ne joue plus sur scĂšne n'est plus vraiment un groupe. D’ailleurs, tandis que John s’exclame : « Mais qu’est-ce que je vais faire maintenant ? » — il partira tourner le film How I Won the War Ă  AlmerĂ­a en Andalousie, avec Richard Lester —, George dĂ©clare tout de go : « Je ne suis plus un Beatle dĂ©sormais ». Afin de donner un second souffle au groupe, aprĂšs une pause de trois mois, Paul McCartney entraĂźne ses partenaires dans un nouveau projet, un nouveau dĂ©part, loin des foules hystĂ©riques. Un projet qui consiste Ă  envoyer une autre formation, imaginaire, en tournĂ©e Ă  leur place; celle du « Club des CƓurs EsseulĂ©s du Sergent Pepper ».

Triomphe de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

Adieu les tournĂ©es et les costumes « uniformes ». À la fin de l’annĂ©e 1966, les Beatles s’installent quasiment Ă  plein temps dans les studios EMI d’Abbey Road, et vont en exploiter toutes les possibilitĂ©s. C’est le dĂ©but de la pĂ©riode qui sera dĂ©finie comme « les annĂ©es studio » du groupe, caractĂ©risĂ©es par une considĂ©rable progression de sa crĂ©ativitĂ©. Les quatre musiciens s’amusent Ă  coller des bouts des chansons, Ă  lancer des bandes de musique par terre et Ă  les recoller au hasard, Ă  passer des morceaux Ă  l’envers (comme sur la chanson Rain), en accĂ©lĂ©rĂ©, Ă  mĂ©langer de nombreux instruments atypiques dans le rock 'n' roll : des violons, des instruments traditionnels, indiens, toutes sortes de claviers, ou mĂȘme un orchestre symphonique complet ; Ă  tenter tout ce qui est artistiquement possible en s’affranchissant du fardeau de leur image publique (ils sont les Beatles et doivent en permanence se mesurer Ă  l’image que leur public a d’eux) pour prendre l’identitĂ© d’une fanfare Ă  la fois « Edwardienne » et complĂštement dans l’air du temps, qui souffle depuis la Californie. Ce concept est signĂ© Paul McCartney.

L’album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band est publiĂ© le : ce disque est considĂ©rĂ© par beaucoup comme leur chef-d'Ɠuvre, et sera reconnu comme la meilleure Ɠuvre rock de tous les temps dans plusieurs listes Ă©tablies par des revues spĂ©cialisĂ©es (notamment celle de Rolling Stone en 2003). D’autres y voient au contraire un album d’adieu (illustrĂ© sur la pochette par un massif fleuri oĂč quatre Beatles tristes du musĂ©e de cire de Madame Tussauds semblent assister Ă  leur propre enterrement, tandis que les quatre vrais Beatles sont donc devenus des musiciens de fanfare moustachus, et oĂč une poupĂ©e chiffon Ă  l’effigie de Shirley Temple[132] annonce « Welcome the Rolling Stones »). Cet album marque en tout cas leur carriĂšre et toute une gĂ©nĂ©ration.

Pour rĂ©pondre aux demandes et besoins des musiciens, George Martin et son Ă©quipe doivent aller de plus en plus loin au niveau des innovations techniques. Ils inventent ainsi le « vari speed » qui permet de faire varier la vitesse de dĂ©filement de la bande (procĂ©dĂ© notamment utilisĂ© sur Strawberry Fields Forever pour fondre deux prises diffĂ©rentes en une seule, ou sur Lucy in the Sky with Diamonds pour la voix de John Lennon) et le « reduction mixdown » : les quatre pistes d’un magnĂ©tophone — le maximum dont ils disposent Ă  l’époque — sont rĂ©duites en une seule sur un autre appareil identique synchronisĂ©, et trois nouvelles pistes sont ainsi libres. On peut multiplier ce procĂ©dĂ© et obtenir jusqu’à seize pistes[133], capacitĂ© qui ne sera disponible par dĂ©faut qu’au dĂ©but des annĂ©es 1970. Pour la premiĂšre fois dans l’histoire du rock, un groupe va passer un peu plus de cinq mois en studio, de fin Ă  , pour construire son album.

Les fructueuses sĂ©ances de Sgt Pepper's ont dĂ©butĂ© par les enregistrements des titres Penny Lane — de Paul McCartney — et Strawberry Fields Forever — de John Lennon — oĂč chacun traite de la nostalgie de son enfance Ă  Liverpool. La maison de disques EMI et Brian Epstein pressent George Martin de sortir un single pour l’hiver, et ce dernier livre, Ă  contrecƓur, ces chansons, qui sont tout simplement celles qui sont les plus avancĂ©es[134]. En consĂ©quence, ces deux titres (publiĂ©s en Angleterre le ) ne sont pas inclus dans l’album Ă  venir. De maniĂšre anecdotique, ils n'atteignent pas le no 1 du palmarĂšs britannique, et le producteur considĂšre aujourd'hui la dĂ©cision de les avoir isolĂ©s sur un single « double face A » comme une « Ă©pouvantable erreur[5] ». Toujours Ă  l’avant-garde, les Beatles se mettent en scĂšne pour le titre de John Lennon, Strawberry Fields Forever, cet hiver-lĂ , dans un mini-film tellement innovant qu’on peut en faire un des prĂ©curseurs des vidĂ©o-clips musicaux tels qu’on les connaĂźt aujourd'hui[135]. L’écriture et la rĂ©alisation de Sgt Pepper's se poursuit intensĂ©ment durant les quatre premiers mois de 1967. La collaboration Lennon/McCartney atteint encore des sommets. Ensemble, ils Ă©crivent With a Little Help from My Friends pour Ringo Starr, crĂ©ent She's Leaving Home Ă  partir d’un fait divers, concoctent Getting Better, oĂč l’optimisme de l’un (« It's getting better all the time / Ça va de mieux en mieux tout le temps ») est contrebalancĂ© par le pessimisme de l’autre (« Can't get no worse / Ça ne peut pas ĂȘtre pire »). Enfin, un bout de chanson de John (« I read the news today oh boy
 »), oĂč il met en paroles une sĂ©rie de nouvelles lues dans la presse, accolĂ© Ă  une « ritournelle » de Paul (« Woke up, fell out of bed
 »), les deux sections Ă©tant sĂ©parĂ©s par 24 mesures contenant un fameux glissando d’orchestre symphonique (clairement repris de Krzysztof Penderecki (ThrĂšne Ă  la mĂ©moire des victimes d’Hiroshima, 1960) et de Iannis Xenakis (Metastasis, 1955)), donnent le titre A Day in the Life, qui clĂŽt le disque en apothĂ©ose. Ils Ă©crivent ensemble la phrase « I'd love to turn you on » (« J'aimerais te brancher » ou « J'aimerais t’exciter » ou « J'aimerais te faire planer ») qui fait scandale pour son possible double sens sexuel ou stupĂ©fiant, provoquant l’interdiction de la chanson sur la radio britannique.

Il est encore question de drogue, pour la plupart des observateurs de l’époque, avec le texte surrĂ©aliste — et surtout ses initiales (LSD) — de la chanson Lucy in the Sky with Diamonds. Mais John Lennon explique qu’il est parti d’un dessin que son fils Julian, alors ĂągĂ© de quatre ans, a ramenĂ© de sa classe de maternelle en lui expliquant que c’était sa copine Lucy O'Donnell, « dans le ciel avec des diamants »[11]. Le compositeur, qui cite aussi Lewis Carroll et son Alice au pays des merveilles[5] comme source d’inspiration, est le premier Ă©tonnĂ© de l’interprĂ©tation qui est faite de son titre. Cependant, Paul McCartney a rĂ©vĂ©lĂ© trois dĂ©cennies plus tard que l’allusion au LSD Ă©tait intentionnelle[136].

L’affiche qui inspira les paroles de Being for the Benefit of Mr Kite!.

L’hĂ©roĂŻne joue un rĂŽle dans le bannissement, Ă  l’antenne, de deux autres chansons de l’album, troisiĂšme et quatriĂšme chansons du groupe Ă  ĂȘtre interdites de radio. D’abord Fixing a Hole, dont le titre peut laisser supposer que le chanteur se fait un « fix », puis Being for the Benefit of Mr. Kite!, entiĂšrement composĂ©e par John Lennon Ă  partir d’une affiche de spectacle de cirque du XIXe siĂšcle[11], Ă  cause du personnage « Henry the horse », « horse » signifiant hĂ©roĂŻne en argot anglais. Ce sont bien sĂ»r des interprĂ©tations totalement erronĂ©es de la part des « autoritĂ©s compĂ©tentes »  Pour rĂ©pondre aux demandes de Lennon, la production de cette derniĂšre chanson entraĂźne de nouvelles prouesses techniques de la part de George Martin et de son Ă©quipe.

George Martin et les Beatles ont voulu faire de Sgt Pepper's un album-concept, en reliant certains morceaux, bien que les chansons n'aient aucun rapport thĂ©matique entre elles, hormis les deux du dĂ©but (la chanson-titre et With a Little Help From My Friends). Pour unifier le tout, c’est Neil Aspinall, l’assistant du groupe, qui a l’idĂ©e de faire une reprise du morceau Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band comme avant-derniĂšre piste de l’album. Ainsi, la fanfare du club des cƓurs esseulĂ©s du Sergent Pepper accueille son public au dĂ©but du spectacle — de l’album —, puis le salue Ă  la fin, Ă  travers le mĂȘme morceau jouĂ© plus vite et dans une tonalitĂ© diffĂ©rente, en espĂ©rant que le spectacle lui a plu. Quarante ans plus tard, Paul McCartney reprend l’idĂ©e lors de sa tournĂ©e « Back in the U.S. » en 2002, en jouant la reprise de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en avant-dernier morceau.

L’album se clît avec A Day in the Life, tel un rappel, et se termine par trois trouvailles :

  • la longue dĂ©croissance — de 47 secondes — d’un accord de piano[137] ;
  • un sifflement Ă  20 000 Hz, inaudible par l’homme et impossible Ă  reproduire sur la plupart des Ă©lectrophones de l’époque, mais dont John Lennon espĂšre qu’il fera aboyer les chiens de ceux qui possĂšdent une bonne chaĂźne hi-fi[137] (Ă  noter que l’album Pet Sounds des Beach Boys, source d’inspiration majeure des Beatles pour Sgt. Pepper's, se clĂŽt sur des aboiements de chiens) ;
  • un jingle sans fin sur le sillon intĂ©rieur[137], que ne pourront dĂ©couvrir que les puristes de la Hi-Fi, ceux qui refusent d’avoir une platine Ă  arrĂȘt automatique en fin de disque — pour les autres, le bras se lĂšvera avant, ou juste au dĂ©but (ce segment sera simplement ajoutĂ© Ă  la suite de A Day in the Life sur la rĂ©Ă©dition en CD).

Sgt Pepper's fait Ă©cole et tous les autres groupes majeurs de l’époque (les Rolling Stones, les Who, les Kinks, les Moody Blues, Aphrodite's Child, The Clouds, et bien d’autres) voudront aussi sortir leur « album-concept » — quand bien mĂȘme Sgt Pepper's n'en est pas vraiment un, d’un point de vue strictement musical ou thĂ©matique ; il aura suffi que ses auteurs l’affirment pour que cela soit une rĂ©alitĂ©. L’album fait date dans l’histoire de la musique pop rock : jamais un groupe n'avait disposĂ© d’autant de temps, de moyens et de libertĂ© pour enregistrer un album. Les Beatles exploitent donc pleinement cette opportunitĂ© et George Martin joue bien sĂ»r un rĂŽle-clĂ© dans l’exploration de nouvelles techniques. La pochette, trĂšs soignĂ©e et dĂ©bordante de couleurs, a nĂ©cessitĂ© une centaine de lettres envoyĂ©es aux personnalitĂ©s vivantes reprĂ©sentĂ©es, afin d’obtenir leur accord. Trois personnages en sont retirĂ©s « in extremis » : Hitler et Gandhi, au motif qu’ils risqueraient d’indisposer le public britannique, au grand dĂ©sespoir du trĂšs provocateur John Lennon ; et un troisiĂšme personnage, l’acteur Leo Gorcey, qui voulait bien figurer sur la pochette mais Ă  condition d’ĂȘtre rĂ©tribuĂ©, on juge plus simple de le faire disparaĂźtre. Cette pochette est, elle aussi, un Ă©vĂ©nement. C’est la premiĂšre fois qu’autant de soin est apportĂ© au conditionnement du disque. Les paroles des chansons y sont incluses, pour la premiĂšre fois Ă©galement. Jusqu’ici, les pochettes se rĂ©sumaient le plus souvent Ă  une photo de l’artiste ou du groupe ; Ă  partir de Sgt. Pepper's, la conception de la pochette devient un Ă©lĂ©ment-clĂ© (Ă  la fois « marketing » et artistique) de la production d’un disque.

L’annĂ©e suivante, Frank Zappa parodie la pochette avec l’album We're Only in It for the Money (« nous ne faisons ça que pour l’argent ») enregistrĂ© avec son groupe The Mothers of Invention.

Mort de Brian Epstein et premier Ă©chec

Le , les Beatles se produisent devant plus de 400 millions de tĂ©lĂ©spectateurs Ă  travers le monde, Ă  l’occasion de la toute premiĂšre Ă©mission diffusĂ©e par satellite, Our World. En direct du studio 1 d’Abbey Road et en « Mondovision », ils interprĂštent une chanson spĂ©cialement composĂ©e par John Lennon pour l’occasion : All You Need Is Love[138]. Le triomphe est total. Le 45 tours publiĂ© le 7 juillet s’installe directement Ă  la premiĂšre place des charts et y reste trois semaines.

Le , paraĂźt en pleine page dans The Times une pĂ©tition financĂ©e et signĂ©e par les quatre Beatles et leur manager intitulĂ©e « La loi interdisant la Marijuana est immorale en principe et inapplicable en pratique », un appel contre la prohibition en vigueur depuis l’instauration du Dangerous Drug Act en 1965[139] - [140]. Mais c’est durant ce fameux « Summer of Love » (« l’étĂ© de l’amour ») sur fond de Sgt Pepper's que Brian Epstein est retrouvĂ© sans vie dans sa maison, Ă  32 ans, Ă  la suite d’une surdose de barbituriques, le . Les Beatles apprennent sa mort pendant un sĂ©minaire d’initiation Ă  la mĂ©ditation transcendantale avec Maharishi Mahesh Yogi Ă  Bangor, au Pays de Galles, oĂč chacun s’est vu dĂ©livrer un mantra. La disparition de leur manager les laisse totalement dĂ©semparĂ©s et marque une nouvelle fissure dans leur carriĂšre[141] - [16].

C’est Ă©galement Ă  la mĂȘme Ă©poque que Paul McCartney prend clairement les rĂȘnes du groupe, un rĂŽle laissĂ© vacant par John Lennon dont l’ego se dissout sous l’effet du LSD. Bourreau de travail (« workaholic »), Paul est dĂšs lors Ă  l’origine de la plupart des projets, la majoritĂ© des no 1 ultĂ©rieurs des Beatles sont son Ɠuvre, et il n'a de cesse de lutter contre la dĂ©mobilisation progressive des autres membres du groupe.

L’annĂ©e 1967 se termine par l’éreintement critique de leur film Magical Mystery Tour, considĂ©rĂ© Ă  sa sortie (une diffusion tĂ©lĂ©visĂ©e sur la BBC Ă  NoĂ«l) comme leur premier vĂ©ritable Ă©chec. Un film tournĂ© sans scĂ©nario — « mystĂ©rieux » mĂȘme pour ses acteurs — et dont les sĂ©quences filmĂ©es des titres I Am the Walrus et Your Mother Should Know constituent les meilleurs moments. Le fait que les tĂ©lĂ©spectateurs britanniques l’aient vu en noir et blanc ne sert assurĂ©ment pas sa cause. La bande-son, publiĂ©e sous forme d’un « double EP » composĂ© de 6 titres et sorti le , contient toutefois ces nouvelles perles que sont le trĂšs Ă©laborĂ© I Am the Walrus de John Lennon et The Fool on the Hill de Paul McCartney. Aux États-Unis, Magical Mystery Tour sort le en 33 tours. On y retrouve, compilĂ©s sur la face 2, les chansons tirĂ©es des 45 tours publiĂ©s en 1967, dont les indissociables Strawberry Fields Forever / Penny Lane ainsi que All You Need Is Love / Baby, You're a Rich Man. Hello, Goodbye, entendu lors du gĂ©nĂ©rique final et publiĂ© en 45 tours promotionnel pour le film, y est aussi inclus. Ce 33 tours est finalement publiĂ© au Royaume-Uni en 1976 et, Ă  partir de la rĂ©Ă©dition de tout leur catalogue en CD au milieu des annĂ©es 1980, intĂšgre leur discographie officielle.

Les personnages du Walrus (tirĂ© du livre De l’autre cĂŽtĂ© du miroir de Lewis Carroll), de Lady Madonna et du Fool on the Hill, ainsi que Strawberry Fields, rĂ©apparaissent sous forme de rĂ©fĂ©rences dans Glass Onion du double album blanc en 1968 — « The Walrus was Paul » (« le morse, c’était Paul ») chante John Lennon, ironisant sur les folles interprĂ©tations suscitĂ©es par ses textes


Fondation d’Apple Corps

Lorsque les Beatles, dĂ©sormais « orphelins » de Brian Epstein, apprennent que leur capital peut ĂȘtre soit investi dans la crĂ©ation d’une entreprise, soit dilapidĂ© en impĂŽts divers, ils choisissent la premiĂšre solution, dĂ©bouchant sur la naissance de leur compagnie Apple Corps.

Le nom, comme le logo, proviennent d’un cĂ©lĂšbre tableau de RenĂ© Magritte acquis par Paul McCartney. Apple est crĂ©Ă©e le , et ses premiers locaux ouvrent le , avec ses divisions Apple Records (label sur lequel leurs disques seront dĂ©sormais publiĂ©s), Apple Electronics, Apple Publishing, Apple Films et Apple Retail. En plus de couvrir les finances et les activitĂ©s des Beatles, la compagnie est censĂ©e apporter de l’aide Ă  tout artiste dans le monde qui voudrait lancer un projet artistique de valeur. Durant les deux derniĂšres annĂ©es d’existence du groupe, le rĂ©sultat sera pour le moins contrastĂ©. Des rĂȘveurs et des utopistes tels que « The Fool », un groupe de jeunes dessinateurs de mode nĂ©erlandais, et Alexis Mardas, alias « Magic Alex », feront perdre des milliers de livres aux Beatles[16].

l’Inde et le Maharishi

Les Beatles ont dĂ©cidĂ© de partir avec leurs Ă©pouses et amis dans le nord de l’Inde, Ă  Rishikesh, rejoindre le Maharishi Mahesh Yogi, afin de recevoir son enseignement et approfondir leur expĂ©rience de la mĂ©ditation transcendantale. Du 3 au [69], avant de se rendre au pied de l’Himalaya, ils entrent en studio pour enregistrer quatre titres (Lady Madonna, The Inner Light, Hey Bulldog et Across the Universe) qui connaĂźtront des destins divers en termes de publication. Ce sont les deux premiers qui sont choisis pour ĂȘtre publiĂ©s en single, le , durant l’absence du groupe. Lady Madonna, Ă©crit par Paul, est no 1 au Royaume-Uni.

