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The Beatles (album)

The Beatles, habituellement surnommé Album blanc (White Album), ou quelquefois Double blanc, à cause de sa pochette extérieure entiÚrement blanche, est un double album des Beatles sorti le contenant trente chansons originales. C'est le neuviÚme album du groupe mais le premier sous leur propre label, Apple Records. Les premiÚres éditions sont numérotées individuellement.

L'album est un nouveau tournant musical dans la carriÚre des Beatles. Exploré en long et en large depuis Revolver jusqu'à Magical Mystery Tour, le psychédélisme laisse place à un retour vers le rock 'n' roll, des arrangements plus simples et des textes moins philosophiques. Les guitares acoustiques sont ainsi souvent préférées aux sonorités complexes de Sgt. Pepper, puisque c'est sur cet instrument qu'ont été écrites la plupart des chansons, durant le séjour du groupe dans le nord de l'Inde, à Rishikesh dans l'ashram du Maharishi Mahesh Yogi.

Paul McCartney s'affiche en brillant touche-Ă -tout, abordant une large palette de genres musicaux, George Harrison affirme ses talents d'auteur-compositeur, Ringo Starr enregistre une premiĂšre composition, alors que John Lennon va de plus en plus loin dans l'introspection, faisant parfois dans la dĂ©rision et se montre aussi iconoclaste ou mordant, et surtout, chante son amour pour sa nouvelle Ăąme sƓur, Yoko Ono. La prĂ©sence de cette derniĂšre dans les studios d'enregistrement est d'ailleurs un facteur de tensions.

MalgrĂ© de nombreuses difficultĂ©s dues Ă  une mĂ©sentente croissante au sein du groupe durant sa rĂ©alisation, la formule de cet album double fonctionne, puisque le succĂšs du disque est colossal. Ce sera la troisiĂšme meilleure vente d'album du groupe, aprĂšs Sgt. Pepper et Abbey Road, et le plus vendu sur le territoire amĂ©ricain, avec plus de 20 millions d'exemplaires Ă©coulĂ©s. Il reste ainsi en tĂȘte des hit-parades pendant huit semaines au Royaume-Uni et neuf aux États-Unis.

Composition

Les chambres de méditation abandonnées de l'āshram de Maharishi Mahesh Yogi.

Dans leur quasi-totalitĂ©, les chansons qui figurent sur The Beatles sont conçues durant le sĂ©jour du groupe Ă  Rishikesh, dans l’ashram du Maharishi Mahesh Yogi, Ă  la fin de l’hiver et au printemps 1968. LĂ , dans le nord de l'Inde, ils reçoivent quotidiennement son enseignement sur la MĂ©ditation transcendantale, dans ce qui est censĂ© ĂȘtre une vĂ©ritable retraite, ponctuĂ©e de longues pĂ©riodes de mĂ©ditation, perçue par les membres du groupe comme un rĂ©pit spirituel loin de la folie qui, depuis 1963, les entoure dans le monde entier. Une chance, dira John Lennon, « de s’éloigner de tout »[2]. Mais rapidement, John et Paul reprennent leurs habitudes de compositeurs, se retrouvant « clandestinement, les aprĂšs-midi, dans nos chambres »[2] pour travailler sur de nouvelles chansons.

« IndĂ©pendamment de ce que j’étais censĂ© faire ici, j’y ai Ă©crit quelques-unes de mes meilleures chansons. »

— John Lennon[2]

Les Beatles quittent Rishikesh avant la fin du programme d’enseignement qu’ils devaient suivre. Ringo Starr et Paul McCartney sont les premiers Ă  s’en aller. John Lennon et George Harrison dĂ©sertent les lieux ensemble, un peu plus tard. John Lennon a racontĂ© les circonstances de son dĂ©part : c’est en apprenant que le Maharishi aurait fait des avances sexuelles Ă  l’actrice amĂ©ricaine Mia Farrow (prĂ©sente avec sa sƓur Prudence lors de ce sĂ©jour) qu’il se met en colĂšre, considĂšre dĂšs lors que le « maĂźtre » est un imposteur et compose la chanson accusatrice Sexy Sadie. Prudence Farrow a aussi droit Ă  sa chanson signĂ©e Lennon avec Dear Prudence. Il joue d'ailleurs ce titre en picking, selon une technique que lui a enseignĂ©e Donovan, une des autres personnalitĂ©s prĂ©sentes lors de ce sĂ©jour en Inde.

