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Partition (musique)

Une partition de musique est un document (en papier, en parchemin, ou en format électronique) qui porte la transcription[1] d'une œuvre musicale. Cette transcription peut être faite avec plusieurs sortes de notations (notation neumatique, notation mesurée, notations plus modernes adaptées à la musique contemporaine, etc.) et sert à traduire les quatre caractéristiques du son musical :

Partition autographe de la Symphonie n° 9 en ré mineur, op. 125 (4e mvt.), de Ludwig van Beethoven.
La partition complète au format PDF des Variations Goldberg de Johann Sebastian Bach créée avec le logiciel libre MuseScore dans le cadre du projet Open Goldberg Variations (dans le domaine public sous licence CC0)

Ainsi que de leurs combinaisons appelées à former l'ossature de l'œuvre musicale dans son déroulement temporel, à la fois :

Le terme est devenu au fil du temps par métonymie, le synonyme de l'œuvre musicale elle-même.

Éléments historiques

Dans les sources anciennes (du Moyen Âge au XVIIIe siècle environ), le terme de partition est plus restrictif. En effet, plusieurs types de documents coexistent :

  • le livre de chĹ“ur, utilisĂ© tant pour le plain-chant que pour la musique polyphonique (surtout sacrĂ©e) ;
  • les parties sĂ©parĂ©es, dans lesquelles chaque partie vocale ou instrumentale est notĂ©e sur un volume sĂ©parĂ© (ainsi un recueil de chansons Ă  4 voix sera imprimĂ© en 4 volumes) ;
  • la tablature, volume unique dans lequel la musique utilise une notation propre Ă  un instrument particulier (luth, guitare, orgue…) ;
  • la partition (dans laquelle les parties ou voix sont superposĂ©es), qui se gĂ©nĂ©ralise pour les Ĺ“uvres chorales ou orchestrales Ă  partir du troisième tiers du XVIIe siècle environ, mais pas avant :
  • la partitura, qui est une forme de partition qui doit ĂŞtre jouĂ©e au clavier et qui devient ensuite la « partition pour clavier » (avec une portĂ©e pour la main gauche, une autre pour la main droite).

L'existence de ces divers types de sources s'explique par des raisons techniques (coût du papier, nécessité de caractères typographiques plus ou moins complexes). De nos jours, le terme de partition pour désigner une source musicale s'est généralisé, mais l'emploi de ce terme pour les sources anciennes doit rester prudent.

L'Ă©volution du format des documents va de pair avec l'Ă©volution des techniques de notation de la musique et d'impression musicale.

Le livre de musique, plus que les autres livres, doit sa forme, son format et sa manière de présenter le texte aux raisons pratiques pour lesquelles le texte musical est conçu (destiné à un usage en choral, partition monument...) et en raison de caractéristiques techniques et technologiques comme le médium (sur papier, parchemin, soie…).