Mi-fĂ©vrier, c’est le grand dĂ©part. Les Beatles intĂšgrent l’ñshram du Maharishi. Ringo Starr reste deux semaines, Paul McCartney quatre, John Lennon et George Harrison huit[142]. Ce sĂ©jour se traduit notamment par une des plus fĂ©condes pĂ©riodes crĂ©atives de l’histoire du groupe, puisqu’une quarantaine de chansons sont composĂ©es sur place, qui rempliront la quasi-totalitĂ© de leur prochain album, et jusqu’à leurs disques en solo, aprĂšs leur sĂ©paration[11]. Avec des annĂ©es de recul, chacun des quatre Beatles soulignera tout le bien que leur a fait cette expĂ©rience, ce repos spirituel loin de la folie qui les entourait dans le monde entier, et tout ce qu’ils en ont retirĂ©[142], et tous resteront Ă  long terme des adeptes de la mĂ©ditation transcendantale. Sur le moment en revanche, leurs rĂ©actions sont mitigĂ©es et vont jusqu’au terrible ressentiment de John Lennon.

« Je ne suis restĂ© que deux semaines », raconte Ringo Starr, qui compare l’āshram du Maharishi aux camps de vacances de son enfance[142]. « Je ne retirais pas ce que j'en espĂ©rais et la nourriture Ă©tait impossible »[142]. Second membre du groupe Ă  quitter Rishikesh, au bout d’un mois, Paul McCartney explique : « J'Ă©tais ravi, mais je me demandais comment les autres (John et George) allaient sortir de lĂ . Ils sont revenus en racontant que le Maharishi avait draguĂ© une jolie amĂ©ricaine blonde Ă  cheveux courts »[142]. Il s’agit d’une rumeur concernant l’actrice Mia Farrow, prĂ©sente, comme une importante troupe d’occidentaux et d’amis du groupe, Ă  ce sĂ©minaire au pied de l’Himalaya. À Rishikesh, en , la possibilitĂ© que le « maĂźtre » ait des faiblesses coupables met John Lennon hors de lui. Il pense avoir « percĂ© le bluff »[142] du Maharishi, quitte l’endroit sur-le-champ en compagnie de George Harrison[5] et compose la chanson accusatrice Sexy Sadie : « You made a fool of everyone / Tu t’es moquĂ© de tout le monde ») oĂč il prĂ©sente le guru indien comme un imposteur[142].

Plus tard, le ressentiment envers le Maharishi s’estompe, George Harrison qualifiant « ces bruits, que les mĂ©dias ont repris pendant des annĂ©es au sujet du Maharishi, toutes ces conneries » de « pure invention »[142]. Quant Ă  Lennon, il explique rester totalement favorable Ă  la mĂ©ditation, ajoutant : « Je ne sais pas Ă  quel niveau se situe le maĂźtre, mais on a passĂ© de chouettes vacances, on est revenus frais et dispos pour jouer les hommes d’affaires. (
) Je ne regrette rien Ă  propos de la mĂ©ditation. J'y crois encore et la pratique Ă  l’occasion »[142]. Cet Ă©pisode a ouvert, du jour au lendemain, l’Occident Ă  la mĂ©ditation, au yoga et Ă  la philosophie orientale, quasiment inconnus auparavant[143], et a eu une influence considĂ©rable sur les mouvements hippie Ă  la fin des annĂ©es 1960.

Yoko Ono et l’« Album blanc »

Pochette toute blanche de l’album The Beatles, plus connu sous le nom d’« Album blanc » (The White Album).

Cet hiver-lĂ , John Lennon se rapproche de l’artiste d’avant-garde japonaise Yoko Ono, qui lui Ă©crit quotidiennement lorsqu’il se trouve Ă  Rishikesh, avec son Ă©pouse Cynthia. « J'ai rencontrĂ© Yoko avant de partir, j'ai eu beaucoup de temps lĂ -bas pour rĂ©flĂ©chir. Trois mois [sic] Ă  ne rien faire d’autre que mĂ©diter et rĂ©flĂ©chir. Je suis rentrĂ© Ă  la maison et je suis tombĂ© amoureux de Yoko. Cela a mis un point final Ă  tout ça. Et c’est magnifique »[5] raconte Lennon. À son retour, le fondateur des Beatles consomme son amour avec Yoko et ne s’en sĂ©pare plus, dĂ©laissant Cynthia, la mĂšre de son fils Julian qui n'a que cinq ans. Ils ne reverront quasiment plus John.

En mai, les Beatles entrent en studio pour enregistrer ce qui deviendra l’« Album blanc », un des premiers doubles albums de l’histoire de la musique populaire : sa pochette Ă©tant entiĂšrement blanche avec pour seule inscription The Beatles, cet opus n'a pas de titre Ă  proprement parler et est dĂ©signĂ© par le nom du groupe, par mĂ©tonymie, mais habituellement par rĂ©fĂ©rence Ă  sa couleur. Les premiĂšres Ă©ditions britanniques sont numĂ©rotĂ©es individuellement. Le contenu musical est conçu majoritairement Ă  partir du matĂ©riel composĂ© en Inde, sur le seul instrument dont disposaient les musiciens, la guitare acoustique. Plusieurs chansons crĂ©Ă©es et jouĂ©es durant leur sĂ©jour, comme Dear Prudence et Julia de Lennon — sur lesquelles John met en pratique une nouvelle technique de picking, apprise de Donovan[144] — ainsi que Blackbird, Mother Nature's Son, I Will et Rocky Raccoon, de McCartney, apparaĂźtront sur le disque, jouĂ©es en solo par leur auteur ou enregistrĂ©es en formation rĂ©duite.

Selon leur habitude — publier des titres sur 45 tours qui ne sont pas inclus dans les albums — les Beatles sortent en aoĂ»t le single Hey Jude / Revolution enregistrĂ© durant les sĂ©ances de l’« Album blanc », qui connaĂźt de nouveau un grand succĂšs, malgrĂ© la longueur tout Ă  fait inhabituelle de Hey Jude : 7 minutes dont quatre sont une rĂ©pĂ©tition en chƓur et crescendo de « Na na na nananana, nananana, Hey Jude ». C’est une chanson de McCartney, divisĂ©e en deux parties distinctes, destinĂ©e au fils de John, Julian, qui est unanimement saluĂ©e. Lennon quant Ă  lui a tenu Ă  dĂ©livrer un message politique en plein bouillonnement de la jeunesse occidentale — mai 1968 en France, notamment — avec le titre Revolution. Dans la version rock — celle qui figure en face B du 45 tours — il dit : « But when you talk about destruction, don't you know that you can count me out / Si tu parles de destruction, ne compte pas sur moi », alors que dans la version blues, plus lente, enregistrĂ©e plus tĂŽt, et qui figure sur l’album, il avait rĂ©pĂ©tĂ© la deuxiĂšme partie de la phrase en rajoutant in Ă  la suite du out (« ne compte pas sur moi / compte sur moi »). Lennon a expliquĂ© que, encore indĂ©cis sur ce sujet, il avait prĂ©fĂ©rĂ©, dans un premier temps, considĂ©rer les deux options
 Rock & Folk, dans son numĂ©ro consacrĂ© Ă  cet album[145], qualifiera la version rapide d’un peu « rĂ©actionnaire » et se fĂ©licitera de la version lente, considĂ©rĂ©e comme tournant selon lui en dĂ©rision le dĂ©nigrement de l’idĂ©e de rĂ©volution.

Ces sĂ©ances Ă  Abbey Road sont tendues, la prĂ©sence de Yoko Ono dans le studio, aux cĂŽtĂ©s de John, perturbe ses camarades. L’ambiance se dĂ©grade. Chacun enregistre souvent sĂ©parĂ©ment et se sert des autres comme « musiciens de studio » sur ses propres compositions. D’ailleurs, avant de coucher sur bande le titre qui ouvre cet album, Back in the U.S.S.R., Ringo Starr se met en congĂ© du groupe. Les « Fab Four » continuent Ă  enregistrer : Paul McCartney se met Ă  la batterie — il en joue donc sur Back in the U.S.S.R. mais aussi sur Dear Prudence — et George Harrison Ă  la basse.

Ce qu’en dit Ringo tĂ©moigne bien de l’atmosphĂšre qui rĂ©gnait lors de ces sĂ©ances : « Je suis parti parce que j'Ă©prouvais deux sentiments : celui de ne pas trĂšs bien jouer et celui que les trois autres Ă©taient vraiment heureux, et que j'Ă©tais un Ă©tranger. Je suis allĂ© voir John. [
] Je lui ai dit : « Je quitte le groupe parce que je ne joue pas bien. Parce que j'ai l’impression de ne pas ĂȘtre aimĂ©, d’ĂȘtre exclu. Alors que vous ĂȘtes tellement proches tous les trois ». John m’a rĂ©pondu : « Je croyais que c’était vous trois qui Ă©tiez trĂšs liĂ©s ! » Je suis ensuite allĂ© voir Paul et je lui ai dit la mĂȘme chose. Paul m’a rĂ©pondu « Je croyais que c’était vous trois ! » Je n'ai pas pris la peine d’aller voir George, j'ai dit : « Je pars en vacances ». J'ai pris les gosses et je suis parti pour la Sardaigne[5]. »

Lorsque Ringo Starr revient de Sardaigne, il dĂ©couvre sa batterie couverte de fleurs dans le studio d’Abbey Road. Les quatre musiciens se resserrent dans un tout petit espace pour enregistrer en direct le Yer Blues de John Lennon[5], se dĂ©chaĂźnent en interprĂ©tant Helter Skelter de Paul McCartney : on entend mĂȘme Ringo hurler « J'ai des ampoules aux doigts ! » (« I've got blisters on my fingers »), Ă  la fin du morceau. L’origine de cette chanson est Ă  chercher dans un article d’un magazine musical, Ă  propos du titre I Can See for Miles des Who : l’article disait que ce titre Ă©tait d’une « violence » inouĂŻe. Paul dĂ©cide, avant mĂȘme d’avoir entendu la chanson en question, d’écrire un titre encore plus violent — il se rend compte plus tard, Ă  l’audition de I Can See For Miles, que la revue exagĂ©rait quelque peu
 Ce titre aura une sinistre influence, puisqu’il sera citĂ© en rĂ©fĂ©rence par Charles Manson (ainsi que d’autres titres tels Piggies, Revolution et Blackbird[146]), qui en fera une interprĂ©tation dĂ©lirante et paranoĂŻaque, servant de fil rouge dans ses discours auprĂšs de ses adeptes.

La tension accumulĂ©e durant ces sĂ©ances de l’étĂ© et l’automne 1968 retombe Ă©galement lorsque George Harrison invite Eric Clapton, pour jouer le solo de guitare sur son titre While My Guitar Gently Weeps.

PubliĂ© le , The Beatles est saluĂ© comme une grande rĂ©ussite et connaĂźt un immense succĂšs commercial. Le public est cependant dĂ©concertĂ© par Revolution 9, un long collage sonore expĂ©rimental de neuf minutes, rĂ©alisĂ© par John Lennon et Yoko Ono. George Martin et les trois autres Beatles supplient John de retirer ce titre du disque, en vain. Dans le genre expĂ©rimental, Lennon et Ono font encore plus fort en publiant, le mĂȘme mois, leur album Unfinished Music No.1: Two Virgins, enregistrĂ© en , le soir oĂč ils consommĂšrent leur amour pour la premiĂšre fois, et sur la pochette duquel tous deux apparaissent entiĂšrement nus.

Projet Get Back

L'immeuble du 3, Savile Row.

Le , les Beatles se retrouvent autour d’un nouveau projet initiĂ© par Paul McCartney : filmer et enregistrer des rĂ©pĂ©titions pour aboutir Ă  une prestation en public, maniĂšre de revenir aux origines, jouer « live » comme un vrai groupe de rock 'n' roll, bannir tout ajout en studio, interdire le mot overdub ou les trucages en tous genres. De plus, le tout devra dĂ©boucher sur un film. Pourquoi ? Pour un futur show tĂ©lĂ©visĂ© ? Pour montrer des rĂ©pĂ©titions avant un concert ? Pour que l’on voie les Beatles en train de crĂ©er un album ? Et si un concert doit ĂȘtre organisĂ©, oĂč et dans quelles conditions ? Le groupe a beaucoup de mal Ă  se mettre d’accord sur les tenants et aboutissants du projet[5].

Les sĂ©ances du projet « Get Back » — ainsi nommĂ© d’aprĂšs la chanson homonyme, qui aurait dĂ» donner son titre Ă  l’album en prĂ©paration — se passent mal. Les tensions initiĂ©es lors des sĂ©ances de l’« Album blanc » renaissent dans les froids studios de cinĂ©ma de Twickenham, Ă  des heures matinales. La prĂ©sence constante de Yoko Ono, Ă  la limite de l’ingĂ©rence, n'arrange pas l’ambiance, tout comme le « dirigisme » de Paul. Devant des camĂ©ras tournant en continu, ils jouent beaucoup et de façon souvent dĂ©sordonnĂ©e — une centaine de titres sont abordĂ©s, en quelques notes seulement pour certains — au cours de sĂ©ances non dirigĂ©es qui s’apparentent plutĂŽt Ă  du bƓuf, jouent souvent mal et sans conviction[147]. John Lennon apparaĂźt largement dĂ©mobilisĂ©, tandis que George Harrison est de plus en plus excĂ©dĂ© : aprĂšs Ringo, c’est lui qui quitte le groupe, le 10 janvier, revenant toutefois 12 jours plus tard. Son ressentiment, sa frustration de rester, en tant que compositeur, Ă  l’ombre du tandem Lennon/McCartney et de se voir frĂ©quemment refuser des chansons qu’il aimerait voir placĂ©es sur les disques du groupe, ne cessent de s’accentuer[147].

Les Beatles se rabattent ensuite sur leur propre studio, au 3 Savile Row, oĂč est situĂ© le siĂšge de leur compagnie Apple. À l’initiative de George Harrison[148], ils s’adjoignent Billy Preston aux claviers et finissent par donner leur ultime prestation publique sur le toit de l’immeuble, le . Mais elle est interrompue au bout de 42 minutes par la police, Ă  la suite de plaintes pour cause de vacarme[149]. Les Ă©vĂ©nements de ce mois de figureront, un an plus tard, dans le film Let It Be, chronique de la dissolution d’un groupe. On y voit notamment George Harrison interpeller Paul McCartney : « OK, bon, je m’en fous. Je jouerai ce que tu veux que je joue, ou je ne jouerai pas du tout si tu ne veux pas que je joue. Je ferai tout ce qui pourra te faire plaisir. » Les kilomĂštres de bandes enregistrĂ©es en un mois sont, dans un premier temps, rangĂ©es dans un placard, tant les membres du groupe s’en montrent insatisfaits.

Le , l’ingĂ©nieur du son Glyn Johns est appelĂ© par le groupe pour mixer un album Ă  partir des bandes existantes. Johns compile alors plusieurs versions des chansons de ce futur disque, enregistrĂ©es live en studio et sur le toit de l’immeuble de leur compagnie, mais les Beatles rejettent l’ensemble de son travail. Il en rĂ©sultera tout de mĂȘme le single Get Back / Don't Let Me Down, publiĂ© le . Le reste des bandes retourne sur les Ă©tagĂšres et ne sera exploitĂ© qu’un an plus tard.

Abbey Road, l’ultime rĂ©ussite

Passage piĂ©ton sur Abbey Road (Londres) aujourd'hui filmĂ© 24 heures sur 24 par une EarthCam (en) (lien).
Passage piĂ©ton sur Abbey Road (Londres) aujourd'hui filmĂ© 24 heures sur 24 par une EarthCam (en) (lien).
Plaque de la rue Abbey Road en 2006.
Plaque de la rue Abbey Road en 2006.

Avec l’idĂ©e de ne pas rester sur cet Ă©chec, Paul McCartney contacte George Martin en lui proposant de faire un disque « comme avant ». « Comme vous Ă©tiez ? Avec John ? John est d’accord ? » demande le producteur, ce que le bassiste confirme[5]. Les Beatles vont se rĂ©unir une derniĂšre fois dans les studios EMI d’Abbey Road, durant les deux mois de l’étĂ© 1969, bien dĂ©cidĂ©s Ă  mettre de cĂŽtĂ© leurs dissensions, Ă  tirer dans le mĂȘme sens, afin de « partir sur une note positive ». Cependant, John Lennon rate le dĂ©but des sĂ©ances, le temps d’ĂȘtre soignĂ© aprĂšs un accident de voiture en Écosse[16].

Une collection de chansons, dont certaines ont Ă©tĂ© composĂ©es en Inde, enregistrĂ©es sous forme de dĂ©mos Ă  l’époque de l’« Album blanc » ou rĂ©pĂ©tĂ©es en pour le projet Get Back, sont retravaillĂ©es pour aboutir Ă  l’album Abbey Road. Quoi de plus simple que de donner, Ă  leur ultime Ɠuvre commune, le nom de la rue — ils se font photographier sur le passage piĂ©ton, le 8 aoĂ»t, pour la pochette du disque — oĂč sont situĂ©s les studios dans lesquels ils ont enregistrĂ© l’immense majoritĂ© de leurs chansons depuis sept ans ? Il aura toutefois Ă©tĂ© question, un moment, d’appeler cet album Everest, en raison de la marque de cigarettes fumĂ©es par Geoff Emerick[69].

Les titres d’Abbey Road Ă©voquent les tracas et frustrations du moment, parlant d’argent qu’on n'arrive pas Ă  obtenir, de dettes, de nĂ©gociations juridiques (You Never Give Me Your Money de Paul McCartney), de poids Ă  porter pour longtemps, de marteau d’argent qui s’abat sur la tĂȘte des gens dĂšs que les choses vont mieux (Carry That Weight et Maxwell's Silver Hammer, Paul Ă  nouveau), de retour du soleil aprĂšs un hiver long, froid et solitaire (Here Comes the Sun, oĂč George Harrison Ă©voque les grands moments de tension au sein du groupe), ou encore d’un jardin sous-marin oĂč « il n'y a personne pour nous dire ce que [nous] devons faire » (Ringo Starr dans Octopus's Garden). MalgrĂ© tout, l’ambiance musicale est gĂ©nĂ©ralement lumineuse, apaisĂ©e.

C’est leur premier — et dernier — album entiĂšrement rĂ©alisĂ© en huit pistes, et Ă©galement un des premiers dans l’histoire du rock oĂč l’on entend du synthĂ©tiseur, un Moog en l’occurrence, acquis par George Harrison auprĂšs de son crĂ©ateur, Robert Moog[5]. Les harmonies polyphoniques, qui avaient rendu les Beatles cĂ©lĂšbres, sont de retour et contribuent au succĂšs d’Abbey Road, sorti le (c'est leur album le plus vendu aprĂšs Sgt Pepper's). Leur sommet dans ce domaine est sans doute constituĂ© par Because, titre que John Lennon a composĂ© en entendant Yoko Ono jouer la Sonate pour piano no 14 de Beethoven, plus connue sous le nom de « sonate au clair de lune », morceau qu’il lui a demandĂ© de jouer Ă  l’envers. Sur Because, les trois voix de John, Paul et George se superposent trois fois, soit une poignante harmonie Ă  neuf voix, qui sera rĂ©Ă©ditĂ©e en version a cappella sur le disque Anthology 3 sorti en 1996 et, de nouveau sur Love en 2006.

