Bobby-soxer
Les bobby-soxers sont des jeunes filles et femmes habituellement âgées de douze à vingt-cinq ans et fans de swing à l'origine, ayant adopté un courant de mode populaire aux États-Unis dans les années 1940 et 1950. Le style vestimentaire est caractérisé principalement par une jupe ample, des chaussettes courtes plissées et des chaussures plates. Cette façon de s'habiller rencontre un tel succès sur les campus qu'elle devient rapidement « l'uniforme » de la collégienne américaine après la Seconde Guerre mondiale.
Historique
Alors que les uniformes sont obligatoires dans certains pays[1], les établissements scolaires des États-Unis n'imposent pas de tenue définie[2], interdisant seulement le pantalon pour les filles ; les collégiennes américaines inventent leurs propres « uniformes » au milieu des années 1940.
Après la Seconde Guerre mondiale, les adolescents acquièrent une influence et une autonomie réelles, y compris en ce qui concerne la mode ; considérant cela comme une forme de rébellion, nombreux sont ceux qui refusent de s'habiller comme leurs parents, l'après-guerre ayant donné la liberté aux jeunes de s'habiller de façon plus confortable et plus libre[3], y compris aux filles dans cette période conservatrice. Les adolescents sont enfin reconnus, par leur consommation et leur présence, comme un groupe social à part entière[4] et constituent ainsi leur propre identité[3]. Les jeunes commençant à travailler plus tard, les études s'allongent, et les styles vestimentaires sont intégrés au lieu scolaire. Ce mouvement, voyant une prédominance de la jeunesse, est plus particulièrement précoce aux États-Unis, qui ont moins souffert de la guerre que les pays européens[4]. De plus, les États-Unis développent depuis plusieurs années une industrie textile forte, avec des créateurs de prêt-à-porter dynamiques. Ces adolescents adoptent un style vestimentaire relativement standardisé, en adéquation avec le groupe social auquel ils s'identifient[4]. Parmi ces groupes sociaux, les bobby-soxers, trouvant leur pendant masculin dans les swing kids, fans de Benny Goodman ou Frank Sinatra à la base, sont reconnaissables à des chaussettes courtes souvent blanches, les « bobby socks », et à une robe ou, plus souvent, une jupe « à godets » ou « parapluie »[n 1], ample, avec jupon, s'arrêtant au-dessous du genou, et des mocassins à talon plat[4] parfois appelés Weejuns (en). Le haut est composé d'un chemisier ajusté, parfois avec un col Claudine, un pull souvent en cachemire, un cardigan[2] - [3]. Par la suite, le mouvement suit les évolutions musicales de l'époque et adopte Jerry Lee Lewis ou Elvis Presley comme idoles[3]. Les bobby-soxers sont définies comme « sagement délurées[3] ». Shirley Temple personnifie ce style, dans le film The Bachelor and the Bobby-Soxer, en 1947.
Notes et références
Notes
- Une jupe circulaire à godets ressemble à un kilt écossais moulant les hanches avec des plis plats cousus sur le haut puis s'évasant vers le bas avec des plis ouverts, ce qui donne une impression de taille de guêpe[3]. Les bobby-soxers portent parfois une jupe décorée d’un motif brodé ou imprimé comme une note de musique, un instrument, ou encore un caniche toiletté ; d'où le nom de poodle skirt (en), « jupe caniche »[3].
Références
- Pauline Ngo-Ngok, « Le style collégienne en 4 dates », L'Express Styles, Groupe Express, no 3269, , p. 58
- Jonathan Metcalf (dir.) et al., Fashion : la mode à travers l'histoire [« Fashion. The Ultimate Book of Costume and Style »], Londres, DK, , 480 p. (ISBN 978-2-8104-0426-1), « 1949-1959 Naissance du style teenager », p. 345
- Marnie Fogg (dir.) et al. (trad. de l'anglais par Denis-Armand Canal et al., préf. Valerie Steele), Tout sur la mode : Panorama des chefs-d’œuvre et des techniques, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », (1re éd. 2013 Thames & Hudson), 576 p. (ISBN 978-2-08-130907-4), « Les styles collège et preppy » puis « Le style Bobbysoxer : les jupes et les pull-overs », p. 308 à 311
- Cally Blackman (trad. de l'anglais par Hélène Tordo), 100 ans de mode [« 100 years of fashion »], Paris, La Martinière, , 399 p. (ISBN 978-2-7324-5710-9, présentation en ligne), p. 15 et 211