  • Ă€ partir du IXe siècle, apparaĂ®t une espèce d’aide-mĂ©moire visuel pour le vaste rĂ©pertoire de mĂ©lodies grĂ©goriennes. Ces signes ont Ă©tĂ© nommĂ©s neuma, et la notation, notation neumatique. Ils ont Ă©tĂ©, en quelque sorte, basĂ©s sur les signes diacritiques de la langue Ă©crite[3]. Dans ce rĂ©pertoire, ils fonctionnent comme une mĂ©thode de stĂ©nographie musicale. Les plus anciens manuscrits de chant grĂ©gorien datent du IXe siècle et sont notĂ©s in campo aperto, c’est-Ă -dire seulement avec les neumes placĂ©s au-dessus des syllabes du texte comme indicateurs de hauteur et de rythme. Il existe un nombre très grand de neumes et leur forme peut varier selon la rĂ©gion et le rĂ©pertoire liturgique (grĂ©gorien, hispanique, ambrosien, etc.). En outre, les neumes ou Ă©lĂ©ments neumatiques simples peuvent ĂŞtre combinĂ©s pour former des neumes plus complexes[4].
  • Au Xe siècle, les livres de musiques sont faits de parchemin et sont destinĂ©s Ă  un usage religieux, ils contiennent le texte pour chanter la messe. Ă€ cette Ă©poque les notes telles que nous les connaissons n’existaient pas encore. En ce temps les moines chantaient des chants religieux qu’ils devaient apprendre par cĹ“ur, ce qui pouvait prendre des dizaines d’annĂ©es. Pour les moines arrivants, on ajoutait des signes (neumes) sur les livres de musiques Ă  cĂ´tĂ© des chants Ă©crits. Les livres Ă©taient conçus pour une personne, ce qui prĂ©suppose que la personne connaissait dĂ©jĂ  ces chansons puisque ce type de livre n'avait qu'une vocation mnĂ©monique. Le moine qui dĂ©tient ce livre instruit les autres. Ce que la notation de cette Ă©poque n'indique pas encore c’est la durĂ©e des sons (blanche, noire), c’est le chef du chĹ“ur qui conduit la chapelle en indiquant avec des gestes lorsqu'il il faut changer de note ou augmenter l’intensitĂ©. C’est une notation encore imparfaite bien que sur certains axes on soit capable de donner des indications expressives. Ă€ la fin du Xe siècle, surgit l’idĂ©e d’ajouter une ligne unique sur le manuscrit. Cette nouveautĂ© est, vraisemblablement, apparue au monastère de Corbie, un important centre de plain-chant depuis la pĂ©riode carolingienne[5]. La nouveautĂ© est symboliquement aussi importante que les premiers systèmes d’écriture, car cette ligne est l’embryon qui a gĂ©nĂ©rĂ© la portĂ©e qu’on connaĂ®t aujourd’hui. L’ajout d’autres lignes est issue du manque de prĂ©cision de greffe une fois que la note Ă©tait placĂ©e loin du trait horizontal[6].
  • Au XIe siècle, les signes musicaux sont plus Ă©tudiĂ©s et prĂ©cis par rapport au passĂ©. L’ajout du trait horizontal sur le manuscrit amène l’apparition de la diastĂ©matie, une forme de notation qui spatialise, qui indique la distance entre les notes. Puisque l’écriture musicale s’est dĂ©veloppĂ©e de façon plus au moins indĂ©pendante dans chaque rĂ©gion, les diffĂ©rences et amĂ©liorations ont fait affleurer, entre autres, la notation aquitaine. Celle-ci consiste Ă  reprĂ©senter les notes par des simples points sur une ligne sèche[7].
  • Au XIIe siècle, on inscrit les notes sous forme de barres Ă©crites au-dessus du texte chantĂ©. Ă€ partir des XIIe et XIIIe siècles la notation devient de plus en plus semblable Ă  des carrĂ©s ou des losanges qui sont des premiers essais de notation de rapports de temporalitĂ© (mais qui ne sont pas clairement dĂ©finis). Cette notion de temporalitĂ© reste relative, la durĂ©e n’est fixĂ©e qu’en fonction de la longueur du texte et non en fonction d’un chiffrage. Ce type de notation se fixe de manière dĂ©finitive entre les XIIIe et XIVe siècles. La longueur des syllabes du texte latin donne celle des notes. Dans la langue latine les voyelles ont des longueurs diffĂ©rentes. Les notes exĂ©cutĂ©es de manière plus rapide sont indiquĂ©es d’un losange et celles plus Ă©tendues d’un carrĂ©. Ă€ partir du XIIe siècle on commence Ă  noter la polyphonie d’une manière improvisĂ©e. Ă€ partir du XIIe siècle, la musique commence Ă  ĂŞtre composĂ©e et notĂ©e pour la postĂ©ritĂ©.
  • Au XIIIe siècle paraissent les livres appelĂ©s « livres de pupitre ». Ce sont des livres de plus grande dimension (celle-ci est d’ailleurs proportionnelle Ă  la dimension de la chapelle, plus la chapelle est grande et plus les livres de pupitres seront grands) pour permettre Ă  tous les choristes une bonne lecture. Les dimensions et le format d’un livre de musique sont toujours liĂ©s Ă  la fonction que possède ce livre.
  • Au XIVe siècle et en petite partie au XIIIe siècle, on met en place une mesure du temps, on parle alors de musique mensurĂ©e et polyphonique. Une fois que l'on a diffĂ©renciĂ© les divers formes que les notes peuvent avoir par rapport Ă  leur longueur et Ă  leur durĂ©e, il devient possible de noter la musique polyphonique d'une manière diffĂ©rente des prĂ©cĂ©dentes. La seule manière de permettre aux exĂ©cuteurs de savoir comment procĂ©der ensemble Ă©tait d’adopter un type de notations avec des points de rencontre.
  • Au XVe siècle, un autre type de notation s’impose : la notation blanche. Ă€ la fin du XVe siècle les livres de musique sont exclusivement des livres manuscrits, les textes verbaux deviennent imprimĂ©s avec des caractères de types mobiles diffusĂ© très rapidement en Europe.