La particularitĂ© d’Abbey Road est d’ĂȘtre constituĂ© en partie de collages Ă  partir de chansons Ă©bauchĂ©es et inachevĂ©es. L’habitude fut prise de dire que la face A de l’album, qui s’ouvre sur Come Together et se referme sur I Want You (She's So Heavy) de John Lennon, reflĂšte principalement son influence, tandis que la face B, qui contient le fameux « medley » long de 16 minutes, reflĂšte celle de Paul McCartney. George Harrison se montre toutefois trĂšs inspirĂ© avec Here Comes the Sun et surtout Something, qui est son premier et unique no 1 avec les Beatles. La chanson Here Comes the Sun a Ă©tĂ© pressentie pour figurer sur le Voyager Golden Record, placĂ© Ă  bord des sondes Voyager, Ă  l’initiative de Carl Sagan, mais la compagnie EMI a opposĂ© un refus[150] (la seule chanson de l’épopĂ©e pop-rock Ă  avoir Ă©tĂ© retenue est Johnny B. Goode de Chuck Berry).

Le medley, articulĂ© autour du thĂšme musical de You Never Give Me Your Money de Paul, et qui contient en son sein trois bouts de chansons de John (Sun King, Mean Mr. Mustard et Polythene Pam), est Ă©laborĂ© par George Martin et Paul McCartney. Mais, contrairement Ă  beaucoup d’idĂ©es reçues Ă©mises postĂ©rieurement — et comme l’expliquent John Lennon et George Harrison — le groupe collabore dans son ensemble pour dĂ©cider de l’ordre des morceaux, trouver de quoi remplir les mesures entre chacun, les enchaĂźnements et les breaks[5].

L’apparente derniĂšre plage du disque, qui clĂŽture le medley, s’intitule The End et se termine par une inĂ©dite sĂ©rie de solos (Ringo Ă  la batterie d’abord, puis Paul, George et John, tour Ă  tour, Ă  la guitare, trois fois, sur deux mesures chacun) et la fameuse phrase « And in the end, the love you take is equal to the love you make » (« Et au bout du compte, on reçoit autant d’amour que l’on en donne »). La vraie derniĂšre plage du dernier disque des Beatles (selon la chronologie d’enregistrement), d’une durĂ©e trĂšs courte (23 secondes), est Her Majesty, morceau cachĂ© par un « blanc » sur le sillon du 33 tours, qui parle d’une maniĂšre peu commune de la reine d’Angleterre (le narrateur dĂ©clare qu’elle est « une chouette fille qui n'a pas grand chose Ă  dire » et qu’un jour elle sera sienne
). À l’origine, elle se situait au cƓur du medley, entre Mean Mr. Mustard et Polythene Pam, et Paul McCartney avait demandĂ© Ă  l’ingĂ©nieur du son John Kurlander de la retirer. Mais ce dernier, Ă  des fins de sauvegarde — la consigne gĂ©nĂ©rale Ă©tait qu’aucun enregistrement des Beatles ne devait jamais ĂȘtre jetĂ© — la place en fin de bande, aprĂšs un blanc de 15 secondes, derriĂšre The End, coupĂ©e net. AprĂšs avoir Ă©coutĂ© le rĂ©sultat, Paul donne son accord, apprĂ©ciant cet effet incongru. N'Ă©tant pas crĂ©ditĂ© au dos de la pochette originale du 33 tours, Her Majesty est considĂ©rĂ©e comme le premier morceau cachĂ© (hidden track) de l’histoire du rock.

Le , les Beatles complĂštent l’enregistrement du titre de John Lennon I Want You (She's So Heavy) : c’est la derniĂšre fois qu’ils sont rĂ©unis tous les quatre en studio[11]. Le succĂšs d'Abbey Road est Ă©norme et, selon les acteurs, cette ultime collaboration est « heureuse »; les Beatles disent donc ici, pour de bon, adieu aux Beatles, en montrant une derniĂšre fois l’aspect miraculeux de leur association. « Tout le monde a incroyablement bien travaillĂ©. C’est pourquoi j'aime particuliĂšrement cet album » dira George Martin[5].

« Paul est mort »

Paul McCartney est par ailleurs, au mĂȘme moment, l’objet d’une incroyable rumeur, selon laquelle il se serait tuĂ© dans un accident de voiture en et aurait Ă©tĂ© remplacĂ© par un sosie. Pour les partisans de cette thĂšse, qui fait son apparition en 1969, tout est bon pour l’accrĂ©diter, grĂące Ă  plusieurs indices, dont ceux-ci :

  • À l’intĂ©rieur de la pochette de Sgt. Pepper's, McCartney porte un badge sur lequel on peut lire « OPD », ce qui donne bien sĂ»r « Officially Pronounced Dead » (« officiellement dĂ©clarĂ© mort »). Ce n'est pas « OPD » qui est inscrit, mais « OPP », soit « Ontario Provincial Police ». On va aussi jusqu’à poser un miroir devant les mots « LONELY HEARTS » au centre de la grosse caisse devant laquelle pose le groupe : cela donne « 1 ONE I X HE ^ DIE », et bien sĂ»r les folles interprĂ©tations qui s’ensuivent. Enfin, au verso de la pochette, ses trois camarades sont de face et lui, de dos.
  • Dans la chanson Revolution 9 — comme les neuf lettres de McCartney —, l’on entendrait nettement dans ce long collage sonore — Ɠuvre de John Lennon et Yoko Ono — le bruit d’un accident de voiture. Les partisans de la thĂšse Ă©voquĂ©e ici trouvent Ă©galement de trĂšs nombreuses « preuves » de leurs allĂ©gations en passant Revolution 9 Ă  l’envers, dont le « Number nine » rĂ©pĂ©tĂ© qui deviendrait « Turn me on, dead man »[151].
  • La phrase « He blew his mind out in a car » (« Il s’est Ă©clatĂ© la cervelle dans un accident de voiture ») dans A Day in the Life. Lennon Ă©voque le jeune hĂ©ritier des brasseries Guinness, Tara Browne, qui s’est tuĂ© Ă  21 ans au volant de sa Lotus Elan en .
  • La pochette d’Abbey Road constitue le point de dĂ©part de cette lĂ©gende urbaine. Elle fourmille d’indices pour Ă©tayer le postulat dĂ©lirant : Paul traverse le passage piĂ©ton pieds nus, comme les morts que l’on enterre en Inde. La Volkswagen blanche est immatriculĂ©e « LMW 28 IF » soit « Living-McCartney-Was 28 years old-If » (« McCartney aurait eu 28 ans s’il Ă©tait encore vivant », ce qui ne peut pas vraiment concorder car McCartney avait 27 ans lorsque l’album Abbey Road est sorti), il tient sa cigarette de la main droite alors qu’il est gaucher, etc.
  • Les mots mystĂ©rieux de John Lennon Ă  la fin de Strawberry Fields Forever. Selon les tenants de cette thĂ©orie, on l’entendrait dire « I buried Paul » (« J'ai enterrĂ© Paul »), alors qu’il prononce « cranberry sauce » (« sauce aux canneberges »), clairement entendu sur la version d’Anthology 2.

La liste des indices est donc longue, et non exhaustive dans ce chapitre. Le canular est Ă©norme, tout comme le tintamarre mĂ©diatique qu’il a gĂ©nĂ©rĂ©. Paul McCartney finit par faire face Ă  cette rumeur pour apporter un cinglant dĂ©menti. Il publiera mĂȘme, en 1993, l’album en spectacle Paul Is Live, l’homonyme y faisant rĂ©fĂ©rence. MalgrĂ© tout, il existe encore, cinq dĂ©cennies plus tard, des gens qui tentent de faire perdurer ce mythe. On trouve par exemple sur Internet des dossiers dĂ©taillĂ©s avec analyses photographiques Ă  l’appui[152].

SĂ©paration et Let It Be (1969–1970)

Acte de séparation du groupe, exposé au Rock and Roll Hall of Fame.

« J'ai fondĂ© les Beatles et je les ai dissous, c’est aussi simple que cela. »

— John Lennon

Le single Something / Come Together va occuper partout la tĂȘte des palmarĂšs, tandis que le 33 tours Abbey Road restera, Ă  partir du , 17 semaines no 1 en Angleterre. Le , deux semaines avant la sortie de cet album et au moment oĂč Ringo Starr est hospitalisĂ© pour des examens pour des douleurs Ă  l’intestin, John Lennon utilise un magnĂ©tophone pour lui enregistrer les discussions d’une rĂ©union du groupe. Lors de celle-ci, Lennon propose que le prochain album des Beatles, Ă  ĂȘtre publiĂ© vers la pĂ©riode des fĂȘtes, soit composĂ© de quatre de ses chansons, quatre de McCartney (toutes crĂ©ditĂ©s individuellement), quatre de Harrison et deux de Starr (« s’il les veut »)[153]. Cette possibilitĂ© de retourner en studio meurt dans l’Ɠuf quand, le , au retour d’un concert au Toronto Rock and Roll Revival Festival avec le Plastic Ono Band naissant, Lennon annonce aux autres Beatles qu’il quitte dĂ©finitivement le groupe, lors d’une rĂ©union mouvementĂ©e chez Apple[154], en rĂ©ponse Ă  Paul McCartney qui, dans une ultime tentative de relance, proposait Ă  son tour de repartir en tournĂ©e dans des petites salles[5]. Ils conviennent que cette nouvelle doit rester secrĂšte, compte tenu des enjeux commerciaux de la renĂ©gociation des contrats de distribution avec EMI au Royaume-Uni et Capitol Records aux États-Unis.

Les Beatles se sont sĂ©vĂšrement disputĂ©s autour du nom de leur nouveau manager, entre Allen Klein, soutenu par Lennon, Harrison et Starr, et Lee Eastman, avocat, pĂšre de Linda, l’épouse de Paul. Klein, que Paul dĂ©teste et qui refuse de poser sa signature en bas du contrat qui le lie aux Beatles, sera leur dernier manager.

Pour couronner le tout, ils perdent Ă©galement la propriĂ©tĂ© de tout leur catalogue de chansons. Northern Songs Ă©tait en effet dĂ©tenu Ă  51 %, soit la majoritĂ© des parts, par Brian Epstein Ă  travers sa sociĂ©tĂ© NEMS. Une fois ce dernier disparu, sa famille, et Dick James, Ă©diteur du groupe et administrateur de Northern Songs depuis les dĂ©buts en 1963, dĂ©cident en 1969 de vendre le catalogue Ă  l’empire ATV (Associated Television), sans que les Beatles ne puissent rien faire[5]. Un dĂ©boire qui pĂšse aussi de tout son poids dans l’ambiance dĂ©lĂ©tĂšre menant Ă  la dissolution du groupe. C’est ce catalogue dĂ©tenu par ATV que Michael Jackson rachĂštera pour 47,5 millions de dollars[155] en 1985.

La toute derniĂšre sĂ©ance d’enregistrement des Beatles se dĂ©roule en l’absence dĂ©finitive de John Lennon. Elle a lieu les 3 et avec la chanson de George Harrison I Me Mine[11] qui avait Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e durant les sĂ©ances Ă  Twickenham en janvier 1969 et retenue pour le film Let It Be mais qui n'est pas finalisĂ©e pour l'album. En introduction de la version publiĂ©e sur le disque Anthology 3 en 1996, on peut entendre ce dernier lĂącher une plaisanterie Ă  ce sujet : « You all will have read that Dave Dee is no longer with us, but Mickey and Tich and I, just like to carry on the good work that's always gone down in number two », ce qui signifie : « Vous aurez tous lu que Dave Dee n'est plus avec nous, mais Mickey, Tich et moi-mĂȘme apprĂ©cions de poursuivre le bon travail qu’on a toujours fait au [studio] numĂ©ro deux » ; ces noms faisant rĂ©fĂ©rence Ă  un groupe britannique populaire du moment, Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick and Tich. Quatre mois s’écouleront encore sans aucune activitĂ© musicale commune, avant que la sĂ©paration ne soit rendue publique.

En mars, Ă  l’initiative d’Allen Klein, et avec l'accord de John Lennon et George Harrison[5], les bandes enregistrĂ©es en sont confiĂ©es au producteur nord-amĂ©ricain Phil Spector, afin qu’il mixe et assemble ce qui deviendra l’album Let It Be. Spector, fidĂšle Ă  son style de production, ajoute chƓurs fĂ©minins, arrangements de cordes et effets sonores divers Ă  ces chansons qui devaient rester « brutes ». En entendant le rĂ©sultat sur son titre The Long and Winding Road, Paul McCartney, qui n'a pas Ă©tĂ© consultĂ©, pique une Ă©norme colĂšre. Il expĂ©die une lettre adressĂ©e Ă  Allen Klein chez Apple dont les derniers mots sont : « Ne refaites plus jamais ça[5] ! » Toutefois, l’album est publiĂ©, avec ces nouveaux arrangements, le , et cette polĂ©mique interne n'entame en rien son succĂšs, ni celui des chansons Get Back, Let It Be et The Long and Winding Road, toutes no 1 des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique.

Les Beatles n'ont plus aucune activitĂ© commune et Paul McCartney prĂ©pare son premier album solo, quand Ringo Starr dĂ©barque Ă  la porte de son domicile, porteur d’une lettre commune aux trois autres membres lui demandant de retarder la sortie de son disque pour laisser la place Ă  Let It Be dont la sortie est prĂ©vue pour le . Furieux, McCartney l’envoie au diable et lui claque la porte au nez[156]. Quelques jours plus tard, le , il sort donc son premier album solo, sobrement intitulĂ© McCartney, et annonce, Ă  travers un communiquĂ© de presse (une « interview » dans The Daily Mirror oĂč il fait les questions et les rĂ©ponses[157]) insĂ©rĂ© dans les pressages « promotionnels » de son disque solo, qu’il ne fait plus partie du groupe Ă  la suite de « dĂ©saccords sur les plans personnel, financier et artistique[11] ». Il rompt donc lui-mĂȘme le secret et s’attribue de facto la pleine responsabilitĂ© de la sĂ©paration, ce qui aura le don d’outrer ses camarades, surtout John Lennon qui ne lui pardonnera jamais cette attitude (il l’interprĂšte comme un simple coup publicitaire dans le but de faire vendre l’album McCartney)[156].

« Je n'avais pas l’intention que ce communiquĂ© signifie que je quittais le groupe. C’est un gros malentendu. Quand j'ai vu les unes des journaux, j'ai juste pensĂ© : « Seigneur, qu’ai-je fait ? » Et maintenant, on y est. Je n'ai pas quittĂ© les Beatles. Les Beatles ont quittĂ© les Beatles, mais personne ne veut ĂȘtre celui qui dira que la fĂȘte est terminĂ©e », se justifie Paul Ă  chaud[5]. Ringo Starr dĂ©clarera de son cĂŽtĂ© : « Oui, j'Ă©tais dans les Beatles. Oui, nous avons fait des grands disques ensemble. Oui, j'aime ces gars. Mais c’est la fin de l’histoire. » Quant Ă  John Lennon il dira plus tard : « J'ai fondĂ© les Beatles et je les ai dissous, c’est aussi simple que cela »[5] - [156].

Années 1970 : Enregistrements solo

Statue de John Lennon, La Corogne, (Espagne).

Fin , McCartney intente un procĂšs Ă  ses trois camarades afin de mettre un terme dĂ©finitif Ă  l’entitĂ© juridique Beatles, et d’empĂȘcher Allen Klein, toujours manager du groupe, de faire main basse sur l’argent que celui-ci continuait Ă  gĂ©nĂ©rer[158]. La dissolution juridique du groupe sera finalement prononcĂ©e en 1975. MalgrĂ© cette dissidence, lorsqu’il s’agira pour McCartney et Lennon de jouer, chacun de son cĂŽtĂ©, au jeu du « qui a fait quoi ? » sur les plus de 200 titres cosignĂ©s Lennon/McCartney, ils se montreront globalement d’accord, Ă  de trĂšs rares exceptions prĂšs (notamment In My Life et Eleanor Rigby) entre ce qui est Ă  100 % composĂ© collectivement, Ă  50-50, Ă  60-40 ou Ă  80-20 de l’un ou de l’autre. À l’exception d’un bƓuf enregistrĂ© en 1974 et diffusĂ© sur un album pirate sous le nom A Toot and a Snore in '74 (en) mais jamais officiellement publiĂ©, les deux collaborateurs n'ont jamais plus Ă©tĂ© en studio ensemble aprĂšs la sĂ©paration du groupe.

Les quatre membres du groupe publient chacun un album solo en 1970. Ils disposent alors d’un grand nombre de chansons dĂ©jĂ  composĂ©es, et pour certaines Ă©bauchĂ©es et rĂ©pĂ©tĂ©es en groupe, voire enregistrĂ©es et quasiment finalisĂ©es, depuis le sĂ©jour en Inde et les sĂ©ances de l’« Album blanc » ou de Let It Be.

À la suite de la publication de son premier album solo, avec lequel il a annoncĂ© la sĂ©paration du groupe, Paul McCartney sort en 1971 l’album Ram sur lequel il s’offre, sur la chanson Too Many People, une petite pointe Ă  Lennon avec les vers « Too many people preaching practices, don't let them tell you what you want to be » [alpha 23] - [159]. Il fonde le groupe Wings la mĂȘme annĂ©e et en 1973, il publie l’album Band on the Run, le plus grand succĂšs commercial et critique de sa carriĂšre[160].

MĂȘme avant la sĂ©paration officielle du groupe, John Lennon sort des singles engagĂ©s ou plus personnels (Give Peace a Chance, Cold Turkey et Instant Karma!) et un album live fin 1969 (Live Peace in Toronto), puis son premier vĂ©ritable album studio en solo, John Lennon/Plastic Ono Band, paraĂźt le (Two Virgins et Life with the Lions Ă©taient des albums de musique expĂ©rimentale). En 1971 suit l’album Imagine contenant la chanson homonyme qui devient un succĂšs mondial. Dans cet album, en rĂ©ponse Ă  la prĂ©tendue attaque de son ex-collĂšgue, il l’apostrophe dans le titre How Do You Sleep? (« Comment dors-tu ? »)[alpha 24]. De plus, on insĂšre dans la pochette de l’album une photo de Lennon tenant un cochon par les oreilles qui parodie la pose que prend McCartney, sur la pochette du disque Ram, tenant un bĂ©lier par les cornes[161]. McCartney lui rĂ©pond dans le premier disque de Wings, Wild Life, avec la chanson Dear Friend : « Are you afraid or is it true? » (« As-tu peur ou est-ce vrai ? ») et plus tard sur Band on the Run, avec la chanson Let Me Roll It qui reprend le style de son vieil ami[162].

George Harrison sort le un triple album (le premier de l’histoire du rock) intitulĂ© All Things Must Pass qui est apprĂ©ciĂ© de la critique et qui atteint la premiĂšre place des palmarĂšs britannique, amĂ©ricain et de plusieurs autres pays. Puis, il organise, le au Madison Square Garden de New York, le Concert for Bangladesh, avec Ă  ses cĂŽtĂ©s Bob Dylan, Eric Clapton, Ravi Shankar, Billy Preston et Ringo Starr.

Starr, quant Ă  lui, publie, le , l’album Sentimental Journey, puis Beaucoups of Blues le de l’annĂ©e suivante. Le premier est composĂ© de reprises de standards des annĂ©es 1920 Ă  1950 et le second, nĂ© d’une collaboration avec le rĂ©alisateur artistique amĂ©ricain Pete Drake et ses musiciens, contient des chansons de musique country Ă©crites pour lui et enregistrĂ©es Ă  Nashville. En 1973 sort l’album Ringo, qui comprend des titres composĂ©s et interprĂ©tĂ©s par chacun des ex-Beatles, mais sĂ©parĂ©ment (hormis pour I'm the Greatest oĂč jouent ensemble tous les ex-Beatles sauf McCartney).