Kinfauns, le domaine de George Harrison.

Pas loin de quarante nouvelles chansons sont ainsi crĂ©Ă©es Ă  Rishikesh. De retour en Angleterre, fin mai 1968, les Beatles se retrouvent Ă  Kinfauns, la propriĂ©tĂ© de George Harrison Ă  Esher dans le Surrey[3] et enregistrent vingt-sept dĂ©mos desquelles dix-neuf se retrouveront parmi les trente de leur prochain album; c’est le dĂ©part de la rĂ©alisation de l’« Album blanc ». Des chansons non-utilisĂ©es, certaines se retrouveront sur Abbey Road, d'autres sur les disques solos des membres du groupe. C'est le cas de Junk, publiĂ©e sur l'album McCartney en 1970, ou de Child of Nature de John Lennon, retravaillĂ©e pour devenir Jealous Guy sur l'album Imagine en 1971. La chanson Sour Milk Sea (en) de George Harrison, sera enregistrĂ©e par Jackie Lomax et sortie en single. Circles (en) sera retravaillĂ©e en 1982 par Harrison pour paraĂźtre sur Gone Troppo, tandis que Not Guilty, une troisiĂšme chanson du guitariste, enregistrĂ©e parmi les dĂ©mos puis en studio par le groupe, sortira finalement en 1979 en version diffĂ©rente sur son album homonyme. En 1996, la prise 102 sera incluse sur Anthology 3[4] et la composition de Lennon What's the New Mary Jane, elle aussi travaillĂ©e en studio mais mise de cĂŽtĂ©, paraĂźtra sur cet album compilation. Six de ces dĂ©mos se retrouveront sur ce disque et toutes seront incluses dans un disque bonus lors de la remastĂ©risation du cinquantiĂšme anniversaire de l'album double en 2018[5].

John Lennon donne ce qui, pour lui, constituera la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale des sĂ©ances de l’Album blanc :

« Cela ne m'intĂ©ressait pas de faire une suite de Sgt Pepper's. Je ne sais pas si c'Ă©tait aussi le cas des autres, mais je savais oĂč je voulais aller. Oublier Pepper, trĂšs bon disque, OK, mais terminĂ© ! Et revenir Ă  de la musique basique[6]. »

Enregistrement

Le disque est enregistrĂ© entre le et le , majoritairement aux studios EMI d’Abbey Road, avec quelques passages aux studios Trident de Londres. Bien que trĂšs productives, compte tenu du grand nombre de compositions ramenĂ©es du sĂ©jour en Inde, les sĂ©ances d’enregistrement de ce disque sont aussi connues pour avoir Ă©tĂ© tendues, indisciplinĂ©es, fastidieuses, et mĂȘme amĂšres. La mĂ©sentente au sein du groupe, orphelin depuis un an de son mentor, guide et manager Brian Epstein, et perturbĂ© par la prĂ©sence constante de Yoko Ono dans le studio aux cĂŽtĂ©s de John Lennon, naĂźt vĂ©ritablement durant ces quatre mois de l’annĂ©e 1968 et ne disparaĂźtra plus. C’est aussi dans le mĂȘme temps que les Beatles lancent leur compagnie « multimĂ©dia », Apple, qui sera elle aussi, une source de tensions pour le groupe.

HabituĂ©s Ă  enregistrer seuls en compagnie de l’équipe technique de George Martin et seulement entourĂ©s de leurs assistants Neil Aspinall et Mal Evans, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr doivent dĂ©sormais s’accommoder de la prĂ©sence de Yoko Ono avec John et ils le vivent mal. Compte tenu aussi du dĂ©part temporaire de Ringo Starr, le groupe ne retrouve sa cohĂ©sion qu’épisodiquement au milieu d’une pĂ©riode de rĂ©alisation dĂ©cousue qui se dĂ©roule dans une ambiance qui n'est pas toujours la meilleure. DĂšs le dĂ©but des sĂ©ances, quand John Lennon demande de refaire Revolution des dizaines de fois, Paul McCartney en fait de mĂȘme avec Ob-La-Di, Ob-La-Da, jusqu'Ă  l'Ă©cƓurement[7]. L'ingĂ©nieur du son habituel depuis Revolver, Geoff Emerick, claque la porte en plein milieu des sĂ©ances. Il faudra continuer sans lui[7]. MĂȘme George Martin profite opportunĂ©ment d'un mois de vacances planifiĂ© de longue date, laissant temporairement son rĂŽle Ă  son jeune assistant, Chris Thomas, Ă  moins que ce ne soit aux Beatles eux-mĂȘmes[8].