Éléments techniques

Une partition utilise un certain type de notation musicale, celle-ci combinant des signes, des notes, des silences, des nuances, des signes de dynamique, destinés à traduire pour l'interprète l'intention du compositeur.

La partition est donc un des moyens de « transmission » de la musique, et s'oppose en cela à la musique improvisée comme à la musique de tradition orale.

Les partitions ont évolué en fonction de deux facteurs importants :

  • la notation musicale utilisĂ©e (depuis le XVe siècle, il s'agit essentiellement de la notation mesurĂ©e et des tablatures, mais celles-ci ont subi des transformations et des amĂ©liorations jusqu'Ă  nos jours) ;
La Cinémathèque française recevant des mains du compositeur Antoine Duhamel quelques-unes de ses partitions autographes, lors de l'ouverture de la rétrospective « Mai 68 » le .

Catégories de partitions

En général, la partition est écrite selon un ensemble de lignes que l'on nomme portée. Une partition peut être écrite pour une seule partie ou davantage. Chaque partie, vocale ou instrumentale, peut, selon le cas, être exécutée par un soliste ou un groupe d'interprètes.

La musique classique (au sens large du terme, c'est-Ă -dire de musique savante occidentale) s'appuie, essentiellement, sur la lecture des partitions.

Des partitions sont utilisées dans d'autres musiques, de manière moins exclusive, et sous des formes plus diversifiées comprenant la lecture de grilles d'accord et de tablatures. Ainsi, si le jazz était à l'origine essentiellement une musique improvisée ou plus exactement non écrite, des musiciens de jazz, notamment ceux des grands ensembles (big bands), ont ensuite utilisé des partitions. Des grilles d'accord sont utilisées pour l'accompagnement de musiques de variété.

Dans les partitions modernes, on distingue généralement :

  • la partition (full score) qui contient la totalitĂ© des parties ou des voix Ă  exĂ©cuter ; elle est en gĂ©nĂ©ral grande et coĂ»teuse. Elle sert au chef d'orchestre qui dirige les interprètes, ou Ă  l'Ă©tude de l'Ĺ“uvre ;
  • la partition de poche (miniature score, study score), de coĂ»t modĂ©rĂ©, permettant par exemple d'Ă©tudier l'Ĺ“uvre, mais aussi de la suivre durant son exĂ©cution. Il s'agit souvent d'une reproduction rĂ©duite de la partition ;
  • le conducteur (score), qui comprend l'ensemble des parties de l'orchestre (une portĂ©e par instrument) qui est dans ce sens synonyme de partition ou rĂ©duction Ă  quelques portĂ©es pour une lecture plus commode permettant au chef d'orchestre d'Ă©viter les tournes trop frĂ©quentes ;
  • la partie sĂ©parĂ©e, ou matĂ©riel (part) qui ne contient que la musique qui sera exĂ©cutĂ©e par un instrument — ou groupe d'instruments. Une partition peut donc ĂŞtre accompagnĂ©e de tout un jeu de parties sĂ©parĂ©es ;
RĂ©duction pour piano du Beau Danube bleu (1866) de Johann Strauss II.
  • la rĂ©duction (pour piano ou pour voix et piano), dans laquelle les parties de l'orchestre sont rĂ©duites Ă  une partition pour piano (ou pour piano Ă  quatre mains, ou pour deux pianos). Les parties chantĂ©es restent indĂ©pendantes. Les premières rĂ©ductions pour clavier (clavecin, pianoforte, piano…) apparaissent dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Elles peuvent notamment ĂŞtre utilisĂ©es pour accompagner des danseurs lors de leur entraĂ®nement (sans avoir Ă  mobiliser un orchestre complet) ;
  • les partitions utilisĂ©es par les choristes dans les oratorios, les Ĺ“uvres de musique sacrĂ©e ou de musique lyrique comprennent, de haut en bas, les parties de solistes (gĂ©nĂ©ralement soprano, alto, tĂ©nor et basse), les parties du chĹ“ur (tutti) comprenant Ă©galement 4 portĂ©es (soprano, alto, tĂ©nor et basse) et, en dessous, la rĂ©duction pour piano de l'accompagnement orchestral soit 10 portĂ©es qui se limitent souvent Ă  6 en cas d'interventions successives des solistes et du chĹ“ur. Exceptionnellement, le nombre de portĂ©es des choristes peut atteindre 8 pour des doubles chĹ“urs ;
  • la tablature, destinĂ©e Ă  un instrument prĂ©cis (par exemple la guitare) ;
  • la grille d'accord (chord chart) qui ne prĂ©cise que la succession des accords indiquĂ©s par des lettres (notes dans la codification anglo-saxonne A = la, B = si etc), ou nom de la note de solfège (la, si, etc.) suivi d'un M (pour accord Majeur) ou d'un m (pour accord mineur) et gĂ©nĂ©ralement d'un chiffre (par exemple 7 pour un accord de septième) parfois d'un deuxième chiffre indiquant un degrĂ© supplĂ©mentaire dans l'accord.