Cependant, durant le reste de la dĂ©cennie, la popularitĂ© des anciens membres dĂ©cline. La mode disco et le mouvement punk, en passant par les premiers groupes heavy metal, prennent Ă  prĂ©sent une trĂšs grande part du marchĂ©. Les sorties des albums Some Time in New York City en 1972 Ă  Rock 'n' Roll en 1975 de John Lennon (et qui se retire de la scĂšne musicale cette annĂ©e-lĂ ), Living in the Material World en 1973 Ă  l’album homonyme en 1979 de George Harrison, Goodnight Vienna en 1975 Ă  Bad Boy en 1979 de Ringo Starr et Venus and Mars en 1975 et Back to the Egg en 1979 de Paul McCartney and Wings varie en qualitĂ© et se vendent de façon modeste. Les ex-Beatles ne retrouveront le succĂšs qu’en 1980 lorsque l’assassinat de John Lennon replacera les souvenirs de la Beatlemania Ă  l’avant plan dans l’actualitĂ©.

Dans les annĂ©es 1970, la question du retour des Beatles reste toujours d’actualitĂ©. En , six annĂ©es aprĂšs leur sĂ©paration, un promoteur pop de Los Angeles, Bill Sargent, leur propose, pour un unique concert d’une durĂ©e minimum de vingt minutes retransmis Ă  travers le monde, la somme de cinquante millions de dollars[163] - [164]. Les Beatles refusent. Sept mois plus tard, le , un autre promoteur, Sid Bernstein, leur offre publiquement 230 millions de dollars pour un concert de charitĂ©[165] - [166]. Fin de non-recevoir. Plus jamais, par la suite, un artiste ne se verra proposer des montants aussi astronomiques pour un seul concert. À ce sujet, Paul McCartney prĂ©cise, en : « En fait, nous en avons beaucoup discutĂ©. Et nous nous sommes toujours dits que si nous le faisions, ce ne serait peut-ĂȘtre pas gĂ©nial, alors que la carriĂšre des Beatles l’avait Ă©tĂ©. Et mĂȘme si les offres Ă©taient Ă©normes, et qu’il y avait des gens pour nous dire : « On vous payera tant pour le faire », nous nous sommes mis d’accord sur le fait que la boucle Ă©tait bouclĂ©e et qu’il y aurait quelque chose de pas correct lĂ -dedans »[167] - [168]. En 1979, Kurt Waldheim, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’Organisation des Nations unies, a tentĂ© lui aussi de convaincre les Beatles d’effectuer un concert caritatif au profit des « Boat-people », les rĂ©fugiĂ©s de l’Asie du Sud-Est. Le groupe a refusĂ© mais Paul McCartney organisera tout de mĂȘme les Concerts for the People of Kampuchea en dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e[169].

Pendant cette dĂ©cennie, et les autres qui suivront, les Beatles, en tant que groupe, restent trĂšs populaire. En 1973, Apple Records sort les deux fameuses compilations, le Red et le Blue Album qui regroupent 54 chansons Ă  succĂšs du groupe. Sur les pochettes respectives de ces doubles albums, les Beatles posent en 1963 dans les Ă©tages des locaux d’EMI (mĂȘme pose que sur leur premier disque, Please Please Me), et sont au mĂȘme endroit dans la mĂȘme position en 1969 : c’est la photo qui avait Ă©tĂ© prise pour l’album Get Back, en prĂ©paration au dĂ©but de cette annĂ©e. Les compilations rouge et bleue atteignent des sommets en matiĂšre de ventes, permettant Ă  toute une gĂ©nĂ©ration — celle qui succĂšde aux « baby boomers » et Ă©tait encore un peu trop jeune pour vivre la Beatlemania — de dĂ©couvrir leur musique Ă  travers un choix de titres trĂšs judicieux. Ce sont les deux compilations « posthumes » les mieux vendues du XXe siĂšcle.

Capitol Records, qui a hĂ©ritĂ© des droits de publication des chansons du quatuor anglais, publie trois albums thĂ©matiques (Rock 'n' Roll Music, Love Songs et Reel Music) et une compilation des meilleurs succĂšs (20 Greatest Hits). Mais le plus important est l’album live, The Beatles at the Hollywood Bowl, produit par George Martin et publiĂ© en , enregistrĂ© lors de concerts donnĂ©s Ă  Los Angeles en 1964 et 1965 ; celui-ci ne sera remastĂ©risĂ© et augmentĂ© qu’en 2016, en complĂ©ment Ă  la sortie du film The Beatles: Eight Days a Week rĂ©alisĂ© par Ron Howard.

Années 1980 : Assassinat de John Lennon et parution des Past Masters

Si le rĂȘve de voir les Beatles se produire ensemble perdure, un drame y met un terme dĂ©finitif : John Lennon, revenu Ă  son mĂ©tier de musicien aprĂšs cinq annĂ©es de retrait de la vie publique, est assassinĂ© Ă  40 ans, au pied de son appartement du Dakota Building Ă  New York, le par un dĂ©sĂ©quilibrĂ©, Mark David Chapman Ă  qui Lennon avait signĂ© un autographe quelques heures plus tĂŽt. DĂšs lors, George Harrison aura ce trait d’humour : « les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon restera mort » (« 
 there won't be a Beatles reunion as long as John Lennon remains dead. »)[170].

Au lendemain de sa mort, la carriĂšre des anciens membres, alors en dĂ©clin (Ă  l’exception de McCartney dont son album McCartney II sorti six mois auparavant est disque d’or), connaissent Ă  nouveau le succĂšs : l’album Double Fantasy du duo Lennon/Ono, sorti moins d’un mois plus tĂŽt et fraĂźchement accueilli, se vend trĂšs bien et les ventes explosent Ă  la suite de sa mort ; All Those Years Ago, la chanson hommage Ă  Lennon de Harrison sur laquelle les McCartney et Ringo Starr participent aux chƓurs et ce dernier aussi Ă  la batterie, connait un succĂšs important, tandis que le batteur publie l’annĂ©e suivante l’album Stop and Smell the Roses, qui sera un succĂšs critique, et McCartney (qui a dissout les Wings) retrouve le producteur George Martin pour l’album Tug of War qui connait du succĂšs en 1982 Ă  sa sortie. Mais cela n'est qu’éphĂ©mĂšre, puisque Harrison et Starr vont chacun sortir un album qui seront des Ă©checs, avant de se retirer de la musique jusqu’à avant la fin de la dĂ©cennie. Bien que McCartney continue Ă  sortir rĂ©guliĂšrement des albums, le succĂšs de ceux-ci diminuent au fil des annĂ©es. La veuve de Lennon publie quelques albums posthumes de son mari; Milk and Honey (dont Lennon a enregistrĂ© certaines parties le jour de sa mort) oĂč elle participe en duo et Menlove Ave. comprenant des dĂ©mos et quelques chansons inĂ©dites. Ces deux albums n'ont pas le succĂšs escomptĂ©.

En 1988 sont publiĂ©s, Ă  la suite de la premiĂšre rĂ©Ă©dition des albums des Beatles en format CD, les deux volumes Past Masters, oĂč sont compilĂ©es, entre autres, toutes les faces A et B des 45 tours publiĂ©s entre les albums et qui ne figuraient donc pas sur ceux-ci, complĂ©tant ainsi la discographie du groupe.

Entre-temps, Harrison renoue avec le succĂšs en 1987 avec Cloud Nine produit par Jeff Lynne. Ces deux musiciens formeront bientĂŽt le supergroupe les Traveling Wilburys, complĂ©tĂ© par Bob Dylan, Tom Petty et Roy Orbison. McCartney, en collaboration avec Elvis Costello, publiera Flowers in the Dirt en 1989 et qui atteindra le sommet du palmarĂšs et Starr, la mĂȘme annĂ©e, se lance en tournĂ©e avec son nouveau groupe, Ă  gĂ©omĂ©trie variable, le All-Starr Band.

Années 1990 : Projet Anthology et nouvelles tragédies

Depuis que les droits des chansons du groupe ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par Apple Records, le label continue de publier des albums du groupe. Une compilation des prestations des Beatles sur la radio nationale britannique, Live at the BBC, est sortie en 1994 (suivie en 2013 par On Air – Live at the BBC Volume 2).

Mais le projet le plus important porte le nom d’Anthology qui rĂ©unit, en 1994, Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr (qu’on surnomme pour le coup les « Threetles ») et leur producteur George Martin. Il comporte trois doubles albums sortis entre 1995 et 1996, un documentaire tĂ©lĂ©visĂ© de prĂšs de six heures (disponible Ă  prĂ©sent en coffret DVD/BD) et un livre (traduit en français en 2000). Chaque album double, publiĂ© chronologiquement, propose des versions ou prises alternatives de leurs chansons, des versions live, des documents sonores rares, des essais, des expĂ©riences — comme n'entendre que les violons d’Eleanor Rigby, ou que les voix de Because — sans oublier quelques chansons inĂ©dites restĂ©es dans les cartons. Pete Best, qu’on peut entendre sur une dizaine de titres et qui vient de prendre sa retraite, peut enfin profiter monĂ©tairement de sa participation au groupe avec les redevances qui lui reviennent; dans la foulĂ©e, il reformera le Pete Best Combo et effectuera des tournĂ©es qui l’amĂšneront dans plusieurs pays. Le clou de la collection demeure la prĂ©sence de deux nouvelles chansons. Il s’agit, au dĂ©part, des dĂ©mos Real Love et Free as a Bird, Ă©crites et enregistrĂ©es sur cassette par John Lennon durant sa pĂ©riode de retrait de toute activitĂ© publique. À la demande de McCartney, Yoko Ono confie ses bandes aux autres Beatles survivants pour qu’ils puissent les complĂ©ter et y ajouter leurs voix et leurs instruments, le tout produit par Jeff Lynne.

En 1997, Paul McCartney arrĂȘtera d’écrire les chansons pendant prĂšs de deux ans lorsque sa femme Linda sera diagnostiquĂ©e d’un cancer du sein duquel elle dĂ©cĂ©dera le . De mĂȘme, en 1997, George Harrison apprend qu’il est atteint d’un cancer de la gorge. À la suite de traitements et d’une opĂ©ration, sa santĂ© semble se rĂ©tablir. Mais le , un homme souffrant de troubles mentaux entre par effraction dans sa maison et lui assĂšne une quarantaine de coups de couteau[171]. Il survit Ă  l’attaque brutale, mais en est fort affaibli. Sa maladie Ă©volue Ă  nouveau, et le plus jeune des Beatles meurt le Ă  Los Angeles, Ă  58 ans, d’un cancer gĂ©nĂ©ralisĂ©[172]. Avant sa mort, il achĂšve son dernier album Brainwashed, qui sera une rĂ©ussite Ă  sa sortie posthume.

Années 2000 : Parutions de 1, Let It Be
 Naked et Love

Paul McCartney en 2004.

Si les Beatles ont Ă©tĂ© consacrĂ©s cinquiĂšme meilleurs vendeurs d’albums aux États-Unis durant les annĂ©es 1990, la dĂ©cennie suivante les verra terminer en deuxiĂšme place (en fonction des ventes gĂ©nĂ©rĂ©es par la rĂ©Ă©dition de tout leur catalogue remasterisĂ©) avec plus de 27,5 millions d’albums vendus (le plus gros vendeur des annĂ©es 2000 Ă©tant Eminem)[173].

Le groupe entre dans le nouveau millĂ©naire avec une autre compilation, 1, oĂč figurent les 27 chansons des Beatles ayant atteint la premiĂšre place des ventes soit en Grande-Bretagne ou aux États-Unis entre 1963 et 1970. Bien que cette compilation soit parue trente ans aprĂšs la sĂ©paration des Beatles, c’est Ă  ce jour l’album le plus rapidement Ă©coulĂ© de tous les temps : publiĂ© le , il s’est vendu Ă  13,5 millions d’exemplaires dans le monde dans son premier mois de commercialisation[174].

Le , Paul McCartney fait publier le disque Let It Be
 Naked (c'est-Ă -dire « nu », sans ornements) avec l’accord donnĂ© juste avant sa mort par George Harrison et avec celui de Yoko Ono, hĂ©ritiĂšre de John Lennon. DĂ©barrassĂ© des arrangements et effets de production de Phil Spector, permettant donc d’entendre ces chansons enregistrĂ©es en direct sans aucun ajout en studio, ce disque s’accorde avec le projet original. L’ordre des morceaux est modifiĂ© par rapport au Let It Be original et un amalgame des deux versions enregistrĂ©es sur le toit de Don't Let Me Down de John Lennon y est inclus. Pour dramatiser le double objectif d’un retour aux sources et d’une simplicitĂ© voulue, sa pochette reprend en nĂ©gatifs noir et blanc les photos de Let It Be Ă  l’exception de celle de Harrison qu’on voit dans une nouvelle pose.

Affiche du spectacle Love Ă  Las Vegas en .

Concernant la restauration du film Let It Be, tant attendue par les fans, Paul McCartney et Ringo Starr s’opposent Ă  ce que le film soit Ă  nouveau lancĂ© sur le marchĂ© estimant que cette rĂ©Ă©dition n'apporterait rien de plus au public que de leur montrer le cĂŽtĂ© sombre de toute cette aventure. Ni l’un ni l’autre ne seraient Ă  l’aise avec l’idĂ©e de publiciser un film montrant les Beatles en train de se taper sur les nerfs les uns les autres. Le projet d’un nouveau film tirĂ© de ces images sera annoncĂ© Ă  la fin de la prochaine dĂ©cade[175].

En est publiĂ©, une fois de plus sous la houlette de George Martin, aidĂ© cette fois par son fils Giles, le disque Love[176]. Il s’agit d’un « patchwork » de la musique des Beatles, constituĂ© de titres remixĂ©s et de « mash-up » (plusieurs chansons emmĂȘlĂ©es), prĂ©parĂ© au dĂ©part pour le spectacle donnĂ© par le Cirque du Soleil au Mirage de Las Vegas et qui est toujours prĂ©sentĂ©, plus de quinze ans aprĂšs sa crĂ©ation.

De 2009 à 2014 : Remastérisation du catalogue

La rĂ©Ă©dition remastĂ©risĂ©e en CD des treize albums originaux accompagnĂ© des deux Past Masters (dĂ©sormais rĂ©unis en un seul album double) constitue un important dĂ©poussiĂ©rage et une amĂ©lioration notable par rapport Ă  la rĂ©Ă©dition de 1987[177] - [178]. Maintes fois repoussĂ©e, la date de commercialisation choisie, le , n'est pas un hasard ; on peut la rattacher au cĂ©lĂšbre « number nine » rĂ©pĂ©tĂ© dans le montage sonore Revolution 9 entendu sur l’« Album blanc ». Le jeu vidĂ©o The Beatles: Rock Band est commercialisĂ© simultanĂ©ment Ă  la sortie du boĂźtier[177].

La compagnie Apple explique :

« Chaque coffret CD propose la rĂ©plique des pochettes originales des albums britanniques, ainsi que des livrets complets contenant de nouvelles notes historiques en compagnie d’informations sur les enregistrements, et des photos rares. Chaque CD contient aussi un court film documentaire sur chaque album. Les albums ont Ă©tĂ© remastĂ©risĂ©s par une Ă©quipe d’ingĂ©nieurs, dĂ©diĂ©e aux studios Abbey Road sur une pĂ©riode de quatre ans, utilisant une technologie de pointe en mĂȘme temps que les Ă©quipements de studio de l’époque, afin de prĂ©cautionneusement maintenir l’authenticitĂ© et l’intĂ©gritĂ© des enregistrements analogiques originaux. Le rĂ©sultat de ce processus laborieux est le catalogue de la plus haute fidĂ©litĂ© depuis les publications originales »[177].

La mise en vente du catalogue remastĂ©risĂ© se prĂ©sente sous la forme de deux coffrets : 14 albums en stĂ©rĂ©o, et 11 albums en mono. Seuls les disques en stĂ©rĂ©o sont vendus Ă  l’unitĂ©. Pour Ă©couter les Beatles dans la forme sonore oĂč tous les albums ont Ă©tĂ© conçus jusqu’en 1968, il faut donc se procurer le coffret mono entier. Les premiers chiffres de vente, une semaine aprĂšs la commercialisation du catalogue, font apparaĂźtre un formidable succĂšs commercial, entraĂźnant le retour du groupe au sommet des charts des deux cĂŽtĂ©s de l’Atlantique (2,25 millions de copies vendues en 5 jours[179]), tandis que les distributeurs font face Ă  des ruptures de stock. C’est l’album Abbey Road qui devance toutes les autres Ɠuvres du groupe en tĂȘte des ventes et des classements[180] - [181]. Moins de cinq mois aprĂšs la parution de ces remasterisations, environ 13 millions d’albums ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© vendus[182].

Depuis le , tout le catalogue Beatles est disponible en tĂ©lĂ©chargement lĂ©gal sur iTunes[183]. C’est la conclusion du diffĂ©rend judiciaire entre Apple Corps et Apple computer qui a durĂ© prĂšs de 30 ans pour s’achever sur un accord Ă  l’amiable en , et dont on attendait qu’il dĂ©bouche sur la mise en ligne des titres et des albums du groupe phare des annĂ©es 1960. Un peu moins de trois ans plus tard, C’est dĂ©sormais chose faite. Le lancement du catalogue « dĂ©matĂ©rialisĂ© » sur Internet a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© d’une annonce sur iTunes le : « Demain est un jour que vous n'oublierez jamais. Revenez demain pour dĂ©couvrir une annonce exceptionnelle » avec quatre horloges indiquant l’heure du lancement, en Californie, Ă  New York, Ă  Londres et Ă  Tokyo, soit prĂ©cisĂ©ment 16h00 le heure de Paris[184]. L’ironie de cette affaire veut que le catalogue de chaque Beatle en solo soit depuis longtemps disponible.

Depuis 2015 : Opération remixage, The Beatles: Eight Days a Week, The Beatles: Get Back et derniÚre chanson

En 2015, la compilation 1 ressort remixĂ©e par Giles Martin (le fils de George) et l’ingĂ©nieur du son Sam Okell Ă  partir des enregistrements originaux du groupe afin de proposer au public un son rĂ©actualisĂ©. C’est le second album du groupe Ă  ressortir remixĂ© aprĂšs Let It Be
 Naked en 2003, et le premier d’une longue sĂ©rie de cette opĂ©ration qui suivra Ă  raison d’un album par an.

L’annĂ©e suivante, l’album The Beatles: Live at the Hollywood Bowl paraĂźt en version remixĂ©e augmentĂ© de nouvelles chansons, en conjonction au documentaire The Beatles: Eight Days a Week sur les tournĂ©es du groupe, paru le et rĂ©alisĂ© par Ron Howard.

Apple propose ensuite un remixage des albums — augmentĂ©s d'enregistrements inĂ©dits — pour marquer leur cinquantenaire : Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en 2017[185], l’« Album blanc » en 2018[186] et Abbey Road en 2019[187].

Le jour du 50e anniversaire du « concert sur le toit »[188], il est annoncĂ© une rĂ©Ă©dition du film Let It Be et la crĂ©ation de The Beatles: Get Back, un nouveau montage d’images inĂ©dites rĂ©alisĂ© par le cinĂ©aste Peter Jackson pour l'annĂ©e 2020[189]. Ces images, vieilles d'un demi-siĂšcle, sont restaurĂ©es et les bandes audio sont traitĂ©es par un algorithme d'intelligence artificielle qui permet de sĂ©parer les sons afin de les rendre plus audibles et de les Ă©quilibrer. La pandĂ©mie de la Covid-19 repousse la date de sortie de ce documentaire mais permet aussi une exploration plus poussĂ©e des images et des sons captĂ©s en 1969. C'est finalement une tĂ©lĂ©sĂ©rie en trois Ă©pisodes d'une durĂ©e totale de prĂšs de huit heures qui est mise en ligne en novembre 2021 sur la plate-forme Disney+[190]. Le film d'origine n'est finalement pas rĂ©Ă©ditĂ© mais l'album Let It Be est Ă  son tour remixĂ©.