L’album sera double, et chacun de ses membres compositeurs y place et y chante donc tout ce qu’il veut. Mais souvent sans plus guĂšre s’occuper des autres. Ainsi, il n'est pas rare que chacun occupe simultanĂ©ment un des trois studios du complexe EMI[7] et n'utilise ensuite les autres que comme simples accompagnateurs. Il y a cependant quelques exceptions notables, comme lors des enregistrements des titres While My Guitar Gently Weeps, Birthday, Yer Blues, Helter Skelter, oĂč le groupe retrouve toute sa cohĂ©sion et se dĂ©chaĂźne... À l’écart de toutes ces tensions, Ringo Starr joue de son mieux, lui qui seul de tous ne semble guĂšre dĂ©sireux de tirer la couverture Ă  lui. LassĂ© par ces tensions, il dĂ©serte Abbey Road Ă  son tour et part en vacances en Sardaigne en plein cƓur des sĂ©ances. Les Beatles continuent Ă  enregistrer et Paul McCartney tient la batterie sur les titres Back in the U.S.S.R. et Dear Prudence.

« Je suis parti parce que j'Ă©prouvais deux sentiments. Celui de ne pas trĂšs bien jouer, celui que les trois autres Ă©taient vraiment heureux et que j'Ă©tais un Ă©tranger. Je suis allĂ© voir John. [
] Je lui ai dit : « Je quitte le groupe parce que je ne joue pas bien. Parce que j'ai l'impression de ne pas ĂȘtre aimĂ©, d'ĂȘtre exclu. Alors que vous ĂȘtes tellement proches tous les trois ». John m'a rĂ©pondu : « Je croyais que c'Ă©tait vous trois qui Ă©tiez trĂšs liĂ©s ! » Je suis ensuite allĂ© voir Paul et je lui ai dit la mĂȘme chose. Paul m'a rĂ©pondu « Je croyais que c'Ă©tait vous trois ! » Je n'ai pas pris la peine d'aller voir George, j'ai dit : « Je pars en vacances ». J'ai pris les gosses et je suis parti pour la Sardaigne[2]. »

— Ringo Starr

Ringo finit par revenir pour dĂ©couvrir sa batterie couverte de fleurs dans le studio 2 d'Abbey Road. Il sera d'ailleurs le seul Ă  rester en bons termes avec les trois autres lors de la sĂ©paration, et il les fera tous participer — sĂ©parĂ©ment — Ă  son album Ringo en 1973. MalgrĂ© cette accumulation de problĂšmes, cette mĂ©sentente croissante, la qualitĂ© des compositions de John Lennon, Paul McCartney et George Harrison (Ringo Starr y va aussi de son tout premier titre Don't Pass Me By), l’extraordinaire pĂ©riode crĂ©ative qu’ils ont vĂ©cue entre fĂ©vrier et Ă  Rishikesh, permet aux Beatles de se maintenir Ă  un niveau de qualitĂ© particuliĂšrement Ă©levĂ©, pour publier un disque qui aura toute sa place dans leur lĂ©gende... et dans l'histoire du rock.

C'est d'ailleurs pendant ces sĂ©ances compliquĂ©es que les Beatles enregistrent — entre le 29 et le dans les studios Trident, qui disposent d'un 8-pistes — un de leurs plus gros tubes, no 1 des deux cĂŽtĂ©s de l'Atlantique et un peu partout dans le monde malgrĂ© une longueur exceptionnelle : 7 minutes. Il s'agit bien sĂ»r de Hey Jude que Paul McCartney Ă©crit pour rĂ©conforter Julian Lennon, 5 ans, au moment oĂč son pĂšre John et sa mĂšre Cynthia se sĂ©parent... Hey Jude est publiĂ© en single le avec en face B une version du Revolution de John Lennon diffĂ©rente de celle qui figurera sur l’Album blanc.

