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Copyright

Le copyright, souvent indiqué par le symbole ©, est, dans les pays de common law, l’ensemble des prérogatives exclusives dont dispose une personne physique ou morale sur une œuvre de l’esprit originale. Il désigne donc un ensemble de lois en application, notamment, dans les pays du Commonwealth et aux États-Unis ; et qui diffère du droit d'auteur appliqué dans les pays de droit civil (tels que la France ou la Belgique) même si le terme est usité dans le langage courant[1].

Bien que les deux corpus de lois tendent à se rejoindre sur la forme grâce à l'harmonisation internationale opérée par la convention de Berne[2], ils diffèrent notablement sur le fond[3]. Le copyright relève plus d’une logique économique et accorde un droit moral restreint, là où le droit d'auteur assure un droit moral fort en s'appuyant sur le lien entre l'auteur et son œuvre.

Histoire

Patent Act of 1790 (introduit dans la Constitution des États-Unis).

L'histoire du copyright commence aux États-Unis[4] - [5] avec la préparation dans les années 1780 d'une clause mixant brevet et copyright inscrite dans le droit aux États-Unis par le Patent Act of 1790 (en)[6] (que d'autres nomment « Copyright Act of 1790 »[7])

« Le Congrès aura le pouvoir... Pour promouvoir le progrès des sciences et des Arts utiles, il assurera aux auteurs et inventeurs un droit exclusif vis-à-vis de leurs écrits et découvertes respectifs. »

Les origines de cette première loi américaine sur les brevets () semblent pouvoir être trouvées dans une Résolution qui a provoqué un débat sur la constitutionnalité d'éventuelles autorisations d'importer des brevets de l'étranger (qui explique d'ailleurs pourquoi la Loi sur les brevets de 1790 ne prévoyait pas de brevets d'importation quand elle a finalement été adoptée[8]).

L'invention doit être très précisément décrite, de manière assez exacte pour « distinguer l'invention ou la découverte d'autres choses déjà connues et utilisées », mais également pour permettre à un ouvrier ou à d'autres personnes versées dans l'art de la fabrication du domaine, « de confectionner, construire, ou utiliser » cette invention afin que le public « puisse bénéficier de tous ses avantages après expiration de la durée du brevet »

Un Conseil des brevets s'est alors mis en place, dont les membres se faisaient appeler « Commissioners for the Promotion of Useful Arts » (Commissaires pour la promotion des arts utiles) ont reçu le pouvoir d'accorder ou refuser tout brevet après avoir décidé si l'invention ou la découverte était « sufficiently useful and important » (suffisamment utile et importante) pour mériter un brevet[9]. Les premiers membres du conseil incluaient Thomas Jefferson, Henry Knox, et Edmund Randolph (qui auraient donc pu parfois se trouver en situation de conflit d'intérêts)

L'obtention d'un brevet nécessitait alors l'acquittement d'une taxe globale d'environ quatre à cinq dollars (dix cents par cent mots de spécifications)[10].

La durée de chaque brevet était déterminée par le Conseil des brevets, mais ne pouvait en aucun cas dépasser quatorze années, au-delà desquelles l'invention ou le texte pouvait être réutilisé par tous[10].

Ce droit sera ensuite régulièrement remanié, avec une tendance - à chaque réforme - à rallonger la durée de protection : en 1831, la durée de protection du brevet passa à 42 ans, en 1909 à 56 ans, en 1976, ce fut la durée de vie de l’auteur en plus de 50 années et en 1998 jusqu’à nos jours, la durée de vie de l’auteur en plus de 70 années.

  • Comme le droit d'auteur, le copyright ne protège pas les simples idĂ©es. Son champ est gĂ©nĂ©ralement plus large que celui du droit d'auteur, car le copyright protège davantage l'investissement que le caractère crĂ©atif. Une seconde diffĂ©rence rĂ©side dans l'exigence de fixation matĂ©rielle des Ĺ“uvres, sur un dessin, une partition musicale, une vidĂ©o, un fichier informatique, ou tout autre support. Par exemple, les discours et les chorĂ©graphies ne sont pas protĂ©gĂ©s par le copyright tant qu’ils n’ont pas Ă©tĂ© transcrits ou enregistrĂ©s sur un support. Sous rĂ©serve de cette fixation, la protection du copyright s'applique automatiquement aux Ĺ“uvres publiĂ©es comme non publiĂ©es. Un enregistrement volontaire des Ĺ“uvres auprès d’une administration peut ĂŞtre nĂ©cessaire pour apporter la preuve de ses droits devant les tribunaux.
  • Le titulaire du copyright peut ĂŞtre l'auteur, le producteur ou l'Ă©diteur de l'Ĺ“uvre. Si l’œuvre a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par un employĂ© dans le cadre de ses fonctions, c’est l'employeur qui est seul titulaire du copyright. L’auteur n’a donc pas droit Ă  une rĂ©munĂ©ration spĂ©cifique, en plus de son salaire. Il en est de mĂŞme pour les Ĺ“uvres de commande (works made for hire), qui appartiennent au commanditaire et non Ă  l'auteur. Il en est autrement en France : « L'existence ou la conclusion d'un contrat de travail ou de commande par l'auteur d'une Ĺ“uvre de l'esprit ne le dĂ©possède pas de ses droits. Aussi l'employeur ou le commanditaire n'est-il pas automatiquement titulaire des droits d'auteur sur l'Ĺ“uvre rĂ©alisĂ©e pour son compte. La conclusion d'un contrat prĂ©voyant explicitement la cession des droits de l'auteur est requise »[11].
  • Notons que les spĂ©cialistes du copyright actifs dans le champ lĂ©gal disent que la notion de copyright est liĂ©e au champ philosophique de l'esthĂ©tique, puisqu'il s'agit de juger si une Ĺ“uvre est totalement originale ou non, dans quelle mesure elle peut avoir Ă©tĂ© transformĂ©e, etc.