Le , de nombreux articles de presse dans le monde entier soulignent le cinquantenaire de la séparation du groupe[191]. Un remixage de l'album Revolver sort en 2022.

Lors d'une interview Ă  la BBC en juin 2023, Paul McCartney annonce qu'un enregistrement de dĂ©monstration de Lennon, probablement Now and Then (en), datant de 1979, qui a Ă©tĂ© travaillĂ© puis rapidement abandonnĂ© lors des sĂ©ances Anthology en 1995, a finalement Ă©tĂ© achevĂ©. Cet enregistrement de trĂšs mauvaise qualitĂ© a Ă©tĂ© restaurĂ© par la mĂȘme Ă©quipe qui a produit le documentaire Get Back[192]. La voix et le piano de Lennon maintenant sur des pistes sĂ©parĂ©es, McCartney et Starr ont effectuĂ© des arrangements et complĂ©tĂ© ce « dernier disque des Beatles » qui sortira durant l'annĂ©e[193]. Un gazouillis de McCartney sous-entend que George Harrison sera prĂ©sent sur cette chanson[194].

Style musical et influences

L’analyse de la musique des Beatles fut l’une des premiùres occurrences d’analyse musicologique de pop / rock[195].

Influences

Le rock'n'roll américain, et notamment Elvis Presley, est la premiÚre influence musicale des Beatles.

« Rien ne m’a vraiment touchĂ© jusqu’au jour oĂč j'ai entendu Elvis. S’il n'y avait pas eu Elvis, il n'y aurait pas eu les Beatles[5]. »

— John Lennon

InfluencĂ© par le skiffle, dont Lonnie Donegan est le porte-Ă©tendard britannique, McCartney dĂ©cide Ă  14 ans d’échanger la trompette, que son pĂšre lui a offert, pour une guitare[196]. The Quarrymen, groupe formĂ© par John Lennon pendant la vague skiffle, utilise la guitare, la batterie et des instruments bricolĂ©s, telles la washboard et la tea-chest bass. Rapidement les Quarrymen se transforment en Beatles et adoptent un style beat, typique du rock 'n' roll des annĂ©es 1950, contribuant Ă  forger le Merseybeat — du nom du fleuve Mersey traversant Liverpool.

Les membres des Beatles se sont nourris de diverses influences musicales, Ă  commencer par le rock 'n' roll nord-amĂ©ricain d’Elvis Presley, Carl Perkins, Chuck Berry et Little Richard[197]. Ce dernier, en avril-, alors en rĂ©sidence avec les jeunes Beatles au Star-Club de Hambourg, leur donne des conseils techniques pour mieux interprĂ©ter leurs chansons[198]. Ils sont Ă©galement influencĂ©s par d’autres auteurs-compositeurs nord-amĂ©ricains comme Buddy Holly, Eddie Cochran, Roy Orbison[199] ou les Everly Brothers[200], ainsi que par le blues et le rhythm and blues — nom alors donnĂ© au rock des artistes noirs-amĂ©ricains, Ă  une Ă©poque oĂč les classements Ă©taient sĂ©parĂ©s du fait de la sĂ©grĂ©gation en vigueur.

En dĂ©but de carriĂšre, ils s’inspirent d’autres rockers britanniques comme Cliff Richard ou The Shadows. MĂȘme aprĂšs avoir rencontrĂ© le succĂšs, le groupe continue d'incorporer diverses influences de groupes ou artistes contemporains. À mesure que les Beatles introduisent davantage d’expĂ©rimentation dans leurs compositions, se fait sentir l’influence de la poĂ©sie surrĂ©aliste de Bob Dylan dans leurs textes, de l’éclectisme musical de Frank Zappa et de groupes nord-amĂ©ricains plus proches de leur style, comme The Byrds et The Lovin' Spoonful[201]. Enfin, les recherches mĂ©lodiques des Beach Boys, sous l’impulsion de Brian Wilson, ont largement influencĂ© la pĂ©riode psychĂ©dĂ©lique du groupe : Paul McCartney a Ă©tĂ© fortement impressionnĂ© par leur album de 1966, Pet Sounds. Cet album est du reste conçu comme une rĂ©ponse Ă  Rubber Soul par Brian Wilson qui s’est lancĂ© Ă  cette Ă©poque — et quasiment seul pour ce qui est de la composition et de la production — dans une concurrence artistique effrĂ©nĂ©e avec les Beatles, jusqu’à sombrer dans la dĂ©pression. Évoquant le leader du groupe californien, George Martin dĂ©clarera : « Personne n'a eu autant d’influence sur les Beatles que Brian Wilson »[202].

En dehors de la musique rock, les Beatles sont également influencés par la musique folk galloise, les grands compositeurs classiques et contemporains, et la musique indienne. Le virtuose du sitar Ravi Shankar, avec qui George Harrison a étudié durant six semaines en Inde à la fin 1966, exerça une influence déterminante sur les derniers albums du groupe[203].

Genres musicaux abordés

Au fil de leur carriĂšre, les Beatles ont explorĂ© de nombreux genres et sous-genres musicaux, Ă©largissant les frontiĂšres de la notion de musique pop. La porte s’ouvre en grand lorsque ce « boys band » publie Yesterday accompagnĂ© d’un quatuor Ă  cordes, qui devient un succĂšs intergĂ©nĂ©rationnel.

Plusieurs chansons se situent au croisement de plusieurs influences : un exemple remarquable est la chanson You Know My Name (Look Up the Number) qui mĂȘle le rock, la samba et le jazz[204]. La chanson Till There Was You, tirĂ©e d’une comĂ©die musicale et placĂ©e sur leur deuxiĂšme album, annonce Ă©galement leur refus de s’enfermer dans un genre. Les comptines All Together Now ou Yellow Submarine n'appartiennent Ă  aucun genre dĂ©fini.

Du fait de cette diversitĂ© d’influences et d’instruments utilisĂ©s, les compositions des Beatles mĂ©langent frĂ©quemment musique tonale et modale.

Rock

Beaucoup de titres des débuts, comme I Saw Her Standing There, sont emblématiques du rock 'n' roll des années 1950 et du rhythm and blues. Leurs premiers succÚs, comme Love Me Do, constituent une adaptation britannique du rock 'n' roll américain. Cette influence reste prégnante tout au long de leur carriÚre, par exemple avec I'm Down, dans le style de Little Richard, ou Back in the U.S.S.R., un pastiche du Back in the U.S.A. de Chuck Berry.

Les Beatles se sont peu Ă  peu ouverts Ă  diffĂ©rents sous-genres du rock, qui prĂ©existaient parfois mais qu’ils ont contribuĂ© Ă  enrichir. Le rock psychĂ©dĂ©lique, en vogue aux États-Unis depuis le milieu des annĂ©es 1960, est prĂ©sent dĂšs l’album Revolver avec le titre Tomorrow Never Knows. L’album suivant, Sgt. Pepper, et la compilation Magical Mystery Tour, appartiennent au genre psychĂ©dĂ©lique, avec des morceaux emblĂ©matiques tels que Lucy in the Sky with Diamonds, A Day in the Life, I Am the Walrus, Strawberry Fields Forever et All You Need Is Love. Quant Ă  la sophistication des arrangements musicaux, par exemple A Day in the Life pour lequel un orchestre symphonique est utilisĂ©, elle annonce le rock progressif alors en cours d’élaboration.

L’« Album blanc », paru en 1968 avec sa trentaine de chansons disparates, comporte diverses incursions dans les sous-genres du rock : le blues rock avec Revolution 1, ou encore le hard rock avec Helter Skelter, qui fait partie des premiers morceaux du genre[205].

Sur Abbey Road figurent des accents de funk rock avec Come Together.

Musique country et folk

Des titres peuvent ĂȘtre apparentĂ©s Ă  la musique country notamment les chansons chantĂ©es par Ringo Starr (Act Naturally, What Goes On et sa composition Don't Pass Me By), dont la voix et le registre vocal donnent aux chansons un accent country rock. La chanson Rocky Raccoon, Ă©crite et chantĂ©e par McCartney, emprunte aussi Ă  ce style. Les Beatles s’inspirent des sons de musique folk avec You've Got to Hide Your Love Away, Norwegian Wood ou Blackbird.

Musique afro-américaine

Les Beatles ont également été influencés par la musique afro-américaine, dans toutes ses composantes. Ils ont repris des chansons de groupes vocaux féminins (The Shirelles, The Cookies et The Donays) ou de Chuck Berry, Little Richard, Arthur Alexander et plusieurs autres artistes afro-américains.

When I'm Sixty-Four évoque la musique de bastringue à tendance jazz, avec la présence de deux clarinettistes. Martha My Dear et Lady Madonna, avec leurs parties au piano, se rattachent au ragtime, genre précurseur du jazz. Le groupe aborde également le blues classique avec Yer Blues et la soul avec Don't Let Me Down.

Musiques du monde

George Harrison rencontre des musiciens indiens sur le plateau du film Help! et c’est le coup de foudre ; le guitariste commence aussitît son apprentissage du sitar qu’on entendra sur Norwegian Wood. Cette influence se retrouve dans ses titres Love You To, Within You Without You et The Inner Light. Plusieurs instruments indiens sont entendus sur certaines chansons du disque Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band.

Le groupe aborde aussi le boléro cubain dans And I Love Her et le ska jamaïcain dans Ob-La-Di, Ob-La-Da.

Musique classique

George Martin, le producteur des Beatles, a une formation de musicien classique et rĂ©alise de nombreux arrangements orchestraux. Dans Yesterday on entend un quatuor Ă  cordes, tandis que sur Eleanor Rigby c’est un sextuor Ă  cordes qui accompagne le chanteur. Pour Strawberry Fields Forever, A Day in the Life et I Am the Walrus, entre autres, un orchestre est utilisĂ© pour enrichir les arrangements, et dans Penny Lane il est fait usage d’instruments Ă  vent, en particulier la trompette piccolo dont le solo est jouĂ© par David Mason. Le solo de piano-forte de In My Life, jouĂ© par Martin lui-mĂȘme, est accĂ©lĂ©rĂ© au mixage ce qui lui donne des allures de clavecin et rappelant la musique baroque. La chanson Good Night, quant Ă  elle, est totalement orchestrale avec harpe, violons, vents et chƓurs[206].

Musique expérimentale

Les annĂ©es 1966 Ă  1968 tĂ©moignent d’une volontĂ© accrue d’expĂ©rimentation, tendant parfois jusqu’à la musique sĂ©rielle. L’influence de Yoko Ono conduit Ă  la production d’une chanson en collages sonores, Revolution 9 et d’une chanson longtemps inĂ©dite, What's The New Mary Jane, incluse dans l’album Anthology 3, qui visent Ă  crĂ©er une ambiance psychĂ©dĂ©lique aux accents de musique expĂ©rimentale, bien que Paul McCartney s’y soit dĂ©jĂ  essayĂ© par le passĂ© avec, entre autres, son « mythique » Carnival of Light. Harrison s’y met aussi avec des titres comme Only a Northern Song et Blue Jay Way, bien que celles-ci soient plus structurĂ©es musicalement.

Sur Tomorrow Never Knows, la mĂ©lodie est rattachĂ©e Ă  un bourdon en do, empruntĂ© Ă  la musique indienne, et contient selon certains musicologues la premiĂšre rythmique techno de l’histoire de la musique[207].

HĂ©ritage

Influence sur son Ă©poque

La marque laissĂ©e par les Beatles sur la jeunesse des annĂ©es 1960 est indĂ©lĂ©bile : la longueur des cheveux chez les garçons, la philosophie « Peace and Love », l’apparition de la contre-culture hippie, etc[208]. Bien qu’il soit faux de croire que le groupe ait initiĂ© ces changements culturels, celui-ci Ă©tait, en quelque sorte, le porte-Ă©tendard des bouleversements de la sociĂ©tĂ©. MĂȘme la frĂ©nĂ©sie de la Beatlemania n'Ă©tait pas inĂ©dite ; par exemple, la listzomanie en 1840, les bobby-soxers de Frank Sinatra exactement un siĂšcle plus tard, ou les fans d’Elvis Presley dans la dĂ©cennie 1950. Mais, avec le « baby boom, l’avĂšnement de la tĂ©lĂ©vision et la possibilitĂ© de voyager en avion de ligne, le phĂ©nomĂšne Beatles fut le premier Ă  connaitre une envergure globale dans ce nouveau monde devenu plus petit. Un demi-siĂšcle plus tard, leur musique est encore prĂ©sente et leur image toujours reprĂ©sentative de cette dĂ©cennie marquante.

Impact sur la musique

Les Beatles ont exercĂ© une grande influence sur la musique populaire occidentale. Tout d’abord, ils ont popularisĂ© la structure du groupe de rock Ă  « deux guitares, une basse et une batterie », avant de s’éloigner de cette formule en utilisant une trĂšs large palette d’instruments.

Par ailleurs, aprĂšs avoir commencĂ© par interprĂ©ter des standards du rock 'n' roll, les Beatles ont imposĂ© le fait pour un groupe d’interprĂ©ter ses propres compositions. Un grand nombre des leurs sont aujourd'hui devenues des classiques du rock et de la pop, et plusieurs d’entre elles figurent parmi les plus interprĂ©tĂ©es au monde[alpha 25]. Un certain nombre de ces reprises sont d’ailleurs devenues de grands succĂšs[209].

C’est aussi le premier groupe vocal pop dans lequel plusieurs chanteurs et auteurs se dĂ©finissent au nom du groupe tout au long de leur carriĂšre. A contrario, les musiciens accompagnateurs d’Elvis Ă©taient plutĂŽt anonymes ou Buddy Holly and the Crickets oĂč le chanteur et auteur, Ă  partir du second album, Ă©tait la tĂȘte d’affiche, etc.

Impact sur l’industrie discographique

Avant la venue des Beatles, les artistes avaient peu de pouvoir dĂ©cisionnel sur l’enregistrement et la prĂ©sentation de leur produit. Les maisons de disques contrĂŽlaient ce qu’elles produisaient. Le fait que les Beatles aient pris le contrĂŽle du studio a ouvert la porte Ă  ceux qui les ont suivis[210].

Dans le monde du rock, ce sont principalement les Beatles qui ont redĂ©fini la conception des albums pour en faire des ensembles cohĂ©rents, c’est-Ă -dire reflĂ©tant une vĂ©ritable dĂ©marche artistique, plus qu’un empilement de chansons. Rubber Soul, sorti fin 1965, constitue un jalon majeur de cette Ă©volution. Jusque lĂ , c’était le format single ou 45 tours qui primait dans l’industrie du disque. Contribuant Ă  cette genĂšse, les Beach Boys rĂ©pondent Ă  Rubber Soul avec Pet Sounds, dont la cohĂ©sion sonore et thĂ©matique est encore plus poussĂ©e, puis le morceau Good Vibrations ; les Beatles ripostent avec Revolver, et l’annĂ©e suivante avec Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band : c’est la naissance d’une nouvelle notion, celle d’album-concept, dans la lignĂ©e de Freak Out! de Frank Zappa sorti un an plus tĂŽt. Au-delĂ  de la musique, c’est ce qui l’entoure qui rĂ©volutionne l’industrie du disque, en particulier cette pochette particuliĂšrement soignĂ©e, qui s’ouvre, qui est agrĂ©mentĂ©e des paroles imprimĂ©es au dos et d’une planche d’accessoires Ă  dĂ©couper : dĂ©sormais la pochette d’un album ne sera plus une simple nĂ©cessitĂ© commerciale mais fera partie intĂ©grante du projet artistique.

En 2011, le groupe prĂȘte son nom et sa musique pour la cause du tĂ©lĂ©chargement lĂ©gal de musique avec une vidĂ©o intitulĂ©e Why Music Matters[211].

Reprises et adaptations

Les chansons des Beatles ont fait l’objet d’adaptations par milliers dans le monde entier et dans presque toutes les langues, y compris en français et dans toute la francophonie[212]. Elles ont aussi Ă©tĂ© conjuguĂ©es dans tous les styles musicaux, et des albums entiers de reprises — instrumentales, a cappella ou chantĂ©es — leur sont consacrĂ©s. Durant les annĂ©es 1960, George Martin enregistre quelques albums de musique symphonique inspirĂ©e des Beatles. On commercialise des adaptations aussi variĂ©es que le Reggae Tribute to the Beatles, enregistrĂ© par des chanteurs jamaĂŻcains, le Tropical Tribute to the Beatles, avec des artistes d’AmĂ©rique latine, le Beatles Go Baroque, issu des pays de l’Est, ou encore des versions jazz tels Basie On The Beatles (1970) et Basie's Beatle Bag (1998), par Count Basie ou Meets the Beatles de John Pizzarelli[alpha 26].

Le groupe The Punkles en a fait des versions punk rock, Beatallica s’est Ă©vertuĂ© Ă  mĂ©langer leurs compositions avec celles du groupe Metallica, le Beatles Rumba Band en fait des reprises rumba, tandis que le DJ Danger Mouse a mixĂ© des samples de chansons du double blanc avec la voix du rappeur Jay-Z sur The Grey Album, et que les Easy Star All-Stars publient, en , une reprise intĂ©grale de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en version reggae.

En 1988, Michael Jackson a repris Come Together pour son film Moonwalker et l’a intĂ©grĂ© plus tard dans son album HIStory. Le groupe Tears for Fears a produit un pastiche des Beatles avec la chanson Sowing the Seeds of Love en 1989[213]. Le groupe britannique Oasis, trĂšs inspirĂ© par les Beatles, a repris I Am the Walrus sur scĂšne, publiĂ©e en 45 tours en 1994 [214] et incluse sur la compilation The Masterplan en 1998[215].

Les chansons du groupe ont souvent été entendues dans la bande musicale de films, soit en versions originales (comme When I'm Sixty-Four dans The World According to Garp[216]), soit en reprises (Here Comes the Sun par Sheryl Crow pour le film Bee Movie[217]).

Plusieurs films n'utilisent que des airs des Beatles en guise de bande originale, comme I Am Sam de Jessie Nelson. Le titre du film, voire l’intrigue, peuvent aussi s’en inspirer directement. C’est le cas, bien sĂ»r, du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band de Michael Schultz ou de Across the Universe rĂ©alisĂ© par Julie Taymor[216]. D’autres encore racontent l’histoire du groupe, comme Backbeat de Iain Softley ou encore Nowhere Boy de Sam Taylor-Wood.

Plusieurs Ă©missions de tĂ©lĂ©vision utilisent les chansons des Beatles. Ainsi, l’émission Va Savoir, prĂ©sentĂ©e par GĂ©rard Klein sur La CinquiĂšme, n'utilisait que des musiques du quatuor de Liverpool, Magical Mystery Tour servant de gĂ©nĂ©rique. L’éphĂ©mĂšre Les enfants de John, Ă©galement sur la CinquiĂšme, avait pour gĂ©nĂ©rique Revolution. Les scĂ©narios de la sĂ©rie animĂ©e pour enfants Beat Bugs utilisent les chansons des Beatles comme point de dĂ©part[218]. Toujours d’actualitĂ©, des reprises de chansons, des films de fiction et des documentaires, des livres et des rĂ©Ă©ditions de disques des Beatles continuent Ă  ĂȘtre commercialisĂ©s cinquante ans aprĂšs la sĂ©paration du groupe.

Historiographie

Dans son ouvrage The Beatles and the Historians, Erin Torkelson Weber utilise la façon dont l'histoire du groupe a été présentée au cours des décennies afin de démontrer l'importance d'une bonne méthodologie historiographique.