Analyse musicale

Cet album regroupe trente titres dont quatre compositions de George Harrison, parmi lesquelles le célÚbre While My Guitar Gently Weeps avec un solo d'Eric Clapton. L'album se compose de recherches éparses, un mélange de titres que chacun arrange dans son coin aux studios d'Abbey Road.

Une production avec des orchestres, des guitares acoustiques pour la moitiĂ© des chansons et des mixages Ă©laborĂ©s, mais plus guĂšre d’unitĂ© hormis quelques brĂšves rĂ©fĂ©rences mutuelles des chansons entre elles. MĂȘme l’humour (Back in the U.S.S.R. en rĂ©fĂ©rence au Back in the USA de Chuck Berry, et plaçant l’expression « Georgia... is on my mind ») ne semble plus percuter. Cet album est presque aux antipodes du prĂ©cĂ©dent. InspirĂ© des travaux d’Edgar VarĂšse, le montage expĂ©rimental Revolution 9 de John et Yoko, dĂ©concerte le public. George Martin trouvait que cette piĂšce n'Ă©tait pas du « Beatles » et McCartney, hors du pays lors de cet enregistrement, a vainement tentĂ© de la retirer de l'album[9].

Paul McCartney se comporte en formidable touche Ă  tout musical : ballades acoustiques (Blackbird, Mother Nature's Son, I Will), pur rock 'n' roll (Back in the U.S.S.R., Birthday), hard rock avant l'heure (Helter Skelter), ragtime (Martha My Dear), ska (Ob-La-Di, Ob-La-Da), country (Rocky Raccoon), jazz façon music-hall (Honey Pie), etc. John Lennon, pour sa part, profite de l’inspiration qui l’a saisi Ă  Rishikesh et de sa nouvelle muse, Yoko Ono, pour se montrer tout aussi brillant que son partenaire, mais d’une autre façon. En se mettant Ă  nu (I'm So Tired, Julia, Happiness Is a Warm Gun, Yer Blues) en s'affichant mordant (Sexy Sadie), observateur (Dear Prudence), iconoclaste (Glass Onion), engagĂ© (Revolution), expĂ©rimental (Revolution 9), en faisant dans la dĂ©rision, comme dans The Continuing Story of Bungalow Bill ou Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey. Il compose mĂȘme la berceuse qui clĂŽture le disque, Good Night, qu’il offre Ă  Ringo Starr. George Harrison, aussi inspirĂ© que ses partenaires, signe l’excellent Savoy Truffle, un titre entiĂšrement dĂ©diĂ© au chocolat, le contestataire Piggies, ou le poignant Long, Long, Long. Il est aussi l'auteur d'une de ses plus belles chansons avec les Beatles, While My Guitar Gently Weeps, pour laquelle il invite son copain Eric Clapton Ă  jouer le solo de guitare. Sa prĂ©sence arrive Ă  point car il oblige le groupe Ă  montrer toute sa cohĂ©sion et Ă  mettre temporairement de cĂŽtĂ© l'ensemble des problĂšmes relationnels qui l’affecte. C'est aussi durant ces sĂ©ances de l'Ă©tĂ©-automne 1968 qu'il compose son plus grand tube, Something, que l'on retrouvera un an plus tard sur l'album Abbey Road. Ringo Starr y va lui aussi de sa crĂ©ation, la toute premiĂšre avec les Beatles : Don't Pass Me By qui date dĂ©jĂ  de quelques annĂ©es. Toute la richesse de l’Album blanc est lĂ , non pas dans la qualitĂ© d’une Ă©criture commune, mais dans celle de quatre auteurs au sommet de leur art.

Pochette

Numéro de série sur la pochette.