Le droit moral de l'auteur est reconnu par tous les pays de common law qui ont adhéré à la Convention de Berne[2] tels le Canada ou le Royaume-Uni. Malgré leur adhésion à cette convention, les États-Unis n'appliquent le droit moral qu'au niveau national mais pour certains types d'œuvres seulement. Le droit moral comporte :

Le droit moral est :

  • limitĂ© dans le temps ;
  • transmissible aux hĂ©ritiers Ă  la mort de l'auteur ;
  • susceptible d’aliĂ©nation : l’auteur peut y renoncer selon les pays.

Les droits patrimoniaux confèrent le droit exclusif d'exercer et d'autoriser des tiers à exercer les actes suivants :

  • la reproduction de l'Ĺ“uvre ;
  • la crĂ©ation d’œuvres dĂ©rivĂ©es de l'Ĺ“uvre originale ;
  • la distribution de copies de l'Ĺ“uvre au public (vente, location, prĂŞt, cession), sous quelque forme que ce soit ;
  • la reprĂ©sentation publique de l'Ĺ“uvre, avec quelque procĂ©dĂ© que ce soit.

Aucune représentation de l'auteur ne peut être réalisée sans la mention du copyright.

Le concept de fair use aux États-Unis et celui d'utilisation équitable dans les autres pays de common law constituent des exceptions plus larges que celles qui sont appliquées dans les pays de droit civil. Alors que les exceptions au droit d'auteur sont limitativement énumérées dans la loi, et sont d'interprétation stricte, le fair use donne aux tribunaux le pouvoir d'apprécier au cas par cas si l'usage d'une œuvre est loyal. Cette appréciation se fait en fonction du caractère commercial ou désintéressé de l'usage, de la nature de l'œuvre, de l'ampleur de la reproduction effectuée, et de ses conséquences sur la valeur de l'œuvre[12] - [13].

  • Pays de common law.
  • Pays appliquant en partie la common law.

Au niveau international le Droit de l'Auteur est reconnu par les 177 pays[14] signataires de la convention de Berne[2].

  • En vertu de la Convention de Berne, la durĂ©e typique de la protection du droit d'auteur est de 50 ans pour la date de publication[15]. Il s'agit d'une moyenne - les lois nationales sont gĂ©nĂ©ralement supĂ©rieures Ă  cette durĂ©e.
  • Au Canada[16], la protection accordĂ©e par le droit d'auteur dure 50 ans après le dĂ©cès de l'auteur pour la plupart des Ĺ“uvres. Le concept d'utilisation Ă©quitable limite le champ du copyright dans certaines hypothèses afin de garantir l'Ă©quilibre entre protection des Ĺ“uvres et droit du public Ă  l'information.
  • Aux États-Unis une Ĺ“uvre, mĂŞme inachevĂ©e, est crĂ©Ă©e lorsqu'elle est fixĂ©e matĂ©riellement sur un support[17]. Depuis l'adhĂ©sion des États-Unis Ă  la Convention de Berne[2] en 1989, l'enregistrement des Ĺ“uvres Ă©trangères auprès du Bureau du Copyright n'est plus nĂ©cessaire pour bĂ©nĂ©ficier d'une protection juridique, mais il reste possible pour faciliter la preuve de ses droits. Le titulaire du copyright a le droit exclusif de reproduire ou de communiquer les Ĺ“uvres, et d'autoriser la crĂ©ation d'Ĺ“uvres dĂ©rivĂ©es. Un droit moral, comprenant le droit de paternitĂ© et le droit au respect de l'intĂ©gritĂ© des crĂ©ations est accordĂ© aux seuls artistes des arts visuels. La durĂ©e du copyright dĂ©pend de la nature de l'Ĺ“uvre et de sa date de publication. DĂ©sormais, toute Ĺ“uvre crĂ©Ă©e bĂ©nĂ©ficie d'une protection de 70 ans post mortem si le titulaire est une personne physique. En vertu du Sonny Bono Copyright Term Extension Act, les entreprises bĂ©nĂ©ficient d'une protection de 95 ans Ă  compter de la publication, ou de 120 ans Ă  compter de la crĂ©ation si cette durĂ©e est plus longue[18].