Durant la pĂ©riode oĂč le groupe Ă©tait actif, la version officielle voulait crĂ©er et entretenir le mythe des Fab Four, un groupe uni de jeunes musiciens issus de la classe ouvriĂšre qui ressemblaient Ă  leurs caricatures prĂ©sentĂ©es dans le film A Hard Day's Night. La biographie de Hunter Davies (en) en est le parfait exemple : les parties plus sombres, telles que la prise de drogues, le dĂ©part de Pete Best ou les aventures sexuelles sont presque balayĂ©es du revers de la main. PubliĂ©e avant l'arrivĂ©e de Yoko Ono et d’Allen Klein, cette biographie officielle ne fait Ă©videmment pas mention des dissensions subsĂ©quentes.

Les biographies qui suivent la dissolution du groupe ont tendance Ă  encenser Lennon au dĂ©triment de McCartney, qui hĂ©rite du blĂąme de la rupture et qui est prĂ©sentĂ© comme un musicien commercial et charmeur, et minimisant l’apport de Harrison et Starr. Les livres Lennon Remembers (en) de Jann Wenner (en) et Shout!: The Beatles in Their Generation (en) de Philip Norman (en) sont caractĂ©ristiques de cette situation. À la suite de la mort de Lennon, les biographies et les articles de magazines et de journaux le reprĂ©sentent de façon quasiment hagiographique. À l’opposĂ©, Albert Goldman (en) publie en 1988 une biographie (en) trĂšs nĂ©gative portant sur Lennon[219]. C’est aussi Ă  cette Ă©poque que les proches du groupe publient des mĂ©moires quelquefois sensationnalistes (The Love You Make (en) de Peter Brown) ou plus descriptives (Here There and Everywhere de Geoff Emerick, All You Need Is Ears (en) de George Martin et, beaucoup plus tard, Magical Mystery Tours (en) de Tony Bramwell) mais qui sont quelques fois teintĂ©s d’une prĂ©fĂ©rence personnelle pour l’un ou l’autre des membres de groupe.

Au milieu des annĂ©es 1990, le projet Anthology, la nouvelle biographie officielle, utilise, dans un souci d’équitĂ©, les interviews des quatre Beatles Ă  parts Ă©gales et de quelques proches mais sans l'apport de Pete Best ni Yoko Ono. Bien que moins aseptisĂ©e, certains aspects problĂ©matiques ne sont qu’effleurĂ©s.

Depuis, les Ɠuvres plus importantes sont devenues moins dithyrambiques et plus posĂ©es, se basant sur de nouvelles sources primaires ou secondaires (des enregistrements, de la correspondance, des interviews de tĂ©moins pour la plupart contre-vĂ©rifiĂ©s) et exposant plus d’un point de vue si nĂ©cessaire. On peut nommer les livres, Can’t Buy Me Love (en) de Jonathan Gould, You Never Give Me Your Money (en) de Peter Doggett, Revolution in the Head (en) de Ian MacDonald (en) et les titres de Mark Lewisohn (The Complete Beatles Recording Sessions (en), The Complete Beatles Chronicle et surtout The Beatles: All These Years (en) - Tune In, le tome 1 de sa trilogie en trois ou six volumes) qui peuvent maintenant ĂȘtre considĂ©rĂ©s vĂ©ritablement comme des ouvrages historiques[220].

Dessins animés

Starr, McCartney et Harrison ont chacun Ă©tĂ© invitĂ©s dans des Ă©pisodes de la sĂ©rie animĂ©e Les Simpson[alpha 27], ce dernier dans l’épisode qui est calquĂ© sur la carriĂšre du groupe. Nombre d’autres Ă©pisodes de la sĂ©rie sont Ă©maillĂ©s d’allusions aux Beatles[221] notamment Et la cavalerie arriva (saison 14, Ă©pisode 21) oĂč Bart saccage la collection d’objets des Beatles de Ned Flanders[222]. Ils sont aussi parodiĂ©s dans plusieurs dessins animĂ©s tels The Flintstones[223], Family Guy[224] ou South Park[225].

Bandes dessinées

Les Beatles ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©clinĂ©s en personnages de bande dessinĂ©e. En 1968, une adaptation du film Yellow Submarine est adaptĂ© en comic book par JosĂ© Delbo avec les textes de Paul S. Newman[226] pour Gold Key Comics / Western Publishing[227]. L'histoire diffĂšre du film car la bande dessinĂ©e a Ă©tĂ© achevĂ©e bien avant que le scĂ©nario ne soit finalisĂ©[228]. Pour cĂ©lĂ©brer le cinquantiĂšme anniversaire de la sortie de ce film d’animation , une adaptation BD du scĂ©nario, illustrĂ©e par Bill Morrison, est publiĂ©e le par Titan Comics[229].

Dans une histoire de la sĂ©rie Strange Tales (#130 en ) des Ă©ditions Marvel Comics, la Torche humaine et La Chose tentent de recouvrir les recettes d’un concert des Beatles Ă  Manhattan[230] tandis que DC Comics, dans un comic book de Batman (#222 en ), met en scĂšne la rumeur du dĂ©cĂšs supposĂ© de McCartney[231]. Ils font une apparition dans l’album AstĂ©rix chez les Bretons, et la femme d’OrdralfabĂ©tix, le poissonnier, s’appelle IĂ©losubmarine. Les auteurs Yves Sente et AndrĂ© Juillard ont utilisĂ© la premiĂšre rencontre de John Lennon et de Paul McCartney pour une scĂšne du tome La Machination Voronov, publiĂ© en 1999, de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e Blake et Mortimer[232].

PubliĂ©e en 2012, la bande dessinĂ©e Liverfool de Gihef et Vanders (Emmanuel Proust Ă©ditions), retrace l’histoire du premier manager des Beatles, Allan Williams (en). De plus, la vie de Brian Epstein est contĂ©e dans The Fifth Beatle, une bande dessinĂ©e sortie le chez Dark Horse Comics, Ă©crite par l’écrivain et producteur de thĂ©Ăątre amĂ©ricain Vivek Tiwary et illustrĂ©e par Andrew C. Robinson. Une adaptation cinĂ©matographique de celle-ci est en cours de prĂ©paration ; initialement confiĂ©e Ă  Bruce Cohen (American Beauty) la production devrait finalement ĂȘtre assurĂ©e par Simon Cowell[233] - [234].

Pastiches

L’image et l’histoire des Beatles ont en outre Ă©tĂ© abondamment parodiĂ©es. En la matiĂšre, l’une des plus cĂ©lĂšbres et des plus rĂ©ussies, Ă  laquelle George Harrison a apportĂ© son concours, est certainement le pastiche des Rutles, avec Paul Simon et Mick Jagger qui y jouent leur propre rĂŽle, dans le film All You Need Is Cash. Les pastiches des chansons sont autant de clins d’Ɠil aux « tics » musicaux de leurs modĂšles — Ouch! imitĂ© de Help!, Cheese and Onions qui a des accents d’A Day in the Life, Piggy in the Middle Ă©voquant I Am the Walrus, Doubleback Alley qui est le cousin de Penny Lane, etc. Les Bidochons, pour leur part, ont dĂ©formĂ© les textes de leurs chansons dans l’album Quatre Beadochons dans le vent. Les Beatles apparaissent aussi sous les traits des Mosquitoes lors de l’épisode Don't Bug the Mosquitoes (saison 2, Ă©pisode 12[235]) de l’émission jeunesse amĂ©ricaine Gilligan's Island (Les Joyeux naufragĂ©s). Dans la version originale en anglais, les personnages s’appellent Bingo, Bango, Bongo et Irving[alpha 28]. Le groupe amĂ©ricain The Monkees, originellement des personnages d’une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision de la chaĂźne NBC, est aussi un pastiche des Beatles. Le groupe est aussi parodiĂ© dans le film Walk Hard: The Dewey Cox Story[236].

Théùtre

Plusieurs productions thĂ©Ăątrales ont Ă©tĂ© montĂ©es au sujet de la musique des Beatles, la comĂ©die musicale Let It Be (en) de 2012 en est un exemple. En 2016, dans la production londonienne The Sessions, on peut suivre l’histoire du groupe en studio avec un acteur personnifiant George Martin comme narrateur[237].

Visuels

Enfin, les visuels du groupe ont aussi Ă©tĂ© allĂšgrement copiĂ©s, comme la pochette de Sgt. Pepper pastichĂ©e par Frank Zappa dĂšs l’annĂ©e suivante pour son album We're Only in It for the Money (et, en France, pour l’album Beadochons) ou celle d’Abbey Road, reproduite par les Red Hot Chili Peppers sur The Abbey Road E.P., ainsi que Paul McCartney lui-mĂȘme pour son album Paul Is Live. Le rappeur Kanye West parodie Ă©galement ce lieu pour la pochette de son Late Orchestration, album live enregistrĂ© aux mĂȘmes studios.

Royaume-Uni

Statue de John Lennon Ă  Liverpool.

La ville de Liverpool a dĂ©veloppĂ© diverses activitĂ©s touristiques autour de la carriĂšre des Beatles. Un rapport du conseil municipal de 2016 indique qu’un emploi sur cent est directement ou indirectement liĂ© au groupe[238]. Sur l’Albert Dock, le musĂ©e The Beatles Story (en) leur est consacrĂ©. Plusieurs rues de Liverpool portent dĂ©sormais un nom en rapport avec ses plus cĂ©lĂšbres citoyens et leur histoire : John Lennon Drive, Paul McCartney Way, George Harrison Close et Ringo Starr Drive dans le projet rĂ©sidentiel Kensington Fields ; Epstein Court, Apple Court, Cavern Court dans les environs, ainsi que Pete Best Drive et le Casbah Close dans le West Derby[239]. Les lieux emblĂ©matiques du groupe, tels que le Cavern Club, Strawberry Field (en), Penny Lane (en), ou encore les maisons d’enfance de McCartney au 20 Forthlin Road, de Lennon au 251 Menlove Avenue, de Harrison au 10 Admiral Grove et de la famille Starkey au 12 Arnold Grove se visitent en circuit organisĂ©. En 2007, un luxueux hĂŽtel Ă  thĂšme, le Hard Day's Night Hotel, a ouvert ses portes[240]. Le George Harrison Woodland Walk est un espace de douze acres du quartier Allerton, qui sera amĂ©nagĂ© pour y intĂ©grer des installations d’artistes basĂ©es sur l’Ɠuvre du guitariste. Le rĂ©amĂ©nagement du Allerton Towers ornamental gardens and woodland walk, achetĂ© par le conseil de ville de Liverpool en 2018, devrait ĂȘtre complĂ©tĂ© au printemps 2021[241].

Les statues des Beatles, sur la rive du fleuve Mersey Ă  Liverpool.

Chaque annĂ©e, fin aoĂ»t, est organisĂ© Ă  Liverpool l’International Beatles Week Festival[242]. L’aĂ©roport de la citĂ© portuaire est devenu en 2002 le Liverpool John Lennon Airport. Enfin, le , cinquante ans jour pour jour aprĂšs leur derniĂšre prestation dans leur ville natale, est inaugurĂ© un ensemble de statues de bronze des Beatles sur la rive du fleuve Mersey, prĂšs des bĂątiments Pier Head[243]. Offertes Ă  la ville par le Cavern Club, ces statues de 1,2 tonne et mesurant 2 mĂštres sont l’Ɠuvre du sculpteur Andy Edwards[244]. Une peinture murale a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©e le sur Mason Street Ă  New Brighton (en), Ă  quelques pas du site du Tower Ballroom, aujourd'hui disparu, oĂč le groupe a jouĂ© vingt-sept fois entre 1961 et 1963. On y voit la silhouette des Beatles et des reproductions d’affiches promotionnelles des soirĂ©es Ă  la salle crĂ©Ă©es Ă  l’époque par l’artiste Tony Booth (en)[245].

Londres offre Ă©galement des circuits pour visiter les lieux oĂč ont vĂ©cu et travaillĂ© les Beatles, notamment le passage pour piĂ©tons d’Abbey Road[246] ou l’édifice qui abritait leur maison de disques Apple Corps au 3 Savile Row oĂč a eu lieu le « concert sur le toit ».

Le , Ă  Plymouth dans le comtĂ© du Devon, est dĂ©voilĂ©e une sculpture Ă  l’endroit oĂč les membres du groupe posĂšrent pour une photo en 1967, assis dans l’herbe du parc Plymouth Hoe, devant la tour Smeaton. Des traces de leurs postĂ©rieurs, de leurs jambes, de leurs pieds et de leurs mains, moulĂ©es en cuivre, sont installĂ©es Ă  l’endroit exact oĂč chacun Ă©tait positionnĂ©, afin que les passants puissent s’y asseoir pour reproduire cette cĂ©lĂšbre photographie de David Redfern (en), prise pendant le tournage du film Magical Mystery Tour[247].

Hambourg

Sculptures de la Beatles-Platz.

À Hambourg, au croisement de Große Freiheit et de la Reeperbahn — Ă  mi-distance entre le Top Ten Club et le Kaiserkeller, deux clubs oĂč les Beatles se produisirent au tout dĂ©but des annĂ©es 1960[248] — une Beatles-Platz a Ă©tĂ© inaugurĂ©e en . Au centre de cette place qui prend la forme d’un disque 33 tours, le groupe est reprĂ©sentĂ© par cinq silhouettes mĂ©talliques (avec Stuart Sutcliffe un peu Ă  l’écart), tandis que le batteur est stylisĂ© de façon que l’on puisse aussi bien reconnaĂźtre Pete Best, qui officiait avec le groupe Ă  l’époque, que Ringo Starr, qui ne le rejoignit qu’à partir des deux derniers passages dans la ville allemande[249]. Le musĂ©e « Beatlemania », amĂ©nagĂ© sur cinq Ă©tages au cƓur de la Reeperbahn, est ouvert de 2009 Ă  2012.

Ailleurs dans le monde

L'étoile du groupe sur le Walk of Fame à Los Angeles, située au 7080 Hollywood Blvd., inaugurée le 25 décembre 1998[250].

On trouve des statues et des musĂ©es sur les Beatles partout dans le monde, et notamment Ă  La Havane (Cuba)[251], Ă  Lima (PĂ©rou)[252], Ă  Iekaterinbourg et Samara (Russie)[253] - [254], Ă  Houston (Texas)[255] ou encore Ă  Oulan-Bator (Mongolie)[256], en Pologne[257], en Écosse[258] ou Ă  Brescia (Italie)[259].

Par ailleurs, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr ont chacun deux Ă©toiles sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard Ă  Los Angeles : l’une en tant que membre des Beatles, et l’autre pour honorer leurs carriĂšres solo respectives[260].

En 2017, Ă  Houston au Texas, des statues des Beatles tels qu’ils Ă©taient vers la fin des annĂ©es 1960 ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es par David Adickes. Hautes de dix mĂštres, les statues seront en place pour au moins un an et ensuite vendues pour 350 000 $US[261].

À Brest en France, un carrefour giratoire situĂ© sur le port prĂšs de la salle de concert La CarĂšne porte le nom « Rond-point Sgt Pepper - Album des Beatles »[262] - [263].

En décembre 2021, dans la ville portuaire de Mazatlån au Mexique, la ruelle Malpica a été renommée Liverpool Alley et décorée dans le thÚme du groupe avec, entre autres, des statues grandeur nature de la mise en scÚne de la pochette d'Abbey Road et la reproduction du sous-marin jaune du dessin animé[264].

Autres hommages

Statues de cire des Beatles au musée de Madame Tussauds à Londres.

Philatélie

Le , la Royal Mail a Ă©mis deux sĂ©ries de timbres-poste cĂ©lĂ©brant l’apport des Beatles Ă  la culture populaire britannique : six timbres reprenant l’image des pochettes des disques Please Please Me, Help!, Revolver, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, Abbey Road et Let It Be, et quatre autres sur lesquels figurent des objets de collection de l’époque de la Beatlemania[265]. Au fil des ans, plusieurs autres pays, tels les États-Unis[266], le Tchad[267] et le Burkina Faso[268], ont aussi crĂ©Ă© des timbres postaux oĂč figure la thĂ©matique des Fab Four.

Sciences

Le palĂ©ontologue Yves Coppens a donnĂ© le nom de Lucy au spĂ©cimen de l’Australopithecus afarensis qu’il a dĂ©couvert en 1974 en Éthiopie, parce qu’il Ă©coutait les Beatles, et notamment la chanson Lucy in the Sky with Diamonds, en rĂ©pertoriant les ossements[269].

Cinq astĂ©roĂŻdes faisant partie de la ceinture principale ont Ă©tĂ© nommĂ©s en leur honneur : (4147) Lennon, (4148) McCartney, (4149) Harrison, (4150) Starr et (8749) Beatles. Des astronomes de Harvard ont aussi surnommĂ© « Lucy » l’étoile BPM 37093 en rĂ©fĂ©rence Ă  cette chanson[270], car cette naine blanche possĂšderait un Ă©norme cristal de diamant comme noyau[271]. Le lundi , la NASA a par ailleurs diffusĂ© la chanson Across the Universe Ă  travers la galaxie, pour fĂȘter le 40e anniversaire de son enregistrement. La chanson voyagera Ă  la vitesse de la lumiĂšre pour une durĂ©e totale de 431 ans, avant d’atteindre l’étoile polaire[272].

Autres

Le [273], le groupe est intronisĂ© au Rock and Roll Hall of Fame Ă  Cleveland, prĂ©sentĂ© par leur ami Mick Jagger[274], et ce musĂ©e possĂšde depuis 2012 une exposition permanente d’artĂ©facts du groupe[275]. Les membres du groupe ont aussi Ă©tĂ© intronisĂ©s individuellement au Hall of Fame (Lennon en 1994[276], McCartney en 1999[277], Harrison en 2004[278] et Starr en 2015, ce dernier dans la catĂ©gorie Musical Excellence[279]. George Martin et Brian Epstein ont reçus le prix Ahmet Ertegun en 1999[280] et 2014[281] respectivement).

Le groupe a reçu 23 nominations et gagnĂ© 7 trophĂ©es Grammy au fil des ans[282] et trois des quatre membres du groupe ont reçu des Grammy pour l’ensemble de leur carriĂšre individuelles; McCartney en 1990[283], Lennon en 1991[284] et Harrison en 2015[285]. Le groupe fait aussi partie des artistes rĂ©compensĂ©s par un Grammy afin d'honorer l’ensemble de leur carriĂšre (Lifetime Achievement Award). Celui-ci est remis aux deux membres survivants par la Recording Academy le 26 janvier 2014[286]. Un spectacle hommage a eu lieu le lendemain mettant en vedette McCartney et Starr avec des musiciens accompagnateurs tels Joe Walsh et Peter Frampton. Des artistes invitĂ©s (Stevie Wonder, Alicia Keys, Keith Urban et les Eurythmics, pour ne nommer que ceux-lĂ ) ont aussi interprĂ©tĂ© des chansons du groupe. Des prĂ©sentateurs, tels Johnny Depp, Jeff Bridges et Sean Penn ont animĂ© la soirĂ©e. Une Ă©mission tĂ©lĂ© intitulĂ©e The Night That Changed America: A Grammy Salute to the Beatles (en) en est tirĂ©e et est prĂ©sentĂ©e sur le rĂ©seau CBS le suivant, le soir du 50e anniversaire de la premiĂšre prestation du groupe au Ed Sullivan Show[287].