La pochette ouvrante est entiÚrement blanche, sobriété marquant un contraste frappant avec leur album précédent. Tout aussi simple est le titre : The Beatles embossé sur la pochette. Celle-ci contient une affiche, les textes des chansons et les portraits des quatre Beatles. Paul McCartney et Richard Hamilton ont imaginé la pochette de l'album. Ils pensaient au départ faire un collage avec des photos des Beatles, d'enfance et d'autres ayant plus ou moins rapport entre elles sur un fond blanc. Ce premier projet fut finalement inclus dans la pochette intérieure sous forme de poster. Y furent aussi incluses des photos des quatre membres du groupe, chacune prise séparément.

Chaque pochette de la sĂ©rie initiale se verra tamponnĂ©e d'un numĂ©ro diffĂ©rent, prouesse technique de production qui ne sera pas renouvelĂ©e pour les sorties ultĂ©rieures de l'album en version CD (sauf pour la version du trentiĂšme anniversaire de sa sortie et la version Super Deluxe de l'Ă©dition du cinquantiĂšme). Les numĂ©ros 001, 002, 003 et 004 ont Ă©tĂ© remis aux quatre membres des Beatles eux-mĂȘmes. Le , un collectionneur de vinyles autrichien a achetĂ© l'exemplaire numĂ©rotĂ© 005 de l’Album blanc sur eBay pour 24 550 euros et en 2015, Ringo Starr vendra la copie 001 pour la somme de 790 000 dollars lors d'un encan[10].

RĂ©ception

À sa sortie, l'album connaĂźt un Ă©norme succĂšs commercial, passant un total de huit semaines Ă  la premiĂšre place des charts britanniques (Ă  compter du ) et neuf aux États-Unis, Ă  partir du . Le nombre total des ventes aux États-Unis est estimĂ© Ă  plus de 24 millions d'exemplaires, ce qui le consacre 24 fois disque de platine. Il devient de ce fait le quatriĂšme album le plus vendu sur le territoire amĂ©ricain, selon la Recording Industry Association of America[11].

Parmi le courrier des lecteurs du New Musical Express en 1968, une lettre de Peter Lawrence dit : « Le nouvel album des Beatles est la meilleure chose Ă  sortir d'un studio d'enregistrement ces derniĂšres annĂ©es »[12]. Dans le Melody Maker, Munro Teale Ă©crit : « Aujourd'hui, je revends mes huit albums des Beatles. Adieu, les visages souriants qui chantaient de bonnes chansons avec des accompagnements mĂ©lodiques. Nous devons dĂ©sormais Ă©couter ces incroyables bĂȘtises pleines de gimmicks »[12].

« Est-ce la fin des Beatles ? » s’interroge en France le magazine Rock & Folk au moment de la sortie du disque.

En 1997, The Beatles a Ă©tĂ© classĂ© au 10e rang des plus grands albums de tous les temps par un sondage menĂ© en Grande-Bretagne par HMV, Channel 4, The Guardian et Classic FM. Les lecteurs de Q magazine l’ont placĂ© au 7e rang de la liste des 100 meilleurs albums britanniques. En 2001, le rĂ©seau tĂ©lĂ©visĂ© VH1 l’a classĂ© Ă  la 11e place. En 2006, l’Album blanc figurait dans la liste des 100 meilleurs disques de tous les temps du Time, et dans ses fameuses Ă©ditions de 2003 et 2012 consacrĂ©es aux 500 plus grands albums de tous les temps, le magazine Rolling Stone l’a installĂ© Ă  la 10e place[13]. Le site Internet amĂ©ricain Pitchfork lui dĂ©cerna la note maximale de 10/10[14], tout comme Ă  cinq autres albums studio du groupe (Abbey Road, Magical Mystery Tour, Revolver, Rubber Soul et Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band). Il est Ă©galement citĂ© dans l'ouvrage de rĂ©fĂ©rence de Robert Dimery Les 1001 albums qu'il faut avoir Ă©coutĂ©s dans sa vie et dans un trĂšs grand nombre d'autres listes similaires[15]. En 2000 il reçoit le Grammy Hall of Fame Award[16].