Ce mode de notation utilisé dans l'accompagnement de guitare, dans le jazz et les musiques actuelles, était en usage pour l'accompagnement de basse continue de la musique baroque et sert aussi dans les études d'harmonie (avec quelques différences de codification suivant les époques, les lieux et les usages).

Machine Ă  Ă©crire les partitions de musique

Machine à écrire la musique « Keaton Music Typewriter ».

Il a existé quelques machines à écrire des partitions de musique dont l'opération était complexe[8]. Parmi les premières, on peut citer la « Keaton Music Typewriter » inventée en 1936 par Robert H. Keaton[9].

Notes et références

  1. Au sens linguistique, c'est-à-dire la conversion de sons en écrit, et non musical (adaptation d'une composition à un autre médium).
  2. Termes empruntés à la linguistique de Ferdinand de Saussure.
  3. (pt) Donald J. Grout, Claude V. Palisca; rev. técnica de Adriana Latino, História da música ocidental, Lisbonne, Gradiva, , 760 p. (ISBN 978-972-662-382-3), p. 81-82
  4. André G. Madrignac et Danièle Pistone, Le chant grégorien : historique et pratique, Paris, Honoré Champion, , 162 p. (ISBN 2-85203-090-X), p. 53-54
  5. Ernest David et Mathis Lussy, Histoire de la notation musicale depuis ses origines, Paris, Imprimerie Nationale, , 242 p. (lire en ligne), p. 79
  6. Ernest David et Mathis Lussy, Histoire de la notation musicale depuis ses origines, Paris, Imprimerie Nationale, , 242 p. (lire en ligne), p. 80
  7. Dennery Annie, « Les notations musicales au moyen âge », Médiévales, n°1,‎ , p. 89-103 (lire en ligne)
  8. (en-US) Josh Jones, « The History of the Quirky Music Typewriter: Vintage Technologies for Printing Musical Notation », sur Open Culture, (consulté le )
  9. Donald William Krummel et Stanley Sadie, Music Printing and Publishing, W. W. Norton & Company, , 615 p. (lire en ligne), p. 64.

Bibliographie

  • Henri-Claude FantapiĂ©, Restituer une Ĺ“uvre musicale, de l'Ĺ“uvre imaginĂ©e Ă  l'Ĺ“uvre partagĂ©e., Paris, L'Harmattan, , 237 p.
  • (en) Alexander Hyatt-King, Four hundred years of music printing, Londres, British Museum,
  • (en) D. W. Krummel et Stanley Sadie, Music printing and publishing, New York and London, W.W. Norton & Co.,
  • Annie Dennery, « Les notations musicales au moyen âge. », MĂ©diĂ©vales, no 1,‎ , p. 89-103 (DOI 10.3406/medi.1982.886, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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