De nombreux hommages sont rendus aux Beatles lors des Jeux Olympiques de Londres 2012, et notamment lors de la cĂ©rĂ©monie d’ouverture, Paul McCartney faisant chanter Hey Jude par tout le Stade olympique (dont le public reprend aussi en chƓur All You Need Is Love le [288] - [289]), ainsi que la cĂ©rĂ©monie de clĂŽture, oĂč les chansons Because, Here Comes the Sun et I Am the Walrus sont interprĂ©tĂ©es par diffĂ©rents artistes. On voit aussi apparaĂźtre durant ce spectacle des taxis en papier journal, rĂ©fĂ©rence directe au vers « Newspaper taxis appear on the shore / waiting to take you away » de la chanson Lucy in the Sky with Diamonds.

Produits dérivés

Épinglette souvenir.

Le mĂȘme jour que l’édition remastĂ©risĂ©e du catalogue complet sur CD, une autre sociĂ©tĂ©, MTV Games, met en vente The Beatles: Rock Band. Ce jeu vidĂ©o a Ă©tĂ© imaginĂ© par Dhani Harrison et commercialisĂ© avec l’accord de Paul McCartney, Ringo Starr, Yoko Ono et Olivia Harrison qui ont aussi participĂ© Ă  sa conception. DĂ©clinĂ© pour les consoles PlayStation 3, Xbox 360 et Wii, il s’agit d’un jeu de rythme permettant Ă  six joueurs au maximum de participer Ă  ce groupe virtuel. Giles Martin, qui avait dĂ©jĂ  travaillĂ© avec son pĂšre George sur l’album Love, est responsable de la production musicale. C’est la premiĂšre fois qu’Apple Corps autorise l’utilisation de la musique des Beatles pour un jeu vidĂ©o. Un mois et demi aprĂšs, les ventes aux États-Unis atteignent les 595 000 exemplaires[290].

Cursus universitaire

L’universitĂ© Hope de Liverpool a inaugurĂ©, en , un cursus de maĂźtrise en arts dĂ©diĂ©e au groupe, pour Ă©tudier son impact et son influence sur la musique populaire et la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral[291] - [292]. « Plus de 8 000 ouvrages ont Ă©tĂ© Ă©crits sur les Beatles mais il n'y a jamais eu d’études acadĂ©miques sĂ©rieuses et c’est ce que nous allons faire », explique Mike Brocken, directeur des Ă©tudes Ă  l’universitĂ© Hope. « Les Beatles ont eu une telle influence sur la sociĂ©tĂ©, pas seulement avec leur musique, mais Ă©galement dans le domaine de la mode avec leurs vestes sans col ou leurs vĂȘtements psychĂ©dĂ©liques
 Quarante ans plus tard, c’est le bon moment. Liverpool est le meilleur endroit pour Ă©tudier les Beatles. Il s’agit assurĂ©ment de la premiĂšre maĂźtrise sur les Beatles dans ce pays et je dirais probablement la premiĂšre dans le monde »[293]. Le cours est intitulĂ© « les Beatles, musique populaire et sociĂ©tĂ© », il dĂ©bute en septembre et dure 12 mois Ă  temps complet ou 24 mois Ă  temps partiel[294]

Depuis septembre 2022, The Journal of Beatles Studies est publié par la Liverpool University Press, édité par Holly Tessler de l'Université de Liverpool et Paul Long de l'Université Monash de Melbourne (Australie). Cette revue semestrielle contient des essais originaux rigoureusement recherchés, ainsi que des critiques de livres et de médias[295].

Records Ă©tablis

Au cours d’une carriĂšre discographique longue de seulement huit annĂ©es, les Beatles ont Ă©tabli bon nombre de records de ventes. Voici une liste non exhaustive de records que les Beatles ont Ă©tabli durant leur carriĂšre.

Albums

  • Plus grand nombre de disques vendus estimĂ© Ă  600 millions, tous supports confondus, Ă  travers le monde[296].
  • Les Beatles dĂ©tiennent le plus grand nombre d’albums numĂ©ro 1 au niveau international : 37 albums[297].
  • Aux États-Unis, les Beatles dĂ©tiennent, avec la superstar de la musique country Garth Brooks, le plus grand nombre d’albums certifiĂ©s « diamant » (plus de 10 millions d’exemplaires vendus). Ils sont au nombre de six : Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, l’Album blanc, Abbey Road, The Beatles 1962–1966, The Beatles 1967–1970, et 1[298].
  • Aux États-Unis, les Beatles dĂ©tiennent avec Elvis Presley le plus grand nombre d’albums certifiĂ©s multi-platine : 24[299].
  • Aux États-Unis, les Beatles sont le groupe musical qui dĂ©tient le record d’albums certifiĂ© platine (plus d’un million d’exemplaires vendus) : 39[299].
  • Aux États-Unis, les Beatles dĂ©tiennent le record d’albums ayant atteint la premiĂšre place : 19 (14 parus pendant leur carriĂšre sur la pĂ©riode 1964-1970 et 5 parus aprĂšs leur sĂ©paration).
  • Au Royaume-Uni, les Beatles dĂ©tiennent le record d’albums ayant atteint la premiĂšre place : 15 (11 parus pendant leur carriĂšre sur la pĂ©riode 1963-1970 et 4 parus aprĂšs leur sĂ©paration)[300].
  • Aux États-Unis, plus grand nombre de semaines passĂ©es Ă  la premiĂšre place des ventes : 132.
  • Au Royaume-Uni, plus grand nombre de semaines passĂ©es Ă  la premiĂšre place des ventes : 174.
  • Plus grand succĂšs durant la premiĂšre semaine de vente pour un double album, avec 855 473 exemplaires du disque Anthology 1 Ă©coulĂ©s aux États-Unis entre le 21 et le .
  • La compilation 1 des Beatles parue en est devenue, dans le monde, le disque grand format le plus rapidement vendu de l’histoire de l’industrie discographique : 3,6 millions d’exemplaires vendus en une seule semaine et plus de 12 millions d’exemplaires vendus en trois semaines[301]. Il a depuis sa parution, franchi le cap des 31 millions d’exemplaires vendus[302].

Singles

  • Aux États-Unis seulement, le groupe a Ă©coulĂ© 1,6 milliard de singles[296].
  • Les Beatles ont obtenu plus de no 1 dans le monde que n'importe quel autre groupe ou artiste, notamment 23 en Australie et aux Pays-Bas, 22 au Canada, 21 en NorvĂšge, 20 aux États-Unis[303], 18 en SuĂšde et 17 au Royaume-Uni[304].
  • Ils dĂ©tiennent :
    • d’une part le plus grand nombre de chansons ayant atteint la premiĂšre place des charts internationaux,
    • d’autre part la meilleure moyenne de chansons numĂ©ro 1 par annĂ©e.
  • Les Beatles ont rĂ©ussi Ă  placer 66 chansons numĂ©ro 1 Ă  travers le monde, dont 64 au cours de leur carriĂšre, soit une moyenne de 8 chansons numĂ©ro 1 par an[297]. (Ils auraient pu en dĂ©crocher encore davantage si leurs propres singles n'Ă©taient pas entrĂ©s en compĂ©tition « interne ». Par exemple, le 45 tours Penny Lane/Strawberry Fields Forever fut publiĂ© en tant que « double face A », ce qui entraĂźna un comptage de ventes et de diffusion sĂ©parĂ© au lieu d’ĂȘtre collectif[305]).
  • Dans les « charts » britanniques et nord-amĂ©ricains, John Lennon et Paul McCartney sont les auteurs les plus « couronnĂ©s » de l’histoire : 29 no 1 pour Lennon et 28 pour McCartney au Royaume-Uni (dont 25 en collaboration) ; 32 pour McCartney et 26 pour Lennon aux États-Unis (dont 23 en collaboration).
  • Durant la semaine du , les chansons des Beatles Ă©taient aux cinq premiĂšres places du classement du Billboard aux États-Unis. Personne n'avait jamais rĂ©alisĂ© un tel exploit auparavant, et personne ne l’a fait depuis lors. Les chansons Ă©taient dans l’ordre : Can't Buy Me Love, Twist and Shout, She Loves You, I Want to Hold Your Hand, et Please Please Me. La semaine suivante, , 14 chansons des Beatles figuraient dans le Billboard Hot 100.
  • Ils dĂ©tiennent un autre record dans ce « Billboard Hot 100 » : le fait d’avoir placĂ© trois titres l’un derriĂšre l’autre Ă  la premiĂšre place : en 1964, Can't Buy Me Love (5 semaines) dĂ©trĂŽna She Loves You (2 semaines), qui avait supplantĂ© I Want to Hold Your Hand (7 semaines), sur un total de 14 semaines d’affilĂ©e.
  • La plus rapide vente de single de tous les temps est Ă©galement Ă  mettre Ă  leur crĂ©dit : 250 000 exemplaires de I Want to Hold Your Hand vendues en trois jours aux États-Unis, un million en deux semaines, 10 000 exemplaires Ă©coulĂ©s par heure durant les 20 premiers jours dans la seule ville de New York.
  • En prĂ©commandes, le record est de 2,1 millions pour Can't Buy Me Love (940 225 exemplaires vendus le jour de la sortie).
  • Au Royaume-Uni, les Beatles dĂ©tiennent le record de singles vendus Ă  plus d’un million d’exemplaires, au nombre de cinq : She Loves You, I Want To Hold Your Hand, Can't Buy Me Love, I Feel Fine, We Can Work It Out / Day Tripper[306].
  • Le , avant la publication de la chanson Yesterday, leur maison d'Ă©dition Northern Songs rĂ©vĂ©lait que 1 337 reprises de leurs chansons avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© enregistrĂ©es, aprĂšs seulement 32 mois de carriĂšre discographique.
  • Yesterday est la chanson la plus reprise de l’histoire de l’industrie musicale. Le Livre Guinness des records recense plus de 3 000 versions enregistrĂ©es. C’est aussi la chanson la plus diffusĂ©e de l’histoire internationale de la radio.

Prestations

Les Beatles ont Ă©galement Ă©tabli le record d’audience Ă  la tĂ©lĂ©vision aux États-Unis (hors retransmissions sportives) avec plus de 70 millions de tĂ©lĂ©spectateurs assistant Ă  leur prestation au Ed Sullivan Show sur CBS le [307].

En se produisant au Shea Stadium de New York le , les Beatles Ă©tablirent un nouveau record du monde de spectateurs (environ 56 000) et de rentabilitĂ©. Ce fut la premiĂšre fois dans l’histoire de la musique populaire qu’un groupe ou un artiste se produisit dans un stade. Le concert a Ă©tĂ© filmĂ© et prĂ©sentĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision en 1966 au Royaume-Uni et en 1967 aux États-Unis[308]. En 2016, une version restaurĂ©e a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en salle en supplĂ©ment Ă  la sortie du documentaire The Beatles: Eight Days a Week.

Ils furent aussi le premier groupe musical Ă  jouer au Budokan de Tokyo, jusque lĂ  exclusivement rĂ©servĂ© aux arts martiaux. Fin , les cinq spectacles en trois jours ont attirĂ© plus de 10 000 spectateurs chacun[307].

Le , les Beatles jouent All You Need Is Love dans l’émission Our World retransmise en direct dans le monde entier. Entre 400 et 700 millions de tĂ©lĂ©spectateurs ont assistĂ© Ă  cette prestation[69].

Membres

Les Fab Four

photographie en noir et blanc de six personnes en haut d’une passerelle à la sortie d’un avion de la compagnie Iberia.
Les Beatles Ă  l’aĂ©roport de Madrid, le .

À l’étĂ© 1956, John Lennon fonde un groupe de skiffle, The Quarrymen, avec des amis de son lycĂ©e. En , il recrute Paul McCartney, puis accepte en l’arrivĂ©e d’un ami de celui-ci, George Harrison[309]. Au dĂ©part, tous trois jouent de la guitare, mais les rĂŽles se rĂ©partissent dĂšs 1961 avec Lennon Ă  la guitare rythmique, Harrison Ă  la guitare solo et McCartney Ă  la basse qui remplace Stuart Sutcliffe le bassiste original du groupe. Le quatriĂšme membre, Richard Starkey, dit Ringo Starr, est recrutĂ© plus tard : il ne tient la batterie qu’à partir de l’étĂ© 1962, en remplacement de Pete Best[310].

Si, pour les premiers albums du groupe, les quatre musiciens s’en tiennent gĂ©nĂ©ralement Ă  leurs instruments respectifs, ils ne tardent pas Ă  diversifier leur palette musicale, jouant de toutes sortes de claviers, percussions, instruments divers, et allant parfois jusqu’à inverser les rĂŽles. C’est ainsi Paul McCartney qui se charge du solo de Taxman Ă  la place de George Harrison[311], et il joue Ă©galement de la batterie dans quelques chansons comme Back in the U.S.S.R.[312]. À l’inverse, il arrive Ă  Lennon ou Ă  Harrison de tenir la basse, comme dans Helter Skelter ou Two of Us. Lennon et McCartney jouent, seuls, de tous les instruments dans The Ballad of John and Yoko[313]. Les membres du groupe adoptent Ă©galement de nouveaux instruments : Paul McCartney, qui joue Ă©galement du piano, est un des premiers Ă  utiliser le mellotron fin 1966. George Harrison introduit la guitare Ă©lectrique Ă  12 cordes sur l’album A Hard Day's Night et joue de plusieurs instruments indiens, notamment le sitar, dans plusieurs chansons Ă  partir de 1965. Il est Ă©galement un pionnier de l’utilisation du synthĂ©tiseur dans le rock, sur l’album Abbey Road[314].

Les quatre membres des Beatles chantent en solo. En rĂšgle gĂ©nĂ©rale, Lennon, McCartney et Harrison interprĂštent leurs propres compositions. Au niveau des chƓurs, le chanteur principal peut doubler sa voix sur une autre piste ou par Automatic Double Tracking[315] ou est accompagnĂ© par les deux autres, sans compter les harmonies Ă  deux ou trois, voire jusqu’à neuf voix virtuelles comme sur la chanson Because, grĂące Ă  un subterfuge de production. Jusqu’à l’album Help!, Harrison chante sur un Ă  trois titres — reprises de standards du rock ou chansons composĂ©es par le duo Lennon/McCartney — mais introduit dĂšs le deuxiĂšme album une de ses propres compositions, Don't Bother Me. À partir de 1965, on retrouve habituellement deux de ses compositions sur chacun des albums. Quant Ă  Starr, il interprĂšte une reprise ou une composition de Lennon/McCartney sur chaque album, Ă  l’exception de A Hard Day's Night et Let It Be oĂč il ne chante pas. On entend sa voix en prĂ©dominance sur l'instrumental Flying de l'album Magical Mystery Tour. Il est Ă©galement l’auteur de deux chansons du rĂ©pertoire du groupe pour lesquelles il est le chanteur principal, Don't Pass Me By et Octopus's Garden[316].

Anciens membres

Pete Best, batteur des Beatles de 1960 à 1962. Il est évincé du groupe alors que celui-ci commence sa carriÚre professionnelle.
  • Pete Best (nĂ© le ) a Ă©tĂ© le batteur du groupe de 1960 Ă  1962, durant les sĂ©jours des Beatles Ă  Hambourg et leurs concerts au Cavern Club de Liverpool. Au mois d’, alors que le groupe dĂ©croche auprĂšs de George Martin et du label Parlophone son premier contrat d’enregistrement, il est Ă©vincĂ© du groupe et remplacĂ© par Ringo Starr[317]. Par la suite, sa carriĂšre ne dĂ©collera jamais, lui valant de passer Ă  la postĂ©ritĂ© comme l’homme qui a ratĂ© de peu le succĂšs[318]. Il doit attendre 1995 et la publication du disque Anthology 1 pour pouvoir obtenir une rĂ©tribution financiĂšre d’environ quatre millions de livres, pour sa contribution aux enregistrements publiĂ©s sur cet album[319].
  • Stuart Sutcliffe ( - ), ami peintre de John Lennon, est le premier bassiste des Beatles. Sans vĂ©ritablement maĂźtriser son instrument, il participe aux premiĂšres tournĂ©es du groupe Ă  Hambourg, avant de reprendre ses Ă©tudes d’art en . Il meurt prĂ©maturĂ©ment d’une hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale[320] avant que le groupe connaisse le succĂšs international[321]. John Lennon, trĂšs marquĂ© par cette disparition, y fait allusion dans plusieurs chansons, dont In My Life (1965).

Musiciens additionnels

Durant leur carriĂšre, les Beatles ont fait appel Ă  de nombreux musiciens de studio, qu’il s’agisse de musiciens classiques jouant des cuivres (par exemple pour Lady Madonna) et des instruments Ă  cordes (Yesterday ou Eleanor Rigby)[322], ou mĂȘme d’orchestres symphoniques pour des chansons comme A Day in the Life ou plusieurs titres d’Abbey Road[323]. Des musiciens classiques ont aussi offert des prestations solo, par exemple Alan Civil jouant le solo de cor d'harmonie sur For No One, David Mason, de la trompette piccolo sur Penny Lane ou Sheila Bromberg (en), de la harpe sur She's Leaving Home. Leur producteur et arrangeur George Martin joue frĂ©quemment du piano et des claviers sur leurs albums. Il arrive aussi que des proches se joignent occasionnellement au groupe, comme Nicky Hopkins (sur Revolution), Eric Clapton (sur While My Guitar Gently Weeps) ou Brian Jones des Rolling Stones (sur You Know My Name (Look Up the Number)) [324].

photographie en noir et blanc d’un homme assis à une table devant un micro.
Jimmie Nicol est le seul musicien à avoir joué sur scÚne avec les Beatles durant la Beatlemania.

Parmi les musiciens ayant collaborĂ© avec les Beatles, Jimmy Nicol est le seul Ă  ĂȘtre montĂ© sur scĂšne avec eux en pleine Beatlemania : au mois de , alors que Ringo Starr est hospitalisĂ© en urgence, atteint d’une infection aux amygdales, Nicol est chargĂ© de le remplacer Ă  la batterie pour une dizaine de concerts durant une tournĂ©e en Europe puis en OcĂ©anie[325].

Billy Preston (1946-2006) est quant Ă  lui le seul musicien Ă  avoir participĂ© Ă  plusieurs sĂ©ances en studio du groupe ; on l’entend sur certains titres de Let It Be et Abbey Road. Il est d’ailleurs exceptionnellement crĂ©ditĂ© comme musicien additionnel sur l’étiquette du 45 tours Get Back/Don't Let Me Down[326]. Il participe Ă©galement au concert sur le toit de l’immeuble Apple en [327].

Le « cinquiÚme Beatle »

Au cours du temps, un grand nombre de personnes ont pu prĂ©tendre au titre de « cinquiĂšme Beatle », Ă  commencer par les quatre musiciens qui ont jouĂ© avec eux en concert : le bassiste Stuart Sutcliffe, les batteurs Pete Best et Jimmie Nicol, et Billy Preston pour son travail aux claviers sur l’album Let It Be[327]. S’y ajoute Ă©galement l’artiste et bassiste Klaus Voormann, ami du groupe depuis leurs sĂ©jours Ă  Hambourg, qui a souvent jouĂ© avec eux durant leurs carriĂšres en solo et a contribuĂ© Ă  plusieurs travaux du groupe, notamment la conception de la pochette de l’album Revolver, qui remporta un Grammy Award[328].