Charles Manson

Charles Manson a entendu dans l’Album blanc, en particulier sur Helter Skelter et sur Piggies, un appel au meurtre oĂč dans un futur proche, les Noirs prendraient l'ascendant sur les Blancs (les Beatles Ă©tant les quatre cavaliers de l'apocalypse). Charles Manson fait donc commettre des meurtres pour en faire accuser la population noire. En , Ă  Los Angeles, ses fidĂšles assassinent ainsi, sous ses ordres, la femme de Roman Polanski, l'actrice Sharon Tate (ainsi que l'enfant qu'elle portait) et quatre autres personnes, et auraient chantĂ© en chƓur le Piggies de George Harrison, dans la voiture aprĂšs avoir commis leur crime. Le mot « pig » (« flic ») est Ă©crit avec le sang des victimes sur la porte d'entrĂ©e. Le lendemain, ils tuent deux autres personnes et Ă©crivent avec le sang des victimes « Death to pigs » (« mort aux flics ») et « Rise » (« lĂšve-toi ») sur un mur, et « Healter Skelter » (« Helter Skelter » mal orthographiĂ©) sur un rĂ©frigĂ©rateur.

« Je ne vois pas ce que Helter Skelter a à voir avec l'idée de poignarder quelqu'un. Je ne l'ai jamais vraiment écoutée, c'était juste du bruit. »

— John Lennon, 1970, dans Rolling Stone[17].

Liste des chansons

Disque 1

Toutes les chansons sont écrites et composées par John Lennon et Paul McCartney, sauf mention contraire.

Face 1
No TitreAuteurChant principal Durée
1. Back in the U.S.S.R.Paul McCartney 2:45
2. Dear PrudenceJohn Lennon 3:57
3. Glass OnionJohn Lennon 2:19
4. Ob-La-Di, Ob-La-DaPaul McCartney 3:10
5. Wild Honey PiePaul McCartney 0:54
6. The Continuing Story of Bungalow BillJohn Lennon 3:16
7. While My Guitar Gently WeepsGeorge HarrisonGeorge Harrison 4:46
8. Happiness Is a Warm GunJohn Lennon 2:46
Face 2
No TitreAuteurChant principal Durée
9. Martha My DearPaul McCartney 2:30
10. I'm So TiredJohn Lennon 2:05
11. BlackbirdPaul McCartney 2:20
12. PiggiesGeorge HarrisonGeorge Harrison 2:06
13. Rocky RaccoonPaul McCartney 3:35
14. Don't Pass Me ByRichard StarkeyRingo Starr 3:52
15. Why Don't We Do It in the Road?Paul McCartney 1:43
16. I WillPaul McCartney 1:47
17. JuliaJohn Lennon 3:00

Disque 2

Face 3
No TitreAuteurChant principal Durée
1. BirthdayPaul McCartney 2:45
2. Yer BluesJohn Lennon 4:02
3. Mother Nature's SonPaul McCartney 2:50
4. Everybody's Got Something to Hide Except Me and My MonkeyJohn Lennon 2:38
5. Sexy SadieJohn Lennon 3:17
6. Helter SkelterPaul McCartney 4:31
7. Long, Long, LongGeorge HarrisonGeorge Harrison 3:08
Face 4
No TitreAuteurChant principal Durée
8. Revolution 1John Lennon 4:17
9. Honey PiePaul McCartney 2:43
10. Savoy TruffleGeorge HarrisonGeorge Harrison 2:56
11. Cry Baby Cry[n 1]John Lennon 3:04
12. Revolution 9réalisation de John Lennon et Yoko OnoMontage sonore 8:24
13. Good NightRingo Starr 3:17

Personnel

The Beatles

Musiciens invités

  • George Martin – celesta sur Good Night, piano bastringue sur Rocky Raccoon.
  • Eric Clapton - guitare solo While My Guitar Gently Weeps.
  • Mal Evans - harmonies vocales et claquements de mains sur Dear Prudence, claquements de mains sur Birthday, trompette sur Helter Skelter.
  • Jackie Lomax - chƓurs et claquements de mains sur Dear Prudence.
  • Jack Fallon - fiddle sur Don't Pass Me By.
  • Yoko Ono - chant, chƓurs et claquements de mains sur Bungalow Bill, chƓurs sur Birthday, effets sonores divers sur Revolution 9.
  • Maureen Starkey - chƓurs et claquements de mains sur Bungalow Bill.
  • Pattie Harrison - chƓurs sur Birthday.