Au sein de l'Union européenne, la majorité des vingt-sept États-membres applique le droit d'auteur. Seuls Chypre, l'Irlande et Malte font application du copyright.

  • Au Royaume-Uni, la propriĂ©tĂ© intellectuelle est rĂ©glementĂ©e par la loi sur le copyright, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act)[19].

Au XIXe siècle, Proudhon a dénoncé l’assimilation artificielle de la propriété intellectuelle à la propriété sur les biens corporels, ainsi que les conséquences néfastes de l’appropriation des œuvres sur la libre circulation des connaissances[20]. Au XXe siècle, Richard Stallman et les défenseurs de la culture libre ont repris ces thèses[21].

Certains théoriciens, comme David K. Levine, présentent le droit d'auteur comme un concept obsolète[22], notamment dans le cadre de la société de l'information. D'autres, sans remettre en cause le principe du droit d'auteur, dénoncent ses excès[23], notamment l’extension continue de la durée de protection des œuvres et l’utilisation de gestion des droits numériques. Rares sont cependant ceux qui sont prêts à le remettre radicalement en cause comme Joost Smiers (en)[24].

Dans la continuité de ces critiques, certains proposent de recourir aux licences Creative Commons comme principe alternatif au copyright[25]. Mais d'autres (Smiers et Schijndel, 2009) vont plus loin en critiquant le modèle Creative Commons pour ce qu'il n'assure pas de modèle alternatif à la propriété intellectuelle telle que construite par l'industrie depuis le XIXe siècle. Par exemple, dans le monde des Arts, ces critiques prônent un marché dans le domaine public, ingouvernable par un monopole ou intérêt particulier, ni aucun groupe industriel, ni aucun pays en particulier. C'est l'expérience fructueuse qui est déjà mise en place depuis 2001 par certains groupes, tels Framasoft (Framalang, Framabook, etc).

Notes et références

  1. « Définition Copyright (droit d'auteur) », sur Le Portail du Droit
  2. www.wipo.int La Convention de Berne (WIPO) [consulté le 12 juin 2013].
  3. Françoise Benhamou et Joëlle Farchy, Droit d'auteur et copyright, Paris, La Découverte, , 128 p. (ISBN 978-2-7071-5726-3)
  4. Bugbee, Bruce Willis (1967). Genesis of American Patent and Copyright Law. Washington: Public Affairs Press
  5. Walterscheid, Edward C. (1997). "Charting a Novel Course: The Creation of the Patent Act of 1790". AIPLA Quarterly Journal 25: 445.
  6. Prager F.D (1954), Proposals for the Patent Act of 1790. J. Pat. Off. Soc'y, 36, 157 (extrait)
  7. Walterscheid E.C (2005) Understanding the Copyright Act of 1790: The Issue of Common Law Copyright in America and the Modern Interpretation of the Copyright Power. J. Copyright Soc'y USA, 53, 313 (extrait (introduction))
  8. ELDRED versus ASHCROFT (01-618) 537 U.S. 186 (2003) 239 F.3d 372, Cour suprême des États-Unis
  9. Kolitch, Shawn (2006) The Environmental and Public Health Impacts of U.S. Patent Law : Making The Case For Incorporating a Precautionary Principle p. 235.
  10. The U.S. Patent System Celebrates 212 Years. The U.S. Patent and Trademark Office. 9 Apr. 2002
  11. « Le droit d'auteur », sur inpi.fr
  12. (en) Dispositions sur le fair use dans la loi sur le copyright aux États-Unis
  13. (en) Eric Faden, A fair(y) use tale
  14. Liste Officielle des pays signataires (et non signataires) de la Convention de Berne
  15. Droit d'auteur durée
  16. Office de la propriété intellectuelle du Canada
  17. (en) Titre 17 du Code des États-Unis
  18. (en) Durée du copyright aux États-Unis (site de l'université de Cornell)
  19. (en) Copyright, Designs and Patents Act 1988, chap. 48 (Royaume-Uni)
  20. Pierre-Joseph Proudhon, Les Majorats littéraires, 1862
  21. (en) Richard Stallman, Did You Say “Intellectual Property”? It's a Seductive Mirage, site GNU (lien)
  22. (en) Michele Boldrin et David Levine, Against Intellectual Monopoly, Cambridge University Press, , 309 p. (lire en ligne)
  23. Florent Latrive, Du bon usage de la piraterie : culture libre, sciences ouvertes, Exils Éditeur, 2007 (ISBN 978-2-912969-59-0)(texte)
  24. Joost Smiers et Marieke van Schijndel (trad. Framalang), Un monde sans copyright… et sans monopole, Paris, Framasoft, coll. « Framabook » (no 10), , 100 p. (ISBN 978-2-9539187-0-0, présentation en ligne)
  25. Guillaume de Lacoste Lareymondie, Le droit d'auteur est-il une notion périmée ?, NonFiction.fr, 23 avril 2010

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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