Sont Ă©galement citĂ©s Neil Aspinall, road manager du groupe de ses dĂ©buts Ă  1963, devenu leur assistant personnel et enfin le prĂ©sident d’Apple Corps durant quarante ans, mais aussi Derek Taylor, leur attachĂ© de presse et confident. George Harrison a dĂ©clarĂ© que Taylor et Aspinall Ă©taient sans contestation les deux « cinquiĂšmes » Beatles[329]. Certains, plus Ă©loignĂ©s du groupe, se sont vus attribuer le titre pour d’autres raisons. Le journaliste Ed Rudy s’est ainsi surnommĂ© « le cinquiĂšme Beatle » pour avoir Ă©tĂ© le seul journaliste Ă  accompagner le groupe durant sa premiĂšre tournĂ©e amĂ©ricaine et en avoir tirĂ© de nombreuses interviews. Le disc-jockey Murray Kauffman (dit Murray the K), Ă©galement proche des « Fab Four » durant leur premiĂšre tournĂ©e et fervent dĂ©fenseur de leurs disques, assure en direct avoir Ă©tĂ© intronisĂ© « cinquiĂšme Beatle » par George Harrison lui-mĂȘme ; il s’est avĂ©rĂ© par la suite qu’il n'en Ă©tait rien. Enfin, le footballeur George Best, joueur britannique emblĂ©matique dans les annĂ©es 1960, acquiert un tel statut, Ă  l’époque, qu’il se fait humoristiquement surnommer ainsi[330].

Deux personnes sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme le « cinquiĂšme Beatle » pour leur rĂŽle dans la carriĂšre du groupe. Paul McCartney a dĂ©clarĂ© au sujet de Brian Epstein, manager des Beatles de 1962 Ă  sa mort en 1967, qui a façonnĂ© leur image et dĂ©crochĂ© leurs premiers contrats au Royaume-Uni, que « si quelqu’un a Ă©tĂ© le cinquiĂšme Beatle, c’était Brian »[331]. Enfin, George Martin est frĂ©quemment qualifiĂ© ainsi pour avoir engagĂ© les Beatles sur son label Parlophone, en 1962, et avoir Ă©tĂ© leur producteur du dĂ©but Ă  la fin de leur carriĂšre. Il a Ă©galement jouĂ© des claviers dans de nombreuses chansons, contribuĂ© Ă  leur Ă©veil musical et Ă  l’introduction de nouveaux instruments dans leur musique. Il a aussi Ă©crit la plupart des arrangements, parmi lesquels ses partitions pour Eleanor Rigby ou All You Need Is Love[332].

Discographie

Voici la liste des albums, maxis (de chansons inĂ©dites) et singles officiels publiĂ©s en Angleterre par les Beatles entre 1962 et 1970, complĂ©tĂ©e de quelques autres enregistrements notables. Dans le reste du monde, les albums pouvaient ĂȘtre Ă©ditĂ©s diffĂ©remment, surtout pendant les annĂ©es avant « Sgt. Pepper's ». D’autres albums et singles furent publiĂ©s aprĂšs leur sĂ©paration ; on retrouve plus bas une courte liste des plus notables de ces albums. À prĂ©sent, toutes les chansons qui n'Ă©taient pas parues sur leurs 33 tours originaux sont disponibles en CD sur les compilations Past Masters ou sur la version augmentĂ©e du disque Magical Mystery Tour.

Albums studio

Il s’agit des 33 tours Parlophone (puis Apple) publiĂ©s au Royaume-Uni (et aussi en Italie[333], en GrĂšce[334], aux Pays-Bas[335], dans les pays scandinaves[336] - [337] - [338] - [339], en Inde[340], etc.), et dans certains autres pays sous l’étiquette Odeon (en France[341], en Allemagne[342], en Espagne[343], en Argentine[344], etc.[alpha 29]), oĂč le standard Ă©tait de quatorze chansons par album. Jusqu’à Revolver, ils furent redĂ©coupĂ©s pour les États-Unis, oĂč le standard du label Capitol Records Ă©tait de onze ou douze chansons par album seulement, donnant naissance Ă  d’autres titres d’albums : Meet the Beatles!, Something New, Yesterday and Today, etc. D’autres labels, comme Musart Records au Mexique[345], publieront aussi des versions raccourcies.

EP avec chansons inédites

Au dĂ©but de leur carriĂšre, plusieurs EP sont commercialisĂ©s au Royaume-Uni, la plupart reprenant des chansons dĂ©jĂ  publiĂ©es, sauf pour Long Tall Sally, qui contient quatre titres inĂ©dits, et le double EP Magical Mystery Tour qui en possĂšde six. Cet ultime EP est publiĂ© en 1967 pour accompagner la sortie du tĂ©lĂ©film Ă©ponyme. Aux États-Unis, la maison de disques Capitol Records prĂ©fĂšre publier Magical Mystery Tour en format 33 tours, en y ajoutant cinq autres chansons parues en singles la mĂȘme annĂ©e. En 1976, cette version augmentĂ©e est finalement commercialisĂ©e en Angleterre et intĂšgre alors la discographie officielle du groupe[162].

Singles britanniques

Les singles sont prĂ©sentĂ©s suivant l’ordre « Face A / Face B ». Les singles accompagnĂ©s du symbole « 2ƒA » sont des singles « double face A ». L’astĂ©risque dĂ©note une chanson qui se retrouve aussi sur un album ou EP et le symbole ≈ dĂ©note une version diffĂ©rente d’une chanson parue sur un 33 tours.

Divers

Quelques autres chansons ou enregistrements seront publiés parallÚlement aux disques officiels britanniques.

Compilations notables et albums post-séparation

Filmographie

Films officiels

Documentaires notables

  • 1982 : The Compleat Beatles (en), produit par Patrick Montgomery (en) et avec Malcolm McDowell Ă  la narration, explore la carriĂšre des Fab Four Ă  travers de nombreuses interviews de proches et collaborateurs[346].
  • 1995 : The Beatles Anthology raconte l’histoire des Beatles par l’entremise d’entrevues avec des membres du groupe et des gens de leur entourage.
  • 2009 : How the Beatles Rocked the Kremlin, rĂ©alisĂ© par Leslie Woodhead (en), examine l’influence des Beatles sur la jeunesse et la sociĂ©tĂ© derriĂšre le rideau de fer[347].
  • 2013 : Good Ol’ Freda, rĂ©alisĂ© par Ryan White, ce documentaire raconte la carriĂšre des Beatles vĂ©cue par la responsable du fan club du groupe, Freda Kelly[348].
  • 2016 : The Beatles: Eight Days a Week est construit Ă  partir d’images des archives d’Apple et de sĂ©quences inĂ©dites rĂ©cupĂ©rĂ©es de fans du monde entier et rĂ©alisĂ© par Ron Howard. Ce film traite principalement des tournĂ©es du groupe Ă  partir des spectacles au Cavern Club de Liverpool en 1962 jusqu’à leur dernier concert au Candlestick Park de San Francisco en 1966[349].
  • 2017 : How the Beatles Changed the World, rĂ©alisĂ© par Tom O'Dell, ce documentaire analyse l’impact musical et culturel que les Beatles ont eu sur le monde, Ă  travers des interviews et des images d’archives du lĂ©gendaire groupe britannique[350].
  • 2021 : The Beatles: Get Back, une rĂ©alisation de Peter Jackson. Ce documentaire de style tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© de prĂšs de huit heures, en trois Ă©pisodes, est constituĂ© d'images, la plupart inĂ©dites, tournĂ©es en janvier 1969 lors de la rĂ©alisation du film Let It Be[351].

SĂ©ries d’animation

  • The Beatles est une sĂ©rie de dessins animĂ©s, diffusĂ©e aux États-Unis entre et , faisant intervenir les quatre Beatles dans leur prĂ©cĂ©dent style, c’est-Ă -dire sans moustaches ni lunettes. Les voix des personnages n'avaient plus rien en commun avec celles des Beatles, leur accent de Liverpool ayant Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme difficilement comprĂ©hensible par le public amĂ©ricain. Chaque Ă©pisode comportait une chanson des « vrais » Beatles[352].
  • Beat Bugs est une sĂ©rie animĂ©e par ordinateur en trois saisons, en onde Ă  partir de , qui met en scĂšne des insectes anthropomorphiques dans un jardin de banlieue, oĂč l’histoire est tirĂ©e d’une chanson du groupe qui est reprise pour les besoins de l’épisode par des chanteurs connus[218].

Vidéographie

  • Au cours de leur carriĂšre, des films promotionnels ont Ă©tĂ© tournĂ©s pour promouvoir certaines de leurs chansons. Ceux-ci ont Ă©tĂ© compilĂ©s dans la rĂ©Ă©dition de luxe du disque 1 publiĂ© le . Cette collection comprend aussi plusieurs clips crĂ©Ă©s Ă  la suite de la sĂ©paration du groupe[353].

Films biographiques

Films de fiction

  • 1978 : I Wanna Hold Your Hand, de Robert Zemeckis, raconte les mĂ©saventures d’adolescents qui tentent d’assister Ă  la prestation des Beatles au Ed Sullivan Show lors de leur premiĂšre tournĂ©e nord-amĂ©ricaine.
  • 2000 : Le tĂ©lĂ©film Two of Us (en), rĂ©alisĂ© par Michael Lindsay-Hogg et mettant en vedette Jared Harris dans le rĂŽle de John Lennon et Aidan Quinn sous les traits de Paul McCartney, se dĂ©roule le , au moment oĂč les deux ex-Beatles passent une journĂ©e ensemble Ă  New York.
  • 2007 : Across the Universe, de Julie Taymor, est une comĂ©die musicale rythmĂ©e par 33 titres des Beatles, qui conte une histoire d’amour des annĂ©es 1960 entre Jude (interprĂ©tĂ© par Jim Sturgess), jeune ouvrier de Liverpool venu aux États-Unis Ă  la recherche de son pĂšre, et Lucy (interprĂ©tĂ©e par Evan Rachel Wood), belle blonde dont le frĂšre est un Ă©tudiant rĂ©voltĂ© de Princeton.
  • 2019 : Yesterday est une comĂ©die, rĂ©alisĂ©e par Danny Boyle et Ă©crite par Richard Curtis, qui raconte l’histoire de Jack, un musicien inconnu, (Himesh Patel) victime d’un accident de la route subi au mĂȘme moment qu’une panne de courant affecte la planĂšte entiĂšre. SubsĂ©quemment, il devient le seul Ă  connaĂźtre les Beatles et leurs chansons ce qui lui permet de devenir une vedette de la musique[356].

Notes et références

Notes

  1. Bien que l’album Let It Be soit sorti en 1970, il a Ă©tĂ© principalement enregistrĂ© l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente.
  2. Cinq albums différents publiés entre 1995 et 2006 ont atteint le no 1 des palmarÚs britannique et américain.
  3. Utilisant quelquefois la graphie « Beetles ».
  4. Quatorze ans plus tard, les membres du groupe punk The Ramones emprunteront ce nom. Source : https://www.rollingstone.com/culture/culture-news/the-curse-of-the-ramones-165741/.
  5. Le 15 octobre 1960, Lu Walters, bassiste du groupe Rory Storm and The Hurricanes, invite Ringo Starr, le batteur de ce groupe, accompagné de Lennon, McCartney et Harrison, pour enregistrer la chanson Summertime chez Akustik, un studio amateur de Hambourg. Cet enregistrement 78 tours est aujourd'hui disparu.
  6. Ce contrat est mis aux enchĂšres chez Sotheby's en 2019 et adjugĂ© 275 000 ÂŁ. Source : The Guardian, https://www.theguardian.com/music/2019/jul/10/the-beatles-first-contract-with-manager-brian-epstein-sells-for-275k
  7. Le groupe devra retourner en studio à Hambourg afin de se défaire du contrat qui les lie à Bert Kaempfert. Source : Joe Goodden, https://www.beatlesbible.com/1962/05/24/recording-sweet-georgia-brown-swanee-river/
  8. Un album, qui comprend 12 Ă  14 chansons, rapporterait 6 ou 7 pence.
  9. Respectivement des valeurs approximatives de 16 000 ÂŁ et 8 000 ÂŁ en 2020.
  10. À partir du second single, George Martin retirera les droits des chansons à Ardmore and Beechwood pour les offrir à Dick James.
  11. Ce sont deux des cinq titres publiĂ©s par le groupe oĂč ce n'est pas lui qu’on entend « derriĂšre les fĂ»ts ». Paul McCartney, Ă©galement excellent batteur, remplace Starr sur Back in the U.S.S.R., Dear Prudence et The Ballad of John and Yoko. Certaines sources affirment aussi qu'il est le batteur sur Old Brown Shoe.
  12. La version avec Pete Best sera finalement incluse sur Anthology 1 en 1995, tandis que celle avec Ringo Starr, publiĂ©e aux États-Unis pour la premiĂšre fois en 1980 sur Rarities (bien que publiĂ©e en 45 tours au Canada en fĂ©vrier 1963), sera placĂ©e sur Past Masters Volume One, compilation diffusĂ©e mondialement en 1988. Les bandes master ayant Ă©tĂ© effacĂ©es par Martin pour s’assurer que la version qu’il juge la meilleure soit toujours employĂ©e pour les publications subsĂ©quentes, c’est un repiquage du 45 tours qui sera utilisĂ© pour ces compilations.
  13. Il n'est pas sĂ»r que celle-ci a Ă©tĂ© enregistrĂ©e, mais si oui, cet enregistrement est aujourd'hui disparu. Un bƓuf, enregistrĂ© en janvier 1969, avec un rythme lent est entendu dans le documentaire The Beatles: Get Back en 2021.
  14. C’est la raison pour laquelle cette chanson n'est pas incluse dans l’album 1 publiĂ© en 2000.
  15. Un rare enregistrement pirate d'une prestation presque complÚte effectuée le 4 avril au pensionnat Stowe School (en), une école pour garçons à Buckinghamshire, a été rendu public en 2023. Source BBC: https://www.bbc.com/news/entertainment-arts-65167799
  16. Un peintre en lettres de Liverpool et frĂšre de Brian O'Hara, guitariste des Fourmost.
  17. Source :https://www.beatlesbible.com/discography/france/
  18. Une autre membrane, avec le mot « Love » peint en jaune sur un fond rouge, est utilisée dans le film Magical Mystery Tour et aperçue dans les vidéos de Lady Madonna et Hey Bulldog.
  19. Capitol rééditera ce disque à sa façon en 1965 sous le titre The Early Beatles.
  20. Plus de 35 000 $US en 2020. Source https://www.in2013dollars.com/us/inflation/1964?amount=4200
  21. Le E.P. Yesterday fut d’ailleurs Ă©ditĂ© avec chaque membre du groupe chantant une des chansons.
  22. Le palmarĂšs hebdomadaire de la BBC ne jouait que l’un des deux titres, en alternance chaque semaine avec l’autre. Day Tripper y fut donc diffusĂ© trois fois et We Can Work It Out deux seulement. Il aurait Ă©tĂ© suicidaire pour tout autre groupe de disperser ainsi l’attention de son public sur deux chansons nouvelles en mĂȘme temps.
  23. « Trop de gens prĂȘchent des pratiques, ne les laissez pas vous dire qui vous voulez ĂȘtre. »
  24. Il dit, Ă  propos de son ex-ami : « The only thing you done was Yesterday » (« La seule chose que tu as faite, c’était Yesterday », jeu de mots entre « hier » et le titre de la chanson no 1 en 1965) et « Those freaks was right when they said you was dead » (« Ces maboules avaient raison de dire que tu Ă©tais mort »).
  25. C’est notamment le cas de Yesterday dont on compte plus de 3 000 versions.
  26. Voir The Beatles tribute albums pour une liste des albums hommages.
  27. Starr dans Le Pinceau qui tue, le 18e épisode de la saison 2, Harrison dans Le Quatuor d'Homer, le premier épisode de la saison 5, et finalement McCartney dans Lisa la végétarienne, le 5e de la saison 7. John Lennon est aperçu dans Simpson Horror Show XIX, le 4e épisode de la saison 20, mais sa voix est imitée par Hank Azaria (https://www.imdb.com/title/tt1291168/), un des acteurs principaux de la série.
  28. Le premier est jouĂ© par le musicien et acteur Les Brown, Jr. (en) et les trois autres, par les membres du groupe The Wellingtons (en), les mĂȘmes qui chantent la chanson-thĂšme de la sĂ©rie.
  29. Odeon publiera des versions différentes de ces disques au Japon.

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Voir aussi

Francophones

  • The Beatles (trad. Philippe Paringaux), The Beatles Anthology, Paris, Seuil, , 367 p., 26 cm × 35 cm, reliĂ© (ISBN 2-02-041880-0).
  • Tim Hill (trad. de l'anglais par Denis-Armand Canal), The Beatles : Quatre garçons dans le vent, Paris, Place des Victoires, , 448 p. (ISBN 978-2-84459-199-9).
  • Daniel Ichbiah, Et Dieu crĂ©a les Beatles, Paris, Les Cahiers de l’info, , 293 p. (ISBN 978-2-916628-50-9).
  • Barry Miles (trad. de l'anglais par Meek), Paul McCartney Many Years From Now : les Beatles, les sixties et moi, Paris, Flammarion, , 724 p. (ISBN 2-08-068725-5).
  • Steve Turner (trad. de l'anglais par Jacques Collin), L’intĂ©grale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Paris, Hors Collection, , 288 p. (ISBN 2-258-06585-2).
  • Sam Leach et Dick Matthews (photos) (trad. Jean-Marc Fouques), Les Beatles avant la gloire, Rouchon, , 197 p., 22 cm × 30 cm (ISBN 978-2-35601-004-9).
  • Gilles Verlant et Jean-Eric Perrin, La scandaleuse histoire du rock, Éditions GrĂŒnd, , 496 p. (ISBN 978-2-324-00262-5).
  • Roy Carr et Tony Tyler (trad. Laurette Soum et Jean-Michel Denis), The Beatles, Delville, 1976 et 1984, 128 p., 30 cm × 30 cm (ISBN 978-2-85922-031-0).
  • Arnaud Hudelot, The Beatles Are Back!, Le Mot et le Reste, , 276 p., 14,8 cm × 21 cm (ISBN 9782384311163)

Anglophones

  • (en) Bill Harry, The Paul McCartney Encyclopedia, Londres, Virgin, , 935 p. (ISBN 978-0-7535-0716-2).
  • (en) Bill Harry, The Beatles Encyclopedia : Revised and Updated, Londres, Virgin, , 1198 p. (ISBN 978-0-7535-0481-9).
  • (en) Dezo Hoffmann, dirigĂ© par Roxane Streeter, The Beatles Conquer America : The Photographic Record of Their First American Tour, Virgin books, .
  • (en) Jonathan Gould, Can't Buy Me Love : The Beatles, Britain and America, New York, Three Rivers Press, , 661 p. (ISBN 978-0-307-35338-2).
  • (en) Mark Lewisohn, The Beatles Recording Sessions, New York, Harmony Books, , 204 p. (ISBN 0-517-57066-1).
  • (en) Mark Lewisohn, The Complete Beatles Chronicle : The Definitive Day-By-Day Guide To the Beatles' Entire Career, Chicago, Chicago Review Press, , 365 p. (ISBN 978-1-56976-534-0).
  • (en) Mark Lewisohn, The Beatles : All These Years, Volume 1 – Tune In, New York, Harmony Books, , 944 p. (ISBN 978-1-4000-8305-3).
  • (en) George Martin et Jeremy Hornsby, All You Need Is Ears, St Martin's Press, 1979 (rĂ©Ă©dition en 1995).
  • (en) Bob Spitz, The Beatles : The Biography, Little Brown, , 983 p. (ISBN 978-0-316-80352-6).
  • (en) Geoff Emerick & Howard Massey, Here, There and Everywhere, My Life Recording The Music of The Beatles, Gotham (rĂ©Ă©dition poche), 2007.
  • (en) George Martin et William Pearson, Summer of Love : The Making of Sgt Pepper, Macmillan, .
  • (en) David Sheff, All We Are Saying : The Last Major Interview with John Lennon and Yoko Ono, New York, St. Martin's Press, (ISBN 0-312-25464-4).

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