Musiciens de séances

Glass Onion
  • Henry Datyner, Eric Bowie, Norman Lederman et Ronald Thomas - violons.
  • John Underwood et Keith Cummings - violon alto.
  • Eldon Fox et Reginald Kirby - violoncelle.
The Continuing Story of Bungalow Bill
Martha My Dear
  • Ted Barker - trombone.
  • Leon Calvert - trompette et bugle.
  • Stanley Reynolds et Ronnie Hughes - trompette.
  • Tony Tunstall - cor français.
  • Alf Reece - tuba.
  • Bernard Miller, Dennis McConnell, Lou Soufier et Les Maddox - violons.
  • Leo Birnbaum et Henry Myerscough - violon alto.
  • Frederick Alexander et Reginald Kirby - violoncelle.
Honey Pie
  • Harry Klein, Dennis Walton, Ronald Chamberlain, Jim Chest et Rex Morris - saxophone.
  • Raymond Newman et David Smith - clarinette.
Savoy Truffle
Good Night

RĂ©Ă©ditions

Dans la foulĂ©e de la rĂ©Ă©dition de tous les disques des Beatles en 1987, ce disque a Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ© en CD la premiĂšre fois le simultanĂ©ment Ă  Yellow Submarine. L’« Album blanc » atteint la 18e position du palmarĂšs. Ces disques Ă©taient prĂ©sentĂ©s dans un emballage de style « jewel case »[18]. Une autre Ă©dition a Ă©tĂ© commercialisĂ©e Ă  l’occasion du 30e anniversaire de sa sortie en 1998. L'album double Ă©tait cette fois placĂ© dans un emballage de carton similaire Ă  la version d’origine, numĂ©rotĂ©s et recouvert d’une jaquette en plastique transparent[19]. La remastĂ©risation du 9 septembre 2009 Ă©limine les boĂźtiers en plastique pour des pochettes cartonnĂ©es. Contrairement aux autres albums qui s'ouvrent en trois parties, celui-ci possĂšde quatre sections et insĂ©rĂ© dans une jaquette. La pochette de droite contient le livret qui possĂšde les paroles et deux textes, un sur l'historique du disque (par Kevin Howlett et Mike Heatley) et l'autre sur l'enregistrement de l'album (par Allan Rouse et Howlett). Dans la pochette de gauche on retrouve le poster, en petit format mais Ă  l'identique, et les deux disques sont insĂ©rĂ©s dans les parties centrales. Les photos individuelles sont imprimĂ©es Ă  l’intĂ©rieur de la pochette et, sur les disques, l'Ă©tiquette du label « Apple », la pomme verte sur le premier disque et la pomme coupĂ©e sur le second[20].

50e anniversaire

Le , des éditions du 50e anniversaire de la sortie de cet album double sont publiées[5]. Cette réédition atteindra la 2e place des charts anglais[21] - [22] et la 5e place du palmarÚs Billboard pendant la semaine du [23].

Album originel remixé

L'album originel est remixĂ© par le producteur Giles Martin (le fils de George Martin) et l'ingĂ©nieur du son Sam Okell aux studios Abbey Road, les mĂȘmes qui ont remastĂ©risĂ© et modernisĂ© le son de la rĂ©Ă©dition de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Contrairement Ă  la remastĂ©risation de Sgt Pepper, Martin utilise comme guide la version stĂ©rĂ©o et non la version mono et elle est mise en marchĂ© en vinyle 180 grammes. Il inclut le poster et les quatre portraits individuels des musiciens[5].

Version Deluxe

Cette Ă©dition inclut l'album originel remixĂ©, cette fois en CD, en plus d'un livret de 24 pages. En supplĂ©ment, on y trouve un troisiĂšme disque avec les enregistrements dĂ©mos effectuĂ©s Ă  la fin par le groupe dans le manoir Kinfauns[3] de George Harrison Ă  Esher, au retour de leur escapade en Inde. L'utilisation d'un enregistreur Ampex quatre-pistes a permis de faire des overdubs sur ces maquettes. Les chansons, mixĂ©es en stĂ©rĂ©o, sont placĂ©es dans le mĂȘme ordre que sur l'album originel suivies des huit chansons qui ne seront pas incluses dans celui-ci. Giles Martin dĂ©crit ce disque comme Ă©tant essentiellement les « Beatles unplugged »[24].

Il inclut aussi le poster en format rĂ©duit, mais sans les quatre portraits individuels des musiciens qui sont tout de mĂȘme imprimĂ©s sur la pochette. Cette collection est aussi disponible dans une version vinyle en quatre disques avec tous les supplĂ©ments imprimĂ©s pleine grandeur[5].

Version Super Deluxe

Cette version en six CD et un disque Blu-ray comprend encore l'album double originel remixĂ© et le disque des maquettes enregistrĂ©es Ă  Esher. De plus, une cinquantaine de versions primitives ou inachevĂ©es de chansons du disque ou enregistrĂ©es Ă  la mĂȘme Ă©poque sont compilĂ©es sur trois CD en ordre chronologique du dĂ©but de leur enregistrement. Des quatre disques de supplĂ©ments, quelques-unes de ces chansons seront finalisĂ©es pour une sortie en 45 tours (par exemple Lady Madonna), sur d’autres albums des Beatles (Let It Be sur l’album homonyme) ou en solo (Junk sur le premier album de McCartney). La chanson Sour Milk Sea de Harrison sera enregistrĂ©e par Jackie Lomax et quelques improvisations sont entendues ici pour la premiĂšre fois (Blue Moon). Finalement, le disque Blu-ray possĂšde des mixages audio son « DTS HD Master Audio 5.1 », « Dolby TrueHD 5.1 » et « LPCM StĂ©rĂ©o » et une version haute rĂ©solution audio (en) (96KHz/24bits). De plus, une version remixĂ©e de l’album en mono est incluse sur ce disque vidĂ©o[5]. La collection tient dans un livre Ă  couverture rigide de 164 pages qui comprend aussi le poster et les quatre portraits[5]. Les exemplaires sont numĂ©rotĂ©s.

Clips

Un clip vidéo promotionnel de la chanson Glass Onion est mis en ligne sur Apple Music le [25]. Le poster offert avec l'album originel sert de toile de fond à ce montage de photos, d'animation et de séquences d'autres films promotionnels. Il est produit par Richard Barnett et Layla Atkinson de la boßte Trunk Animation, la réalisation est l'oeuvre du duo Alasdair+Jock[26], Alasdair Brotherston et Jock Mooney[27].

Un second clip est publié la semaine suivante, le , cette fois de la chanson Back in the U.S.S.R.[28]. Il utilise des images d'époque en noir et blanc, souvent teintée de vert, sur lesquelles on peut y lire les paroles.

Reprises, adaptations, hommages

En 2004, le DJ/producteur Danger Mouse reprend des chansons de l’Album blanc dans The Grey Album, un album de remixes mashup mĂȘlant des samples des Beatles avec des versions a cappella du Black Album du rappeur Jay-Z.

En 2018 et 2019, le quintette nĂ©erlandais The Analogues, renforcĂ© par plusieurs musiciens additionnels, a assurĂ© la reprise intĂ©grale et dans l'ordre des titres du double album, y compris, grĂące Ă  un astucieux subterfuge scĂ©nique, le montage Revolution 9. Ce groupe, qui se consacre Ă  l’interprĂ©tation en public des Ɠuvres jamais jouĂ©es par les Beatles sur scĂšne, a prĂ©sentĂ© ce spectacle lors d’une tournĂ©e comprenant les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni[29].

En 2023, dans la chanson Le film de ma vie, Louis Bertignac se souvient : « LycĂ©e Carnot, la semaine / Et l’album blanc dans mes oreilles tout le week-end »[30].

Voir aussi

Notes et références

Références

  1. Stephen Thomas Erlewine, « The Beatles (White Album): Overview », Allmusic (consulté le )
  2. The Beatles Anthology, 2000, Seuil.
  3. (en) Joe Goodden, « Demo recordings for the White Album », sur The Beatles Bible (consulté le )
  4. (en) Joe Goodden, « Not Guilty », sur The Beatles Bible (consulté le )
  5. (en) « The Beatles celebrate ‘The Beatles’ (‘White Album’) with special anniversary releases », sur The Beatles (consultĂ© le ).
  6. The Beatles remasters, mini film documentaire, Apple 2009
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Notes

  1. Qui se termine avec une chanson cachée; Can You Take Me Back (0:36)

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